Chapitre 37

 

Je me tenais dans le house-boat de Kris, devant le minuscule bureau situé près de sa couchette. Une étagère remplie de photos surmontait le bureau. Des clichés mémoriels, comme on les appelle dans le monde des esprits. Nous n’avions ni appareils photo, ni accès aux vieux clichés, mais nous n’en avions pas besoin. Si l’on pouvait tirer une image de sa mémoire, on pouvait la transformer en photo, comme je l’avais fait avec Amanda Sullivan.

Sur son étagère, Kristof avait affiché des portraits de ceux qui avaient compté pour lui. Ses parents, ses frères, ses neveux et, bien entendu, ses fils. Plus deux clichés de Savannah, l’un où elle apparaissait telle qu’il l’avait rencontrée, l’autre telle qu’elle était maintenant. Toutes des photos familiales. Et puis il y avait vers le milieu des photos éparpillées de nous deux, des clichés mémoriels de choses que nous avions faites ensemble quinze ans plus tôt, puis après notre mort. Sur le côté, deux autres photos de moi, l’une où je prenais la pose avec des grimaces idiotes, et une autre de moi en train de rire, recroquevillée dans un fauteuil chez moi. Ensuite, il y avait la photo qu’il avait dû me demander, car c’était quelque chose qu’il n’avait jamais eu l’occasion de voir lui-même : Savannah et moi ensemble.

Deux jours plus tôt, je l’avais accusé de m’obliger à choisir entre notre fille et lui. À présent que je regardais ces photos, je comprenais que j’avais presque fait ce choix, quoique à contrecœur. J’aimerais dire que je ne serais jamais devenue un ange sans connaître tous les tenants et aboutissants, mais ce serait comme dire que je n’aurais jamais enlevé Savannah à Kristof sans lui demander d’abord s’il y voyait une objection. Ou comme dire que je n’aurais jamais cherché à m’enfuir de ce centre sans m’assurer d’abord que mon plan était infaillible. Agir d’abord, poser les questions ensuite, et payer le prix à jamais – c’était ainsi que je menais ma vie. Si Trsiel ne m’avait pas appris le coût nécessaire pour devenir un ange, j’aurais très bien pu me retrouver dans un au-delà où j’aurais choisi Savannah plutôt que Kristof – choisi l’illusion d’une relation avec elle plutôt que la réalité d’une relation avec lui.

Je m’arrachai aux photos et me dirigeai vers le quai, le cerveau tournant toujours à plein régime. Quand je levai les yeux, je vis Kristof descendre la colline d’un pas vif, les yeux baissés, les pensées visiblement ailleurs. Puis il leva les yeux. Lorsqu’il m’aperçut, son expression songeuse s’évapora pour céder la place à un large sourire et il pressa l’allure jusqu’au pas de course, me lançant un salut qui couvrit le clapotis des vagues contre la coque.

Lorsque j’allai à sa rencontre, son sourire faiblit. Il ne dit rien mais pressa seulement le pas. Je m’arrêtai au bord du quai. J’ouvris la bouche dans l’intention de lui raconter que j’avais trouvé l’amulette, le régaler du récit de la façon dont je l’avais subtilisée sous le nez de la nixe en lui bottant sérieusement les fesses par la même occasion. Mais la seule chose qui me traversa l’esprit, c’était à quel point j’étais passée près de renoncer à la seule chose réelle que je possédais dans l’au-delà.

Je levai la main pour lui toucher la joue. Pourquoi la peau conserve-t-elle sa chaleur ici, bien après que le sang qui lui donnait cette chaleur a disparu ? C’est peut-être le souvenir de la chaleur que nous ressentons, à moins qu’il s’agisse de quelque chose de plus profond que la biologie.

Kristof posa la main sur la mienne et la pressa contre sa joue. Puis il tira ma main sur sa bouche et m’embrassa la paume, contact si léger qu’un frisson me traversa. Je regardai autour de moi mais personne ne pouvait nous voir. Il n’y avait jamais ici que des mouettes ou des sternes planant loin au-dessus de nous.

J’arrachai ma main à la poigne de Kristof et défis le premier bouton de sa chemise. Fermant les yeux, je glissai les mains vers sa poitrine et fis courir mes doigts le long de sa clavicule. Je n’avais pas besoin de regarder ; mes doigts connaissaient le chemin, comme ils connaissaient chaque partie de lui, voies neuronales gravées dans mon cerveau, empruntées encore et encore et mémorisées depuis des années, comme si j’avais su dès le départ qu’un jour viendrait où il me faudrait me fier à mes souvenirs pour le voir.

— Avant, je rêvais de toi, lui dis-je en défaisant tous les autres boutons tandis que mes doigts couraient le long de sa poitrine. Bien après mon départ. Jusqu’à la fin. Douze ans après, je me réveillais encore pendant la nuit en croyant que tu venais de quitter la pièce et certaine d’y sentir ton odeur. Même le matelas paraissait tiède.

J’ouvris son pantalon et le baissai sur ses hanches.

— Certaines nuits, ça s’arrêtait là, je rêvais que tu dormais juste à côté de moi. D’autres nuits… (Je frissonnai et glissai une main dans son caleçon tout en le retirant de l’autre.) D’autres nuits, je me réveillais en nage, tu me manquais terriblement et je mouillais tellement que j’avais à peine besoin de me toucher pour jouir. Je ne me rappelais jamais de quoi j’avais rêvé mais je savais que ça te concernait, même quand je me répétais que non.

Je glissai les mains le long de ses hanches, puis fis courir le bout de mes doigts à l’intérieur de ses cuisses.

— Je fantasmais sur toi. J’essayais de m’en empêcher. Je commençais à imaginer quelqu’un d’autre, n’importe qui, mais il se transformait toujours en toi. Je fermais les yeux et je me rappelais ton odeur, ta saveur. Parfois, ça ne suffisait pas et j’appelais ton bureau pour écouter ta voix sur ton répondeur. Ça ne te ressemblait pas – pas au véritable toi – mais si je me concentrais assez et que je n’écoutais pas tes paroles, j’entendais ta voix et ça marchait toujours.

— Moi, je te voyais, dit-il en tirant mon chemisier de mon jean. Partout. Dans la rue, au bureau, chez moi, même assise près de moi dans ma voiture. Du coin de l’œil, je voyais quelque chose et, l’espace d’une seconde, j’oubliais que tu étais partie et je…

Il inspira brusquement et enfouit la tête contre mon épaule. Au bout d’un moment, il m’embrassa sur le côté du cou et se mit à baisser mon jean.

— Des fois, c’était une odeur, murmura-t-il. L’odeur d’un plat qu’on avait mangé ou d’un endroit qu’on avait visité. D’autres fois, c’était un rire. J’aurais juré t’entendre rire et je te voyais là, au lit, en train de me sourire, la tête légèrement tournée, avec tes cheveux qui tombaient sur ta poitrine. (Nouvelle brusque inspiration, puis il me frôla les cheveux des doigts pour m’en chatouiller la poitrine.) C’était ça qui marchait pour moi. Entendre ce rire. Parfois aux moments les plus gênants. Mais une fois de temps en temps, ça ne suffisait pas.

Il fit courir ses doigts le long de mes côtes et sur mon ventre, descendant très lentement.

— Une fois, j’ai trouvé un de tes appartements. J’ai attendu que tu t’en ailles. Après ton départ, j’y suis entré, simplement pour… (Il haussa les épaules, yeux baissés.) Pour regarder. Pour être là. J’ai trouvé une taie d’oreiller que tu avais oubliée derrière le lit. J’y sentais encore ton odeur. C’est de ça que je me servais quand mes souvenirs ne suffisaient pas.

Je lui passai les bras autour du cou.

— Je veux que tu reviennes, Kris. Pour toujours.

Il me déposa sur le pont.

 

Plus tard, on s’étendit, savourant la légère chaleur du soleil et le clapotis des vagues. Les doigts de Kristof glissèrent le long de ma cuisse puis s’arrêtèrent. Il fronça les sourcils et baissa les yeux vers ma jambe. Son expression se fit encore plus songeuse. Je suivis son regard jusqu’à une très fine zébrure qui encerclait ma cuisse là où l’épée de Trsiel l’avait traversée.

Je lui racontai ce qui s’était produit. Kristof secoua la tête.

— Ce type a de sérieux problèmes de maîtrise de son épée.

J’éclatai de rire.

— Tu crois ?

— Quand il n’est pas trop lent à la sortir, il la plante là où il ne doit pas.

Tandis que mon rire s’estompait, j’appuyai le visage contre son épaule. Au bout d’un moment, Kristof me caressa l’arrière de la tête.

— Qu’est-ce qui s’est passé d’autre ?

Jusqu’à présent, je ne lui avais pas parlé des allusions de Trsiel à la possibilité que ma quête soit en réalité une étape vers le statut angélique. Quand je l’appris à Kristof, je m’attendais à ce qu’il éclate de rire. J’aurais dû me douter que non. Il m’écouta puis hocha lentement la tête.

— Ça se tient, dit-il.

— Ah bon ? (Je souris.) Je te jure, Kris, tu es la seule personne de l’univers qui puisse apprendre que je suis candidate au statut d’ange et répondre « ça se tient ».

— Mais c’est vrai. Tu n’es peut-être pas le choix le plus évident, mais si elles n’ont pas attrapé cette nixe en plus d’un siècle, je dirais que les choix évidents ne marchent pas si bien. (Il s’interrompit, songeur.) Je sais que ce n’est peut-être pas la voie que tu avais en tête pour vivre après la mort, mais tu devrais peut-être réfléchir sérieusement à cette offre. Tu vas… eh bien, nettement mieux que depuis longtemps, tu es plus heureuse, plus… présente. D’abord, évidemment, il faudrait que tu parles longuement avec les Parques pour découvrir exactement ce qu’impliquerait ce marché.

— Je… Je l’ai déjà fait, Kris.

Il haussa les sourcils. Je parvins à esquisser un sourire.

— Surpris par ma prévoyance ? Ne le sois pas. C’est Trsiel qui m’a parlé du hic. Et c’est une bonne chose, parce que… (Ma gorge se serra.) Parce que je suis passée à deux doigts de commettre une grosse erreur. Je ne veux pas devenir un ange, Kris. Le prix est trop élevé.

— Savannah, murmura-t-il. Tu ne pourrais plus la surveiller.

— Non, ce n’est pas ça. À la limite, Savannah serait le plus gros bonus de toute cette offre. (Je surpris son expression.) Devenir un ange signifierait que je pourrais la protéger, que j’aurais pu arrêter Lily, comme l’a fait Trsiel. Et depuis que Trsiel m’avait appris que j’étais peut-être candidate, je ne pouvais plus penser qu’à ça, à la façon dont ça me permettrait d’aider Savannah. Mais ensuite, après notre discussion en Alaska, je n’étais plus très sûre que ce soit la bonne voie. Et puis aujourd’hui, j’ai appris quelque chose qui réglait la question. Si je deviens un ange, elles m’envoient au pays des anges. Un aller simple pour un seul passager.

Son front se plissa, puis il cligna des yeux, mais ravala vite sa surprise.

— Tu veux dire que tu devrais quitter le monde des esprits, et que tu t’y plais…

Je l’interrompis par un baiser fougueux.

— Tu sais très bien ce que je veux dire, alors arrête de faire l’idiot. Je m’en fous, du monde des esprits. C’est toi que je ne veux pas quitter.

Il sourit lentement puis se pencha pour me rendre mon baiser. Au bout de quelques minutes – trop nombreuses à mon goût – il se retira.

— Donc, pas d’auréoles ni d’ailes pour Eve. (Il sourit.) Je dois reconnaître que je ne t’ai jamais très bien imaginée dans cette tenue.

— C’est une des seules, j’imagine. (Je m’approchai de lui de sorte que nos ventres se touchent et sentis une nouvelle vague de chaleur.) Je vais trouver un boulot. C’est au moins une chose que j’ai comprise. J’ai besoin de faire quelque chose dans cette vie. On pourrait peut-être passer du temps à y réfléchir. Je pourrais essayer différents uniformes et voir lequel t’emballe le plus…

Il éclata de rire, glissa la main le long de mes fesses et m’attira contre lui.

— Je suis sûr que la plupart vont m’emballer, au moins une nuit ou deux. Peut-être qu’on pourrait commencer par l’infirmière… (Il ferma les yeux, remuant les lèvres sur un juron muet.)

— Kris ?

— Désolé, c’est seulement que la partie pratique de mon cerveau me rappelle que je suis en train de te distraire de quelque chose de plus important que les fantasmes sur les infirmières. (Il laissa glisser son regard le long de mon corps.) Je pourrais le débrancher, si tu préfères…

J’éclatai de rire tout en me relevant.

— Tu as raison, j’ai du travail à faire et nous aurons l’éternité pour jouer à nous déguiser quand j’en aurai fini. Maintenant, aide-moi à réfléchir à ce que je vais faire ensuite. En matière de partenaires, Trsiel est un brave type, mais dès qu’il s’agit de concevoir des plans, nos cerveaux sont sur des longueurs d’onde complètement différentes.

— Il refuse de te laisser tuer qui que ce soit, c’est ça ?

— Il refuse même d’y réfléchir. Idem pour ce qui est de tuer, de voler, de mentir. Je crois que je l’ai surpris à jurer une ou deux fois, mais je n’en suis même pas sûre.

— Et puis je suis plus grand que lui.

J’éclatai de rire.

— Tu es quoi ?

— Plus grand. (Il me gratifia d’un sourire.) Il est plus séduisant, plus mince, il a encore tous ses cheveux… mais je le dépasse. D’au moins deux centimètres.

— Non seulement tu me soutiens dans mon absence de moralité, mais en plus tu le dépasses ? Qu’est-ce qu’une femme pourrait vouloir de plus ?

 

— Donc, elle n’a pas mis la main sur l’amulette, dit Kris quand je lui eus rapporté ma dernière rencontre avec la nixe.

— C’est bien ça, mais elle a dit qu’elle connaissait une autre méthode. Moins satisfaisante.

— La possession spirituelle, répondit-il. Et pour ça, elle n’aurait pas besoin du premier nécromancien venu. Qu’est-ce que tu as dit, au château ? Que peu de nécros assez puissants pour la pratiquer…

— Seraient assez idiots pour le faire.

— Un nécro puissant… qui manque quelque peu de souplesse mentale. (Il haussa les sourcils.) Ça ne te rappelle pas quelqu’un avec qui tu as travaillé récemment ?

— Jaime n’est pas idiote. À première vue, on ne la prendrait pas pour une lumière, mais bon, je comprends l’avantage qu’il y a à se faire passer pour plus crétin qu’on est. Dans son cas, il y a aussi des problèmes émotionnels. Jouer les vedettes évaporées, c’est peut-être sa façon à elle de régler ces choses-là.

— C’est vrai, mais comme tu le disais, on ne la prendrait pas pour une lumière. L’important, c’est l’image qu’elle donne. La nixe a formulé un commentaire obscur sur le fait que son second choix aurait des effets sur toi, que ce serait « très satisfaisant » à court terme, ce qui doit sans doute signifier que ça te ferait du mal. Si elle sait que tu connais Jaime…

— Merde ! (Je me relevai.) Il faut que je prévienne Jaime.

Kris se leva à son tour tandis que je faisais apparaître une nouvelle tenue.

— Je t’accompagne. Mais même si la nixe atteint Jaime avant nous, je vois mal Jaime accepter de prêter son corps à la possession spirituelle intégrale, surtout à un esprit inconnu.

 

Trouver Jaime ne poserait aucun problème. Compte tenu de son emploi du temps irrégulier, nous avions mis au point un système qui me permettait de la localiser quand j’avais besoin d’elle. Si elle était sortie, elle me laissait un mot sur son bureau, où je pouvais le lire.

Je me rappelai l’avoir entendue dire un peu plus tôt qu’elle donnerait quelques spectacles à Sacramento cette semaine-là et, quand on atteignit son appartement, le mot qu’elle avait laissé confirma qu’elle était déjà partie. Elle avait même noté au crayon son emploi du temps à l’heure locale ainsi qu’à l’heure du Pacifique pour éviter toute confusion.

— Très attentionnée, dit Kris.

— À moins qu’elle pense que ce soit à moi qu’il manque quelques petites cellules grises.

Il éclata de rire.

— Il doit y avoir des méprises des deux côtés. (Il baissa les yeux vers le papier.) Donc son spectacle a pris fin il y a une heure et elle n’avait rien de prévu avant ni après. Soit elle se trouve toujours dans la salle, soit elle a regagné son hôtel.

— Dont nous avons le nom mais pas le numéro de chambre, qu’elle ne devait pas encore connaître. Elle dit qu’il s’agit d’une suite à l’un des derniers étages. Ce qui devrait réduire les possibilités… Enfin j’espère.

— Tu veux commencer par là ? Je vais chercher à la salle.

Après nous être mis d’accord, on partit.

Femmes De L'autremonde, Tome 5
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