Chapitre 39
Il semblerait que les Parques, après l’escarmouche avec la nixe qui avait coûté sa santé mentale à Janah, aient décidé qu’il leur fallait un chasseur de primes plus à même de comprendre le fonctionnement de la nixe. Elles avaient donc puisé dans la plus sombre de leurs dimensions démoniaques et choisi un candidat plausible, un tueur en série surnaturel qui avait exprimé contrition et remords par rapport à ses crimes. Andrei Dachev.
Puis elles avaient conclu un pacte avec lui. S’il capturait la nixe pour elles, il en serait récompensé. Pas en devenant un ange – il n’en avait jamais été question. Il serait plutôt transféré dans un au-delà sous surveillance moyenne, pire que le mien mais nettement préférable à sa propre dimension démoniaque. Un pacte bien joli, bien équitable. Malheureusement, une fois libéré, il avait entrepris de renégocier… sans consulter les Parques.
Comme moi, on lui avait accordé un contact – pas Trsiel, mais un autre des sangs purs. Il lui avait fallu deux journées complètes pour se débarrasser de son gardien et se lancer en solo. Bien entendu, il avait été assez malin pour ne pas se contenter de mettre les bouts, sans doute parce que les Parques avaient été assez malignes pour lui fournir l’équivalent mystique d’un dispositif de pistage attaché à la cheville. Il leur avait prouvé qu’il fonctionnait mieux seul. Quand il aurait besoin d’un ange, il l’appellerait. D’ici là, il enverrait quotidiennement son rapport. Au bout de quatre mois, il trouva la nixe. Sauf qu’il n’appela pas de renforts. Il la sépara seul du corps de sa partenaire. Puis, au lieu de trimballer son trophée chez les Parques pour aller chercher sa récompense, il conclut un nouveau pacte… avec la nixe.
— Bon, dis-je quand la deuxième Parque termina ses explications. Donc, il se trouve toujours dans cet enfer des tueurs en série, c’est ça ? Enfin, il ne s’est pas, vous savez… échappé ?
— Non, Eve. Notre sécurité n’est pas si minable que ça. La nixe était…
— Un cas particulier. Ouais, je sais. Mais si ce type s’y trouve toujours, qu’est-ce qu’on attend ? Ouvrez grand les portes de l’enfer, j’arrive.
— C’est un… un sentiment très noble, Eve, commença Trsiel.
— Noble, mon cul. Je veux seulement voir le visage de cette sale pute quand je l’arracherai au corps de Jaime.
Un petit gloussement échappa à Kris. Trsiel secoua la tête.
— Ce n’est pas si facile…
— Ouais, je sais, ce type est un tueur et il se trouve dans une dimension démoniaque, mais je n’ai pas vécu une vie protégée à l’abri de tout. Si ce type sait comment attraper la nixe, je vais lui faire cracher le morceau. Je sais comment raisonner avec des mecs comme celui-là. Si je n’y arrive pas, je l’expédie de l’enfer à Honolulu à coups de pied dans le derche.
Kris sourit.
— Et je serai là pour te filer un coup de main… lors de la phase de persuasion. (Il m’adressa ce sourire.) S’il faut en arriver à lui botter le train, je me contenterai de regarder.
La Parque poussa un soupir venu du fond du cœur et secoua la tête.
— C’est bien joli, comme plan, dit Trsiel. Mais il y a un petit problème.
— Lequel ? demandai-je.
— Il ment.
— Hein ?
— On ne peut pas faire confiance à Dachev. Je sais que c’est un choc, mais…
— Arrêtez les sarcasmes, Trsiel, lui dis-je. Nous sommes ici pour résoudre un problème et je ne vous ai pas entendu offrir votre aide…
— Ce qui, compte tenu de son historique, est une sacrée bonne chose, murmura Kristof.
Trsiel lui lança un regard noir, mais je poursuivis avant qu’il puisse répliquer :
— Si vous n’avez pas de solution à proposer vous-même, au moins ne tournez pas les nôtres en dérision, dis-je. De toute évidence, on ne peut pas faire confiance à ce type pour qu’il nous dise comment il a arrêté la nixe, mais si j’arrive à exercer une pression suffisante…
— Vous ne pouvez pas, dit la Parque. Il n’existe qu’un moyen de le contraindre à dire la vérité : l’Épée du Jugement. S’il était possible de le pousser à dire ce qu’il a fait, en y posant les mains, il serait obligé de dire la vérité.
Trsiel regarda Kristof.
— Et avant que vous me demandiez pourquoi je ne l’ai pas fait moi-même, je ne peux pas entrer dans cet endroit. Ce n’est pas que je n’y sois pas autorisé ou que je refuse, mais je ne peux pas. Aucun ange de sang pur ne peut pénétrer dans un enfer véritable. Les désignés le peuvent… et nous avons déjà envoyé Katsuo, le seul qui se soit porté volontaire.
— Donc l’unique moyen de l’obliger à dire la vérité, c’est de devenir un ange. (Je regardai tour à tour Trsiel et les Parques.) Pratique.
Kristof se retourna vivement vers Trsiel.
— Sale fils de pute manipulateur.
Je posai la main sur son bras.
— Si qui que ce soit joue les manipulateurs ici, je doute fort que ce soit Trsiel. Jusqu’ici, c’est le seul qui essaie – ou ait essayé – d’être honnête avec moi dans toute cette histoire d’ange. (Je braquai mon regard sur les Parques.) Avez-vous quoi que ce soit à me dire sur cette quête, mesdames ?
La deuxième Parque hocha la tête.
— Oui, Eve, nous vous avons choisie comme candidate pour la désignation. Trsiel nous a dit que vous l’aviez compris… (Coup d’œil lourd de reproches dans sa direction.) Avec un petit coup de main de sa part. Nous ne voulions pas que vous appreniez nos projets ainsi mais nous n’allons pas le nier. Toutefois, la décision vous appartiendra toujours. Nous ne vous obligerons jamais à choisir la désignation.
— Mais la question ne se pose de toute façon pas, comme je ne peux pas obtenir cette épée avant d’avoir accompli cette quête… et si je l’accomplis, je n’ai plus besoin de Dachev.
— La quête inaugurale n’est pas un examen d’entrée. C’est une estimation de la formation nécessaire. Nous vous avons choisie et bien que nous soyons censées attendre la fin de la quête pour votre désignation, le Créateur accorderait une exception dans ce cas précis. Il existe toutefois une méthode moins fiable. Si vous ne souhaitez pas devenir un ange…
— En effet.
Elle nous regarda tour à tour, Kristof et moi.
— Votre… attachement à ce monde a changé, n’est-ce pas ?
— En effet.
Elle hocha la tête.
— Alors c’est peut-être là ce dont vous avez besoin. Comme je vous l’ai dit, le choix vous appartient et nous n’allons pas insister, même s’il se peut que nous vous trouvions d’autres tâches à effectuer de temps à autre.
— C’est parfait. Merci. Donc, quelle est cette autre méthode ?
— Vous savez qu’il existe des sorts permettant de tester la sincérité d’un démon. Je crois que vous en avez fait l’expérience tout récemment. (Son regard dévia sur Kristof.) Il existe également des sorts produisant le même effet sur des esprits. Ce sortilège testerait la véracité des paroles de Dachev, mais ne pourrait l’obliger à parler.
— En d’autres termes, il faut que je le force à me parler par la ruse.
Elle secoua la tête.
— Ce sortilège nécessite sa participation active. Il doit réciter une partie de l’incantation, et vous ne pouvez le « piéger » pour qu’il le fasse.
— Bon, donc je dois persuader un psychopathe coincé en enfer de m’apprendre de son plein gré comment attraper son ancienne partenaire…
— Il y a autre chose.
— Évidemment.
Kristof s’approcha de moi par-derrière et me passa les bras autour de la taille pour me laisser m’appuyer contre lui. Je sentis sa chaleur contre mon dos et me détendis.
— Il peut vous faire du mal, dit la Parque.
— Qui ? Dachev ? Mais je suis un…
— Un fantôme, oui. Mais dans ce monde, ça fait partie de la magie qui s’y exerce. La douleur physique est possible, et nous ne pouvons pas vous en protéger. Il ne peut pas vous tuer, bien entendu, mais il peut vous faire du mal… et nous ne serons peut-être pas en mesure d’effacer tous les dégâts.
— Ouais. Bon, de toute façon je n’avais pas vraiment besoin de mes deux bras.
Kristof gloussa de rire contre mon oreille. La Parque me regarda en fronçant les sourcils.
— Je crois que vous ne prenez pas cette histoire très au sérieux, Eve.
— Écoutez, comparé à tout ce que vous avez déjà suggéré, je suis prête à prendre ce risque, d’accord ?
— Nous sommes prêts, murmura Kristof contre mon oreille. Je serai à tes côtés.
— Non, Kristof, répondit la Parque.
Il ouvrit la bouche pour protester mais elle leva la main.
— Nous n’allons pas vous laisser partir avec Eve. C’est un absolu, alors ne contestez pas cette décision ou vous ne feriez que la retarder. Quant à savoir pourquoi nous refusons, je suis sûre que vous le savez déjà. Vous pourriez peut-être l’aider, mais vous la gênerez également. Toutes les personnes que nous enverrions avec elle, même Katsuo, pourraient représenter une distraction dangereuse. Dans un endroit comme celui-là, elle doit réfléchir constamment à sa propre sécurité.
— Je vais y aller seule, annonçai-je. Ça vaut mieux. Une question : si je peux ressentir la douleur, lui aussi, c’est bien ça ?
— Oui, mais… (Elle hésita.) J’ai déjà dit que je respecterais votre décision de ne pas être désignée, et il me répugne de donner l’impression d’essayer de vous pousser vers ce choix, mais pourtant… (Elle agrippa le bord du rouet et se pencha en avant.) Je dois vous dire ceci, ne serait-ce que parce qu’il serait impardonnable de l’omettre. Si vous deviez vous trouver dans une situation où aucun autre moyen de vous échapper ne serait à votre portée, il resterait la possibilité de la désignation. Il vous suffirait de le souhaiter pour que le Créateur vous l’accorde aussitôt. Vous seriez alors insensible au mal et capable d’utiliser l’épée. Mais sachez ceci, Eve : si vous choisissez la désignation, nous ne serons pas en mesure d’inverser le processus, quel que puisse être notre désir de le faire.
— Je comprends. Maintenant, dites-m’en plus sur ce Dachev. S’il se trouve dans vos royaumes, ça doit être une créature surnaturelle.
— C’est un magicien.
Je cognai la tête en arrière contre l’épaule de Kris et soupirai.
— Évidemment.
Les magiciens étaient apparentés aux mages et avaient encore plus de raisons que leurs frères de haïr les sorcières. Les magiciens sont une forme inférieure de lanceurs de sorts. Je dis ça sans le moindre snobisme. Les mages et les sorcières peuvent se disputer pour savoir quelle espèce est la moins puissante, mais même les mages reconnaîtraient, quoique à contrecœur, que les sorcières battaient les magiciens à plate couture.
Pendant des siècles, il n’avait existé aucune distinction entre les lanceurs de sorts de sexe masculin – ils étaient tous mages et tous inférieurs aux sorcières. À l’époque, leur magie se limitait aux illusions simples et aux tours de passe-passe, le genre de magie à laquelle, de nos jours, on assiste dans les goûters d’anniversaire des enfants. Puis les sorcières, dans leur rôle éternel de généreuses idiotes, décidèrent qu’il était temps d’unir leurs forces, visant l’égalité des sexes mille ans avant l’avènement des suffragettes.
Les sorcières apprirent aux mages comment renforcer leurs talents grâce à une magie et à des incantations plus puissantes. Tout se déroula à merveille pendant les premiers siècles, jusqu’à ce que l’Inquisition débarque et que les mages se retournent contre les sorcières. Mais c’est de l’histoire ancienne… même si ça n’empêche pas les deux espèces de se garder rancune cinq cents ans plus tard.
Revenons à l’intégration originelle. Certains mages n’étaient pas à la hauteur. Ils n’avaient pas l’essence surnaturelle nécessaire pour apprendre ce que leur enseignaient les sorcières. Donc, comme le fait n’importe quel groupe ayant un embryon d’ingéniosité quand il ne parvient pas à s’intégrer dans une société plus vaste, ces mages se réinventèrent, se séparèrent de leurs frères et déclarèrent former une nouvelle espèce : les magiciens. Plutôt que de livrer une bataille perdante pour apprendre une magie supérieure, ils allaient se concentrer sur des talents inférieurs comme l’illusion et les tours de passe-passe, et se contenter de ce qu’ils étaient.
Un plan très noble et très moderne d’affirmation de soi. Malheureusement, comme ils le découvrirent bientôt, ces talents inférieurs ne servaient pas à grand-chose. Les magiciens finirent par former deux factions : les gens du spectacle et les arnaqueurs – sans que la frontière entre les deux soit toujours très claire. Aujourd’hui, la quasi-totalité des magiciens restants appartiennent à la seconde catégorie. Dans un monde habitué à David Copperfield, personne ne va jamais payer pour voir un type tirer une pièce de derrière votre oreille.
Mais en Bulgarie, vers 1926, les choses étaient différentes et, comme me l’expliquèrent les Parques, c’était là qu’Andrei Dachev s’était fait un nom avec son spectacle, voyageant de ville en ville, apportant un peu de distraction à un pays encore sous le choc du conflit des Balkans et de la Première Guerre mondiale. Bien que Dachev soit un magicien chevronné, la véritable attraction de son cirque était l’exhibition de monstres. Et je ne parle pas d’avaleurs de sabres ou de cracheurs de feu. Les monstres de Dachev étaient du genre que les enfants se mettaient au défi de regarder, avant de souffrir de cauchemars pendant des semaines s’ils le faisaient. Ses monstres étaient nés gravement déformés ou avaient été mutilés lors d’accidents atroces, et tous étaient de jeunes femmes, ce qui ajoutait à l’effet produit.
Pendant trois ans, Dachev avait sillonné la Bulgarie et les pays environnants, se limitant aux zones rurales, évitant les villes et les zones urbaines plus vastes où ses monstres seraient moins bien accueillis. Et si, pendant ces trois ans, une jeune fille disparaissait parfois des villes qu’il traversait, eh bien, Dachev était un séduisant charmeur, amateur de dames, et ces choses-là arrivaient.
Mais il se trouva que le petit ami d’une de ces filles disparues n’avait pas gobé l’explication selon laquelle elle s’était « enfuie avec le cirque ». Il avait suivi Dachev. Il avait bientôt découvert que ces monstres de foire n’avaient pas souffert d’affreux caprices de la génétique ou d’accidents. Ils étaient créés par la main de l’homme. Il réussit à sauver sa fiancée avant que Dachev s’en prenne à elle, mais quant à la demi-douzaine de victimes, les autorités décidèrent bien vite de leur fournir discrètement un poison à action rapide pour leur permettre de prendre elles-mêmes leur décision. Toutes choisirent la mort, et Andrei Dachev fut exécuté en tant que tueur en série.
— Et vous avez relâché ce… cette chose dans le monde ? demandai-je.
L’aînée des Parques apparut, les lèvres pincées.
— Nous n’avons pas relâché…
— Ouais, c’était un fantôme. Impuissant. Mais il a trouvé un moyen de contourner ça, hein ? Vous croyez qu’il trafiquait quoi là-bas pendant tout ce temps ? Qu’il récitait des « Je vous salue Marie » ? Il revivait ses jours de gloire, il brûlait de l’envie de…
— Non, pas du tout. (Elle s’interrompit et la deuxième sœur prit le relais.) Andrei Dachev ne garde aucun souvenir des atrocités qu’il a commises, Eve. Ça fait partie de son châtiment. Nous leur supprimons tous leurs souvenirs de leur vie avant leur mort. Ils ne peuvent pas revivre leurs crimes, leurs fantasmes, même leurs impulsions. Tout ça a disparu. Ensuite, on les balance dans une dimension où, lorsque leurs désirs et impulsions refont surface, ils n’ont aucun moyen de les extérioriser.
— Parce qu’ils se trouvent dans un monde de tueurs. Elle hocha la tête.
— Un monde sans victimes, sans même d’individus qu’il puisse considérer comme victimes potentielles, ni tueuses de sexe féminin, ni hommes plus faibles qu’eux…
— Rien que des prédateurs et aucune proie. D’accord, il ne se rappelle pas ses crimes. Mais ces impulsions dont vous parlez ? La première fois qu’il voit une jolie fille, même s’il ne se rappelle pas en avoir déjà vu une…
— La perte de mémoire a parfois un effet secondaire, réformateur celui-là. Il peut arriver qu’effacer leurs souvenirs détruise la source de certaines de leurs pulsions. Si leurs vies ont été marquées par des circonstances extrêmes, par exemple une maltraitance dans leur enfance, alors…
— S’ils ne se rappellent pas avoir été maltraités, ils deviennent quelqu’un d’autre, qui n’est pas un tueur ?
— Ce qui, je vous l’accorde, se produit très, très rarement, déclara la Parque. Mais ça arrive. C’est ce que nous pensons qui s’est produit ici. Pendant dix ans, Andrei Dachev n’a pas donné signe de conserver une seule des pulsions qui le possédaient lorsqu’il a commis ces crimes.
— Il jouait les prisonniers modèles.
— Jouait. Oui, très probablement, même si tous les tests que nous lui avons fait subir indiquaient qu’il s’était bel et bien amendé. Peut-être même croyait-il l’avoir fait.
— Jusqu’à ce qu’il revienne dans le monde.
Elle hocha lentement et tristement la tête.
— Ses souvenirs, dis-je. Ils n’ont pas été effacés après sa capture, hein ?
— Nous ne pouvons pas le faire. Seulement effacer les souvenirs de son vivant. Mais il semblerait que ça se révèle bénéfique à présent.
— Autrement, il ne saurait pas comment il a attrapé la nixe. Donc je dois le convaincre de m’en parler, en descendant dans un enfer rempli de tueurs en série, et aux yeux de qui je représenterai la première femme – et victime potentielle – qu’ils auront jamais vue. (Je soupirai.) Bon, au moins, ils peuvent ressentir la douleur physique. Par pitié, dites-moi que je peux me servir de mes sorts et de mes pouvoirs d’Aspicio.
Comme elle ne répondait pas, je gémis.
— Laissez-moi deviner. Parce que ce sont tous des créatures surnaturelles, c’est une zone sans magie – ce qui efface tous les avantages propres à chaque espèce.
La petite fille apparut.
— En fait, elle est censée être sans magie, mais si l’on y envoyait quelqu’un qui possède un type de magie qu’aucun des habitants ne devrait posséder…
— Comme celle qui n’est réservée qu’aux femmes. Par exemple la magie des sorcières.
— Bloquer la magie, c’est déjà assez dur. Inutile de le faire pour un type de magie que personne n’utilisera jamais.
— Hmmm. Je préférerais disposer de mes sorts de mage, mais la magie des sorcières vaut mieux que rien. Donc, j’imagine que ça ne sert à rien de savoir à quelle espèce surnaturelle appartiennent ces autres tueurs, s’ils sont dépourvus de pouvoir, mais autant poser la question.
La Parque me débita en accéléré la liste des différentes espèces que renfermait cet enfer-là. Essentiellement des semi-démons, plus un nécromancien et un loup-garou. Pas de mages, ce qui était l’essentiel, des fois qu’ils soient toujours en mesure de reconnaître une sorcière. J’aurais déjà bien assez à faire pour résoudre ce problème avec Dachev.
Ensuite, les Parques m’expliquèrent comment j’allais sortir de cet enfer. Je ne pouvais pas simplement m’en aller ou réciter un code de téléportation – il était scellé trop fermement pour ça. Elles me fournirent plutôt une potion anti-géhenne. Si je l’avalais, je me retrouverais libérée de cet enfer.
Enfin, les Parques voulurent que je fasse quelques essais pour tester le sortilège détecteur de mensonges. Malgré mon impatience de partir, je savais que le temps tournait au ralenti dans la salle du trône. Une heure passée à tester ce sort pouvait m’épargner pas mal de soucis plus tard, et ne me prendrait que quelques secondes de « temps réel ».
— Donnez-moi ce sort et je commence à le tester. (Je regardai par-dessus mon épaule.) J’aurais bien besoin d’un partenaire pour ça.
Il sourit.
— Mais bien entendu. Un détecteur de mensonges magique. Pile ce dont toutes les bonnes relations ont besoin.