[2895] Relativement à ce fait odieux, l’abbé de Vertot cite l’histoire anonyme de Saint-Denis, l. XVI, c. 10-1 ; Ordre de Malte, t. II, p. 310.
[2896] Sherefeddin-Ali (Hist. de Timour-Bec, l. V, c. 13) fixe à douze mille les officiers et les valets appartenant à l’équipage de chasse de Bajazet. Timour exposa une partie des dépouilles du prince turc dans une partie de chasse : 1° des chiens courants avec des housses de satin ; 2° des léopards avec des colliers enrichis de pierres précieuses ; 3° des lévriers grecs ; et 4° des dogues d’Europe, qui égalaient pour la force les lions d’Afrique (idem., l. VI, c. 15). Bajazet se plaisait particulièrement à faire prendre des grues par ses faucons (Chalcocond., l. II, p. 35).
[2897] Pour les règnes de Jean Paléologue et de son fils Manuel, depuis 1354 jusqu’en 1402, consultez Ducas (c. 9-15), Phranza (l. I, c. 16-21) et les premier et second livres de Chalcocondyles, qui a enseveli son sujet dans un amas d’épisodes.
[2898] Cantemir, p. 50-53. Ducas (c. 13-15) est le seul des Grecs qui avoue l’établissement d’un cadi turc à Constantinople ; encore dissimule-t-il la mosquée.
[2899] Mémoires du bon messire Jean le Maingre, dit Boucicault, maréchal de France, partie première, c. 30-35.
[2900] On communiqua ces journaux à Sherefeddin ou Cherefeddin-Ali, et il composa en langue persane l’histoire de Timour-Bec, traduite en français par M. Petis de La Croix, Paris, 1722, en quatre volumes in-12. Je l’ai pris pour mon guide, et je l’ai suivi fidèlement. Sa géographie et sa chronologie sont de la plus grande exactitude, et on peut lui donner confiance pour les faits publics, quoiqu’il loue en esclave la fortune et les vertus de son héros. On peut voir dans les Institutions de Timour le soin qu’il prenait pour se procurer les renseignements dans son propre pays et chez l’étranger (Instit. de Timour, pages 215-217, 349, 351).
[2901] Ces commentaires sont encore inconnus en Europe ; mais M. White nous fait espérer qu’ils pourront être rapportés par son ami le major Davy, qui a lu en Asie ce récit fidèle et détaillé d’une époque intéressante et féconde en événements.
[2902] J’ignore si l’Institution originale, écrite en langue turque ou mongoule, existe encore. Le major Davy, aidé de M. White, professeur de langue arabe, a publié à Oxford, en 1783, in-4°, la traduction persane, et ils y ont joint une traduction anglaise avec un index très précieux. Cet ouvrage a été traduit depuis du persan en français (Paris, 1787) par M. Langlès, très versé dans les antiquités de l’Orient, qui y a ajouté une Vie de Timour et des Notes très curieuses.
[2903] Shaw Allum, le présent Mogol, lit, estime, mais ne peut imiter les Institutions de son illustre ancêtre : le traducteur anglais croit leur authenticité justifiée par les preuves insérées dans l’ouvrage ; mais si l’on concevait quelques soupçons de fraude ou de fiction ; la lettre du Major Davy ne serait pas susceptible de les détruire. Les Orientaux n’ont jamais cultivé l’art de la critique. La protection d’un prince, moins honorable peut-être, n’est pas moins lucrative que celle d’un libraire ; et on ne doit pas regarder comme incroyable qu’un Persan, le véritable auteur, pût renoncer à l’honneur que pourrait lui rapporter son ouvrage, pour en augmenter la valeur et le prix.
[2904] On trouve l’original de ce conte dans l’ouvragé suivant, fort estimé pour la pompeuse élégance du style Ahmedis Arabsiadæ (Ahmed-Ebn-Arahshah) vitæ et rerum gestarunt Timuri, arabice et latine. Edidit Samuel Henricus Manger. Franequerœ, 1767, 2 tom. in-4°. On reconnaît dans cet auteur syrien un ennemi toujours malveillant et souvent ignorant ; les titres mêmes de ses chapitres sont injurieux, comme ceux-ci : Comment le méchant, comment l’impie, comment la vipère, etc. Le copieux article de Timour inséré dans la Bibliothèque orientale présente un mélange d’opinions, parce que d’Herbelot a tiré indifféremment ses matériaux (p. 877-888) de Khondemir, d’Ehn-Schounah et du Lebtarikh.
[2905] Demir ou Timour signifie en langue turque fer ; et Beg est la dénomination d’un grand seigneur ou d’un prince. Le changement d’une lettre ou d’un accent produit le mot lenc ou boiteux, et les Européens ont confondu par corruption les deux mots dans le nom de Tamerlan.
[2906] Après avoir raconté quelques fables ridicules, Arabshah est forcé de reconnaître Timour Lenc pour un descendant de Gengis per mulicres, et il ajoute avec humeur laqueos Satanæ (part. I, c. I, p.25). Le témoignage d’Abulghazi-khan (part. II, c. 5, part. V, c. 4) est clair, irrécusable et décisif.
[2907] Selon une généalogie, le quatrième ancêtre de Gengis et le neuvième de Timour étaient deux frères ; ils convinrent que la postérité de l’aîné succèderait à la dignité de khan, et que les descendants du plus jeune exerceraient l’office de ministre et de général. Cette tradition servit du moins à justifier les premières entreprises de l’ambitieux Timour (Institutions, p. 24, 25, d’après les fragments manuscrits de l’Histoire de Timour).
[2908] Voyez la Préface de Sherefeddin et la Géographie d’Abulféda (Chorasmiæ, etc., Descriptio, p. 60, 61) dans le second volume des Petits Géographes grecs d’Hudson.
[2909] Voyez sur sa naissance et sur l’opinion à cet égard des astrologues de son petit-fils Ulugh-Beg, le docteur Hyde (Synt. Dissert., t. II, p. 466). Il naquit dans l’année de grâce 1336, avril 9, II deg. 57 min., P. M. lat. 36. Je ne sais pas s’ils ont bien constaté la grande conjonction des planètes, d’où il a tiré comme d’autres conquérants le surnom de Saheb-Keran, ou Maître des conjonctions (Bibl. orient., p. 878).
[2910] Les Institutions de Timour donnent très improprement aux sujets du khan de Kashgar le nom d’Ouzbegs ou Uzbeks ; ce nom appartenait à une autre race de Tartares qui habitait un pays différent (Abulghazi, part. V, c. 5, part. VII, c. 5). Si j’étais bien sûr que ce nom se trouvât dans l’original turc, je n’hésiterais pas à prononcer que les Institutions furent composées un siècle après la mort de Timour, depuis l’établissement des Uzbeks dans la Transoxiane.
[2911] Le premier livre de Sherefeddin est consacré à la vie privée de son héros, et Timour lui-même on son secrétaire s’étend avec complaisance (Instit., p. 3-77) sur les treize projets et entreprises qui font le plus d’honneur à son mérite Personnel, qu’on aperçoit encore à travers le récit malveillant d’Arabshah (part. I, c. 1-12).
[2912] Le second et le troisième livre de Sherefeddin traitent des conquêtes de la Perse, de la Tartarie et de l’Inde. Ainsi qu’Arabshah (c. 13-55), voyez aussi les précieux Index des Institutions.
[2913] Abulghazi-khan cite la vénération des Tartares pour le nombre mystérieux de neuf, et divise par ce motif son histoire généalogique en neuf parties.
[2914] Arabshah (part. I, c. 28, p. 183) raconte que le lâche Timour s’enfuit dans sa tenté, et évita la poursuite de Shah-Mansour en se cachant sous les robes de ses femmes ; peut-être Sherefeddin a-t-il exagéré sa valeur (l. III, c. 25).
[2915] L’histoire d’Ormuz ressemble à celle de Tyr. La vieille ville, située sur le continent, détruite par les Tartares, fut reconstruite dans une île stérile et manquant d’eau douce. Les rois d’Ormuz, enrichis par le commerce de l’Inde et la pêche des perles, possédaient de vastes territoires en Perse et en Arabie ; mais ils furent d’abord tributaires des sultans de Kerman, et furent délivrés, A. D. 1505, de la tyrannie de leurs vizirs par telle des Portugais. Marc-Paul (l. I, c. 15, 16, fol. 7, 8) ; Abulféda (Géogr., Tab. XI, p. 261, 262) ; une Chronique originale d’Ormuz, dans l’Hist. de la Perse par Stephen (p. 376-416) ou dans Texeira ; et les Itinéraires insérés dans le premier volume de Ramusio ou Ludovico Barthema (1503, fol. 167), d’André Corsali (1517, fol. 202, 203) et d’Odoardo Barbessa (en 1516, fol. 315-318).
[2916] Arahshah avait voyagé dans le Kipzak, et acquis de grandes connaissances de la géographie, des villes et des révolutions de ce pays septentrional (part. I, c. 45-49).
[2917] Institut. de Timour, p. 123-125. M. White, l’éditeur, se plaint du récit insuffisant et superficiel de Sherefeddin (l. III, c. 12, 13, 14), qui ignorait les desseins de Timour et le véritable ressort de l’action.
[2918] Il est plus aisé de croire aux fourrures de Russie qu’aux lingots ; mais Antioche n’a jamais été fameuse pour les toiles, et cette ville était déjà ruinée. Je soupçonne que ces toiles manufacturées en Europe y avaient été portées par la voie de Novogorod, et probablement par des marchands des villes anséatiques.
[2919] M. Lévesque (Hist. de Russie, t. II, p. 247 ; Vie de Timour, p. 64-67, avant la traduction française des Institutions) a corrigé les erreurs de Sherefeddin, et marqué les véritables limites des conquêtes de Timour ou Tamerlan. Ses arguments sont superflus, et les Annales de Russie suffisent pour constater que Moscou, qui avait été prise six ans avant cette époque par Toctamish, échappa aux armes d’un conquérant plus formidable.
[2920] Le Voyage de Barbaro à Tana en 1436, après qu’on eut rétabli la ville, cite un consul égyptien du grand Caire (Ramusio, t. II, fol. 92).
[2921] On trouve la relation du sac d’Azof dans Sherefeddin (l. III, c. 55), et plus détaillée encore par l’auteur d’une Chronique italienne (André de Redusiis de Quero, in Chron. Tarvisiano, in Muratori, Scriptor. rerum italic., t. XIX, p. 802-805). Il avait conversé avec les Mianis, deux frères Vénitiens, dont un avait été député au camp de Timour, et l’autre avait perdu à Azof ses trois fils et douze mille ducats.
[2922] Sherefeddin dit simplement (l. III, c. 13) qu’on pouvait à peine distinguer un intervalle entre les rayons du soleil levant et ceux du soleil couchant. On peut aisément résoudre ce problème dans la latitude de Moscou au cinquante-sixième degré, à l’aide de l’aurore boréale et d’un long crépuscule : mais un soleil de quarante jours (Khondemir, apud d’Herbelot, p. 880) nous resserrerait rigoureusement dans le cercle polaire.
[2923] Pour la guerre de l’Inde, voyez les Institutions (p. 129-139), le quatrième livre de Sherefeddin et l’Histoire de Ferishta dans Dow (vol. II, p. 1-20), qui jette une lumière générale sur les affaires de l’Indoustan.
[2924] L’incomparable carte que le major Rennel a donnée de l’Indoustan, a fixé pour la première fois avec vérité et exactitude la position et le cours du Punjab ou des cinq branches orientales de l’Indus. Il explique avec discernement et clarté, dans son Mémoire critique, la marche d’Alexandre et celle de Timour.
[2925] Les deux grandes rivières, le Gange et le Bourampooter, tirent leur source dans le Thibet, des flancs opposés de la chaîne des mêmes montagnes, à une distance de douze cents milles l’une de l’autre, et après un cours tortueux de deux mille milles, elles se rejoignent près le golfe du Bengale. Tel est cependant le caprice de la renommée, que le Bourampooter est découvert tout récemment, tandis que le Gange est fameux depuis un grand nombre de siècles dans l’histoire ancienne et moderne. Coupèle, où Timour remporta sa dernière victoire, doit être située près de Loldong, à onze cents milles de Calcutta ; les Anglais y campèrent en 1774 (Mémoire de Rennel, p. 7-59-90, 91-99).
[2926] Voyez les Institutions (p. 141) jusqu’à la fin du premier livre, et Sherefeddin (l. V, c. 1-16) jusqu’à l’arrivée de Timour en Syrie.
[2927] Nous avons trois différentes copies de ces lettres menaçantes, dans les Institutions (p. 147), dans Sherefeddin (l. V, c. 14), et dans Arabshah (t. II, c. 19, p. 183-201), qui s’accordent plus pour la substance que pour le style. Il y a apparence qu’elles ont été traduites, avec plus ou moins de liberté, du turc en langue arabe et en langue persane.
[2928] L’émir mongoul se donne à lui-même et à ses compatriotes le nom de Turcs, et rabaisse Bajazet et sa nation au nom moins honorable de Turcomans. Cependant je ne conçois pas comment les Ottomans pouvaient tirer leur origine, d’un matelot turcoman. Ces pâtres habitaient bien loin de la mer et de toute affaire maritime.
[2929] Selon le Koran (c. 2, p. 27, et les Discours de Sale, p. 134), un musulman, qui avait répudié trois fois sa femme (qui avait répété trois fois les termes d’un divorce) ne pouvait la reprendre qu’un autre ne l’eût épousée et répudiée. Cette cérémonie est suffisamment humiliante, sans ajouter que le premier mari devait nécessairement souffrir que le second jouît de sa femme en sa présence (État de l’Empire ottoman, par Rycault, l. II, c. 21).
[2930] Arabshah attribué particulièrement aux Turcs la délicatesse commune aux Orientaux de ne jamais parler publiquement de leurs femmes, et il est assez remarquable que Chalcocondyle ait eu quelque connaissance du préjugé et de l’insulte.
[2931] Pour le style des Mongouls, voyez les Institutions (p. 131, 147), et pour les Persans, consultez la Bibliothèque orientale (p. 882). Je ne découvre cependant pas que les Ottomans aient pris le titre de Césars, ou que les Arabes le leur aient donné.
[2932] Voyez les règnes de Barkok et de Pharage dans M. de Guignes (t. IV, l. XXII), qui a tiré des textes d’Aboul-Mahasen, d’Ebn-Schounah et d’Aintabi, quelques faits que nous avons ajoutés à nos matériaux.
[2933] Relativement à ces transactions récentes et intérieures, on peut se fier au témoignage d’Arabshah ; quoiqu’il montre en d’autres occasions beaucoup de partialité (t. I, c. 64-68 ; t. II, c. 1-14). Timour devait paraître odieux à un Syrien ; mais la notoriété des faits l’aurait obligé de respecter son ennemi et la vérité, ses reproches servent à corriger la dégoûtante flatterie de Sherefeddin (l. V, c. 17-29)
[2934] Ces intéressantes conversations semblent avoir été copiées par Arabsbah (t. I, c. 68, p. 625-645) du cadi ou historien Ebn-Schounah, un des principaux acteurs ; mais comment pouvait-il exister encore soixante-quinze ans après cette époque (d’Herbelot, p. 792) ?
[2935] Sherefeddin (l. V, c. 29-43) et Arabshah (t. II, c. 15, 18) racontent les marches et les conquêtes, de Timour entre la guerre de Syrie et celle des Ottomans.
[2936] Ce nombre de huit cent mille est tiré d’Arabshah, ou plutôt d’Ebn-Schounah (ex rationatio Timuri), qui le rapporte sur le témoignage d’un officier carizmien (t. I, c. 68, p. 617) ; et il est assez remarquable que Phranza, historien grec, n’y ajoute que vingt mille hommes. Le Pogge compte un million ; un autre contemporain latin (Chron. Tarvisianum, ap. Muratori, t. XIX, p. 800) en compte un million cent mille ; et un soldat allemand qui était à la bataille d’Angora, atteste le nombre prodigieux d’un million six cent mille (Leunclavius, ad Chalcocond., l. III, p. 82). Timour, dans ses Institutions, n’a daigné calculer ni ses troupes ni ses sujets, ni ses revenus.
[2937] Le grand Mogol laissait, par vanité et pour l’avantage de ses officiers, des vides immenses dans les cadres de son armée. Le patron de Bernier, Penge-Hazari, était commandant de cinq mille chevaux, qui se réduisaient à cinq cents (Voyages, t. I, p. 288, 289).
[2938] Timour lui-même fixe le nombre des Ottomans à quatre cent mille (Institut., p. 1-53). Phranza les réduit à cent cinquante mille (l. I, c. 29), et le soldat allemand les porte à un million quatre cent mille. Il paraît évident que l’armée des Mongouls était la plus nombreuse.
[2939] Il n’est pas inutile de marquer les distances entre Angora et les villes voisines, par les journées des caravanes, chacune de vingt-cinq milles : d’Angora à Smyrne vingt, à Kidtahia dix, à Bursa dix, à Césarée huit, à Sinope dix, à Nicomédie neuf, à Constantinople douze ou treize. Voyez les Voyages de Tournefort au Levant, t. II, lettre XXI.
[2940] Voyez les systèmes de tactique dans les Institutions ; les éditeurs anglais y ont ajouté des plans très soignés qui en facilitent l’intelligence.
[2941] Le sultan lui-même, dit Timour, doit placer courageusement son pied dans l’étrier de la patience ; cette métaphore tartare, omise dans la traduction anglaise, a été conservée par le traducteur français des Institutions (p. 156, 157).
[2942] Sherefeddin affirme que Timour se servit du feu grégeois (l. V, c. 47) ; mais le silence universel, des contemporains réfute l’étrange soupçon de Voltaire, qui suppose que des canons, où sont gravés des caractères inconnus, ont été envoyés à Delhi par ce monarque.
[2943] Timour a dissimulé cette importante négociation avec les Tartares ; mais elle est évidemment constatée par le témoignage des Annales arabes (t. I, c. 41, p. 391), des Annales turques (Leunclav., p. 321) et des historiens persans (Khondemir, ap. d’Herbelot, p. 882).
[2944] Dans la guerre de Roum ou de l’Anatolie, j’ai ajouté quelques faits tirés des Institutions au récit de Sherefeddin (l. V, c. 44-65) et d’Arabshah (t. XI, c. 20-35). Pour cette partie seulement de l’histoire de Timour, on peut citer les historiens turcs (Cantemir, p. 53-55 ; Annales de Leunclav., p. 320-327), et les Grecs (Phranza, l. I, c. 29 ; Ducas, c. 15-17 ; Chalcocondyles, l. III).
[2945] Le scepticisme de Voltaire, dans son Essai sur l’Histoire générale (c. 88), est disposé ici, comme dans toutes les autres occasions, à rejeter ce conte populaire, et à diminuer de l’excès du vice et de la grandeur de la vertu : son incrédulité est souvent raisonnable.
[2946] Voyez l’Histoire de Sherefeddin (l. V. c. 49-52, 53-59, 60). Cet ouvrage fut achevé à Shiraz, dans l’année 1424, et dédié à Ibrahim, fils de Sharokh, fils de Timour, qui régnait sur le Farsistan du vivant de son père.
[2947] Après avoir lu Khondemir, Ehn-Schounah, etc., le savant d’Herbelot (Bibl. orient., p. 882) peut affirmer qu’on ne trouve cette fable dans aucune histoire authentique ; mais en niant qu’Arabsbah l’ait adoptée d’une manière visible, il fait naître des soupçons sur son exactitude.
[2948] Et fut lui-même (Bajazet) pris et mené en prison, en laquelle mourût de dure mort. (Mém. de Boucicault, part, I, c. 37.) Ces Mémoires furent composés tandis que le maréchal était encore gouverneur de Gênes, d’où il fut chassé en 1409 par une sédition ou émeute du peuple. Muratori, Ann. d’Ital., t. XI, p. 473, 474
[2949] Le lecteur trouvera un récit satisfaisant de la Vie et des Œuvres du Pogge, dans le Poggiana, ouvrage intéressant de M. Lenfant, et dans la Bibliotheca latina mediœ et infimœ ætatis de Fabricius (t. V, p. 305-308). Le Pogge naquit en 1380, et mourut en 1459.
[2950] Le dialogue de Varietate fortunœ, dont on a publié à Paris, en 1723, une édition complète et élégante, in-4°, fut composé peu de temps avant la mort du pape Martin V (p. 5), et conséquemment vers l’année 1430.
[2951] Voyez un éloge brillant et éloquent de Timour, p. 36-39. Ipse enim novi, dit le Pogge, qui fuere in ejus castris..... Regem vivum cepit, caveaque in modem feræ inclusum per omnem Asiam circumtulit egregium admirandumque spectaculum fortunœ.
[2952] Chronicon Tarvisianum (in Muratori, Script. rerum ital., t. XIX, p. 800) et les Annales Estenses (t. XVIII, p. 974). Les deux auteurs, André de Redusiis de Quero et Jacques de Delaito, étaient contemporains et tous deux chanceliers, l’un de Trévise et l’autre de Ferrare. Le témoignage du premier est le plus positif.
[2953] Voyez Arabshah, t. II, c. 28, 34. Il voyagea in regiones Rumœas, A. H. 839 (A. D. 1435, juillet 27), t. II, c. 2, p. 13.
[2954] Busbequius, in legatione turcica, epist. I, p. 52. Cette autorité respectable est un peu affaiblie par les mariages subséquents d’Amurath II avec une servienne, et de Mahomet II avec une princesse d’Asie (Cant., p. 83-93).
[2955] Voyez le témoignage de Georges Phranza (l. I, c. 29) et sa vie dans Hanckius (de Scriptor. byzant., p. 1, c. 40). Chalcocondyles et Ducas parlent vaguement des chaînes de Bajazet.
[2956] Annales Leunclav., p. 321 ; Pococke, Prolegom. ad Ahulphar. Dynast. ; Cantemir, p. 55.
[2957] Un Sapor, roi de Perse, ayant été fait prisonnier, Maximien ou Galère, César, l’enferma dans une vache artificielle couverte de la peau d’un de ces animaux. Telle est au moins la fable racontée par Eutychès (Annal., t. I, p. 1121, vers. Pococke). Le récit de la véritable histoire (voyez le deuxième vol. de cette histoire, c. XI), nous apprendra à apprécier l’érudition orientale de tous les siècles qui précédèrent l’hégire.
[2958] Arabshah (t. II, c. 25) décrit en voyageur curieux et instruit les détroits de Gallipoli, et de Constantinople. Pour acquérir une juste idée de ces événements, j’ai comparé les récits et les préjugés des Mongouls, des Turcs, des Grecs et des Arabes. L’ambassadeur d’Espagne parle de l’union des chrétiens avec les Ottomans pour la défense commune (Vie de Timour, p. 96).
[2959] Lorsque le titre de César eut été transporté aux sultans de Roum, les princes grecs de Constantinople (Sherefeddin, l. V, c. 54) furent confondus avec les petits souverains chrétiens de Gallipoli et de Thessalonique, sous le titre de Tekkur, dérivé par corruption de του κυριου (Cantemir, p. 51).
[2960] Voyez Sherefeddin (l. V c. 4), qui décrit dans un Itinéraire exact la route de la Chine, qu’Arabshah (t. II, C. 33) n’indique que d’une manière vague et par des phrases de rhéteur.
[2961] Synopsis Hist. Sinicœ, p. 74-76, dans la quatrième partie des Relations de Thévenot ; Duhalde (Hist. de la Chine, t. I, p. 507, 508, édit. in-fol.) ; et pour la chronologie des empereurs chinois, de Guignés (Hist. des Huns, l. I, p. 71, 72).
[2962] Pour le retour, le triomphe et la mort de Timour, voyez Sherefeddin (l. VI, c. 1-30) et Arabshah (t. II, c. 35-47).
[2963] Sherefeddin (l. VI, c. 24) cite les ambassadeurs d’un des plus puissants souverains de l’Europe : nous savons qu’il est question de Henri III, roi de Castille. La relation curieuse de ses deux ambassades existe encore (Mariana, Hist. Hispan., l. XIX, c. II, p. 329, 330 ; Avertissernent à l’Histoire de Timour-Bec, p. 28-33). Il paraît aussi qu’il y eut quelque correspondance entre l’empereur mongoul et la cour de Charles VII, roi de France (Hist. de France par Velly et Villaret, p. 336).
[2964] Voyez la traduction de la relation persane de l’ambassade dans la quatrième partie des Relations de Thévenot. Ils présentèrent à l’empereur de la Chine un vieux cheval que Timour avait monté. Ils partirent de la cour de Hérat en 1419, et y revinrent de Pékin en 1422.
[2965] Tiré d’Arabshah, t. II, c. 96. Les couleurs plus brillantes ou plus douces sont extraites de Sherefeddin, de d’Herbelot et des Institutions.
[2966] Il porta son nouveau jeu ou système de trente-deux pièces et soixante-quatre cases, à cinquante-six pièces et cent dix ou cent trente cases ; mais, excepté à sa cour, l’ancien jeu a paru suffisamment compliqué. L’empereur mongoul était plutôt satisfait que blessé de perdre contre un de ses sujets, et un joueur d’échecs sentira toute la valeur de cet éloge.
[2967] Voyez Sherefeddin, l. V, c. 15-25. Arabshah (t. II, c. 96, p. 801-803) accuse d’impiété l’empereur et les Mongouls, qui donnent la préférence au Yacsa ou loi de Gengis (cui Deus maledicat), même sur le Koran. Il refuse de croire que l’usage et l’autorité de ce code païen aient été abolis par Sharokh.
[2968] Outre les passages de ce sanglant récit, le lecteur peut se rappeler la note 25, du chapitre 36, où j’ai parlé de ce conquérant ; il y trouvera le calcul de près de trois cent mille têtes qui servirent de monument à sa cruauté. Excepté la tragédie de Rowe, du cinq novembre, je ne m’attendais pas à entendre louer l’aimable modération de Timour (Préface de White, p. vij). Cependant on peut excuser l’enthousiasme généreux de la part du lecteur, et encore plus de l’éditeur des Institutions.
[2969] Consultez les derniers chapitres de Sherefeddin, Arabshah et M. de Guignes (Hist. des Huns, t. IV, l. XX ; l’Histoire de Nadir-Shah par Fraser, p. 1-62). L’histoire des descendants de Timour est superficiellement racontée, et les seconde et troisième parties de Sherefeddin manquent.
[2970] Shah-Allum, le présent mogol, est le quatorzième descendant de Timour par Miran-Shah, le troisième fils de ce conquérant. Voyez le deuxième volume de l’Histoire de l’Indoustan par Dow.
[2971] On trouve la relation des guerres civiles depuis la mort de Bajazet jusqu’à celle de Mustapha dans Démétrius Cantemir (p. 58-82), chez les Turcs ; parmi les Grecs dans Chalcocondyles (l. IV et V), Phranza (l. I, c. 30-32) et Ducas (c. 18-27). Ce dernier est le plus détaillé et le mieux instruit.
[2972] Arabshah (t. II, c. 26), dont le témoignage en cette occasion est irrécusable. Sherefeddin atteste aussi l’existence d’Isa, dont les Turcs ne parlent point.
[2973] Arabshah, loc. cit. ; Abulféda., Géog. Tab. XVII, p. 302 ; Busbequius, epist. I, p. 96, 97, in Itinere C. P., et Amasiano.
[2974] Ducas, Grec contemporain, fait l’éloge des vertus d’Ibrahim (c. 25). Ses descendants sont les seuls nobles en Turquie ; ils se contentent d’administrer les fondations pieuses de leur ancêtre, avec l’exemption de toutes fonctions publiques. Le sultan leur fait chaque année deux visites (Cantemir, p. 76).
[2975] Voyez Pachymère (l. V, 29), Nicéphore Grégoras (l. II, c. 1), Sherefeddin (l. V, c. 57) et Ducas (c. 25). Le dernier de ces écrivains, observateur exact et attentif, mérite particulièrement la confiance pour tout ce qui concerne l’Ionie et les îles. Parmi les nations qui habitaient la nouvelle Phocée, il nomme les Anglais (Ιγγληνοι) ; cette citation atteste l’ancienneté du commerce de la Méditerranée.
[2976] Pour l’esprit de navigation et de liberté de l’ancienne Phocée ou plutôt des Phocéens, consultez le premier livre d’Hérodote et l’Index géographique de son dernier et savant traducteur français, M. Larcher (t. VII, p. 299).
[2977] Pline (Hist. natur., XXXV, 52) ne comprend point Phocée parmi les pays qui produisent l’alun. Il nomme, d’abord l’Égypte, en second lieu l’île de Mêlos, dont les mines d’alun ont été décrites par Tournefort (t. I, lettre IV), également recommandable comme voyageur et comme naturaliste. Après avoir perdu Phocée, les Génois découvrirent, en 1159, ce précieux minéral dans l’île d’Ischia (Ismaël Bouillaud, ad Ducam, c. 25).
[2978] De tous les écrivains qui ont vanté la générosité fabuleuse de Timour, celui qui a le plus abusé de cette supposition est sans contredit l’ingénieux sir William Temple, admirateur de toute vertu étrangère. Après la conquête de la Russie, etc., et le passage du Danube, son héros tartare délivre, visite, admire et refuse la capitale de Constantin ; son pinceau séduisant s’écarte à chaque ligne de la vérité de l’histoire, mais des fictions ingénieuses sont encore plus pardonnables que les erreurs grossières de Cantemir. Voyez ses Œuvres, vol. III, p. 349, 350, éd. in-8°.
[2979] Pour les règnes de Manuel et de Jean, de Mahomet Ier et d’Amurath IX, voyez l’Hist. orient. de Cantemir (p. 70-95) et les trois écrivains grecs Chalcocondyles, Phranza et Ducas, toujours supérieur à ses rivaux.
[2980] L’aspre des Turcs (du mot grec ασπρος) est ou était une pièce blanche ou d’argent, dont le prix est fort baissé aujourd’hui, mais qui valait alors au moins la cinquante-quatrième partie d’un ducat ou sequin de Venise, et les trois cent mille aspres, soit qu’on les regarde comme une pension ou comme un tribut, équivalent à peu près à deux mille cinq cents livres sterling (Leunclavius, Pandect. turc., p. 406-408).
[2981] Pour le siège de Constantinople en 1422, voyez la Relation détaillée et contemporaine de Jean Cananus, publiée par Léon Allatius à la fin de son édition d’Acropolita (p. 188-199).
[2982] Cantemir, p. 80. Cananus, qui désigne Séid Béchar sans le nommer, suppose que l’ami de Mahomet se donnait dans ses amours la liberté d’un prophète ; et qu’on promit au saint et à ses disciples les plus jolies religieuses de Constantinople.
[2983] Pour attester cette miraculeuse apparition, Cananus en appelle au témoignage du saint musulman ; mais qui nous rendra témoignage pour Séid Béchar ?
[2984] Voyez Rycault (l. I, c. 13). Les sultans turcs prennent le titre de khans. Cependant Abulghazi ne semble pas reconnaître les Ottomans pour ses cousins.
[2985] Le troisième grand vizir du nom de Kiuperli, qui fut tué à la bataille de Salankanen en 1691 (Cantemir, p. 382). Il osa dire que tous les successeurs de Soliman avaient été des imbéciles ou des tyrans, et qu’il était temps d’en éteindre la race (Marsigli, Stato militare, etc., p. 28). Cet hérétique en politique était un zélé républicain, qui justifiait la révolution d’Angleterre contre l’ambassadeur de France, (Mignot, Hist. des Ottomans, t. III, p. 434) ; il ose ridiculiser la singulière exception qui rend les places et les dignités héréditaires dans les familles.
[2986] Chalcocondyles (l. V) et Ducas (c. 23) nous donnent une esquisse grossière de la politique ottomane, et nous font connaître la métamorphose des enfants chrétiens en soldats turcs.
[2987] Cette esquisse de la discipline et de l’éducation turque est principalement tirée de l’État de l’Empire ottoman par Rycault, du Stato militare del Imperio ottomano du comte Marsigli (à la Haye, 1732, in fol.), et d’une Description du Sérail, approuvée par M. Greaves lui-même, voyageur attentif, et publiée dans le second volume de ses Œuvres.
[2988] D’après la liste de cent quinze vizirs jusqu’au siège de Vienne (Marsigli, p. 13), leur place peut être regardée comme un marché pour trois ans et demi.
[2989] Voyez les Lettres judicieuses et amusantes de Busbecq.
[2990] Le premier et le second volume des Essais chimiques du docteur Watson contiennent deux discours précieux sur la découverte et la composition de la poudre à canon.
[2991] On ne peut se fier sur cet objet aux autorités modernes. Ducange a recueilli les passages originaux (Gloss. lat., t. I, p. 675, Bombarda). Mais dans le jour douteux qui nous parvient de ces premiers écrivains, ce qu’on voit du nom, du bruit, du feu et de l’effet par lesquels ils semblent indiquer notre artillerie, peut très bien s’adapter aux machines, des anciens et au feu grégeois. Quant au canon dont les Anglais firent, dit-on, usage à la bataille de Crécy, on doit balancer l’autorité de Jean Villani (Chron., liv. XII, chap. 65) par le silence de Froissard. Cependant Muratori (Antiq. Italiæ medii œvi, t. II, Disserta 26, p. 514, 515) a produit un passage décisif de Pétrarque (de Remediis utriusque Fortunæ dialog.), qui avant l’année 1344 a maudit ce tonnerre artificiel ; nuper rara, nunc communis.
[2992] Un canon des Turcs que Ducas fait paraître (c. 30) pour la première fois devant Belgrade (A. D. 1436), servit, selon Chalcocondyles (l. V, p. 123), dès l’année 1422, au siége de Constantinople.
[2993] Cette curieuse instruction a été tirée, je crois, des archivés du Vatican, par Odoric Raynald, et insérée dans sa continuation des Annales de Baronius (Rome, 1646-1677, en dix volumes in-folio). Je me suis contenté de l’abbé de Fleury (Hist. ecclés., t. XX, p. 1-8), dont j’ai toujours trouvé les extraits clairs, exacts et exempts de toute partialité.
[2994] L’ambiguïté de ce titre est heureuse, ou ingénieuse ; et moderator, comme synonyme de rector, gubernator, est un terme de la latinité classique et même cicéronienne qu’on trouvera non pas dans le Glossaire de Ducange, mais dans le Thesaurus de Robert Étienne.
[2995] La première épître (sine titulo) de Pétrarque représente le danger de la barque et l’incapacité du pilote. Hœc inter, vino madidus, ævo gravis ac soporifero rore perfusrus, jamjam nutitat, dormitat, jam somno prœceps atque (utinam solus) ruit... Heu quanto felicius patrio terram sulcasset aratro, quam scalmum piacatorium ascendisset ! Cette satire engage son biographe à peser les vertus et les vices de Benoît XII qui ont été exagères par les guelfes et par les gibelins, par les papistes et les protestants. Voyez les sur la vie de Pétrarque, tome I, page 259 ; II, not. 15, page 13-16. Ce fut lui qui donna occasion au proverbe Bibamus papaliter.
[2996] Voyez les Vies originales de Clément VI, dans Muratori (Script. rerum italicar., t. III, part. II, p. 550-589) ; Matthieu Villani (Chron., l. III, c. 43, in Muratori, t. XIV, p. 186), qui le nomme molto cavallaresco, poco religioso ; Fleury (Hist. ecclés., t. XX, p. 126), et la Vie de Pétrarque (t. II, p. 42-45). L’abbé de Sade lui accordé plus d’indulgente ; mais ce dernier auteur était gentilhomme aussi bien que prêtre.
[2997] On la connaît sous le nom probablement défiguré de Zampea : elle avait accompagné sa maîtresse à Constantinople, où seule elle resta avec elle. Les Grecs eux-mêmes ne purent refuser des louanges à sa prudence, à son érudition et à sa politesse. Cantacuzène, l. I, c. 42.
[2998] Voyez toute cette négociation dans Cantacuzène (l. IV, c. 9), qui, à travers les louanges qu’il prodigue à sa propre vertu, trahit l’inquiétude d’une conscience coupable.
[2999] Voyez ce traité ignominieux dans Fleury (Histoire ecclés., p. 151-154), d’après Raynald, qui l’avait probablement tiré des archives du Vatican. Il ne vaut pas la peine d’avoir été contrefait.
[3000] Voyez les deux Vies originales d’Urbain V dans Muratori (Script. rerum italicar., t. III, part. II, p. 623-635) ; et les Annales ecclésiastiques de Spondanus (t. I, p. 573, A. D. 1369, n° 7) ; et Raynald (Fleury, Hist. ecclés., t. XX, p. 223, 224). Cependant, d’après quelques contradictions, je soupçonne les historiens des papes d’avoir légèrement exagéré les génuflexions de Paléologue.
[3001] Paulo minus quam si fuisset imperator Romanorum. Cependant on ne lui disputait plus son titre d’empereur dés Grecs. Vit. Urbani V, p. 623.
[3002] Elle était réservée aux successeurs de Charlemagne, et ils n’en pouvaient jouir que le jour de Noël : à toutes les autres fêtes, ces diacres couronnés se contentaient de présenter au pape le livre et le corporal lorsqu’il disait la messe. Cependant l’abbé de Sade a la générosité de croire qu’il est possible qu’on se soit relâché de cette règle en faveur du mérite de Charles IV, mais non pas le jour précis, le 1er novembre 1368. L’abbé paraît apprécier au juste l’homme et le privilège. Vie de Pétrarque, t. III, p. 735.
[3003] A travers la corruption de la dénomination italienne. (Matthieu Villani, l. XI, c 79, dans Muratori, t. XV, p. 746), l’étymologie de Falcone in bosco nous donne le mot anglais Hawkwood, le véritable nom de notre audacieux compatriote (Thomas Walsingham, Hist. anglican., inter scriptores Camdeni, p. 184). Après vingt-deux victoires et une seule défaite, il mourut en 1394, général des Florentins ; et la république le fit inhumer avec des honneurs qu’elle n’avait point accordes au Dante ni à Pétrarque. Muratori, Annali d’Italia, t. XII, p. 212-371.
[3004] Ce torrent d’Anglais, soit qu’ils le fussent de naissance ou seulement par la cause qu’ils avaient embrassée tomba de France en Italie ; après la paix de Brétigny, en 1360. Muratori s’écrie (Ann., t. XII, p. 197), avec plus de vérité que de politesse : Ci mancava ancor questo, che dopo essere calpestrata l’Italia da tanti masnadieri ; Tedeschi ed Ungheri, venissero fin dall’ Inghilterra nuovi cani a finire di divorarla.
[3005] Chalcocondyles, liv. I, p. 25, 26. Le Grec prétend qu’il fit une visite à la cour de France ; mais le silence des historiens nationaux le réfute suffisamment. Je ne suis pas beaucoup plus disposé à croire qu’il quitta l’Italie, valde bene consolatus et contentus (Vit. Urbani V, p. 623).
[3006] Son retour à Constantinople en 1370, et le couronnement de Manuel, 25 septembre 1373 (Ducange, Famil. Byzant., p. 241), laissé un intervalle pour la conspiration et le châtiment d’Andronic.
[3007] Mém. de Boucicault, p. I, c. 35, 36.
[3008] Chalcocondyles (l. II, c. 44-50) et Ducas (c. 14) parlent légèrement, et, à ce qu’il semble, avec répugnance, de son voyage dans l’Occident.
[3009] Muratori, Annali d’Italia, t. XII, p. 406. Jean Galeazzo fut le premier et le plus puissant des ducs de Milan. Ses liaisons avec Bajazet sont attestées par Froissard ; et il contribua à sauver ou à délivrer les prisonniers français de Nicopolis.
[3010] Pour la réception de Manuel à Paris, voyez Spondanu (Annal. Ecclés., t. I, p. 676, 677 A. D. 1400, n° 5) qui cite Juvénal vies Ursins et les moines de Saint-Denis, et Villaret (Hist. de France, t. XII, p. 331-334.), qui ne cite personne conformément à la nouvelle mode des écrivains français.
[3011] Le docteur Hody a tiré d’un manuscrit de Lambeth (de Græcis, illustribus) une note sur le séjour de Manuel en Angleterre. Imperator, diu variisque et horrendi paganorum insultibus coarctatus, ut pro eisdem resistentiam triumphalem perquireret, Anglorurm regem visitare decrevit, etc. Rex (dit Walsingham, p. 364) nobili apparatu... suscepit (ut decuit) tantum heroa ; duxitque Londonias, et permultos dies exhibuit gloriose, pro expensis hospitii sui solvens, et cum respiciens tanto fastigio donativis. Il répète la même chose dans son Upodigma Neustriæ (p. 556).
[3012] Shakespeare commence et termine la tragédie de Henri IV par le vœu que fit ce prince de prendre la croix, et le pressentiment qu’il avait de mourir à Jérusalem.
[3013] Ce fait est rapporté dans l’Historia politica, A. D. 1391-1478, publiée par Martin Crusius (Turco-Græcia, p. 1-43). L’image du Christ, à laquelle l’empereur refusa ses hommages, était probablement un ouvrage de sculpture.
[3014] Laonicus Chalcocondyles termine son Histoire des Grecs et des Ottomans à l’hiver de 1463, et sa conclusion précipitée semble annoncer qu’il cessa d’écrire dans cette même année. Nous savons qu’il était d’Athènes, et que quelques contemporains du même nom contribuèrent à la renaissance de l’idiome grec dans l’Italie. Mais dans ses nombreuses digressions, cet historien a toujours eu la modestie de jamais parler de lui-même. Leunclavius, son éditeur, et Fabricius (Bibl. græc., t. VI, p. 474) paraissent ignorer tout à fait son état et l’histoire de sa vie. Pour ses descriptions de l’Allemagne, de la France et de l’Angleterre, voyez l. II, p. 36, 37, 44-50.
[3015] Je ne relèverai point les erreurs de la géographie de Chalcocondyles. Dans cette description il a peut-être suivi et mal compris Hérodote (l. II, c. 33), dont on peut interpréter le texte (Hérodote de Larcher, t. II, p. 219-220) ou excuser l’ignorance. Ces Grecs modernes n’avaient-ils donc jamais lu Strabon ni aucun de leurs géographes ?
[3016] Un citoyen de la nouvelle Rome, tant que cette nouvelle Rome subsista, n’aurait pas daigné honorer le ρηξ allemand du titre de βασιλευς ou αυτοκρατωρ Ρομαιων ; mais Chalcocondyles avait dépouillé toute vanité, et il désigne le prince de Byzance et ses sujets sous les dénominations exactes et humbles de Ελληνες et βασιλευς Ελληνων.
[3017] On traduisait dans le quatorzième siècle la plupart des vieux romans en prose française, et ils devinrent la lecture favorite des chevaliers et des dames de la cour de Charles VI. Un Grec est sûrement plus excusable d’avoir cru aux exploits d’Olivier et de Roland, que des moines de Saint-Denis d’avoir inséré dans leur Chronique de France les fables de l’archevêque Turpin.
[3018] Dès le temps de Fitz-Stephen ou le douzième siècle, Londres paraît avoir joui de supériorité en richesse et en grandeur ; elle l’a conservée depuis en augmentant son étendue progressivement, au moins dans la même proportion que les autres capitales de l’Europe.
[3019] En admettant que le double sens du verbe κυω (osculor et in utero gero) fût susceptible d’une équivoque, on ne pourrait pas douter de l’erreur et du sens de Chalcocondyles, d’après la pieuse horreur qu’il annoncé pour cet usage barbare (p. 49).
[3020] Érasme (epist. Fausto Andrelino) parle d’une manière agréable de la mode anglaise de baiser les étrangers à leur arrivée et à leur départ, mais n’en tire aucune mauvaise supposition.
[3021] Nous pourrions peut-être appliquer cette observation à la communauté des femmes que César et Dion Cassius supposent avoir existé parmi les anciens Bretons (l. LXII, t. II, p. 1007). Voyez Dion, avec les remarques judicieuses de Reimar. Les Arreoy d’Otahiti, qu’on regardait d’abord comme de la plus grande évidence, nous paraissent moins criminels à mesure que nous acquérons la connaissance des mœurs de ce peuple amoureux et pacifique.
[3022] Voyez Lenfant (Hist. du Concile de Constance, t. II, p. 579), et pour l’histoire ecclésiastique du temps, les Annales de Spondanus, la bibliothèque de Dupin (t. XII) et les vingt et un et vingt-deuxième volumes de l’histoire ou plutôt de la continuation de Fleury.
[3023] Dès sa première jeunesse Georges Phranza ou Phranzès fut employé au service de l’État et du palais ; et Hanckius (de Script. byzant., part. I, c. 40) a recueilli sa vie de ses propres écrits. Il n’était âgé que de vingt-quatre ans lorsque Manuel, en mourant, le recommanda à son successeur dans les termes les plus forts. Imprimis vero nunc Phranzen tibi commendo, qui ministravit mihi fideliter et diligenter (Phranza, l. II, c. 1). L’empereur Jean lui montra cependant de la froideur, et préféra le service des despotes du Péloponnèse.
[3024] Voyez Phranza, l. II, c. 13. Tandis qu’il existe tant de manuscrits grecs dans les bibliothèques de Rome, de Milan, de l’Escurial, c’est une honte que nous soyons réduits à des traductions latines et aux extraits de Jacques Pontanus (ad. calcem Teophylact. Simocattæ, Ingolstadt, 1604) qui manquent également d’élégance et d’exactitude. Fabricius, Bibl. græc., t. VI, p. 615-620.
[3025] Voyez Ducange, Fam. byzant., p. 243-245.
[3026] L’étendue exacte de l’Hexamilion entre les deux mers était de trois mille huit cents orgygiæ ou toises de six pieds grecs (Phranza, l. I, c. 38), ce qui produit un mille grec plus court que celui de six cent soixante toises de France, que d’Anville prétend être en usage dans la Turquie. On évalue communément la largeur de l’isthme à cinq milles. Voyez les Voyages de Spon, Wheeler et Chandler.
[3027] La première objection des Juifs est sur la mort de Jésus-Christ : si elle fut volontaire, le Christ est coupable de suicide ; à quoi l’empereur oppose un mystère. Ils disputent ensuite sur la conception de la Vierge, sur le sens des prophéties, etc. Phranza, l. II, c. 12, jusqu’à la fin du chapitre.
[3028] Dans le Traité delle Materie Beneficiarie de Fra Paolo (quatrième volume de la dernière et la meilleure édition de ses Œuvres), il développe avec autant de liberté que de profondeur tout le système politique des papes. Quand Rome et sa religion seraient anéanties, ce volume précieux leur survivrait comme une excellente histoire philosophique et un avertissement salutaire.
[3029] Le pape Jean XXII, lorsqu’il mourut à Avignon en 1334, laissa dix-huit millions de florins d’or, et la valeur de sept millions de plus en argenterie et en bijoux. Voyez la Chronique de Jean Villani (l. XI, c. 20, dans la Collection de Muratori, t. XIII, p. 765), dont le frère apprit ces détails des trésoriers du pape. Un trésor de six ou huit millions sterling, dans le quatorzième siècle, paraît énorme et presque incroyable.
[3030] M. Lenfant, protestant instruit et éclairé, a donné une Histoire des Conciles de Pise, de Constance et de Bâle, en six volumes in-quarto ; mais la dernière partie est faite à la hâte, et ne traite complètement que des troubles de la Bohême.
[3031] Les actes originaux ou minutes du concile de Bâle composent douze volumes in-folio, que l’on conserve dans la bibliothèque publique. Bâle était une ville libre, avantageusement située sur le Rhin, et défendue par la confédération des Suisses ses voisins. Le pape Pie II, qui, sous le nom d’Æneas-Savius, avait été secrétaire du concile, fonda en 1459 l’université. Mais qu’est-ce qu’un concile ou une université, en comparaison des presses de Froben ou des études d’Érasme ?
[3032] L’annaliste Spondanus (A. D. 1433, n° 25, t. I, p. 524) raconte, d’une manière peu affirmative, cette ambassade ottomane, qui n’est attestée que par Crantzius.
[3033] Syropulus, p. 19. Il paraît par cette liste que les Grecs exagérèrent le nombre des laïques et des ecclésiastiques, qui suivirent réellement l’empereur et le patriarche ; mais le grand ecclésiarque n’en donne point le compte exact. Les soixante-quinze mille florins qu’ils demandaient au pape dans cette négociation (p. 9), formaient une somme au-dessus de leurs besoins, et qu’ils ne pouvaient espérer d’obtenir.
[3034] Je me sers indifféremment des mots ducat ou florin, qui tirent leur dénomination, les premiers des ducs de Milan ; et les seconds, de la république de Florence. Ces pièces d’or, les premières qui furent frappées en Italie et peut-être dans le monde latin, peuvent être comparées, pour le poids et la valeur, au tiers d’une guinée d’Angleterre.
[3035] A la fin de la traduction latine de Phranza on trouve une longue épître grecque, ou déclamation de George de Trébisonde, qui conseille à Paléologue de préférer Eugène et l’Italie. Il parle avec mépris de l’assemblée schismatique de Bâle, des Barbares, de la Gaule et de l’Allemagne, qui s’étaient ligués pour transporter la chaire de saint Pierre au-delà des Alpes. N’y avait-il donc point de carte géographique à Constantinople ?
[3036] Syropulus (p. 26-31) exprime son indignation et celle de ses compatriotes. Les députés de Bâle tâchèrent d’excuser cette imprudence, mais ils ne pouvaient nier ni changer l’acte du concile.
[3037] Voir la déclaration expresse de Condolmieri, neveu et amiral du pape. Les pères du synode donnèrent à leurs marins des ordres moins péremptoires, et jusqu’au moment où les deux escadres se rencontrèrent, les deux partis tâchèrent de cacher aux Grecs cette animosité.
[3038] Syropulus parle des espérances de Paléologue (p. 36), et du dernier avis de Sigismond (p. 57). L’empereur grec apprit à Corfou la mort de son ami et s’il en eût été instruit plus tôt, il serait retourné à Constantinople (p. 79).
[3039] Phranza lui-même, quoique par des motifs différents, était de l’avis d’Amurath (l. II, c. 13). Utinam de synodus ista unquam fuisset, si tantas offensiones et detrimenta paritura erat ! Syropulus parle aussi (p. 58) de l’ambassade ottomane. Amurath tint sa parole. Il menaça peut-être (p. 125-219), mais n’attaqua point la ville.
[3040] Le lecteur sourira de l’ingénuité avec laquelle il fit part de cette espérance à ses favoris (p. 92) ; cependant il lui aurait été difficile de pratiquer les leçons de Grégoire VII.
[3041] Le nom chrétien de Sylvestre est tiré du calendrier latin. En grec moderne πουλος s’ajoute à la fin d’un mot pour exprimer un diminutif ; et aucun des arguments de l’éditeur Creyghton ne peut l’autoriser à substituer Sguropulus (Sguros, fuscus) au Syropulus de son propre manuscrit, dont le nom est signé par lui-même dans les actes du concile de Florence. Pourquoi l’auteur ne serait-il pas d’extraction syrienne ?
[3042] D’après la conclusion de cette histoire, j’en fixerais la date à l’année 1444, quatre ans après le synode. Lorsque le grand ecclésiarque abdiqua son office (sect. XII, p. 330-350), le temps et la retraite avaient calmé ses passions ; et Syropulus, quoique souvent partial, n’est jamais emporté.
[3043] Vera historia unionis non verœ inter Grœcos et Latinos (Hagœ Comitis, 1660, in-fol.) Robert Creyghton, chapelain de Charles II durant son exil, la publia le premier avec une traduction pompeuse et peu fidèle. Le titre polémique est sûrement de l’invention de l’éditeur, puisque le commencement de l’ouvrage manque. Pour le mérite de la narration et même du style, Syropulus peut être classé parmi les meilleurs écrivains de Byzance ; mais il est exclu des Collections orthodoxes des conciles.
[3044] Syropulus (p. 63) exprime franchement son intention ; et la traduction latine de ce passage par Creyghton peut donner une idée de ses brillantes paraphrases.
[3045] Sans m’asservir à citer Syropulus pour chaque fait particulier, j’observerai que la navigation des Gréés, depuis Constantinople jusqu’à Venise et Ferrare, se trouve dans sa quatrième section (p. 67-100) ; et que cet historien a le rare talent de mettre chaque scène sous les yeux de son lecteur.
[3046] Durant la tenue du synode, Phranza était dans le Péloponnèse ; mais le despote Démétrius lui fit un récit exact de la manière honorable dont l’empereur et le patriarche furent accueillis à Venise et à Ferrare (dux..... sedentem imperatorem adorat). Les Latins en parlent plus légèrement (l. II, c. 14, 15, 16).
[3047] La surprise qu’éprouvèrent le prince grec et un ambassadeur de France à la vue de Venise (Mém. de Philippe de Comines, l. VII, c. 18), prouve incontestablement qu’elle était, dans le quatorzième siècle, la première et la plus belle ville du monde chrétien. Relativement aux dépouilles de Constantinople que les Grecs y aperçurent, voyez Syropulus (p. 87).
[3048] Nicolas III, de la maison d’Este, régna quarante-huit ans (A. D. 1393-1441) ; il posséda Ferrare, Modène, Reggio, Parme, Rovigo et Commachio. Voyez sa vie dans Muratori (Antichita Estense, t. II, p. 159-201).
[3049] Le peuple des villes latines rit beaucoup des vêtements des Grecs, de leurs longues robes, de leurs manches et de leur barbe. L’empereur n’était distingué que par la couleur pourpre et par son diadème ou tiare, dont la pointe était ornée d’un magnifique diamant (Hody, de Græcis illustribus, p. 31) ; un autre spectateur convient cependant que la mode grecque était piu grave e piu degna que l’italienne (Vespasiano, in Vit. Eugen. VI, Muratori, t. XXV, p. 261).
[3050] Pour les chasses de l’empereur, voyez Syropulus (p. 143, 144-191). Le pape lui avait envoyé onze mauvais faucons ; mais il acheta un excellent coureur amené de Russie. On sera peut-être surpris de trouver ce nom de janissaires ; mais les Grecs adoptèrent ce nom des Ottomans sans en imiter l’institution, et on en fit souvent l’usage dans le dernier siècle de l’empire grec.
[3051] Les Grecs soutinrent, après beaucoup de difficultés, qu’au lieu de provisions on leur ferait une distribution d’argent. On donna quatre florins par mois aux personnes d’un rang honorable, et trois florins pour chaque domestique. L’empereur en reçût trente-quatre, le patriarche vingt-neuf, et le prince Démétrius vingt-quatre. La paye entière du premier mois ne monta qu’à six cent quatre-vingt-onze florins. Cette somme annonce que le nombre total des Grecs n’excédait pas deux cents (Syropulus, p. 104, 105). Au mois d’octobre 1438, on devait les arrérages de quatre mois : on devait encore trois mois en avril 1439, et cinq et demi dans le mois de juillet, à l’époque de l’union (p. 172-225-271).
[3052] Syropulus (p. 141, 142-204-221) déplore l’emprisonnement des Grecs qu’on retenait de force en Italie, et se plaint de la tyrannie de l’empereur et du patriarche.
[3053] On trouve une relation claire et exacte des guerres d’Italie dans le quatrième volume des Annales de Muratori. Il paraît que le schismatique Syropulus (p. 145) a exagéré les craintes et la précipitation du pape, dans sa retraite de Ferrare à Florence. Les actes prouvent qu’elle fût assez tranquille, et qu’elle se fit d’une manière convenable.
[3054] Syropulus compte sept cents prélats dans ce concile de Bâle ; mais l’erreur est palpable et peut-être volontaire. Les ecclésiastiques de toutes les classes qui furent présents à ce concile, et tous les prélats absents qui adhéraient expressément ou tacitement à ses décrets, n’auraient pas suffi pour composer ce nombre.
[3055] Les Grecs opposés à l’union ne voulaient pas sortir de ce poste avantageux (Syropulus, p. 178-193-195-202). Les Latins n’eurent pas honte de produire un vieux manuscrit du second concile de Nicée, dans lequel on avait ajouté le filioque au symbole, supposition évidente (p. 173).
[3056] Syropulus, p. 109. Voyez l’embarras des Grecs (p. 217, 218, 252, 253, 273).
[3057] Voyez la dispute polie de Marc d’Éphèse et de Bessarion, dans Syropulus (p. 257), qui ne dissimule jamais les vices de ses compatriotes, et rend un hommage impartial aux vertus des Latins.
[3058] Relativement à l’indigence des évêques grecs, voyez un passage de Ducas (c. 31). Un de ces prélats possédait pour tout bien trois vieilles robes, etc. Bessarion avait gagné quarante florins d’or à enseigner pendant vingt et un ans dans son monastère ; mais il en avait dépensé vingt-huit dans son voyage du Péloponnèse, et le reste à Constantinople (Syropulus, p. 127).
[3059] Syropulus prétend que les Grecs ne reçurent point d’argent avant d’avoir signé l’acte d’union (p. 283) ; il raconte cependant quelques circonstances suspectes, et l’historien Duras affirme qu’ils se laissèrent corrompre par des présents.
[3060] Les Grecs expriment douloureusement leurs craintes d’un exil ou d’un esclavage perpétuel (p. 196), et furent extrêmement frappés des menaces de l’empereur (p 260).
[3061] J’oubliais un autre opposant d’un rang moins élevé, mais très orthodoxe, le chien favori de Paléologue, qui, ordinairement tranquille sur le marchepied du trône, aboya avec fureur durant la lecture du traité d’union. On employa inutilement les caresses et les coups de fouet pour le faire taire (Syropulus, p. 265, 266).
[3062] Les Vies des papes, recueillies par Muratori (t. III, part. II, t. XXV), représentent Eugène IV comme un pontife de mœurs pures et même exemplaires. Sa situation difficile, en attachant sur lui les regards du monde et ceux de ses ennemis, était un motif et est un garant de sa circonspection.
[3063] Syropulus crut qu’il était moins honteux d’assister à la cérémonie de l’union que d’en signer l’acte ; mais il fut obligé de faire l’un et l’autre, et s’excuse mal sur son obéissance à l’empereur (p. 290-292).
[3064] Il n’existe plus aujourd’hui aucun de ces actes originaux de l’union. Des dix manuscrits dont on conserve cinq à Rome, et les autres à Florence, Bologne, Venise, Paris et Londres, neuf ont subi l’examen d’un critique habile, M. de Bréquigny, qui les rejette à raison de la différence des signatures grecques et des fautes dans l’écriture. On en peut cependant regarder quelques-uns comme des copies authentiques qui furent signées à Florence avant le 26 août, époque à laquelle le pape et l’empereur se séparèrent (Mém. de l’Académie des Inscriptions, tom. XLIII, p. 287-311).
[3065] Syropulus, p. 297.
[3066] En retournant à Constantinople, les Grecs conversèrent à Bologne avec les ambassadeurs d’Angleterre, qui, après quelques questions et quelques réponses désintéressées dans cette affaire, se moquèrent de l’union prétendue de Florence (Syropulus, p. 307).
[3067] Les réunions des nestoriens et des jacobites, etc., sont si insignifiantes ou si fabuleuses, que j’ai inutilement feuilleté, pour en trouver des traces, la Bibliothèque orientale d’Assemani, fidèle esclave du Vatican.
[3068] Ripaille est situé près Thonon dans la Savoie, au midi du lac de Genève : c’est aujourd’hui une chartreuse. M. Addison (Voyage d’Italie, vol. II, p. 147, 148, édition de ses Œuvres par Baskerville) a célébré le lieu et son fondateur. Æneas Sylvius et les pères de Bâle prodiguent des louanges à la vie austère du duc ermite, mais malheureusement le proverbe italien et le proverbe français font foi de l’opinion généralement répandue de son luxe.
[3069] Relativement aux conciles de Bâle, Ferrare et Florence, j’ai consulté les actes originaux qui forment les dix-sept et dix-huitième volumes de l’édition de Venise et sont terminés par l’histoire claire, mais partiale, d’Augustin Patrice, Italien du quinzième siècle. Ils ont été rédigés et abrégés par Dupin (Bibl. ecclés., t. XII) et le continuateur de Fleury (t. XXII) ; le respect de l’Église gallicane pour les deux partis les a contenus dans une circonspection qui les rend presque ridicules.
[3070] Meursius, dans son premier Essai, rassembla trois mille six cents mots græco-barbares ; il en ajouta mille huit cents dans une seconde édition, et laissa cependant encore beaucoup à faire à Portius, Ducange, Fabrotti, les Bollandistes, etc., (Fabr., Bibl. græc., tom. X, p. 101, etc.) On trouve des mots persans dans Xénophon, et des mots latins dans Plutarque ; tel est l’effet inévitable du commerce et de la guerre : mais cet alliage n’altéra point le fond de la langue.
[3071] François Philelphe était un sophiste ou philosophe vain, avide et turbulent. Sa Vie a été composée avec soin par Lancelot (Mém. de l’Acad. des Inscr., t. X, p. 691-751), et Tiraboschi (Istoria della Letteratura italiana, t. VII, p. 282-294), en grande partie d’après ses propres Lettres. Ses ouvrages fort travaillés et ceux de ses contemporains sont oubliés ; mais leurs Épîtres familières peignent encore les hommes et les temps.
[3072] Il épousa et avait peut-être séduit la fille de Jean, petite-fille de Manuel Chrysoloras. Elle était jeune, riche et belle, et d’une famille noble, alliée à celle des Doria de Gènes et aux empereurs de Constantinople.
[3073] Philelphe, epist. ad ann. 1451, ap. Hodium, p. 188, 189.
[3074] Philelphe cherche ridiculement l’origine de la jalousie grecque ou orientale dans les mœurs de l’ancienne Rome.
[3075] Voyez l’état de la littérature des Treizième et quatorzième siècles, dans les Œuvres du savant et judicieux Mosheim (Instit. Hist. ecclés., p. 434-440, 490-494).
[3076] A la fin du quinzième siècle, il existait en Europe environ cinquante universités ; plusieurs avaient été fondées avant l’année 1300. Elles étaient peuplées en raison de leur petit nombre. Bologne comptait dix mille étudiants, principalement de jurisprudence. Dans l’année 1357, les étudiants d’Oxford diminuèrent de trente mille à six mille (Hist. de la Grande-Bretagne, par Henry, vol. IV, p. 418). Cependant ce reste était encore fort supérieur au nombre qui compose aujourd’hui cette université.
[3077] Les écrivains qui ont traité le plus à fond la restauration de la langue grecque en Italie, sont le doct. Homph. Hody (de Græcis illustribus, linguœ grœcœ litterarumque humaniorum instoratoribus, Londres, 1742, grand in-8°) et Tirahoschi (Istoria della Letteratura italiana, t. V, p. 364-377 ; t. VII, p. 112-143). Le professeur d’Oxford est un savant laborieux ; mais le bibliothécaire de Modène jouit des avantages d’un historien national et moderne.
[3078] In Calabria quœ olim, magna Grœcia dicebatur, coloniis grœcis repleta, remansit quœdam linguœ veteris cognitio (docteur Hody, p. 2). Si les Romains la firent disparaître, elle fut restaurée par les moines de Saint Basile, qui possédaient sept couvents dans la seule ville de Rossano (Giannone, Istoria di Napoli, t. I, p. 520).
[3079] Ii Barbari, dit Pétrarque en parlant des Allemands et des Français, vix, non dicam libros, sed nomen Homeri audierunt. Peut-être le treizième siècle était-il, à cet égard, moins heureux que celui de Charlemagne.
[3080] Voyez le caractère de Barlaam dans Boccace (de Geneal. deorum, l. XV, c. 6).
[3081] Cantacuzène, l. II, c. 36.
[3082] Relativement à l’intimité entre Pétrarque et Barlaam, et à leurs deux entrevues à Avignon en 1339, et à Naples en 1342 ; voir les excellents Mémoires sur la vie de Pétrarque (t. I, p. 406-410 ; t. II, p. 75-77).
[3083] L’évêché dans lequel se retira Barlaam, était primitivement l’ancienne Locries, Seta Cyriaca dans le moyen âge, et par corruption Hieracium, Gerace (Dissert. chorograph. Italiœ medii œvi, p. 312). La dives opum du temps des Normands fut bientôt réduite à l’indigence, puisque l’Église même était pauvre ; la ville contient cependant encore trois mille habitants (Swinburne, p. 340).
[3084] Je transcrirai un passage de cette lettre de Pétrarque (Famil. IX, 2) : Donasti Homerum non in alienum sermonem violento alveo derivatum, sed ex ipsis Grœci eloquii scatebris, et qualis divino illi profluxit ingenio..... Sine tua voce Homerus tuus apud me mutus, immo vero ego apud illum surdus sum. Gaudeo tamen vel adspectu solo, ac sæpe illum amplexus atque suspirans dico : O magne vir, etc.
[3085] Pour la vie et les écrits de Boccace, né en 1313, et mort en 1375, le lecteur peut consulter Fabricius (Bibl. lat. medii œvi, t. I, p. 248, etc.) et Tiraboschi (t. V, p. 83-439-451). Les éditions, les traductions et les imitations de ses Nouvelles ou Contes, sont innombrables. Il avait honte cependant de communiquer cet ouvrage frivole et peut-être scandaleux à son respectable ami Pétrarque, dans les Lettres et Mémoires duquel il paraît d’une manière honorable.
[3086] Boccace se permet une honnête vanité ; Ostentationis causa græca carmina adscripsi..... Jure utor meo ; meum est hoc decus, mea gloria scilicet inter Etruscos grœcis uti carminibus. Nonne ego fui qui Leontium Pilatum, etc. (de Genealog. deorum, l. XV, c. 7). Cet ouvrage, oublié aujourd’hui, eut treize ou quatorze éditions.
[3087] Léonce ou Léon Pilate est suffisamment connu par ce qu’en disent le docteur Hody (p. 211) et, l’abbé de Sades (Vie de Pétrarque, t. III, p. 625-634-670-673). L’abbé de Sades a très habilement imité le style dramatique et animé de son original.
[3088] Le docteur Hody (p. 54) blâme aigrement Léonard Arétin, Guarin, Paul Jove, etc., d’avoir affirmé que les lettres grecques avaient été restaurées en Italie, post septingentos annos ; comme si, dit-il, elles avaient fleuri jusqu’à la fin du septième siècle. Ces écrivains dataient probablement de la fin de l’exarchat, et la présence des militaires et des magistrats grecs à Ravenne devait avoir conservé en quelque façon l’usage de leur langue nationale.
[3089] Voyez l’article de Manuel ou Emmanuel Chrysoloras, dans Hody (p. 12-54) et Tiraboschi (t. VII, p. 113-118). La date précise de son arrivée flotte entre les années 1390 et 1400, et n’a d’autre époque sûre que le règne de Boniface IX.
[3090] Cinq ou six citoyens nés à Arezzo, ont pris successivement le nom d’Arétin ; le plus célèbre et le moins digue de l’être, vécut dans le seizième siècle. Léonard Bruni l’Arétin, disciple de Chrysoloras, fut savant dans les langues, orateur, historien, secrétaire de quatre pages et chancelier de la république de Florence, où il mourut, A. D. 1444, âgé de soixante-quinze ans. Fabr., Bibl. medii œvi, t. I, p. 190, etc. ; Tiraboschi, l. VII, p. 33-38.
[3091] Voyez ce passage dans l’Arétin. In Commentario rerum suo tempore in Italia gestarum, apud Hodium, p. 28-30.
[3092] Pétrarque, qui aimait ce jeune homme, se plaint souvent de la curiosité trop avide, de l’activité indocile et du penchant à l’orgueil, qui annonçaient le génie et les talents futurs de son disciple (Mém. sur Pétrarque, t. III, p. 700-709).
[3093] Hinc græcæ latinœque scholæ exortœ sunt, Guarino, Philelpho, Leonardo Aretino, Caroloque, ac plerisque aliis tanquam ex equo Trojano prodeuntibus, quorum emulatione multa ingenia deinceps ad laudem excitata sunt (Platina in Bonifacio IX). Un autre auteur italien ajoute les noms de Paulus Petrus Vergerius, Omnibonus Vincentius, Poggius, Franciscus Barbarus, etc. Mais je doute qu’une chronologie exacte accordât à Chrysoloras l’honneur d’avoir formé tous ces savants disciples. Hody, p. 25-27, etc.
[3094] Voyez dans Hody l’article de Bessarion (p. 136-177) Théodore Gaza, George de Trébisonde, et les autres Grecs que j’ai nommés ou omis, sont cités dans les différents chapitres de ce savant auteur. Voyez aussi Tiraboschi dans les première et seconde parties de son sixième tome.
[3095] Les cardinaux frappèrent à sa porte, mais son conclaviste refusa d’interrompre l’étude de Bessarion. Nicolas, lui dit-il lorsqu’il en fut instruit, ton respect me coûte la tiare et à toi le chapeau.
[3096] Tels que Georges de Trébisonde, Théodore Gaza, Argyropule et Andronic de Thessalonique, Philelphe, le Pogge, Blondus, Nicolas, Perrot, Valla, Campanus, Platina, etc. : viri (dit Hody avec le zèle d’un disciple) nullo ævo perituri (p. 136).
[3097] Il était né avant la prise de Constantinople, mais il poussa son honorable carrière jusqu’en 1535. Léon X et François Ier furent ses plus illustres patrons. Il fonda sous leurs auspices les collèges grecs de Rome et de Paris (Hody, p. 247-275). Lascaris laissa en France de la postérité ; mais les comtes de Vintimille et leurs nombreuses branches n’ont d’autre droit à ce nom qu’une alliance douteuse avec la fille de l’empereur grec dans le treizième siècle (Ducange, Fam. byzant., p : 224-230).
[3098] François Floridus a conservé et réfuté deux épigrammes contre Virgile, et trois contre Cicéron. Il traite l’auteur de Græculus ineptus et impudens (Hody. p. 274). Un critique anglais a accusé de nos jours l’Enéide de contenir multa languida, nugatoria, spiritu et majestate carminis heroïci defecta, et beaucoup de vers que lui, Jérémie Markland, aurait rougi d’avouer (Præfat. ad Statii Sylvas, p. 21, 22).
[3099] Emmanuel Chrysoloras et ses collègues ont été accusés d’ignorance, d’envie, et d’avarice (Sylloge, etc., t. II, p. 235). Les Grecs modernes prononcent le β comme le ν consonne, et confondent les trois voyelles η ι υ et plusieurs diphtongues. Telle était la prononciation commune que le sévère Gdiner maintint dans l’université de Cambridge, par des lois pénales ; mais le monosyllabe βη représentait à une oreille attique le bêlement d’une brebis, et un bélier aurait été à cet égard un meilleur témoignage qu’un évêque ou un chancelier. On trouvera les traités des savants qui rectifièrent la prononciation, et particulièrement d’Érasme, dans le Sylloge d’Havercamp (deux volumes in-8°, Lugd. Bat., 1736-1740). Mais il est difficile de peindre des sons par des mots ; et en renvoyant à l’usage moderne, ils ne peuvent se faire entendre que de leurs compatriotes respectifs. Nous observerons qu’Érasme a donné son approbation à notre prononciation du θ, th. (Érasme, tom. II, p. 130.)
[3100] Georges Gemistus Pletho, qui a composé de volumineux ouvrages sur différents sujets ; il fut le maître de Bessarion et de tous les platoniciens de son siècle. Dans sa vieillesse, Georges visita l’Italie, et retourna promptement finir ses jours dans le Péloponnèse. Voyez une curieuse diatribe de Leo Allatius de Georgiis, dans Fabricius (Bibl. græc., t. X, p. 639-756).
[3101] Boivin (Mém. de l’Acad. des Inscript., t. II, p. 715-729) et Tiraboschi (t. VI, part. I, p. 259-288) ont éclairci l’état de la philosophie platonicienne en Italie.
[3102] Voyez la Vie de Nicolas V par deux auteurs contemporains, Janottus Manettus (t. III, part. II, p. 905-962) et Vespasien de Florence (t. XXV, p. 267-290), dans la Collection de Muratori. Consultez Tiraboschi (t. VI, p. 1-46, 52-109) et Body, aux articles de Théodore Gaza, de Georges de Trébisonde, etc.
[3103] Le lord Bolingbroke observe, avec autant d’esprit que de justesse, que les papes furent à cet égard moins politiques que le mufti, et qu’ils rompirent eux-mêmes le talisman qui enchaînait depuis si longtemps le genre humain. Lettres sur l’étude de l’Hist., l. VI, p. 165, 166, édit. in-8°, 1779.
[3104] Voyez l’histoire littéraire de Côme et de Laurent de Médicis dans Tiraboschi (t. VI, p. 1, l. I, c. 2), qui distribue de justes éloges à, Adolphe d’Aragon, roi de Naples, aux ducs de Milan, de Ferrare, d’Urbin, etc. La république de Venise est celle qui a le moins de droits à la reconnaissance des savants.
[3105] Tiraboschi (t. VI, part. I, p. 104), extrait de la Préface de Jean Lascaris à l’Anthologie grecque, imprimée à Florence en 1494. Latebant (dit Alde dans sa Préface aux Orateurs grecs, apud Hody, p. 249) in Atho Thraciæ monte ; eas Lascaris... in Italiam reportavit. Miserat enim ipsum Laurentius ille Medices in Grœciam ad inquirendos simul et quantovis emendos pretio bonos libros. Il est assez digne de remarque que cette recherche ait été facilitée par le sultan Bajazet II.
[3106] Grocyn, Linacer et Latimer, qui avaient étudié à Florence sous Démétrius Chalcocondyles, introduisirent la langue grecque dans l’université d’Oxford, dans les dernières années du quinzième siècle. Voyez la Vie curieuse d’Érasme, composée par le docteur Knight ; bien qu’un zélé champion de son académie, il est forcé d’avouer qu’Érasme apprit à Oxford le grec qu’il enseigna à Cambridge.
[3107] Les jaloux Italiens désiraient se réserver le monopole de l’instruction grecque. Lorsque Alde fut sur le point de publier ses Commentaires sur Sophocle et Euripide, Cave, lui dirent-ils, cave hoc facias, ne Barbari, istis adjuti, domi mancant, et pauciores in Italiam ventitent (Docteur Knight, dans sa Vie d’Érasme, p. 365, extrait de Beatus Rhenanus).
[3108] La presse d’Alde Manuce, Romain, fut établie à Venise vers l’année 1494. Il imprima au-delà de soixante ouvrages volumineux de littérature grecque, dont la plupart étaient encore en manuscrit, et dont plusieurs contenaient des Traités de différents auteurs ;, il fit de quelques-uns deux, trois et jusqu’à quatre éditions. (Fabricius, Bibl. græc., t. XIII, p. 605, etc.) Sa gloire ne doit pas cependant nous faire oublier que le premier livre grec, la Grammaire de Constantin Lascaris, fut imprimé à Milan en 1476, et que l’Homère imprimé à Florence, en 1488, est enrichi de tout l’art de la typographie. Voyez les Annales typographiques de Maittaire et la Bibliographie instructive de Debure, imprimeur-libraire de Paris, distingué par ses connaissances.
[3109] Je choisirai trois exemples singuliers de cet enthousiasme classique : 1° au synode de Florence, Genistus Pletho dit à Georges de Trébisonde, dans une conversation familière, que toutes les nations .renonceraient bientôt à l’Évangile et au Koran, pour embrasser une religion ressemblante à celle des gentils (Leo Allatius, apud Fabricium, t. X, p. 751). 2° Paul II persécuta l’Académie romaine, fondée par Pomponius Lætus, et les principaux membres furent accusés d’hérésie ; d’impiété et de paganisme (Tiraboschi, t. VI, part. I, p. 81, 82). 3° Dans le siècle suivant, des étudiants et des poètes célébrèrent en France : la fête de Bacchus, et immolèrent, dit-on, un boue en réjouissance des succès que Jodelle avait obtenus par sa tragédie de Cléopâtre (Dictionnaire de Bayle, art. Jodelle ; Fontenelle, t. II, p. 56-61). A la vérité, l’esprit de bigoterie a souvent découvert une impiété sérieuse dans ce qui n’était qu’un jeu de l’imagination et du savoir.
[3110] Boccace ne mourut que dans l’année 1375, et nous ne pouvons placer la c6mposition du Morgante maggiore de Louis Pulci et de l’Orlando innamorato du Bojardo, avant l’année 1480. Tiraboschi, t. VI, part. II, p. 174-177.