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Les poings d’Andreas se crispèrent et sa mâchoire se serra comme une presse de plomb. L’idée que son apprenti pût se retrouver de nouveau seul face à ses bourreaux était parfaitement insupportable, si bien qu’il eût voulu détruire d’un seul coup de pied le mur qui les séparait et lui venir en aide sur-le-champ. Mais il était là, dans l’ombre, immobile et impuissant, contraint au silence et à l’attente.

Une oreille posée contre la surface froide du granit, il essaya de deviner, à travers les bruits qu’il pouvait entendre, ce qu’il se passait de l’autre côté.

Le grincement d’une porte ; des pas, de moins en moins distants ; un tintement sur le sol, sans doute une écuelle qu’on avait posée à terre ; des paroles, graves et indéchiffrables… Puis les pas s’éloignèrent et la porte claqua, et ce claquement fut suivi du bruit sec que rend une serrure qui se ferme.

La poitrine d’Andreas se soulevait au rythme de sa nerveuse respiration. Il attendit encore. Pourquoi diable Robin ne lui parlait-il pas ? Y avait-il toujours quelqu’un avec lui ? Après un long moment, enfin, la voix de Robin, libératrice, lui parvint de nouveau.

— Maître ! Ils sont partis…

Andreas respira plus librement.

— Je… Je n’en peux plus, murmura alors le jeune homme.

— Je vais te sortir de là, Robin ! Je te le promets ! Mais pour ce faire, il faut que tu fouilles cette pièce. Il y a sûrement un mécanisme quelque part. Quelque chose comme une serrure, ou comme un levier.

— Et si ce mécanisme était dans une autre pièce ? répondit le jeune homme d’une voix qui masquait mal son angoisse.

Andreas, bien sûr, avait envisagé cette embarrassante éventualité. Mais pour l’instant, il était inutile de perdre courage et, surtout, de le faire perdre à son apprenti.

— Je ne pense pas, affirma-t-il. Il doit être là…

— Je vais regarder, maître.

L’Apothicaire perçut le bruit des chaînes qui traînaient sur le sol. Robin avait les pieds entravés mais, visiblement, il pouvait se déplacer librement à travers la pièce. Le cliquetis continua longuement avant de revenir de ce côté-ci.

— Je ne vois rien, maître, qui puisse ressembler à un levier ou un mécanisme.

— Décris-moi la pièce où tu te trouves, Robin. Tu as peut-être raté quelque chose.

— C’est… C’est une grande salle heptagonale, qui est tout au bout de la commanderie. Le plafond est une haute voûte en encorbellement, de pierres maçonnées. Devant les murs, il y a des statues hautes comme un homme. Des chandeliers sont scellés dans les parois. Le sol est en pierre, lui aussi… Il n’y a qu’une seule porte, celle par laquelle on m’a fait entrer, et elle est solidement fermée. Aucune ouverture, aucune fenêtre, et aucune trappe au sol. Pas de meuble, hormis le fauteuil et… et une croix de Saint-André.

Andreas frissonna. Une croix de Saint-André… Humbert avait donc amené de quoi torturer Robin selon les odieux usages de l’Inquisition. Il chassa cette pénible pensée et revint sur l’image que, par l’esprit, il pouvait se faire de la pièce.

— Tu n’as vu aucun coffre caché dans les murs, aucune ouverture, aucune alcôve ?

— Non maître.

— Sur le sol… Les pierres, au pied du mur derrière lequel je me trouve, sont-elles toutes scellées ?

— Oui.

Andreas grimaça. Il y avait forcément une solution. Il essaya donc de se mettre à la place des templiers qui avaient fait construire cette commanderie. Comment auraient-ils procédé pour cacher un passage ? Les moines soldats avaient un penchant certain pour les choses secrètes et pour l’occultisme, et l’architecture templière, confiée aux maîtres maçons, était pleine de symboles… Peut-être fallait-il chercher de ce côté-là. Même si, homme de science et de raison, il avait très peu de goût pour le symbolisme mystique, l’Apothicaire, comme on l’a de nombreuses fois démontré au lecteur, possédait une érudition si vaste et si syncrétique qu’il était parfois en mesure de comprendre les mystères ésotériques bien mieux que la plupart de ses prétendus spécialistes. Robin avait dit que la pièce était heptagonale et Andreas n’ignorait pas l’importance du chiffre sept dans le symbolisme templier. C’était peut-être une piste…

— Tu dis qu’il y a une statue devant les murs, et que la pièce est heptagonale. Il y a donc sept statues ?

— Non, maître, car il n’y en a pas sur le mur de la porte, ni sur celui-ci, derrière lequel vous êtes.

— Il y en a donc cinq. Peux-tu me les décrire ?

— Eh bien, ce sont cinq personnages… Cinq chevaliers qui, chacun, tiennent un objet dans leurs mains. Le premier tient un soleil, le second un bouclier, le troisième un fouet, le quatrième un serpent, et le cinquième tient ce qui ressemble à un drap ou un vêtement.

— Cinq symboles, murmura Andreas. Cinq symboles dans une pièce à sept côtés…

Ces allégories, assurément, lui faisaient penser à quelque chose, mais pour l’heure il ne savait à quoi. On eût dit les attributs d’une divinité…

— Maître ! Je viens de voir quelque chose d’autre ! intervint soudain l’apprenti.

— Quoi ?

— Sur ce mur-ci, le vôtre, tout en haut, il y a une inscription.

— Et que dit-elle ?

— Je ne sais pas. Ce ne sont pas des lettres. On dirait une écriture chiffrée, faite de formes géométriques et de points.

La figure de l’Apothicaire se rasséréna. Un message codé ! Il y avait toutes les chances qu’il concernât le passage secret.

— Combien y a-t-il de formes ?

L’apprenti compta.

— Quinze, maître.

— Peux-tu me les décrire précisément ? demanda Andreas tout en ramassant au sol un petit caillou.

— Eh bien… D’abord, un triangle, sans base, tête vers le bas, et avec un point en son centre.

L’Apothicaire, avec la pointe de son caillou, traça la forme décrite sur l’une des parois du souterrain.

— Ensuite ?

— À nouveau un triangle sans sa base et avec un point en son centre, mais dirigé vers la droite cette fois. Puis le même, sans point…

L’apprenti continua ainsi à décrire, figure par figure, l’étrange écriture qu’Andreas reproduisit soigneusement de son côté, et quand ils eurent fini, l’Apothicaire contempla, non sans une certaine jubilation, le résultat obtenu.

 

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— Vous savez ce que cela signifie, maître ?

— Non, mais il n’y a aucun code qui ne puisse être décodé. Laisse-moi un peu de temps.

Et en effet, il fallut un certain temps à notre docte pharmacien pour extraire quelque logique à cette suite de symboles, mais il convient d’ajouter qu’il y trouva, malgré les circonstances, une sorte de divertissement pour l’esprit qui n’étonnera guère le lecteur.

Chaque figure, à l’évidence, remplaçait une lettre, selon la méthode dite de substitution. Il s’agissait donc de trouver avec quelle logique. D’abord – n’ignorant pas que la paresse pouvait parfois être le moteur d’une déduction rapide – il se pencha sur la récurrence des formes pour tenter d’effectuer une analyse dite fréquentielle.

En effet, la fréquence d’apparition de telle ou telle lettre dans un message codé pouvait permettre, à tâtons, de décrypter celui-ci, mais encore fallait-il savoir dans quelle langue il était écrit ! En français, Andreas savait que les lettres les plus fréquentes étaient « e », « s », « a » et « i ». Mais rien ne permettait d’affirmer que le message fût bien en français et, en outre, la phrase n’était pas assez longue pour déduire, à l’aveugle, quelle figure remplaçait quelle lettre. L’Apothicaire abandonna cette méthode intuitive, ne pouvant se passer d’un véritable décryptage.

Ainsi, il se résolut à analyser les figures. Certaines existaient sous deux versions différentes, selon qu’elles étaient dirigées dans telle ou telle direction, vers le haut ou le bas, vers la droite ou la gauche. Il en déduisit que chaque symbole – en dehors de cette croix qui apparaissait deux fois dans le texte – permettait de remplacer quatre lettres, selon le sens dans lequel il était dessiné.

À genoux, l’Apothicaire traça plusieurs formes dans la terre, puis les effaça, recommença, jusqu’à ce qu’il puisse établir un second constat : chacun des symboles utilisés pouvait s’inscrire dans la croix pattée que les templiers portaient sur leur tunique blanche. La plupart étaient des triangles, ou des formes triangulaires, auxquelles on pouvait ajouter ou non un point, et qui pouvaient être assimilées à l’une des branches de ladite croix… Ainsi, il put en déduire l’existence de six séries de symboles, chacun se déclinant dans quatre directions, et il y ajouta la croix, ce qui donnait un total de vingt-cinq symboles. Ce chiffre correspondait bien à l’alphabet, puisqu’en ce temps on ne différenciait point le « i » et le « j ».

Classant, a priori, les six séries de symboles de la plus simple à la plus compliquée, il dut s’y reprendre à plusieurs fois pour établir la bonne correspondance. Chaque fois qu’il avançait une hypothèse, il essayait de voir si elle permettait de traduire le message crypté. La chose fut fort longue, et nous épargnerons au lecteur les moult étapes successives que dut franchir notre savant Apothicaire pour, enfin, trouver la juste concordance, qu’il inscrivit alors fièrement sur le mur à l’aide de son caillou, juste en dessous de la phrase cryptée.

 

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Et en effet, cette disposition lui avait permis de traduire le texte sculpté dans le mur : Ordinata quinque, et il confia aussitôt sa découverte à son apprenti.

— Comment avez-vous fait, maître ? s’extasia Robin, de l’autre côté de la paroi.

— Par l’opération de la sainte logique, répondit Andreas. Tu aurais pu le faire toi-même. Mais peu importe, le temps presse. La phrase semble nous inviter à ordonner cinq éléments… qui sont probablement les cinq symboles portés par les statues.

— Les ordonner ? Mais comment ?

— C’est bien là tout le problème. Peut-être faut-il les écrire quelque part. Ou bien… Crois-tu que les symboles portés par les statues soient amovibles ? Peut-être peux-tu les enlever et les amener à un autre endroit…

Robin, ranimé sans doute par cette lueur d’espoir, s’activa dans son immense cellule. Après quelques déambulations, Andreas l’entendit revenir vers lui d’un pas vif.

— Maître ! Les symboles sur les statues ! Je ne peux pas les enlever, mais ils bougent !

— Ils bougent ? Et comment donc ?

— Eh bien, dans tous les sens, maître ! Vers l’avant, vers l’arrière, le haut, le bas, les côtés…

— Prodigieux ! murmura Andreas comme pour lui-même. Il faut reconnaître que, malgré leur austérité et leur piété dévastatrice, les Templiers ne manquaient pas d’humour et de panache ! Bien. Il nous faut maintenant trouver dans quelle position ils doivent être ordonnés, et alors je pense que ce mur s’ouvrira, telle la mer rouge devant les bras de Moïse !

— Mais comment les ordonner ? Au hasard ?

— Certainement pas ! s’indigna Andreas. Je ne sais pas encore, Robin, mais à nouveau il faut que tu me laisses un peu de temps. Je crois que j’ai ma petite idée…

L’Apothicaire resta un court instant devant le mur, comme s’il éprouvait quelque remords à devoir s’éloigner de son apprenti, puis il fit volte-face et retourna sur ses pas, alors que la bougie, dans sa main, était bientôt terminée. Il comprit alors qu’il lui restait peu de temps et il accéléra sa course jusqu’à retrouver, sur le mur du souterrain, le texte qu’il avait vu plus tôt, et au bas duquel figurait l’abraxas panthée, sceau de l’ordre du Temple.

Comme il trouva la confirmation de son pressentiment, Andreas ouvrit un large sourire.

Autour de ce sceau était inscrite la formule Secretum Templi, à l’intérieur de laquelle apparaissait un médaillon. Sur la droite de celui-ci brillaient sept étoiles, et en son centre se tenait la figure de l’Abraxas, démon de l’Antiquité, que les basilidiens, hérétiques du second siècle, vénéraient comme le suprême démiurge ayant envoyé le Christ sur terre. Andreas ne put s’empêcher de penser, brièvement, aux rapports que ce symbole de la connaissance entretenait avec le gnosticisme, mais pour l’heure il se contenta de mémoriser la posture du démon. Car en effet, la tête de celui-ci figurait un coq, symbolisant le soleil, ses jambes deux serpents, dans la main droite il tenait un bouclier, dans la gauche un fouet, et à la taille il portait un tablier… Ainsi, en un seul dessin étaient rassemblés les cinq symboles portés par les statues de la pièce où Robin était enfermé, et tout, enfin, prenait sens.

 

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Alors qu’il venait de se remettre en route vers le bout du couloir, la bougie d’Andreas s’éteignit, et elle était à présent trop petite pour qu’il pût la rallumer sans se brûler les doigts. Il continua néanmoins son chemin et rejoignit prestement Robin tout au bout du tunnel.

— Tu es là mon garçon ? demanda l’Apothicaire en cherchant, dans la plus totale obscurité, la petite ouverture dans le bloc de granit.

— Oui, maître ! Dites-moi que vous avez trouvé !

— Lève-toi, Robin, va à la statue qui porte un soleil, et mets celui-ci dans la position la plus haute qui soit.

L’apprenti s’exécuta, et l’Apothicaire l’entendit revenir. Ainsi, l’obligeant à faire moult allers et retours, il donna ses instructions au jeune homme afin qu’il mît le bouclier à dextre, le fouet à senestre et le serpent vers le bas.

— Parfait ! Il ne reste plus que le tablier, mon garçon ! Un tablier se porte devant… J’en déduis qu’il faut que tu le tires vers l’avant.

— J’y vais !

Et en effet, Robin tira sur le linge que portait la cinquième statue, et celui-ci glissa vers l’avant.

Andreas, le corps tendu dans l’obscurité, resta immobile, aux aguets, certain que la magie allait opérer. Mais il ne se passa rien. Et quand le silence eut duré trop longtemps, Robin revint près du mur.

— Il ne se passe rien, maître.

— Je vois bien ! répliqua Andreas, agacé. J’ai dû me tromper quelque part. Pourtant, c’est bien ainsi que les cinq symboles sont disposés sur l’abraxas. À moins que…

— Quoi ?

— Tout dépend de si l’on se met à la place de l’abraxas lui-même ou d’un observateur, car alors, la droite devient la gauche, et la gauche devient la droite. Intervertis, mon garçon ! Va mettre le bouclier à senestre et le fouet à dextre !

— Oui, maître !

Le bruit de la chaîne s’éloigna, puis Andreas perçut le son que faisaient les statues quand on les déplaçait.

L’Apothicaire sentit les battements de son cœur s’accélérer. Cette fois-ci, il fallait absolument que cela fonctionne ! Il n’avait plus de bougie, Robin était sans doute en fort mauvais état, et si cette option n’était pas la bonne, il ne savait plus dans quelle direction chercher.

Comme il ne se passait toujours rien, Andreas sentit, un instant, une vague de désespoir profond l’envahir. Il crut qu’il allait s’effondrer quand, soudain, un craquement se fit entendre, puis un autre, suivi par un lourd bruit de chaîne. Lentement, le mur se mit à glisser vers la droite, laissant la lumière de la pièce voisine se glisser dans le souterrain, et l’Apothicaire se précipita dans l’ouverture pour prendre dans ses bras Robin, qu’il trouva le corps couvert d’horribles blessures et la mine bien pâle.

L'Apothicaire
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