[2678] Louis désapprouva l’aliénation de Courtenai et s’y opposa (Ducange, l. IV, c. 23). Cette seigneurie fait aujourd’hui partie des domaines de la couronne ; mais on l’a engagée pour un terme à la famille de Boulainvilliers. Courtenai, élection de Nemours, dans l’Île-de-France, est une ville qui contient environ neuf cents habitants ; on y voit encore les restes d’un château (Mélanges tirés d’une grande Bibliothèque, t. X, l. V, p. 74-97).
[2679] Joinville, p. 104, édit. du Louvre. Un prince coman qui mourut sans baptême, fut enterré aux portes de Constantinople avec un certain nombre d’esclaves et de chevaux vivants.
[2680] Sanut, Secret. fidel. crucis, l. IV, c. 18, p. 73.
[2681] Ducange explique vaguement les mots perparus, perpera, hyperperum, par monetœ genus. D’après un passage de Gunther (Hist. C. P., c. 8, p. 10), je soupçonne que le perpera était le nummus aureus ou la quatrième partie d’un marc d’argent, ou environ dix schellings sterling en plomb, c’eut été trop peu de chose.
[2682] Pour la translation de la sainte couronne, de Constantinople à Paris, voyez Ducange (Hist. de C. P., l. IV, c. 11-14, 24-35), et Fleury (Hist. ecclés., t. XVII, p. 201-204).
[2683] Mélanges tirés d’une grande bibliothèque, t. XLIII, p. 201-205. Le Lutrin de Boileau représente l’intérieur, l’esprit et les habitudes de la Sainte-Chapelle ; et ses commentateurs, Brossette et Saint-Marc, ont rassemblé et expliqué beaucoup de faits relatifs à son institution.
[2684] Cette cure fut accomplie, A. D. 1656, le 24 du mois de mars, sur la nièce du célèbre Pascal. Ce génie supérieur, Arnauld et Nicole, étaient présents pour croire et attester du miracle qui confondit les Jésuites et sauva Port-Royal. Œuvres de Racine, t. VI, p. 176-187, dans l’éloquente Histoire de Port-Royal.
[2685] Voltaire (Siècle de Louis XIV, c. 37, Œuvres, t. IX, p. 178, 1 79) s’efforce d’invalider le fait ; mais Hume (Essais, vol. II, p. 483, 484) s’empare de la batterie avec plus d’habileté et de succès, et tourne le canon contre ses ennemis.
[2686] On peut suivre dans les troisième, quatrième et cinquième livres de la compilation de Ducange, les pertes successives des Latins ; mais il a laissé échapper beaucoup de circonstances relatives aux conquêtes des Grecs, qu’on peut retrouvée dans l’histoire plus complète de George Acropolita, et dans les trois premiers livres de Nicéphore Grégoras, deux historiens de l’histoire byzantine, qui ont eut le bonheur d’être publiés par de savants éditeurs, Léon Allatius, à Rome, et Jean Boivin, de l’Académie des Inscriptions de Paris.
[2687] George Acropolita, c. 78, p. 89, 90, édit. de Paris.
[2688] Les Grecs, honteux d’un secours étranger, dissimulèrent l’alliance des Génois et les secours qu’ils en reçurent ; mais le fait est prouvé par le témoignage de Jean Villani (Chron., l. VI, c. 71, dans Muratori, Script. rer. ital., t. XIII, p. 202, 203), et Guillaume de Nangis (Annales de saint Louis, p. 248, dans le Joinville du Louvre), deux étrangers désintéressés ; Urbain IV menaça de priver Gènes de son archevêque.
[2689] Il faut quelque soin pour concilier les différences de nombre ; les huit cents soldats de Nicétas, les vingt-cinq mille de Spandugino (apud Duc., l. VI, c. 24), les Scythes et les Grecs d’Acropolita, et la nombreuse armée de Michel, dans les lettres du pape Urbain IV (1-129).
[2690] Θεληματαριοι. Pachymère les nomme et en donne la description (l. II, c. 14).
[2691] Il est inutile d’aller chercher ces Comans dans les déserts de la Tartarie ou même de la Moldavie ; une partie de la horde s’était soumise à Jean Vatacès, et avait probablement établi une pépinière de soldats dans quelques terres, désertes de la Thrace (Cantacuzène, l. I, c. 2).
[2692] Les Latins racontent brièvement la perte de Constantinople ; la conquête est détaillée avec plus de satisfaction par les Grecs ; savoir, par Acropolita (c. 85), Pachymère (l. II, c. 26, 27), Nicéphore Grégoras (l. IV, c. 1, 2). Voyez Ducange, Hist. de C. P., l. V, c. 19-27.
[2693] Voyez les trois derniers livres (l. V-VIII) et les Tables généalogiques de Ducange. Dans l’année 1382, l’empereur titulaire de Constantinople était Jacques de Baux, duc d’Andria dans le royaume de Naples, fils de Marguerite, qui avait eu pour mère Catherine de Valois, fille de Catherine, dont le père était Philippe, fils de Baudouin II (Ducange, l. VIII, c. 37, 38). On ne sait point s’il a laissé quelque postérité.
[2694] Abulféda, qui vit la fin des croisades, parle des royaumes des Francs et de ceux des Nègres, comme également inconnus (Proleg., ad. Geogr.). S’il n’eût pas dédaigné la langue latine, le prince syrien aurait trouvé facilement des livres et des interprètes.
[2695] Huet (de Interpretatione, et de claris interpretibus, p. 131-135) rend un compte abrégé et superficiel de ces traductions de latin en grec., Maxime Planudes, moine de Constantinople (A. D. 1327-1353), a traduit les Commentaires de César, le Songe de Scipion, les Métamorphoses et les Héroïdes d’Ovide, etc. Fabricius, Bibl. græc., t. X, p. 533.
[2696] Les moulins à vent, originairement inventés dans l’Asie-Mineure, où les eaux sont rares, furent en usage en Normandie dès l’année 1105 (Vie privée des Français, t. I, p. 42, 43 ; Ducange, Gloss. lat., t. IV, p. 474). Voyez l’Angleterre, anc. trad. par Boulard, p. 282.
[2697] Voyez les plaintes de Roger Bacon (Biographia britannica, vol. I, p. 418 ; édit. de Kippis). Si Bacon ou Gerbert entendaient quelques auteurs grecs, ils étaient des prodiges dans leur siècle, et ne devaient point cet avantage au commerce de l’Orient.
[2698] Telle était l’opinion du grand Leibnitz (Œuvres de Fontenelle, t. V, p. 458), un des maîtres de l’histoire du moyen âge. Je ne citerai que la généalogie des Carmélites et le miracle de la maison de Lorette, qui vinrent l’une et l’autre de Palestine.
[2699] Si je place les Sarrasins au nombre des nations Barbares, ce n’est que relativement à leurs guerres ; où plutôt à leurs incursions en Italie et en France, qui n’avaient d’autre but que le pillage et la dévastation.
[2700] Voyez sur ce sujet l’ouvrage de M. Heeren, intitulé Essai sur l’influence des Croisades (Paris, 1808), où les résultats heureux, bien qu’éloignés de ces guerres saintes, sont développés avec autant de sagacité philosophique que d’érudition. (Note de l’Éditeur.)
[2701] Un rayon brillant de lumière philosophique est sorti de nos jours du fond de l’Écosse, et a enrichi la littérature sur le sujet intéressant des progrès de la société en Europe ; et c’est avec autant de plaisir personnel que de justice, que je cite les noms respectables de Hume, Robertson et Adam Smith.
[2702] Je me suis servi, sans m’y borner, d’une histoire généalogique de la noble et illustre maison de Courtenai, par Ezra Cleaveland, tuteur du chevalier Guillaume de Courtenai, et recteur de Honiton, Oxford, 1735, in-fol. La première partie est tirée de Guillaume de Tyr ; la seconde de l’Histoire de France de Bouchet et la troisième, de différents Mémoires publics et particuliers des Courtenai du Devonshire. Le recteur de Honiton montre plus de reconnaissance que d’adresse, et plus d’adresse que de discernement.
[2703] Le premier renseignement sur sa famille est un passage du continuateur d’Aimoin, moine de Fleury, qui écrivit dans le douzième siècle. Voyez sa Chronique, dans les Historiens de France, t. XI, p. 276.
[2704] D’Anville place Turbessel, ou, comme on la nomme aujourd’hui, Telbesher, à vingt-quatre milles du grand passage sur l’Euphrate à Zeugma.
[2705] Ses possessions sont enregistrées dans les Assises de Jérusalem (c. 326), parmi les mouvances de la couronne, qui doivent donc avoir été rassemblées entre les années 1153 et 1187. On peut trouver sa généalogie dans les Lignages d’outre-mer, c. 16.
[2706] L’abbé Suger, ministre d’État, raconte d’une manière absurde la rapine et la réparation, dans ses Lettres 114 et 116, qui sont les meilleurs Mémoires du siècle (Duchesne, Scriptor. Hist. Fr., t. IV, p. 530).
[2707] De toutes les requêtes, apologies, etc., publiées par les princes de Courtenai, je n’ai vu que les trois suivantes, toutes in-8° : 1° de Stirpe et Origine Domus de Courtenai : addita sunt responsa celeberrimorum Europœ jurisconsultorum, Paris, 1607. 2° Représentation du procédé tenu à l’instance faite devant le roi par M. de Courtenai, pour la conservation de l’honneur et dignité de leur maison, branche de la royale maison de France, à Paris, 1613. 3° Représentation du subject qui a porté messieurs de Salle et de Fraville, de la maison de Courtenai, à se retirer hors du royaume, 1614. Ce fut un homicide, pour lequel les Courtenai demandaient qu’on leur fit ou grâce ou leur procès comme princes de sang.
[2708] De Thou exprime ainsi l’opinion des parlements : Principes nomen nusquam in Gallia tributum nisi iis qui per mares è regibus nostris originem repetunt : qui nunc tantum a Ludovico nono beatæ memoriæ numerantur : nam Cortinæi et Drocenses, à Ludovico Crasso genus ducentes, hodie inter eos minime recensentur. Cette distinction est plus d’expédient que de justice. La sainteté de Louis IX ne pouvait lui donner aucune prérogative particulière, et tous les descendants de Hugues Capet doivent se trouver compris dans son pacte primitif avec la nation française.
[2709] Le dernier mâle de la maison de Courtenai fut Charles Roger, qui mourut en 1730 sans laisser de fils ; la dernière femelle fut Hélène de Courtenai, qui épousa Louis de Baufremont. Son titre de princesse du sang royal de France fut supprimé, le 7 février 1737, par un arrêt du parlement de Paris.
[2710] L’anecdote singulière à laquelle je fais allusion se trouve dans le Recueil des Pièces intéressantes et peu connues (Maëstricht, 1586, en quatre vol. in-12) ; et l’éditeur inconnu cite son auteur, qui la tenait d’Hélène de Courtenai, marquise de Baufremont.
[2711] Dugdale, Monasticon anglicanum, vol. V, p. 786. Cependant cette fable doit avoir été inventée avant le règne d’Edouard III. Les profusions pieuses des trois premières générations en faveur de l’abbaye de Ford furent suivies de tyrannie d’une part, et d’ingratitude de l’autre ; et à la sixième génération, les moines cessèrent d’enregistrer la naissance, les actions et la mort de leur patron.
[2712] Dans sa Britannia la liste des comtes de Devon indique cependant un doute par l’expression è regio sanguine ortos credunt.
[2713] Dans son Baronnage (part. I, p. 634) il renvoie à son propre Monasticon. N’aurait-il pas du corriger les registres de l’abbaye de Ford, et effarer le fantôme de Florus par l’autorité irrécusable des historiens français ?
[2714] Outre le troisième et meilleur livre de l’histoire de Cleaveland, j’ai consulté Dugdale ; le père de notre science généalogique (Baronnage, part. I, p. 634-643).
[2715] Cette grande famille de Ripuariis, Redvers ou Rivers, s’éteignit sous le règne d’Edouard Ier, dans la personne d’Isabelle de Fortibus, fameuse et puissante douairière, qui survécut longtemps à son frère et à son mari (Dugdale, Baronnage, part. I, p. 254-257).
[2716] Cleaveland, p. 142. Quelques-uns l’attribuent à un Rivers, comte de Devon ; mais ce style anglais parait plutôt appartenir au quinzième siècle qu’au treizième.
[2717] Ubi lapsus ? quid feci ? Légende qui fût sans doute adoptée par la branche de Powderham après la perte du comté de Devon, etc. Les armes de Courtenai étaient primitivement d’or, trois tourteaux de gueules, qui semblent indiquer une affinité avec Godefroi de Bouillon et les anciens comtes de Boulogne.
[2718] Pour les règnes des empereurs de Nicée, et principalement de Vatacès et de son fils, nous n’avons point d’autre écrivain contemporain .que George Acropolita leur ministre ; mais George Pachymère revint à Constantinople avec les Grecs à l’âge de dix-neuf ans (Hanckius., de Script. bizant., c. 33, 34, p. 564-578 ; Fabricius, Bibl. grœc., t. I, p. 448-460). Cependant l’histoire de Nicéphore Grégoras, quoique du quatorzième siècle, est une excellente relation des événements depuis la prise de Constantinople par les Latins.
[2719] Nicéphore Grégoras (l. II, c. 1) distingue entre le οξεια ορμη, de Lascaris et l’ευσταθεια de Vatacès. Les deux portraits sont également bien dessinés.
[2720] Pachymère, l. I, c. 23, 24 ; Nicéphore Grégoras, l. II, c. 6. Celui qui lira les historiens de Byzance observera combien il est rare d’y trouver des détails si précieux.
[2721] Greg. Acropolita, c. 32. L’empereur examinait et encourageait, dans ses conversations familières, les études de son futur logothète.
[2722] Comparez Acropolita (c. 18-52) avec les deux premiers livres de Nicéphore Grégoras.
[2723] Un proverbe persan dit que Cyrus fut le père de ses sujets ; et que Darius en fut le maître. On appliqua ce proverbe à Vatacès et à son fils ; mais Pachymère a confondu Darius, prince humain, avec Cambyse, despote et tyran de son peuple. Le poids des taxes avait fait donner à Darius le nom moins odieux mais plus méprisable de Καπλος, marchand ou courtier (Hérodote, III, 89).
[2724] Acropolita (c. 63) semble s’applaudir de la fermeté avec laquelle il reçût la bastonnade, et son absence du conseil jusqu’au moment où il y fut rappelé. Il raconté les exploits de Théodore et ses propres services, depuis le chapitre 53 jusqu’au chapitre 94 de son histoire. Voyez le troisième livre de Nicéphore Grégoras.
[2725] Pachymère (l. I, c. 21) nomme et distingue quinze à vingt familles grecques ; και οσοι αλλοι, οις η μεγαλογενης σειρα και χρυση συγκεκροτητο. Entend-il par cette décoration une chaîne métaphorique ou réellement une chaîne d’or ? peut-être l’une et l’autre.
[2726] Les anciens géographes, ainsi que Cellarius, d’Anville et nos voyageurs, particulièrement Pococke et Chandler, nous apprendront à distinguer les deux Magnésie de l’Asie-Mineure, celle du Méandre et celle du Sipylus. La dernière, celle dont nous avons parlé, est encore florissante pour une ville turque. Elle est située à huit heures de chemin ou huit lieues au nord-est de Smyrne. Tournefort, Voyage du Levant, t. III, lettre XXII, p. 365-370 ; Voyages de Chandler dans l’Asie-Mineure, p 267.
[2727] Voyez Acropolita (c. 75, 76 etc.), qui vivait trop près de cette époque ; Pachymère (l. I, c. 12-25), Grégoras (l. III, c. 3, 4, 5).
[2728] Ducange (Famil. Byzant., p. 230, etc.) éclaircit la généalogie de Paléologue. On trouve des événements de sa vie privée dans Pachym (l. I, c. 7-12) et Grégoras (l. II, 8 ; l. III, 2-4 ; l. IV, 17). Il favorise visiblement le fondateur de la dynastie régnante.
[2729] Acropolita (c. 50) raconte les circonstances de cette curieuse aventure, qui semble avoir échappé aux historiens plus modernes.
[2730] Pachymère (l. I, c. 12), qui parle de cette épreuve barbare avec le mépris qu’elle mérite, affirme que dans sa jeunesse il a vu plusieurs personnes s’en tirer saris accident. Il était Grec, et par conséquent crédule ; mais l’esprit ingénieux des Grecs leur avait peut-être fourni quelque remède ou quelque moyen d’adresse ou d’artifice à opposer à leur propre superstition ou à celle de leur tyran.
[2731] Sans comparer Pachymère à Tacite ou à Thucydide, je dois louer l’éloquence, la clarté, et même à un certain point la liberté avec lesquelles il raconte l’élévation de Paléologue (l. I, c. 13-32 ; l. II, c. 1-9). Acropolita est plus circonspect, et Grégoras moins étendu.
[2732] Saint Louis abolit le combat judiciaire dans ses domaines, et à la longue, son exemple et son autorité prévalurent dans toute la France (Esprit des lois, l. XXVIII, c. 29).
[2733] Dans les causes civiles, Henri II laissait le choix au défendeur. Glanville préfère les preuves par témoins ; et le combat judiciaire est condamné dans le Fleta : cependant la loi anglaise n’a jamais abrogé l’épreuve par le combat, et les juges l’ordonnèrent encore au commencement du dernier siècle.
[2734] Cependant un de mes amis, homme d’esprit, m’a fourni plusieurs motifs qui excusent cette pratique : 1° elle convenait peut-être à des peuples à peine sortis de la barbarie ; 2° elle modérait la licence de la guerre entre particuliers, et les fureurs des vengeances arbitraires ; 3° elle était moins absurde que les épreuves du feu, de l’eau bouillante ou de la croix, qu’elle contribua à abolir. Elle était au moins une preuve de valeur, qualité qui se réunit si rarement avec la bassesse des sentiments, que le danger de l’appel au combat pouvait contenir les poursuites de la malveillance, et devenir une barrière contre l’injustice soutenue à pouvoir. Le brave et malheureux comte de Surrey aurait probablement évité un sort qu’il ne méritait pas, si sa demande de combat n’eut pas été rejetée.
[2735] Les géographies anciennes et modernes ne fixent pas précisément l’endroit où Nymphée était située mais, d’après le récit des derniers moments de Vatacès, il est évident, que le palais et les jardins qu’il se plaisait de préférence à habiter et étaient dans le voisinage de Smyrne (Acropolita, c. 52). On peut vaguement placer Nymphée dans la Lydie (Grégoras, l. VI, 6).
[2736] Ce sceptre, l’emblème de la justice et de la puissance était un long bâton tel que ceux dont se servaient les héros d’Homère. Les Grecs modernes le nommèrent dicanice ; et le sceptre impérial était distingué, comme le reste, par sa couleur rouge ou de pourpre.
[2737] Acropolita affirme (c. 87) que ce bonnet était à la mode française ; mais, à raison du rubis qui était sur la forme, Ducange (Hist. de. C. P., l. V, c. 28, 29) suppose que c’était un chapeau à haute forme, tel que les Grecs les portaient. Cependant Acropolita pouvait-il s’y tromper ?
[2738] Voyez Pachymère (l. III, 78-33), Acropolita (c. 88), Nicéphore Grégoras (l. V, 7), et pour la manière dont furent traités les sujets latins, Ducange (l. V, c. 30, 31).
[2739] Cette manière moins barbare de priver de la vue fut essayée, dit-on, par Démocrite, qui en fit l’expérience sur lui-même lorsqu’il voulut se débarrasser de la vue du monde. Cette histoire est absurde. Le mot abbacinare, en latin et en italien, a fourni à Ducange (Gloss. latin.) l’occasion de passer en revue les différentes manières d’ôter la vue ou d’aveugler. Les plus violentes étaient d’arracher les yeux, de les brûler avec un fer rouge ou du vinaigre bouillant, ou de serrer la tête avec une corde si violemment que les yeux en sortissent. Que la tyrannie est ingénieuse !
[2740] Voyez la première retraite et le rétablissement d’Arsène, dans Pachymère (l. II, c. 15 ; l. III, c. 1-2), et Nicéphore Grégoras (l. III, c. 1 ; l. IV, c. 1). La postérité blâme avec justice dans Arsène l’αφελεια et la ραθυμιν, vertus d’un ermite et vices d’un ministre ? (l. XII, c. 2).
[2741] Le crime et l’excommunication de Michel sont racontés avec impartialité par Pachymère (l. III, c. 10, 14, 19, etc.) et par Grégoras (l. IV, c. 4) : sa confession et sa pénitence leur rendirent la liberté.
[2742] Pachymère raconte l’exil d’Arsène (l. IV, c. 1-16). Il fut un des commissaires qui le visitèrent dans son île déserte. Le dernier testament de l’inflexible patriarche existe encore. Dupin, Biblioth. ecclés., t. X, p. 95.
[2743] Pachymère (l. VII, c. 22) raconte la cérémonie de cette épreuve miraculeuse en philosophe, et cite avec le même mépris un complot des arsénites, qui essayèrent de cacher une révélation dans le cercueil de quelque vieux saint (l. VII, c. 13) ; mais il compense cette incrédulité par une image qui pleure, une autre qui répand du sang (l. VII, c. 30), et la cure miraculeuse d’un homme sourd et muet de naissance (l. XI, c. 32).
[2744] Pachymère a dispersé dans ses treize livres l’histoire des arsénites ; mais il a laissé le récit de leur réunion et de leur triomphe à Nicéphore (l. VII, 9), qui ne les aime ni ne les estime.
[2745] Des treize livres de Pachymère, les six premiers contiennent, ainsi que les quatrième et cinquième de Nicéphore Grégoras, le règne de Michel Paléologue. Lorsque ce prince mourut, Pachymère avait quarante ans. Au lieu de diviser son histoire en deux parties, comme le père Poussin, son éditeur, je suis Ducange et Cousin, qui ne font des treize livres qu’une seule série.
[2746] Ducange, Hist. de C. P., l. V, c. 33, etc., tirée des lettres d’Urbain IV.
[2747] A raison de leurs relations mercantiles avec les Génois et les Vénitiens, les Grecs appelaient avec insulte les Latins καπηλοι et βανανυσοι (Pachymère., l. V, c. 10). Les uns sont hérétiques de nom, et les autres de fait, comme les Latins, dit le savant Veccus (l. V, c. 12) qui se convertit peu de temps après (c. 15) et fut fait patriarche (c. 24).
[2748] Dans cette classe, nous pouvons placer Pachymère lui-même, dont le récit complet et impartial occupe les livres V et VI de son histoire. Cependant il ne parle point du concile de Lyon, et semble croire que les papes résidaient toujours à Rome ou dans l’Italie (l. V, c. 17-21).
[2749] Voyez les Actes du concile de Lyon dans l’année 1214 ; Fleury, Hist. ecclés., t. XVIII, p. 181-199 ; Dupin, Biblioth. ecclés., t. X, p. 135.
[2750] Cette instruction curieuse, tirée avec plus ou moins d’exactitude, par Wading et Léo Allatius, des archives du Vatican, est donnée en extrait ou en traduction par Fleury, t. XVIII, p. 252-258.
[2751] Cette confession franche et authentique de la détresse de Michel est écrite en latin barbare par Ogier, qui s’intitule protonotaire des interprètes, et transcrite par Wading, d’après les manuscrits du Vatican (A. D. 1278, n° 3). J’ai trouvé par hasard ses Annales de l’ordre franciscain, Fratres minores, en dix-sept volumes, in-folio (Rome, 1741), parmi les papiers de rebut chez un libraire.
[2752] Voyez le sixième livre de Pachymère, et particulièrement les chapitres 1, 11, 16, 18, 24, 27 ; il inspire d’autant plus de confiance, qu’il parle de cette persécution avec plus de douleur que d’aigreur.
[2753] Pachymère, l. VII, c. 1-11-17. Le discours d’Andronic l’Ancien (l. XII, c. 2) est un monument curieux qui prouve que si les Grecs étaient esclaves de l’empereur, l’empereur n’était pas moins esclave de la superstition et du clergé.
[2754] Les meilleures relations de la conquête de Nappes par Charles d’Anjou ; les plus contemporaines et en même temps les plus complètes et les plus intéressantes, se trouvent dans les Chroniques florentines de Ricordano Malaspina (c. 175-193) et de Jean Villani (l. VII, c. 1-10, 25-30), publiées par Muratori dans les huitième et treizième volumes des Historiens de l’Italie. Il a abrégé dans ses Annales (t. XI, p. 56-72) ces grands évènements dont on trouve le récit dans l’Istoria civile de Giannone (t. II, l. XIX ; t. III, l. XX).
[2755] Ducange, Hist. C. P., l. V, c. 49-56 ; l. VI, c. 1-13. Voyez Pachymère, l. IV, c. 29 ; l. V, c. 7-10-25 ; l. VI, c. 30-32-33, et Nicéphore Grégoras, l. IV, 5 ; l. V, 1, 6.
[2756] Le lecteur d’Hérodote se rappellera de quelle manière miraculeuse l’armée assyrienne de Sennachérib fut désarmée et détruite (l. II, c. 142).
[2757] Selon un guelfe zélé, Sabas Malaspina (Hist. de Sicile, l. III, c. 16, dans Muratori, t. VIII, p. 832), les sujets de Charles, qui avaient poursuivi Mainfroy comme un loup, le regrettèrent comme un agneau ; et il justifie leur mécontentement par la tyrannie du gouvernement des Français (l. VI, c. 2-7). Voyez le Manifeste sicilien dans Nicolas Specialis (l. I, c. 11, dans Muratori, t. X, p. 930).
[2758] Voyez le caractère et les conseils de Pierre, roi d’Aragon, dans Mariana (Hist. Hispan., l. XIV, 6, t. II, p. i33). Le lecteur pardonnera les défauts du jésuite en faveur de son style, et souvent en faveur de son discernement.
[2759] Après avoir détaillé les griefs de ses compatriotes, Nicolas Specialis ajoute dans le véritable esprit de la jalousie italienne : Qua, omnia et graviora quidem, ut arbitror, patienti animo Siculi tolerassent, nisi, quod primum cunctis dominantibus eavendum est, alienas feminas invasissent (l. I, c. 2, p. 924).
[2760] On rappela longtemps aux Français cette sanglante leçon. Si en me pousse à bout, disait Henri IV, j’irai déjeuner à Milan et dîner à Naples. — Vôtre majesté, lui répondit l’ambassadeur d’Espagne, pourrait arriver en Sicile pour les vêpres.
[2761] Deux écrivains nationaux racontent les détails de cette révolte et de la victoire dont elle fut suivie, Barthélemy de Néocastro (in Muratori t. XIII) et Nicolas Specialis (in Muratori, t. X) ; l’un était contemporain et l’autre écrivait dans le siècle suivant. Le patriote Specialis rejette le nom de rebelle, et nie la correspondance préliminaire avec Pierre d’Aragon (nullo communicato consilio), qui se trouva par hasard arec une flotte et une armée sur la côte d’Afrique (l. I, c. 4-9).
[2762] ) Nicéphore Grégoras (l. V, c. 6) admire la sagesse de la Providence dans cette balance égale des États et des princes. Pour l’honneur de j’aimerais mieux que cette balance eût été observée par un Italien.
[2763] Voyez la Chronique de Villani, le onzième volume des Annali d’Italia par Muratori, et les vingtième et vingt et unième livres de l’Istoria civile de Giannone.
[2764] Les plus braves, de cette multitude de Catalans et d’Espagnols étaient connut des Grecs sous le nom d’Almugavares qu’ils se donnaient eux-mêmes. Moncade les fait descendre des Goths, et Pachymère (l. XI, c. 22) des Arabes ; en dédit de la vanité nationale et religieuse, je crois que le dernier a raison.
[2765] Voyez, sur Roger de Flor et ses compagnons, un fragment historique, détaillé et intéressant, intitulé les Espagnols du quatorzième siècle, et inséré dans l’Espagne en 1808, ouvrage traduit de l’allemand, t. II, p. 167. Cette relation fait apercevoir de légères erreurs qui se sont glissées dans celle de Gibbon. (Note de l’Éditeur.)
[2766] On peut se former une idée de la population de ces villes par les trente-six mille habitants de Tralles, qui avait été rebâtie sous le règne précédent, et qui fut ruinée par les Turcs (Pachymère, l. VI, c. 20, 21).
[2767] J’ai recueilli ces détails dans Pachymère (l. XI, c. 21 ; l. XII, c. 4, 5-8-14-19), qui fait connaître l’altération graduelle de la monnaie d’or. Même dans les temps les plus heureux du règne de Jean Ducas Vatacès, les byzans étaient composés de moitié or et moitié alliage. La pauvreté de Michel Paléologue le força de frapper de nouvelles monnaies, où il entrait neuf parties ou carats d’or et quinze de cuivre. Après sa mort, le titre monta à dix carats, jusqu’à ce que, dans l’excès des calamités publiques, on le réduisit à moitié. Le prince fut soulagé pour un moment mais cette ressource passagère anéantit irrévocablement le crédit et le commerce. En France, le titre est de vingt-deux carats et d’un douzième d’alliage, et le titre d’Angleterre et de Hollande est encore plus haut.
[2768] Pachymère, dans ses onzième, douzième et treizième livres, fait le récit très détaillé de la guerre des Catalans jusqu’à l’année 1308. Nicéphore est plus complet et moins diffus (l. VII, 3-6). Ducange, qui regarde ces aventuriers comme Français, a suivi leurs traces avec son exactitude ordinaire (Hist. de C. P., l. VI, c. 22-46) : il cite une histoire d’Aragon que j’ai lue avec plaisir, et que les Espagnols préconisent comme un modèle de style et de composition (Expedicion de los Catalanos y Aragones contra los Turcos y Griegos, Barcelone, 1623, in-4° ; Madrid, in-8°). Don Francisco de Moncada, comte d’Ossone, peut imiter César ou Salluste ; il peut avoir traduit les contemporains grecs ou italiens ; mais il ne cité jamais ses autorités, et je ne trouve aucun témoignage national des exploits de ses compatriotes (*).
(*) Ramon Montaner, l’un des Catalans qui accompagnèrent Roger de Flor, et qui fut gouverneur de Gallipoli, a écrit en espagnol l’histoire de cette bande d’aventuriers à laquelle il avait appartenu, et dont il se sépara lorsqu’elle quitta la Chersonèse de Thrace pour pénétrer en Macédoine et en Grèce (Note de l’Éditeur.)
[2769] Voyez l’histoire du laborieux Ducange et sa table soignée des Dynasties françaises, dans laquelle il récapitule les trente-cinq passages où il cite les ducs d’Athènes.
[2770] Villehardouin le cite honorablement en deux endroits (n° 151-235) ; et dans le premier passage, Ducange ajoute tout ce qui a pu être connu de sa personne et de sa famille.
[2771] C’est de ces princes latins du quatorzième siècle que Boccace, Chaucer et Shakespeare ont emprunté leur Thésée duc d’Athènes. Un siècle ignorant applique ses mœurs et son langage aux temps les plus reculés.
[2772] Le même Constantin donna un roi à la Sicile, à la Russie un magnus dapifer de l’empire, à Thèbes le primicerius. Ducange (ad Nicéph. Grégor., l. VII, c. 5) traite ces fables absurdes avec le mépris qu’elles méritent. Les Latins appelaient par corruption le seigneur de Thèbes megas kurios ou grand sire.
[2773] Quodam miraculo, dit Albéric. Il ut probablement reçu par Michel le Choniate, l’archevêque qui avait défendu Athènes contre le tyran Léon Sgurus (Nicétas, in Balduino). Michel était frère de l’historien Nicétas, et son éloge d’Athènes existe encore en manuscrit dans la Bibliothèque Bodléienne (Fabricius, Bibl. græc., t. VI, p. 405).
[2774] Cet état d’Athènes moderne est tiré de Spon (Voyage en Grèce, t. II, p. 79-190), et de Wheeler (Voyage en Grèce, p. 337-414), de Stuart (Antiquités d’Athènes, passim), et Chandler (Voyage en Grèce, p. 23-172). Le premier de ces voyageurs visita la Grèce dans l’année 1676, le dernier en 1765 ; et la révolution de près d’un siècle n’avait presque pas produit de changement sur ce théâtre tranquille.
[2775] Les anciens, ou au moins les Athéniens, croyaient que toutes les abeilles du monde étaient originaires du mont Hymette, qu’en mangeant du miel et se frottant d’huile, on pouvait conserver sa santé et prolonger sa vie. Geoponica, l. XV, c. 7, p. 1089-1094, édit. de Niclas.
[2776] Ducange (Gloss. græc., Præf., p. viij) cite pour autorité Théodose Zygomalas, grammairien moderne. Cependant Spon (t. II, p. 194) et Wheeler (p. 355), qui peuvent passer pour juges compétents, ont une opinion plus favorable du dialecte de l’Attique.
[2777] Nous ne pouvons cependant pas les accuser d’avoir corrompu le nom d’Athènes ; qu’ils nomment encore Athini. D’après l’εις την Αθηνην, nous avons formé notre dénomination barbare de Setines.
[2778] Andronic justifie lui-même la liberté que nous prenons à son égard, par les invectives qu’il a prononcées (Nicéphore Grégoras, l. I, c. 1) contre la partialité de l’histoire ; il est vrai que sa censure est plus particulièrement dirigée contre la calomnie que contre l’adulation.
[2779] Pour l’anathème trouvé dans le nid de pigeons, voyez Pachymère (l. IX, c. 24). Il raconte toute l’histoire d’Athanase (l. VIII, c. 13-16-20-24 ; l. X, c. 27-29-31-36 ; l. XI, c. 1-3-5, 6 ; l. XIII, c. 8-10-23-35), et il est suivi par Nicéphore Grégoras (l. VI, 5-7 ; l. VIII, c. 1-9), qui comprend dans son récit la seconde retraite de ce second Chrysostome.
[2780] Pachymère, dans sept livres en 377 pages in folio, donne l’histoire des trente-six premières années d’Andronic l’Ancien, et fait connaître la date de son ouvrage par les nouvelles ou mensonges courants du jour (A. D. 1308). La mort ou le dégoût l’empêchèrent de continuer.
[2781] Après un intervalle de deux ans depuis le moment où finit l’ouvrage de Pachymère, Cantacuzène prend la plume, et son premier livre (chap. 6-59, p. 9-150) renferme le récit des guerres civiles et des huit dernières années du règne d’Andronic l’Ancien. Le président Cousin, son traducteur, est l’auteur de la comparaison ingénieuse de Moïse et de César.
[2782] Nicéphore Grégoras raconte en raccourci le règne et la vie entière d’Andronic l’Ancien (l. VI, c. 1 ; l. X, c. 1, p. 96-291). C’est de cette partie que Cantacuzène se plaint, comme d’une représentation fausse et malveillante de sa conduite.
[2783] Il fût couronné le 21 mai 1295, et mourut le 12 octobre 1320 (Ducange, Fam. Byzant., p. 239). Son frère Théodore hérita, par un second mariage, du marquisat de Montferrat, embrassa la religion et les mœurs des Latins (Nicéphore Grégoras, l. IX, c. 1), et fonda une dynastie de princes italiens qui fut éteinte, en 1353 (Ducange, Fam. Byzant., p. 249-253).
[2784] Nous devons à Nicéphore Grégoras (l VIII, c. 1) la connaissance de cette aventure tragique. Cantacuzène cache discrètement les vices du jeune Andronic, dont il fut le témoin et peut-être le complice (l. I, c. 1, etc.).
[2785] Il destinait sa succession à Michel Catharus, bâtard de Constantin, son second fils. Nicéphore Grégoras (l. VIII, c. 3) et Cantacuzène (l. I, c. 1, 2). s’accordent sur le projet d’exclure son petit-fils Andronic.
[2786] Voyez Nicéphore Grégoras, l. VIII, c. 6. Andronic le Jeune se plaignait qu’il lui était dû depuis quatre ans et quatre mois une somme de trois cent cinquante mille byzans d’or pour les dépenses de sa maison (Cantacuzène, l. I, c. 48). Cependant il aurait volontiers remis cette dette si on lui eût permis de rançonner les fermiers du revenu public.
[2787] Je suis la chronologie de Nicéphore, qui est singulièrement exacte. Il est prouvé que Cantacuzène a fait des erreurs dans les dates de ses propres opérations, ou que son texte a été défiguré par l’ignorance des copistes.
[2788] J’ai tâché de concilier les vingt-quatre mille pièces de Cantacuzène (l. II, c. 1) avec les dix mille de Nicéphore Grégoras (l. IX, c. 2). L’un voulait cacher, et l’autre cherchait à exagérer les calamités du vieil empereur.
[2789] Voyez Nicéphore Grégoras, l. IX, 6, 7, 8-10-14 ; l. X, c. 1. L’historien avait partagé la prospérité de son bienfaiteur ; il le suivit dans sa retraite. Celui qui suit son maître jusqu’à l’échafaud ou dans le monastère, ne devrait pas être légèrement traité de mercenaire prostituant l’éloge.
[2790] Cantacuzène (l. II, c. 1-40, p. 191-339) et Nicéphore Grégoras (l. IX, c. 11, p. 262-361) ont donné l’histoire du règne d’Andronic le Jeune depuis la retraite de son grand-père.
[2791] Agnès ou Irène était fille du duc Henri le Merveilleux, chef de la maison de Brunswick, et le quatrième descendant du fameux Henri le Lion, duc de Saxe et de Bavière, et vainqueur des Slaves de la côte de la Baltique ; elle était sœur de Henri, que ses deux voyages en Orient firent surnommer le Grec ; mais ces deux voyages furent postérieurs au mariage de sa sœur, et je ne sais ni comment Andronic découvrit Agnès dans le fond de l’Allemagne, ni les raisons qui contribuèrent à former cette alliance (Rimius, Mémoires de la maison de Brunswick, p. 126-137).
[2792] Henri le Merveilleux fut le fondateur de la branche de Grubenhagen, éteinte dans l’année 1596 (Rimius, p.287). Il habitait le château de Wolfenbuttel, et ne possédait qu’un sixième des Etats allodiaux de Brunswick et de Lunebourg, que la famille des Guelfes avait sauvés de la confiscation des grands fiefs. Les fréquents partages entre frères avaient presque anéanti les maisons des princes d’Allemagne, lorsque enfin les droits de primogéniture vinrent par degrés écarter cette loi juste, mais pernicieuse. La principauté de Grubenhagen, un des derniers débris de la forêt Hercynienne, est un pays stérile, rempli de bois et de montagnes (Géographie de Busching, vol. VI, p. 270-286, traduct. angl.).
[2793] Le royal auteur des Mémoires de Brandebourg nous apprend combien le nord de l’Allemagne méritait encore, dans des temps beaucoup plus modernes, l’épithète de pauvre et de barbare (Essai sur les mœurs, etc.). Dans l’année 1306, des hordes de race venède, qui habitaient les bois de Lunebourg, avaient pour usage d’enterrer tout vivants les vieillards et les infirmes (Rimius, p. 136).
[2794] On ne doit adopter qu’avec quelques restrictions l’assertion de Tacite, même relativement à son siècle, lorsqu’il prétend que l’Allemagne était totalement dépourvue de métaux précieux (Germania, c. 5 ; Annal., XI, 20). Selon Spener (Hist. Germania pragmatica, l. I, p. 351), argentifodinœ in Hercyntis montibus imperante Othone magno (A. D. 968) primum apertœ, largam etiam opes augendi dederunt copiam. Mais Rimius (p. 258, 259) diffère jusqu’à l’année 1016 la découverte des mines d’argent de Grubenhagen ou du Hartz supérieur, qu’on exploita dès le quatorzième siècle, et qui produisent encore des sommes considérables à la maison de Brunswick.
[2795] Cantacuzène a rendu un témoignage très honorable : Ην δ’ εκ Γερμανων αυτη θυγατηρ δουκος ντι μπρουζουικ (les Grecs modernes se servent du ντ pour le d, et du μπ pour le b, et le tout fera en italien di Brunzuic), του παρ’ αντοις επιφανετατον, και λαμπροτητι παντας τους ομοφυλους υπερβαλλοντος του γενους. Cet éloge est équitable, et ne peut qu’être flatteur pour un Anglais.
[2796] Anne ou Jeanne était une des quatre filles d’Amédée le Grand par un second mariage, et sœur de père de son successeur Edouard, comte de Savoie (Tables d’Anderson, p. 650). Voyez Cantacuzène, l. I, c. 40-42.
[2797] Ce roi, supposé que le fait soit vrai, doit être Charles le Bel, qui, dans l’espace de cinq ans, épousa trois femmes (1321-1326 : Anderson, p. 628). Anne de Savoie fut reçue dans la ville de Constantinople dans le mois de février de l’année 1326.
[2798] La noble race des Cantacuzènes, illustre dans les Annales de Byzance depuis le onzième siècle, tirait son origine des paladins de France, les héros de ces romans qui furent traduits et lus par les Grecs dans le treizième. Ducange, Fam. byzant., p. 258.
[2799] Voyez Cantacuzène (l. III, c. 24-30-36).
[2800] Saserne en Gaule, et Columelle en Italie ou en Espagne, calculent à raison de deux paires de bœufs, deux conducteurs et six manouvriers, pour deux cents jugera (cent vingt-cinq acres d’Angleterre de terres labourables), et ils ajoutent trois hommes de plus lorsqu’il s’y trouve du taillis (Columelle, de Re rustica, l. II, c. 13 p. 441, édit. de Gesner).
[2801] En traduisant ce détail, le président Cousin, a commis trois erreurs palpables et essentielles : 1° il omet les mille paires de bœufs de labour ; 2° il traduit πεντακοσιαι προς δισχιλιαις, par le nombre de quinze cents ; 3° il confond myriades avec chyliades, et ne donne à Cantacuzène que cinq mille porcs. Ne vous fiez pas aux traductions.
[2802] Voyez la régence et le règne de Jean Cantacuzène, et tout le cours de la guerre civile, dans sa propre histoire (l. III, c. 1-100, p. 348-700) et dans celle de Nicéphore Grégoras (l. XII, c. 1 ; l. XV, c. 9, p. 353-492).
[2803] Il prit les souliers ou brodequins rouges, se coiffa d’une mitre d’or et de soie signa ses lettres avec de l’encre verte, et réclama pour la nouvelle Rome tous les privilèges que Constantin avait accordés à l’ancienne. Cantacuzène, l. III, c. 36 ; Nicéphore Grégoras, l. XIV, c. 3.
[2804] Nicéphore Grégoras (l. XII, c. 5) atteste l’innocence et les vertus de Cantacuzène, les vices honteux et le crime d’Apocaucus, et ne dissimule point ses motifs d’inimitié personnelle et religieuse pour le premier.
[2805] On nommait les princes de Servie (Ducange, Fam. dalmat., etc., c. 2, 3, 4-9) despotes en langue grecque, et trais dans leur idiome national (Ducange, Gloss. græc., p. 751). Ce titre, l’équivalent de roi, paraît tirer son origine de la Sclavonie, d’où il est passé chez les Hongrois, chez les Grecs et même chez les Turcs (Leunclavius, Pandect. turc., p. 422) , qui réservent le nom de padishah pour l’empereur. Obtenir le premier au lieu du dernier, est l’ambition des Français à Constantinople (Avertissement à l’Histoire de Timur-Bec, p. 39).
[2806] Nicéphore Grégoras, l. XII, c. 14. Il est surprenant que Cantacuzène n’ait point inséré dans ses propres écrits cette comparaison juste et ingénieuse.
[2807] Les deux prisonniers qui assommèrent Apocaucus étaient l’un et l’autre des Paléologues, et pouvaient ressentir en prison la honte de leurs fers. Le fait de la mort d’Apocaucus mérite qu’on renvoie le lecteur à Cantacuzène (l. III, c. 86) et à Nicéphore Grégoras (l. XIV, c. 10).
[2808] Cantacuzène accuse le patriarche et épargne l’impératrice, mère de son souverain (l. III, 33, 34) contre laquelle Nicéphore exprime une animosité particulière (l. XIV, 10, 11 ; XV, 5). Il est vrai qu’ils ne parlent pas exactement de la même époque.
[2809] Nicéphore Grégoras révèle la trahison et le nom du traître (l. XV, c. 8), mais Cantacuzène (l. III, c. 99) supprime discrètement le nom de celui qu’il avait daigné compter pour son complice.
[2810] Nicéphore Grégoras, l. V, 11. Il y avait cependant encore quelques perles fines, mais bien clairsemées ; le reste des pierres n’avait que παντοδαπην χροιαν προς το διαυγες.
[2811] Cantacuzène continue son histoire et celle de l’empire depuis son retour à Constantinople jusqu’à l’année qui suivit celle où son fils Matthieu abdiqua, A. D. 1357 (l. IV, c. 1-50, p. 705-911), Nicéphore Grégoras finit la sienne au synode de Constantinople, dans l’année 1351 (l. XXII, c. 3, p. 660, le resta, jusqu’à la fin du l. XXIV, p. 717, ne traite que de controverse) et ses quatorze derniers livres sont encore en manuscrit dans la Bibliothèque royale à Paris.
[2812] L’empereur Cantacuzène (l. IV, c. 1) parle de ses propres vertus, et Nicéphore Grégoras des plaintes des ramis de ce prince, que ses vertus réduisaient à la misère. Je leur ai prêté les expressions de nos pauvres chevaliers ou partisans de Charles après la restauration.
[2813] On peut suppléer à l’apologie ridicule de Cantacuzène, qui raconte (l. IV, c. 39-42) sa propre chute avec une confusion visible, par la relation moins complète, mais plus sincère, de Matthieu Villani (l. IV, c. 46, in Script. rerum ital., t. XIV, p. 268), et par celle de Ducas (c. 10, 11).
[2814] Cantacuzène reçut dans l’année 1375 une lettre du pape (Fleury, Hist. ecclés., t. XX, p. 250) ; et des autorités respectables placent sa mort au 20 novembre 1411 (Ducange, Fam. byzant., p. 260). Mais s’il était de l’âge d’Andronic le Jeune, compagnon de sa jeunesse et de ses plaisirs, il faut qu’il ait vécu cent seize ans, et cette longue carrière d’un si illustre personnage aurait été généralement remarquée.
[2815] Ses quatre discours ou livres furent imprimés à Bâle en 1543 (Fabricius, Bibl. græc., t. VI, p. 473) ; il les composa pour tranquilliser un prosélyte que ses amis d’Ispahan persécutaient continuellement de leurs lettres. Cantacuzène avait lu le Koran ; mais je vois, d’après Maracci, qu’il adoptait toutes les fables que l’on débitait contre Mahomet et sa religion.
[2816] Voyez les Voyages de Bernier, t. I, p. 127.
[2817] Mosheim, Instit. ecclés., p. 522, 523 ; Fleury, Hist. ecclés., t. XX, p. 22-24-107-114 ; etc. Le premier développe philosophiquement les causes ; le second transcrit et traduit avec les préjugés d’un prêtre catholique.
[2818] Basnage (in Canisii antiq. Lect., t. IV, p. 363-368) a examiné l’histoire et le caractère de Barlaam. La contradiction de ses opinions en différentes circonstances a fait naître des doutes sur l’identité de sa personne. Voyez aussi Fabricius, Bibl. grœc., t. X, p. 421-432.
[2819] Voyez Cantacuzène (l. II, c. 39-40 ; l. IV, c. 3-23, 24, 25) et Nicéphore Grégoras (l. XI, c. 10 ; l. XV, c. 3-7) dont les derniers livres, depuis le dix-neuvième jusqu’au vingt-quatrième, ne traitent guère que de ce sujet, si intéressant pour les auteurs. Boivin (in Vit. Nicéph. Grég.), d’après les livres qui n’ont point été publié, et Fabricius (Biblioth. grœc., t. X, p. 462-473), ou plutôt Montfaucon, d’après des manuscrits de la bibliothèque de Coislin, ont ajouté quelques faits à quelques documents.
[2820] Pachymère (l. V, p. 10) traduit très bien λιξιους (ligios) par ιδιους. Les Glossaires de Ducange enseignent amplement l’usage de ces mots en grec et en latin sous le règne féodal (Græc., p. 811, 812 ; Latin., t. IV, p. 109-111).
[2821] Ducange décrit l’établissement et les progrès des Génois à Péra ou Galata (C. P. Christiana, l. I, p. 68, 69), d’après les historiens de Byzance, Pachymère (l. II, c. 35 ; l. V, 10-30 ; l. IX, 15 ; l. XII, 6-9), Nicéphore Grégoras (l. V, c. 4 ; l. VI, c. 11 ; l. IX, c. 5 ; l. XI ; c. 1 ; l. XV, c. 1-6), et Cantacuzène (l. I, c. 12 ; l. II, c. 29, etc.).
[2822] Pachymère (l. III, c. 3, 4, 5), et Nicéphore Grégoras (l. IV, c. 7) sentent et déplorent l’un et l’autre les effets de cette pernicieuse indulgence. Bibaras, sultan d’Egypte, et Tartare de nation mais zélé musulman, obtint des enfants de Gengis la permission de construire une mosquée dans la capitale de la Crimée (de Guignes, Hist. des Huns, t. III, p. 343).
[2823] On assura Chardin à Caffa (Voyages en Perse, t. I, p. 48) que des poissons avaient ; quelquefois jusqu’à vingt-six pieds de longueur, pesaient huit ou neuf cents livres, et donnaient trois ou quatre quintaux de caviar ou d’œufs. Du temps de Démosthènes, le Bosphore fournissait de grains la ville d’Athènes.
[2824] De Guignes, Hist. des Huns, t. III, p. 343 ; 344 ; Voyages de Ramusio, t. I, fol. 400. Mais ce transport par terre ou par eau n’était praticable que lorsque toutes les hordes de Tartares étaient réunies sous le gouvernement d’un prince sage et puissant.
[2825] Nicéphore Grégoras (l. XIII, c. 12) se montre judicieux, et bien instruit, en parlant du commerce et des colonies de la mer Noire. Chardin décrit les ruines de Caffa, où il vit en quarante jours plus de quatre cents voiles employées au commerce de grains et de poisson (Voyages de Perse, t. I, c. 46-48).
[2826] Voyez Nicéphore Grégoras, l. XVII, c. 1.
[2827] Cantacuzène (l. IV, c. 11) raconte les événements de cette guerre, mais son récit est obscur et confus ; celui de Nicéphore Grégoras (l. XVII, c. 1-7) est clair et fidèle ; le prêtre était moins responsable que le prince, des fautes et de la défaite de la flotte.
[2828] Cantacuzène est encore obscur dans le récit de cette seconde guerre (l. IV, c. 18, p. 24, 25-28-32) ; il déguise ce qu’il n’ose nier. Je regrette cette partie de Nicéphore Grégoras, qui est encore en manuscrit à Paris.
[2829] Muratori (Annali d’Italia, t. XII, p. 144) renvoie aux anciennes Chroniques de Venise (Caresinus, continuateur d’André Dandolo, t. XII, p. 421, 422) et de Gènes (George Stella, Annales genuenses, t. XVII, p. 1091, 1092). Je les ai consultées soigneusement l’une et l’autre dans la grande Collection des Historiens de l’Italie.
[2830] Voyez la Chronique de Matthieu Villani de Florence (l. II, c. 59, 60, p. 145-147 ; c. 74, 75, p. 156, 157, dans la Collection de Muratori, t. XIV).
[2831] L’abbé de Sade (Mémoires sur la vie de Pétrarque, t. III, p. 257-263) a traduit cette lettre, qu’il avait copiée dans un manuscrit de la Bibliothèque du roi de France. Quoique attaché au duc de Milan, Pétrarque ne cache ni sa surprise ni ses regrets de la défaite et du désespoir des Génois dans l’année suivante (p. 323-332).
[2832] J’invite le lecteur à repasser ceux des chapitres de cette histoire qui traitent des mœurs des nations pastorales, des conquêtes d’Attila et des Huns, et que j’ai composés dans un temps où j’avais le désir plutôt que l’espérance de continuer mon ouvrage.
[2833] Les khans des Kéraïtes n’auraient probablement pu même lire les éloquentes épîtres que composèrent en leur nom les missionnaires nestoriens ; qui enrichissaient leur royaume de toutes les fabuleuses merveilles attribuées aux royaumes indiens. Peut-être ces Tartares (nommés le Prêtre-Jean) s’étaient-ils soumis au baptême et à l’ordination. Voyez Assemani, Bibl. orient., t. III, part. II, p. 487-503.
[2834] Depuis que Voltaire a publié son histoire et sa tragédie, le nom de Gengis paraît, au moins en français, avoir été généralement, adopté. Cependant Abulghazi-khan devait savoir le véritable nom de son ancêtre : son étymologie paraît juste ; zin, en langue mongoule, signifie grand, et gis est la terminaison du superlatif (Hist. généalog. des Tartares, part. III, p. 194, 195). D’après les mêmes idées de grandeur, on a donné le surnom de Zingis à l’Océan.
[2835] Le nom de Mongouls à prévalu parmi les Orientaux, et s’applique encore au souverain titulaire, au grand Mogol de l’Indoustan.
[2836] Les Tartares (ou proprement les Tatars) descendaient de Tatar-khan, frère de Mogul-khan (Voyez Abulghazi, première et seconde parties). Ils formèrent une horde de soixante-dix mille familles sur les bords du Kitay (p. 103-112) ; dans la grande invasion d’Europe (A. D. 1238), il paraît qu’ils marchaient à la tête de l’avant-garde, et la ressemblance du nom de Tartarei rendit celui de Tartares plus familier aux Latins (M. Paris, p. 398).
[2837] On trouve une conformité singulière entre-les lois religieuses de Gengis-khan et celles de M. Locke (Constitut. de la Caroline, dans ses Œuvres, vol. IV, p. 535, édit. in-4°, 1777).
[2838] Dans l’année 1294, et par l’ordre de Cazan, khan de Perse, et le quatrième descendant de Gengis. D’après ces traditions ; son vizir Fadlallah composa l’Histoire des Mongouls en langue persane ; Petis de La Croix s’en est servi (Hist. de Gengis-khan, p. 537-539). L’Histoire généalogique des Tartares (à Leyde, 1726, in-12, 2 Vol.) a été traduite par les Suédois prisonniers en Sibérie, sur le manuscrit mongoul d’Abulghazi-Bahadar-khan, descendant de Gengis, qui régnait sur les Usbeks de Charasme ou Charizme (A. D. 1644-1663). Il est fort précieux par l’exactitude des noms, des généalogies et des mœurs de sa nation. De ses neuf parties, la première descend depuis Adam jusqu’à Mogul-khan ; la seconde, depuis Mogul jusqu’à Gengis ; la troisième contient la vie de Gengis ; les quatrième, cinquième, sixième et septième, racontent l’histoire générale de ses quatre fils et de leur postérité ; les huitième et neuvième renferment l’histoire particulière des descendants de Sheibani-khan, qui régna dans le Maurenahar et le Charasme.
[2839] Histoire de Gengis-khan et de toute la dynastie des Mongouls ses successeurs, conquérants de la Chine, tirée de l’Histoire de la Chine, par le R. P. Gaubil, de la Société de Jésus, missionnaire à Pékin, à Paris, 1739, in-4°. Cette traduction porte l’empreinte chinoise de l’exactitude scrupuleuse pour les faits domestiques, et de la plus parfaite ignorance pour tout ce qui est étranger.
[2840] Voyez l’Histoire du grand Gengis-khan, premier empereur des Mongouls et des Tartares, par M. Petis de La Croix, à Paris, 1710, in-12. Cet ouvrage, lui a coûté dix ans de travaux ; il est tiré en grande partie des écrivains persans, entre autres, de Nisavi. Ce secrétaire du sultan Gelaleddin a le mérite et les préjugés d’un contemporain. On peut reprocher au compilateur ou aux originaux un sigle un peu trop romanesque. Voyez aussi les articles de Gengis-khan, Mohammed, Gelaleddin, etc., dans la Bibliothèque orientale de d’Herbelot.
[2841] Haithonus ou Aithonus, prince arménien, et depuis moine prémontré (Fabricius, Bibl. lat. med. œvi, t. X, p. 34) ; dicta en français son livre de Tartaris, ses anciens compagnons de guerre. Il fut immédiatement traduit en latin, et inséré dans le Novus Orbis de Simon Grynæus (Bâle, 1555, in-folio).
[2842] Gengis-khan et ses premiers successeurs occupent la fin de la neuvième dynastie d’Abulpharage (vers. Pococke, Oxford, 1663, in-4°), et sa dixième dynastie est celle des Mongouls de Perse. Assemani (Bibl. orient., t. XI) a extrait quelques faits de ses écrits syriaques, et de la Vie des maphriens jacobites ou primats de l’Orient.
[2843] Parmi les Arabes de langage et de religion, nous pouvons distinguer Abulféda, sultan de Hamah en Syrie, qui combattit en personne contre les Mongouls, sous les drapeaux des Mamelucks.
[2844] Nicéphore Grégoras (l. II, c. 5, 6), a senti la nécessité de lier l’histoire des Scythes à celle de Byzance. Il décrit avec élégance et exactitude l’établissement et les mœurs des Mongouls dans la Perse ; mais il n’est point instruit de leur origine, et il défigure les noms de Gengis et de ses fils.
[2845] M. Lévesque (Hist. de Russie, t. IX) a raconté la conquête de la Russie par les Tartare, d’après le patriarche Nicon et les anciennes Chroniques.
[2846] Pour la Pologne, je me contente de la Sarmatia asiatica et europœa, de Matthieu de Michou ou Michovia, médecin et chanoine de Cracovie (A. D. 1506), insérée dans le Novus Orbis de Grynæus (Fabricius, Bibl. lat. mediœ et infimœ œtatis., t. V, p. 56).
[2847] Je citerais Thuroczius, le plus ancien écrivain de l’Hist. générale (part. II, c. 74, p. 150), dans le premier volume des Scriptor. rerum hungaricarum si ce même volume ne contenait lias le récit original d’un contemporain qui fut témoin et victime (M. Rogerii Hungari, varidiensis capituli canonici, carmen miserabile seu Historia super destructionem regni Hungariœ, temporibus Belœ IV regis per Tartaros facta, p. 292-321). C’est un des meilleurs tableaux que je connaisse des circonstances qui accompagnent une invasion de Barbares.
[2848] Matthieu Paris a représenté, d’après des renseignements authentiques, les terreurs et le danger de l’Europe (consultez son volumineux Index au mot Tartari). Deux moines, Jean de Plano Carpini et Guillaume Rubruquis, et Marc-Paul, noble Vénitien ; visitèrent, au treizième siècle, la cour du grand-khan, par des motifs de zèle ou de curiosité. Les relations latines des deux premiers sont insérées dans le premier volume de Hackluyt ; l’original italien ou la traduction de la troisième (Fabricius, Bibl. lat. medii œvi, t. II, p. 198, t. V, p. 25) se trouve dans le second tome de Ramusio.
[2849] Dans sa grande histoire des Huns, M. de Guignes a traité à fond de Gengis-khan et de ses successeurs. (Voyez t. III, l. XV-XIX, et dans les articles des Seljoucides de Roum, t. II, l. XI ; des Carizmiens, l. XIV ; et des Mamelucks, t. IV, l. XXI.) Consultez aussi les Tables du premier volume ; il est très instruit et très exact. Cependant je n’ai pris de lui qu’une vue générale et quelques passages d’Abulféda, dont le texte n’est point encore traduit de l’arabe.
[2850] Plus proprement Yen-king, une ancienne ville dont les ruines sont encore visibles à quelque distance au sud-est de la ville moderne de Pékin, qui fût bâtie par Cublaikhan (Gaubil, page 146). Pé-king et Nan-king sont des noms vagues, et désignent la cour du nord et celle du sud. On est continuellement embarrassé dans la géographie chinoise, tantôt par la ressemblance, et tantôt par le changement des noms (p. 177).
[2851] M. de Voltaire, Essai sur l’Histoire générale, t. III, c. 60, p. 8. On trouve dans son histoire de Gengis, et des Mongouls ; comme dans tous ses ouvrages, beaucoup de réflexions judicieuses et de vérités générales mêlées de quelques erreurs particulières.
[2852] Zagatai donna son nom à ses États de Maurenahar ou Transoxiane, et les Persans donnent la dénomination de Zagatais aux Mongouls qui émigrèrent de ce pays. Cette étymologie authentique et l’exemple des Usbeks, Nogais, etc., doivent nous apprendre à ne pas nier affirmativement que des nations aient adopté un nom personnel.
[2853] Marc-Paul et les géographes orientaux distinguent les empires du nord et du midi par les noms de Cathay et de Mangi ; c’est ainsi que la Chine fut partagée entre le grand-khan et les Chinois, depuis l’an de grâce 1234 jusqu’en l’an 1279. Après qu’on eut trouvé la Chine, la recherche du Cathay égara nos navigateurs du seizième siècle dans leur recherche d’un passage au nord-est.
[2854] Je me fie à l’érudition et à l’exactitude du père Gaubil, qui traduit le texte chinois des Annales mongoules ou d’Yuen (p. 71-93-153) ; mais j’ignore dans quel temps ces Annales furent composées et publiées. Les deux oncles de Marc-Paul, qui servaient comme ingénieurs au siège de Siengyangfou (l. II, c. 61, in Ramusio, t. II ; voyez Gaubil, p. 155-157), devraient avoir connu et raconté les effets de cette poudre destructive, et leur silence est une objection qui paraît presque décisive. Je soupçonne que la découverte récente fut portée d’Europe en Chine par les caravanes du quinzième siècle, et adoptée faussement comme une ancienne découverte nationale antérieure à l’arrivée des Portugais et des jésuites. Cependant le père Gaubil affirme que l’usage de la poudre est connu en Chine depuis plus de seize cents ans.
[2855] Tout ce qu’on peut savoir relativement aux Assassins de la Perse et de la Syrie, est dû à M. Falconet. Voyez ses deux Mémoires lus à l’Académie des Inscriptions, dans lesquels il a versé une érudition surabondante (t. XVII, p. 127-170).
[2856] Les Ismaélites de Syrie ou Assassins, au nombre de quarante mille, avaient acquis ou élevé dix forteresses dans les montagnes au-dessus de Tortose. Ils furent exterminés par les Mamelucks vers l’an 1280.
[2857] Quelques historiens chinois étendent les conquêtes que Gengis fit durant sa vie jusqu’à Médine, la patrie de Mahomet (Gaubil, p. 42) ; et rien ne prouve mieux leur parfaite ignorance de tout ce qui est étranger à leur pays.
[2858] Le Dashté-Kipzak, ou plaine de Kipzak, s’étend des deux côtés du Volga dans un espace immense vers le Jaïk et le Borysthène, et est supposé avoir donné naissance aux Cosaques et à leur nom.
[2859] Dans l’année 1238, les habitants de la Gothie, aujourd’hui la Suède, et ceux de la Frise, n’osèrent point envoyer comme à l’ordinaire leurs vaisseaux à la pêche du hareng sur les côtes d’Angleterre, parce qu’ils redoutaient les Tartares ; et comme il n’y eut point d’exportation, on vendait quarante ou cinquante de ces poissons pour un schelling (Matthieu Paris, p. 396). Il est assez plaisant que les ordres d’un khan des Mongouls qui régnait sur les coffins de la Chine, aient fait baisser le prix des harengs dans les marchés de l’Angleterre.
[2860] Je vais copier les épithètes caractéristiques et flatteuses, par lesquelles il désigne les différentes nations de l’Europe. Furens ac fervens ad arma Germania, strenuæ militiæ genitrix et alumna Francia, bellicosa et audax Hispania, virtuosa viris et classe munita fertilis Anglia, impetuosis bellatoribus referta Alemannia, navalis Dacia, indomita Italia, pacis ignara Burgundia, inquieta Apulia, cura maris Grœci, Adriatici, et Thorrheni insulis piraticis et invictis Creta, Cypro, Sicilia, cum Oceano conterminis insulis et regionibus, cruenta Hibernia, cura agili Wallia, palustris Scotia, glacialis Norwegia, suant electam militiam sub vexillo crucis destinabunt, etc. Matthieu Paris, p. 498.
[2861] Voyez dans Hackluyt la relation de Carpin, v. I, c. 30. Abulghazi donne la généalogie des khans de Sibérie (part. VIII, p. 485-495). Les Russes n’ont-ils trouvé aucune chronique tartare à Tobolsk ?
[2862] La carte de d’Anville et les itinéraires chinois de de Guignes (t. I, part. II, p. 57), semblent fixer la position de Holin ou Caracorum environ à six cents milles au nord-ouest de Pékin. La distance entre Selinginsky et Pékin est à peu près de deux mille verstes russes, ou treize à quatorze cents milles d’Angleterre (Voyages de Bell, vol. II, page 67).
[2863] Rubruquis rencontra à Caracorum son compatriote Guillaume Boucher, orfèvre de Paris, qui avait exécuté pour le grand-khan un arbre d’argent soutenu par quatre lions qui lançaient quatre liqueurs différentes. Abulghazi (part. IV, p. 366) cite les peintres du Kitay ou la Chine.
[2864] L’attachement des khans et la haine des mandarins pour les bonzes et les lamas de la Chine (Duhalde, Hist. de la Chine, t. I, p. 502, 503) semblent indiquer qu’ils étaient les prêtres du même dieu de Fo, divinité de l’Inde, dont le culte prévaut parmi les sectes de l’Indoustan, de Siam, du Tibet, de la Chine et du Japon. Mais ce sujet mystérieux est enveloppé d’un nuage que les recherches de notre société asiatique parviendront peut-être à dissiper.
[2865] Quelques échecs que les Mongouls essuyèrent en Hongrie (Matthieu Paris, p. 545, 546), ont pu faire répandre le bruit de l’union et de la victoire des rois francs sur les frontières de la Bulgarie. Abulpharage (Dynast., p. 310), quarante ans après, et au-delà, du Tigre, peut avoir aisément été induit en erreur.
[2866] Voyez Pachymère (l. III, c. 25 ; et l. IX, c. 26, 27), et la fausse alarme de Nicée (l. III, c. 27 ; Nicéphore Grégoras, l. IV, c. 6).
[2867] Acropolita, p. 36, 37 ; Nicéphore Grégoras, l. II, c. 6 ; l. IV, c. 5.
[2868] Abulpharage, qui écrivit en 1284, affirme que depuis la fabuleuse défaite de Batou, les Mongouls n’avaient attaqué ni les Grecs ni les Francs, et on peut le regarder comme un témoin irrécusable. Hayion, prince d’Arménie, s’applaudit aussi de leur amitié pour lui et pour sa nation.
[2869] Pachymère nous représente sous les traits les plus brillants, Cazan-khan, le rival de Cyrus et d’Alexandre (l. XII, c. I) ; dans la conclusion de son histoire (l. XIII, c. 36), il exprime l’espérance où il est de voir arriver trente mille Tochars ou Tartares, commandés par le successeur de Cazan, pour repousser les Turcs de Bithynie (A. D. 1308).
[2870] L’origine de la dynastie ottomane est savamment éclaircie par l’érudition de MM. de Guignes (Histoire des Huns, t. IV, p. 329-33 ) et d’Anville (Empire turc, p. 14-22.), deux habitants de Paris, de qui les Orientaux pourraient apprendre l’histoire et la géographie de leur propre pays.
[2871] Voyez Pachymère (l. X, c. 25, 26 ; l. XIII, c. 33, 34-36) ; et relativement à la défense des montagnes (l. X, c. 3-6), Nicéphore Grégoras (l. VII, c. 1) et le premier livre de Laonicus Chalcocondyles l’Athénien.
[2872] J’ignore si les Turcs ont des historiens plus anciens que Mahomet II, et je n’ai pu remonter au-delà d’une assez maigre chronique (Annales Turcici ad annum 1550) ; traduite par Jean Gaudier et publiée par Leunclavius (ad calcem Laonic. Chalcocondyles, p. 311-350), avec de copieux commentaires. L’histoire des progrès et du déclin de l’empire ottoman (A. D. 1300-1683) a été traduite en anglais du manuscrit de Démétrius Cantemir, prince de Moldavie (Londres, 1734, in-folio). L’auteur est sujet à de fortes méprises relativement à l’histoire orientale ; mais il paraît instruit de l’idiome des annales et des institutions des Turcs. Cantemir tire une partie de ses matériaux de la Synopsis de Saadi, effendi de Larisse, dédiée en 1696 au sultan Mustapha, qui est un abrégé précieux des écrivains originaux. Le docteur Johnson fait l’éloge de Knolles (Hist. générale des Turcs jusqu’à la présente année, Londres, 1603) comme du premier des historiens, mais qui a malheureusement choisi un sujet ingrat. Cependant je doute d’une compilation volumineuse et partiale des écrivains latins, contenant treize cents pages in-folio de harangues et de batailles, puisse instruire, amuser ou éclairer la postérité, qui exige d’un historien un peu de saine critique et de philosophie.
[2873] Quoique Cantacuzène raconte les batailles et la fuite héroïque d’Andronic le Jeune (l. II, c. 6, 7, 8) il dissimule la perte de Pruse, de Nicée et de Nicomédie, que Nicéphore Grégoras avoue clairement (l. VIII, 15 ; IX, 9, 13 ; XI, 6). Il paraît qu’Orchan prit Nicée en 1330, et Nicomédie en 1339 ; ce qui ne se rapporte pas tout à fait aux dates turques.
[2874] La division des émirs turcs est extraite de deux contemporains, du Grec Nicéphore Grégoras (l. VII, 1) et de l’Arabe Marakeschi (de Guignes, t. II, part. II, p. 76, 77). Voyez aussi le premier livre de Laonicus Chalcocondyles.
[2875] Pachymère, l. XIX, c. 13.
[2876] Voyez les Voyages de Wheeler et de Spon, de Pococke et de Chandler, et principalement les Recherches de Smith sur les sept Églises de l’Asie, p. 205-206. Les antiquaires les plus dévots tâchent de concilier les promesses et les menaces du premier auteur des révélations, avec l’état présent des sept villes. Il serait peut-être plus prudent de borner ses prédictions aux événements de son siècle.
[2877] Consultez le quatrième livre de l’Histoire de Malte par l’abbé de Vertot. Cet agréable écrivain décèle son ignorance en supposant qu’Othman, un partisan des collines de la Bithynie, a pu assiéger Rhodes par terre et par mer.
[2878] Nicéphore Grégoras s’est étendu avec plaisir sur l’amabilité de son caractère (l. XII, 7 ; XIII, 4-10 ; XIV, 1-9 ; XVI, 6). Cantacuzène parle honorablement de son allié (l. III, c. 56, 57-63, 64-66, 67, 68-86, 89-96) ; mais il désavoue l’extrême penchant qu’on lui supposait, pour les Turcs, et nie en quelque façon la possibilité d’une amitié si peu naturelle (l. IV, c. 40).
[2879] Après la conquête de Smyrne par les Latins, le pape chargea les chevaliers de Rhodes de défendre cette forteresse. Voyez Vertot, l. V.
[2880] Voyez Cantacuzène, l. III, c. 95. Nicéphore Grégoras, qui, relativement à la lumière du Thabor, charge l’empereur des noms injurieux de tyran et d’Hérode, parait disposé à excuser ce mariage plutôt qu’à le blâmer, et allègue la passion et la puissance d’Orchan (l. XV, 5). Il célèbre ensuite son gouvernement civil et militaire. Voyez son règne dans Cantemir, pages 24-30.
[2881] On trouvera dans Ducas (c. 8) une peinture animée et concise de cette captivité, dont Cantacuzène convient avec la rougeur d’un coupable.
[2882] Cantemir, dans ce passage et relativement aux premières conquêtes d’Europe, donne fort mauvaise opinion de ses autorités turques, et je n’ai pas beaucoup plus de confiance en Chalcocondyles (l. I, p. 12, etc.). Ils oublient de consulter le quatrième livre de Cantacuzène, qu’on peut regarder comme le monument le plus authentique. Je regrette aussi les derniers livres de Nicéphore Grégoras, qui sont encore en manuscrit.
[2883] Depuis l’époque où Grégoras et Cantacuzène terminent leur histoire, on trouve une lacune de plus d’un siècle. George Phranza, Michel Ducas et Laonicus Chalcocondyles, n’écrivirent qu’après la prise de Constantinople.
[2884] Voyez Cantemir (p. 37-41) et ses notes intéressantes.
[2885] Visage blanc et visage noir, sont en langage turc des expressions proverbiales de louange et de reproche. Hic niger est, hunc tu Romane caveto, était aussi un apophtegme latin.
[2886] Voyez la vie et la mort de Morad ou Amurath Ier dans Cantemir (p. 33-45), le premier livre de Chalcocondyles et les Annales turques de Leunclavius. Une autre histoire rapporte que le sultan fut poignardé dans sa tente par un Croate, et l’on allégua cet accident à Busbequius (ep. I, p. 98) comme une excuse de la précaution insultante dont on usait avec les ambassadeurs, qui n’étaient admis en la présence du souverain qu’accompagnés de deux gardes, qui, placés à leur droite et à leur gauche, tenaient chacun un de leurs bras.
[2887] L’histoire du règne de Bajazet Ier, ou Ilderim Bayazid, se trouve dans Cantemir (p. 46), dans le second livre de Chalcocondyles et les Annales turques. Le surnom d’Ilderim ou Éclair semble prouver que les conquérants et les prophètes ont dans tous les temps senti la vérité du système qui établit la terreur pour principe du sublime.
[2888] Cantemir, qui célèbre les victoires du grand Étienne sur les Turcs (p. 4), a composé une description de la principauté ancienne et moderne de Moldavie, que l’on promet depuis longtemps et qui n’a pas encore été publiée.
[2889] Leunclav., Annal. Turcici, p. 311, 319. La vénalité des cadis est depuis longtemps un sujet de plainte et de scandale ; et si nous ne voulons pas nous en rapporter à nos voyageurs, nous pouvons du moins en croire les Turcs eux-mêmes (d’Herbelot, Bibl. orient., p. 216, 217-229, 230).
[2890] Ce fait, qui est attesté dans l’histoire arabe de Ben-Schounaht, contemporain et Syrien (de Guignes, Hist. des Huns, t. IV, p. 336) ; détruit le témoignage de Saad Effendi et Cantemir (p. 14, 15), qui prétendent qu’Othman avait été élevé à la dignité de sultan.
[2891] Voyez les Decades rerum hungaricarum (Dec. III, l. II, p. 379) de Bonfinius, Italien, qui dans le quinzième siècle fut appelé en Hongrie pour y composer son éloquente histoire de ce royaume. Je donnerais la préférence à une chronique toute brute du temps et du pays, si je savais qu’elle existât et qu’on pût se la procurer.
[2892] Je n’aurais point a nie plaindre des peines et des soins qu’exige cet ouvrage, si je pouvais tirer tous mes matériaux de livres semblables à la chronique de l’honnête Froissard (vol, IV, c. 67-69-72-79-83-85-87-89), qui lisait peu, faisait beaucoup de questions, et croyait tout. Les Mémoires du maréchal de Boucicault (part. I, c. 22-28) ajoutent quelques faits ; mais ils paraissent secs et incomplets, lorsqu’on l’es compare à l’agréable loquacité de Froissard.
[2893] Le baron de Zurlauben (Hist. de l’Acad. des Inscript., t. XXV) a donné des Mémoires complets de la vie d’Enguerrand VII, sire de Couci. Il jouissait également d’un rang distingué et de possessions considérables en France et en Angleterre. En 1375, il conduisit dans la Suisse un corps d’aventuriers pour recouvrer un vaste patrimoine qu’il prétendait lui appartenir comme héritier de sa grand-mère, fille de l’empereur Albert Ier d’Autriche (Sinner, Voyage dans la Suisse occidentale, t. I, p. 118-124).
[2894] Cet office militaire, si respectable encore aujourd’hui, l’était encore davantage lorsqu’il n’était possédé que par deux personnes (Daniel, Histoire de la Milice française, t. II, p. 5). L’un de ces deux, le fameux Boucicault, était maréchal de la croisade. Il défendit depuis Constantinople, gouverna la république de Gènes, s’empara de toute la côte d’Asie, et fut tué à la bataille d’Azincourt.