CHAPITRE XIX

Les Jedi réussirent à regagner le palais du gouverneur, couverts de crasse et trempés de sueur. Là, ils trouvèrent SonTag, en réunion avec VeerTa et Clat’Ha.

– La mine a dû être évacuée d’urgence, leur annonça SonTag. Et pourtant, d’après les capteurs, tout est normal.

– Nous les avons remplacés et vérifiés pas plus tard qu’hier, renchérit Clat’Ha.

– Par ailleurs, nous avons appris qu’Offworld avait des problèmes sur sa plate-forme de forage en mer, ajouta VeerTa. Les électrocolliers sont tous tombés en panne. Les mineurs se sont révoltés et ont abandonné la mine. Leur chef, un Phindien nommé Guerra, te fait dire que tout va bien.

Obi-Wan sourit. Son ami était libre.

– Nous n’allons pas plaindre Offworld, reprit Clat’Ha, ces mineurs étaient traités comme des esclaves. Mais pourquoi nos capteurs sont-ils tombés en panne ?

– Ne vous inquiétez pas pour ça, répliqua Qui-Gon. Je crains que nous n’ayons des nouvelles plus graves encore.

Il leur raconta dans les grandes lignes ce qui s’était passé dans la mine.

– Xanatos était donc bien derrière la première explosion, fit SonTag, atterrée. Nous n’aurions jamais dû lui faire confiance !

– Je le savais ! renchérit VeerTa, furieuse.

Clat’Ha se contenta de regarder Qui-Gon.

– Que voulez-vous dire par « plus graves encore » ?

C’était bien son genre, pensa le Chevalier, admiratif. Elle avait toujours une longueur d’avance.

– Quelqu’un vous a trahies. Quelqu’un de proche, et qui a informé Xanatos de la découverte de l’ionite.

VeerTa pâlit soudain.

– Mais qui pourrait faire une chose pareille ?

Qui-Gon posa son regard sur elle. Aussitôt, ses joues s’empourprèrent. Clat’Ha se tourna vers elle avec un air interrogateur.

– VeerTa ?

– C’était pour le bien de Bandomeer ! Du moins c’est ce qu’il m’a dit. D’après lui, si Offworld avait dirigé secrètement Mère Planète, on aurait pu augmenter le rendement.

– Crois-tu qu’il nous aurait vraiment laissé la mine ? demanda Clat’Ha, furieuse.

Qui-Gon interrompit leur dispute.

– Ce n’est pas tout. Xanatos avait un plan de secours. Il voulait faire exploser une bonne partie de Bandomeer. Il a fait déposer des bombes à ionite un peu partout à côté des réserves d’explosifs dans toutes les Zones d’Enrichissement et les plates-formes minières. Il n’a pas pu le faire seul… quelqu’un s’en est chargé pour lui.

– Il m’a dit qu’il s’agissait d’équipements de forage pour les opérations à venir, murmura VeerTa.

– Xanatos a bien failli détruire Bandomeer, fit SonTag d’une voix plus tranchante qu’une vibrolame. Sans ces Jedi…

– Comment pouvais-je le savoir ? se défendit l’accusée. Pourquoi Xanatos aurait-il détruit la planète ? Ce n’est pas dans son intérêt.

Qui-Gon ne dit rien. Il savait que, chez son ancien apprenti, la soif de vengeance était plus forte que tout. Xanatos avait tout préparé dans ce but. Il s’était servi de VeerTa. Il savait que Qui-Gon devrait vivre avec le remords de n’avoir pu sauver toutes ces vies. C’était le sort le plus douloureux qu’il puisse imaginer.

Une fois de plus, le Jedi l’avait sous-estimé. Il n’avait pas compris que son ancien apprenti était l’esclave du passé, lui aussi.

Mais c’en était fini de ces cauchemars. Le Chevalier avait décidé de laisser son passé sur Bandomeer.

Clat’Ha se leva et s’éloigna d’un pas raide, comme si elle ne supportait plus la proximité de VeerTa.

– Où est passé Xanatos ? demanda-t-elle à Qui-Gon.

– Il s’est échappé. Il avait tout prévu : il croyait quitter une planète réduite en cendres.

– Peut-être est-il retourné sur la base d’Offworld, suggéra VeerTa.

Clat’Ha lui jeta un regard de dégoût.

– Personne ne sait où elle se trouve. Retiens bien ceci, VeerTa. C’est toi qui vas payer pour tes crimes. Mais pas ton complice.

– Si, fit doucement Qui-Gon. Un jour ou l’autre, il devra rendre des comptes.

Qui-Gon et Obi-Wan retournèrent dans leurs chambres pour rassembler leurs affaires. Ils prendraient le prochain vaisseau qui partait dans quelques heures.

– Yoda a une nouvelle mission à nous confier.

« Nous. » Ce simple mot emplissait Obi-Wan de joie.

Immobile, Qui-Gon fixait sa couchette. On avait cloué une feuille de papier sur son oreiller avec un vibropoignard. Obi-Wan alla lire par-dessus son épaule.

Si vous lisez ce message, c’est que je vous aurai sous-estimé. La prochaine fois, je ne commettrai pas la même erreur. Cette petite aventure m’a bien diverti, Maître. Je suis sûr que vous aurez bientôt le plaisir de me revoir.

Les traits du Jedi restaient indéchiffrables. Obi-Wan ne parvenait même pas à déceler des ondes de colère dans la Force. Qui-Gon contenait-il sa fureur, dissimulant une fois de plus ses émotions ?

– Je ne suis pas en colère, Obi-Wan. Xanatos n’est plus rien pour moi. Juste un ennemi parmi tant d’autres. C’est lui qui est en proie à la haine. Je suis prêt à combattre ses desseins maléfiques. Un jour, peut-être réussira-t-il à me tuer, mais il ne peut plus me blesser. (Il se tourna vers le garçon.) C’est toi qui m’as ouvert les yeux. Dans la mine, lorsque tu as employé la Force pour me montrer que la lumière peut toujours l’emporter sur les ténèbres. Ma colère m’a quitté. Au final, tu m’as appris quelque chose sur moi-même. Et lorsqu’un Padawan peut enseigner à son Maître, c’est que leur partenariat est parfait.

– Dans la mine, vous m’avez appelé Padawan, dit Obi-Wan, plein d’espoir.

– Tu étais prêt à mourir pour moi, répondit Qui-Gon. Tu as fait preuve d’un courage extraordinaire, même pour un Jedi. Je serais honoré de t’avoir comme Padawan, Obi-Wan Kenobi.

Le cœur d’Obi-Wan s’emplit d’une chaleur nouvelle. Ce n’était pas de l’orgueil. La Force cascadait autour de lui, en lui, et pour une fois, il avait l’impression d’être à sa place. Il avala sa salive.

– J’accepte votre offre, Maître Qui-Gon Jinn.

– Bien sûr, reprit le Chevalier, tu n’aurais pas pu mettre ton plan à exécution. Je ne t’aurais jamais laissé mourir pour moi.

– Vous n’auriez pas pu m’en empêcher pourtant, Maître.

Ils échangèrent un regard de défi mêlé d’amusement. La Force les liait. Ils avaient de nombreuses missions devant eux.

Ils échangèrent un sourire. Ils savaient maintenant qu’ils cheminaient sur la même voie. Ils marcheraient ensemble vers un avenir forgé par leur passé commun.

Qui-Gon posa la main sur l’épaule d’Obi-Wan.

– Préparons nos bagages. Une longue route nous attend.

STARWARS Les apprentis Jedi [02]: La menace surgie du passé
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