CHAPITRE IX
— J’ai toujours su que tu aimais te la couler douce, dit Roa devant le balcon aérien de la résidence des Solo, dans un des secteurs les plus huppés de Coruscant.
— Ne t’y fie pas, dit Yan. L’appartement n’est pas si grand que ça.
Roa regarda autour de lui.
— Tu es à peine à trois cents mètres du sommet ! Une belle réussite ! Tu es mon seul élève à s’en être si bien sorti.
— C’est grâce à ma femme, avoua Yan, embarrassé. Son travail a des avantages…
— C’est toujours agréable de savoir où passent nos impôts…, le taquina Roa.
La porte identifia Yan et s’ouvrit. Derrière, les bras croisés et la tête inclinée, se tenait C3PO.
— Oh, maître Solo et un invité ! Je suis C3PO, un droïd de protocole. Bienvenue.
Découvrant le vaste hall au plafond à dôme, Roa siffla.
— Combien de temps avant que l’écho me revienne ?
— Laisse tomber, tu veux ? grogna Yan. D’ailleurs, nous avions un appartement plus modeste dans la tour Orowood. Mais depuis que les enfants ont commencé à prendre toute la place…
— Tu n’as pas besoin de te justifier à mes yeux. Pour ma part, je ne vivrais pas sur Coruscant pour tous les crédits de la galaxie, mais si tu dois habiter là, autant que ce soit dans le luxe !
Yan fronça les sourcils et se tourna vers C3PO.
— Où est Leia ?
— Dans votre chambre, monsieur. Je l’aidais à faire ses bagages, quand elle m’a envoyé dans le salon chercher ça…
C3PO brandit le foulard en soie iridescente que Yan avait acheté à Leia lors de leur dernier voyage à Bimmisaari.
— Ses bagages ? Où va-t-elle ?
— Je n’ai pas encore été informé de sa destination.
— Ça doit rendre le choix d’une garde-robe difficile, commenta Roa.
C3PO se tourna vers lui. S’il avait disposé des pièces nécessaires, il aurait probablement papillonné des yeux.
— Attends ici pendant que je m’occupe de ça, lança Yan à son ami.
— D’accord !
— Maître Solo, maîtresse Leia souhaite que je l’accompagne.
— Et alors ? fit Yan en se dirigeant vers l’escalier en colimaçon.
— Eh bien, vous connaissez ma position sur les voyages spatiaux. J’espérais que vous pourriez intercéder en ma faveur…
Yan éclata de rire.
— Je compatis de tout cœur, C3PO.
Le droïd inclina la tête, ravi de la compréhension de Yan. L’ironie de sa remarque lui échappa totalement.
— Merci, monsieur. La compassion ne me sauvera pas de mes responsabilités, mais constater que quelqu’un se soucie de mon sort est réconfortant. J’ai longtemps soutenu que vous étiez le plus humain de tous. En fait, comme je le soulignais la semaine dernière…
Le droïd suivit Yan jusque dans sa chambre, où il trouva Leia occupée à étaler des vêtements sur le lit. Pieds nus, elle portait un peignoir en soie iridescente delft. Ses cheveux étaient noués sur sa nuque, mais des mèches folles s’échappaient.
— Chaque fois que j’arrive, tu te prépares à partir ! Pourquoi prends-tu la peine de vider tes valises ?
Elle se figea.
— Où étais-tu ? J’ai essayé de te joindre toute la matinée.
Yan se frotta le nez.
— J’ai rendu visite au passé… J’avais éteint mon comlink. C3PO m’a dit que vous partiez…
Il laissa en suspens la question implicite. Leia s’assit et tortilla une mèche de cheveux entre ses doigts.
— Oui, nous allons à Ord Mantell. Le problème des réfugiés est devenu critique. Manque de nourriture, maladies galopantes, des familles éclatées… De plus, des rumeurs se répandent sur les véritables motifs de la Nouvelle République. Le Conseil m’a demandé de rencontrer des chefs d’Etat des Bordures Médiane et Intérieure pour débattre de solutions envisageables.
— Quel genre de rumeurs ?
— Beaucoup de gens pensent que la Nouvelle République, une fois débarrassée des Yuuzhan Vong, sera en mesure d’annexer des centaines de systèmes.
— Pas à ce rythme…
— Je sais, dit Leia, troublée.
Yan jeta un coup d’œil aux bagages.
— Tu n’en as pas assez des missions de sauvetage ?
— Le sauvetage commence à la maison, dit C3PO, sur un ton pédant. Euh… Plus précisément : « l’altruisme commence à la maison ». J’ai eu un raté. L’anxiété liée aux voyages spatiaux…
— C3PO ! grogna Yan en agitant un index réprobateur en direction du droïd.
Le langage corporel humain étant inclus dans sa base de données, C3PO se tut aussitôt. Leia regarda le droïd, puis Yan.
— Les « missions de sauvetage » sont mon travail. Je m’efforce de secourir les gens.
— Ça ne pouvait pas mieux tomber, dit Yan, nonchalant. Parce que je vais partir quelque temps, moi aussi.
— Où ?
— Je n’en suis pas sûr.
Leia leva les sourcils.
— Comment ça ?
— C’est la vérité, affirma Yan, regardant vers le salon, où Roa examinait une statue de cristal achetée sur Vortex.
Elle suivit son regard.
— Qui est-ce ?
— Un vieil ami.
— Il a un nom ?
— Roa.
— C’est un début. J’ignore où tu vas, mais au moins je sais avec qui ! Tu pars à bord du Faucon ?
— Non. Si tu veux aller te balader à son bord, il est à toi.
Leia le dévisagea.
— Yan, que signifie tout ça ?
— Nous allons rendre visite à un ami commun.
— Et tu veux partir tout de suite ?
— Maintenant ou jamais, Leia. C’est aussi simple que ça.
Il prit un sac de voyage dans le placard et y entassa des vêtements.
Leia le regarda.
— Peux-tu au moins attendre qu’Anakin rentre à la maison ? Tu l’évites depuis une semaine.
Yan ne se retourna pas.
— Tu lui diras au revoir de ma part.
Leia vint se planter devant lui.
— Vous avez beaucoup à vous dire, tous les deux ! Il est troublé, Yan. Tu affirmes qu’il ne doit pas se sentir responsable du drame de Sernpidal, mais ton silence et ta colère démentent tes propos. Tu dois le soutenir !
Yan lui jeta un regard presque méchant.
— Pourquoi aurait-il besoin de moi ? Il a la Force. Que racontait Luke, déjà ? Les gosses étant des Jedi, je serais vite dépassé ? Eh bien, il ne se trompait pas ! Ils ont grandi au-delà de ma compréhension.
— Ce n’est pas ce que Luke voulait dire. Yan, écoute-moi ! Le désir d’Anakin de venger Chewie est autant dû au besoin de te satisfaire qu’à celui de s’absoudre lui-même. Ta compréhension et ton soutien lui manquent. Il lui faut ton amour, Yan. Même la Force ne les lui apportera pas.
Yan soupira.
— Si ton objectif était de m’accabler, Leia, tu as remporté le grand prix !
— Ce n’était pas mon but ! Je voulais seulement… (Découragée, elle n’acheva pas sa phrase.) Laisse tomber, Yan. Tu sais quoi ? Prendre tes distances te fera du bien.
Sans répondre, il fouilla dans un tiroir de la commode murale et en sortit son BlasTech DL-44, vieux de trente ans et le fourra dans son holster.
Leia le regarda, inquiète.
— Yan, dis-moi que tu l’utiliseras seulement pour un concours de tir…
A première vue, l’attaché-case de l’humain au teint pâle était une valise ordinaire. La crispation des doigts de l’homme sur la poignée aurait pu inciter les voleurs à la tire du terminal Bagsho de Nim Drovis à penser que son contenu était plus intéressant qu’il n’y paraissait. Mais un détrousseur de spatioport y aurait réfléchi à deux fois avant de s’attaquer au type : il marchait d’un pas trop assuré et sa veste large ne cachait pas entièrement ses épaules musclées.
L’homme passa sans encombre les guichets de l’immigration et prit place dans la file d’attente du glisseur qui l’amènerait au centre médical du secteur.
Depuis l’époque où Ism Oolos dirigeait le complexe, Nim Drovis avait changé. Histoire de compenser les problèmes générés par la peste pendant le règne de Seti Ashgad, sur la planète Nam Chorios, la Nouvelle République avait financé une station météorologique visant à réguler les précipitations. Les Chevaliers Jedi avaient négocié un accord entre les Droviens et les tribus Gopso’o. Les moisissures et les champignons qui s’étaient développés avec tant d’enthousiasme étaient sous contrôle. Même les canaux de la vieille ville n’étaient plus des marais fétides. L’élevage des limaces était devenu une affaire prospère.
Arrivé au centre médical rénové, l’homme à l’attaché-case regarda avec satisfaction les gardes droviens arpenter les lieux, fusils blaster serrés dans leurs tentacules ou leurs pinces. Après un scan de routine à l’entrée, il eut accès à une aire de réception gérée par des Droviens et des humains – sans doute des descendants des colons aldéraaniens d’origine.
L’homme approcha de la réceptionniste drovienne.
— J’ai rendez-vous avec le docteur Saychel.
— Votre nom ?
— Cof Yoly.
Elle lui fit signe de s’asseoir. Quelques instants plus tard, elle le rappela et lui désigna un bureau. Une voix s’adressa à lui via un intercom.
— Je suis le docteur Saychel. Vous m’avez demandé ?
— Oui. Je crois avoir contracté une trichinite sur Ampliquen.
— Pourquoi ne l’avez-vous pas fait soigner sur place ?
— Le centre médical a refusé de valider mon assurance-santé.
— Prenez la porte à gauche, dit Saychel, et suivez les panneaux indicateurs jusqu’au laboratoire.
Obéissant, l’homme longea les salles d’examen et d’opération, puis sortit du bâtiment de bois. De là, il entra dans un autre bâtiment et parcourut un labyrinthe de couloirs mal éclairés pour aboutir à la salle d’isolation. Douze ans auparavant, les victimes de la peste y avaient été en quarantaine. Saychel, le chef de poste de Nim Drovis, portait une combinaison anticontamination partiellement fermée et des lunettes à macrolentilles.
— Bienvenue à Bagsho, major Showolter, dit-il, amical. Je ne pensais pas que quelqu’un de votre rang ferait tout ce chemin.
— En réalité, j’ai gagné à pile ou face, dit Showolter.
— Je crois comprendre l’intérêt de chacun…
Showolter et Saychel se connaissaient depuis Coruscant, où ils avaient travaillé ensemble aux Renseignements. Ils avaient parfois frayé avec des gens comme Luke Skywalker, Yan Solo et Lando Calrissian. Les épais cheveux blonds de Saychel avaient blanchi et il avait de la couperose.
— Je suis certain que c’est vous, dit Saychel. Mais je préfère avoir une confirmation.
Showolter hocha la tête et écarta les bras. Saychel sortit un scanner d’une poche de sa combinaison anticontamination.
— C’est pour ça que nous vous payons, professeur.
Le scanner détecta rapidement l’implant que Showolter portait dans le biceps droit, et vérifia son identité.
— Où sont nos deux prisonnières ? demanda Showolter.
Saychel lui fit passer une porte à fermeture par impression rétinienne et le guida jusqu’à une grande verrière en transpacier, à l’arrière du laboratoire. Vêtues de peignoirs d’hôpital, les deux transfuges occupaient des couchettes séparées et conversaient dans une langue inconnue de Showolter. La salle contenait une table, des chaises et une unité de rafraîchissement portable.
Les yeux bruns de Showolter s’arrêtèrent sur la femelle yuuzhan vong.
— Je n’aurais pas cru l’ennemi aussi attirant…
— C’est vrai…, dit Saychel. Voilà un spécimen d’une grande beauté.
— Et l’autre ? Un animal familier ou un partenaire ?
— Un peu des deux, je dirais. Elles sont inséparables.
— Elles ?
— Ce sont deux femelles. La compagne de la Yuuzhan Vong appartient peut-être à une espèce indigène de sa galaxie d’origine. A moins qu’elle soit née en cuve, à la suite de manipulations génétiques.
— Des problèmes lors du transfert ?
— Aucun. Ne me demandez pas où on les a trouvées. L’équipage du Prompte Vérité les avait enfermées dans le puits d’une cage d’énergie. Les tests initiaux exécutés, nous les avons transférées ici.
— J’ai lu les rapports. Des surprises ?
— Rien de majeur.
— Et les nacelles de sauvetage ?
— Similaires à celle des chasseurs des Yuuzhan Vong, mais sans armes. En corail noir, elles étaient propulsées par un basal dovin, qui, hélas, est mort à l’arrivée.
Saychel désigna un comptoir, où une masse rayée de bleu, en forme de cœur d’un mètre de large, flottait dans une cuve de produit de conservation.
— Plus intéressant que les moteurs standards à répulsion…
— Tout à fait, fit Saychel, morose.
Le regard de Showolter se porta sur une deuxième cuve, plus petite, qui contenait une cosse brunâtre de la taille d’une tête humaine couronnée par des plis de peau.
— C’est quoi, ce truc ?
— Il correspond à la description d’un villip : un communicateur organique.
— C’est vivant ?
— Oui.
— A-t-il dit quelque chose ?
— Non. Mais je n’ai pas pensé à le questionner…
Showolter fronça les sourcils, se frottant inconsciemment le biceps droit. Puis il regarda les prisonnières.
— Les a-t-on nourries ?
— Oui. La petite apprécie notre type d’alimentation.
— C’est peut-être ainsi que nous gagnerons la guerre : grâce à notre gastronomie !
— J’ai entendu des suggestions plus dingues.
— Avez-vous pu leur parler ?
— La yuuzhan vong, Elan, pratique le basique. Elle prétend l’avoir appris au cours de sa formation.
— Quel type de formation ?
Saychel sourit.
— Vous aurez peine à y croire. C’est une prêtresse.
Showolter plissa le front.
— Vous plaisantez ? (Il regarda Elan) Pensez-vous qu’elle soit célibataire ?
— Je n’ai pas pensé à m’en enquérir, répondit Saychel. Mais Elan paraît sincère quand elle demande l’asile politique. J’ai effectué une analyse de stress de sa voix, et les résultats corroborent mon sentiment.
— Veulent-elles autre chose ?
— Rencontrer les Jedi. Elan affirme détenir des informations au sujet d’une maladie véhiculée par des spores que les Yuuzhan Vong répandent en prélimaire à leur invasion.
Showolter se gratta la tête.
— L’animal familier aime notre nourriture. La prêtresse parle le basique, sait qui sont les Jedi et demande l’asile politique. (Il soupira.) Le directeur Scaur désire les transférer à Wayland pour un débriefing préliminaire. Discrètement, cela va sans dire ! Sur place, nos agents noghris sont informés.
— Vous vous occuperez du voyage ?
Showolter opina du chef.
— C’est un piège, de toute évidence, conclut Saychel.
— Bien entendu. Mais c’est aussi notre seule chance d’interroger un Yuuzhan Vong. Pas question de rater l’occasion ! Quitte à organiser une rencontre avec les Jedi…
— Bienvenue à bord, dit Roa quand Yan et lui arrivèrent au sommet de la rampe d’embarquement moquettée du SoroSuub 3000.
Cette fois, ce fut au tour de Yan de siffler. Même les modèles standards de l’élégant vaisseau étaient considérés comme des yachts de luxe, mais le Joyeux Poignard en rajoutait. Les cloisons et les passerelles étaient lambrissées. Dans chaque niche et recoin brillait un objet d’art ou un hologramme coûteux. Les couchettes d’accélération étaient habillées de peau de crosh et de soie iridescente.
— C’est de fabrication fijisi ? demanda Yan, incrédule, en découvrant le sol en marqueterie.
— Non, uwa. Je l’ai récupéré sur l’épave d’un vaisseau de plaisance aldéraanien, après le passage des pirates…
Yan se promena dans les coursives, admirant la finition.
— Lando Calrissian avait un navire de ce type, mais il était loin d’être aussi luxueux que le tien !
— A moins que Lando ait beaucoup changé, ses dispositifs espions et son armement coûtent probablement plus cher que l’équipement de mon vaisseau.
— Possible… (Yan sourit à Roa, ravi de lui rendre la monnaie de sa pièce après ses taquineries sur l’appartement.) Alors, qu’en fais-tu ? Tu loues des cabines à des orchestres de jizz en vadrouille ?
Roa éclata de rire.
— Je ne te cache pas que mes agents financiers, sur Bonadan, m’ont enrichi. Mais ce vaisseau est tout ce que j’ai.
Il faisait signe à Yan de le suivre dans la soute principale quand un droïd de protocole argenté les intercepta.
— Pardonnez-moi, maître Roa : un inconnu approche.
— Yan, voilà Vide, présenta Roa. Sur Rhommamool, il a échappé à des maniaques anti-droïds, mais ça l’a traumatisé au point qu’il a dû subir un effacement de mémoire. Je l’ai eu pour trois fois rien. En revanche, le remettre en état de marche m’a coûté cinq cents crédits de Coruscant…
Roa demanda à Vide de lui montrer l’inconnu. Un garçon mince aux cheveux bruns et aux yeux bleus, vêtu d’une tunique blanc cassé et d’un pantalon marron, apparut sur l’écran de sécurité.
— Tu sais qui c’est ? demanda Roa.
— Ouais, fit Yan. Mon fils cadet.
Anakin était au pied de la rampe quand Yan descendit du vaisseau. L’adolescent semblait agité.
— Salut, papa, dit-il.
Les poings sur les hanches, Yan se planta devant lui.
— Comment m’as-tu retrouvé ?
Anakin recula d’un pas.
— Maman m’a dit que tu partais avec Roa, et que tu ne prendrais pas le Faucon. Localiser le bon hangar n’a pas été difficile !
— J’espère qu’elle ne t’a pas envoyé pour me tirer les vers du nez ! De toute façon, j’ignore où j’irai !
— Je suis venu de mon propre chef.
— Oh…
— J’ai quelque chose pour toi. (Anakin tira un étui en cuir de sa ceinture.) C’est un cadeau pour te souhaiter un bon voyage.
Le cylindre en aluminium que Yan sortit de l’étui était très léger.
— Je donne ma langue au chat… C’est quoi ?
— Une trousse de survie, dit Anakin.
Il montra à son père comment accéder à différents outils, des canifs, des tournevis, un luma, et même un fuseur miniature et un respirateur.
Yan hésita.
— C’est chouette, mais je ne pars pas en randonnée !
— Chewie l’avait fabriquée pour moi.
Le visage de Yan se ferma.
— Raison de plus pour que je ne l’emporte pas.
Anakin le lui posa dans la main.
— Je veux que tu la prennes, dit-il nerveusement.
Yan faillit protester, mais il se ravisa. La trousse était une offre de paix. La refuser creuserait le fossé qui les séparait depuis Sernpidal.
— D’abord, l’arbalète-laser de Chewie, son sac à dos, et maintenant une trousse de survie ! Déjà que j’ignore comment remercier les gens pour mes cadeaux d’anniversaire… (Il retourna la trousse entre ses mains.) Qui sait, elle me sera peut-être utile…
— Je l’espère, marmonna Anakin.
Yan leva un sourcil.
— Pourquoi ai-je tout à coup l’impression d’entendre une des remarques énigmatiques de ton oncle ?
— Je voulais seulement dire que Chewie aurait été content que tu utilises un objet de sa fabrication.
— Tu as probablement raison, dit Yan, détournant le regard. Merci, fiston.
Anakin allait répondre quand Roa cria :
— Parés au décollage !
Yan se tourna vers Anakin.
— Il est temps d’y aller.
— D’accord, papa. Sois prudent.
Après une brève accolade, Yan remonta à bord du Poignard. En haut de la rampe, il lança :
— Tout ira bien, Anakin !
Son fils refoula ses larmes.
Quoi donc ? La guerre ? Mes sentiments sur la mort de Chewie ? Ton départ pour l’inconnu ?