[3328] Matthieu Paris, p. 345. L’évêque de Winchester qui commandait une partie de l’armée du pape, était Pierre des Roches. Il fut évêque trente-deux ans (A. D. 1206-1238), et l’historien anglais en parle comme d’un guerrier et d’un homme d’Etat (p. 178-399).
[3329] Voyez Mosheim, Institut. Hist. ecclés., p. 401-403. Alexandre lui-même avait pensé être la victime d’une élection contestée, et Innocent, dont le mérite était douteux, ne fut reconnu pape que parce que le génie ou le savoir de saint Bernard firent pencher la balance en sa faveur. Voyez sa vie et ses écrits.
[3330] Thomassin (Discipline de l’Église, t. I, p. 1252-1287) a très bien discuté ce qui a rapport à l’origine, aux titres, à l’importance, aux vêtements, à la préséance, etc., des cardinaux ; mais leur pourpre n’a plus le même éclat. Le sacré collège fut porté et fixé au nombre de soixante-douze, pour représenter, sous l’autorité du vicaire de Jésus-Christ, le nombre de ses disciples.
[3331] Voyez la bulle de Grégoire X (approbante sacro concilio, dans le SEXTE de la loi canonique, l. I, tit. 6, c. 3), c’est-à-dire dans le supplément aux décrétales que Boniface VIII promulgua à Rome en 1298, et qu’il adressa à toutes les universités d’Europe.
[3332] Le génie du cardinal de Retz avait droit de peindre le conclave de 1655, auquel il assista (Mém., t. IV, p. 15-57). Mais j’ignore le cas qu’il faut faire des lumières et de la véracité d’un anonyme italien, dont l’histoire (Conclavi pontici romani, in-4°, 1667) a été continuée depuis le règne d’Alexandre VII. La forme accidentelle de l’ouvrage donne aux ambitieux une leçon qui ne les découragera pas. On arrive à travers un labyrinthe d’intrigues à la cérémonie de l’adoration ; et la page suivante commence par les funérailles de l’heureux candidat.
[3333] Les expressions du cardinal de Retz sont positives et pittoresques. On y vécut toujours avec le même respect et la même civilité que l’on observe dans le cabinet des rois ; avec la même politesse qu’on avait dans la cour de Henri III ; avec la même familiarité que l’on voit dans les collèges ; avec la même modestie qui se remarque dans les noviciats, et avec la même charité, du moins en apparence, qui pourrait être entre des frères parfaitement unis.
[3334] Richiesti per bando (dit Jean Villani) senatori di Roma, e 52 del popolo, e capitani de’ 25 ; et consoli (consoli ?) e 13 buoni uomini, uno per rione. Nous ne sommes pas assez instruits sur cette époque pour déterminer quelle partie de cette constitution était seulement temporaire, et quelle autre était ordinaire et permanente. Cependant les anciens statuts de Rome nous donnent à cet égard quelques faibles lumières.
[3335] Villani (l. X, c : 68-71, in Muratori, Script., t. XIII, p. 641-645) parle de cette loi et raconte toute l’affaire arec beaucoup moins d’horreur que le prudent Muratori. Ceux qui ont étudié les temps barbares de nos annales ont dû observer combien les idées (je veux dire les absurdités) de la superstition sont mobiles et incohérentes.
[3336] Voyez dans le premier volume des papes d’Avignon, la seconde vie originale de Jean XXII (p. 142-145), la confession de l’antipape (p. 145-152), et les notes laborieuses de Baluze (p. 714, 715).
[3337] Romani autem, non valentes nec volentes ultra suam celare cupiditatem, gravissimam contra papam movere cæperunt questionem, exigentes ab eo urgentissime omnia quæ subierant per ejus absentiam damna et jacturas ; videlicet in hospiliis locandis, in mercimoniis, in usuris, in redditibus, in provisionibus, et in aliis mollis innumerabilibus. Quod cum audisset papa ; præcordialiter ingemuit, et se compeitens MUSCIPULATUM, etc. (Matthieu Paris, p. 757). Pour l’histoire ordinaire de la vie des papes, pour leurs actions, leur mort, leur résidence et leur absence, il suffit de renvoyer aux annalistes ecclésiastiques Spondanus et Fleury.
[3338] Outre les historiens généraux de l’Église d’Italie et de France, nous avons un Traité précieux, composé par un savant ami de M. de Thou. Il a pour titre Histoire particulière du grand différend entre Boniface VIII et Philippe le Bel, par Pierre Dupuis (t. VII, part. II, p. 61-82), et on l’a inséré daces l’Appendix des dernières et meilleures éditions de l’histoire du président de Thou.
[3339] Il n’est pas aisé de savoir si Labat (t. IV, p. 53-57) s’amusait ou parlait sérieusement, lorsqu’il suppose qu’Agnani éprouve encore l’effet de cette malédiction de Benoît XII ; et que la nature, fidèle esclave des papes, y arrête chaque année la maturité des champs de blé, des vignes ou des oliviers.
[3340] Voyez dans la Chronique de Jean Villani (l. VIII, c. 63. 64, 80, dans Muratori, t. XIII) l’emprisonnement de Boniface VIII et l’élection de Clément V. Les détails de cette élection, comme ceux de beaucoup d’anecdotes, ne sont pas clairs.
[3341] Les Vies originales des huit pages d’Avignon, Clément V, Jean XIII, Benoît XII, Clément VI, Innocent VI, Urbain V, Grégoire XI et Clément VII, ont été publiées par Étienne Baluze (Vitæ paparum Avenionensium, Paris, 1693, 2 vol. in-4°), avec de longues notes bien travaillées et un second volume d’actes et de documents. Avec le zèle d’un patriote et d’un éditeur, il justifie ou excuse pieusement les caractères de ses compatriotes.
[3342] Les Italiens comparent Avignon à Babylone, et la translation du saint-siège dans cette ville à la captivité de Babylone. La Préface de Baluze réfute gravement ces métaphores violentes, plus analogues à l’ardeur de Pétrarque qu’à la raison de Muratori. L’abbé de Sade est embarrassé entre son affection pour Pétrarque et son amour pour son pays. Il observe modestement que plusieurs des incommodités du local d’Avignon ont disparu, et que les Italiens qui se trouvaient à la suite de la cour de Rome, y avaient porté la plupart des vices qui ont excité la verve du poète (t. I, p. 23-28).
[3343] Philippe III, roi de France, céda en 1273 le comtat Venaissin aux papes, après qu’il eut hérité des domaines du comte de Toulouse. Quarante années auparavant, l’hérésie du comte Raimond leur avait donné un prétexte de le saisir ; et ils tiraient du onzième siècle quelques droits obscurs sur quelques terres citra Rhodanum (Valois, Notitia Galliarum, p. 459-610 ; Longuerue, Description de la France, t. I, p. 376-381).
[3344] Si une possession de quatre siècles ne formait pas un titre, de pareilles objections pourraient rendre le marché nul ; mais il faudrait rendre la somme, car elle fait payée. Civitatem Avenionem emit.... per ejusmodi venditionem pecunia redundantes, etc. (Secunda Vit. Clément. VI, in Baluze, t. I, p. 272, Muratori, Scriptor., tom. III, part. II, p. 565). Jeanne et son second mari ne furent séduits que par l’argent comptant, sans lequel ils n’auraient pu retourner dans leur royaume de Naples.
[3345] Clément V fit tout de suite une promotion de dix cardinaux, neuf Français et un Anglais (Vit. quarta, p. 63, et Baluze, p. 625, etc.). En 1331 le pape refusa deux prélats recommandés par le roi de France, quod XX cardinales, de quibus XVII de regno Franciæ originem traxisse noscuntur, in memorato collegio existant (Thomassin, Discipline de l’Église, t. I, p. 1281).
[3346] Les premiers détails que nous ayons sur cette affaire sont du cardinal Jacques Caiétan (Maxima Bib. patrum, t. 25) ; je suis embarrassé de déterminer si le neveu de Boniface VIII était un sot ou un fripon, mais on a moins d’incertitude sur le caractère de son oncle.
[3347] Voyez Jean Villani (l. VIII, c. 36), dans le douzième volume de la Collection de Muratori, et le Chronicon Astense, dans le onzième volume (p. 191, i92) de la même Collection. Papa innumarabilem pecuniam ab eisdem accepit ; nam duo clerici, cum rastris, etc.
[3348] Les deux bulles de Boniface VIII et de Clément VI se trouvent dans le Corpus juris canonici (Extravag. commun., l. V, tit. 9, c. 1, 2).
[3349] Les années et les jubilés sabbatiques de la loi de Moïse (Car. Sigon. de republ. Hebræorum, Opp., t. IV, l. III, c. 14, 15, p. 151, 152) ; la suspension de toute espèce de soins et de travaux, cette restitution périodique des terres, et cet affranchissement de dettes, de servitude, etc., paraissent une belle idée, mais l’exécution en serait impraticable dans une république non théocratique ; et si l’on pouvait me démontrer que les Juifs observaient cette fête ruineuse, j’en serais charmé.
[3350] Voyez la Chronique de Matth. Villani (l. I, c. 56) dans le quatorzième volume de Muratori, et les Mém. sur la vie de Pétrarque (t. III, p. 75-89).
[3351] M. Chais, ministre de la communion protestante à la Haye, a épuisé cette matière dans ses Lettres historiques et dogmatiques sur les Jubilés et les Indulgences, la Haye, 1751, trois volumes in-12. Ouvrage laborieux, et qui serait agréable si l’auteur n’avait préféré le caractère d’un théologien polémique à celui d’un philosophe.
[3352] Muratori (Dissert. 47) allègue les Annales de Florence, de Padoue, de Gênes, etc., l’analogie des autres événements, le témoignage d’Othon de Freysingen (de Gestis Freder. I, l. II, c. 13) et la soumission du marquis d’Este.
[3353] Dès l’an 824 l’empereur Lothaire Ier crut devoir interroger le peuple romain, et savoir de tous les individus d’après quelle loi nationale ils voudraient être gouvernés (Muratori, Dissert. 22).
[3354] Pétrarque attaque ces étrangers, tyrans de Rome, dans une déclamation ou épître pleine de vérités hardies et d’un pédantisme absurde, où il veut appliquer les maximes et même les préjugés de l’ancienne république à Rome, telle qu’elle se trouvait au quatorzième siècle (Mémoires, t. III, p. 157-169).
[3355] Pagi (Critica, t. IV, p. 435, A. D. 1124, n° 3, 4) rapporte l’origine et les aventures de cette famille juive. Il parle d’après le Chronoraphus Maurigniacensis, et Arnulphus Sagiensis de Schismate (in Muratori, t. III, part. I, p. 423-432). Les faits doivent être vrais à quelques égards, mais je voudrais qu’on les eut racontés froidement avant d’en faire un sujet de reproche contre l’antipape.
[3356] Muratori a publié deux dissertations (41 et 42) sur les noms, les surnoms et les familles de l’Italie. Sa critique ferme et modérée a pu blesser quelques nobles qui s’enorgueillissent de leurs fabuleuses généalogies. Cependant quelques onces d’or pur valent mieux que plusieurs livres d’un métal grossier.
[3357] Le cardinal de Saint-George, dans son histoire poétique ou plutôt versifiée de l’élection et du couronnement de Boniface VIII (Murat., Script. ital., tom. III, part. I, p. 641, etc.) nous fait connaître l’état de Rome et les familles qu’elle renfermait lors de ce couronnement (A. D. 1295). Les anciens statuts de Rome (l. III, c. 51, p. 174, 175) distinguent onze familles de barons qui doivent prêter serment in consilio communi, devant le sénateur, qu’ils n’accorderont ni asile ni protection aux malfaiteurs, aux proscrits, etc., serment qu’on n’observait guère.
[3358] Il est bien à regretter que les Colonnes eux-mêmes n’aient pas donné au monde une histoire complète et critique de leur illustre maison. J’adopte l’idée de Muratori (Dissert. 42, t. III, p. 647, 648).
[3359] Pandulph. Pisan., in Vit. Pascal. II, in Muratori, Script. ital., t. III, part., I, p. 335. Cette famille a encore de grandes possessions dans la campagne de Rome ; mais elle a vendu aux Rospigliosi le fief de Colonna (Eschinard, p. 258, 259).
[3360] Te longinqua dedit tellus et pascua Rheni, dit Pétrarque ; et en 1417 un duc de Gueldres et de Juliers reconnut (Lenfant, Histoire du concile de Constance, t. II, p. 539) qu’il descendait des aïeux de Martin V (Othon Colonna). Mais le roi de Prusse observe dans les Mémoires de Brandebourg, que dans ses armes le sceptre a été confondu avec la colonne. Pour soutenir l’extraction romaine de cette maison, on a ingénieusement supposé (Diario di Mondaldeschi, dans les Script. ital., t. XII, p. 533) qu’un cousin de l’empereur Néron s’était sauvé de Rome, et avait fondé la ville de Mayence.
[3361] Je ne dois pas oublier le triomphe romain ou l’ovation de Marc-Antoine Colonne, qui avait commandé les galères du pape à la bataille de Lépante (de Thou, Hist., l. VII, t. III, p. 55, 56 ; Muratori, Oratio 10, Qpp., tom. I, p. 180-190).
[3362] Muratori, Annali d’Italia, t. I, p. 216-200.
[3363] L’attachement de Pétrarque pour la maison de Colonne a engagé l’abbé de Sade a donner beaucoup de détails sur la position de cette famille au quatorzième siècle, sur la persécution de Boniface VIII, le caractère d’Étienne et de ses fils, leurs querelles avec les Ursins, etc. (Mém. sur Pétrarque, t. I, p. 98-110, 146-148, 174-176, 222-230, 275-280). Sa critique rectifie souvent les faits rapportés par Villani, d’après des ouï-dire, et les erreurs de quelques modernes moins exacts. On m’assure que la branche d’Étienne ne subsiste plus.
[3364] Alexandre III avait déclaré les Colonnes qui adhéraient à l’empereur d’incapables de posséder aucun bénéfice ecclésiastique (Villani, l. v, c. 1). Sixte-Quint fit cesser l’usage de renouveler toutes les années l’excommunication portée contre eux (Vita di Sisto V, tome III, p. 416). La trahison, le sacrilège et la proscription, sont souvent les meilleurs titres de l’ancienne noblesse.
[3365] Manaldeschi (t. XII, Script. ital., p. 533) donne une origine française à la maison des Ursins. Elle a pu en effet passer de France en Italie à une époque très reculée.
[3366] La Vie de Célestin V, que le cardinal de Saint-George a publiée en vers (Muratori, t. III, part. I, p. 613, etc.) contient ce passage, qui est très clair et qui ne manque pas d’élégance (l. I, c. 3, p. 203, etc.)
— Genuit quem nobilis Ursæ (Ursi ?)
Progenies, romana dontus, veterataque magnis
Fascibus in clero, pompasque experta senatus,
Bellorumque manu grandi stipata parentum
Cardineos apices necnon furstigia dudum
Papatus iterata tenens.
Muratori (Dissert. 42, t. III) voudrait lire Ursi. Il observe que le premier pontificat de Célestin III, Ursin, était inconnu.
[3367] Filii Ursi, quondam Celestini papœ nepotes, de bonis Ecclesiœ romanœ ditati (Vit. Innocent III, in Muratori, Script., t. III, p. 1). La prodigalité de Nicolas III envers ses parents se voit mieux encore dans Villani et Muratori : cependant les Ursins auraient dédaigné les neveux d’un pape moderne.
[3368] Muratori, dans sa cinquante et unième dissertation sur les antiquités d’Italie, explique l’origine des factions des Guelfes et des Gibelins.
[3369] Pétrarque (t. I, p. 222-230), d’après les sentiments des Colonnes, a célébré cette victoire ; mais deux auteurs contemporains, l’un de Florence (Giovanni Villani, l. X, c. 220) et l’autre de Rome (Ludov. Monaldeschi, p. 533, 534), contrarient l’opinion du poète, et sont moins favorables à leurs armes.
[3370] L’abbé de Sade (t. I, notes, p. 61-66) a appliqué le sixième sonnet de Pétrarque, Spirto gentil, etc., à Étienne Colonne le jeune :
Orsi, lupi, Leoni, aquile eserpi
Ad una gran marmorea Colonna
Fanno noja sovente, ed a se danno.
[3371] Les Mémoires sur la vie de François Pétrarque (Amsterdam, 1764, 1767, 3 vol. in-4°) forment un ouvrage abondant en détails, original et très agréable. C’est un travail fait d’affection, et d’après l’étude exacte du poète et de ses contemporains ; mais on perd trop souvent le héros au milieu de l’histoire générale de son siècle ; et l’auteur se laisse trop souvent affadir par une affectation de politesse et de galanterie. Dans la préface du premier volume, l’abbé de Sade indique vingt biographes italiens qui ont traité spécialement même sujet, et il examine leur mérite.
[3372] L’opinion de ceux qui ne voient dans Laure qu’un personnage allégorique, prévalut dans le quinzième siècle mais les prudents commentateurs n’étaient point d’accord, et ils disputaient pour savoir si Pétrarque avait voulu désigner par ce nom la Religion ou la Vertu, la sainte Vierge ou... Voyez les préfaces du premier et du second volume de l’abbé de Sade.
[3373] Laure de Noves naquit vers l’an 1307 : elle épousa, au mois de janvier 1325, Hugues de Sade, noble citoyen d’Avignon, dont la jalousie n’était pas un effet de l’amour ; car il se maria une seconde fois sept mois après la mort de Laure, qui arriva le 6 avril 1348, précisément vingt et un ans après l’époque où Pétrarque l’avait vue pour la première fois, et avait senti naître son amour pour elle.
[3374] Corpus crebris partubus exhaustunt : l’abbé de Sade, biographe de Pétrarque, et si plein de zèle et d’affection pour ce poète, descend, au dixième degré, d’un des enfants de Laure. Il est vraisemblable que c’est ce motif qui lui a fait naître le projet de son ouvrage, et l’a déterminé à rechercher toutes les circonstances d’une histoire si importante pour la réputation de son aïeule. Voyez surtout le tome I, p. 123-133, notes, p. 7-58 ; le t. II, p. 455-495, notes, p. 76-82.
[3375] La fontaine de Vaucluse, si bien connue de nos voyageurs anglais, a été décrite par l’abbé de Sade (Mémoires, t. I, p. 340-359) d’après les ouvrages de Pétrarque et ses propres connaissances locales. Ce n’était au vrai qu’une retraite d’ermite, et les modernes se trompent beaucoup s’ils placent dans la grotte Laure et son heureux amant.
[3376] L’édition de Bâle, du seizième siècle, sans indication de l’année, contient douze cent cinquante pages, petit caractère. L’abbé de Sade demande à grands cris qu’on fasse une nouvelle édition des œuvres latines de Pétrarque ; mais je doute beaucoup qu’elle fût utile au libraire et agréable au public.
[3377] Voyez Selden, Titles of Honour (t. III de ses Œuvres, p. 457-466). Un siècle avant Pétrarque, saint François reçut la visite d’un poète qui ab imperatore fuerat coronatus et exinde rex versuum dictus.
[3378] Depuis Auguste jusqu’à Louis XIV, la muse des poètes n’a que trop souvent été mensongère et vénale ; mais je doute que dans aucun siècle et dans aucune cour il y ait jamais eu, ainsi qu’à la cour d’Angleterre, un poète stipendié, qui, sous tous les règnes et dans toutes les occasions, fût obligé de fournir deux fois par an une certaine quantité de vers, et une certaine dose d’éloges qu’on pût chanter dans la chapelle, et, je crois, en présence du souverain. Je parle avec d’autant plus de liberté de cet usage ridicule, que le meilleur, temps pour l’abolir est celui où le roi se trouve être un homme vertueux, et le poète un homme de génie.
[3379] Voyez Isocrate, in Panegyr., t. I, p. 116, 117, édit. Battie, Cambridge, 1729. On imita à Delphes les panathénées ; mais aux jeux olympiques il n’exista de couronne, pour la musique que lorsqu’elle fut arrachée par la vanité tyrannique de Néron (Suétone, in Nerone, c. 23 ; Philostrate, apud Casaubon, ad locum, Dion Cassius ou Xiphilin, l. LXIII, p. 1032, 1041 ; Potter’s greek Antiquities, vol. I, p. 445-450).
[3380] Les jeux capitolins (certamen quinquennale MUSICUM, equestre, gymnicum) furent établis par Domitien (Suétone, c. 4) l’an 86 de Jésus-Christ (Censorin, de Die Natali, c. 18, p. 100, édit. Havercamp), et ne furent abolis qu’au quatrième siècle, (Ausone, de Professoribus Burdegal. V). Si la couronne était accordée au mérite supérieur, l’exclusion de Stace (Capitolia nostræ infciata lyræ, Sylves, l. III, v. 31) peut prouver le talent des poètes qui concouraient aux jeux du Capitole ; mais les poètes latins qui vécurent avant Domitien ne furent couronnés que par l’opinion publique.
[3381] Pétrarque et les sénateurs de Rome ignoraient que le laurier était la couronne des jeux de Delphes, et non des jeux capitolins (Pline, Hist. nat., XV, 39 ; Hist. critique de la république des lettres, t. I, p. 150-220). Les vainqueurs du Capitole étaient couronnés d’une guirlande de feuilles de chêne (Martial, l. IV, épigramme 54).
[3382] Le pieux descendant de Laure s’est efforcé, et non sans succès, de venger la pureté de sa vertu des censures des graves personnages et du sourire malin des gens du monde (t. II, notes, p. 76-82).
[3383] L’abbé de Sade décrit avec beaucoup d’exactitude tout ce qui a rapport au couronnement de Pétrarque (t. I, p. 125-435 ; t. II, p. 1-6 ; notes, p. 1-13). Ces détails sont tirés des écrits de Pétrarque et du journal romain de Louis Monaldeschi : il a eu soin de ne pas mêler à ce récit les fables plus récentes de Sannuccio Delbene.
[3384] L’acte original est imprimé parmi les pièces justificatives des Mémoires sur Pétrarque, t. III, p. 50-53.
[3385] Pour avoir des preuves de son enthousiasme pour Rome, j’invite seulement le lecteur à ouvrir au hasard les Œuvres de Pétrarque ou l’ouvrage de son biographe français. Ce dernier a décrit le premier voyage du poète à Rome (t. I, p. 323-335) ; mais, au lieu de tant de fleurs de rhétorique et de moralités, Pétrarque aurait dû, pour l’amusement de son siècle et de la postérité, nous donner une description exacte de la ville et de son couronnement.
[3386] Le père Du Cerceau, jésuite, a écrit l’Histoire de la Conjuration de Nicolas Gabrini, dit de Rienzi, tyran de Rome, en 1347, ouvrage publié à Paris en 1748, in-12, après la mort de l’auteur. Je lui dois quelques faits et divers documents qui se trouvent dans un livre de Jean Hocsemius, chanoine de Liège, historien contemporain (Fabricius, Biblioth. latin. medii œvi, t. III, p. 273, t. IV, p. 85).
[3387] L’abbé de Sade, qui fait un si grand nombre d’excursions sur l’histoire du quatorzième siècle, a nécessairement dû traiter, comme étant de son sujet, une révolution qui intéressait si vivement Pétrarque (Mémoires, t. II, p. 50, 51 ; 320, 417, notes, p. 70-76 ; t. III, p. 221-243, 366-375). Il y a lieu de croire qu’aucune des idées ou aucun des faits qui se trouvent dans les écrits de Pétrarque ne lui a échappé.
[3388] Jean Villani, l. XII, c. 89-1.4, in Muratori, Rerum Ital. Script., t. XIII, p. 969, 970, 981-983.
[3389] Muratori a inséré dans son troisième volume des Antiquités italiennes (p. 249-548) les Fragmenta historiœ romanœ ab anno 1327 usque ad annum 1351, dans le dialecte qu’on parlait à Rome et à Naples au quatorzième siècle, avec une version latine en faveur des étrangers. Ces fragments contiennent les détails les plus authentiques de la vie de Cola (Nicolas) di Rienzi : ils avaient été imprimés en 1627, in-4°, sous le nom de Thomas Fortifiocea, dont on ne dit rien dans cet ouvrage, sinon qu’il avait été puni par le tribun pour un crime de faux. La nature humaine est rarement capable d’une si sublime, ou si stupide impartialité ; mais, quelque soit l’auteur de ces Fragments, il les a écrits sur les lieux et au temps de la révolution, et il peint sans dessein et sans art les mœurs de Rome et le caractère du tribun.
[3390] Le premier et le plus beau moment de la vie de Rienzi, celui de son gouvernement en qualité de tribun, se trouve dans le dix-huitième chapitre des Fragments (p. 399-479). Ce chapitre forme, dans la nouvelle division, le deuxième livre de l’histoire, qui contient trente-huit chapitres ou sections d’une moindre étendue.
[3391] On verra peut-être ici avec plaisir un échantillon de l’idiome qu’on parlait à Rome et à Naples au quatorzième siècle : Fo da soa juventuine nutricato di latte de eloquentia, buono gramatico, megliore rettuorico, autorista bravo. Deh como et quanto era veloce leitore ! moito, usava Tito Livio, Seneca, et Tullio, et Balerio Massimo, moito li diletiava le magnficentie di Julio Cesare raccontare. Tutta la die se speculava negl’ intagli di marmo lequali iaccio intorno Roma. Non era altri che esso, che sapesse lejere li antichi pataffii. Tutte scritture antiche vulgarizzava ; quesse fiure di marmo justamente interpretava. Oh come spesso diceva : Dove suono quelli buoni Romani ? dove ene loro somma justitia ? Poteramme trovare in tempo che quessi fiuriano !
[3392] Pétrarque rapproche la jalousie des Romains du caractère facile des maris d’Avignon (Mémoires, t. I, p. 330).
[3393] Les fragments de la lex Regia se trouvent dans les Inscriptions de Gruter, t. I, p. 242, et à la fin du Tacite d’Ernesti, avec quelques notes savantes de l’éditeur, t. II.
[3394] Je ne puis omettre urge étonnante et ridicule erreur de Rienzi. La lex Regia autorise Vespasien à défendre le pomœrium, mot familier à tous les antiquaires, mais non pas au tribun, qui le confondait avec pomarum, verger, et traduisait lo Jardino de Roma civene Italia ; et ce sens a été adopté par le traducteur latin (p. 446) ainsi que par l’historien français (p. 33), moins excusables dans leur ignorance. Le savoir de Muratori lui-même s’est endormi sur ce passage.
[3395] Priori (Bruto) tamen similior, juvenis uterque, longe ingenio quam cujus simulationem induerat, ut sub hoc obtentu liberator ille P. R. aperiretur tempore suo... Ille regibus, hic tyrannis contemptus. Opp., p. 536.
[3396] Je lis dans un manuscrit perfumante quatro SOLDI, dans un autre quatro FIORINI ; cette différence est grave, puisque le florin valait dix solidi romains (Murat., Diss. 28). Il résulte de la première version qu’il y avait à Rome vingt-cinq mille familles, et de la seconde qu’il y en avait deux cent cinquante mille, et j’ai lieu de craindre que la première ne soit plus conforme à la situation ou était tombée Rome à cette époque, et au peu d’étendue de son territoire.
[3397] Hocsemius, p. 398, ap. Du Cerceau, Hist. de Rienzi, p. 194. Les quinze lois que publia ce tribun se trouvent dans l’historien que, pour avoir plus tôt fait, je nommerai Fortifiocca, l. II, c. 4.
[3398] Fortifiocca, l. II, c. 11. Les détails de ce naufrage font connaître quelques circonstances du commerce et de la navigation du quatorzième siècle. 1° Le navire avait été construit à Naples, et on l’avait frété pour les ports de Marseille et d’Avignon. 2° Les matelots étaient originaires de Naples et de l’île d’Œnaria, et moins habiles que ceux de la Sicile et de Gènes. 3° Le navire était revenu de Marseille en longeant les côtés : assailli par une tempête, il s’était réfugié à l’embouchure du Tibre, mais il manqua le courant et échoua : l’équipage, n’ayant pu le dégager, descendit à terre. 4° Ce navire, dont la cargaison fut pillée, portait au trésor royal le revenu de la Provence, plusieurs balles de poivre, de cannelle et d’étoffes de France, le tout valant vingt mille florins, prise alors très considérable.
[3399] Ainsi une ancienne connaissance d’Olivier Cromwell, qui se souvenait de l’avoir vu entrer à la chambre des communes d’un air si gauche et si ignoble, fut étonnée de l’aisance et de la majesté du protecteur sur son trône. (Voyez Harris’s Life of Cromwell, p. 27-34, d’après Clarendon, Warwick, Whitelocke, Waller, etc.) Un homme qui sent son mérite et son pouvoir prend aisément les manières de sa dignité.
[3400] Voyez les détails, les causes et les effets de la mort d’André, dans Giannone (t. III, l. XXIII, p. 220-229) et dans les Mémoires sur la vie de Pétrarque (t. II, p. 143-148, 245-250, 375-379, notes, p. 21-37). L’abbé de Sade voudrait diminuer le crime de Jeanne.
[3401] L’avocat qui plaida contre Jeanne ne pouvait rien ajouter à la force des raisonnements et à la brièveté de la lettre de Louis de Bavière : Johanna ! inordinata vita prœcedens, retentio potestatis in regno, neglecta vindicta, vir alter susceptus, et excusatia subsequens, necis viri tui te probant fuisse participem et consortem. Jeanne de Naples a des traits singuliers de ressemblance avec Marie d’Écosse.
[3402] Voyez l’Epistola hortatoria de capessenda republica, que Pétrarque adressa à Rienzi (Opp., p. 535-550), et sa cinquième églogue ou pastorale, qui est une allégorie continuelle et remplie d’obscurité.
[3403] Plutarque, dans ses Questions romaines (Opusc., t. II, p. 505, édit. grecq., Henri Étienne), établit sur les principes les plus constitutionnels le genre simple du pouvoir des tribuns, qui, à proprement parler, n’étaient pas des magistrats, mais des barrières opposées à la magistrature. Rienzi et Pétrarque lui-même n’étaient peut-être pas en état de lire un philosophe grec ; mais Tite-Live et Valère Maxime, qu’ils étudiaient souvent, auraient pu leur inculquer cette modeste doctrine.
[3404] On ne peut rendre, en anglais (ni en français) ce titre énergique, mais barbare, de zelator Italiæ que prenait Rienzi.
[3405] Era bell’ uomo (l. II, c. 1, p. 399). Il faut remarquer que le riso sarcastico de l’édition de Bracciano ne se trouva pas dans le manuscrit romain qu’a publié Muratori. Au retour de son premier exil, lorsqu’on le peignait presque comme un monstre, Rienzi travea una ventrasca tonna trionfale a modo de uno abbate asiano or asinino (l. III, c. 18, p. 523).
[3406] Quelque étrange que pût paraître cette fête, on en avait vu de pareilles. En 1327 un Colonne et un Ursin furent créés chevaliers par le peuple romain, qui avait coutume de balancer ainsi les deux familles : ils se baignèrent dans de l’eau de rose ; on orna leurs lits avec une magnificence royale, et ils furent servis à Santa-Maria d’Araceli, sur le mont Capitolin, par les vingt-huit buoni uomini. Ils reçurent ensuite de Robert, roi de Naples, l’épée de chevaliers (Hist. rom., l. I, c. 2, p. 259).
[3407] Tout le monde croyait alors à la lèpre et au bain de Constantin (Pétrarque, Epist. famil. VI, c. 2) ; et Rienzi, pour justifier sa conduite, observa à la cour d’Avignon qu’un chrétien dévot n’avait pu profaner un vase dont un païen s’était servi. Cependant ce crime est spécifié dans la bulle d’excommunication lancée contre le tribun. Hocsemius, apud Du Cerceau, p. 189, 190.
[3408] Cette sommation verbale faite au pape Clément VI, et rapportée par Fortifiocca et un manuscrit du Vatican, est contestée par le biographe de Pétrarque (t. II, notes, p. 70-76) dont les arguments sont, à cet égard, plus convenables que convaincants. On ne doit pas s’étonner si la cour d’Avignon ne désira point traiter cette question délicate.
[3409] Quant aux deux empereurs rivaux sommés au tribunal de Rienzi, Hocsemius (ap. Du Cerceau, p. 163-166) rapporte ce trait de liberté et de folie.
[3410] Il est singulier que Fortifiocca n’ait pas parlé de ce couronnement, qui est si vraisemblable en lui-même, et qui est appuyé du témoignage de Hocsemius et même de Rienzi (Du Cerceau, p. 167-170-229).
[3411] Puo se faceva stare denante a se, mentre sedeva, li baroni tutti in piedi ritti co le vraccia piegate, e co li capucca tratti. Deh como stavano paurosi ! (Hist. rom., l. II, c. 20, p. 439). Il les a vus et nous les fait voir.
[3412] La lettre où Rienzi justifie sa conduite envers les Colonnes (Hocsemius, apud Du Cerceau, p. 222-229), découvre au naturel un fripon à la fois et un fou.
[3413] Rienzi, dans la lettre citée plus haut, attribue à saint Martin le tribun et à Boniface VIII, ennemi de la maison de Colonne, à lui-même et au peuple romain, la gloire de ce combat, dont Villani (l. XII, c. 104) fait une bataille régulière. Fortifiocca (l. II, c. 34-37) décrit en détail et avec simplicité le désordre du combat, la fuite des Romains et la lâcheté de Rienzi.
[3414] En parlant de la chute de la famille des Colonnes, je n’entends ici que celle d’Étienne Colonne. Le père Du Cerceau confond souvent le père et le fils. Après l’extinction de la première souche, cette maison s’est perpétuée dans les branches collatérales, que je ne connais pas d’une manière bien exacte. Circumspice, dit Pétrarque, familiæ tuæ statum, Columniensium domos : solito pauciores habeat Columnas. Quid ad rem ? Modo fundamentum stabile solidumque permaneat.
[3415] Le couvent de Saint-Sylvestre avait été fondé et doté par les cardinaux de la maison Colonne pour celles de leurs parentes qui embrasseraient la vie monastique ; ils continuaient d’en être les protecteurs. En 1318, les religieuses étaient au nombre de douze. Les autres filles de cette maison avaient la permission d’épouser leurs parents au quatrième degré, et la dispense était fondée sur le petit nombre des nobles familles romaines et leurs étroites alliances (Mém. sur Pétrarque, t. I, p. 110 ; t. II, p. 401).
[3416] Pétrarque écrivit à la famille Colonne une lettre pleine d’affectation et de pédanterie (Fam., l. VII, épist. 13, p. 682, 683). On y voit l’amitié se perdre dans le patriotisme. Nulla toto ortie principum familia carior ; carior tamen respublica, carior Roma, carior Italia.
Je rends grâces aux dieux de n’être pas Romain.
[3417] Pollistore, auteur contemporain, qui a conservé plusieurs faits curieux et originaux (Rerum italicarum, t. XXV, c. 31, p. 798-804), indique obscurément cette assemblée et l’opposition qu’y trouva Rienzi.
[3418] Le père Du Cerceau (p. 196-232) à traduit les brefs et les bulles de Clément VI contre Rienzi, d’après les Annales ecclésiastiques d’Odericus Raynaldus (A. D. 1347, n° 15-17-21, etc.), qui les avait trouvés dans les archives du Vatican.
[3419] Matthieu Villani décrit l’origine, le caractère et la mort du comte de Minorbino, homme da natura inconstante et sanza fede. Minorbino avait eu pour grand-père un notaire astucieux, qui s’enrichit des dépouilles des Sarrasins de Nocera, et qui acquit ensuite la noblesse (l. VII, c. 102, 103). Voyez son emprisonnement et les efforts de Pétrarque en sa faveur, t. II, p. 149-151.
[3420] Matthieu Villani (l. II, c. 47 ; l. III, c. 33-57-78) et Thomas Fortifiocca (l. III, c. 1-4) racontent les troubles de Rome depuis le départ de Rienzi jusqu’à son retour. Je ne me suis pas arrêté sur Cerroni et Baroncelli, qui ne firent qu’imiter Rienzi leur modèle.
[3421] Le zèle de Pollistore, l’inquisiteur dominicain (Rer. ital., t. XXV, c. 36, p. 819), a sûrement exagéré ces visions, qui ne furent connues ni des amis ni des ennemis de Rienzi. Si celui-ci eût dit que le règne du Christ avait été remplacé par celui du Saint-Esprit, que la tyrannie du pape devait être abolie, on aurait pu le convaincre du crime d’hérésie et de rébellion sans blesser le peuple romain.
[3422] L’étonnement et presque la jalousie de Pétrarque est une preuve, sinon de la vérité de ce fait incroyable, au moins de la bonne foi de celui qui le raconte. L’abbé de Sade (Mémoires, t. III, p. 242) cite la sixième épître du treizième livre de Pétrarque ; mais c’est le manuscrit royal qu’il a consulté, et non l’édition ordinaire de Bâle (p. 920).
[3423] Ægidius ou Giles Albornoz, noble espagnol, archevêque de Tolède et cardinal légat en Italie (A. D. 1353-1367), rétablit par ses armes et par ses conseils la domination temporelle des papes. Sepulveda a écrit sa vie mais Dryden n’a pu raisonnablement supposer que le nom d’Albornoz ou celui de Wolsey fût parvenu aux oreilles du mufti de la tragédie de don Sébastien.
[3424] Le père Du Cerceau (p. 344-394) a extrait de Matthieu Villani et de Fortifiocca, un précis de la vie et de la mort du chevalier de Montréal, qui vécut en voleur, et mourut en héros. A la tête d’une compagnie libre, la première qui eût désolé l’Italie, il s’enrichit et devint formidable : il avait de l’argent dans toutes les banques ; à Padoue, seulement, il avait soixante mille ducats.
[3425] Fortifiocca, qui ne paraît être ni l’ami ni l’ennemi de Rienzi, raconte en grand détail (l. III, c. 12-25) son exil, sa seconde administration et sa mort. Pétrarque, qui aimait le tribun, apprit avec indifférence la mort du sénateur.
[3426] L’abbé de Sade décrit d’une manière agréable, et d’après Pétrarque lui-même, la confiance et les espérances trompées du poète (Mém., t. III, p. 375-413) ; mais sa plus grande douleur, bien que la plus cachée, fut le couronnement du poète Zanubi par l’empereur Charles IV.
[3427] Voyez dans les Mémoires, agréables et exacts de l’abbé de Sade, la lettre de Pétrarque à Benoît XII en 1334 (t. I, p. 261-265), à Clément VI en 1342 (t. II, p. 45-47), et à Urbain V en 1366 (t. III, p. 677-691) ; l’éloge du dernier de ces pontifes (p. 711-715) ; son apologie (p. 771). On trouve (Opp., p. 1068-1085) sa discussion pleine de fiel sur le mérite respectif de la France et de l’Italie.
[3428] Squalida sed quoniam facies, neglectaque cultu
Cœsaries, multisque malis lassata senectus
Eripuit solitum effigiem ; vetus accipe nomen ;
Rama vocor.
(Carm., l. II, p. 77).
Il prolonge cette allégorie au-delà de toute mesure et des bornes de toute patience. Les lettres en prose qu’il adressa à Urbain V sont plus simples et plus persuasives (Senilium, l. VII, p. 811-827 ; l. IX, épist. 1, p. 844-854).
[3429] Je n’ai pas le loisir de m’arrêter sur les légendes de sainte Brigitte et de sainte Catherine ; la dernière pourrait fournir quelques histoires amusantes. Leur effet sur l’esprit de Grégoire XI est, attesté par le discours de ce pape au lit de la mort. Il avertit les assistants, ut cavererit ab hominibus, sine viris, sive mulieribus, sub specie religionis loquentibus visiones sui capitis ; quia per tales ipse seductus, etc. Baluze, Not. ad Vita pap. Avenionensium, t. I, p. t 223.
[3430] Cette expédition de brigands est racontée par Froissard (Chronique, t. I, p. 230) et dans la vie de Du Guesclin (Collection générale des Mémoires historiques, t. IV, c. 16, p. 107-113). Dès l’année 1361 la cour d’Avignon avait souffert les violences de bandes de la même espèce, qui passèrent ensuite les Alpes (Mémoires sur Pétrarque, tom. III, p. 563-569).
[3431] Fleury cite, d’après les Annales d’Odericus Raynaldus, le Traité original qui fut signé le 21 décembre 1376, entre Grégoire XI et les Romains (Hist. ecclés., tom. XX, p. 27).
[3432] La première couronne ou regnum (Ducange, Gloss. lat., t. V, p. 702), qu’on voit figurer sur la mitre des papes, indique la donation de Constantin ou de Clovis. Boniface VIII y ajouta la seconde, pour annoncer que les papes, outre un royaume spirituel, possèdent un royaume temporel. Les trois États de l’Église sont représentés par la triple couronne qu’introduisit Jean XXII ou Benoît XII (Mém. sur Pétrarque, t. I, p. 258, 259).
[3433] Baluze (Not. ad pap. Avenion., p. 1194, 1195), allègue des témoins sur les menaces des ambassadeurs de Rome et la résignation de l’abbé du mont Cassin, qui, ultro se offerens, respondit se civem romanum esse, et illud velle quod ipsi vellent.
[3434] On voit dans la vie d’Urbain V, et dans celle de Grégoire XI (Baluze, Vit. pap. Avenion., t. I, p. 363-486), et Muratori (Script. rer. ital., t. III, part. I, p. 610-712) le retour des papes à Rome et la réception que leur fit le peuple. Dans les disputes du schisme on examina toutes les circonstances sévèrement, bien qu’avec partialité ; ce fut surtout lorsque la grande vérification qui décida l’obéissance de la Castille ; et à laquelle Baluze renvoie si souvent dans ses notes, d’après un manuscrit de la Bibliothèque de Harlay, p. 1281, etc.
[3435] Ceux qui croient à l’immortalité de l’âme peuvent-ils regarder la mort d’un homme de bien comme un châtiment ? Ils montrent alors l’incertitude de leur foi. Mais un philosophe ne peut convenir avec les Grecs ον οι θεοι φιχουσιν αποθνησκει νεος (Brunck, Pœtæ Gnomici, p. 231). Voyez dans Hérodote (l. I, c. 31) le conte moral et agréable des jeunes gens d’Argos.
[3436] M. Lenfant a abrégé et comparé, dans le premier livre de l’Histoire du concile de Pise, les récits des partisans d’Urbain et de ceux de Clément, des Italiens et des Allemands, des Français et des Espagnols. Il paraît que les derniers se montrèrent les plus actifs et les plus verbeux dans cette querelle. Leur éditeur Baluze a donné dans ses Notes des preuves sur tous les faits et sur toutes les paroles rapportées dans les vies originales de Grégoire XI et de Clément VII.
[3437] Les numéros adoptés par les papes successeurs de Clément VII et de Benoît XIII semblent décider la question contre eux. Les Italiens les qualifient hardiment d’antipapes, tandis que les Français, d’après les raisons des deux partis, se bornent à douter et à tolérer (Baluze, in Præfat.). Il est singulier, ou plutôt il ne faut pas s’étonner que les deux partis aient eu des saints, des visions et des miracles.
[3438] Baluze s’efforce (Not., p. 1271-1280) de justifier la pureté et la piété des motifs de Charles V, roi de France : ce prince refusa d’écouter les raisons d’Urbain ; mais les partisans d’Urbain ne refusèrent-ils pas aussi d’écouter les raisons du parti de Clément ? etc.
[3439] Une épître ou une déclamation donnée sous le nom d’Édouard III (Baluze, Vit. papar. Avenion., t. I, p. 553), montre bien le zèle de la nation anglaise contre ceux qui tenaient le parti de Clément. Ce zèle ne se borna point à des paroles. L’évêque, de Norwich débarqua sur le continent à la tête de soixante mille fanatiques. Hume’s History, vol. III, p. 57, 58.
[3440] Outre ce qu’on lit dans les historiens généraux, les journaux de Delphinus Gentilis, de Pierre Antonius et d’Étienne Infessura, dans la grande Collection de Muratori, font connaître la situation et les malheurs de Rome.
[3441] Giannone (t. III, p. 292) suppose qu’il prenait le titre de rex Romæ, titre qu’on ne connaissait plus depuis l’expulsion de Tarquin. Mais on a découvert ensuite qu’il fallait lire rex Ramæ ou de Rama, royaume obscur annexé à la couronne de Hongrie.
[3442] Le rôle principal et décisif que joua la France lors du schisme d’Occident, a été exposé par Pierre Dupuis dans une Histoire particulière, rédigée d’après des documents authentiques, et insérée dans le septième volume de la dernière édition de l’ouvrage de son ami le président de Thou (part. XI, p. 110-184).
[3443] Jean Gerson, docteur intrépide, fut l’auteur ou du moins le champion zélé de cet expédient. Il dirigea souvent les procédés de l’université de Paris et de l’Église gallicane, et il en parle très au long dans ses écrits théologiques, dont Le Clerc (Bibl. choisie, t. X, p, 1-78) a donné un bon extrait. Gerson joua un rôle important aux conciles de Pise et de Constance.
[3444] Léonard Bruni d’Arezzo, l’un des hommes qui ont contribué à la renaissance de la littérature classique en Italie, et qui, après avoir servi plusieurs années à la cour de Rome en qualité de secrétaire, se retira pour exercer l’honorable fonction de chancelier de la république de Florence (Fabr., Bibl. medii œvi, t. I, p. 290). Lenfant (Concile de Pise, t. I, p. 191-195) a donné la traduction de cette curieuse épître.
[3445] Je ne puis passer sous silence ce grand procès national, qui fut soutenu fortement par les ambassadeurs d’Angleterre contre ceux de France. Les derniers prétendaient que la chrétienté était essentiellement divisée en quatre grandes nations ; qu’il n’y avait que les quatre voix de l’Italie, de l’Allemagne, de la France et de l’Espagne ; et que les royaumes moins étendus (tels que l’Angleterre, le Danemark, le Portugal, etc.) se trouvaient compris sous l’une ou l’autre de ces divisions générales. Les Anglais disaient de leur côté, que les îles britanniques, dont ils formaient la principale, devaient être regardées comme une cinquième nation et une cinquième voix ; ils recoururent à tous les arguments que leur fournirent la vérité et la fable pour relever l’éclat de leur pays. En comprenant dans les îles britanniques l’Angleterre, l’écosse, le pays de Galles, les quatre royaumes d’Irlande et les Orcades, ils les décorèrent de huit couronnes royales distinguées en quatre ou cinq langues, l’anglais, le gallois, le dialecte du comte de Cornouailles, l’écossais, l’irlandais, etc. ; ils assurèrent que la plus grande de ces îles avait, du nord au sud, huit cents milles ou quarante journées de chemin ; que l’Angleterre seule contenait trente-deux comtés ou cinquante-deux mille paroisses (assertion un peu hardie), outre les cathédrales, les collèges, les prieurés et les hôpitaux. Ils alléguèrent la mission de saint Joseph d’Arimathie, la naissance de Constantin, la légation de deux primats, etc., sans oublier le témoignage e Barthélemy de Glanville (A. D. 1360), qui ne comptait que quatre royaumes chrétiens : 1° celui de Rome ; 2° celui de Constantinople ; 3° celui d’Irlande, transféré aux monarques anglais ; et 4° celui d’Espagne. Les Anglais triomphèrent dans les conseils ; mais les victoires de Henri V ajoutèrent beaucoup de poids à leurs raisons. Sir Robert Wingfield, ambassadeur de Henri VIII auprès de l’empereur Maximilien Ier, trouva à Constance les Mémoires des deux partis sur cette question, et les fit imprimer à Louvain en 1517. On les a publiés avec plus de correction dans le Recueil de Von der Hardt (t. V), d’après un manuscrit de Leipzig ; mais je n’ai vu que l’extrait de ces actes donnés par Lenfant (Concile de Constance, t. II, p. 447-453, etc.).
[3446] Un ministre protestant, M. Lenfant, qui quitta la France pour se retirer à Berlin, a écrit avec assez de bonne foi, de soin et d’élégance, l’histoire des trois conciles successifs de Pise, de Constance et de Bâle. Elle forme six volumes in-4°. Ce qui regarde le concile de Bâle est la partie la plus mauvaise, et ce qui regarde le concile de Constance est la partie la meilleure.
[3447] Voyez la vingt-septième Dissertation des Antiquités de Muratori, et la première Instruction de la Science des Médailles du père Joubert et du baron de La Bastie. L’Histoire métallique du pape Martin V et de ses successeurs a été composée par deux moines, Moulinet, originaire de France, et Bonanni, originaire d’Italie. Mais je crois que la première partie des suites à été rétablie d’après des médaillés plus récentes.
[3448] Outre les vies d’Eugène IV (Rer. ital., t. IX, p. 869, et t. XXV, p. 256), le Journal de Paul Petroni et celui d’Étienne Infessuta sont les autorités les plus sures et les plus originales touchant la révolte des Romains contre Eugène IV ; le premier, qui vivait alors et qui se trouvait à Rome, parlait le langage d’un citoyen qui redoute également la tyrannie des prêtres et celle du peuple.
[3449] Lenfant (Concile de Pise, t. II, p. 276-288) décrit le couronnement de Frédéric III, d’après Æneas Sylvius, témoin et acteur de cette brillante cérémonie.
[3450] Le serment de fidélité que le pape imposait à l’empereur, a été inséré et consacré dans les Clémentines (l. II, tit. 9), et Æneas Sylvius, qui attaqua la nouvelle prétention du pontife, ne prévoyait pas que peu d’années après il monterait sur le trône de saint Pierre, et qu’alors il adopterait les maximes de Boniface VIII.
[3451] Lo senatore di Roma, vestito di brocarto con quella beretta, con quelle maniche, e ornamenti di pelle, co’ quali va alle feste di Testaccio e Nadone, a pu échapper à l’observation d’Æneas Sylvius ; mais le citoyen de Rome en parle avec admiration et avec complaisance (Diario di Stephano Infessura, p. 1133).
[3452] Voyez dans les statuts de Rome le sénateur et les trois juges (l. X, c. 3-14), les conservateurs (l. I, c. 15, 16, 17 ; l. III, c. 4), les caporioni (l. I, c. 18 ; l. III, c. 8), le conseil secret (l. III, c. 2), le conseil commun (l. III, c. 3). Le titre des querelles domestiques, des défis et des actes de violence, etc., occupe plusieurs chapitres (c. 14-40) du second livre.
[3453] Statuta almæ urbis Romœ auctoritate S. D. N. Gregorii XIII, pont. max., a senatu populoque Rom. reformata et edita Romœ, 1580, in folio. Les vieux statuts tombés en désuétude et qui ne convenaient plus, étaient réunis en cinq livres, qu’on ne publia point, et Lucas Pætus, savant jurisconsulte et antiquaire, fût chargé d’en être le Tribonien : au reste, je regrette l’ancien code avec sa grossière écorce de liberté et de barbarie.
[3454] Durant mon séjour à Rome (en 1765, ainsi que durant le séjour que M. Grosley a fait dans cette même ville (Observ. sur l’Italie, t. II, p. 361), le sénateur de Rome était M. Bielke, noble Suédois, qui avait embrassé la religion catholique. Les statuts indiquent plutôt qu’ils n’établissent le droit exercé par le pape de nommer le sénateur et les conservateurs.
[3455] Machiavel (Ist. fiorentina, l. VI, oper., t. I, p. 210, 211, édit. de Londres, 1747, in-4°) a fait un récit très court mais très curieux de la conspiration de Porcaro, qui est d’ailleurs racontée dans le Journal d’Étienne Infessura (Rer. ital., t. III, part. II, p. 1134, 1135), et dans un écrit particulier qu’a publié Léon-Baptiste Alberti (Rer. ital., t. XXV, p. 609-614). Il est amusant de comparer le style et les opinions du courtisan et du citoyen : Facinus profecto quo..... neque periculo horribilius, neque audacia detestabilius, neque crudelitate tetrius, a quoquam perditissimo uspiam excogitatum sit..... Perdette la vita quell’ homo da bene, e amatore dello bene e liberta di Roma.
[3456] Les désordres de Rome, qui furent extrêmement envenimés par la partialité de Sixte IV, sont exposés dans les journaux d’Étienne Infessura et d’un citoyen anonyme qui en furent les témoins : voyez les troubles de l’année 1484 et la mort du protonotaire Colonne (in tom. III, part. II, p. 1083-1158).
[3457] Est toute la terre de l’Eglise troublée pour cette partialité (des Colonnes et des Ursins), comme nous dirions Luce et Grammont, où en Hollande Houc et Caballan ; et quand ce ne seroit ce différend, la terre de l’Eglise seroit la plus heureuse habitation pour les sujets, qui soit dans tout le monde (car ils ne payent ni tailles ni guères autres choses), et seroient toujours bien conduits (car toujours les papes sont sages et bien conseillés) ; mais très souvent en advient de grands et cruels meurtres et pilleries.
[3458] L’économie de Sixte-Quint porta à deux millions et demi d’écus romains le revenu de l’État ecclésiastique (Vit., t. II, p. 291-296) ; et l’armée était si bien montée, qu’en un mois Clément VIII put entrer dans le duché de Ferrare avec trois mille cavaliers et vingt mille fantassins (t. III, p. 64). Depuis cette époque (A. D. 1597) les armes des papes se sont heureusement rouillées ; le revenu doit avoir augmenté au moins en apparence.
[3459] Surtout par Guichardin et Machiavel : le lecteur peut consulter l’Histoire générale du premier, l’Histoire de Florence, le Prince et les Discours politiques du second. Guichardin et Machiavel, Fra. Paolo et Davila, leurs dignes successeurs, ont été regardés avec raison comme les premiers historiens des peuples modernes, jusqu’au moment actuel, où l’Écosse s’est levée pour disputer cette gloire à l’Italie.
[3460] Dans l’histoire du siège de Rome par les Goths, j’ai comparé (chap. XXXI) les Barbares et les sujets de Charles-Quint, anticipation que je me suis permise sans scrupule, ainsi que celle des conquêtes des Tartares, ayant alors peu d’espoir d’achever cet ouvrage.
[3461] Le détail des faibles hostilités auxquelles l’ambition porta le pape Paul IV, de la maison des Caraffes, se trouve dans le président de Thou (I. XVI, XVIII) et Giannone (t. IV, p. 149-163.). Deux bigots catholiques, Philippe II et le duc d’Albe, osèrent séparer le prince romain du vicaire de Jésus-Christ. Cependant, le caractère sacré qui aurait sanctifié sa victoire, fut décemment employé à le protéger dans sa défaite.
[3462] Le docteur Adani Smith (Wealth of Nations, vol. I, p. 495-504) expliqué d’une manière admirable le changement des mœurs et les dépenses qu’amène ce progrès de la civilisation. Il prouve, avec trop de sévérité peut-être, que ce sont les vues les plus personnelles et les moins nobles qui ont eu les effets les plus salutaires.
[3463] Hume (History of England, vol. I, p. 389) conclut trop légèrement que si la même personne réunit le pouvoir civil et le pouvoir ecclésiastique, il importe peu de lui donner le nom de prince vu de prélat, puisque le caractère de magistrat temporel prédomine toujours.
[3464] Un protestant peut dédaigner la dispute sur la préférence que mérite saint François ou saint Dominique ; mais il ne doit pas se hâter de condamner le zèle ou l’esprit judicieux de Sixte-Quint, qui plaça les statues des apôtres saint Pierre et saint Paul sur les colonnes de Trajan et de Constantin, qui ne portaient plus les statues de ces deux empereurs.
[3465] Un Italien sorti de son pays, Grégoire Leti, a publié la vie de Sixte-Quint (Amsterd., 1721, 3 vol. in-12). C’est un ouvrage détaillé et amusant, mais il n’inspire pas une pleine confiance. Toutefois ce qu’on y lit du caractère du pape, ainsi que des principaux faits de cette histoire, se trouve confirmé par les Annales de Spondanus et de Muratori (A. D. 1585-1590) et l’Histoire contemporaine du grand de Thou (l. LXXXII, c. 1, 2 ; l. LXXXIV, c. 10 ; l. C, c. 8).
[3466] Les ministres étrangers ont emprunté de la noblesse de Rome ces lieux privilégiés, quartieri ou franchises. Jules II avait aboli l’abominandum et detestandum franchitiarum hujus modi nomen ; mais les franchises ont encore reparu après Sixte-Quint. Je ne puis apercevoir la justice ou la grandeur d’âme de Louis XIV, qui, en 1687, envoya à Rome un ambassadeur (le marquis de Lavardin) avec mille officiers, gardes et domestiques armés, pour soutenir ce droit inique et insulter Innocent XI au sein de sa capitale (Vit. di Sisto V, t. III, p. 260-278 ; Muratori, Annali d’Italia, t. XV, p. 491-496 ; et Voltaire, Siècle de Louis XIV, t. II, c. 14, p. 58, 59).
[3467] Cet outrage, donna lieu à un décret qui fût inscrit sur le marbre et placé au Capitole. Le style de ce décret est d’une simplicité noble et républicaine : Si quis sive privatus, cive magistratum gerens de collocanda VIVO pontifci statua mentionem facere ausit, legitimo S. P. Q. R. decreto in perpetuum infamis et publicorum munerum expers esto. M. D. X. C. mense Augusto (Vita. di Sisto V, tom. III, p. 469). Je crois qu’on observe encore ce décret, et je sais que tous les princes qui méritent des statues devraient établir la même défense.
[3468] Les histoires de l’Église, de l’Italie et de la chrétienté, m’ont servi dans la composition de ce chapitre. On découvre souvent dans les vies originales des papes l’état de la ville et de la république de Rome, et les événements des quatorzième et quinzième siècles se trouvent consignés dans les chroniques grossières que j’ai examinées avec soin, et que je vais indiquer dans l’ordre des temps :
1° Monaldeschi (Ludovici Boncomitis) Fragment. Annalium roman. (A. D. 1328) ; dans les Scriptores rerum italicarum de Muratori, XII, p. 525. N. B. La confiance qu’inspire ce fragment se trouve un peu diminuée par une singulière interpolation, où l’auteur raconte, sa propre mort à l’âge de cent quinze ans.
2° Fragmenta Historiæ romanœ (vulgo Thomas Fortifiocca, in romana dialecto vulgari (A. D. 1327-1354, in Muratori, Antiquit. med. œvi ital., t. III, p. 247-548), base authentique de l’histoire de Rienzi.
3° Delphini (Gentilis) Diarium romanum (A. D. 1370-1410), dans les Rerum italic., etc., t. III, part. II, p. 846.
4° Antonini (Petri) Diarium romanum (A. D. 1404-1417), t. XXIV, p. 969.
5° Petroni, (Pauli) Miscellanea historica romana (A. D. 1433-1446), t. XXIV, p. 1101.
6° Volaterrani (Jacob.) Diarium rom. (A. D. 1472-1484), t. XXIII, p. 81.
7° Anonymi Diarium urbis Romœ (A. D. 1481-1492), t. III, part. I, II, p. 1069.)
8° Infessuræ (Stephani) Diarium romanum (A. D. 1294, 1378-1494), t. III, part. II, p. 109.
9° Historia arcana Alexandri VI, sive excerpta ex Diario Joh. Burcardi (A. D. 1492-1503), édit. a Godefr. Gulielm. Leibnizio, Hanov. 1697, in-4°. On peut compléter le grand et précieux ouvrage de Burcard, d’après les manuscrits qui se trouvent dans les diverses bibliothèques d’Italie et de France (M. de Foncemagne, Mém. de l’Acad. des Inscript., t. XVII, p. 597-606.)
Excepté le dernier ouvrage, ces fragments et journaux se trouvent dans les Recueils de Muratori, mon guide et mon maître dans l’histoire d’Italie. Le public lui doit sur cette matière : 1° Rerum italicarum scriptores (A. D. 500-1500, quorum potissima pars nunc primum in lucem prodit, etc.) 28 vol. in-fol. ; Milan, 1723-1738-1751. On désire les Tables chronologiques et alphabétiques pour servir de clef à ce grand ouvrage, qui est encore en désordre et dans un état défectueux. 2° Antiquitates Italiœ medii œvi, 6 vol. in-fol., Milan, 1738-1743, en soixante-quinze Dissertations curieuses sur les mœurs, le gouvernement, la religion, etc., des Italiens du moyen âge, avec un supplément considérable de chartres, de chroniques, etc. 3° Dissertazioni copra le Antichita italiana, 3 vol. in-4°, Milan, 1751, traduction en italien de l’ouvrage précédent, faite par l’auteur lui-même, et qu’on peut citer avec la même confiance que le texte latin des Antiquités. 4° Annali d’Italia, 18 vol. in-8°, Milan, 1753-1756, abrégé sec, mais exact et utile, de l’histoire d’Italie, depuis la naissance de Jésus-Christ jusqu’au milieu du dix-huitième siècle. 5° Delle Antichita Estense ed Italiane, 2 vol. in-fol. Modène, 1717-1740. Dans l’histoire de cette noble famille, d’où sortent les rois actuels de l’Angleterre, Muratori n’est pas entraîné par la fidélité et la reconnaissance qu’il devait aux princes d’Este en qualité de sujet. Dans tous ses ouvrages il se montre écrivain laborieux et exact, et il cherche à s’élever au-dessus des préjugés ordinaires d’un prêtre. Il était né en 1672 ; il est mort en 1750, après avoir passé près de soixante ans dans les bibliothèques de Milan et de Modène. (Vita del proposto Ludovico Antonio Muratori, par Gian Francesco Soli Muratori, son neveu et son successeur. Venise, 1756, in-4°.)
[3469] J’ai déjà indiqué (ch. LXV, note 49) l’âge, le caractère et les écrits du Pogge ; et j’ai marqué particulièrement la date de ce discours élégant et moral sur les vicissitudes de la fortune.
[3470] Consedintus in ipsis Tarpeiæ arois ruinis, pone ingens postæ cujusdam, ut puto, templi, marmoreurn limen plurimasque passim confractas columnas, unde magna ex parte prospectus urbis patet (p. 5).
[3471] Æneid., VIII, 97-369. Cet ancien tableau, qui est d’une touche si délicate et amené avec tant d’art devait intéresser vivement un Romain, et les études de notre jeunesse nous mettent à portée de partager les sentiments d’un Romain.
[3472] Pogge, de Varietate fortunœ, p. 21.
[3473] Voyez le Pogge, p. 8-22.
[3474] Liber de mirabilibus Roma, ex registro Nicolai cardinalis de Aragonia, in Bibliotheca sancti Isidori armario IV, n° 69. Montfaucon (Diarium italicum, p. 283-301) a publié ce traité avec quelques notes fort courtes, mais très judicieuses. Voyez comment il en parle p. 283.
[3475] Le père Mabillon (Analecta, t. IV, p. 502) a publié la relation d’un pèlerin anonyme du neuvième siècle, qui, en décrivant les églises et les saints lieux de Rome, indique plusieurs édifices, et surtout des portiques qui avaient disparu avant le treizième siècle.
[3476] Voyez, sur le Septizonium, les Mémoires sur Pétrarque, tom. I, p. 325 ; Donat, p. 338 ; et Nardini, p. 117-414.
[3477] L’époque de la construction des pyramides est ancienne et inconnue. Diodore de Sicile (t. I, l. I, c. 44, p. 72) ne peut dire si on les éleva mille ou trois mille quatre cents ans avant la dix-huitième olympiade. Sir John Marsham, qui a diminué la longueur des dynasties égyptiennes, fixerait cette époque environ vingt siècles avant Jésus-Christ. Canon. Chronicus, p. 47.
[3478] Voyez la harangue de Glaucus dans l’Iliade (Z, 146). Homère emploie souvent cette image naturelle et mélancolique.
[3479] Le savant critique M. des Vignoles (Hist. crit. de la rép. des lettres, t. VIII, p. 74-118 ; IX, p. 172-187) place cet incendie A. D. 64, juillet 19, et la persécution des chrétiens, qui en fut la suite, au 15 novembre de la même année.
[3480] Quippe in regiones quatuordecim Roma divaditur, quarum quatuor integrœ manebant, tres solo tenus dejectæ : septem reliquis pauca tectorum vestigia supererant, lacera et semiusta. Parmi les anciens édifices qui furent consumés, Tacite compte le temple de la Lune élevé par Servius Tullius, la chapelle et l’autel consacrés par Évandre præsenti Herculi ; le temple de Jupiter Stator, construit pour accomplir le vœu de Romulus, le palais de Numa, le temple de Vesta cum penatibus populi romani. Il regrette ensuite les opes tot victorias quœsitœ et Græcarum artium decora..... multa quœ seniores meminerant, quœ reparari nequibant (Annal., XV, 40, 41).
[3481] A. U. C. 507, repentina subversio ipsius. Romœ prœvenit triomphum Romanorum.. diversæ ignium aquarumque clades pene absicinpsere urbem. Nam Tiberis insolitis auctus imbribus et ultra opinionem, vel diurnitate vel magnitudine, redundans, omnia Romce ædificia in plano posita delevit. Diversæ qualitates locorum ad unam convenere perniciem ; quoniam et quæ segnior inundatio tenuit madefacta dissolvit, et quæ cursus torrentis invenit, impulsa dejecit (Orose, Hist., l. IV, c. 11, p. 244, édit. Havercamp). Il faut observer que l’apologiste chrétien s’étudie à exagérer les malheurs du monde païen.
[3482] Vidimus flavum Tiberim, retortis
Littore Etrusco violenter undis,
Ire dejectum monumenta regis
Templaque Vestæ.
(HORACE, Carm. I, 2.)
Si le palais de Numa et le temple de Vesta furent renversés du temps d’Horace, ce que l’incendie de Néron consuma de ces édifices pouvait à peine mériter les épithètes de vetustissima ou d’incorrupta.
[3483] Ad coercendas inundationes alveum Tiberis laxavit ac repurgavit, completum olim ruderibus, et ædificiorum prolapsionibus coarctatum (Suétone, in Augusto, c. 30).
[3484] Tacite rapporte les pétitions que les différentes villes de l’Italie adressèrent au sénat contre cette mesure. On peut remarquer ici les progrès de la raison. Dans une pareille affaire on consulterait sans doute les intérêts locaux ; mais la chambre des communes rejetterait avec dédain cet argument superstitieux : que la nature assigne aux rivières le cours qui leur est propre, etc.
[3485] Voyez les Époques de la Nature de l’éloquent et philosophe Buffon. Son tableau de la Guyane, province de l’Amérique méridionale, est celui d’une terre neuve et sauvage où les eaux sont abandonnées à elles-mêmes, et n’ont point été dirigées par l’industrie de l’homme (p. 212-561, édit. in-4°).
[3486] M. Addison a remarqué dans son voyage en Italie ce fait curieux et incontestable. Voyez ses Œuvres, t. II, p. 98, édit. de Baskerville.
[3487] Le Tibre a cependant quelquefois endommagé la ville de Rome dans les temps modernes ; et les Annales de Muratori citent en 1530, 1557, 1598, trois grandes inondations qui produisirent beaucoup de mal (t. XIV, p. 268-429, t. XV, p. 99, etc.).
[3488] Je saisis cette occasion de déclarer que douze années de plus m’ont fait oublier ou rejeter cette histoire de la fuite d’Odin d’Azof dans la Suède, à laquelle je n’ai jamais cru sérieusement (voyez ce que j’en ai ait au chap. X). Les Goths sont probablement des Germains ; mais au-delà de César et de Tacite les antiquités de la Germanie n’offrent que de l’obscurité et des fables.
[3489] Voyez le chapitre XXXI de cet ouvrage.
[3490] Voyez le chapitre XXXVI de cet ouvrage.
[3491] Voyez le chapitre XXXIX de cet ouvrage.
[3492] Voyez le chapitre XLIII de cet ouvrage.
[3493] Voyez le chapitre XXVIII de cet ouvrage.
[3494] Eodem tempore petit à Phocate principe templum, quod appellatur PANTHEON, in quo fecit ecclesiam sanctæ Mariœ semper virginis, et omnium martyrum ; in qua ecclesia princeps multa bona obtulit (Anastasius vel potius liber pontificalis in Bonifacio IV, in Muratori, Script. rer. ital., t. III, part. I, p. 135). Selon un auteur anonyme cité par Montfaucon, Agrippa avait consacré le Panthéon à Cybèle et à Neptune ; et Boniface IV, aux calendes de novembre, le dédia à la Vierge, quœ est mater omnium sanctorum (p. 297, 298).
[3495] Flaminius Vacca (ap. Montfaucon, p. 155, 156 ; son Mémoire se trouve aussi p. 21, à la fin de la Roma antica de Nardini) et plusieurs Romains, doctrina graves, étaient persuadés que les Goths avaient enterré à Rome leurs trésors, dont ils révélaient le lieu, en mourant, filiis nepotibusque. Vacca raconte quelques anecdotes pour prouver que des pèlerins d’au-delà des Alpes, héritiers des conquérants goths, venaient de son temps fouiller et piller Rome et les environs.
[3496] Omnia quœ erant in œre ad ornatum civitatis deposuit : sed et ecclesiam B. Mariœ ad martyres quœ de tegulis œreis cooperta discopperuit (Anastase, in Vitalian., p. 14). Ce Grec, vil autant que sacrilège, n’eut pas même le misérable prétexte de piller un temple païen ; le Panthéon était déjà une église catholique.
[3497] Voyez sur les dépouilles de Ravenne (musiva atque marmora) la concession originale du pape Adrien Ier à Charlemagne (Cod. Carolin., epist. 67, in Muratori, Script. ital., t. III, part. II, p. 223).
[3498] Je citerai le témoignage authentique du poète saxon (A. D. 887-899), de Rebus gestis Caroli Magni, l. V, 437-440) dans les Historiens de France (t. V, p. 180) .
Ad quœ marmoreas prœstabat ROMA columnas,
Quasdam prœcipuas pulchra Ravenna dedit.
De tam longinqua poterit regione vetustas
Illius ornatum, Francia, ferre tibi.
Et j’ajouterai, d’après la Chronique de Sigebert (Historiens de France, t. V, p. 378) : Extruxit etiam Aquisgrani basilicam plurimœ pulchritudinis, ad cujus structuram a ROMA et Ravennia columnas et marmora devehi fecit.
[3499] Un passage de Pétrarque (Opp., p. 536, 537, in epistola hortatoria ad Nicolaum Laurentium) est si énergique et il vient si à propos, que je ne puis m’empêcher de le transcrire : Nec pudor aut pietas continuit quominus impii spoliat Dei templa, occupatas arces, opes publicas regiones urbis, atque honores magistratuum inter se divisos (habeant ?) quam una in re, turbulenti ac seditiosi homines et totius reliquœ vitæ consiliis et rationibus discordes, inhumani fœderis stupenda societate oonvenerant, in pontes et mœnia atque immeritos lapidis desœvirent. Denique post vi vel senio collapsa palatia, quœ quondam ingentes tennerunt viri, post diruptos arcus triumphales (unde majores horum forsitan corruerunt), de ipsius vetustatis ac proprice impietatis fragminibus vilem questum turpi mercimonio captare non puduit. Itaque nunc, heu dolor ! heu scelus indignum ! de vestris marmoreis columnis, de liminibus templorum (ad quœ nuper ex orbe toto concursus devotissimus fiebat), de imaginibus sepulchrorum sub quibus patrum vestrorum venerabilis civil (cinis) erat, ut reliquas sileam, desidiosa Neapolis adornatur. Sic paulatim ruinœ ipsœ deficiunt. Le roi Robert était cependant l’ami de Pétrarque.
[3500] Cependant Charlemagne se baigna et nagea à Aix-la-Chapelle avec cent de ses courtisans (Eginhard, c. 22, p. 108) ; et Muratori indique des bains publics qu’on construisit encore à Spolette en Italie, en 814 (Annali, t. VI, p. 116).
[3501] Voyez les Annales de l’Italie, A. D, 988. Muratori lui-même avait trouvé ce fait et le précédent dans l’Histoire de l’ordre de Saint-Benoît, publiée par le père Mabillon.
[3502] Vita di Sisto-Quinto, de Gregorio Leti, t. III, p.50.
[3503] Porticus ædis Concordiœ, quam, cum primum ad urbem accessi, vidi ferre integram opere marmoreo admodum specioso, Romani post modum ad calcem, ædem totam et porticus partem disjectis columnis sunt demoliti (p. 12). Le temple de la Concorde n’a donc pas été détruit dans une sédition, comme je l’ai lu dans un traité manuscrit del Governo civile di Roma, qu’on me prêta durant mon séjour à Rome, et qu’on attribuait, faussement je crois, au célèbre Gravina. Le Pogge assure aussi que les pierres du sépulcre de Cæcilia Metella furent réduites en chaux (p. 19, 20).
[3504] Cette épigramme, qui est d’Æneas Sylvius, lequel devint ensuite pape sous le nom de Pie II, a été publiée par le père Mabillon, d’après un manuscrit de la reine de Suède (Musœum italicum, t. I, p. 97).
[3505] Vagabamur in illa urbe tam magna ; quœ, cum propter spatium vacua videretur, populum habet immensum (Opp., p. 605, Epist. familiares., t. I, 14,).
[3506] Ces détails sur la population de Rome à différentes époques, sont tirés d’un très bon Traité du médecin Lancisi, de Romanis Cœli qualitatibus, p. 122.
[3507] Tous les faits qui ont rapport aux tours de Rome et des autres villes libres de l’Italie se trouvent dans la compilation laborieuse et intéressante que Muratori a publiée sous le nom d’Antiquitates Italiœ medii œvi, Dissert. 26, t. II, p. 493-496 du latin, et t. I, p. 446 du même ouvrage en italien.
[3508] Templum Jani nunc dicitur, turris Centii Frangapanis ; et sane Jano impositœ turris lateritiœ conspicua hodieque vestigia supersunt (Montfaucon, Diarium italicum, p. 86). L’auteur anonyme (p. 285) indique arcus Titi, turris Cartularia ; arcus Julii Cæsaris et senatorum, turres de Bratis ; arcus Antonini, turris de Cosectis, etc.
[3509] Hadriani molem..... magna ex parte Romanorum injuria..... disturbavit : quod certe funditus evertissent, si eorum manibus pervia, absunaptis grandibus saxis, reliqua moles extitisset (le Pogge, de Varietate fortunæ, p. 12).
[3510] A celle de l’empereur Henri IV (Muratori, Annali d’Italia, t. IX, p. 147).
[3511] Je dois placer ici un passage important de Montfaucon. Turris ingens rotunda..... Cœciliæ Metellæ..... sepulchium erat, cujus mari tam solidi, ut spatium per quam minimum intus vacuum supersit : et TORRE DI BOVE dicitur, a boum capitibus muro inscriptis. Huic sequiori ævo, tempore intestinorum bellorum, seu urbecula adjuncta fuit, cujus mœnia et turres etiamnum visuntur ; ita ut sepulchrum Metella quasi arx oppiduli fuerit. Ferventibus in urbe partibus, cum Ursini atque Columnenses mutuis cladibus perniciem inferrent civitati, in utriusve partis ditionem cederet magni momenti errat (p. 142).
[3512] Voyez les témoignages de Donat, Nardini et Montfaucon. On aperçoit encore dans le palais Savelli des restes considérables du théâtre de Marcellus.
[3513] Jacques, cardinal de Saint-George, ad velum aureum, dans la Vie du pape Célestin V, qu’il a composée en vers (Muratori, Script. ital., t. I, part. III, p. 261, l. I, c. 1, vers. 132, etc.).
[3514] Muratori (Dissertazioni sopra le antichita italiane, t. I, p. 427-431), nous apprend qu’on se servait souvent de boulets de pierre du poids de deux ou trois quintaux ; on les porte quelquefois à douze ou dix-huit cantari de Gênes : chaque cantaro pèse sent cinquante livres.
[3515] La sixième loi des Visconti abolit ce funeste usage ; elle enjoint strictement de conserver pro communi utilitate les maisons des citoyens bannis (Gulvaneus, de la flamma, in Muratori, Script. rerum italicarum, t. XII, p. 1041).
[3516] Pétrarque adressait ces paroles à son ami, qui lui avait montré en rougissant et en versant des pleurs, mœnia, lacerœ specimen miserabile Romæ, et qui annonçait l’intention de les rétablir (Carmina latina, l. II, epist. Paulo Annibulensi, XII, p. 97, 98).
[3517] Le marquis Maffei traite, dans la quatrième partie de la Verona illustrata, des amphithéâtres, et en particulier de ceux de Rome et de Vérone, de leurs dimensions, de leurs galeries de bois, etc. Il paraît que c’est d’après son étendue que celui de Titus porte le nom de Colosseum ou Coliseum, puisqu’on donna la même dénomination à l’amphithéâtre de Capoue qui n’avait point de statue colossale, et puisque celle de Néron avait été placée dans la cour (in atrio) de son palais, et non pas dans le Colisée (p. IV, l. I, c. 4, p. 15-19).
[3518] Joseph-Marie Suarès, savant évêque à qui l’on doit une Histoire de Préneste, a publié une dissertation particulière sur les sept ou huit causes probables de ces trous, dissertation réimprimée depuis dans le Trésor de Sallengre. Montfaucon (Diarium, p. 233) décide que l’avidité des Barbares est una germanaque causa foraminum.
[3519] Donat, Roma vetus et nova, p. 285.
[3520] Beda, in Excerptis, seu collectaneis, apud Ducange, Glossar. med. et infimæ latinitatis, t. II, p. 407, édit. Bâle). Il faut attribuer ces paroles aux pèlerins anglo-saxons qui allèrent à Rome avant l’année 735, époque de la mort de Bède ; car je ne crois pas que ce vénérable moine soit jamais sorti de l’Angleterre.
[3521] Je ne puis retrouver dans les Vies des papes, par Muratori (Scriptor. rerum italicar., l. III, p. 1), le passage qui atteste ce partage ennemi, qui est de la fin du onzième siècle ou au commencement du douzième.
[3522] Voyez les Statuta urbis Romœ, l. III, c. 87, 88, 89, p. 185, 186. J’ai déjà donné une idée de ce code municipal. Le journal de Pierre Antoine, de 1404 à 1417 (Muratori, Scriptor rerum italicar., t. XXIV, p. 1124) fait aussi mention des courses de Nagona et du mont Testacée.
[3523] Quoique les édifices du cirque agonal ne subsistent plus, il conserve toujours sa force et son nom (Agona, Nagata, Navona), et l’intérieur est assez uni pour qu’on puisse y donner le spectacle d’une course de chevaux ; mais le mont Testacée ; cet amas singulier de poterie cassée, parait seulement destiné à un usage annuel de précipiter du haut en bas quelques charretées de cochons pour l’amusement de la populace. Statura urbis Romæ, p. 186.
[3524] Le pallium, selon Ménage, vient de palmarium, et cette étymologie est ridicule. Il est aisé de concevoir qu’on a pu transférer l’idée et le mot de robe ou de manteau à la matière de ce vêtement, et ensuite au don qu’on en faisait comme prix. Muratori, Dissertation 33.
[3525] Pour subvenir à ces frais, les Juifs de Rome, payaient chaque année onze cent trente florins. Ce compte bizarre de trente florins en sus des onze cents, représentait les trente pièces d’argent que Judas reçut lorsqu’il livra son maître. Il y avait une course à pied de jeunes gens, tant Juifs que chrétiens. Statuta urbis, ibidem.
[3526] Ludov. Buonconte Monaldescho a décrit ces combats de taureaux d’après la tradition plutôt que d’après ses souvenirs, dans le plus ancien des fragments des Annales romaines (Muratori, Script. rerum italic., t. XII, p. 535, 536) ; et, quelque singuliers que paraissent ces détails, ils sont fortement empreints des couleurs de la vérité.
[3527] Muratori a publié une dissertation particulière (la vingt-neuvième) sur les jeux des Italiens durant le moyen age.
[3528] L’abbé Barthélemy a parlé dans un Mémoire concis, mais instructif (Mém. de l’Acad. des Inscript., t. XXVIII, p. 585), de cet accord des factions, de Tiburtino faciendo, dans le Colisée, d’après un acte original qui est aux archives de Rome.
[3529] Coliseum..... ob stultitiam Romanorum majori ex parte ad calcem deletum (le Pogge, p. 17).
[3530] Eugène IV le donna aux moines Olivetains ; Montfaucon assure ce fait d’après les Mémoires de Flaminius Vacca (n° 72) : ils espéraient toujours trouver une occasion favorable de faire valoir ce droit.
[3531] Après avoir mesuré le priscus amphitheatri gyrus, Montfaucon (p. 42) se contente d’ajouter qu’il était entier sous Paul III ; tacendo clamat. Muratori (Ann. d’Ital., t. XIV, p. 312) s’énonce avec plus de liberté sur l’attentat du pape Farnèse et l’indignation du peuple romain. Je n’ai contre les nerveux d’Urbain VIII d’autres preuves que ce dicton populaire : Quo non fecerunt Barbari, fecere Barberini, que la ressemblance des mots a peut-être seule suggéré.
[3532] En qualité d’antiquaire et de prêtre, Montfaucon réprouve ainsi la ruine du Colisée : Quod si non suopte merito atque pulchritudine dignum fuisset quod improbas arceret manus, indigna res utique in locum tot martyrum cruore sacrum tantopere sævitum esse.
[3533] Cependant les statuts de Rome (l. III, c. 81, p. 182) soumettent à une amende de cinq cents aurei quiconque démolira un ancien édifice, ne ruinis civitas deformetur, et ut antiqua ædificia decorem urbis perpetuo reprœsentent.
[3534] Pétrarque, à son premier voyage à Rome (A. D. 1337, voyez Mémoires sur Pétrarque, t. I, p. 322, etc.), est frappé miraculo rerum tantarum, et stuporis mole obrutics..... Præsentia vero, mirum dictu, nihil imminuit : vere major fuit Roma, majoresque sunt reliquiœ quam rebar. Jam non orbent ab hac urbe domitum, sed tam sero domitum, miror (Opp., p. 605, Familiares II, 14. Joanni Columnœ).
[3535] Il excepte et loue les rares connaissances de Jean Colonne. Qui enim hodie magis ignari rerum romanarum, quam romani cives ! invitus dito, nusquam minus Roma cognoscitur quam Romæ.
[3536] L’auteur, après avoir décrit le Capitole, ajoute : Stature erant quot sunt mundi provinciœ, et habebat quœlibet tintinnabulum ad collum. Et erant ita per magicam artem dispositæ, ut quando aliqua regio romana imperio rebellis erat, statim imago illius provinciœ vertebat se contra illam ; unde tintinnabulum resonabat quod pendebat ad collum ; tuncque vates. Capitolii qui erant custodes senatui, etc. Il cite l’exemple des Saxons et des Suèves, qui, après avoir été subjugués par Agrippa se révoltèrent de nouveau : Tintinnabulum sonuit ; sacerdos qui erat in speculo in hebdomada senatoribus nuntiavit. Agrippa retourna sur ses pas et réduisit... les Persans (Anonym., in Montfaucont, p. 297, 298).
[3537] Le même écrivain assure que Virgile captus a Romanis exiit, ivitque Neapolim. Guillaume de Malmsbury, dans le onzième siècle (de Gestis regn. Anglor., l. II, p. 66) parle dans son ouvrage d’un magicien ; et au temps de Flaminius Vacca (n° 81, 103) on croyait vulgairement, que les étrangers (les Goths) invoquaient les démons pour découvrir des trésors cachés.
[3538] Anonyme, p. 289. Montfaucon (p. 191) observe avec raison que si Alexandre est représenté dans ces statues, elles ne peuvent être l’ouvrage de Phidias (Olympiade 83) ni de Praxitèle (Olympiade 104), qui vécurent avant ce prince (Pline, Hist. nat., XXXIV, 19).
[3539] Guillaume de Malmsbury (t. II, p. 86, 87) raconte qu’on découvrit d’une manière miraculeuse (A. D. 1046) le tombeau de Papas, fils d’Évandre, tué par Turnus ; que depuis le moment de sa mort il y avait toujours eu de la lumière dans son sépulcre ; qu’on y trouva une épitaphe latine, le corps bien conservé, qui était celui d’un jeune géant, et qui avait une large blessure à la poitrine (pectus perforat ingens), etc. Si cette fable est appuyée du moindre témoignage des contemporains, il faut avoir pitié des hommes aussi bien que des statues qui ont paru dans ce siècle barbare.
[3540] Prope porticum Minervæ, statua est recubantis, cujus caput integra effigie, tantœ magnititdinis, ut signa omnia excedat. Quidam, ad plantandas arbores scrobes faciens derent, strepitum audientium fastidiuinque pertœsus, horti patronus congesta humo texit (le Pogge, de Varietate fortunæ, p. 12).
[3541] Voyez les Mémoires de Flaminius Vacca (n° 57, p. 11, 12), à la fin de la Roma antica de Nardini (1704, in-4°).
[3542] En 1709, les habitants de Rome (non compris huit ou dix mille Juifs) étaient au nombre de cent trente-huit mille cinq cent soixante-huit (Labat, Voyage en Espagne et en Italie, t. III, p. 217, 218). En 1740 on évaluait la population à cent quarante-six mille quatre-vingts âmes ; et en 1765, lorsque je quittai cette ville, on en comptait cent soixante un mille huit cent quatre-vingt-dix-neuf, les Juifs non compris. J’ignore si l’accroissement de la population a continué.
[3543] Le père Montfaucon partage en vingt jours les observations qu’il a faites sur les diverses parties de la ville (Diarium italic., c. 8-20, p. 104-301) : il aurait au moins dû les diviser en vingt semaines ou vingt mois. Ce savant bénédictin fait la revue des topographes de l’ancienne Rome : il examine les premiers efforts de Blondus, Fulvius, Martianus et Faunus ; de Pyrrhus Ligorius, qui serait le meilleur sans aucune comparaison, si son érudition avait égalé ses travaux ; des écrits d’Onuphrius Panvinius, qui omnes observavit, et des ouvrages récents, mais imparfaits, de Donat, et de Nardini. Cependant Montfaucon désire toujours un plan et une description plus complète de l’ancienne ville : et pour y parvenir, il recommandait, 1° de mesurer l’espace et les intervalles des ruines ; 2° d’étudier les inscriptions et les palais où on les trouvé ; 3° de rechercher tous les actes, chartres et journaux du moyen âge, qui donnent le nom d’un lieu ou d’un édifice de Rome. C’est à la munificence d’un prince ou à celle du public à faire exécuter ce travail, tel que le demande Montfaucon ; mais le plan très étendu que Nolli a publié en 1748, fournirait une base solide et exacte pour la topographie de l’ancienne Rome.