UN ALLIÉ
En l’absence d’un tableau de diagnostic et sans même un ordinateur à sa disposition, Derec n’avait d’autre choix que d’activer le robot et de compter sur lui pour s’autodiagnostiquer. Mais avant d’en arriver là, il avait un puzzle à assembler.
Le robot sans tête était un modèle de série EX ; les différences entre les deux modèles n’empêchaient pas Derec d’emprunter les pièces qui lui seraient nécessaires pour compléter le premier robot. Pour des raisons économiques, les systèmes actifs – opposés aux systèmes structuraux – de tout robot produit en série étaient modulaires et standardisés. Ainsi, la cartouche motrice à microfusion, de la taille et de la forme d’un rein, de l’EX était-elle compatible avec celle de l’EG endommagée et pouvait la remplacer.
Mais le support de la cartouche, doté de l’interface pour l’alimentation primaire, avait également été endommagé dans la bagarre qui avait mis le robot hors d’usage. Malheureusement, ce support n’avait pas été conçu pour la réparation en campagne, ni pour l’échange standard, il était relié à chacun des éléments à l’intérieur du torse de l’EG, sans les champs micromagnétiques commodes utilisés habituellement. Le fabricant avait choisi la méthode moins onéreuse de la soudure sonique.
À défaut des outils nécessaires, l’échange des supports représentait un défi. Derec s’exerça sur le support endommagé de l’EG, puis il mit à l’épreuve son nouveau talent durement acquis pour transférer les pièces intactes de l’EG dans l’EX. Cela seul lui prit plus de deux heures. Mais quand il eut fini, il lui fallut moins de deux minutes pour échanger les cartouches.
Malheureusement, l’affaire ne s’arrêtait pas là. Dans tous les modèles Ferrier, la banque de données principale utilisée par le robot était contenue dans des mémoires amovibles, elles-mêmes placées dans un compartiment situé derrière la « clavicule ». La vaste mémoire positronique du robot était entièrement réservée à l’apprentissage par expérience.
Pour le fabricant, cela signifiait que le cerveau positronique n’avait pas à être spécialisé suivant les fonctions du robot. Et pour le propriétaire, cela voulait dire que son investissement était protégé contre la caducité ou les modifications des besoins.
Mais, pour Derec, c’était une source d’ennuis. Le robot sans tête avait cinq alvéoles de cubes, dont quatre étaient occupées. L’EG comportait pour sa part sept alvéoles dont cinq étaient occupées. Deux des alvéoles vides et trois des alvéoles occupées avaient été prises dans le rayon qui avait détruit le support de cartouche motrice.
Il n’était pas question de les réparer ou de les remplacer. Le pire était que Derec devait par force employer une des deux alvéoles fonctionnelles pour le cube des systèmes standard, sans lequel le robot ne pourrait rien connaître de sa structure et de son fonctionnement. Il avait cinq cubes bourrés de données et de logiciels, et il ne pouvait en utiliser qu’un seul à la fois. Finalement, Derec se décida pour le cube de mathématique et cacha celui de défense personnelle, en vue d’une utilisation possible à l’avenir.
L’inventaire des dégâts visibles du robot faisait apparaître des câbles sectionnés, paralysant le bras droit, et un cardan faussé pour l’un des doubles gyroscopes. Une fois l’énergie restituée et la bibliothèque de travail remise en fonctionnement, il n’y aurait plus qu’à s’occuper d’une pièce réellement critique : le cerveau positronique.
Le cerveau avait l’aspect d’un bloc d’un kilo et demi de platine-iridium. Sa fonction était de servir de dépôt pour les potentiels positromoteurs fondamentaux gouvernant l’activité du robot, pour les potentiels temporaires représentant la pensée et la décision, et pour les circuits représentant l’acquisition des connaissances.
Derec espérait que les principaux circuits n’avaient pas été désorientés, ce qui arrivait quand le cerveau était exposé à une violente radiation. Le cas de la base d’expérience était désespéré. La microcellule de renfort, utilisée pour permettre la mise au repos des circuits quand le robot était en révision était épuisée, et ces circuits détériorés depuis longtemps. Le robot ne se rappellerait rien de son service précédent. Mais le cerveau lui-même était intact et devrait fonctionner normalement, une fois réactivé.
« Tout comme moi », pensa Derec.
Avec le matériel à sa disposition, le seul moyen de connaître l’état du cerveau positronique était d’activer le robot et de l’essayer. Pour des raisons évidentes, c’était dangereux. À un certain stade de l’histoire de la robotique, les robots avaient été conçus pour se mettre en panne quand ils détectaient une condition interne erronée. Mais plusieurs siècles de progrès avaient donné naissance à une nouvelle philosophie basée sur la tolérance du défaut et l’auto-entretien. Derec ne pouvait prévoir ce qui allait arriver.
Quand il fut prêt à le découvrir, Wolruf s’était lassée ou avait été appelée à d’autres tâches. C’était une chance, puisque le robot, quand il serait activé, affronterait une situation que jamais aucun autre robot n’avait affrontée. Il aurait notamment à décider si Aranimas et Wolruf étaient assez « humains » pour qu’il soit obligé de les protéger et de leur obéir.
Comme les robots étaient en général dotés d’un esprit exagérément littéral, on pouvait penser que tout se déroulerait normalement. Aranimas était visiblement un extraterrestre, en dépit de son aspect superficiellement humanoïde, et Wolruf plus encore.
Les fabricants de robots n’avaient pas pour habitude de limiter la définition de l’être humain ; ils la laissaient très large au contraire. Un ouvrier d’usine en combinaison spatiale n’avait pas l’air d’un humain mais le robot lui obéissait néanmoins. Les robots n’étaient pas et ne pouvaient être entièrement littéraux. Ils ne devaient pas se fier uniquement aux apparences. Un enfant de trois ans était humain mais, bien souvent, le robot refusait de lui obéir.
Il était possible que la programmation permettant ces distinctions découvre quelque similitude fondamentale entre les extraterrestres et Derec. Il fallait l’empêcher. À cause de la Première Loi, le robot ne pourrait être utilisé contre Derec. Mais si l’on pouvait persuader le robot que les extraterrestres n’étaient pas des humains et n’avaient pas droit à la protection selon la Première Loi, Derec pourrait alors s’en servir contre Aranimas.
Le cœur battant, il pressa le bouton de réactivation. Quelques instants plus tard, toutes les articulations du robot, mises à part celles du bras endommagé, se raidirent. Les yeux s’éclairèrent d’une lueur rouge diffuse et clignotante.
— Alpha, alpha, epsilon, rhô, dit Derec en récitant la séquence de lettres grecques relevée sur la grille d’identification. Sigma, tau, sigma.
Une brève hésitation et les yeux du robot cessèrent de clignoter.
— Ma langue, à défaut d’autres, est le standard galactique, dialecte aurorain. Est-ce acceptable, monsieur ?
La figure de Derec s’illumina. Après la frustration qu’il avait éprouvée lorsqu’il était aux mains des robots de l’astéroïde, c’était un plaisir de s’entendre interpeller poliment.
— L’aurorain me convient très bien.
— Parfait, monsieur. Qui est mon propriétaire, monsieur ?
— C’est moi, répondit Derec. Tu ne dois jamais le révéler à personne. Mais s’il t’arrive de recevoir des ordres contradictoires, les miens auront toujours la priorité.
— Bien, monsieur. Quel nom dois-je vous donner, monsieur ?
Derec répugnait à devoir fournir au robot son nom d’emprunt, adopté au hasard, mais il n’en trouva pas d’autre.
— Derec.
— Bien, monsieur. À quel nom aimeriez-vous que je réponde ?
Derec réprima un rire amer en pensant : « De quel droit est-ce que je te donnerais un nom alors que je ne connais même pas le mien ? »
— Eh bien, puisque tu es le seul, à bord de ce vaisseau, il me semble qu’Alpha serait très bien.
— Merci, Derec. Durant mon auto-examen activé j’ai détecté un certain nombre d’états erronés. Serait-ce le bon moment pour les passer en revue ?
— Tout à l’heure. Peux-tu examiner ce compartiment ?
— Oui, monsieur.
— Y a-t-il des yeux espions avec nous ?
— Je ne détecte aucun capteur actif, d’aucune sorte. Derec.
— Parfait. Écoute-moi bien, maintenant. Il faut que je te parle de ce qui se passe. Nous sommes, toi et moi, à bord d’un vaisseau spatial peuplé par des formes de vie hostiles. Ces formes de vie sont un danger pour nous deux. À moins que je ne te dise le contraire, tu dois immédiatement te mettre en état passif d’attente chaque fois que nous ne sommes pas seuls ou que je quitte cet atelier.
— Je comprends. Vous ne voulez pas qu’ils sachent que je suis fonctionnel.
— C’est ça.
— Est-il possible que ces états d’attente soient d’une durée prolongée, monsieur ?
— Oui.
— Alors puis-je demander s’il y a des problèmes auxquels je pourrais me consacrer dans ces moments-là ?
— J’en trouverai sûrement. Pour le moment, le problème est de te remettre en forme. Voyons un peu la première anomalie de ta liste d’erreurs…
Le premier signe qui avertit Derec du retour de Wolruf fut la soudaine rigidité du robot dont les yeux s’éteignirent. Quelques secondes plus tard, la caninoide considérait avec intérêt les mécanismes internes du robot, puis elle se tourna vers Derec qui la trouva moins animée.
— Aranimas voudrait savoir où tu en es.
— Tu peux dire à Aranimas que j’ai de bonnes raisons d’espérer avoir un robot pour lui, dans quelques jours.
— Combien de jours ?
— Je ne sais pas ! Je ne sais pas non plus de quoi il sera capable. J’ai remplacé des éléments endommagés. Pour le moment, j’essaie de réparer les servojointures du bras droit, qui sont en miettes. C’est vous qui avez malmené ces robots, ou vous les avez trouvés comme ça ?
— Je ne peux pas le dire, répondit Wolruf en se dirigeant vers la porte. Je vais répéter ça à Aranimas.
— Attends ! Tu peux aussi lui dire que je ne travaille pas vingt-quatre heures sur vingt-quatre. J’ai besoin de me reposer et d’un endroit où dormir.
— Le repos n’est pas commode à bord du vaisseau d’Aranimas, dit Wolruf en indiquant le sol. Tu peux dormir ici.
Ce n’était pas une perspective désagréable ; Derec avait constaté qu’il régnait une certaine tranquillité dans l’atelier.
— Il n’y a pas un oreiller, un coussin, un matelas quelconque ?
La caninoïde émit une espèce de sifflement qui ressemblait à un soupir.
— Je vais te chercher quelque chose…
— Et est-ce que j’ai le droit de manger ?
Cette fois, le soupir fut très net.
— Je vais te chercher quelque chose.
— Attends, Wolruf. Montre-moi plutôt où est le garde-manger, comme ça je pourrai aller me servir quand j’aurai faim. Ça t’évitera de courir pour moi à droite et à gauche.
Surprise, Wolruf gonfla ses joues puis son front se plissa.
— Aranimas veut que tu travailles, pas que tu te serves. Ça, c’est mon travail.
— Tu as assez à faire sans tout le souci supplémentaire que je donne, et si Aranimas fait des histoires, tu n’as qu’à lui dire que j’ai insisté. Si je dois faire du bon travail, il faut que je puisse sortir de temps en temps de cet atelier, pour me changer les idées.
La tête penchée, Wolruf réfléchit.
— O.K. ! Je vais te montrer ça.
— Épatant. Et… euh… autre chose encore…
La pensée d’une salle de bains pour extraterrestres n’avait rien de plaisant mais Derec s’aperçut qu’il y avait urgence.
— J’ai… euh… des besoins, comment dirais-je, éliminatoires. Est-ce que vous aussi… je veux dire, est-ce qu’il y a…
Wolruf rit et son rire ressembla à un ronronnement.
— Bien sûr. Viens. Je vais te montrer ça, aussi.
Il y avait beaucoup moins d’extraterrestres visibles à cette heure, dans le vaisseau, et Derec s’interrogea sur les cycles de sommeil des diverses espèces du bord. Cette curiosité resta présente à son esprit pendant que Wolruf lui montrait les divers aménagements, identifiait pour lui les aliments jugés comestibles et le ramenait à l’atelier. Elle paraissait très fatiguée et il fut certain qu’en le quittant elle irait se coucher.
Derec examina les denrées qu’il avait rapportées, grignota quelques grosses galettes salées, mangea une bonne portion de pâte marbrée de bleu et arrosa le tout avec la boisson au miel qu’il avait déjà goûtée. Ses papilles gustatives eurent un mouvement de méfiance mais rien n’alarma son estomac.
Son repas terminé, il céda enfin à sa propre fatigue. Il plaça Alpha en attente puis déroula le mince matelas sur le sol pour s’allonger. C’était dur et il crut qu’il n’arriverait jamais à dormir ; ce en quoi il se trompait.
Il eut à peine le temps de fermer les yeux dans la lumière vive qu’il ne savait pas éteindre. Il se réveilla en sursaut, plus tard, se frotta les yeux et étira ses membres ankylosés. L’atelier était dans la pénombre et Wolruf était assise sur le seuil, éclairée par la lumière du corridor.
— C’est fini ? demanda-t-elle vivement.
— Bouffe de l’espace et crève, grommela Derec, et il lui lança un débris de robot gros comme le poing.
En riant, la caninoïde l’attrapa au vol.
— Non merci ! J’ai déjà pris mon petit déjeuner.
Il y avait l’eau courante à bord mais rien pour prendre une douche ou un bain. Derec se lava tant bien que mal et ne trouva pas de soufflerie chaude pour se sécher mais simplement une serviette épaisse et rugueuse. Quand il ressortit, Wolruf avait disparu. Peut-être était-elle simplement passée pour le réveiller.
Il alla chercher un autre repas de galettes, de fromage et de miel liquide qu’il rapporta à l’atelier pour déjeuner. Il serait vite fatigué de ce menu ! Puis il s’installa à l’établi et reprit son travail sur le bras droit du robot. Les connexions électriques étaient saines mais les servojoints paraissaient irréparables. Les tentatives de Derec ne firent qu’aggraver les dégâts. Ses connaissances étaient cybernétiques, pas électromécaniques.
— Je ne crois pas que je puisse arranger ton bras, Alpha. Je me demande si tu le pourrais, avec ton bras valide. Si je te trouvais une glace, tu pourrais voir l’intérieur…
— Je regrette. Sans un cube de robotechnique dans ma bibliothèque, mes possibilités dans ce domaine se limitent à un diagnostic, monsieur.
— Je m’en doutais. Mais on peut toujours demander.
— Monsieur, je détecte dans cette pièce un robot désactivé. Peut-être serait-il possible de récupérer dans son mécanisme les pièces nécessaires à ma réparation.
— C’est ce que j’ai essayé de faire mais je ne peux pas. Il me faudrait des micromanipulateurs. D’ailleurs, il y a des dégâts structurels dans le montage de l’épaule, qui n’est pas remplaçable.
En soupirant, Derec se leva et alla examiner l’inventaire des pièces étalées par terre. Comme à chaque fois, son regard se posa sur le bras de Moniteur 5. Cette fois, il le ramassa pour le regarder plus attentivement. Il le tourna et le retourna, puis il essaya de plier le coude, qui résista. Ce n’était pas surprenant car la main était verrouillée dans une étreinte littéralement mortelle sur l’objet argenté.
Normal, sauf que… Derec s’en rendit compte avec un choc subit… sauf que le bras ne comportait pas les articulations habituelles au coude, au poignet et aux doigts. Certes, le coude était plié à un angle obtus, le poignet légèrement tourné, les doigts repliés. Mais, à le regarder simplement, il semblait incapable de mouvement.
Il existait d’innombrables types de peaux synthétiques qui se pliaient et se plissaient de façon réaliste en masquant des articulations internes. Mais il ne s’agissait pas d’un revêtement ; c’était rigide au toucher et sans la moindre soudure, comme un moulage de plastique. Perplexe, Derec l’apporta au robot.
— De quel agrandissement sont capables tes capteurs optiques ?
— Ils sont limités, monsieur, à la puissance cent.
— À quelle résolution ?
— Cela varie selon la distance de l’objet observé, monsieur. La résolution maximale est d’environ dix micromètres.
— C’est mieux que ce que je peux obtenir avec ce truc-là, dit Derec en indiquant le scanner d’inspection. Vois un peu ce que tu peux me dire sur la structure de ce bras.
— Je ne suis pas instruit dans ce domaine, monsieur.
— Tu peux voir et décrire. Ça me suffira pour le moment.
— Bien monsieur. Puis-je tenir le membre ?
Derec le donna et le robot le haussa à la hauteur de ses yeux.
— À la puissance dix, la surface est uniforme. J’augmente l’intensité. Un aspect granuleux apparait. Il semble y avoir un schéma régulier. Le motif se résout en surfaces planes hexagonales. Agrandissement maximal… La surface paraît être formée de solides à douze faces, en étroite association.
— Quoi !
— La surface paraît formée…
— J’ai entendu. Regarde ailleurs.
Le robot tourna légèrement la tête à gauche.
— J’observe le même schéma.
— L’extrémité ! Regarde l’extrémité cassée !
— La surface est beaucoup plus irrégulière, mais elle est formée des mêmes dodécaèdres.
— Dans toute l’épaisseur ?
— Oui, Derec.
Il en resta bouche bée. Ce que le robot décrivait impliquait une approche entièrement nouvelle de la robotique, pas une évolution mais une révolution. C’était comme si les robots surveillants avaient été construits… non, ce n’était pas possible.
— Débranche ton contrôle d’épaule droite, ordonna Derec.
— Les circuits sont inertes, annonça Alpha.
Derec sépara les trois brins du fil conducteur du bras droit endommagé et le fit passer par l’ouverture à laquelle il venait de travailler. Il raccorda le conducteur au moignon de bras du surveillant et le fil s’y colla comme si c’était sa place.
— Active le circuit de contrôle… Envoie l’ordre de plier les doigts.
Aussitôt, le bras désincarné de Moniteur 5 se plia lentement.
— Regarde l’articulation, ordonna Derec. Dis-moi ce qui se passe.
— Les changements se produisent trop vite pour mon scanner. Cependant, je peux déduire que les dodécaèdres passent par une sorte de phase de réorganisation dirigée.
— Prenant une nouvelle forme. Le matériau du bras se transforme.
— Ces descripteurs sont imprécis mais correspondent à mes observations. Le terme technique désignant une telle réorganisation est morphallaxis.
Derec chercha son siège à tâtons et s’y laissa tomber lourdement, les jambes tremblantes. Les surveillants étaient faits de milliards de minuscules modules en forme de cristaux : une structure cellulaire. Chacun devait contenir des kilomètres de circuits, de résistances, des mégabites de programmation. Comme si les cellules elles-mêmes étaient les robots et les robots des organismes.
Cela représentait un exploit technique phénoménal, l’essence d’un robot concentrée dans quelques microns de diamètre. Bien programmés, ils pourraient prendre n’importe quelle forme. Un surveillant était une infinité de formes spécialisées réunies en une seule enveloppe.
Pendant qu’il s’émerveillait, Derec se rappela soudain une chose à laquelle il n’avait pas pensé depuis plusieurs jours. Le motif cellulaire était marqué au coin des ascenseurs et des systèmes d’ambiance de la colonie de l’astéroïde. Une simplicité superficielle… basée sur une complexité cachée. Élégance du dessin, nouveauté de l’approche. C’était une nouvelle rencontre avec le créateur minimaliste, et cela donna à Derec une raison supplémentaire d’échapper aux maraudeurs.
Parce qu’il lui fallait à tout prix, un jour, n’importe où, faire la connaissance de ce génie.