2.
Le paysage intérieur

Plagueis ne savait pas exactement combien de temps il était resté aux côtés de Tenebrous. Assez longtemps, en tout cas, pour que ses jambes vacillent quand il se releva et pour qu’une partie de la poussière de l’explosion soit retombée. C’est seulement quand il recula de quelques pas qu’il se rendit compte qu’il n’était pas sorti indemne de cet épisode. À un moment, probablement quand il se concentrait sur le meurtre, une pierre ou un autre projectile de ce genre s’était écrasé au bas de son dos et, à présent, la tunique légère qu’il portait sous sa combinaison était tachée de sang.

Malgré la poussière en suspension, il inspira profondément, ce qui déclencha une douleur dans sa cage thoracique et une toux qui projeta du sang dans l'air chaud. Invoquant la Force, il se rendit insensible à la douleur et chargea son corps de limiter au maximum les dégâts. Quand la blessure cessa de le préoccuper, il examina la grotte sans se déplacer, en pivotant sur lui-même. Des chauves-faucons blessés jonchaient le sol et poussaient des cris de détresse en essayant de se mettre en mouvement. Au-dessus de lui, au loin, un faisceau oblique de lumière du jour chargé de poussière s’engouffrait par le large oculus du dôme. Cet orifice devait être lui-même le résultat d’un éboulement précédent. Près du tas de pierres créé par l’effondrement de la grotte, le vaisseau de Tenebrous n’avait pas bougé. C’était un modèle conçu par Rugess Nome. Ses ailes en alliage et son nez retroussé dépassaient du mausolée de fortune façonné par l’explosion. Tenebrous gisait à quelques mètres de là, également enseveli.

Plagueis s’approcha du vaisseau et évalua les dégâts infligés au bouclier déflecteur, aux systèmes de navigation, aux conduits de refroidissement, aux senseurs et aux antennes. Tenebrous aurait certainement été capable de réparer certains des composants mais Plagueis était dépassé. Il n’avait ni les compétences techniques du Bith ni ses connaissances des systèmes du vaisseau. Même s’il était unique, notamment à cause de l’arsenal technologique embarqué, le vaisseau ne pouvait être associé à Tenebrous car les registres et le nom avaient été falsifiés. La balise de sauvetage était peut-être encore en état de marche mais Plagueis n’avait pas envie de l’activer. Ils étaient arrivés sur Bal’demnic en cachette ; il comptait quitter la planète de la même manière.

Mais comment ?

Il plissa à nouveau les yeux vers la lumière qui perçait de l'oculus. Même son pouvoir de la Force n’était pas assez puissant pour le soulever du sol et le faire traverser l’orifice de la grotte. Seul un jetpack aurait permis d’y arriver et le vaisseau n’en était pas équipé. De l’oculus, son regard se porta vers les murs incurvés de la grotte. Il aurait sans doute pu grimper comme une araignée jusqu’au plafond voûté et atteindre l’œil du dôme, mais il trouva un meilleur moyen.

Qui lui permettrait, en outre, de faire d’une pierre, deux coups.

Debout à mi-distance entre le vaisseau et le tas de débris sous l’oculus, il s’immergea dans la Force et, avec des gestes qui rappelaient ceux que Tenebrous et lui avaient utilisés pour empêcher le plafond de s’effondrer, il fit léviter des blocs de pierre du vaisseau jusqu’au sommet du tas de décombres. Il s’arrêta seulement quand l’écoutille du vaisseau fut dégagée et qu’il fut certain qu’un saut de Force lui permettrait d’atteindre l’ouverture depuis le haut de la nouvelle pile.

Mais quand il tenta de soulever l’écoutille, il se rendit compte qu’elle était coincée. Il finit par entrer dans le cockpit en brisant la verrière en transparacier à l’aide de la Force. Il se glissa à l’intérieur, récupéra son sac de voyage, qui contenait notamment un comlink, son sabre laser et des vêtements de rechange. Il prit aussi le comlink et le sabre laser de Tenebrous puis effaça la mémoire du navordinateur. Une fois sorti du vaisseau, il ôta sa combinaison et sa tunique imbibée de sang. Il enfila un pantalon et une blouse foncés, des bottes légères et une tunique à capuchon. Il fixa les deux sabres laser à sa ceinture, activa le comlink et fit apparaître une carte de Bal’demnic. Comme la planète n’avait que peu de satellites en orbite, aucun système de navigation n’était disponible mais la carte offrit à Plagueis toutes les informations dont il avait besoin sur la zone.

Il jeta un dernier regard autour de lui. Il y avait peu de chances pour qu’un indigène vienne fouiller la grotte et il y avait encore moins de chances qu’un autre visiteur interstellaire découvre cet endroit. Il passa tout de même un moment à observer la scène en toute objectivité.

Un vaisseau partiellement écrasé mais coûteux, qui valait la peine d’être sauvé. Le corps décomposé d’un voyageur de l’espace : un Bith. Les retombées d’une explosion...

La scène typique d’un accident malheureux dans une galaxie qui abondait en événements de ce genre.

Satisfait, Plagueis bondit jusqu’au sommet du tas de décombres, puis jusqu’au plafond, vers la sortie.

 

La chaleur rayonnante de l’étoile de Bal’demnic tapait sur sa peau et un vent du large persistant tendait sa tunique. À l’ouest et au sud, aussi loin que portait son regard, il ne voyait qu’une vaste étendue d’océan azur, parsemée d’écume blanche là où la mer frappait les côtes. Des collines accidentées et dénudées disparaissaient dans la brume de l’océan. Plagueis imaginait l’époque où la forêt recouvrait le paysage, avant que les indigènes, les Kon’me, n’abattent les arbres pour se procurer du matériel de construction et du bois de chauffage. À présent, la végétation qui avait survécu se limitait aux gorges escarpées qui séparaient les collines marron. Une beauté sombre.

Cette planète a peut-être plus à offrir que des minerais de cortose, pensa-t-il.

Plagueis, qui avait résidé pendant presque toute son existence sur Muunilinst, connaissait les mondes océaniques. Mais contrairement à la plupart des Muuns, il était également habitué aux planètes éloignées et technologiquement primitives, car il avait passé son enfance et son adolescence sur plusieurs planètes et lunes pareilles à celle-ci.

À mesure que cet hémisphère de Bal’demnic plongeait rapidement dans la nuit, le vent augmentait en puissance et la température baissait. D’après la carte du comlink, le spatioport principal de la planète n’était qu’à quelques centaines de kilomètres au sud. Tenebrous avait volontairement contourné le port lors de leur approche, préférant survoler la calotte glaciaire au nord plutôt que la mer. Plagueis calcula qu’il pouvait atteindre le spatioport le lendemain soir, ce qui lui laisserait encore une semaine standard complète pour rejoindre Muunilinst afin d’organiser la Réunion sur Sojourn. Mais il savait aussi qu’il allait devoir traverser des régions habitées à la fois par l’élite et la plèbe kon’me : il décida donc de voyager de nuit pour éviter tout contact avec ces reptiliens particulièrement répugnants et xénophobes.

Il était inutile de laisser des cadavres sur son passage.

Il resserra la ceinture de sa tunique et se mit en route, lentement d’abord, puis il prit de la vitesse jusqu’à devenir, aux yeux d’un observateur, une image floue et fulgurante, un tourbillon de poussière poursuivant sa course à travers le terrain dégagé. Il n’avait pas encore couru très loin quand il tomba par hasard sur un sentier rudimentaire, portant par endroits des traces de pas d’indigènes. Il s’arrêta pour les examiner. Ces empreintes appartenaient à des Kon’me de classe inférieure qui évoluaient pieds nus. Il s’agissait probablement des pêcheurs dont les habitations aux toits de chaume parsemaient la côte. Plagueis évalua la taille et le poids des reptiles à qui appartenaient ces traces et estima le temps qui s’était écoulé depuis leur passage. Il se releva, examina les collines ocre puis renifla le vent en regrettant de ne pas posséder ne fût-ce qu’une once de l’acuité olfactive de Tenebrous. Plus loin, il allait inévitablement rencontrer l’élite Kon’me, ou à tout le moins leurs maisons en forme de dôme accrochées à flanc de falaise.

La nuit tomba alors qu’il reprenait son rythme. L’océan brillait de reflets argentés sous la lumière des étoiles et les plantes à floraison nocturne chargeaient l’air humide de leurs effluves entêtants. Les prédateurs de toutes tailles avaient été chassés jusqu’à leur extinction sur les îles-continents du nord mais les gorges profondes abritaient encore d’innombrables variétés  d’insectes voraces qui se jetaient sur Plagueis tandis qu’il traversait les taillis épais. Il abaissa sa température corporelle et ralentit sa respiration pour modifier le mélange des gaz dans ses expirations, mais cela ne suffit pas à dissuader les insectes. Au bout d’un moment, il cessa donc toute tentative de les éloigner et capitula face à leur soif de sang. Ils purent ainsi sucer et mordre librement son visage, son cou et ses mains.

Qu’ils dévorent l’ancien Plagueis, pensa-t-il.

Dans la forêt sombre de cette planète lointaine, alors que le vent salé sifflait entre les arbres et que les vagues se fracassaient au loin comme un tambour au rythme incessant, il fuirait cet enfer dans lequel les Sith étaient embourbés. Enfin réveillé après un millénaire entier de léthargie, le pouvoir du Côté Obscur renaîtrait et Plagueis accomplirait le plan élaboré de longue date.

Il courut dans la nuit et se mit à l’abri dans une grotte étroite, tandis que la brume matinale se dissipait des cavités. Il était encore tôt mais les indigènes aux écailles bleues s’activaient déjà. Ils sortaient de leurs huttes pour jeter leurs filets dans les vagues déferlantes ou pour pagayer sur leurs bateaux vers des étendues de récifs et des îlots tout proches. Le meilleur de leur pêche serait emporté dans les montagnes pour remplir l’estomac des riches, qui avaient la responsabilité de l’avenir politique et économique de Bal’demnic. Leurs voix gutturales parvenaient jusqu’à la grotte, qui encerclait Plagueis comme les murs d’un tombeau. Il comprenait certains des mots qu’ils échangeaient.

Il essaya de s’endormir, sans succès, et il regretta d’avoir encore besoin de sommeil. Tenebrous ne dormait jamais, comme la plupart des Bith. Éveillé, dans la chaleur oppressante, il se rejoua les événements de la veille, encore un peu stupéfait de ce qu’il avait fait. La Force lui avait murmuré : Ton heure est arrivée. Exige ta part au Côté Obscur. Agis maintenant et que tout soit terminé. Mais la Force n’avait fait que le conseiller ; elle ne lui avait pas dicté ses actions, elle n’avait pas guidé sa main. C’est lui seul qui avait agi. Il savait, grâce à ses voyages avec et sans Tenebrous, qu’il n’était pas le seul adepte du Côté Obscur dans la galaxie – ni le seul Sith, d’ailleurs, car les prétendants étaient nombreux dans la galaxie – mais il était maintenant le seul Seigneur Sith descendant de la lignée de Bane. Un véritable Sith. Cette prise de conscience éveilla le pouvoir brut enfoui en lui.

Et pourtant...

Quand il entrait en contact avec la Force, il sentait la présence de quelque chose ou de quelqu’un dont le pouvoir était presque égal au sien. Était-ce le Côté Obscur lui-même ou simplement la matérialisation de ses doutes ? Il avait lu les légendes de Bane ; comment il avait été traqué par le spectre de tous ceux qu’il avait vaincus pour débarrasser l’Ordre Sith des conflits internes et rétablir une véritable hégémonie, la Règle des deux : un Maître pour représenter le pouvoir, un Apprenti pour briguer ce pouvoir. D’après la légende, Bane avait même été hanté par les esprits des Seigneurs Sith morts depuis des générations, dont il avait profané les tombeaux et les habitations au cours de ses recherches effrénées pour rassembler des holocrons et d’autres anciens artefacts offrant sagesse et conseil.

L’esprit de Tenebrous était-il à l’origine du pouvoir qu’il sentait ? Y avait-il une brève période de survie après la mort, au cours de laquelle un véritable Sith pouvait continuer à influencer le monde des vivants ?

On aurait dit que la masse de la galaxie s’était abattue sur Plagueis. Un être inférieur aurait peut-être accusé le coup mais lui, tapi dans son tombeau clandestin, se sentait aussi léger que s’il avait été dans l’espace.

Il survivrait à quiconque le défierait.

 

Des heures plus tard, quand les voix se furent éloignées et que la voracité des insectes reprit, la douleur tira Plagueis d’un sommeil torturé. Sa tunique collait à sa peau enflée comme un pansement compressif, mais le sang s’était écoulé de la plaie et avait imbibé sa robe. Il se glissa silencieusement dans la nuit et boita jusqu’à ce que la douleur disparaisse, puis il se mit à courir. Des gouttes de transpiration s’évaporaient de son crâne chauve et sa tunique sombre se déployait derrière lui comme un étendard.

Affamé, il envisagea de faire une razzia dans une des maisons locales et de festoyer avec les œufs d’une Kon’me de caste inférieure ou même avec son sang et celui de son compagnon. Mais il contrôla les pulsions qui l’invitaient à semer la terreur, apaisa son appétit de destruction et se rassasia en avalant des chauves-souris et les restes en décomposition de poissons que les vagues avaient rejetés sur le rivage. Il traversa à la hâte la plage de sable noir et passa à quelques mètres des habitations construites dans les blocs fossilisés, mais il n’aperçut qu’un indigène, qui quittait sa hutte tout nu pour se soulager. Ce dernier réagit comme s’il avait vu une apparition. Puis l’allure de Plagueis, avec sa robe et ses bottes, provoqua l’hilarité de l’indigène. Sur les falaises qui surplombaient la plage, des lumières artificielles brillaient, indiquant les maisons des castes supérieures et la proximité du spatioport, dont la lueur ambiante illuminait une vaste portion du sud du littoral.

Maintenant que sa destination était proche, chaque vague de l’océan se répercutait en lui, déclenchant un déferlement sans précédent d’énergie obscure. Les fibres du temps se relâchèrent et il eut une vision du futur de Bal’demnic. La planète était mêlée à une guerre sur plusieurs fronts, une guerre galactique, où l’on cherchait non seulement à s’accaparer les riches dépôts de cortose mais aussi à utiliser la planète comme pion dans un jeu beaucoup plus complexe. Les serviles Kon’me se soulevaient contre ceux qui les dominaient depuis une éternité...

Perdu dans sa rêverie, Plagueis faillit ne pas remarquer qu’un immense brise-lames suivait le contour de la plage. Des jetées en pierre s’avançaient dans une baie large et tranquille et, derrière le mur, une ville s’accrochait aux contreforts déboisés. Il y avait ici des Kon’me des deux classes mais parmi eux se trouvaient aussi bon nombre d’étrangers d’espèces variées. La plupart provenaient de systèmes stellaires voisins mais certains venaient d’aussi loin que le Noyau. Le spatioport formait la périphérie sud de la ville. Il se composait de grappes de bâtiments modulaires, d’entrepôts et de hangars préfabriqués, ainsi que d’aires d’atterrissage illuminées pour accueillir les vaisseaux de marchandises et de passagers. Pour quelqu’un qui connaissait mal les planètes isolées, une visite du spatioport aurait ressemblé à un voyage dans le temps, mais Plagueis se sentait à l'aise parmi les hôtels aux chambres miniaturisées, les cantinas mal éclairées et les bars sordides, où le divertissement était cher et la vie ne valait pas grand-chose. Il tira le capuchon de sa robe au-dessus de sa tête et se tapit dans l’ombre. Sa grande taille à elle seule suffisait à attirer l’attention. Comme l’endroit était peu sécurisé, il parvint à circuler entre les vaisseaux posés au sol sans difficulté. Il ignora les petits vaisseaux intersystèmes, préférant les transports long-courriers, et encore, seulement ceux qui paraissaient en bon état. Muunilinst se trouvait à plusieurs sauts de l’hyperespace, et seul un vaisseau suréquipé pourrait l’y amener sans trop de retard.

Au bout d’une heure d’inspection, il en trouva un qui lui plaisait. Le transport, un produit de l’ingénierie du Noyau, devait avoir un demi-siècle à première vue mais il avait été bien entretenu. Il était équipé de senseurs et de propulseurs modernes. Il ne portait pas de nom, ce qui laissait entendre que le capitaine ne voulait pas se tailler une réputation. Le LS-447-3 était plus long que large, sa queue était étroite, son cockpit encastré et les grandes portes de la cale permettaient d’embarquer des marchandises volumineuses. Plagueis encoda le numéro d’enregistrement du vaisseau dans son comlink et se dirigea vers le bâtiment des autorités spatioportuaires. À cette heure de la nuit, la structure délabrée était pratiquement déserte, à l’exception de deux gardes Kon’me au cou épais qui dormaient pendant le service. Plagueis desserra la ceinture de sa robe pour faciliter l’accès à ses sabres laser, passa devant les gardes et disparut par les portes principales. Une faible lueur en provenance de bureaux inoccupés filtrait dans les couloirs sombres. Au deuxième étage, il trouva le bureau des registres, qui donnait sur la plus grande des aires d’atterrissage et sur la baie silencieuse qui s’étendait en arrière-fond.

Un terminal qui faisait déjà figure d’antiquité vingt ans plus tôt était posé sur une table au milieu d’un petit bureau privé. Plagueis plaça son comlink à côté de la machine et, un instant plus tard, réussit à s’introduire dans le réseau de contrôle du spatioport.

Une recherche sur le transport révéla qu’il portait effectivement un nom – le Woebegone – et provenait d’Ord Mantell. Son départ était programmé pour le lendemain matin. Le vaisseau et son équipage, composé de huit membres dont un droïde, devait s’envoler vers différentes planètes du Secteur Auril avec une cargaison de produits de pêche frais. D’après les documents, le chargement avait déjà été contrôlé par les douanes et attendait dans un hangar réfrigéré qu’on le charge à bord du vaisseau. La bonne nouvelle, c’était que la destination finale du Woebegone était à l’extrémité de la Voie Hydienne. Un crochet par Muunilinst ne serait pas un trop grand détour pour l’équipage.

Plagueis fit afficher une image du capitaine du transport, une certaine Ellin Lah. Plagueis s’ouvrit complètement à la Force et examina l’image pendant un long moment. Puis il expira lentement, se leva, effaça toute trace de ses intrusions technologiques et replaça le comlink dans la poche intérieure de sa robe.

Le Woebegone l’attendait.

Star Wars - Dark Plagueis
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