CHAPITRE XVI

Leia luttait pour ne pas sourire en faisant entrer Gantoris dans la salle de projection. L’homme aux cheveux sombres écarquillait les yeux comme un enfant émerveillé.

Gantoris resplendissait dans son nouvel uniforme, taillé pour ressembler à la tenue de pilote qu’il portait sur Eol Sha.

Il était ravi du cadeau de Leia.

Même à présent qu’elle le connaissait mieux, la princesse ne se sentait pas à l’aise en sa compagnie. Bien que Luke l’ait assurée de son potentiel de Jedi, elle n’appréciait pas les « épreuves » qu’il avait fait subir à son frère avant d’accepter de l’accompagner. Elle admettait que Gantoris eût mené une vie rude sur Eol Sha, mais son regard intense bouillait toujours d’une fureur à peine contenue.

Il avait l’attitude d’un homme de pouvoir venant d’apprendre qu’il est un grain de poussière dans le grand tout cosmique.

L’autre aspect du personnage, celui de l’enfant émerveillé par des choses qui lui semblaient tout à fait banales, l’intriguait.

Dans la salle de projection, il promena le regard sur les baies vitrées qui donnaient sur la Cité Impériale de Coruscant et ses bâtiments vieux de plusieurs siècles.

En fait, ils ne se trouvaient pas assez haut dans la tour pour jouir d’une telle vue. La salle de projection était une pièce aveugle ; ses « fenêtres » étaient des écrans holographiques.

– Quel est cet endroit ? demanda Gantoris.

Les bras croisés sur la poitrine, Leia sourit :

– Pour l’instant, c’est une pièce. Une minute encore, et je vous proposerai un nouveau monde.

Elle avança jusqu’à la console de commandes, au centre de la salle, et activa les images qu’elle avait préprogrammées.

La vue changea.

Autour d’eux, apparut un monde radicalement différent. Gantoris sembla paniquer ; Leia venait-elle de le transporter sur une autre planète ?

– C’est Dantooine, l’endroit que nous avons choisi pour abriter le peuple d’Eol Sha.

Autour d’eux s’étendaient de grandes plaines verdoyantes. Des collines pourpres se découpaient à l’horizon. Un troupeau d’animaux à poils longs arpentait la plaine. Dans le ciel, des sortes de ballons – animaux ou plantes – flottaient au gré du vent. Deux lunes, une lavande et l’autre verte, brillaient au firmament.

– Nous avions établi une des premières bases rebelles sur Dantooine. Ce monde connaît un climat tempéré ; l’eau et le gibier abondent. Quelques tribus nomades évoluent le long des côtes, mais la planète est en majeure partie inhabitée.

Quand le Grand Moff Tarkin l’avait interrogée à bord de l’Etoile Noire, Leia avait utilisé Dantooine comme diversion. Pour sauver Alderaan, elle avait divulgué l’emplacement de la base rebelle de Dantooine, plutôt que de trahir celle de Yavin 4. Mais Tarkin avait quand même détruit Alderaan, parce que Dantooine était trop éloignée pour démontrer efficacement la puissance de feu de l’Etoile Noire. Désormais, la planète servirait de foyer aux colons d’Eol Sha.

– Pensez-vous que votre peuple aimerait vivre sur un monde comme celui-ci ?

N’ayant connu jusqu’à présent qu’un monde ravagé par le feu, Bespin et la surface urbanisée de Coruscant, Gantoris parut impressionné.

– On dirait un paradis. Pas de volcans ? Pas de tremblements de terre ? De la nourriture en abondance, et pas de villes ?

Elle hocha la tête.

Avant que Gantoris puisse ajouter autre chose, la porte s’ouvrit. Leia pivota, surprise de découvrir Mon Mothma.

La présidente entra d’un pas décidé ; on eût dit qu’elle glissait sur le sol.

Le chef de la Nouvelle République tendit une main vers Gantoris :

– Vous devez être un des premiers élèves de Luke Skywalker. Soyez le bienvenu sur Coruscant. Je vous souhaite de devenir membre du nouvel ordre de Chevaliers Jedi.

Gantoris prit la main de Mon Mothma, lui adressant un signe de tête courtois. Leia eut la nette impression qu’il se considérait comme l’égal de la présidente.

– Mon Mothma, dit la princesse, je montrais Dantooine à Gantoris. Nous envisageons d’installer les colons d’Eol Sha sur notre ancienne base.

Mon Mothma sourit :

– Bien. Je suis informée de la situation de votre peuple ; je souhaite le voir se fixer sur Dantooine. C’est une de nos bases les plus agréables, aux conditions de vie moins rigoureuses que Hoth ou la Base Pinacle, et sans l’inconvénient des jungles de Yavin 4. Si ce monde vous convient, j’ordonnerai au ministre Organa Solo de procéder immédiatement à l’évacuation d’Eol Sha.

Gantoris hocha la tête :

– Si ces images sont représentatives, Dantooine serait un foyer idéal pour mon peuple.

Leia se sentit soulagée :

– Je pensais placer Wedge… Je veux dire, le général Antilles… à la tête de l’équipe d’évacuation. Depuis des mois, il supervise la reconstruction de la Cité Impériale ; franchement, je pense que nous gâchons ses talents.

– Je suis d’accord, répondit la présidente. Autre chose : l’ambassadeur caridan arrivera dans deux jours. Les préparatifs se déroulent-ils comme prévu ? Puis-je vous offrir mon aide ?

– Soyez présente lors de la réception, je ne peux vous en demander plus. J’ai décidé qu’elle aurait lieu dans les Jardins Botaniques, plutôt qu’au Palais Impérial.

« Puisque l’ambassadeur Furgan reste hostile à notre cause, je n’ai pas voulu en rajouter en le recevant dans l’ancien fief du gouvernement impérial. En fait, l’ambassadeur présente sa visite comme un pèlerinage sur le monde de l’Empereur.

Mon Mothma sourit :

– Au moins, il accepte de venir. C’est bon signe.

– Je suppose, répondit la princesse, sceptique.

– A propos, je n’ai jamais eu votre rapport sur la mission diplomatique de Yan Solo sur Kessel. C’était une brillante idée de l’envoyer là-bas. Yan sait parler leur langage, à ces gens, et rouvrir les mines d’épices ferait le plus grand bien à l’économie. Comment cela s’est-il passé ?

Gênée, Leia baissa les yeux :

– Il a été retardé, Mon Mothma ; je n’ai aucune information pour l’instant. Je vous enverrai un rapport détaillé dès son retour. Espérons que sa mission sera un succès.

– Bien… (La présidente parut soupçonner quelque chose, mais elle n’insista pas.) Je dois débattre avec les Ughnaughts de leurs droits de récupération des épaves qui orbitent autour de Coruscant. Je crains que mon après-midi ne soit chargé, Gantoris ; je voulais vous accueillir avant d’être trop prise. Ce fut un plaisir.

Mon Mothma fit demi-tour, mais elle jeta un dernier coup d’œil par-dessus son épaule :

– Leia, je voulais aussi vous féliciter. Les gouvernements sont tellement bombardés de plaintes qu’ils oublient trop souvent de féliciter les bons éléments tels que vous. Vous faites depuis toujours de l’excellent travail.

Leia ne put retenir un sourire embarrassé. Si elle n’avait pas perdu son époux, elle aurait été ravie du compliment.

 

Les jumeaux pleurèrent à l’unisson quand Winter posa le pied sur la rampe d’accès de sa navette. La gouvernante se retourna.

Leia serrait les épaules de ses enfants, mais ils la traitaient toujours comme une étrangère.

Elle les retenait fermement, ce qui n’était pas la meilleure solution. Mais elle se sentait d’humeur possessive.

Winter se montra inflexible :

– Les enfants, cessez immédiatement de pleurer !

Jacen renifla :

– Nous voulons que tu restes, Winter.

La gouvernante désigna Leia du doigt :

– C’est votre mère. Je me suis occupée de vous, c’est tout. Vous êtes grands, à présent ; il est temps de vivre à la maison. Je dois prendre soin de votre jeune frère.

Leia s’interdisait avec peine de trembler. Elle connaissait Winter depuis longtemps : cette femme avait un caractère de fer ; elle laissait rarement paraître ses émotions.

Aujourd’hui, elle détectait chez elle une sorte de tristesse liée à la perte de ses deux pupilles.

Leia s’agenouilla près des jumeaux :

– Désormais, vous resterez avec moi. Votre papa va bientôt rentrer. Nous allons bien nous amuser, vous verrez.

Les enfants la regardèrent ; Winter saisit l’occasion pour monter dans la navette. Avant qu’ils remarquent son départ, elle avait refermé l’écoutille.

Bientôt, les moteurs vrombirent. La princesse recula, entraînant les enfants.

Jacen et Jaina reniflaient, prêts à éclater en sanglots. Malgré son manque d’entraînement, Leia tenta de leur envoyer des pensées apaisantes et chaleureuses.

Elle parla dans le micro fixé au revers de sa robe :

– Autorisation de départ pour une navette sans immatriculation sur la plate-forme nord du Palais, sous l’autorité du ministre Organa Solo.

Le contrôleur aérien transmit le code de décollage.

La navette de Winter s’éleva dans les airs, pivota, puis disparut.

Leia lui adressa un adieu de la main.

– Faites signe à Winter, dit-elle aux enfants.

Les jumeaux agitèrent leurs bras potelés.

– Venez. J’ai beaucoup de temps à rattraper.

 

Juché au sommet d’un gratte-ciel en ruine, Streen y avait élu domicile. Lorsque Luke l’avait amené à la Cité Impériale, où des millions de gens enveloppaient la planète d’une couche de pensées et d’émotions, le prospecteur l’avait supplié de trouver un endroit où il pourrait goûter un peu de solitude en attendant qu’ils partent pour l’Académie.

Skywalker lui avait montré les quartiers abandonnés de la ville ; Streen avait choisi l’immeuble le plus haut. Vivre près du ciel lui rappelait les nuages de Bespin.

Il sentit la présence de Leia et des deux jumeaux.

La princesse et ses deux enfants empruntaient un ascenseur poussif. Ils émergèrent sur la terrasse où était assis Streen.

Les jambes du vieil homme pendaient dans le vide ; le kilomètre qui le séparait du sol ne l’effrayait pas.

Il observait le paysage citadin, les formes géométriques des bâtiments qui l’entouraient.

Des Faucons-souris tournoyaient dans le ciel.

Leia approcha.

Elle n’avait jamais craint le vide ; cependant, avec les enfants, elle mourait de peur à l’idée des milliers de choses qui pourraient leur arriver.

Jacen et Jaina voulaient approcher du bord pour regarder en bas ; elle refusa de les lâcher.

A leur approche, Streen se tourna. Il portait toujours sa combinaison multipoches, au lieu des vêtements qu’elle lui avait fournis.

– Nous venons voir comment vous allez, Streen : Avec le départ précipité de Luke, je voulais m’assurer que vous ne manquiez de rien.

Le prospecteur hésita :

– J’aimerais surtout être seul, mais je crains que la solitude n’ait pas cours sur cette planète. Même dans les endroits les plus calmes de Coruscant, je capte le bourdonnement constant des pensées et des murmures. Rester me sera difficile tant que je ne saurai pas contrôler mon pouvoir. Le Maître Jedi a promis de m’aider.

– Luke sera bientôt de retour, assura Leia.

Ils approchèrent du gouffre ; elle s’acharna à garder ses distances. Mais Jaina insista pour jeter un coup d’œil en bas.

– C’est haut ! s’exclama-t-elle.

– Trop haut pour tomber, rétorqua sa mère.

– Je ne vais pas tomber.

– Moi non plus, ajouta Jacen.

Il voulut imiter sa sœur.

Streen les fixait d’un air étonné :

– Avec vous, je me sens mieux qu’avec les autres. L’esprit des enfants est simple et droit ; il ne me dérange pas. Quand les pensées deviennent complexes, j’ai mal à la tête. Quant à vous, ministre Organa Solo, votre esprit est plus discipliné que les autres.

– Luke m’a appris à contrôler mes pensées. Je n’émets pas les idées et les émotions parasites qui vous dérangent.

Streen sourit, puis il tourna la tête vers le ciel :

– J’espère que les candidats Jedi sauront apprendre à être aussi « silencieux » que vous, ministre. J’aimerais tellement rencontrer d’autres gens, appartenir à une communauté, comme vous et le maître. Dans combien de temps le pourrai-je, à votre avis ?

Il la regarda dans les yeux ; elle écarta les enfants du gouffre.

– Bientôt, fit la princesse. Dès que possible.

Elle jura de trouver un endroit pour installer l’académie de Luke avant son retour de Kessel. Elle devait trouver le lieu idéal sans attendre.

 

Leia et 6PO insistèrent pour baigner les jumeaux avant de les mettre au lit. La princesse fit couler l’eau ; le droïd vérifia qu’elle était à la bonne température.

Leia s’occupa de l’immersion des enfants.

Jacen se rebella :

– Je veux des bulles !

– Il y en aura dès que vous serez dans l’eau.

– Winter en fait toujours avant ! protesta Jaina.

– Cette fois, c’est différent, expliqua Leia d’un ton las.

– Je veux des bulles maintenant ! s’écria Jacen.

– Grand Dieu ! s’exclama 6PO. Il vaudrait peut-être mieux verser le produit tout de suite, maîtresse Leia.

Mais la résistance des jumeaux avait titillé la mauvaise volonté de la princesse :

– Non, je vous ai dit de grimper dans la baignoire. Je me moque de savoir ce que fait Winter. C’est ici que vous vivez, maintenant. Parfois, il faut s’adapter ; tout le monde ne fait pas la même chose.

Jaina pleura.

– Tout va bien ! C’est un joli bain, regarde. (La princesse plongea sa main dans l’eau.) L’instant où on met les bulles n’a pas d’importance.

– Je peux le faire ? demanda la petite fille.

– Dans le bain, tu pourras verser le produit moussant.

Jaina entra dans la baignoire et tendit les mains. Sa mère lui donna une sphère colorée.

Jacen sauta dans le bain :

– Je vais mettre les bulles !

– Trop tard, fit Leia. La prochaine fois, ce sera ton tour.

– Peut-être pourrions-nous ajouter une autre sphère de bain moussant ? proposa 6PO en commençant à laver les garnements.

Jacen l’aspergea :

– Je veux rentrer à la maison !

– Tu es chez toi, Jacen. Tu vis ici, maintenant. Je suis ta mère.

– Non, je veux rentrer à la maison !

Leia se demanda pourquoi ses talents de diplomate ne lui étaient d’aucun secours. Les jumeaux s’éclaboussèrent. Ce qui commença comme un jeu s’acheva par des pleurs.

Voilà qui devrait me préparer à recevoir l’ambassadeur caridan ! songea la princesse.

Elle ferma les yeux. 6PO essaya de déterminer la cause du problème.

Leia aurait donné cher pour que Yan fût rentré.

La quête des Jedi
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