63.
Il n’y avait pas de paparazzi sur le plateau.
Intérieur jour. La salle de bains d’Ellie.
Très belle lumière dans toute la pièce. Ellie se prélasse dans une baignoire en zinc. L’eau est couverte d’une épaisse couche de mousse qu’elle écarte de temps à autre pour contempler son ventre. North entre, visiblement préoccupé.
Coupe. Ellie regarde son mari d’un air honteux. North s’agenouille près de la baignoire. C’est un homme particulièrement sensible, et il comprend ce que ressent sa femme.
North : Pourquoi ne cesses-tu de m’éviter, Ellie ? Depuis que nous avons notre enfant, tu ne me laisses plus t’approcher. Ce n’est pas ce que nous voulions.
Ellie : Parce qu’en ce moment, je ne suis pas belle. Voilà pourquoi. (Elle fond en larmes.) Je ne serai plus jamais belle.
Ce bébé a déformé mon corps ; je suis devenue vieille.
North : Dix-neuf ans, ce n’est pas vieux, et tu es aussi belle qu’avant. (Il commence à écarter la mousse.) Tu es Ellie, et cela, ça ne changera jamais.
Ellie : Non, je t’en prie… North, non.
North : Chut. (Il balaie la mousse, on distingue la poitrine d’Ellie.) Tu vois, tu es très belle. Si belle que je vais avoir du mal à me retenir.
Ellie : Je suis boursouflée comme un cochon de lait. Je me sens mal et je me sens vieille, même si ce n’est qu’une impression.
North. (Il prend un gant de toilette et caresse délicatement le corps d’Ellie ; sa main s’enfonce dans la mousse et glisse entre ses seins.) Je ne sens rien de vieux là… ni là… et encore moins là.
Coupe. Visiblement émoustillée, Ellie sourit. Un sourire magnifique. Elle est aussi belle que l’affirme North.
North : (Continuant à la caresser.) Ma petite Ellie, ma beauté.
Ellie : (Haletante.) Suis-je encore ta petite Ellie ?
North : Bien sûr et tu le seras toujours. Je te l’ai dit et cela ne changera pas. Même lorsque tu seras effectivement vieille.
Gros plan. Ellie et North s’embrassent, avec de plus en plus de fougue. La vapeur envahit soudain la pièce.
La caméra plonge vers l’eau du bain qui frémit à mesure que s’agite la main de North, que l’on ne voit toujours pas.
— Coupez ! ordonna Michael Lenox Caputo, fracassant le silence qui régnait sur le plateau. Merveilleuse prise. Mettez-moi ça en boîte. Maintenant, il faut que j’aille me masturber !
Mais ni Will, ni Suzanne ne s’arrêtèrent et les techniciens laissèrent tourner les caméras. Bientôt, ils seraient en possession d’images qui feraient le bonheur d’une certaine télévision.
Will et Suzanne semblaient indifférents à ce qui se passait autour d’eux. Elle était sortie de son bain et, toujours parfaitement nue sans que cela parût la gêner, tirait sur la ceinture de Will en riant. Il la souleva, plaqua sa bouche sur la sienne dans un baiser que les spectateurs de Primrose ne verraient jamais, l’emporta jusqu’à sa caravane et referma la porte du pied.
Le loup-garou de Perth.