XIV

Ti dévoile les crimes d’un mort ; il cache ceux d’un vivant.

 

 

Au lieu de calmer Ti, la marche à pied attisa au contraire son agacement contre les innombrables entorses à l’ordre céleste auxquelles il était confronté dans cette ville. Alors qu’il longeait l’avenue en direction du tribunal, il vit soudain venir à sa rencontre avec lenteur un chariot tiré par un bœuf. On y avait arrimé l’une de ces potiches géantes dans lesquelles il avait déjà eu l’occasion de faire de sinistres découvertes.

— Ah non ! Pas sous mon nez ! s’écria-t-il, hors de lui.

Il empoigna le marteau d’un menuisier en train de planter des clous devant son échoppe et se mit à marteler la potiche, sous les yeux des passants interloqués. Alerté par le bruit, le conducteur arrêta son animal et descendit de son char pour s’interposer :

— Hé ! Espèce de fou ! Qu’est-ce qui te prend ?

Le menuisier s’interposa entre le vandale et lui.

— C’est Son Excellence Ti Jen-tsie, le commissaire-inspecteur de Chang-an. Ses nerfs ont été mis à rude épreuve, aujourd’hui.

Ti frappait comme un forcené. La tension accumulée durant ces derniers jours se libérait avec violence. En raison du manque de sommeil, il voyait dans la grosse potiche une ressemblance avec la face joufflue du directeur de la police, entrevue de loin le jour de son exécution manquée. Le fugitif lui adressait un sourire de défi.

— Tiens ! Prends ça ! répétait le magistrat en assenant des coups furieux sur la terre cuite.

Celle-ci commença à se fendre. Un trou se fit, le sel se mit à couler dans la rue. Les passants contemplaient ce triste spectacle d’un mandarin devenu fou. Ti se prit à douter. Tant qu’à être ridicule, mieux valait aller jusqu’au bout. Il martela la potiche, qui s’ouvrit en deux et explosa. Ses morceaux et tout ce qu’elle contenait se répandirent sur la chaussée.

Il y eut quelques instants de silence total dans l’avenue de Liquan. Les premiers à réagir poussèrent des cris d’horreur. Certains s’enfuirent en courant, d’autres approchèrent pour avoir la confirmation de ce qu’ils avaient cru voir. Au milieu d’un tas de sel mêlé de fragments de terre cuite gisait le corps d’un homme d’âge mûr, dont le visage pourvu de belles moustaches grises était tourné vers les nuages. Sa peau maculée de cristaux avait un aspect blanc et luisant. Ses yeux étaient grands ouverts. On aurait dit quelque divinité résolue à foudroyer les mortels qui avaient osé la tirer de sa retraite salée. Les badauds n’auraient pas été plus surpris si elle s’était envolée en les abreuvant de malédictions, parmi le tonnerre et les éclairs.

Le conducteur du chariot prit ses jambes à son cou, soit qu’il eût su d’avance ce que contenait son chargement, soit qu’il craignît qu’on ne lui mît ce meurtre sur le dos. Ti laissa tomber l’outil qui lui avait servi à briser le récipient. Il se baissa vers le cadavre, quoiqu’il eût déjà une idée de son identité.

Il n’eut aucune difficulté à reconnaître le général-duc de King-ye. Les convives de ce banquet étaient-ils tous destinés à mourir deux fois ? Ti commençait à être persuadé que oui. Il donna l’ordre d’avertir les sbires pour qu’ils transportent tout cela au yamen, et reprit son chemin, d’humeur bien plus tranquille qu’auparavant.

Un homme du peuple, muni de l’attirail des écrivains publics, avec rouleau à feuillets, plateau et encrier portatif, courut après lui.

— Seigneur Ti ! Je dois vous parler !

Le mandarin estimait avoir eu sa part d’ennuis avec les habitants de Liquan pour la journée. Le soleil était à la moitié de sa course et aucune vraie nourriture n’était encore venue remplacer le tofu au sang dans son estomac. Il poursuivit sa route tandis que l’écrivain public faisait des efforts pour rester à sa hauteur, en dépit de l’impolitesse qu’il y avait à marcher de conserve avec un homme d’un rang si élevé.

— J’ai des renseignements sur le marquis de Ying-chuan ! lui souffla finalement l’importun.

Ti s’arrêta. Voilà qui ne concernait plus les furieux qui peuplaient ce district, mais bien ses supérieurs de Chang-an.

— Des renseignements ? répéta-t-il en jaugeant ce malotru qui ne semblait pas savoir qu’on s’inclinait très bas avant de s’adresser à un magistrat tel que lui.

— C’est moi ! répondit l’homme en soulevant le chapeau à larges bords qui jetait une ombre sur ses traits.

« Voilà que les spectres sortent en plein jour ! » se dit Ti. Malgré son respect pour les deuils impériaux, l’événement effaça en lui tout autre sujet d’intérêt. Il remit à plus tard sa visite au yamen. Dès que les sbires furent arrivés pour s’occuper du chariot de sel, il leur confia sa lettre, avec mission de la transmettre immédiatement à leur maître. Les deux hommes allèrent s’installer à la terrasse couverte d’un des nombreux estaminets qui bordaient l’avenue. Le trépassé fixait Ti d’un œil bien moins goguenard que la veille. Régulièrement, il guettait les alentours, inquiet de voir surgir quelque tueur déterminé à l’enfouir dans une potiche de sel.

— Je suis bien aise de vous revoir en si bonne santé, dit Ti quand on leur eut apporté les plats de nouilles commandés. C’est la seconde fois que vous me faites cette bonne surprise, dites-moi !

Le marquis roulait des yeux affolés.

— Comment ces chiens ont-ils osé assassiner un si haut personnage que le général-duc ? Un militaire couvert de gloire, qui avait l’oreille de Leurs Majestés !

Cela faisait quelques jours que le glorieux militaire n’avait plus l’oreille de personne. Ti se vit contraint d’apprendre au survivant effaré qu’un personnage bien plus haut placé venait de subir un sort comparable. Le marquis se prit la tête entre les mains.

— Nous ne devions pas réellement mourir. Quelque chose n’a pas marché, dans notre plan.

Ti était d’accord avec ces deux assertions.

— Pardonnez-moi de vous offrir un repas bien plus modeste que votre banquet d’hier soir, dit-il en invitant le mort-vivant à se servir. Considérant que ce devait être le dernier de votre vie, je comprends que vous n’ayez pas regardé à la dépense.

Le marquis était certes moins fier que lorsqu’il trônait entre un prince affable et un officier content de lui. Ti ne se donna pas la peine de réclamer des éclaircissements, mais se contenta de tremper ses baguettes dans les bols en attendant le récit d’une évasion calamiteuse. Le courtisan lui infligea un pitoyable regard de chien battu.

— Je dois dire en premier lieu que nous n’avions pas l’intention d’aller sur les brisées d’un enquêteur tel que vous. Jamais nous n’avons conçu le projet d’arrêter le directeur en fuite. Si tel avait été notre désir, nous aurions commencé par vous engager, Ti, mon bon ami !

Son bon ami commençait à soupçonner qu’ils l’avaient engagé, en effet, mais pour une tout autre chose, qu’il n’éprouvait aucun plaisir à supputer. Le marquis reprit son récit sur le ton emphatique d’un discours officiel :

— Frappés par l’injustice d’un sort que nous ne pensions pas avoir mérité, nous nous entendîmes pour joindre nos forces afin de contrer la cruauté des événements.

Ti l’arrêta d’un geste et le pria de s’en tenir aux faits.

À en croire le proscrit, le wei de la garde sud avait entendu parler d’une filière qui offrait l’assurance d’une seconde existence à tous ceux qui en avaient besoin. Cela concernait les personnes en délicatesse avec la justice, celles qui désiraient échapper à leurs débiteurs, celles qui s’étaient enfuies avec l’argent de leur maître, de leur guilde, de leur famille… Voilà qui représentait de quoi alimenter un commerce fructueux !

— Le commandant aurait mieux fait de dénoncer ce trafic à sa hiérarchie, dit Ti sur le ton d’un fonctionnaire qui n’avait jamais entendu autant d’abominations en si peu de temps.

— Il l’aurait peut-être fait s’il n’avait pas été condamné à se donner la mort ! le défendit le marquis.

« Ou bien il a préféré conserver cette information pour lui en cas de besoin », se dit le magistrat.

Les quatre hommes ne pouvaient se soustraire longtemps à l’arrêt de l’impératrice, d’une part parce qu’ils auraient sacrifié leur famille, d’autre part parce qu’ils étaient bien placés pour savoir qu’aucun justiciable n’échappait à la sagacité de la police impériale. Il fallait mettre fin aux recherches. Seul leur décès officiel permettrait de recouvrer une vie décente dans une grande ville. Leur contact leur avait recommandé de se rendre à Liquan, où tout serait organisé.

— Et moi, dans tout ça ? demanda Ti, qui voyait se profiler de plus en plus nettement la manipulation dont il avait été l’objet.

Dès qu’ils avaient eu connaissance de sa présence, ils avaient eu l’idée de l’inviter à leur ultime banquet : il représentait un témoin de choix qui accréditerait leur mort auprès du censorat. À vrai dire, le wei de la garde sud aurait préféré accréditer encore plus leur fin tragique en le faisant périr avec eux. Il aurait volontiers assisté à son agonie comme prémisse à leur nouvelle existence. Mais les autres avaient opté pour la solution qui les arrangeait le mieux.

Peu après le départ du commissaire-inspecteur, des hommes en noir avaient apporté quatre corps dont l’âge et la corpulence correspondaient à peu près aux leurs. L’un de leurs sauveurs, qui paraissaient connaître leur métier, les avait maquillés et agrémentés des postiches nécessaires. Les convives avaient ôté leurs habits, dont on avait revêtu leurs doublures. Eux-mêmes avaient endossé les costumes d’emprunt qui leur permettraient de passer inaperçus, le temps de se faire oublier. Ils s’étaient éclipsés par la porte au fond du jardin, celle-là même par laquelle étaient arrivés les cadavres de remplacement. Pas un instant ils n’avaient douté de la réussite. Il y avait des siècles, en Chine, que l’habit faisait la personne. Le juge Ning aurait opté sans hésiter pour un suicide mutuel, vu leur situation sans espoir.

— Vous êtes-vous demandé comment on vous trouverait ces remplaçants ? demanda Ti avec une fausse naïveté.

— Nous avons supposé qu’on étranglerait de quelconques voyageurs, répondit le marquis sans prêter à ce détail la moindre parcelle d’intérêt.

— Et vous ne vous êtes pas dit que vous étiez vous-mêmes des voyageurs aux manches pleines de lingots ? le lapida son interlocuteur.

Il comprenait à présent pourquoi les dîneurs avaient tous subi une mort différente. Chacun d’eux avait au moins un meurtre sur la conscience. Celle de Ti était soumise à rude épreuve. D’un côté, il devait assistance à un noble qui réclamait son aide ; de l’autre, cet individu était un misérable qui trouverait à qui parler lorsqu’il rejoindrait sa victime dans l’autre monde. Ce scélérat avait placé sa vie entre les mains du magistrat, il n’y avait donc pas à tergiverser.

Le lecteur, qui traversait la rue, courut saluer son supérieur. Celui-ci avait terminé son repas. La visite qu’il devait faire au yamen ne pouvait plus être différée. Son invité n’avait pas touché aux plats ; le mort manquait d’appétit.

Quand il s’entendit confier la sécurité d’un si haut personnage, Ruan Boyan multiplia les courbettes : deux célébrités dans la même journée, et la deuxième était encore vivante ! D’un geste agacé, le marquis mit un terme à des démonstrations de servilité qui risquaient de le faire repérer.

— Mon bon Ruan est d’une honnêteté scrupuleuse, assura Ti. Je lui dois la conservation de mon épouse. Vous pouvez vous reposer sur lui comme sur moi-même.

Le balafré rougit de confusion. À le voir si emprunté, le mandarin avait bien du mal à se persuader qu’il s’agissait là d’un redoutable combattant. Tandis que les deux hommes s’éloignaient, il entendit le lecteur prodiguer à son protégé l’une de ses sempiternelles leçons de morale à l’usage des magistrats :

— « Les enquêteurs qui ont commis des erreurs au cours des investigations et qui se sont montrés incapables de conclure leur enquête échapperont aux sanctions s’ils se dénoncent eux-mêmes et endossent la responsabilité de leurs fautes. »

A ce régime, s’il échappait à ses assassins, le marquis risquait fort de reconsidérer l’opportunité du suicide qu’on exigeait de lui.

Une fois au yamen, Ti demanda à être reçu par le sous-préfet. Le trésorier, qui l’accueillit sur le perron avec des protestations de joie, lui assura que sa lettre était bien partie pour la capitale. Elle était dans la sacoche de leur meilleur cavalier, monté sur leur meilleur cheval, et parviendrait à ses destinataires dans les plus brefs délais.

Il le conduisit aux appartements privés de son maître. Le bâtiment était en bois, comme la plupart des constructions de cette époque, mais d’un bois très ouvragé et recouvert de peintures multicolores. Chaque porte était flanquée de bandes de papier rouge où l’on avait inscrit des citations de poèmes, art très en vogue. Zi Liang annonça le visiteur et se retira alors que Ning Yutang se levait pour congratuler Ti avec chaleur :

— On m’a raconté les prodiges accomplis par Votre Excellence depuis qu’elle réside parmi nous ! Je n’aurai bientôt plus à remplir mes obligations de sous-préfet !

« Je ne crois pas que tu t’en sois jamais soucié », songea Ti. Il répondit qu’il était heureux de pouvoir rendre service et ajouta avec perfidie qu’il avait pu vérifier à quel point M. Ning gérait, comme il l’avait dit, « la petite ville la plus tranquille de l’empire ».

— À ce propos, je viens vous faire part de mes conclusions dans l’affaire de détournement d’impôt signalée par votre trésorier.

— Comment ! s’ébaudit Ning Yutang. Encore de merveilleuses élucidations ! Est-il une énigme qui puisse résister à votre génie ?

« L’énigme de ta nomination dans la magistrature », pensa Ti.

Il démontra en quelques mots de quelle manière Ning avait détourné l’impôt et conclut en affirmant sa certitude d’avoir devant lui le juge le plus corrompu de Chine. Nullement désarçonné, celui-ci lui jeta un regard par-dessous.

— Peut-être existe-t-il une façon de réparer mes égarements passagers ? Je suis sûr que Votre Excellence répugnerait à jeter un nom honorable dans la fange. Je suis prêt à m’imposer les plus grands sacrifices pour permettre à mon clan d’être épargné par le scandale.

L’allusion était limpide et elle tombait à point nommé. Ti n’avait aucune intention de puiser à son tour dans le trésor impérial, mais il avait en revanche quelque chose à demander.

— Vous avez, de notoriété publique, une famille renard qui gîte dans votre forêt. Je souhaite mettre un terme à ses exactions. Comme elles me semblent plus dramatiques pour la population que vos détournements, j’oublierai cette histoire si vous m’aidez.

Le sous-préfet marqua un temps. Il n’avait pas espéré s’en tirer à si bon compte.

— Mais comment donc ! s’écria-t-il, jovial. Votre Excellence est la personne la plus raisonnable que je connaisse ! J’aurai à cœur d’exterminer cette vermine pour la plus grande gloire de notre corporation !

— À vrai dire, je préfère m’en occuper moi-même, dit Ti. J’ai seulement besoin de votre accord pour organiser tout ça.

Il n’avait pas l’intention d’attendre l’octroi de renforts, si tant est que Ning les eût réclamés. Le plus rapide était d’organiser une battue.

— J’ignorais que Votre Excellence portait un tel intérêt aux superstitions locales, s’étonna Ning.

— Nous savons vous et moi qu’il ne s’agit nullement de superstitions, répondit Ti d’une voix glaciale.

Cette remarque fit s’évanouir le sourire peint sur les lèvres du sous-préfet. Ning Yutang commençait à croire que ce commissaire-inspecteur en savait plus long qu’il ne voulait bien le dire. Jusqu’où allait sa connaissance de Liquan, exactement ? On pouvait craindre qu’il ne se contente pas de régler les misérables affaires de meurtres crapuleux ou d’incendie criminel qu’il rencontrait sur son chemin.

 

Guide de survie d’un juge en Chine
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