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C’est dans le bleu noir de la nuit qu’étaient apparus soudain, au milieu des formes obscures que dessinaient les arbres, deux grands yeux jaunes, comme deux quartiers de lune dorés venus hanter la forêt, et il faut reconnaître que le tableau était inquiétant.

— Qu’est-ce… Qu’est-ce que c’est ? balbutia Robin en cherchant à sa ceinture sa fronde de fortune.

Aussitôt, Andreas lui retint le bras.

— C’est un loup, chuchota-t-il.

— Eh bien… Eh bien justement ! répliqua Robin tout tremblant. Laissez-moi défourailler !

L’Apothicaire ne parvint à retenir un ricanement.

— Tu défourailleras plus tard, mon garçon. Quant à cette pauvre bête, laisse-la tranquille, elle ne t’a rien fait.

— Mais… Mais… C’est un loup, maître !

— Et alors ? dit doucement Andreas en se levant sans faire de bruit.

— Mais… Mais… Il va nous tuer ! Il va nous manger !

— Tais-toi donc, panouille ! Les loups n’attaquent les hommes que dans les contes pour enfants. À part les hommes blessés. Ou les rouquins.

Andreas essaya de s’approcher de la bête sans faire de bruit. Le loup – car c’en était bien un – apeuré, déguerpit aussitôt.

Andreas soupira.

— Maugrébleu ! Voilà, il est parti.

— Personnellement, je n’en suis pas fâché, maître. Et pour tout dire, je ne vais pas dormir tranquille…

— Robin, je te le répète, les loups n’attaquent pas les hommes. En général, c’est le contraire. Ces pauvres bêtes ont peur de nous, et nous avons eu bien de la chance d’en voir une qui ait daigné s’aventurer aussi près. Peut-être sommes-nous sur son territoire, et elle aura voulu voir qui est venu ainsi la déranger. Mais attends, laisse-moi réfléchir… Quel jour sommes-nous ?

— Nous sommes le 21 mars, maître. Le jour du printemps.

— Mais bien sûr !

— Quoi ?

— Les loups se reproduisent au milieu de l’hiver, expliqua Andreas avec une sorte d’excitation. Nous sommes en plein dans la période des naissances. Cela devait être une louve qui vient de mettre bas et qui est inquiète pour ses petits ! Oui ! Cela expliquerait qu’elle se soit tant approchée de nous. Robin, il doit y avoir une tanière pas loin d’ici ! Allons voir !

— Vous êtes fou, maître ? Qu’est-ce qui vous prend ? C’est à cause de votre patronyme que la bête vous fascine à ce point ?

— Ne sois pas ridicule. Il n’y a point de plus beau spectacle qu’une louve et ses petits. Suis-moi.

Andreas prit dans son sac celui des deux lièvres qu’ils n’avaient pas fait cuire, ramassa un bâton d’une jolie taille et s’engouffra dans la forêt, écartant les branchages avec le bout de bois. Robin resta un instant comme pétrifié devant le petit feu de camp, qui commençait à s’éteindre, puis il rejoignit son maître ; sans doute l’idée de rester seul au milieu de la clairière lui faisait-elle plus peur encore que de s’aventurer avec Andreas.

L’Apothicaire avançait avec prudence – oserions-nous dire à pas de loup – et de temps en temps il se baissait pour inspecter le sol à la lumière de sa torche.

— Il y a un ruisseau qui coule ici, murmura Andreas.

— Et alors ?

— Et alors c’est un indice supplémentaire. Pour mettre bas, les louves choisissent toujours une tanière qui soit proche d’un point d’eau.

Ils se remirent en route, et après avoir beaucoup tourné en rond dans la zone où le loup était apparu, l’Apothicaire interpella soudain son apprenti.

— Regarde ! dit-il en désignant une empreinte allongée dans la terre humide. Quatre coussinets, des griffes… Le coussinet du talon est triangulaire, et là, tu vois, l’empreinte des pattes postérieures est plus petite. C’est bien la trace d’un loup.

— Maître, je n’aime pas ça.

— Et là, tout droit, les herbes couchées, les branchages cassés… Elle est passée par là.

— « Elle » ? Vous êtes donc certain qu’il s’agit d’une femelle ?

— Ne sens-tu point cette odeur caractéristique, depuis tout à l’heure ? Ne t’ai-je pas dit que le nez est un attribut essentiel pour un apothicaire ?

— Si, mais je ne savais pas que pister un animal faisait partie des fonctions du pharmacien…

— C’est une odeur d’urine, Robin. Et elle est très forte et il y en a beaucoup. Les femelles, dans les derniers jours de leur grossesse, ont la vessie comprimée et sont contraintes d’uriner souvent. Elles en profitent pour marquer leur territoire.

— Comme c’est intéressant !

— Suis-moi et ne fais pas de bruit, sombre idiot.

Ils se mirent en route, tels deux chasseurs nocturnes, et bientôt Andreas arrêta son apprenti et lui fit signe de s’accroupir. Devant eux, à quelques pas, une sublime louve se tenait debout sur un rocher et grognait en regardant dans leur direction, son pelage éclairé par les rayons argentés de la lune.

— Vous voyez… Elle… Elle grogne. Elle va nous attaquer !

— Pas du tout. Si elle avait voulu nous attaquer, elle l’aurait fait depuis longtemps. Les loups ont bien meilleure ouïe que les hommes ; elle savait que nous étions là bien avant que nous ne la voyions nous-mêmes. Si elle grogne, c’est seulement qu’elle protège ses petits et nous demande de ne pas approcher davantage.

— Vous parlez couramment le loup, maître ?

— Observons-la.

C’était une louve grise, à la large tête triangulaire et au cou épais, qui avait encore sa belle fourrure d’hiver. La queue recourbée vers le haut, elle fronçait le museau par intermittence et retroussait les babines, laissant alors apparaître ses crocs acérés.

— Elle est belle, n’est-ce pas ? chuchota Andreas, comme illuminé.

Robin dévisagea son maître, se demandant s’il n’avait pas perdu la raison.

— Elle est terrifiante, vous voulez dire !

— C’est nous qui sommes terrifiants, niquedouille !

Une ombre sous le rocher laissait deviner qu’ici se trouvait bien une tanière, et la louve, de plus en plus agitée, se mit à faire des allers et retours, à tourner autour de cet abri, tantôt gémissant, tantôt grondant. Sans doute était-elle inquiétée de se retrouver seule face à la menace que représentaient ces deux êtres verticaux pour elle et ses petits.

Les loups vivent en meute, mais – surtout lors de la période des naissances – il n’est pas rare que tous les membres du clan partent en chasse pendant de longues heures, parfois plusieurs jours même, abandonnant ainsi un moment la louve dominante et ses petits, avant que de revenir enfin pour régurgiter des morceaux de viande devant la tanière, afin de nourrir la mère, épuisée par l’allaitement. Pendant les trois premières semaines de leur vie, les louveteaux ne quittent jamais le nid moelleux que la louve a confectionné pour eux avec de la mousse, des herbes et, dit-on, ses propres poils.

— Maintenant taisons-nous. Laissons-lui le temps de s’habituer à notre présence.

Ainsi, maître et apprenti restèrent un long moment sans bouger, à observer ce magnifique et fier animal, et de fait l’agitation de la louve finit par décroître et ses grognements se distancer, jusqu’à ce qu’enfin elle se couche devant la tanière, non pas sur le flanc comme elle l’eût sans doute fait si elle avait été suffisamment rassurée, mais sur le ventre, ses deux pattes antérieures tendues vers l’avant. Sans jamais quitter des yeux les deux intrus – dont elle devinait indubitablement les formes à travers les branchages – elle posait par moments la tête sur le sol, entre ses grosses pattes, puis la relevait brusquement, toujours aux aguets.

Quand il estima que la louve était assez calme, Andreas fit, avec moult précautions, quelques pas en avant. Aussitôt, l’animal se releva et, de nouveau, retroussa les babines en grognant. Toutefois, l’Apothicaire ne prit pas peur, il avança encore un peu, attrapa le lièvre dans son sac et le déposa sur le sol devant lui avant de retourner auprès de Robin.

— Vous croyez vraiment que ça va marcher ? murmura Robin d’un air presque moqueur.

— Si, comme je le crois, ses congénères sont partis depuis longtemps à la chasse – ce qui expliquerait qu’elle soit seule en pleine nuit – je présume qu’elle a grand’faim. Mais dois-je te rappeler que je t’ai demandé de te taire ?

Il leur fallut attendre un long moment encore pour que la louve, poussée sans doute par la curiosité autant que par la faim, fît quelques timides pas vers le lièvre, avant de se raviser en gémissant, puis de s’y essayer de nouveau, luttant contre la crainte qui, à l’évidence, la retenait encore. Ce fut une longue parade d’hésitations, d’avancées timides, et le pauvre animal semblait humilié lui-même que de devoir céder ainsi à l’appel de la nourriture. Et puis soudain, la louve, qui était presque à plat ventre, attrapa la petite bête morte d’un brusque coup de gueule et la ramena vers la tanière. Se couchant de nouveau, elle coinça le lièvre entre ses pattes et commença à lui déchiqueter la peau frénétiquement. Par moments, la pitance échappait à sa mâchoire et volait dans les airs, rattrapée aussitôt par la louve bondissante, dont on ne savait plus vraiment d’ailleurs si elle voulait manger le lièvre ou simplement jouer avec.

Soudain, Andreas attrapa Robin par le bras.

— Regarde !

Tout ce raffut avait dû réveiller les louveteaux car, dans la pénombre, une petite silhouette pleine de poils était apparue à l’entrée de la tanière, qui avançait maladroitement, si maladroitement même qu’elle ne devait pas savoir marcher depuis longtemps. Le louveteau poussa de tout petits cris cocasses en s’approchant de sa mère, tout pataud, et bientôt ce fut une deuxième, puis une troisième silhouette qui sortirent de l’ombre. Ils étaient si petits que le bout de leurs pattes semblait disproportionné, et c’était un spectacle plein de poésie que de voir ces trois nouveau-nés trébucher autour de leur génitrice, tels trois ivrognes avinés au sortir d’une taverne. La louve, encore occupée à déchiqueter son lièvre, sembla d’abord ne pas prêter attention à ses trois petits, puis, devant leur insistance, se laissa tomber sur le flanc pour les faire téter.

Andreas tourna lentement la tête vers son apprenti et trouva dans ses yeux la lumière qu’il y avait attendue.

— Ne t’avais-je point dit ?

Robin acquiesça doucement, le sourire aux lèvres.

— Comment savez-vous tant de choses sur les loups, maître ?

— Il y en a beaucoup sur la péninsule ibérique. J’ai eu l’occasion de les observer longuement quand… quand j’y ai séjourné.

Ils restèrent encore un long temps debout au milieu des arbres à regarder vivre cette louve et ses petits, enchantés l’un et l’autre par ce spectacle attendrissant qui venait rompre la monotonie de leur voyage, quand soudain l’animal se redressa et reprit cette posture agressive qu’il avait eue plus tôt.

Mais cette fois, ce n’était plus dans leur direction que, les poils hérissés, la louve regardait, mais vers le nord. Après plusieurs grognements, elle attrapa ses louveteaux un par un en leur mordant la nuque et les jeta dans la tanière, puis elle monta sur le haut du rocher où elle prit une position de défense menaçante.

— Que se passe-t-il ?

— Je dirais bien qu’un prédateur approche… Mais je ne connais pas, en cette région, de prédateur au loup. Et donc…

— Et donc ?

— Ce doit être des hommes. Quelqu’un vient ! Suis-moi !

Andreas éteignit sa torche, fit volte-face et, ensemble, ils retournèrent d’un pas preste vers leur campement… où ils découvrirent, stupéfaits, trois chevaux qu’on avait attachés à quelques pas du leur.

Harnaché sur le dos de ces splendides montures il y avait tout un équipement qu’Andreas et Robin, à leur grand regret, n’eurent aucune peine à reconnaître.

— Humbert ! maugréa l’Apothicaire.

L'Apothicaire
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