25

 

 

Ce fut en ce matin du 28 février qu’Andreas Saint-Loup reçut, d’Italie, un colis qu’il attendait depuis fort longtemps et qui fut porté jusqu’à sa demeure par un marchand lombard avec lequel il traitait souvent.

À peine le paquet livré, l’Apothicaire l’emporta sans mot dire dans son laboratoire, où il s’enferma.

Quand les cloches de la paroisse annoncèrent le début de la célébration du mercredi des Cendres, Robin vint frapper timidement à la porte.

— Maître, nous allons être en retard pour l’entrée royale !

Andreas poussa un grondement de l’autre côté et ne répondit pas. On l’entendait s’affairer, déplacer des meubles, manipuler des outils tout en marmonnant.

— Maître ! insista le jeune rouquin.

— Tu me déranges, Robin !

— Je… Je suis désolé. Mais nous allons être en retard !

— Erreur de logique : nous ne serons pas en retard puisque nous n’irons pas.

— Mais… Mais nous y sommes obligés ! Maître Malingrey est souffrant ! Vous êtes attendu par le prévôt des marchands pour le remplacer et représenter la confrérie des apothicaires. C’est un grand honneur que la hanse vous fait…

— Tu apprendras un jour à te défier des apparences ; ce n’est point un honneur que l’on me fait, mais un piège que l’on me tend, pour qui sait combien m’horripilent ces solennités vaines et orgueilleuses.

— Mais enfin… Mercredi des Cendres, maître…

— Je m’en tamponne allègrement le coquillard, mon garçon.

Robin resta muet, interloqué.

Le mercredi des Cendres était un jour fort important du calendrier chrétien, qui marquait le début du carême. Pour l’occasion, loin des abandons de la semaine grasse, tout Paris assistait à une entrée royale. La Merveille prenait alors toute son arrogante dimension : centre politique et religieux du royaume, on lui accordait la plus grande attention, à la hauteur de son prestige. Le Corps de la ville et les Parisiens unissaient leurs efforts pour faire de cette journée un moment unique, qui rapprochait prétendument les gens du peuple et leurs gouvernants.

Ainsi, Philippe le Bel allait entrer dans Paris en tête d’un prestigieux cortège, accompagné de son frère Charles de Valois, de ses conseillers Guillaume de Nogaret et Enguerran de Marigny, de l’évêque de Paris, Guillaume de Baufet, mais aussi – comme le diocèse de Paris dépendait de la province ecclésiastique de Sens – de l’archevêque de Sens, Philippe Leportier de Marigny qui, comme on l’a dit, était le demi-frère du chambellan. Une fois la procession terminée, une grand’messe se tiendrait en la cathédrale Notre-Dame où les fidèles seraient marqués au front d’une croix de cendre bénie, évoquant la destinée future de leur corps.

— Maître, si nous n’y allons pas, ou plutôt, si vous n’y allez pas, cela va faire un scandale.

Las, Andreas ouvrit soudain la porte, se plaça devant son apprenti et le dévisagea d’un air fantasque.

— Je te le répète, Robin : je m’en tape jovialement les bourses.

— Mais qu’est-ce qui vous prend ?

— Il me prend que j’ai reçu d’Italie un colis que j’attendais depuis des mois, et que j’ai donc bien mieux à faire que d’aller parader dans les rues comme un baudet pour fanfaronner à côté de notre faux-monnayeur de souverain et de son égorgeur de Nogaret, dont le seul mérite, je dois bien l’admettre, est d’avoir dûment taloché le pape. Il n’y a rien de plus inepte qu’une cérémonie religieuse, la foi est une affaire personnelle, et sitôt qu’on est plus d’un à parler de Dieu, on se trompe, si bien que je crois que, comme moi, Notre-Seigneur Soi-même s’en tape jovialement les divins testicules. La religion – qui n’a de nos jours plus grand’chose à voir avec la foi – favorise, avec son lot de miracles et de guérisons fabuleuses, la superstition du petit peuple. La crédulité au dogme et la soumission aveugle aux rituels sont les ennemis de la science et de l’expérience. Le seul véritable apport de la religion au monde moderne, c’est son art architectural et la traduction des textes d’Hippocrate, de Galien et de Celse, que l’on doit aux moines – car si la plupart de ceux-ci sont des imbéciles et des gloutons, quelques-uns, il faut toutefois le reconnaître, sont de pieux et illustres savants, tel le grand Roger Bacon. Mais tout le reste de l’activité religieuse n’est qu’asservissement de l’esprit humain. Les prédicateurs sont le bras armé de ceux qui, dans nos dirigeants, veulent nous détourner de la sapience, car ils savent qu’il n’y a de sujets plus dangereux que doctes.

Le visage de Robin, qui n’était pas encore habitué aux tirades blasphématoires de son maître, se décomposa à vue d’œil.

— Bref, non, je n’irai pas, conclut l’Apothicaire.

— Mais alors… Et moi ? Moi, que dois-je faire ?

— Ce que bon te semble, mon enfant. Tu peux aller te faire étaler de la cendre sur le front, si tu le souhaites, peu me chaut. Je m’en accommoderais volontiers, même, car ainsi tu ne traînerais pas dans mes pattes. Mais si tu veux rester avec moi, je te conseille vivement de ne pas ouvrir la bouche et de ne rien toucher.

Andreas fit volte-face et retourna dans son laboratoire.

Robin le regarda s’éloigner, atermoya, tiraillé entre le désir d’observer ce qui animait tant son maître et la crainte de ne pas se soumettre aux usages de la religion, puis, la curiosité l’emportant sur la peur, il entra dans le laboratoire à son tour et, tout en gardant ses distances, contempla l’Apothicaire en silence.

L’homme était occupé à fixer, dans un tube étroit qu’il avait préalablement entaillé, ce qui ressemblait à deux petites pièces de verre. Quel que fût l’objet qu’il essayait de construire, cela semblait nécessiter beaucoup de minutie et de précision, car Andreas s’y reprenait à plusieurs fois, examinait le résultat, puis recommençait en soupirant, utilisant des outils de plus en plus petits, qui rappelaient ceux des orfèvres.

La manœuvre dura si longtemps que le soleil eut le loisir de disparaître derrière le toit des maisons sans qu’aucune parole fût prononcée, et Robin, épuisé, finit par s’asseoir sur un tabouret pour continuer à observer son maître sans faire de bruit.

L’entrain et l’enthousiasme de l’Apothicaire étaient si forts qu’ils semblaient cacher quelque chose, ou peut-être étaient-ils le fruit d’une libération qu’Andreas appelait de ses vœux depuis longtemps. Se jeter à corps perdu dans cette secrète entreprise était sans doute le meilleur moyen pour lui d’oublier un moment le tourment qu’avaient occasionné la pièce vide et le portrait : il pouvait enfin occuper son esprit et son cœur à autre chose.

Ainsi, le maître coupa, vissa, serra, grogna, siffla, retourna tout un tas d’affaires, démonta, remonta, ajusta… Et puis, au début du soir, il rompit enfin cet interminable silence :

— Tu vois ces deux petites rondelles de verre ? demanda-t-il à son apprenti sans interrompre sa besogne.

Robin hocha timidement la tête.

— Ce sont des lentilles que j’ai fait faire par le grand Salvatore Armati, le plus fameux maître verrier de Florence, qui rassemble les meilleurs de toute l’Europe.

— Et à quoi servent-elles ?

— Tu ne sais pas à quoi sert une lentille ?

— Non.

— À converger la lumière, ou à la diverger, selon la façon dont l’une des faces est polie. Cela fait des siècles que l’on connaît la propriété des lentilles, leur capacité à focaliser les rayons du soleil, par exemple, tout comme leur effet grossissant. Nombreux sont les savants qui, aujourd’hui même, pensent, comme moi, que de grandes avancées scientifiques viendront de leur utilisation. Mon vénéré Roger Bacon le présageait déjà dans son traité sur la perspective, tout comme deux autres moines érudits, mais dominicains ceux-là : Jordanus de Rivalto et Alessandro di Spina, qui viennent tout juste de mourir l’un et l’autre. Mais nul n’avait jamais poussé aussi loin l’art de confectionner ces précieux outils que le grand Armati et, à présent, je crois que nous allons pouvoir réaliser avec ces lentilles des choses extraordinaires.

— Des nouveaux remèdes ?

Andreas secoua la tête.

— Tu n’y es pas du tout ! Je ne cherche pas à fabriquer de simples médicaments !

— Mais que cherchez-vous à faire, alors ?

L’Apothicaire, qui venait visiblement d’achever l’objet qu’il s’évertuait à fabriquer, colla son œil sur la partie supérieure du cylindre dans lequel il avait monté les lentilles et qui était, par la grâce d’un minuscule trépied, posé sur sa paillasse en marbre.

— Est-ce que tu connais Démocrite, Robin ?

— Non, maître.

— Ah ! Démocrite d’Abdère ! Un grand homme ! Disciple de Pythagore, contemporain de Socrate, et peut-être, avec Roger Bacon bien sûr, le plus grand savant de tous les temps !

— Vous dites cela de tous les Anciens…

— C’est sans doute que nous sommes entrés dans un âge d’obscurité et que l’amour de la science était plus grand dans l’Antiquité. Bernard de Chartres disait que les savants d’aujourd’hui, s’appuyant sur les grands penseurs du passé, sont nanos gigantium humeris insidentes. Des nains sur des épaules de géants.

— Il n’empêche que, sur les épaules d’un géant, on voit plus loin que le géant.

— C’est vrai, répondit Andreas avec un sourire. Toujours est-il que, dans les dernières années de sa vie, Démocrite, disais-je, perdit la vue ; mais il affirma que c’était pour lui une chance, car sa cécité aurait facilité sa réflexion, et en effet, l’homme dépassa son empirisme pour ne plus raisonner que par sa grande capacité d’abstraction. Or, vois-tu, Démocrite affirmait – et c’est pour cette raison que je t’entretiens de lui – que le monde physique est composé de deux uniques principes : les atomes et le vide.

— Les atomes ?

— Oui. Les atomes sont, selon lui, des corpuscules solides et indivisibles, si petits qu’ils échappent à nos sens, si durs qu’ils ne peuvent être altérés, et ils sont à l’origine de toute chose et de tous les éléments. Ils se déplacent éternellement dans le vide ; quand ils s’associent, ils créent la matière, quand ils se séparent, ils la détruisent. En somme, l’être n’est pas unique mais composé d’une grande quantité de ces corpuscules.

— Et c’est cela que vous voulez observer avec ces lentilles ?

— En quelque sorte, Robin. Je veux observer l’infiniment petit. Ce faisant, je crois pouvoir, du même coup, mettre un terme définitif à la théorie des humeurs, à laquelle les médecins continuent de se vouer aveuglément alors qu’elle me semble de la plus grande ineptie, ce qui, en soi, n’est guère étonnant quand l’on sait combien les praticiens modernes – qui n’ont plus rien inventé depuis les docteurs grecs et arabes – sont prompts à s’engager derrière toute doctrine, pour fumeuse qu’elle soit, tant que celle-ci leur permet de donner une explication aussi simple que possible, fût-elle inexacte, à ce qu’ils ne comprennent pas. Tu connais la théorie des humeurs, mon garçon ?

— Un peu.

— C’est un héritage de la médecine salernitaine et, à travers elle, des théories hippocrato-galéniques. Pour ces imbéciles, la maladie n’est qu’un déséquilibre entre les quatre humeurs de l’homme. Foutaises ! La science médicale n’a guère progressé depuis bien des siècles, l’Occident s’étant perdu dans les facéties de l’alchimie, plus disposée à rechercher l’or, la pierre philosophale et l’élixir universel qu’à perfectionner l’art de soigner nos véritables souffrances. Or je veux démontrer, moi, l’existence d’un organisme étranger, minuscule, responsable de la plupart des maux qui touchent les hommes.

— C’est donc bien à des fins médicales que vous faites tout ceci !

— Pas seulement, Robin. Le domaine médical n’est qu’une infime partie de ce que permettront les découvertes que j’espère initier.

— Mais alors, quel est votre vrai dessein ?

— Je veux trouver la clé du monde physique, mon enfant.

L'Apothicaire
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