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La similitude que nous faisions remarquer plus tôt entre le sort d’Aalis et celui d’Andreas et Robin se prolongea encore d’une troublante manière pendant les six jours qui suivirent, car l’une et l’autre partie, suivies de près par leur prédateur respectif, s’efforcèrent de parcourir chaque jour autant de lieues que le leur permettaient qui ses jambes et qui leur monture.

Ainsi, lors de ces six longues journées, nous voyons Aalis passer aux abords des villes de Mazamet, Puylaurens, Lombez et Lielan, sans jamais y entrer de peur d’être retrouvée par le prévôt, dont elle sait qu’il la suit de près. La jeune fille, revigorée par son séjour auprès des bergers, fait preuve d’une belle ingéniosité pour se nourrir, ici de fruits, ici de plantes, là d’un petit animal, et si cette marche forcée l’épuise, elle ne se décourage point, tout animée qu’elle est à l’idée de tenir sa promesse. Comme le printemps se présente déjà, les nuits qu’elle passe sous la voûte étoilée sont moins dures que celles d’avant, et s’il lui arrive, le soir, de songer avec mélancolie à ses amis bergers, qui déjà lui manquent, son âme trouve quelque repos en sculptant, avec les outils de Luc, des bouts de bois qu’elle ramasse. Et quand, en chemin, la fatigue la frappe ou les vivres viennent à manquer, elle se nourrit des paysages qu’elle traverse, tout pleins de splendeurs, de cette terre gorgée de soleil et des ruisseaux qui lui font des veines bleues, et son regard se perd alors vers les sommets des Pyrénées, qui, comme elle, s’étendent vers l’ouest, de vallées en vallées, semblent marcher vers l’océan comme si rien ne pouvait les arrêter, et de fait, l’inébranlable détermination de notre jeune Occitane vaut bien celle de cette chaîne de fières montagnes.

Plus au nord, c’est à cheval que l’on voit Andreas et Robin descendre le beau pays de France, et puisque, se dirigeant vers Saintes pour y trouver Denis de Tourville, ils vont de Blois à Tours, de Tours à Châtellerault, et à Poitiers, et à Melle, suivant peu ou prou la route de Compostelle, ce sont des forêts, des champs et des vignes qu’ils traversent, obligeant leur pauvre cheval à maintenir un rythme effréné, poursuivis qu’ils sont, eux aussi, par un homme qui les veut morts.

Et c’est à quelques lieues de Melle, comme nous l’avons dit, que nous les retrouvons, au soir du 21 mars – qui est la porte du printemps – cherchant une clairière pour y passer la nuit, dans ces bois de légende où l’on raconte que jaillit de la Fontaine de Soif une eau belle et pure, figure de l’amour et nourriture de l’âme.

Quand ils trouvèrent un endroit qui leur convenait, comme chaque soir, ils s’affairèrent chacun de leur côté, se partageant les tâches avec l’habitude de deux vieux compagnons de route. L’apprenti, qui avait déjà bien guéri de ses atroces tortures, partit avec sa fronde chercher quelque animal pendant que son maître allumait un feu, lequel ne devait pas être trop grand pour ne point les faire repérer, mais tout de même assez pour y faire cuire leur repas.

La nuit était tombée depuis longtemps quand, assis sur un tronc mort, ils soupèrent ensemble d’un lièvre bien gras ; Robin en avait chassé deux, ils en auraient encore pour le lendemain.

— Connais-tu l’histoire de Mélusine, Robin ?

— Non, maître.

Andreas secoua la tête.

— Mais que connais-tu, bon sang ?

— Eh bien, maître, je suis votre apprenti. Partant, je connais tout ce que vous voulez bien m’apprendre.

— À l’évidence, cela ne suffit pas. Crois-tu vraiment qu’un homme complet ne puisse être que science et pharmacie ?

Robin soupira.

— Je vous en prie, maître, contez-moi l’histoire de Mélusine.

— Sans doute, je vais te la conter ! Car vois-tu, jeune ignorant, les légendes peuvent parfois nous instruire tout autant que la science, or justement, nous nous trouvons ce soir dans la forêt même où se passe l’histoire de ladite Mélusine.

— Si vous ne commencez pas tout de suite, j’ai bien peur de m’endormir avant la fin, maître.

— Tais-toi donc !

Andreas, se redressant sur le tronc, prit l’allure noble du grand conteur tandis que son apprenti s’allongeait en croisant les bras derrière la tête, prêt à écouter. Les craquements du feu et sa lumière dorée donnaient à la scène une solennité qui se prêtait idéalement au discours.

— Cette légende remonte au temps où régnait sur Poitiers un comte qui allait du nom d’Aimery, et dont nous pourrions parler longuement…

— Cela ne sera pas nécessaire, maître, le coupa Robin, sarcastique, qui se préparait déjà à un récit fort long.

— Soit. Quand le temps de la chasse au sanglier fut venu, le comte se partit de la ville, et avec lui grande foison de barons et de chevaliers, au nombre desquels était son neveu Raymondin, monté sur un grand coursier, l’épée ceinte et le pieu sur le col. Bientôt, dans la forêt même où nous nous trouvons ce soir, donc, tous ensemble ils discernèrent un animal, qui était fier et orgueilleux, et qui dévora plusieurs lévriers avant que de prendre son cours parmi ladite forêt, car il était fort échauffé. On commença à le suivre, mais le sanglier se mouvait en tel état qu’il n’y avait si hardi chien qui pût l’atteindre, ni si hardi veneur qui sût le coincer.

En entendant le sérieux avec lequel Andreas prenait son rôle de conteur, y mettant la forme et le ton, Robin ne put s’empêcher de sourire, mais il le fit en cachette pour ne point heurter son maître qui, assurément, y prenait grand plaisir.

— Adoncques vinrent chevaliers et écuyers, mais il n’y avait non plus parmi eux si hardi qui sût le compromettre. Adoncques vint le comte, qui cria à haute voix : « Et comment, ce fils de truie nous ébahira-t-il, tant que nous sommes ? » Lors, quand Raymondin ouït ainsi parler son oncle, il eut grande vergogne et descendit de dessus le coursier à terre, l’épée au poing, et s’en alla vitement vers le sanglier pour le ferrer d’un coup, par grande haine. Mais le porc se tira sous lui et le fit choir à genoux avant que de s’enfuir de nouveau. Résigné, le comte s’écria : « Beau neveu, laisse cette chasse ! » Mais Raymondin, qui était échauffé à son tour, se mit à suivre la bête âprement, et alors le comte le rejoignit, et tant chassèrent ensemble qu’il fut obscure nuit, plus obscure encore que celle-ci.

— Et comment une nuit peut-elle être plus obscure que celle-ci ? demanda Robin, moqueur.

— Mais tais-toi donc ! Elle peut l’être pour l’intérêt de l’histoire, et puis c’est tout. Ainsi, donc, étaient le comte Aimery et son neveu Raymondin, épée au poing, quand ils virent à nouveau ce sanglier, merveilleux et horrible, moult agité, venir tout droit à eux. « Monseigneur, montez sur quelque arbre, que ce sanglier ne vous fasse mal, et m’en laissez convenir ! », s’exclama Raymondin. « Par ma foi, dit le comte, ne plaise à Notre-Seigneur que je te laisse à telle aventure ! », répliqua l’autre, et quand le neveu entendit cela, il s’en alla se mettre au-devant de la bête, par bonne volonté de la tuer, mais celle-ci se détourna de lui et alla vers le comte. Aimery, qui connaissait la chasse, s’apprêta à enferrer l’animal de la pointe d’un épieu qui tant fut aiguë, mais le sanglier esquiva et vira le comte à terre, à genoux. Aussitôt vint Raymondin, courant par-derrière, qui frappa le sanglier du tranchant de sa lame, laquelle s’échappa par-dessus le dos du porc et atteignit le comte – qui était à genoux, tu t’en souviens – et le perça de part en part.

— Eh bien ! Il n’est pas doué, votre Raymondin ! ironisa l’apprenti.

— C’est que le cuir de l’animal était fort raide, imbécile ! Ce fait, Raymondin frappa le porc à nouveau, tellement qu’il le mit mort à terre, et puis il vint au comte pour le prendre dans ses bras. Mais cela fut pour néant, car le comte était déjà mort.

— Mon Dieu !

— Quand Raymondin aperçut la plaie et le sang en saillir, il fut moult merveilleusement courroucé, et commença à crier en pleurant et gémissant fort, en faisant les plus grandes lamentations : « Ah ! Fausse fortune ! Comment es-tu perverse que tu m’as fait occire celui qui parfaitement m’aimait et qui tant de bien m’avait fait ? Eh ! Dieu, père tout-puissant » – car oui, comme tous les imbéciles de ton acabit, Raymondin pensait que Dieu était pour quelque chose dans les malheurs des hommes – « où sera le pays où ce pécheur se pourra tenir, car tous ceux qui entendront parler de cette méprise me jugeront et alors je mourrai de honteuse mort ? Ah ! Terre ! Ouvre-toi et m’engloutis, et me mets avec le plus obscur ange des enfers ! »

— Il aurait vraiment dit tout cela ? demanda Robin non sans une certaine moquerie.

— C’est ce que dit la légende. Mais cesse de m’interrompre, pauvre sot. Nonobstant, le jeune Raymondin, tout à sa douleur, décida de se détourner de ce pays, mit le pied à l’étrier, monta sur son cheval et se partit au travers de la forêt, bien déconforté, chevauchant fort, et non sachant vers où. Menant tel deuil que c’était piteuse chose à voir, et même à raconter, laissant sa monture aller à son bon plaisir, il chevaucha tant parmi la haute forêt qu’il s’approcha, environ la minuit, d’une fontaine nommée la Fontaine de Soif.

— Ah ! La fameuse !

— D’aucuns la nomment aussi la Fontaine de Fée, pour ce que plusieurs merveilles y furent plusieurs fois advenues au temps passé.

— Et où est-elle, cette fontaine ? Près d’ici ? Elle existe vraiment ?

— Nous n’en savons rien, Robin, nous n’en savons rien. Mais puisque l’histoire dit qu’elle est, alors elle est. Comme le dit Socrate dans le Phèdre de Platon au sujet du mythe de Borée, nous n’avons guère le temps de chercher la véracité des légendes, et pour en saisir le sens, contentons-nous de croire à ce que croit le vulgaire. Mais pour lors, revenons-en à notre récit. Sur la fontaine étaient trois dames qui là s’ébattaient, entre lesquelles en avait une qui avait plus grande autorité que les autres, car elle était leur dame, et c’est de cette dame que je veux te parler.

— Très bien, maître, mais… je m’endors. Alors de grâce, abrégez ! Êtes-vous vraiment obligé de faire toutes ces belles phrases ?

Andreas, vexé, poussa un long soupir.

— Robin, tu ne connais rien à la beauté des choses ! Aristote – toujours lui – dit dans sa Poétique que ce qui est beau doit non seulement avoir des éléments placés dans un certain ordre, mais aussi posséder une étendue qui ne soit pas le fruit du hasard. Et justement, l’étendue de mon récit n’était point le fruit du hasard. Mais, soit ! Puisque tu ne savoures guère les détails et la langue, voici, en quelques mots, la fin de cette histoire ; mais je dois dire que c’est un grand gâchis que de la dire trop vite.

— Le gâchis serait plus grand encore si, m’endormant, je n’entendais pas la fin, maître.

— Admettons. Ainsi, la plus belle des trois dames, qui était Mélusine – tu l’auras compris – saisit la bride du cheval de Raymondin et l’arrête. Celui-là, elle l’étonne grandement en révélant qu’elle sait son nom ainsi que le crime dont, involontairement, il s’est rendu coupable. Il prend peur, mais elle lui promet alors de faire de lui le plus grand seigneur qui soit s’il l’épouse, à condition qu’il ne cherche jamais à la voir le samedi.

— Pardon ? le coupa le jeune rouquin. Et pourquoi donc le samedi ?

— Tu es insupportable, Robin ! Écoute donc, et tu sauras ! Ainsi, Raymondin épouse cette fort mystérieuse dame et, grâce à elle, de fait, il devient seigneur de Lusignan, qui est une ville toute proche d’ici. Notons, au passage, que le nom de Mélusine, figure maternelle, est très probablement issu de ce toponyme, car elle est, d’une certaine façon, la Mère de Lusignan. Bref… Les amoureux vivent heureux, et ont beaucoup d’enfants – dix, si ma mémoire est bonne – lesquels font de Lusignan un comté fort peuplé. Longtemps, Raymondin tient sa promesse de ne pas chercher à voir son épouse le samedi, jusqu’à ce jour où son frère, qui est le comte de Forez, vient lui rendre visite. Raymondin organise alors une belle réception, mais comme on est samedi, ledit frère s’enquiert de savoir où se trouve Mélusine, et colporte la rumeur selon laquelle celle-ci se cacherait pour pratiquer quelque sorcellerie. Raymondin, que la rumeur inquiète, ceint son épée et court vers cette pièce du château où Mélusine se cache tous les samedis. Là, comme il trouve porte close, il dégaine son épée, qui est fort belle et bien acérée, et creuse dedans la porte jusqu’à y faire un trou.

— Quel imbécile ! Il va tout gâcher !

Andreas leva les yeux au ciel.

— Qu’y a-t-il derrière la porte ? le relança Robin.

— Tu vois bien que, toi aussi, tu aimerais savoir !

— Qu’y a-t-il, donc ?

Andreas ouvrit un sourire narquois.

— Derrière la porte, il y a Mélusine, qui se baigne dans un grand bassin de marbre et se peigne les cheveux. Et alors Raymondin, qui regarde toujours à travers le trou, découvre, stupéfait, que le bas du corps de son épouse est une queue de serpent, terriblement longue !

— Mon Dieu, quelle horreur !

— Pris de remords, furieux d’avoir trahi sa parole sur les mauvais conseils de son frère, Raymondin bouche le trou qu’il a fait dans la porte à l’aide d’un morceau de cire, puis il chasse son frère de chez lui. Mais c’est trop tard, Mélusine, dont la nature est dévoilée, doit quitter le château, accablée par la trahison de son époux. Après de fort émouvants adieux, elle s’envole par la fenêtre en poussant des cris déchirants et disparaît à jamais.

— Comme c’est triste !

— La légende raconte qu’elle erre encore dans cette forêt, mais que la nuit elle vient en cachette à Lusignan pour caresser la tête de ses descendants, et qu’elle se présente à eux trois jours avant leur trépas.

Le récit de l’Apothicaire fut suivi d’un long silence que seul le vent venait rompre en secouant gentiment la cime des arbres.

— C’est tout ? dit finalement Robin, quelque peu déçu.

— Eh bien oui, puisque tu voulais que je résume !

— Ah. Mais que faut-il retenir de cette légende, alors, puisque vous disiez que les histoires ont beaucoup à nous apprendre ?

— Eh bien, cela te regarde, mon garçon ! Chacun en retire la leçon qui lui sied.

— Je ne vois pas.

Andreas fit une moue accablée.

— Eh bien… Tu peux y voir une allégorie de la connaissance, puisque le serpent en est le symbole. Et d’ailleurs, pour ce qui nous concerne, il est difficile de ne pas penser à l’abraxas des Templiers, n’est-ce pas, lui qui, comme Mélusine, avait des jambes en forme de serpents ?

— Mais alors cela signifie que la connaissance est dangereuse ? Je ne comprends pas. Cela ne ressemble guère à votre philosophie !

— Justement. C’est sans doute pour cela que cette légende m’est restée en mémoire, mon garçon, moi qui, tel un Raymondin regardant par le trou de la porte, cherche à percer les mystères du monde physique au travers de mon oculus corpuscula.

— Et donc vous n’avez pas retenu la leçon ?

— J’en retiens que la soif de connaissance a un prix.

— Lequel ?

— Eh bien, pour Raymondin, celui de l’amour, enfin !

— Et pour vous ?

Andreas soupira.

— Allons, Robin, je ne t’ai point raconté cette histoire pour que tu en tires quelque renseignement à mon sujet, mais bien pour que tu y réfléchisses, toi.

— Je ne suis pas doué pour ces choses-là.

— On peut pourtant tirer bien des morales de cette histoire, mon garçon. Par exemple, elle nous dit combien il est important de respecter l’intimité de la personne qu’on aime.

— C’est-à-dire ?

— Il est du plus profond droit de chaque être que de garder un jardin secret, même à son amant. À vrai dire, je pense qu’il n’y a même rien de plus triste qu’une âme sans secret. Tant que Raymondin n’avait pas percé le mystère de Mélusine, leur amour était le plus pur qui fût, et ce à quoi elle se livrait le samedi – tant que cela restait caché – ne mettait pas leur idylle en péril.

— Mais le secret de Mélusine était terrible, maître ! Elle cachait à son époux sa nature monstrueuse !

— Il y a un monstre en chacun de nous, mon garçon. La trahison n’est pas celle de Mélusine, qui cachait sciemment sa nature véritable, mais bien celle de Raymondin, qui ne lui accorda guère le droit de dissimuler ce qui devait l’être pour sauver leur amour.

— C’est une morale douteuse, maître. Je crois, moi, qu’on ne doit rien cacher à la personne qu’on aime !

— Et je crois, moi, que nul n’appartient à personne, et que l’amour ne saurait être une prison.

— Maître ! s’exclama soudain Robin en se redressant. Vous avez entendu ?

Andreas fronça les sourcils.

— Quoi donc ?

Le jeune homme s’appuya sur le tronc pour s’approcher de l’Apothicaire.

— Là… Derrière les arbres. J’ai entendu un bruit !

Andreas ricana.

— Allons donc ! Tu penses que c’est un sanglier ? Ou mieux : Mélusine en personne !

— Ne vous moquez pas ! Regardez ! Là ! Il y a… Il y a quelque chose qui bouge !

L'Apothicaire
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