CHAPITRE XXIV

Yan luttait pour éviter la noyade. Les poumons en feu, il remonta à la surface du torrent de boue, crachant de l’eau comme une gouttière de dégorgement sur Coruscant. L’eau montait rapidement dans le fossé. Elle le hisserait bientôt au-dessus des murs, si elle ne le jetait pas d’abord dans la rivière longeant l’installation 17.

Une pluie battante tombait du ciel, irritant la peau et limitant la visibilité. Se maintenant à la surface en frappant l’eau d’une main, Yan mit l’autre en porte-voix et appela Droma. Pas de réponse. Un bruit assourdissant, dans son dos, le força à se retourner. Le landspeeder accidenté filait vers lui.

L’étroitesse du fossé était un avantage et un inconvénient. Sans être sûr que le speeder ne l’écraserait pas, Yan nagea vers le mur est, le plus lisse. Là, il parvint à arrêter temporairement le mouvement qui l’entraînait vers l’avant. Le landspeeder le rattrapa. Quand le nez écrasé de l’appareil plongea vers le bas, Yan se jeta sur la portière du conducteur, passa une jambe par-dessus bord et se hissa tant bien que mal dans la cabine de pilotage. Les tiges coupées, le grain écrasé et la pluie s’étaient transformés en une bouillie collante. Gluant de pied en cap, Yan s’assit sur le siège du pilote et actionna plusieurs fois le commutateur du moteur à répulsion, au cas où il aurait été fonctionnel. Mais la collision avait démoli le système d’allumage. Yan chercha son compagnon du regard. Il repéra enfin la queue de Droma, raide comme un piquet, émergeant des eaux tumultueuses.

Yan n’eut pas le temps de l’appeler. Le speeder passa au-dessus d’une écluse donnant sur des rapides. Droma disparut, avalé par le courant, reparut brièvement puis s’enfonça de nouveau.

Mais il entendit enfin les cris de Yan au milieu du vacarme et leva un bras.

En équilibre précaire dans le speeder, Yan saisit Droma à deux mains quand le véhicule passa en trombe près de lui. Le poids du Ryn trempé faillit déloger Yan de la cabine, mais Droma enroula sa queue autour du repose-tête d’un siège arrière et se hissa péniblement à bord. Il se laissa tomber comme une masse sur le siège du passager.

— Déposez-moi à la prochaine intersection, chauffeur ! fit-il, haletant.

— Où est la rivière, à votre avis ? cria Yan.

— Tout près. Heureux d’être sorti de…

Yan n’entendit pas la fin, couverte par un grondement insistant. Il regarda le ciel, puis les deux côtés du canal. La pluie et les immenses tiges des épis gênaient la visibilité, mais il eut l’impression que les champs se terminaient abruptement, un peu plus loin.

— C’est quoi, ce bruit ? demanda Droma.

— Vous m’avez dit que le fossé se jetait dans la rivière, exact ?

— Oui, répondit Droma, d’une voix mal assurée.

— Réfléchissez était-ce une carte topographique ? Droma se tortilla la moustache.

— Oui…

— Y avait-il une série de lignes parallèles à l’endroit où le fossé rejoint la rivière ?

Les yeux de Droma s’écarquillèrent.

— Tenez-vous bien ! cria Yan.

Le landspeeder se renversa.

La chute faisait une quinzaine de mètres de haut, mais le courant était si fort que le véhicule fut projeté dans les airs. Il resta un instant comme suspendu dans le vide, puis se renversa et cracha ses passagers dans les eaux boueuses.

Yan tomba les pieds en avant. Avec un grondement sourd, le speeder s’écrasa dans la rivière. Il remonta, craignant de heurter le landspeeder en émergeant, mais il n’en fut rien. Le véhicule flottait devant Droma et lui quand ils refirent surface.

Yan désigna la rive sud, moins escarpée qu’au nord.

— Pouvez-vous aller jusque-là ?

— Je ne suis pas bon nageur ! cria Droma.

Yan lui passa son bras gauche autour de la taille.

— Agitez les pieds et laissez-moi faire !

— Essayez de ne pas heurter ces rochers, dit le Ryn.

Yan vit qu’ils approchaient des rapides, rendus plus dangereux par des rochers saillants. Il lâcha Droma et fit la planche, gardant la tête hors de l’eau.

Entraînés par le courant, ils ne pouvaient rien faire.

Ils passèrent plusieurs chutes et évitèrent de justesse les grands rochers. A gauche de Yan, le speeder se retourna dans les airs et s’embrocha sur un roc pointu. Droma rata de peu le même rocher et tomba comme une pierre dans le plan d’eau inférieur, au pied des chutes.

Le courant restait assez violent pour les empêcher d’atteindre la rive. Se laissant porter, Yan tendit le cou. Il y avait encore des eaux vives, mais plus de rapides. Une turbulence ralentissait le flot, juste sous la surface. Quand ils approchèrent, Yan vit qu’il s’agissait d’un filet à mailles fines tendu d’une rive à l’autre.

Le filet élastique les arrêta. Yan essayait de ramper le long des mailles pour atteindre la rive la plus proche, quand un autre bruit, en amont, lui fit lever la tête. A un mètre au-dessus de l’eau, propulsée par des moteurs à répulsion, arrivait… une poubelle volante !

L’objet mesurait trois mètres de long et avait une paire de bras articulés terminés par des pinces rembourrées. Des voyants clignotaient à l’avant ; la machine gargouillait, comme ravie d’avoir repéré sa proie…

Le panneau portait le logo de Salliche Ag.

La boîte s’arrêta au-dessus du filet. Malgré tous leurs efforts, les pinces géantes saisirent les rescapés à la taille et les soulevèrent comme des fétus de paille. Des portes s’ouvrirent en haut de la machine.

Ils tombèrent sur un sol capitonné. L’écoutille se ferma avant qu’ils aient le temps de ressortir. Puis la « poubelle » repartit. A l’intérieur de l’engin, Yan vit une série de buses de vaporisation. Il jura, comprenant soudain quelle sorte de machine les avait capturés.

— C’est un Collecteur Mobile !

— Un quoi ? geignit Droma.

— Un appareil de ramassage d’échantillons biologiques. Nous allons être réfrigérés !

Ils tentèrent de rouvrir le compartiment. En vain. Droma abandonna le premier. Il s’accroupit, haletant. Yan le rejoignit un instant plus tard.

— La main du destin…, grogna Droma. Vous me devez encore une vie !

— De quoi parlez-vous ?

— Je vous ai sauvé à bord du Reine quand Reck vous a obligé à sauter dans le puits de l’ascenseur. Puis je vous ai libéré quand Elan voulait vous empoisonner dans la nacelle d’évacuation du Faucon.

— Et qui vous a retiré du fossé, il n’y a pas si longtemps ?

— Ça compte pour une vie. Il m’en reste une.

— Je vous ai tiré des quartiers généraux du district !

— Ma vie n’était pas en danger, pour autant que nous le sachions. Vous m’avez libéré, pas sauvé la vie.

Yan éclata de rire.

— D’accord. Je vous dois toujours un sauvetage.

— C’est le moment de payer votre dette. Faites-nous sortir d’ici !

Yan flanqua une tape amicale dans le dos de Droma.

— Au cas où nous ne nous tirerions pas de ce mauvais pas, ça m’a fait plaisir de voyager avec vous.

— Moi aussi, dit Droma. Vous le pensez vraiment ?

— Je n’en suis plus si sûr, tout d’un coup…, grogna Yan.

Le Corellien entendit les répulseurs de l’engin prendre le relais. Il se leva.

— Nous atterrissons. Si cette écoutille s’ouvre avant que nous soyons gelés, nous fonçons, d’accord ?

Droma tendit la main à Yan, qui la serra.

Le Collecteur se posa. Il y eut des bruits, dehors, puis l’écoutille s’ouvrit. Les deux compagnons se préparèrent à l’attaque.

— Grâce au Grand Ingénieur, vous êtes vivants ! lança une voix mécanique.

— Baffle ? fit Yan, clignant des yeux pour s’habituer à la lumière.

Une échelle descendit dans l’orifice. Yan et Droma se hâtèrent de sortir. Le Collecteur s’était posé dans un hangar spacieux. Des bruits sourds, au-dessus de sa tête, indiquèrent à Yan qu’il était souterrain. Des dizaines de droïds les accueillirent, les saluant à leur façon.

— Ce sont les amis que vous avez mentionnés ? demanda Droma, s’ébrouant comme un chien mouillé.

— Comment nous avez-vous retrouvés ? demanda Yan.

— Nous avons tout surveillé les détecteurs de sécurité, les communications des équipes de recherche, les images en temps réel des satellites, et les systèmes de commande des vannes de l’écluse. Quand nous avons vu que vous étiez transportés vers la rivière, nous avons installé le filet et envoyé le Collecteur.

— Où sommes-nous ? demanda Droma.

— Sous le spatioport. (Baffle désigna un tunnel.) Ce chemin mène directement au hangar où votre cargo est amarré.

Yan regarda Droma et lui fit un clin d’œil.

— Merci, dit Baffle, parlant au nom de tous les droïds.

Yan hocha la tête.

— Si vous nous avez surveillés, Salliche Ag a sûrement fait de même ! Vous devriez tous partir d’ici en vitesse.

— Peu importe que nous soyons capturés, dit Baffle. Nous avons retiré les verrous de neutralisation télécommandés des droïds que vous avez libérés. Notre manifestation de protestation fera le reste.

— Quelle manifestation ? demanda Droma.

— Je vous expliquerai plus tard. (Yan se tourna vers Baffle.) J’ose à peine vous le demander, après tout ce que vous avez fait pour nous… Avez-vous trouvé des informations sur le Trevee ?

— Oui. Notre supposition était correcte : le vaisseau ne se dirigeait pas vers Abregado-rae. Il n’allait ni à Thyferra ni à Yag’Dhul, mais à Fondor, là où j’ai été activé.

Fondor était une planète industrielle célèbre pour ses immenses chantiers navals orbitaux. Pendant la Rébellion, ces usines avaient construit plusieurs superdestroyers.

Yan se tourna vers Droma.

— C’est là que nous retrouverons vos camarades.

— Ils ne sont plus à l’installation 17 ?

— Non. Nous sommes arrivés trop tard. Ils ont passé un marché avec l’équipage de Tholatin et sont à bord du Trevee.

Droma le regarda, angoissé.

— Si je puis me permettre, mes bons messieurs, intervint Baffle, je vous suggère d’utiliser le cap hyperspatial Gandeal-Fondor. Il vous économisera trois sauts. Peu de gens s’en servent. Il a été créé par l’Empire pour déplacer rapidement des vaisseaux entre Fondor et Coruscant. Nous pouvons vous fournir les coordonnées de saut.

Yan sourit de toutes ses dents.

— Tu es un sacré droïd, Baffle ! J’espère que ton message sera entendu.

— Je n’en doute pas, monsieur. L’HoloNet diffuse notre proclamation. Les droïds de toute la galaxie s’uniront pour défendre leurs droits.

— Ce sera grâce à toi.

— Je suis une partie d’un tout, rappela Baffle, modeste. Il est de mon devoir de défendre mes camarades.

— Et nous les nôtres, dit Yan, se tournant vers Droma.

 

Collé à la paroi par un adhésif organique, Wurth Skidder regarda Chine-kal approcher de lui. A quelques pas du commandant, une dizaine de soldats armés montaient la garde.

— Je suis étonné que vos pouvoirs ne vous permettent pas de vous libérer de la gelée blorash, dit le Yuuzhan Vong. Peut-être n’êtes-vous pas si puissant que ça…

Furieux, Skidder utilisa la Force pour créer un vide autour de la tête de Chine-kal.

Le Yuuzhan Vong haleta, portant les mains à sa gorge.

— Excellent ! dit-il dès que la bulle de Force se dissipa. Maintenant, montrez-moi autre chose !

Skidder lui lança un regard haineux, bientôt remplacé par un sourire méprisant.

— Vous n’avez pas envie de me jeter contre une cloison ? De m’obliger à dire des choses ? De me clouer sur place, comme je l’ai fait ?

Skidder ne répondit pas.

— Etes-vous capable de léviter ? (Skidder restant silencieux, Chine-kal soupira.) Votre répugnance à vous battre est décevante et incompréhensible ! Les Jedi sont une menace pour nous. Nous voulons vous exterminer. Pourtant, vous ne faites rien, à part donner des conseils ou des informations. Est-ce pour ça que vous vous considérez comme des gardiens, non des soldats ?

Chine-kal n’attendit pas la réponse.

— Peu importe. Comme notre yammosk a déjà un lien avec vous, je réfléchirai à une autre méthode pour briser votre volonté. Je vous garantis d’y arriver ! En attendant, je voudrais vous montrer quelque chose.

Le commandant avança vers la cloison membraneuse qui donnait sur l’extérieur du vaisseau. Sur son ordre, elle devint transparente. Une planète apparut sur le fond noir de l’espace, une lune de bonne taille orbitant autour. Sur l’hémisphère éclairé, on voyait une ville en forme de dôme.

— Vous la reconnaissez ? demanda Chine-kal. La planète s’appelle Kalarba, et sa lune, Hosk. La ville se nomme Station Hosk. C’est une « merveille technologique », pleine de droïds et d’autres abominations mécaniques. Pour nous, les Jedi ne valent pas mieux que les machines que les espèces de cette galaxie considèrent comme des êtres vivants. Les Jedi sont une profanation de la nature au même titre que Station Hosk. Je vais donc ordonner la destruction de la lune. Ça vous donnera une idée des horreurs qui vous attendent quand nous briserons votre esprit.

Chine-kal se tourna vers un sous-officier. Avant qu’il ait eu le temps de parler, la cloison redevint opaque, le vaisseau étant secoué par un impact assez fort pour envoyer tout le monde rouler sur le pont, excepté le Jedi collé à la paroi. Un subalterne se présenta pendant que Chine-kal et les gardes se remettaient sur pied.

— Commandant, on nous attaque !

Chine-kal blêmit.

— Comment est-ce possible ? Il n’y avait aucun vaisseau de guerre quand nous sommes entrés dans le système !

— Les agresseurs sont des chasseurs, commandant. Ils nous guettaient derrière la deuxième lune de Kalarba.

— Pourquoi nos vaisseaux d’escorte ne les repoussent-ils pas ?

— L’ennemi a déjà détruit huit coraux skippers. Cela lui a permis d’approcher.

— Où est le navire envoyé par le commandant suprême Nas Choka ?

— Il n’est pas arrivé.

Une autre explosion secoua le vaisseau. Le subalterne se précipita vers Chine-kal pour le retenir.

— Leurs pilotes visent les emplacements des basals dovin. Ils veulent nous affaiblir.

Chine-kal se tourna vers Skidder.

— Ils volent à votre rescousse. Mais comment ont-ils su que vous étiez à bord ? A moins, que ce ne soient des Jedi… Mais je doute qu’un Jedi ait la capacité de contacter ses associés à travers de telles distances… Pourtant, cette attaque n’est pas un hasard.

— Commandant, dit le sous-officier, la communication du villip de Nas Choka venait de Nal Hutta.

Chine-kal fronça les sourcils.

— Les Hutts ont révélé notre localisation. Préparez le vaisseau à la vitesse supraluminique. Nous retrouverons la flotte dans le système cible.

— Commandant, est-il raisonnable d’arriver avant notre flotte ?

Chine-kal foudroya le sous-officier du regard.

— Prendriez-vous le risque de laisser endommager le yammosk par des « sauveteurs » de Jedi ?

— Non, commandant.

— Dans ce cas, obéissez ! Autre chose assurez-vous que Randa et ses gardes du corps sont cantonnés dans leurs quartiers. Je m’occuperai d’eux quand nous aurons le soutien de la flotte.

 

Près de Hosk, Kyp Durron poussa à fond son aile X. Mais il avait compris qu’elle ne rattraperait pas le vaisseau en forme de grappe.

— Il est sur le point de sauter dans l’hyperespace, dit Ganner sur le réseau de communication.

— Mon droïd me l’a annoncé. (Il ouvrit la fréquence au reste des Douze.) Ecoutez tous réglez vos ordinateurs de navigation pour le repérage des signatures d’hyperpropulsion, et pour le calcul des caps correspondants. Deak, voyez s’il est possible de coller une balise hyperspatiale sur le vaisseau avant qu’il file.

— Je m’en occupe, Kyp.

Un instant plus tard, le bâtiment ennemi disparut. Kyp ne quitta pas des yeux son moniteur, où défilaient des séries de chiffres pendant que l’astromech calculait les destinations possibles. Bientôt, une liste de systèmes stellaires apparut. Surligné en bleu, le plus probable clignotait.

— Objectif à haute priorité ! annonça Kyp.

— Repéré également, répondirent Deak et quelques autres.

— Allez-y, les gars ! conclut Kyp.

— Fondor, firent cinq voix à l’unisson.

 

Dans l’espace hutt, à bord du vaisseau du commandant suprême, Nas Choka, Malik Carr et Nom Anor regardaient une image transmise par les villips de la flotte réunie pour la bataille.

— Commandant suprême, dit un subalterne, nous recevons un message du commandant du vaisseau censé récupérer le Jedi capturé. Des pilotes de coraux skippers rencontrés à Kalarba lui ont rapporté que le Berceau avait été attaqué par des chasseurs de la Nouvelle République. Le vaisseau du commandant Chine-kal a pris la fuite.

— Enfui ? Vers où ? demanda Nas Choka.

— Vers la cible, commandant suprême. Fondor.

Nas Choka se tourna vers Malik Carr.

— Quand nos éléments avancés y seront-ils ?

— Bientôt, répondit le commandant.

— Le yammosk ne sera pas correctement protégé d’ici leur arrivée. Qu’en est-il de la flotte de la Nouvelle République ?

— Postée autour de Commenor, Kuat et Bothawui.

— Les caps hyperspatiaux reliant Bothawui à Fondor sont-ils protégés ?

— Semés d’obstacles, commandant suprême.

— Apparemment, vous avez réussi à leur faire croire que nous nous en prendrions à Corellia.

Nom Anor inclina la tête.

— Dans ce cas, il importe peu que nous attaquions plus tôt que prévu. Informez tous les commandants que nous partirons pour Fondor dès que les derniers coraux skippers seront à bord.

 

Dans le compartiment des passagers du Trevee, Gaph dansait et chantait.

La vie est un voyage sans fin

Pour les Ryn plus que pour les autres

Nous errons, partis d’un monde inconnu

Allant d’étoile en étoile dans notre quête.

Nous haïssons les étoiles.

Responsables de notre malchance

Sentinelles de notre destin

Mais nous avançons joyeusement

Dans les chants et les danses

Abregado-rae nous attend

Un foyer provisoire

Jusqu’à ce que notre errance recommence.

Melisma et les autres Ryn dansaient avec lui ou faisaient de la musique. Certains se servaient de leurs becs perforés comme de flûtes, d’autres jouaient du tambour ou des cymbales, fabriqués avec tout ce qui leur tombait sous la main.

La mélancolie sous-jacente de la chanson joyeuse de Gaph échappait aux non-Ryn qui frappaient des mains en cadence et applaudissaient les pirouettes du danseur.

Gaph entamait le deuxième couplet quand le Trevee frémit.

— Nous revenons dans l’espace normal, annonça un réfugié quand la musique cessa.

Melisma, Gaph et d’autres Ryn se ruèrent vers les hublots. Ils avaient hâte d’apercevoir Abregado-rae. Mais, au lieu de la sphère vert clair qu’ils attendaient, ils virent un monde brunâtre caché par des nuages de pollution et entouré de centaines de plates-formes orbitales de construction.

— Ça n’est pas Abregado-rae, dit quelqu’un derrière Melisma.

— Où sommes-nous ? demanda-t-elle.

— Fondor ! répondit un humain.

Des murmures de surprise parcoururent les rangs. Puis les écoutilles d’accès du compartiment des passagers s’ouvrirent. Des gardes armés entrèrent. Inquiets, les réfugiés s’écartèrent des cloisons, formant un cercle au milieu du compartiment.

— Un petit changement de plan, les gars, annonça le chef des gardes, un humain que Melisma et les autres Ryn avaient surnommé le « grand type ». Nous sommes obligés de vous débarquer ici.

— Mais vous aviez promis de nous emmener à Abregado-rae !

Le type sourit.

— Disons que nous avons raté l’arrêt.

Un brouhaha accueillit cette déclaration. En un sens, Fondor était préférable à Abregado-rae, mais les fusils blaster et le ton de la voix du grand type ne présageaient rien de bon.

— Fondor a accepté de nous recevoir ?

— Ça n’est pas notre problème.

— A quel endroit allez-vous nous débarquer sur Fondor ?

Le grand type foudroya du regard le Bimm qui avait posé la question.

— Qui a parlé de Fondor ? (Il approcha d’un hublot et désigna une plate-forme de construction.) C’est là que vous descendez. Les installations sont inoccupées pour le moment, mais il y a de l’air et la pesanteur artificielle fonctionne.

— Et les provisions ? demanda un humain.

— Avez-vous prévu d’informer les autorités ? lança un autre.

Le grand type fit signe aux gens de se taire.

— Nous ne sommes pas des sauvages. Nous vous laisserons assez de nourriture déshydratée pour deux jours.

— Deux jours ? Il peut se passer des mois avant qu’on s’aperçoive de notre présence !

— J’en doute, répondit le type. Le secteur Tapani est sur le point d’être très fréquenté. On vous repérera rapidement.

— Ne pourriez-vous pas nous déposer sur Fondor ? supplia une humaine.

Le grand type secoua la tête.

— Impossible. Pas question d’être encore là quand le feu d’artifice commencera.

Les Agents du Chaos T2 - L'éclipse des jedi
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