[1459] Les premiers ministres établis dans l’Église furent les diacres, créés d’abord à Jérusalem au nombre de sept (Act. des ap., c. 6, v. 1-7) ils étaient chargés de la distribution des aumônes ; des femmes même eurent part à cet emploi. Après les diacres vinrent les anciens ou prêtres (πρεσβυτεροι), chargés de maintenir dans la communauté l’ordre la décence, et d’agir partout en son nom. Les évêques furent ensuite chargés de veiller sur la foi et sur l’instruction des fidèles : les apôtres eux-mêmes instituèrent plusieurs évêques. Tertullien (advers. Marc., c. 5), Clément d’Alexandrie, et plusieurs pères des deuxième et troisième siècles, ne permettent pas d’en douter. L’égalité de rang gui régna entre ces divers fonctionnaires n’empêchait pas que leurs fonctions ne fussent distinctes, même dans l’origine ; elles le devinrent bien plus dans la suite. Voyez Planck, Histoire de la constitution de l’Église chrétienne, tome I, p. 24 (Note de l’Éditeur).
[1460] Hooker, Ecclesiastical Policy, VII.
[1461] Voyez saint Jérôme, ad Titum, c. 1, et epist. 85 (dans l’édition des Bénédictins, 101) ; et l’apologie travaillée de Blondel, pro sententiis Hieronymi. L’ancien état de l’évêque et des prêtres d’Alexandrie, tel que l’a écrit saint Jérôme, se trouve confirmé d’une manière remarquable par le patriarche Eutychius (Annal., tome I, p. 330, vers. Pocock), dont je ne saurais rejeter le témoignage, en dépit de toutes les objections du savant Pearson, dans ses Vindiciœ Ignatianœ, part. I, c. 11.
[1462] Voyez l’introduction de l’Apocalypse. Les évêques, sous le nom d’anges étaient déjà établis dans sept villes de l’Asie. Et cependant l’Epître de saint Clément (probablement d’aussi ancienne date) ne nous fait découvrir aucune trace d’épiscopat, soit à Corinthe, soit à Rome.
[1463] Nulla ecclesia, sine episcopo, a été un fait aussi bien qu’une maxime, depuis le temps de Tertullien et de saint Irénée.
[1464] Après avoir passé les difficultés du premier siècle, nous trouvons le gouvernement épiscopal universellement établi, jusqu’à ce qu’il ait été renverse par le genre républicain des réformateurs suisses et allemands.
[1465] Voyez Mosheim, premier et second siècles. Saint Ignace (ad Smyrnœos, c. 3, etc.) aime à relever la dignité épiscopale. Le Clerc (Hist. ecclésiastique, p. 569) censure rudement sa conduite. Mosheim, guidé par une critique plus saine (p. 161), soupçonne que même les petites épîtres ont été corrompues.
[1466] Nonne et laici sacerdotes sumus ? Tertullien, Exhortat. ad castitat., c. 7. Comme le cœur humain est toujours le même, plusieurs des observations que M. Hume a faites sur l’enthousiasme (Essais, vol. I, p. 76, in-4°) peuvent s’appliquer même aux inspirations réelles.
[1467] Les synodes ne furent pas le premier moyen que prirent les Églises isolées pour se rapprocher et faire corps. Les diocèses se formèrent d’abord de la réunion de plusieurs petites Églises de campagne avec une Église de ville : plusieurs Églises de ville venant à se réunir entre elles ou avec une Église plus considérable, donnèrent naissance aux métropoles. Les diocèses ne durent se former que vers le commencement du deuxième siècle : avant cette époque les chrétiens n’avaient pas établi assez d’Églises de campagne pour avoir besoin de cette réunion. C’est vers le milieu de ce même siècle que l’on découvre les premières traces de la constitution métropolitaine.
Les synodes provinciaux ne commencèrent que vers le milieu du troisième siècle, et ne furent pas les premiers synodes. L’histoire nous donne des notions positives sur les synodes tenus vers la fin du deuxième siècle à Ephèse, à Jérusalem, dans le Pont et à Rome, pour terminer les différends qui s’étaient élevés entre les Églises latines et les Églises d’Asie sur l’époque de la célébration de la pâque. Mais ces synodes n’étaient assujettis à aucune forme régulière, à aucun retour périodique : cette régularité ne s’établit qu’avec les synodes provinciaux, qui se formaient de la réunion des évêques d’un district soumis à un métropolitain. Planck, Hist. de la Const. de l’Église chrét., t. I, p. 90 (Note de l’Éditeur).
[1468] Acta concil. Carthag., apud Cyprian., édit. Fell., p. 158. Ce concile fut composé de quatre-vingt sept évêques des provinces de Mauritanie, de Numidie et d’Afrique ; quelques prêtres et quelques diacres assistèrent à l’assemblée ; prœsente plebis maximâ parte.
[1469] Aguntur prœtereà per Grœcias illas, certis in locis, concilia, etc. Tertullien, de Jejutniis, c. 13. L’écrivain africain en parle comme d’une institution. récente et étrangère. La manière dont les Églises chrétiennes se sont unies, est fort habilement expliquée par Mosheim, p. 164-170.
[1470] Saint Cyprien, dans son fameux traité de Unitate Ecclesiœ, p. 75-86.
[1471] Nous pouvons en appeler à toute la conduite de saint Cyprien, à sa doctrine, à ses épîtres. Le Clerc, dans une vie abrégée de ce prélat (Bibliothèque universelle, t. XII, p. 207-378), le montre à découvert avec beaucoup de liberté et d’exactitude.
[1472] Si Novatus, Felicissimus etc., que l’évêque de Carthage chassa de son Église, n’étaient point les plus détestables des scélérats, il faut que le zèle de saint Cyprien l’ait emporté quelquefois sur sa véracité. On voit une relation très exacte de ces querelles obscures dans Mosheim, p. 497-512.
[1473] Mosheim, p. 269, 594 ; Dupin, Antiquœ Eccles. discipl., p. 19-20.
[1474] Tertullien, dans un traité particulier, a fait valoir contre les hérétiques le droit de prescription, qui était soutenu par les Églises apostoliques.
[1475] La plupart des anciens auteurs rapportent que saint Pierre vint à Rome (voyez Eusèbe, II, c. 25) ; tous les catholiques le prétendent, et quelques protestants en conviennent (voyez Pearson et Dodwell , de Success. episop. roman.) ; mais ce voyage a été fortement attaqué par Spanheim (Miscellanea. sacra, III, 3). Selon le P. Hardouin, les moines du treizième siècle, qui composèrent l’Énéide, représentèrent saint Pierre sous le caractère allégorique du héros troyen.
[1476] C’est en français seulement que la fameuse allusion au nom de saint Pierre est exacte : Tu es Pierre, et sur cette pierre… Cette allusion n’est pas tout à fait juste en grec, en latin, en italien, etc., et elle est absolument inintelligible dans les langues dérivées de l’allemand.
Cette allusion est exacte en syro-chaldéen, et c’est dans cette langue que Jésus-Christ l’a faite (Évangile selon saint Matthieu, c. 16, v. 17). Pierre s’appelait Céphas, et le mot cepha signifie base, fondement, rocher (Note de l’Éditeur).
[1477] Saint Irénée, advers. Hœres, III, 3 ; Tertullien, de Prescript., c. 36 ; et saint Cyprien, Epistol., 27, 55, 71, 75. Le Clerc (Hist. ecclésiast., p. 764) et Mosheim (p. 258, 518) travaillent à expliquer ces passages ; mais le style vague et déclamatoire des pères paraît souvent favorable aux prétentions de Rome.
[1478] Voyez l’Épître véhémente de Eirmilien, évêque de Césarée, à Étienne, évêque de Rome. Apud Cyprian, Epist., l. 75.
[1479] Il s’agissait de savoir si l’on devait rebaptiser les hérétiques. Concernant cette dispute, voyez les Épîtres de saint Cyprien, et le septième livre d’Eusèbe.
[1480] Pour l’origine de ces mots, voyez Mosheim, p. 141 ; Spanheim, Hist. ecclésiastique, p. 633. La distinction de clerus et laicus était établie avant le temps de Tertullien.
[1481] La communauté instituée par Platon est plus parfaite que celle que sir Thomas Morus a imaginée pour son Utopie. La communauté des femmes et celle des biens temporels peuvent être regardées comme des parties inséparables du même système.
[1482] Josèphe, Antiquités, XVIII, 2 ; Philon, de Vitâ contemplativâ.
[1483] Voyez les Actes des apôtres, c. 2, 4, 5, avec le Commentaire de Grotius. Mosheim, dans une dissertation particulière, attaque l’opinion commune par des arguments très peu concluants.
[1484] Saint Justin martyr, Apolog. major, c. 89 ; Tertullien, Apologet., c. 39.
[1485] Saint Irénée, advers. Hœres., IV, c. 27, 34 ; Origène, in Num. hom., II ; saint Cyprien, de Unitat. Eccles. constit. apostol., II, c. 34-35, avec les notes de Cotelier. Les constitutions ecclésiastiques établissent ce précepte comme de droit divin, en déclarant que les prêtres sont autant au-dessus des rois que l’âme est au-dessus du corps. Parmi les objets sur lesquels on levait la dixme, elles comptent le blé, le vin, l’huile et la laine. Voyez sur ce sujet intéressant, Prideaux, Histoire de Dixmes, et Fra Paolo, delle Materie benefciare : deux écrivains d’un caractère très différent.
[1486] La même opinion qui prévalut vers l’année 1000, produisit des effets semblables. Dans la plupart des donations, le motif est exprimé : appropinquante mundi fine. Voyez Mosheim, Histoire générale de l’Église, volume I, page 457.
[1487] Tum summa cura est fratribus
(Ut sermo testatur loquax)
Offerre, fundis venditis,
Sestertiorum millia.
Addicta avorum prædia
Fœdis sub auctionibus,
Successor exhœres gemit
Sanctis egens parentibus.
Hœc occuluntur abditis
Ecclesiarum in angulis :
Et summa pietas creditur
Nudare dulces liberos.
Prudence, περι Στεφανων, Hymn. 2.
La conduite subséquente du diacre Laurent prouve seulement l’usage convenable que l’on faisait des richesses de l’Église romaine. Elles étaient sans doute très considérables : mais Fra Paolo (c. 1) paraît exagérer, lorsqu’il suppose que de fut l’avarice des successeurs de Commode, ou celle de leurs préfets du prétoire, qui porta ces princes à persécuter les chrétiens.
[1488] Saint Cyprien, Epistol., 62.
[1489] Tertullien, de Prœscriptione, c. 30.
[1490] Dioclétien donna un rescrit qui n’est qu’une déclaration de l’ancienne loi : Collegium, si nullo speciali privilegio subnixum sit, hæreditatem capere non posse, dubium non est. Fra Paolo (c. 4) pense que ces règlements avaient été très négligés depuis le règne de Valérien.
[1491] Histoire Auguste, p. 131. Le terrain avait été public, il était alors disputé entre la société des chrétiens et celle des bouchers.
[1492] Constitut. apostol., II, 35.
[1493] Saint Cyprien, de Lapsis, p. 99 ; Epistol., 65. L’accusation est confirmée par le dix-neuvième et par le vingtième canon du concile d’Elvire.
[1494] Voyez les Apologies de saint Justin, de Tertullien, etc.
[1495] Denys de Corinthe (ap. Eusèbe, IV, 23) célèbre avec reconnaissance les richesses des Romains et leur générosité envers leurs frères les plus éloignés.
[1496] Voyez Lucien, in Peregrin. Julien (lettre 49) semble mortifié de ce que la charité des fidèles maintient non seulement les pauvres de leur religion, mais encore ceux des païens.
[1497] Telle a été du moins, dans de pareilles circonstances, la louable conduite des missionnaires modernes. On expose tous les ans dans les rues de Pékin plus de trois mille enfants nouveau-nés. Voyez Lecomte, Mémoires sur la Chine et les Recherches sur les Chinois et les Égyptiens, I, p. 61.
[1498] Les montanistes et les novatiens, qui tenaient à cette opinion avec la plus grande rigueur et la plus ferme opiniâtreté, se trouvèrent enfin eux-mêmes au nombre des hérétiques excommuniés. Voyez le savant Mosheim, qui a traité ce sujet avec beaucoup d’étendue, second et troisième siècle.
[1499] Denys, apud Eusèbe, IV, 23 ; saint Cyprien, de Lapsis.
[1500] Cave, Christianisme primitif, part. III, c. 5. Les admirateurs de l’antiquité regrettent la perte de cette pénitence publique.
[1501] Voyez dans Dupin (Biblioth. ecclés., t. II, p. 304-313) une exposition, courte, mais raisonnée, des canons de ces conciles, qui furent tenus dans les premiers moments de tranquillité après la persécution de Dioclétien. Cette persécution avait été bien moins sévère en Espagne qu’en Galatie ; différence qui peut, en quelque sorte, expliquer le contraste des règlements établis dans ces provinces.
[1502] Saint Cyprien, Epist. 69.
[1503] Cette supposition paraît peu fondée ; la naissance et les talents de saint Cyprien doivent faire présumer le contraire : Thascius Cocilius Cyprianus, Carthaginensis, artis oratoriœ professione clarus, magnam sibi gloriam, opes, honores, acquisivit, epularibus œnis et largis dapibus assuetus, pretiosâ veste conspicuus, auro atque purpurâ fulgens, fascibus oblectatus et honoribus, stipatus clientium cuneis, frequentiore comitatu officii agminis honestatus, ut ipse de se loquitur in epistolâ ad Donatum. Voyez Dr Cave, Hist. litterar., tome I, p. 87 (Note de l’Éditeur).
[1504] Les artifices, les mœurs et les vices des prêtres de la déesse syrienne, sont très agréablement dépeints par Apulée, dans le huitième livre de ses Métamorphoses.
[1505] L’office d’asiarque était de cette espèce. Il en est fait souvent mention dans Aristide, dans les inscriptions, etc. Cette dignité était annuelle et élective. Il n’y avait que le plus vieux des citoyens qui pût désirer cet honneur : le plus opulent pouvait seul en supporter la dépense. Voyez, dans les Patres apostol. (tome 2, p. 200), avec quelle indifférence Philippe l’asiarque se conduisit dans le martyre de saint Polycarpe. Il y avait aussi des bithyniarques, des lyciarques, etc.
[1506] Cette insensibilité ne fut pas si grande que Gibbon paraît le croire. Un grand nombre de Juifs se convertirent ; huit mille furent baptisés en deux jours (Actes des Apôtres, c. 2, v. 37-40 ; c. 41, v. 4). Ils formèrent la première Église chrétienne (Note de l’Editeur).
[1507] Les pères prétendaient presque unanimement, mais les critiques modernes ne sont pas disposés à croire que saint Matthieu composa un Évangile hébreu, dont il ne reste que la traduction grecque. Il paraît cependant dangereux de rejeter le témoignage des pères.
De fortes raisons paraissent confirmer ce témoignage. Papias, contemporain de l’apôtre saint Jean, dit positivement que Matthieu avait écrit les discours de Jésus-Christ en hébreu, et que chacun les interprétait comme il le pouvait. Cet hébreu était le dialecte syro-chaldaïque alors en usage à Jérusalem. Origène, saint Irénée, Eusèbe, saint Jérôme, saint Épiphane confirment ce récit : Jésus-Christ prêchait lui-même en syro-chaldaïque ; c’est ce que prouvent plusieurs mots dont il s’était servi, et que les évangélistes ont pris soin de traduire. Saint Paul, haranguant les Juifs, se servit de la même langue (Act. des apô., c. 20, v. 2 ; c. 17, v. 4 ; c. 26, v.14). Les opinions de quelques critiques prouvent peu contre des témoignages incontestables. D’ailleurs, leur principale objection est que salut Matthieu cite le vieux testament d’après la version grecque des Septante, ce qui est inexact ; car des dix citations que l’on trouve dans son Évangile, sept sont visiblement prises dans le texte hébreu, et les trois autres n’offrent rien qui en diffère ; d’ailleurs ces dernières ne sont pas des citations littérales. Saint Jérôme dit positivement, d’après une copie de cet Évangile, qu’il avait vue dans la bibliothèque de Césarée, que les citations étaient faites en hébreu (In Catal.). Des critiques plus modernes, entre autres Michaelis, ne font aucun doute sur cette question. La version grecque qui paraît avoir été faite du temps des apôtres, comme l’affirment saint Jérôme et saint Augustin, peut-être même par l’un d’eux (Note de l’Éditeur).
[1508] Sous les règnes de Néron et de Domitien, et dans les villes d’Alexandrie, d’Antioche, de Rome et d’Éphèse. Voyez Mill. Prolegomena ad Novum Testament, et la grande et belle collection donnée par le docteur Lardner, vol. XV.
[1509] Les alogiens (saint Épiphane, de Hœres., 51) attaquaient la vérité de l’Apocalypse parce que l’Église de Thyatire n’était pas encore fondée. Saint Épiphane, qui convient du fait se débarrasse de la difficulté par la supposition ingénieuse que saint Jean écrivait avec l’esprit de prophétie. Voyez Abauzit, Discours sur l’Apocalypse.
[1510] Les Épîtres de saint Ignace et de Denys (ap. Eusèbe, IV, 23) désignent un grand nombre d’Églises dans la Grèce et en Asie. Celle d’Athènes semble avoir été une des moins florissantes.
[1511] Lucien, in Alexandrô, c. 25. Le christianisme, cependant, doit avoir été répandu très inégalement dans le Pont, puisqu’au milieu du troisième siècle il n’y avait pas plus de dix-sept fidèles dans le diocèse étendu de Néo-Césarée. Voyez M. de Tillemont, Mém. ecclésiast., tome IV, p. 675. Cette particularité est tirée de saint Basile et de saint Grégoire de Nysse, qui étaient eux-mêmes natifs de Cappadoce.
[1512] Selon les anciens Jésus-Christ souffrit la mort sous le consulat des deux Geminus, en l’année 29 de notre ère. Pline (selon Pagi) fût envoyé en Bithynie dans l’année 110.
[1513] Lettres de Pline, X, 97.
[1514] Saint Chrysostome, Opera, tome VII, p. 658, 810, édit. Savil.
[1515] Jean Malala, tome II, p. 144. Il tire la même conclusion par rapport à la population d’Antioche.
[1516] Saint Chrysostome, tome I, p. 592. Je dois ces passages, mais non l’introduction que j’en tire, au savant docteur Lardner. Credibility of the Gospel history, vol. XII, page 370.
[1517] Basnage (Histoire des Juifs, l. 21, c. 20-23) a examiné, avec la critique la plus exacte, le curieux traité de Philon, qui fait connaître les thérapeutes. En prouvant qu’il fut composé dès le temps d’Auguste, Basnage a démontré, en dépit d’Eusèbe (II, c. 17) et d’une foule de catholiques modernes, que les thérapeutes n’étaient ni chrétiens ni moines. Il reste encore probable qu’après avoir changé de nom, ils conservèrent leurs mœurs, qu’ils adoptèrent quelques nouveaux articles de foi, et qu’ils devinrent insensiblement les fondateurs des ascétiques égyptiens.
[1518] Voyez une lettre d’Adrien dans l’Histoire Auguste, p. 245.
[1519] Pour la succession des évêques d’Alexandrie, voyez l’Histoire de Renaudot, p. 24, etc. Cette particularité curieuse est conservée par le patriarche Eutychius (Annal., tome I, p. 334, vers. Potock.), et l’évidence intérieure de ce fait suffirait seule pour répondre à toutes les objections qui ont été avancées par l’évêque Pearson dans les Vendiciœ ignatianœ.
[1520] Ammien Marcellin, XXII, 16.
[1521] Origène, contra Celsum, I, p. 40.
[1522] Ingens in multitudo : telle est l’expression de Tacite, XV, 44.
[1523] Tite-Live, XXXIX, 13, 15-16. Rien ne peut surpasser l’horreur et la consternation du Sénat, lorsqu’il découvrit les bacchanales, dont la licence effrénée est décrite et peut-être exagérée par Tite-Live.
[1524] Eusèbe, VI, c. 43. Le traducteur latin, M. de Valois, a jugé à propos de réduire le nombre des prêtres a quarante-quatre.
[1525] Cette proportion des prêtres, et des pauvres, du reste du peuple a été d’abord établie par Burnet (Voyages en Italie, p. 168), et approuvée par Moyle (vol. II, p. 151). Ils ne connaissaient ni l’un ni l’autre ce passage de saint Chrysostome, par lequel leur conjecture est presque changée en fait.
[1526] Serius trans Alpes, religione Dei susceptâ. Sulpice Sévère, II. Voyez Eusèbe, V, 1 ; Tillemont, Mém. ecclés., tome II, p. 316. Selon les donatistes, dont l’assertion est confirmée par l’aveu tacite de saint Augustin, l’Afrique fut la dernière province qui reçut l’Evangile. Tillemont, Mém. ecclés., tome I, p. 754.
[1527] Tum primum intra Gallias martyria visa. Sulpice Sévère, II. Ce sont les fameux martyrs de Lyon. Au sujet de l’Afrique, voyez Tertullien, ad Scapulam, c. 3. On imagine que les martyrs Scyllitains furent les premiers (Acta sincera, Ruinart, p. 34 ). Un des adversaires d’Apulée paraît avoir été chrétien. Apolog., p. 496-497, édit. Delph.
[1528] Rarœ in aliquibus civitatibus Ecclesiœ paucorum christianorum devotione resurgerent. Acta sincera, p. 130. Grégoire de Tours, I, 28 ; Mosheim, 207, 449. Il y a quelque raison de croire que, dans le commencement du quatrième siècle, les diocèses étendus de Liège, de Trèves et de Cologne formaient un seul évêché, qui avait été fondé, très récemment. Voyez Mémoires de Tillemont, tome VI, part. I, p. 43, 411.
[1529] La date de l’Apologétique de Tertullien est fixée, dans une dissertation de Mosheim, à l’année 198.
[1530] Dans le quinzième siècle, il y avait peu de personnes qui eussent l’envie ou le courage de mettre en question si Joseph d’Arimathie avait fondé le monastère de Glastenbury, et si saint Denys l’aréopagite préférait le séjour de Paris à celui d’Athènes.
[1531] Cette étonnante métamorphose a eu lieu dans le neuvième siècle. Voyez Mariana (Histoire d’Espagne, v. 10, 13), qui, en tous sens, imite Tite-Live, et les Mélanges du docteur Geddes, où il dévoile avec tant de bonne foi la fausseté de la légende de saint Jacques, vol. II, p. 221.
[1532] Saint Justin martyr, Dialog. cum Tryphon, p. 341 ; saint Irénée, advers. Hœres., I, c. 10 ; Tertullien, advers. Jud., c. 7 ; voyez Mosheim, p. 203.
[1533] Voyez le quatrième siècle de l’Histone de l’Église, de Mosheim. On peut trouver dans Moïse de Chorène plusieurs circonstances, à la vérité très confuses, qui ont rapport à la conversion de l’Ibérie et de l’Arménie, II, c. 78-89.
[1534] Selon Tertullien, la foi chrétienne avait pénétré dans des parties de la Bretagne inaccessibles aux armes romaines. Environ un siècle après, Ossun, fils de Fingal, disputa, dit-on, dans un âge très avancé, avec un des missionnaires étrangers, et la dispute existe encore en vers et en langue erse. Voyez la dissertation de M. Macpherson sur l’antiquité des poésies d’Ossian, p. 10.
[1535] Les Goths, qui ravagèrent l’Asie sous le règne de Gallien, emmenèrent avec eux un grand nombre de captifs, dont quelques-uns étaient chrétiens, et devinrent des missionnaires. Voyez Tillemont, Mém. ecclés., tome IV, p. 44.
[1536] La légende d’Abgare, toute fabuleuse qu’elle est, prouve, d’une manière décisive, que la plus grande partie des habitants d’Édesse avaient embrassé la religion chrétienne plusieurs années avant que Eusèbe écrivit son histoire. Au contraire, leurs rivaux, les citoyens de Carrhes, restèrent attachés à la cause du paganisme jusque dans le sixième siècle.
[1537] Selon Bardesanes (ap. Eusèbe, prœpar. Evangil.), il y avait quelques chrétiens en Perse avant la fin du second siècle. Du temps de Constantin (voyez la lettré à Sapor, vita, l. IV, c. 13), ils formaient une Église florissante. Voyez, Beausobre, Histoire critique du Manichéisme, tome I, p. 180, et la Bibliotheca orientalis d’Assemani.
[1538] Origène, contra Celsum, l. VIII, p. 424.
[1539] Minucius-Felix, c. 8, avec les notes de Wower ; Celsus, ap. Origen., l. III, p. 138, 142 ; Julien, ap. Cyril., l. V I, p. 206, édit. Spanheim.
[1540] Eusèbe, Hist. ecclesiast., IV, 3 ; saint Jérôme, Ep. 83.
[1541] L’histoire est agréablement contée dans les dialogues de saint Justin. Tillemont (Mém. ecclés., p. 334), qui la rapporte d’après lui, est sûr que le vieillard était un ange déguisé.
[1542] Eusèbe, V, 28. On peut espérer que les hérétiques seuls donnèrent lieu à ce reproche de Celsus (ap. Origen., l. II, p. 77), que les chrétiens étaient continuellement occupés à corriger et à altérer leurs Évangiles.
[1543] Pline, Lettre X, 97.
[1544] Tertullien, ap. Scapulam. Cependant, même dans ses figures de rhétorique, il se borne à un dixième de Carthage.
[1545] Saint Cyprien, Epist. 79.
[1546] Cette énumération incomplète doit être augmentée des noms de plusieurs païens convertis dès l’aurore du christianisme, et dont la conversion attendue le reproche que l’historien semble appuyer. Tels sont le proconsul Sergius-Paulus, converti à Paphos (Act. des ap., c. 13, v. 7 et 12) ; Denys, membre de l’aréopage, converti à Athènes par saint Paul, avec plusieurs autres (Act. des ap., c. 17, v. 34) ; plusieurs personnes de la cours de Néron (Ép. aux Philipp., c. 4, v. 22) ; Éraste, receveur de Corinthe (Ép. aux Rom., c. 16, v. 23) ; quelques asiarques (Act. des ap., c. 19, v. 31), etc. Quant aux philosophes, on peut ajouter Tatien, Athénagore, Théophile d’Antioche, Hégésippe, Méliton, Miltiade, Pautœnus, Ainmonius, etc. ; tous distingués par leur esprit et leur savoir (Note de l’Éditeur).
[1547] Le docteur Lardner, dans son premier et dans son second volume des Témoignages juifs et païens, rassemble et éclaircit ceux de Pline le Jeune, de Tacite, de Galien, de Marc-Aurèle, et peut-être d’Epictète (car il est douteux que ce dernier philosophe ait voulu parler des chrétiens). Sénèque, Pline l’Ancien et Plutarque, ont entièrement passé sous silence la nouvelle religion.
[1548] Les empereurs Adrien, Antonin, etc., lurent avec surprise les apologies de saint Justin martyr, d’Aristide, de Méliton, etc. (Voyez saint Jérôme, ad mag. orat. ; Orose, VIII, c. 13, p. 488) Eusèbe dit expressément que la cause du christianisme fut défendue devant le sénat dans un discours très élégant, par Apollonius le martyr. Cum judex multis eum precibus obsecrasset petiis setque ab illo uti coram senatu rationem fidei suœ redderet, elegantissimâ oratione pro defensione fidei pronuntiatâ, etc. Vers. lat. d’Eusèbe, V, c. 21, p. 154 (Note de l’Éditeur).
[1549] Si la fameuse prophétie des soixante-dix semaines avait été alléguée à un philosophe romain, n’aurait-il pas répondu comme Cicéron : Quœ tandem ista auguratio est, annorum potius quam aut mensium aut dierum ? De Divinatione, II, 30. Remarquez avec quelle irrévérence Lucien (in Alexandro, c. 13) et son ami Celsus (ap. Origen., VII, p. 327) parlent des prophètes hébreux.
[1550] Les philosophes qui se moquaient des plus anciennes prédictions des sibylles auraient facilement découvert les fraudes soit juives, soit chrétiennes, que les pères, depuis saint Justin martyr jusqu’à Lactance, ont citées d’un air si triomphant. Lorsque les vers sibyllins eurent rempli leur tâche, ils furent abandonnés ; comme l’avait été le système des millénaires. La sibylle chrétienne avait malheureusement fixé la fine de Rome pour l’année 195. A. U. C. 948.
[1551] Les pères, rangés en ordre de bataille, comme ils le sont par D. Calmet (Dissertation sur la Bible, tome III, p. 295-308), paraissent couvrir toute la terre de ténèbres ; en quoi ils sont suivis par la plupart des modernes.
[1552] Origène, ad Matth. (c. 27) et un petit nombre de critiques modernes, Bèze, Le Clerc, Lardner, etc., ne voudraient point étendre ces ténèbres au-delà des limites de la Judée.
[1553] On a sagement abandonné aujourd’hui le passage célèbre de Phlegon. Lorsque Tertullien dit aux païens : Il est parlé du prodige in arcanis (non pas archivis) vestris, il en appelle probablement aux vers sibyllins, qui le rapportent exactement dans les termes de l’Evangile.
[1554] Sénèque, Quœst. natur., I, 1, 15 ; VI, 1 ; VII, 27 ; Pline, Hist. nat., II.
[1555] Le texte de l’Evangile mal compris a, selon de savants théologiens, donné lieu à cette mépris, qui a occupé et fatigué tant de laborieux commentateurs, bien qu’Origène eût déjà pris soin de la prévenir. L’expression σxοτος εγενετο (saint Matth., c. 21, v. 45) n’indique point, disent-ils, une éclipse, des ténèbres extraordinaires et complètes, mais une obscurité quelconque, occasionnée dans l’atmosphère soit par des nuages, soit par toute autre cause. Comme cet obscurcissement du soleil arrivait rarement en Palestine, où, dans le milieu d’avril, le ciel était ordinairement pur, il prit aux yeux des Juifs et des chrétiens un caractère d’importance conforme, d’ailleurs, à l’idée reçue parmi eux, que le soleil se cachant à midi, était un, présage sinistre (Voyez Amos., c. 8, v. 9 10). et Le mot σxοτος est pris souvent dans ce sens par les écrivains contemporains ; l’Apocalypse dit εσxοτισθη ο ηλίος, le soleil fut caché, en parlant d’un obscurcissement causé par la fumée et la poussière (Ap., c. 9, v. 2)). D’ailleurs, le mot hébreu ophel, qui, dans les Septante répond au mot grec σxοτος, désigne une obscurité quelconque, et les évangélistes, qui ont modelé le sens de leurs expressions sur celui des expressions des Septante, ont dû lui donner la même latitude. Cet obscurcissement du ciel précède ordinairement les tremblements de terre (Saint Matth., c. 21, v. 51). Les auteurs païens nous en offrent une foule d’exemples, dont on donnait dans le temps une explication miraculeuse (Voyez Ovide, II, v. 33 ; XV, v. 785 ; Pline, Hist. nat., II, c. 30). Wetstein a rassemblé tous ces exemples dans son édition du Nouveau Testament, I, p. 537.
On peut donc ne pas s’étonner du silence des auteurs païens sur un phénomène qui ne s’étendit pas au-delà de Jérusalem, et qui pouvait n’avoir rien, de contraire aux lois de la nature, bien que les chrétiens et les Juifs dussent le regarder comme d’un sinistre présage. Voyez Michaëlis, Notes sur le Nouveau Testament, tome I, p. 290 ; Paulus, Commentaire sur le Nouveau Testament, tome III, p. 762 (Note de l’Éditeur).
[1556] Pline, Hist. nat., II, 30.
[1557] Virgile, Géorg., I, 466 ; Tibulle, I, Élég., V, vers 75 ; Ovide, Métamorphoses, XV, 782 ; Lucain, Pharsale, I, 540. Le dernier de ces poètes place ce prodige avant la guerre civile.
[1558] Voyez une lettre publique de Marc-Antoine dans les Antiquités de Josèphe, XIV, 12 ; Plutarque, Vie de César, p. 471 ; Appien, Bell. civil., IV ; Dion Cassius, XLV, p. 431 ; Julius Obsequens, c. 128. Son petit Traité est un extrait des prodiges de Tite-Live.
[1559] L’histoire des premiers temps du christianisme ne se trouve que dans les Actes des apôtres, et pour parler des premières persécutions qu’essuyèrent les chrétiens, il faut nécessairement y avoir recours ; ces persécutions, alors individuelles et bornées à un petit espace n’intéressaient que les persécutés ; et n’ont été rappelées que par eux. Gibbon en ne faisait remonter les persécutions que jusqu’à Néron a entièrement omis celles qui ont précédé cette époque et dont saint Luc a conservé le souvenir. Le seul moyen de justifier cette omission était d’attaquer l’authenticité des Actes des apôtres ; car, s’ils sont authentiques, il faut nécessairement les consulter et y puiser : or, les temps anciens ne nous ont laissé que peu d’ouvrages dont l’authenticité soit aussi bien constatée que celle des Actes des apôtres. Voyez Lardner’s Credibility of the Gospel’s history, part. 2. C’est donc sans motifs suffisants que Gibbon a gardé le silence sur les récits de saint Luc ; et cette lacune n’est pas sans importance (Note de l’Éditeur).
[1560] Dans Cyrène, ils massacrèrent deux cent vingt mille Grecs ; deux cent quarante mille dans l’île de Chypre, et en Egypte une très grande multitude d’habitants. La plupart de ces malheureuses victimes furent sciées en deux, conformément à l’exemple que David avait autorisé par sa conduite. Les Juifs victorieux dévoraient les membres, léchaient le sang, et enlaçaient les entrailles autour de leurs corps en forme de ceinture. Voyez Dion Cassius, LXVIII., p. 1145.
Plusieurs commentateurs, entre autres Reimarus, dans ses Notes sur Dion Cassius, pensent que la haine des Romains contre les Juifs a porté l’historien à exagérer les cruautés que ces derniers avaient commises. Dion Cassius, LXVIII, p. 1146 (Note de l’Éditeur).
[1561] Sans parler des faits bien connus rapportés par Josèphe, on peut voir dans Dion (LXIX p. 1162), que durant la guerre d’Adrien, cinq cent quatre-vingt mille Juifs périrent par l’épée ; outre une multitude innombrable qui fut emportée par la famine, par les maladies et par le feu.
[1562] Pour la secte des zélateurs, voyez Basnage, Hist. des Juifs, I, 17 ; pour le caractère du Messie, selon les rabbins, V, 11-13 ; pour les actions de Barchochébas, VII, 12.
[1563] C’est à Modestinus, jurisconsulte romain (VI, Regul.), que nous devons une connaissance distincte de l’édit d’Antonin ; voyez Casaubon, ad Hist. Aug., p. 27.
[1564] Voyez Basnage, Hist. des Juifs, III, 2-3. La dignité de patriarche fut supprimée par Théodose le Jeune.
[1565] Il suffit de parler du Purim, où fête que les Juifs avaient instituée en mémoire de ce qu’ils avaient été délivrés de la rage d’Aman. Jusqu’au règne de Théodose ils célébrèrent cette fête avec une joie insolente, et avec une licence tumultueuse. Basnage, Hist. des Juifs, VI, 17 ; VII, 6.
[1566] Selon le faux Josèphe, Tsephon, petit-fils d’Esaü, conduisit en Italie l’armée d’Enée, roi de Carthage. Une autre colonie d’Iduméens, fuyant l’épée de David, se réfugia sur les terres de Romulus. C’est par ces raisons, ou par d’autres d’une égale force, que les Juifs ont appliqué, le nom d’Édom, à l’empire romain.
[1567] D’après les arguments de Celsus, qui ont été exposés et réfutés par Origène (l. V, p. 247-259), on peut apercevoir clairement la distinction qui fut faite entre le peuple juif et la secte chrétienne. Voyez dans le Dialogue de Minucius-Félix (c. 5, 6), une peinture exacte et assez élégante des sentiments du peuple par rapport à la désertion du culte établi.
[1568] Cur nullas, aras habent ? templa nulla ? nulla nota simulacra ?... Undè autem, vel quis ille, aut ubi, Deus unicus, solitarius, destitutus ? Minucius-Felix, c. 10. L’interlocuteur païen fait ensuite une distinction en faveur des Juifs, qui avaient autrefois un temple, des autels, des victimes etc.
[1569] Il est difficile, dit Platon, de s’élever à la connaissance du vrai Dieu, et il est dangereux de publier cette découverte. Voyez la Théologie des philosophes, par l’abbé d’Olivet, dans sa traduction de la Nature des dieux, t. I, p. 275.
[1570] L’auteur du Philopatris parle perpétuellement des chrétiens comme d’une société d’enthousiastes visionnaires, δαιμονιον, αιθεριοι, αιθεροβατουντες, αεροβατουντες, etc. Il y a un passage où il fait évidemment, allusion à la vision dans laquelle saint Paul fut transporté au troisième ciel. Dans un autre endroit, Triéphon, qui fait le personnage d’un chrétien, après s’être moqué des dieux du paganisme, propose un serment mystérieux :
Υψιμεδοτα Θεον, μεγαν, αμβροτον, ουρανιωνα,
Υιον πατος, πνευμα εx πατρος εxπορευομενον
Εν εx τριον, xαι εξ ενος τρια.
Αριθμεειν με διδασxεις (telle est la réponse profane de Critias)
xαι ορxος η αριθμητιxη ουν οιδα γαρ τι λεγεις εν τρια, τρια εν !
[1571] Selon saint Justin martyr (Apolog. major, c. 70-85), le démon, qui avait acquis quelque connaissance imparfaite des prophéties, se serait à dessein revêtu de cette ressemblance, qui pouvait empêcher, quoique par des moyens différents, et le peuple et les philosophes, d’embrasser la foi de Jésus-Christ.
[1572] Dans le premier et le second livre d’Origène, Celsus parle avec l’irrévérence la plus impie de la naissance et du caractère de notre Sauveur. L’orateur Libanius loue Porphyre et Julien de ce qu’ils ont réfuté les extravagances d’une secte qui donnait à un homme mort de la Palestine les noms de Dieu et de Fils de Dieu. Socrate, Hist. ecclés., III, 23.
[1573] Trajan refuse d’établir à Nicomédie une communauté de cent cinquante pompiers pour l’usage de la ville. Ce prince avait de la répugnance pour toute espèce d’association. Lettres de Pline, X, 42-43.
[1574] Pline, étant proconsul, avait publié un édit général contre les assemblées illégitimes. La prudence engagea les chrétiens à suspendre leurs agapes ; mais il ne leur était pas possible t’interrompre l’exercice du culte public.
[1575] Comme les prophéties concernant l’antéchrist, l’embrasement prochain, etc. irritaient ceux des païens qu’elles ne convertissaient pas, les fidèles n’en parlaient qu’avec précaution et avec réserve ; et les montanistes furent blâmés pour avoir divulgué trop librement ce dangereux secret. Voyez Mosheim, p. 413.
[1576] Neque enim dubitabam (telles sont les expressions de Pline) quodcumque esse quad faterentùr, pervicaciam certè et inflexibilem obstinationem debere puniri.
[1577] Voyez l’Hist. ecclés. de Mosheim, vol. I, p. 110, et Spanheim, Remarques sur les Césars de Julien, p. 468, etc.
[1578] Voyez saint Justin martyr, Apolog., I, 35 ; II, 14 ; Athénagoras, in Legation., c. 27 ; Tertullien, Apologet., c. 9, 10, 30, 31. Le dernier de ces écrivains rapporte l’accusation d’une manière très élégante et très circonstanciée. La réponse de Tertullien est la plus hardie et la plus vigoureuse.
[1579] Dans la persécution de Lyon, quelques esclaves païens furent forcés, par la crainte de la torture, d’accuser leur maître chrétien. Les fidèles de l’Église de Lyon, en écrivant à leurs frères d’Asie, parlent de ces horribles accusations avec toute l’indignation et tout le mépris qu’elles méritent. Eusèbe, Hist. ecclés., I.
[1580] Voyez saint Justin martyr, Apolog., I, 35 ; saint Irénée, adv. Hœres., X, 24 ; saint Clément d’Alexandrie, Stromat., III, p. 438 ; Eusèbe, IV, 8. Nous serions forcés d’entrer dans des détails ennuyeux et dégoûtants, si nous voulions rapporter tout ce que les écrivains des temps suivants ont imaginé, tout ce que saint Épiphane a adopté, tout ce que M. de Tillemont a copié. M. de Beausobre (Hist. du Manichéisme, IX, c. 8-9) a exposé avec beaucoup de force les moyens détournés et artificieux qu’ont employés saint Augustin et le pape Léon Ier.
[1581] Lorsque Tertullien devint montaniste, il diffama la morale de l’Eglise, qu’il avait si courageusement défendue. Sed majoris est agape, quia per hanc adolescentes tui cum sororibus dormiunt, appendices scilicet gulœ lascivia et luxuria. De Jejunüs, c. 17. Le trente-cinquième canon du concile d’Elvire prend des mesures, contre les scandales qui souillèrent trop souvent les veilles de l’Église, et qui déshonoraient le nom chrétien aux yeux des incrédules.
[1582] Tertullien (Apologet., c. 2) s’étend sur le témoigne public et honorable de Pline, avec beaucoup de raison et avec quelque déclamation.
[1583] Dans les mélanges qui forment la compilation connue sous le nom de l’Histoire Auguste, dont une partie fut composée sous le règne de Constantin, on ne trouve pas six lignes qui regardent lés chrétiens ; et le soigneux Xiphilin n’a point découvert leur nom dans la grande histoire de Dion Cassius.
[1584] Un passage obscur de Suétone (Vie de Claude, c. 25) pourrait prouver combien les Juifs et les chrétiens de Rome étaient singulièrement confondus les uns avec les autres.
[1585] Voyez dans le dix-huitième et dans le vingt-cinquième chapitre des Actes des apôtres, la conduite de Gallion, proconsul d’Achaïe, et celle de Festus, procurateur de la Judée.
[1586] Cette assertion me paraît trop positive, d’autant que Gibbon ne l’appuie sur aucune preuve, quoique l’opinion contraire en ait de très fortes en sa faveur. Les voyages de saint Paul en Pamphylie, en Pisidie, en Macédoine, à Rome, sa mort, les voyages de saint Pierre, etc., ont été examinés avec beaucoup de soin par le docteur Benson , dans son ouvrage intitulé : An History of the first planting of Christianity, part. II ; Voyez aussi Lardner, Credibility of the Gospel history, part. I, c. 8 (Note de l’Éditeur).
[1587] Du temps de Tertullien et de saint Clément d’Alexandrie, la gloire du martyre était accordée seulement à saint Pierre, à saint Paul et à saint Jacques. Dans la suite, les Grecs l’accordèrent insensiblement au reste des apôtres ; et l’on choisit prudemment pour le théâtre de leurs prédications et de leurs souffrances, quelque contrée éloignée , située au-delà des limites de l’empire romain. Voyez Mosheim, p. 81 ; et Tillemont, Mém. ecclés., t. I, part. 3.
[1588] Tacite, Annal., XV, 38-44 ; Suétone, Vie de Néron, c. 33 ; Dion Cassius, LXII, p. 1014 ; Orose, VII, 7.
[1589] Le prix du blé (probablement du modius) fut réduit à terni nummi ; ce qui pourrait faire environ quinze schellings le quarter anglais (quarante-deux sous le boisseau).
[1590] Nous pouvons observer que Tacite parle de ce bruit avec une défiance et une incertitude très convenables. Suétone, au contraire, s’empresse de le rapporter, et Dion le confirme solennellement.
[1591] Ce témoignage est seul suffisant pour prouver l’anachronisme des Juifs, qui placent près d’un siècle trop tôt la naissance de Jésus-Christ (Basnage, Hist. des Juifs, V, c. 14-15). Josèphe nous apprend (Antiquités, XVIII, 3) que Ponce Pilate frit procurateur de la Judée dans les dix dernières années de Tibère. A. D. 27-37. Pour ce qui est du temps particulier de la mort de Jésus-Christ, une très ancienne tradition la fixe au 25 mars de l’année 29, sous le consulat des deux Germinus (Tertullien, adv. Judœos, c. 8). Cette date, qui est adoptée par Pagi, le cardinal Norris et Le Clerc, semble au moins aussi probable que l’ère vulgaire, que l’on place (par je ne sais quelles conjectures ) quatre années plus tard.
[1592] Cette seule phrase : Repressa in prœsens exitiabilis superstitio rursus erumpebat, prouve que les chrétiens avaient déjà attiré l’attention du gouvernement, et que Néron n’était pas le premier à les persécuter. Je suis surpris que l’on n’ait pas insisté sur la confirmation que les Actes des apôtres reçoivent de ces mots de Tacite, Repressa in prœsens, et rursus erumpebat (Note de l’Éditeur).
[1593] Odio humani generis convicti. Ces mots peuvent signifier ou la haine du genre humain contre les chrétiens, ou la haine des chrétiens contre le genre humain. J’ai préféré le dernier sens, comme le plus conforme au style de Tacite et à l’erreur populaire, dont un précepte de l’Évangile (voyez saint Luc, XIV, 26) avait peut-être été l’occasion innocente. Mon interprétation est justifiée par l’autorité de Juste-Lipse ; des traducteurs de Tacite, italiens, français et anglais ; de Mosheim (p. 102) ; de Le Clerc (Hist. ecclésiastique, 427 ) ; du docteur Lardner (Témoignages, vol. I, p. 345) ; et de l’évêque de Glocester (Divine Legation, vol. III , p. 38). Mais comme le mot convicti ne se joint pas fort bien avec le reste de la phrase, Jacques Gronovius a préféré de lire conjuncti, ce qui est autorisé par le précieux manuscrit de Florence.
[1594] Tacite, Annal., XV, 44. La traduction est du père Dotteville.
[1595] Nardini, Roma antica, p. 387; Donatus, de Româ antiquâ, III, p. 449.
[1596] Suétone, Vie de Cicéron, c. 16. Quelques ingénieux commentateurs ont rendu l’épithète de malefica par magique ; mais Mosheim la regarde seulement, à bien plus juste titre , comme synonyme du mot de Tacite exitialibis.
[1597] Le passage concernant Jésus-Christ, qui fut inséré dans le texte de Josèphe, entre le temps d’Origène et celui d’Eusèbe, pour fournir un exemple d’une falsification peu commune. L’accomplissement des prophéties, les vertus de Jésus-Christ, ses miracles et sa résurrection, y sont distinctement rapportés. Josèphe reconnaît qu’il était le Messie, et ne sait s’il doit l’appeler un homme. S’il pouvait rester encore quelque doute sur ce célèbre passage, le lecteur peut examiner les objections frappantes de Le Fèvre (Havercamp Josèphe, tome II, p. 267-273), les savantes réponses de Daubuz (p. 187-232) et l’excellente réplique (Biblioth. anc. et mod., tome VII, p. 237, 288) d’un critique anonyme, qui est, je crois, le savant abbé de Longuerue.
[1598] Voyez la Vie de Tacite, par Juste-Lipse et par l’abbé de La Bletterie ; le Dictionnaire de Bayle, à l’article Tacite, et la Bibliothèque latine de Fabricius, t. II, p. 386, éd. Ernest.
[1599] Principatum divi Nervœ, et imperium Trajani, uberiorem securioremque materiam senectuti seposui. Tacite, Histoires, I.
[1600] Annales, II, 61 ; IV, 4.
[1601] La lecture seule du passage de Tacite suffit, comme je l’ai déjà dit, pour faire voir que la secte des chrétiens, n’était pas si obscure, qu’elle n’eût déjà été réprimée (repressa) , et qu’elle ne passait point pour innocente aux yeux des Romains (Note de l’Éditeur).
[1602] Le nom du comédien était Alituros. C’était par le même canal, qu’environ deux ans auparavant, Josèphe (de Vitâ suâ, c. 3) avait obtenu le pardon et la liberté de quelques prêtres juifs qui étaient prisonniers à Rome.
[1603] Le savant docteur Lardner (Témoignages juifs et païens, vol. II, 102-103) a prouvé que le nom de galiléens fut donné très anciennement aux chrétiens, et que ce fût peut-être leur dénomination primitive.
[1604] Josèphe, Antiquités, XVIII, 1 , 2 ; Tillemont, Ruine des Juifs, p. 742. Les fils de Judas furent crucifiés du temps de Claude. Après la prise de Jérusalem, Éléazar, son petit-fils, défendit un château très fort avec neuf cent soixante de ses compagnons les plus désespérés. Lorsque le bélier eut fait une brèche, ils massacrèrent leurs femmes et leurs enfants, et ils se percèrent enfin eux-mêmes. Ils périrent tous jusqu’au dernier.
[1605] Cette conjecture est entièrement dénuée de vraisemblance, et même de possibilité. Tacite n’a pu se tromper en rapportant aux chrétiens de Rome un crime et une punition qu’il aurait put attribuer, avec bien plus de vérité, aux partisans de Judas le Gaulonite, car ces derniers n’allèrent jamais jusqu’à Rome. Leur révolte, leurs tentatives, leurs opinions, leurs guerres, leur châtiment, n’ont eu pour théâtre que la Judée (Basnage, Hist. des Juifs, t. I, p. 491). D’ailleurs, le nom de chrétiens était donné depuis longtemps à Rome, aux disciples de Jésus ; et Tacite l’affirme trop positivement, en rapporte trop clairement l’étymologie, pour qu’on puisse soupçonner une méprise de sa part (Note de l’Éditeur).
[1606] Cette assertion est loin d’être évidente. Sulpice-Sévère parle d’édits rendus par Néron contre les chrétiens, postérieurement à l’incendie de Rome : Post etiam, datis legibus religio vetabatur palamque edictis propositis christianum esse non licebat (lib. II, c. 37). Nous n’avons aucune autorité qui prouve que ces persécutions ne s’étendirent pas au-delà de l’enceinte de Rome ; et rien n’affaiblit l’autorité d’Orose, qui dit expressément que Néron fit persécuter les chrétiens dans les provinces. Nero christianos suppliciis ac mortibus affecit, ac per omnés provincias pari persecutione excruciari imperavit. L. VIII, Hist., c. 5 (Note de l’Éditeur).
[1607] Voyez Dodwell, Paucitat. mart., l. XIII. L’inscription espagnole dans Gruter (p. 238, n° 9) est évidemment fausse et reconnue telle. Elle est de l’invention de l’insigne imposteur Cyriaque d’Ancône, qui voulait flatter l’orgueil et les préjugés des Espagnols. Voyez Ferreras, Hist. d’Espagne, tome I, p. 192.
[1608] Le Capitole fut brûlé durant la guerre civile entre Vitellius et Vespasien, le 19 décembre de l’année 69 ; le 10 août 70, le temple de Jérusalem fut détruit par les mains des Juifs eux-mêmes, plutôt que par celles des Romains.
[1609] Le nouveau Capitole fut dédié par Domitien. Suétone, Vie de Domitien, c. 5 ; Plutarque, Vie de Publicola, tome I, p. 230, édit. Bryan. Il en coûta, seulement pour le dorer, douze mille talents, environ deux millions et demi sterling. Martial prétendait (l. IX, Épigram. 3) que, si l’empereur eût voulu retirer son argent, Jupiter lui-même, quand il aurait mis tout l’Olympe en vente, n’aurait pas été en état de payer deux schellings par livre.
[1610] Au sujet du tribut, voyez Dion Cassius, LXVI, p. 1082, avec les notes de Reimar. Spanheim, de Usu numism., t. II, p. 571 ; et Basnage, Hist. des Juifs, VII, 2.
[1611] Suétone (Vie de Domitien, c. 12) avait vu un vieillard de quatre-vingt-dix ans, examiné publiquement devant le tribunal du procurateur. C’est ce que Martial appelle mentula tributi damnata.
[1612] Cette dénomination fut d’abord prise dans le sens le plus ordinaire, et l’on supposa que les frères de Jésus Christ étaient les enfants légitimes de Joseph et de Marie. Un respect religieux pour la virginité de la mère de Dieu, suggéra aux gnostiques, et dans la suite aux Grecs orthodoxes, l’expédient de donner une seconde femme à saint Joseph. Les latins (depuis le temps de saint Jérôme) ont encore été plus loin prétendant que saint Joseph garda toujours le célibat, ils ont avancé que saint Jude, aussi bien que saint Simon et saint Jacques, qui étaient appelés les frères de Jésus-Christ, étaient seulement ses cousins germains ; et ils ont justifié cette nouvelle interprétation par plusieurs exemples semblables. Voyez Tillemont, Mémoir. ecclésiast., t. I, part. 3 ; et Beausobre, Histoire critique du Manichéisme, II, 2.
[1613] Trente-neuf πλεθρα, carrés de cent pieds chacun, ce qui serait à peine neuf acres, en prenant cette mesure à la rigueur. Mais la probabilité des circonstances, la pratique des autres écrivains grecs et l’autorité de M. de Valois, me portent à croire qu’il faut entendre ici par πλεθρον le jugerum des Romains.
[1614] Eusèbe, III, 20. Cette histoire est prise d’Hégésippe.
[1615] Voyez la mort et le caractère de Sabinus dans Tacite (Hist., III, 74-75). Sabinus était le frère aîné, et jusqu’à l’avènement de Vespasien, on l’avait regardé, comme le principal appui de la famille Flavienne.
[1616] Flavium Clementem patruelem suum, contemptissimæ inertiæ… ex tenuissimâ suspitione interemit. Suétone, Vie de Domitien, c. 15.
[1617] L’île de Pandataria, selon Dion. Bruttius-Prœsens (ap. Eusèbe, III, 18) exile cette princesse dans celle de Pontia, qui n’en était pas très éloignée. Cette différence, et une méprise ou d’Eusèbe ou de ses copistes, ont fait imaginer qu’il avait existé deux Domitilla, l’une femme, l’autre nièce de Clemens. Voyez Tillemont, Mém. ecclés., t. II, p. 224.
[1618] Dion, LXVII, p. 1112. Si le Bruttius Prœsens, dont il a vraisemblablement tiré cette relation, est celui auquel Pline a écrit (Épist. VII, 3), on peut le regarder comme un auteur contemporain.
[1619] Suétone, Vie de Domitien, c. 17 ; Philostrate, Vie d’Apollonius, l. VIII.
[1620] Dion, LXVIII, p. 1118 ; Pline, Lettres, IV, 22.
[1621] Pline, Lettres, X, 97. Le savant Mosheim, en parlant de Pline (p. 147, 232) donne les plus grands éloges à sa modération et à son impartialité. Malgré les soupçons du docteur Lardner (voyez Témoignages, vol. II, p. 46), je ne puis découvrir aucun fanatisme dans le langage ou dans la conduite de Pline.
[1622] Pline, Lettres, V, 8. Il plaida sa première cause en 81, l’année d’agrès la fameuse éruption du mont Vésuve, dans laquelle son oncle perdit la vie.
[1623] Pline, Lettres, X, 98 ; Tertullien (Apolog., c. 5) regarde ce rescrit comme un adoucissement des anciennes lois pénales : Quas Trajanus ex parte frustratus est ; et cependant Tertullien, dans un autre endroit de son Apologétique, montre l’inconséquence qu’il y avait à défendre les recherches et à prescrire des punitions.
[1624] Eusèbe (Hist. ecclésiastique, IV, c. 9) a conservé l’édit d’Adrien. Il nous en a donné aussi un (c. 13) qui est encore plus favorable, sous le nom d’Antonin ; l’authenticité de ce second édit n’est pas si universellement reconnue (*). La seconde apologie, de saint Justin renferme quelques particularités curieuses relatives aux accusations du christianisme.
(*) M. le professeur Hegelmayer a prouvé l’authenticité de l’édit d’Antonin dans ses Comm. hist. theol. in edictum imp. Antonini. P. Tubing, 1777, in-4° (Note de l’Éditeur).
[1625] Voyez Tertullien (Apolog., c. 40). On trouve dans les actes du martyre de saint Polycarpe une vive peinture de ces tumultes qui étaient ordinairement fomentés par la méchanceté des Juifs.
[1626] Ces règlements sont insérés dans les édits d’Adrien et d’Antonin le Pieux dont nous avons parlé ci-dessus. Voyez l’Apologie de Méliton ap. Eusèbe, IV, c. 26.
[1627] Voyez le rescrit de Trajan et la conduite de Pline. Les actes les plus authentiques des martyrs sont remplis de ces exhortations.
[1628] En particulier, voyez Tertullien (Apolog., c. 2-3), et Lactance (Inst. div., v. 9). Leurs raisonnements sont presque les mêmes ; mais il est facile d’apercevoir que l’un de ces apologistes avait été jurisconsulte, et l’autre rhéteur.
[1629] Les Mémoires les plus anciens et les plus authentiques de l’Église rapportent plusieurs exemples de ce fait que rien ne contredit d’ailleurs. Tertullien dit entre autres : Nam proxime ad lenonem damnando christianam, potiusquam ad leonem, confessi estis labem pudicitiœ apud nos atrociorem omni pœnâ et omni morte reputari (Apolog., cap. ult., p. 40). Eusèbe dit aussi : D’autres vierges traînées dans des lieux infâmes, ont perdu la vie plutôt que de souiller leur vertu. Eusèbe, Hist. ecclés., VIII, c. 14, p. 235 (Note de l’Éditeur).
[1630] Voyez deux exemples de cette espèce de torture dans les Acta sincera martyrum, publiés par Ruinart, p. 160, 399. Saint Jérôme, dans sa légende de saint Paul l’ermite, rapporte une étrange histoire d’un jeune homme que l’on avait enchaîné nu sur un lit de fleurs, et qui était exposé aux assauts d’une courtisane aussi belle que voluptueuse. Il réprima la tentation en se coupant la langue avec les dents.
[1631] Claudius Herminianus, gouverneur de la Cappadoce, irrité de la conversion de sa femme, traita les chrétiens avec une sévérité extraordinaire. Tertullien, ad Scapulam, c. 3.
[1632] Tertullien, dans sa lettre au gouverneur d’Afrique, parle de plusieurs exemples remarquables d’indulgence et de douceur qui étaient venus à sa connaissance.
[1633] Neque enim in universum aliquid quod quasi certam formam habeat, constitui potest : ces paroles de Trajan donnaient un pouvoir très étendu aux gouverneurs des provinces.
[1634] In metalla damnamur, in insulas relegamur. (Tertullien, Apolog., c. 13) Les mines de Numidie renfermaient neuf évêques, avec un nombre proportionné d’ecclésiastiques et de fidèles de leurs diocèses. Saint Cyprien les loue et les console dans une pieuse épître qu’il leur adresse : saint Cyprien, epist. 76, 77.
[1635] Quoique nous ne puissions admettre avec une entière confiance les épîtres et les actes de saint Ignace (*) (on les trouve dans le second volume des pères apostoliques), cependant nous pouvons citer cet évêque d’Antioche comme un de ces martyrs qu’on choisissait pour exemple. Il fut envoyé chargé de chaînes à Rome, pour y être donné publiquement en spectacle ; et lorsqu’il arriva à Troas, il reçut la nouvelle agréable que la persécution d’Antioche était déjà finie.
(*) Les actes de saint Ignace sont généralement reçus comme authentiques : sept de ses lettres le sont aussi. Eusèbe et saint Jérôme en font mention ; il en existe deux éditions : dans l’une les lettres sont plus longues et plusieurs passages paraissent y avoir été interpolés : l’autre édition est celle qui renferme les véritables lettres de saint Ignace, telle est du moins l’opinion des critiques les plus sages et les plus éclairés (Voyez Lardner, Cred. of the Gosp. hist., part. 2, t. I, p. 152 ; Less, über die religion, p. 529 ; Usserii, Dissert. de Ignatii epistolis ; Pearson, Vindiciœ ignatianœ). Il est à remarquer que ce fut sous le règne de Trajan que l’évêque Ignace fut amené d’Antioche à Rome, pour être livré aux lions dans l’amphithéâtre, l’an de Jésus-Christ 107 selon les uns, et 116 selon les autres (Note de l’Éditeur).
[1636] Parmi les martyrs de Lyon (Eusèbe, V, 1), l’esclave Blandine est remarquable par les tourments inouïs qu’on lui fit subir. Des cinq martyrs qui ont été célébrés dans les actes de sainte Félicie et de sainte Perpétue, deux étaient esclaves, et il y en avait deux autres d’une très basse condition.
[1637] Origène, advers Celsum, III, 16 : ses expressions méritent d’être transcrites :
Ολιγοι xατα xαίρους, xαι σφοδρα ευαριθμητοι περι των χρίστιανων θεοσεβειας τεθνηxασί.
Ceux qui sont morts pour la religion chrétienne sont un petit nombre et faciles à compter. (*)
(*) Il faut citer aussi les mots suivants : Dieu ne permettant pas que toute cette classe d’hommes fût anéantie, ce qui semble indiquer qu’Origène ne trouvait le nombre des morts peu considérable, qu’en le comparant au nombre de ceux qui avaient survécu : il parlait d’ailleurs, de l’état de la religion sous Caracalla, Élagabale, Alexandre Sévère et Philippe, qui n’avaient pas persécuté les chrétiens ; c’est sous le règne de ce dernier qu’Origène écrivit ses livres contre Celsus (Note de l’Éditeur).
[1638] Si nous nous rappelons que tous les plébéiens de Rome n’étaient pas chrétiens, et que tous les chrétiens n’étaient pas des saints et des martyrs, nous pourrons juger des honneurs religieux que méritent les os et les urnes qu’ont été tirés indifféremment des cimetières publics. Après dix siècles d’un commerce libre et ouvert, quelques soupçons se sont élevés parmi les catholiques instruits. Ils exigent maintenant, pour preuve de sainteté et de martyre, les lettres B. M., une fiole remplie de liqueur rouge, que l’on suppose être du sang, ou la figure d’un palmier. Mais les deux premiers signes sont de peu de poids ; et à l’égard du dernier les critiques ont observé, 1° que ce que l’on appelle la figure d’un palmier, pourrait bien être celle d’un cyprès. Peut-être aussi n’est-ce qu’un de ces points dont on se servait dans les inscriptions des tombeaux pour orner une virgule ; 2° que le palmier était le symbole de la victoire chez les païens ; 3° que parmi les chrétiens il était l’emblème, non seulement du martyre mais en général d’une résurrection glorieuse. Voyez la Lettre du P. Mabillon sur le culte des saints inconnus, et Muratori, sopra le Antichita italiane, Dissert. LVIII.
[1639] Pour donner une idée de ces légendes, nous nous bornerons au dix mille soldats chrétiens crucifiés dans un seul jour sur le mont Ararat par ordre de Trajan ou d’Adrien. (Voyez Barornus, ad Martyralogium romanum ; Tillemont, Mém. ecclésia., t. II, part. 2, p. 438 ; et Geddes, Mélanges, vol. II, p. 203). L’abréviation de MIL., qui peut signifier ou soldats ou mille, a occasionné, dit-on, quelques prises extraordinaires.
[1640] Saint Denys, ap. Eusèbe, IV, 41. Un de ces dix fut aussi accusé de vol.
Gibbon aurait dû dire : fut faussement accusé de vol ; car tel est le texte grec. Ce chrétien, nommé Némésion, faussement accusé de vol devant le centurion, fut acquitté d’un crime auquel il était tout à fait étranger (αλλοτριωτατην), mais il fut conduit devant le gouverneur comme coupable d’être chrétien, et le gouverneur lui fit infliger une doublé torture (Saint Denys, ap. Eusèbe, VI, 41-45). Il fallait dire aussi que saint Denys ne fait une mention particulière que des principaux martyrs, et qu’il dit en général que la fureur des païens contre les chrétiens donnait à Alexandrie l’apparence d’une ville prise d’assaut. Enfin, il fallait remarquer qu’Origène écrivait avant la persécution de l’empereur Dèce (Note de l’Éditeur).
[1641] Les Lettres de saint Cyprien sont une peinture originale et très curieuse de l’homme et des temps. Voyez aussi les deux Vies de saint Cyprien, composées arec une égale exactitude, quoique avec des vues bien différentes : l’une par Le Clerc, Biblioth. univ., t. XII, p. 208-378, l’autre par Tillemont, Mém. ecclésia., t. IV, part. I, p. 76-459.
[1642] Notre imagination n’a point exagéré la situation périlleuse dans laquelle se trouvait un évêque chrétien, puisqu’au dire de Gibbon lui-même les mines de Numidie renfermaient (en même temps) neuf évêques, avec un nombre proportionné d’ecclésiastiques et de fidèles de leurs diocèses, et il renvoie à saint Cyprien ; ép. 76-77 (Note de l’Éditeur).
[1643] Voyez la lettre polie, mais sévère, écrite par le clergé de Rome à l’évêque de Carthage (Saint Cyprien, epist. 8 , 9). Pontius met tout en oeuvre et prend les plus grands soins pour défendre son maître contre la censure générale.
[1644] En particulier, l’exemple de saint Denys d’Alexandrie et de saint Grégoire le Thaumaturge de Néo-Césarée. Voyez Eusèbe, Hist. ecclés., VI, 40 ; et Mémoires de Tillemont, t. IV, part. 2, p. 685.
[1645] Voyez saint Cyprien, epist. 16, et sa Vie par Pontius.
[1646] Nous avons une vie originale de saint Cyprien, faite par le diacre Pontius, qui l’accompagna dans son exil, et qui assista à sa mort. Nous possédons aussi les anciens actes proconsulaires de son martyre. Ces deux relations s’accordent l’une avec l’autre ; elles paraissent toutes les deux vraisemblables, et, ce qui est en quelque sorte remarquable, elles ne sont défigurées par aucune circonstance miraculeuse.
[1647] Il semblerait que l’on avait envoyé dans le même temps des ordres circulaires à tous les gouverneurs. Saint Denys (ap. Eusèbe, VII, 11) rapporte, presque de la même manière, l’histoire de son bannissement, lorsqu’il fut obligé de sortir d’Alexandrie. Mais comme il échappa, et qu’il survécût à la persécution, nous devons le trouver plus ou moins heureux que saint Cyprien.
[1648] Voyez Pline, Hist. nat., v, 3.; Cellarius, Géog. anc., part. III, p. 96 ; Voyages de Shaw, p. 90 ; et pour le pays adjacent (qui est terminé par le cap Berna ou promontoire de Mercure), voyez l’Afrique de Marmol, t. II , p. 474. Il existe des restes d’un aqueduc près de Curubis ou Curbis, changé aujourd’hui en Gurbes ; et le docteur Shaw a lu une inscription où cette ville est nommée Colonia Fulvia. Le diacre Pontius (Vie de saint Cyprien, c. 12) l’appelle : Apricum et competentem locum, hospitium pro voluntate sécretum, et quidquid. apponi eis antè promissum est, qui regnum et justitiam Dei quœrunt.
[1649] Voyez saint Cyprien, épist., 77, édit. Fell.
[1650] Lorsque saint Cyprien s’était converti il avait vendu, ses jardins pour le soutien des pauvres. La bonté de Dieu (probablement la libéralité de quelque ami chrétien) les lui rendit. Voyez Pontius, c. 15.
[1651] Quand saint Cyprien, un an auparavant, fut envoyé en exil, il songea qu’il serait mis à mort le jour suivant. L’événement oblige d’expliquer ce mot de jour et de lui faire signifier une année (Pontius, c. 12).
[1652] Ce ne fut point là, à ce qu’il paraît, le motif qui porta saint Cyprien à se cacher quelques moments, il était menacé d’être emmené à Utique ; il voulut rester à Carthage, afin de souffrir le martyre au milieu même de son troupeau, et de faire servir sa mort à l’édification de ceux qu’il avait dirigés pendant sa vie. C’est ainsi, du moins, qu’il explique lui-même sa conduite dans une de ses lettres : Cum perlatum ad nos fuisset, fratres carissimi, frumentarios esse missos qui me Uticam perducerent, consilioque carissimorum persuasum esset, ut de hortis intérim secedereum, justâ interveniente causâ, consensi ; eo quod congruat episcopum in eâ civitate in quâ Ecclesiœ dominicœ prœest, illic Dominum confiteri et plebem universam prœpositi prœsentis confessione clarificari. Ep. 81, p. 238 (Note de l’Éditeur).
[1653] Pontius (c. 15) reconnaît que saisit Cyprien, avec lequel il passa la nuit custodiâ delicatâ. L’évêque exerça un dernier acte de juridiction très convenable, en ordonnant, fort à propos, que les jeunes femmes qui veillaient dans la rue au milieu de fa foule ne restassent point exposées pendant la nuit aux dangers et aux tentations. Actes procons., c. 22.
[1654] Voyez la sentence originale, dans les Actes, c. 4 ; et dans Pontius, c. 17. Celui-ci la rend d’une manière, plus déclamatoire.
[1655] On ne voit rien dans la Vie de saint Cyprien, par Pontius, ni dans les anciens manuscrits, qui puisse faire supposer que les diacres et les prêtres aient eu, en leur qualité de diacres et de prêtres, et connus pour tels, le droit d’accompagner leur saint évêque. Toute idée religieuse à part, il est impossible de ne pas trouver étrange l’espèce de complaisance avec laquelle l’historien insiste ici, en faveur des persécuteurs ; sur quelques adoucissements apportés à la mort d’un homme dont tout le tort était de tenir avec franchise et courage à ses opinions (Note de l’Éditeur).
[1656] Pontius, c. 19. M. de Tillemont (Mém. ecclés., t. IV, part. I, p. 450, note 50) est fâché de voir assurer si positivement qu’il n’y ait point eu un seul évêque parmi les martyrs des premiers siècles.
M. de Tillemont en homme de bonne foi, expose les difficultés que lui offre le texte de Pontius, et finit par dire positivement qu’il est hors de doute qu’il y a là quelque méprise, et qu’il faut que Pontius n’ait voulu parler que de l’Afrique-Mineure ou de Carthage ; car saint Cyprien, dans sa cinquante-sixième lettre adressée à Pupianus, parle expressément de plusieurs évêques ses collègues, qui proscripti sunt, vel apprehensi in carcere et catenis fuerunt ; aut qui exilium relegati, illustri itinere ad Dominum profecti sunt ; aut qui quibusdam locis animadversi, cœlestes coronas de Domini clarificatione sumpserunt (Note de l’Éditeur).
[1657] Quelque opinion que l’on puisse se former du caractère ou des principes de Thomas Becket, nous devons avouer qu’il souffrit la mort avec une constance digne des premiers martyrs. Voyez l’Hist. de Henri II, par lord Littleton, v. II, p. 592, etc.
[1658] Voyez en particulier le traité de saint Cyprien, de Lapsis, 87-98, édit Fell. L’érudition de Dodwell (Dissert. Cypr., XII, XIII) et la sagacité de Middleton (Free Inquiry, p. 162, etc.) ne nous laissent presque rien à ajouter concernant le mérite, les bonheurs et les motifs des martyrs.
[1659] Saint Cyprien, Epist. 5, 6, 7, 22, 24, et le Traité de Unitat Ecclesiœ (*). Le nombre des prétendus martyrs a été fort multiplié par la coutume qui s’introduisit de donner aux confesseurs ce nom honorable.
(*) Les lettres de saint Cyprien, auxquelles renvoie Gibbon, ne prouvent pas ce qu’il dit sur l’orgueil spirituel, et les mœurs licencieuses des confesseurs. Dans la cinquième lettre, écrite pendant sa retraite, saint Cyprien exhorte les diacres et les prêtres à le remplacer, à ne pas permettre que les confesseurs ou les pauvres manquent de quelque chose, et à visiter les premiers dans leur prison. Dans sa sixième, adressée à Sergius, à Rogatianus et à d’autres confesseurs, il les encourage au martyre, et se plaint de ne pas être avec eux pour baiser ces mains si pures, ces lèvres qui ont glorifié le Seigneur. Il leur dit qu’il faut mépriser toutes les souffrances de cette vie, dans l’espoir d’une gloire éternelle, etc. La septième est adressée à ses diacres et à ses prêtres : il les exhorte, en peu de mots, à secourir tous les pauvres La vingt-deuxième est de Lucianus à Celerinus, elle est écrite avec la plus grande modestie : Lucianus s’y dit indigne des éloges de son ami et s’afflige avec lui de la mort de ses sœurs, victimes de la persécution. La vingt-quatrième est de Caldonius à saint Cyprien et aux prêtres de Carthage, pour les consulter sur la réadmission de ceux qui sont tombés en faute. Ce n’est que dans le Traité de Unitate Ecclesiœ que l’on trouve des reproches faits aux confesseurs (Note de l’Éditeur).
[1660] Certatim gloriosa in certamina ruebatur, multisque avidius tum martyria gloriosis mortibus quœrebantur, quàm nunc episcopatus pravis ambitionibus appetuntur. Sulpice-Sévère, l. II. Il aurait pu omettre le mot nunc.
[1661] Voyez Epist. ad Roman., c. 4-5 ; ap. Patres Apost., t. II, p. 27. Il convenait au but que se proposait l’évêque Pearson (voyez ses Vindiciœ Ignatianœ, part. 2, c. 9) de justifier les sentiments de saint Ignace par une foule d’exemples et d’autorités.
[1662] L’histoire de Polyeucte, qui a fourni au grand Corneille le sujet d’une belle tragédie, est un des exemples les plus célèbres de ce zèle outré, quoiqu’il ne soit peut-être pas des plus authentiques. Il faut observer que le soixantième canon du concile d’Elvire refuse le titre de martyrs à ceux qui s’exposaient à la mort en détruisant publiquement les idoles.
[1663] Voyez Épictète, IV, 7 (quoique l’on doute qu’il fasse allusion aux chrétiens), Marc-Aurèle, de Rebus suis, XI, 3 ; Lucien, in Peregrin.
[1664] Tertullien, ad Scapulam, c. 5. Les savants sont divisés entre trois hommes du même nom qui tous ont été proconsuls d’Asie. Je suis porté à croire qu’il est ici question d’Antonin le Pieux, qui fut empereur dans la suite, et qui pouvait avoir gouverné l’Asie sous le règne de Trajan.
[1665] Mosheim, de Rebus christ. ante Constant., p. 23.
[1666] Voyez l’Epître de l’Église de Smyrne, ap. Eusèbe, Hist. ecclésiastique, IV, c. 15.
Le chap. 15 du liv. IV de l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe traite principalement du martyre de saint Polycarpe, et fait mention de quelques autres martyrs : un seul exemple de faiblesse y est rapporté, c’est celui d’un Phrygien nommé Quintus, qui, effrayé à la vue des bêtes féroces et des tortures, renonça à sa foi. Cet exemple prouve peu pour la masse des chrétiens, et ce chapitre d’Eusèbe fournit de bien plus fortes preuves de leur courage sue de leur timidité (Note de l’Éditeur).
[1667] Dans la seconde apologie de saint Justin on trouve un exemple particulier et très curieux d’un pareil délai donné par la loi. La même indulgence fut accordée aux chrétiens accusés dans la persécution de l’empereur Dèce ; et saint Cyprien (de Lapsis) en parle positivement : Dies negatibus prœstitutus.
Les exemples que l’historien tire de saint Justin martyr et de saint Cyprien sont tout à fait particuliers, et ne prouvent rien pour la méthode que l’on suivait généralement envers les accusés : il est évident, au contraire, d’après la même apologie de saint Justin, qu’ils n’obtenaient presque jamais de délai. Un homme, nommé Lucius, chrétien lui-même, assistant à l’injuste condamnation rendue par le juge Urbicus contre un chrétien, lui demanda pourquoi il punissait ainsi un homme qui n’était ni adultère, ni voleur, ni coupable enfin d’aucun autre crime que de s’avouer chrétien. Urbicus ne lui répondit que ces mots : Toi aussi, tu as l’air d’être chrétien. — Oui, sans doute, reprit Lucius. Le juge ordonna qu’on le mît à mort aussitôt ; un troisième survenant fut condamné à être fustigé (Justin martyr, Apol. sec., p. 90, éd. Bened. 1742). Voilà donc trois exemples où aucun délai ne fut accordé ; il en existe une foule d’autres tels que ceux de Ptolémée, de Marcellus, etc. Saint Justin reproche expressément aux juges de faire exécuter les accusés avant d’avoir jugé la cause. Les paroles de saint Cyprien sont tout aussi particulières, et disent simplement qu’il fut fixé un jour auquel les chrétiens devaient avoir renié leur foi ; ceux qui ne l’avaient pas fait à cette époque étaient condamnés (Note de l’Éditeur).
[1668] Tertullien regarde la fuite dans un temps de persécution, comme une apostasie imparfaite, mais très criminelle, comme une tentative impie pour éluder la volonté de Dieu, etc., etc. Il a écrit sur ce sujet (voyez p. 536-544, édit. Rigalt.) un Traité qui est rempli du fanatisme le plus extravagant et des déclamations les plus ridicules. Il est cependant assez singulier que Tertullien n’ait pas souffert lui-même le martyre.
[1669] La pénitence n’était pas si légère, car elle était exactement pareille à celle des apostats qui avaient sacrifié aux idoles ; elle durait plusieurs années. Voyez Fleury, Hist. ecclésiastique, t. II, p. 171 (Note de l’Éditeur).
[1670] Le commentaire étendu de Mosheim (483-489) donne les éclaircissements les plus précis sur les libellatici, qui sont principalement connus par les écrits de saint Cyprien.
[1671] Pline, Lettres, X, 97 ; saint Denys d’Alexandrie, ap. Eusèbe, VI, c. 41. Ad prima statim verba minantis inimici maximus fratrum numerus fidem suam prodidit : nec prostratus est persecutionis, impetu, sed voluntario lapsu se ipsum prostravit (Œuvres de Saint Cyprien, p. 89). Parmi les déserteurs il y avait plusieurs prêtres et même des évêques.
Pline dit que la plupart des chrétiens persistèrent à s’avouer tels ; c’est même la raison qui lui fait consulter Trajan (periclitan tium numerus). Eusèbe (VI, 41) ne nous permet pas de douter que le nombre de ceux qui renoncèrent à leur foi ne fût infiniment au-dessous du nombre de ceux qui la confesseront hardiment. Le préfet, dit-il, et les assesseurs présents au conseil furent épouvantés en voyant la foule des chrétiens ; les juges eux-mêmes tremblaient. Enfin, saint Cyprien nous apprend que la plupart de ceux qui s’étaient montrés faibles lors de la persécution de Dèce, signalèrent leur courage sous celle de Gallus. Steterunt fortes, et ipso. dolore pœnitentiœ facti ad prœlium fortiores. Epist. LX, p. 142 (Note de l’Éditeur).
[1672] C’est dans cette occasion que saint Cyprien composa son traité de Lapsis et plusieurs de ses épîtres. La controverse concernant le traitement qu’il fallait infliger aux apostats pénitents, ne s’était point élevée parmi les chrétiens du siècle précédent. En attribuerons-nous la cause à la supériorité de leur foi, ou de leur courage ? ou bien ne serait-ce pas parce que nous avons une connaissance moins parfaite de leur histoire ?
[1673] Voyez Mosheim, p. 97 ; Sulpice-Sévère est le premier qui ait imaginé ce nombre, quoiqu’il paraisse vouloir réserver la dixième et la plus grande persécution pour la venue de l’antéchrist.
[1674] Saint Justin est le premier qui ait fait mention du témoignage rendu par Ponce Pilate. Les embellissements successifs que cette histoire a reçus en passant par les mains de Tertullien, d’Eusèbe, de saint Epiphane, de saint Chrysostome, d’Orose, de Grégoire de Tours, et des auteurs qui ont donné les différentes éditions des actes de Pilate, sont représentés avec beaucoup de bonne foi par D. Calmet, Dissertation sur l’Écriture, t. III, p. 65t1, etc.
[1675] Sur ce miracle, que l’on appelle communément le miracle de la légion fulminante voyez l’admirable critique de M. Moyle, vol. II, P. 81-390.
[1676] Dion Cassius, ou plutôt son abréviateur Xiphilin, l. LXXII, p. 1206. M. Moyle (p. 266) a représenté l’état de l’Église sous le règne de Commode.
[1677] Comparez la vie de Caracalla dans l’Histoire Auguste, avec la lettre de Tertullien à Scapula. Le docteur Jortin (Remarques sur l’Hist. ecclés., vol. II, p. 5 , etc.), en examinant l’effet de l’huile sainte sur la maladie de Sévère, a le plus fort désir de convertir en miracle la guérison de ce prince.
[1678] Tertullien, de Fugâ, c. 13. Le présent fut fait durant la fête des saturnales, et Tertullien voit avec peine que la société des fidèles soit confondue avec les professions les plus infâmes, qui achetaient la connivence du gouvernement.
[1679] Eusèbe, l. V, c. 23, 24 ; Mosheim, p. 435, 447.
[1680] Judæos ficri sub gravi pœnâ vetuit. Idem etiam de christianis sanxit. Hist. Auguste, p. 70.
[1681] Sulpice-Sévère, l. II, p. 384. Ce calcul (en y faisant une seule exception) est confirmé par l’histoire d’Eusèbe et par lés écrits de saint Cyprien.
[1682] L’antiquité des églises des chrétiens à été discutée par Tillemont (Mém. ecclés., t. III, art. 2, p. 68-72) et par Moyle (vol. I, p. 378-398). Ce fut du temps d’Alexandre selon M. de. Tillemont, et suivant M. Moyle sous Gallien, que les premières églises furent construites pendant la paix dont jouirent les fidèles sous le règne de ces deux princes.
[1683] Voyez l’Hist. Auguste, p. 130. L’empereur Alexandre adopta leurs méthodes d’exposer publiquement le nom de ceux qui se présentaient pour être revêtus de quelque emploi. Il est vrai que l’on attribue aussi à la nation juive l’honneur de cette coutume.
[1684] Eusèbe, Hist. ecclés., IV, c. 21. Saint Jérôme, de Script. ecclés., c. 54. Mammée fut appelée une femme sainte et pieuse par les chrétiens ou par les païens. Elle n’avait donc pas mérité que les premiers lui donnassent ce titre honorable.
[1685] Voyez Hist. Auguste, p. 123. Il paraît que Mosheim raffine beaucoup trop sur la religion particulière d’Alexandre. Le dessein qu’il avait de bâtir un temple public à Jésus-Christ (Hist. Auguste, p. 129), et L’objection que l’on fit à ce prince ou à l’empereur Adrien, dans une circonstance semblable paraissent n’avoir d’autre fondement qu’un conte dénué de vraisemblance, inventé par les chrétiens, et adopté par un historien crédule du siècle de Constantin.
[1686] C’est avec raison que ce massacre a été appelé persécution car il dure pendant tout le règne de Maximin ; c’est ce qu’on voit dans Eusèbe (VI, c. 28, Hist. ecclés., p. 186). Rufin le confirme expressément : Tribus annis à Maximino persecutione commotâ in quitus finem et persecutionis fecit et vitœ (l. VI, Hist., c. 19) (Note de l’Éditeur).
[1687] Eusèbe, VI, c. 28. On peut présumer que les succès du christianisme avaient irrité les païens, dont la dévotion augmentait de jour en jour. Dion Cassius, qui écrivait sous le premier régime, voulait, selon toutes les apparences, que son maître profitât des conseils de persécution qu’il place dans un meilleur siècle, et qu’il met dans la bouche du favori d’Auguste (*). Concernant ce discours de Mécène, ou plutôt de Dion, je puis renvoyer à l’opinion impartiale que j’ai moi-même adoptée (chap. II, note 25), et à l’abbé de La Bletterie (Mém. de l’Académie, t. XXIV, p. 303 ; tome XXV, p. 432).
(*) Si cela était, Dion Cassius aurait connu les chrétiens, ils auraient même été l’objet de son attention particulière, puisque l’auteur suppose qu’il voulait que son maître profitât de ses conseils de persécution. Comment concilier cette conséquence nécessaire avec ce qu’a dit Gibbon sur l’ignorance où était Dion Cassius du nom même des chrétiens (note 25). La supposition faite dans cette note n’est appuyée d’aucune preuve et il est probable que Dion Cassius a souvent désigné les chrétiens par le nom de juifs. Voyez Dion Cassius, LXVII, c. 14 ; LXVIII, c. 1 (Note de l’Éditeur).
[1688] Orose (VII, c. 19) prétend qu’Origène était l’objet de la haine de Maximin ; et Firmilianus, qui dans le même siècle, était un évêque de Cappadoce, restreint cette persécution, et nous en donne une juste idée (Ap. Cyprian., épist., 75).
[1689] Ce que nous trouvons dans une épître de saint Denys d’Alexandrie (ap. Eusèbe, VII, c. 10), concernant ces princes, que l’on supposait publiquement être chrétiens, se rapporte évidemment à Philippe et à sa famille : ce témoignage, d’un contemporain prouve qu’un pareil bruit avait prévalu ; mais l’évêque égyptien qui vivait dans l’obscurité à quelque distance de la cour de Rome, s’exprime sur la vérité de ce fait avec une réservé convenable. Les Épîtres d’Origène (qui existaient encore du temps d’Eusèbe, voyez VI, c. 36) auraient très probablement décidé cette question plus curieuse qu’importante.
[1690] Eusèbe, VI, c. 34. L’histoire, comme il est ordinaire, a été embellie par les écrivains des siècles suivants ; elle est réfutée avec une érudition très superflue par Frédéric Spanheim (Opera varia, t. II, p. 400).
[1691] Lactance, de Mort. persec., c. 3-4. Après avoir célébré la félicité et les progrès de l’Église sols une longue suite de bons princes, il ajoute : Extitit post annos plurimos execrabile animal, Decius, qui vexaret Ecclesiam.
[1692] Eusèbe, VI, c. 39 ; saint Cyprien, épist., 55. Le siége de Rome resta vacant depuis le 20 janvier 250, jour du martyre de saint Fabien, jusqu’à l’élection de Corneille, le 4 juin 251. Dèce avait probablement alors quitté Rome, puisqu’il fut tué avant la fin de cette année.
[1693] Eusèbe, VII, c. 10. Mosheim (p. 548) a montré très clairement que le préfet Macrien et l’Égyptien Magus étaient une seule et même personne.
[1694] Eusèbe (VII, c. 13) nous donne une traduction grecque de cet édit latin, qui paraît avoir été très concis. Par un autre édit, Gallien ordonna que les cimetières seraient rendus aux chrétiens.
[1695] Eusèbe, VII, c. 30 ; Lactance, de Mort. pers., c. 6 ; saint Jérôme, Chron., p. 177 ; Orose, VII, c. 23. Leur langage est en général si ambigu et si incorrect, que nous ne sommes point en état de déterminer quelles étaient les intentions d’Aurélien lorsqu’il fut assassiné. La plupart des modernes (excepté Dodwell, Dissert., Cyprian, XI, 64) ont saisi cette occasion pour gagner un petit nombre de martyrs extraordinaires.
[1696] Le docteur Lardner a exposé avec son impartialité ordinaire tout ce qui nous est parvenu sur la persécution d’Aurélien, et il finit par dire : Après avoir examiné avec soin les paroles d’Eusèbe et les rapports d’autres auteurs ; les savants ont généralement, et je crois très judicieusement décidé qu’Aurélien ne s’était pas borné à l’intention de persécuter les chrétiens, mais que cette persécution avait été réelle : elle fut courte, parce que l’empereur mourut peu après la publication de ses édits. Heathen Testimonies, t. III, p. 17, 4e édit., Londres, 1766.
Basnage énonce positivement la même opinion : Non intentatam modo, sed excecutioni quoque brevissimo tempore mandatam, nobis infixum est in animo. Basn., Ann. 275, n° 2, et Conf. Pagi ann. 272, n°s 4-12 et- 273 (Note de l’Éditeur).
[1697] Paul aimait mieux le titre de ducenarius que celui d’évêque. Le ducenarius était un intendant de l’empereur (ainsi appelé de ses appointements, qui se montaient à deux cents sesterces, environ seize cents livres sterling. Voyez Saumaire et l’Histoire Auguste, p. 124) Quelques critiques supposent que l’évêque d’Antioche obtint effectivement cet emploi de Zénobie. D’autres regardent seulement cette dénomination comme une expression figurée, pour désigner le faste et l’insolence du prélat.
[1698] La simonie n’était point inconnue dans ce siècle, et le clergé achetait quelquefois ce qu’il avait intention de vendre. Il paraît qu’une riche matrone nommée Lucilla, fit l’acquisition de l’évêché de Carthage, pour Majorin, un de ses serviteurs. Le prix fut de quatre cents folles (Monun. antiquit. ad calcem optati, p. 263). Chaque follis contenait cent vingt-cinq pièces d’argent ; et toute la somme pouvait valoir deux mille quatre cents livres sterling.
[1699] Si l’on voulait diminuée les vices de Paul, il faudrait supposer que les évêques assemblés de l’Orient remplirent des plus coupables calomnies les lettres circulaires qu’ils adressèrent à toutes les Églises de l’empire. Ap. Eusèbe, VII, c. 30.
[1700] Il paraît cependant que les vices et les mauvaises mœurs de Paul de Samosate entrèrent pour beaucoup dans la condamnation que les évêques prononcèrent contre lui. La lettre que le synode adressa aux évêques de Rome et d’Alexandrie, avait pour but, dit Eusèbe, de les instruire de l’altération de la foi de Paul, des réfutations et des discussions auxquelles elle avait donné lieu, ainsi que de ses mœurs et de toute sa conduite. Eusèbe, Hist. ecclés., VII, c. 30 (Note de l’Éditeur).
[1701] Son hérésie (semblable à celle de Nœtus et de Sabellius dans le même siècle) tendait à confondre la distinction mystérieuse des personnes divines. Voyez Mosheim, page 702 , etc.
[1702] Eusèbe, Hist. ecclésiastique, VII, c. 30. C’est à lui que nous sommes entièrement redevables de l’histoire curieuse de Paul de Samosate.
[1703] L’ère des martyrs, qui est encore en usage parmi les Cophtes et les Abyssins, doit être comptée depuis le 29 août de l’année 284, puisque l’année égyptienne commence dix-neuf jours plus tôt que l’avènement de Dioclétien. Voyez la Dissertation préliminaire à l’Art de vérifier les dates.
[1704] L’expression de Lactance (de Mort. pers., c. 15) sacrificio pollui coegut, suppose qu’elles avaient été auparavant converties à la foi ; mais elle ne paraît pas justifier cette assertion de Mosheim qu’elles avaient été secrètement baptisées.
[1705] M. de Tillemont (Mém. eccl., t. V, part. I, p. 11-12) a tiré du Spicileg. de Dom. Luc d’Acheri, une instruction très curieuse, que l’évêque Théonas composa pour l’usage de Lucien.
[1706] Lactance, de Mort. pers., c. 10.
[1707] Eusèbe, Hist. ecclésiastique, VIII, c. 1. Ceux qui consulteront l’original, ne m’accuseront pas de charger le tableau. Eusèbe avait environ seize ans lorsque Dioclétien monta sur le trône.
[1708] Nous pouvons citer, parmi un grand nombre d’exemples, le Culte mystérieux de Mythras et les Tauroboles, sacrifices qui devinrent à la mode sous le règne des Antonins (Voyez une Dissertation de M. de Boze dans les Mémoires de l’Académie des Inscript., t. II, p. 443). Le roman d’Apulée n’est pas moins rempli de dévotion que de satire.
[1709] L’imposteur Alexandre, recommandait très fortement l’oracle de Trophonius à Mallos, et ceux d’Apollon à Claros et à Milet (Lucien, t. II, p. 236, édit. Reitz). Le dernier de ces oracles, dont l’histoire singulière fournirait une digression très curieuse, fut consulté par Dioclétien avant qu’il publiât ses édits dé persécution. Lactance, de Mort. pers., c. 11.
[1710] Entre les anciennes histoires de Pythagore et d’Aristée, on a souvent opposé aux miracles de Jésus-Christ les guérisons opérées devant l’autel d’Esculape, et les fables que l’on raconte d’Apollonius de Tyane, quoique je convienne, avec le docteur Lardner (voyez ses Témoignages, vol. III, p. 252, 352), que Philostrate n’eut point une pareille intention quand il composa la vie d’Apollonius.
[1711] On ne saurait trop regretter que les pères de l’Église, en reconnaissant que le paganisme renfermait des choses surnaturelles ou, comme ils le croyaient, infernales, aient anéanti de leurs propres mains le grand avantage que, sans cet aveu, nous aurions pu retirer des libérales conclusions de nos adversaires.
[1712] Julien (p. 301, édit. Spanheim) témoigne une pieuse joie de ce que la providence des dieux a éteint les sectes impies des pyrrhoniens et des épicuriens, et de ce qu’elle a détruit la plus grande partie de leurs livres, qui ont été très nombreux, puisque Epicure lui-même avait composé trois cents volumes. Voyez Diogène Laërce, X, c. 26.
[1713] Cumque alios audiam mussitare indignanter, et dicere oportere statui per senatum, aboleantur ut hœc scripta, quibus christiana religio comprobetur, et vetustatis opprimatur auctoritas. Arnobe, adversus, Gentes, III, p. 103-104. Il ajoute avec beaucoup de justesse : Erroris convincite Ciceronem… nam intercipere scripta, et publicatam velle submergere lectionem, non est Deum defendere, sed veritatis testificationem timere.
[1714] Lactance (Inst. div., c. 2-3) parle avec beaucoup de chaleur et de clarté de deux de ces philosophes qui combattaient la foi. Le grand Traité de Porphyre contre les chrétiens était en trente livres il fut compose en Sicile, vers l’année 270.
[1715] Voyez Socrate, Hist. ecclésiastique, l. I, c. 9, et le Code Théodosien, l. I, tit. I, l. III.
[1716] Eusèbe, VIII, c. 4, 17. Il limite le nombre des martyrs militaires par une expression remarquable (σπανιως τουτων εις που xαι δευτερος), dont aucun traducteur, ni latin ni français, n’a rendu l’énergie. Malgré l’autorité d’Eusèbe et le silence de Lactance, de saint Ambroise, de Sulpice Sévère, d’Orose, etc., on a longtemps cru que la légion thébaine, composée de six mille chrétiens, souffrit le martyr par ordre de Maximien, dans la vallée des Alpes Péninnes. L’histoire en fût publiée pour la première fois vers le milieu du cinquième siècle, par Eucher, évêque de Lyon, qui la tenait de certaines personnes qui la tenaient d’Isaac, évêque de Genève, qui la tenait, dit-on, de Théodore, évêque d’Octodurum. L’abbaye de Saint-Maurice, qui subsiste encore, est un riche monument de la crédulité de Sigismond, roi de Bourgogne. Voyez une excellente dissertation dans le trente-sixième volume de la Bibliothèque raisonnée, p. 427-454.
[1717] L’anecdote, rapportée avec détail, présente le jeune homme sous un jour différent. Maximilien était le fils de Victor, soldat chrétien de Numidie. Son père ne le présenta point au magistrat comme ayant pour le service des armes toutes les qualités exigées par la loi. Les fils de soldats étaient obligés de servir à vingt et un ans, et Maximilien fut enrôlé comme tel. Il s’y refusa obstinément à cause des cérémonies païennes, auxquelles, il ne pouvait se prêter, et non parce que sa conscience ne lui permettait pas d’embrasser la profession de soldat. Le magistrat voulût que le père réprimandât son fils ; mais le père répondit : Il a ses raisons, et sait ce qu’il doit faire (habet consilium suum, quid illi expediat). Maximilien ayant été condamné à mort, Victor s’en retourna bénissant le ciel de ce qu’il lui avait donné un tel fils (Note de l’Éditeur).
[1718] Voyez les Acta sincera, page 299. La relation de son martyre et de celui de Marcellus porte tous les caractères de la vérité et de l’authenticité.
[1719] Marcellus fut dans le même cas que Maximilien. Les jours de fête publique les assistants sacrifiaient aux dieux : il s’y refusa en disant : Si tel est le sort des soldats, qu’ils soient forcés, de sacrifier aux dieux et aux empereurs, je renonce au serment (vitem), et à mon baudrier ; j’abandonne mes drapeaux, et je refuse de servir (Act. sinc., de Ruinart, ad cit. loc.). Il est évident que la nécessité de sacrifier aux faux dieux éloigna seule Marcellus de l’état militaire (Note de l’Éditeur).
[1720] De Mort. pers., c. 11. Lactance, ou l’auteur, quelqu’il soit, de ce petit traité, demeurait alors à Nicomédie. Mais on conçoit difficilement comment il a pu se procurer une connaissance exacte de ce qui se passait dans le cabinet des princes.
Lactance, qui fut dans la suite choisi par Constantin pour élever Crispus, pouvait très aisément avoir appris ces détails de Constantin lui-même, déjà assez âgé pour s’intéresser aux affaires du gouvernement, et placé de manière à en être bien instruit (Note de l’Éditeur).
[1721] Cette permission ne fut point arrachée à Dioclétien ; il prit ce parti de lui-même. Lactance dit, à la vérité : Nec tamen deflectere, potuit (Diocletianus) præcipitis hominis, insaniam : placuit ergo amicorum sententiam experiri (De Mort. pers., c. 11). Mais cette mesure était d’accord avec le caractère artificieux de Dioclétien, qui voulait avoir l’air de faire le bien par sa propre impulsion, et le mal par l’impulsion d’autrui. Nam erat ujus malitiœ, cum bonum quid facere decrevisset, sine consilio faciebat ut ipse laudaretur. Cum autem, malum quoniam id reprehendendum sciebat, in consilium multos advocabat ut aliorum culpœ adscriberetur quidquid ipse deliquerat (Lactance, ibid.). Eutrope dit aussi : Moratus callidè fuit, sagax prœtereà et admodum subtilis ingenio et qui severitatem suam aliena invidiâ vellet explere. Eutrope, IX, c. 26 (Note de l’Éditeur).
[1722] La seule circonstance que nous puissions découvrir, est la dévotion et la jalousie de la mère de Galère ; elle était, selon Lactance, deorum montium cultrix, mulier admodum superstitiosa. Elle avait beaucoup d’influence sur l’esprit de son fils et elle était choquée du peu d’égards que lui témoignaient quelques-uns de ses officiers chrétiens.
Ce peu d’égards consistait en ce que les chrétiens jeûnaient et priaient au lieu de prendre part aux banquets et aux sacrifices qu’elle célébrait avec les païens : Dapibus sacrificabat penè quotidié ac vicariis suis epulis exhibebat. Christiani abstinebant et illâ cum gentibus epulahte, jeuniis hi et orationibus insistebant : hinc concepit odium adversus eos, etc. Lactance, de Mort. pers., c. 11 (Note de l’Éditeur).
[1723] Le culte et la fête du dieu Terme sont agréablement expliqués par M. de Boze, Mém. de l’Acad., t. I, p. 50.
[1724] Dans le seul manuscrit que nous ayons de Lactance on lit profectus ; mais la raison et l’autorité de tous les critiques nous permettent, au lieu de ce mot qui détruit le sens du passage, de substituer prœfectus.
[1725] Lactance (de Mort. pers., c. 21) fait une peinture très animée de la destruction de cette église.
[1726] Mosheim (p. 921-926) a puisé dans différents passages de Lactance et d’Eusèbe, qu’il a rassemblés, une notion très juste et très exacte de cet édit, quoiqu’il veuille quelquefois raffiner, et qu’il donne dans des conjectures.
[1727] Plusieurs siècles après, Edouard Ier employa, avec beaucoup de succès, le même genre de persécution contre le clergé d’Angleterre. Voyez Hume, Hist. d’Angleterre, vol. I, p. 300, la dernière édition in-4°.
[1728] C’est ce que rien ne prouve : l’édit de Dioclétien, fut exécuté dans toute sa rigueur pendant le reste de son règne. Eusèbe, Hist. eccl., VIII, c. 13 (Note de l’Éditeur).
[1729] Lactance l’appelle seulement quidam, etsi non recte, magno tamen aninio, etc., c. 12. Eusèbe (VIII, c. 5) le décore des dignités du siècle. Ni l’un ni l’autre n’ont daigné rapporter son nom ; mais les Grecs célèbrent sa mémoire sous celui de Jean. Voyez Tillemont, Mém. ecclésia, t. 5, part. II, p. 820.
[1730] Lactance, de Mort. pers., c. 13-14. Potentissimi quondam eunuchi necati, per quos palatium et ipse constabat. Eusèbe (VIII, c. 6.) parle des cruelles exécutions des eunuques Gorgonius et Dorothée, et d’Anthimius, évêque de Nicomédie. Ces deux écrivains décrivent d’une manière vague, mais tragique, les scènes horribles qui se passèrent en présence même des empereurs.
[1731] Voyez Lactance, Eusèbe et Constantin, ad Cœtum sanctorum, c. 25. Eusèbe avoue qu’il ignore la cause de l’incendie.
[1732] Comme l’histoire de ces temps nous offre aucun exemple des tentatives faites par les chrétiens contre leurs persécuteurs, nous n’avons aucune raison, seulement probable, de leur attribuer l’incendie du palais, et l’autorité de Constantin et de Lactance reste pour l’expliquer ; M. de Tillemont a montré comment on pouvait les concilier. Hist. des Empereurs, Vie de Dioclétien, § 19 (Note de l’Éditeur).
[1733] Tillemont, Mém. ecclés., tome V, part. I, p. 43.
[1734] Voyez les Acta sincera de Ruinart, p. 353. Les actes de Félix de Thibara ou Tibiur paraissent bien moins corrompus ici que dans les autres éditions, qui fournissent un exemple frappant de la licence des légendaires.
[1735] Voyez le premier livre d’Optat de Milève contre les donatistes, à Paris, 1700, édit. de Dupin. Cet évêque vivait sous le règne de Valens.
[1736] Les anciens monument publiés à la fin d’Optat, p. 261, etc., apportent avec le plus grand détail la manière de procéder des gouverneurs dans la destruction des églises. Ils faisaient un inventaire très exact des vases, etc., qu’ils y trouvaient. Celui de l’église de Cirta, en Numidie, existe encore. Les effets qui y sont contenus sont deux calices d’or et six d’argent, six urnes, un vise, sept lampes, le tout aussi d’argent ; outre une grande quantité d’habits, et beaucoup d’ustensiles de cuivre.
[1737] Tous les habitants et non pas seulement un grand nombre d’entre eux, furent brûlés, dit Eusèbe. Lactance confirme cette circonstance, universum populum (Note de l’Éditeur).
[1738] Lactance (Inst. div., V, 11) ne parle que de la ruine du conventicule, qui fut brûlé, dit-il , avec tous les assistants. Eusèbe (VIII, 11) étend cette calamité à toute la ville ; et il parle d’une opération qui ressemble beaucoup à un siége régulier. Son ancien traducteur latin, Rufin, ajoute la circonstance importante que l’on avait permis aux habitants de se retirer. Comme la Phrygie touchait aux confins de l’Isaurie, il est possible que le caractère remuant des Barbares indépendants qui habitaient cette dernière province, ait contribué à leur attirer ce malheur.