[2462] Mamluc, plur. Mamalic. Pococke (Proleg. ad Abulpharage, p. 7) et d’Herbelot (p. 545) le définissent par servum emptitium, seu qui pretio numerato in domini possessionem cedit. Ils se présentent souvent dans les guerres de Saladin (Bohadin, p. 236, etc.). Ce furent les Mamelucks Baharties qui furent les premiers introduits en Égypte par ses descendants.
[2463] Jacques de Vitry (p. 1116) ne donne au roi de Jérusalem que trois cent soixante-quatorze chevaliers ; les Francs et les musulmans attribuent chacun à l’ennemi la supériorité du nombre ; ce qui peut se concilier en faisant entrer dans l’un des calculs les timides Égyptiens, et en les retranchant de l’autre.
[2464] C’était l’Alexandrie des Arabes, terme moyen, relativement à l’étendue et aux richesses, entre l’Alexandrie des Grecs et des Romains et celle des Turcs (Savary, Lettres sur l’Égypte, t. I, p. 25, 26).
[2465] Relativement à cette grande révolution d’Egypte, voyez Guillaume de Tyr (l. XIX, 5, 6, 7-12-31 ; XX, 5-12) ; Bohadin (in Vit. Saladin., p. 30-39), Abulféda (in excerpt., Schultens, p. 1-12), d’Herbelot (Bibl. orient., Adheds, Fathema, mais fort peu correct), Renaudot (Hist. patr. Alex., p. 522-525, 532-537), Vertot (Hist. des chevaliers de Malte, t. I, p. 1417-63, in-4°), et M. de Guignes (t. II, part. II, p. 185-215).
[2466] Pour les Curdes, voyez de Guignes, tom. I, p. 416, 417 ; l’Index géographique de Schultens, et Tavernier, Voyages, part. I, p. 308, 309. Les Ayoubites descendaient de la tribu des Rawadiæi, une des plus nobles ; mais comme elles étaient infectées de l’hérésie de la métempsycose les sultans orthodoxes insinuèrent qu’ils ne tiraient leur origine des Curdes que par leur mère, qui avait épousé un étranger établi parmi eux.
[2467] Voyez le quatrième livre de l’Anabasis de Xénophon ; les dix mille furent plus maltraités par les flèches des Carduchiens que par tout le reste de l’armée du grand roi.
[2468] Nous devons au professeur Schultens les matériaux les plus précieux et les plus authentiques : une Vie de Saladin, composée par son ministre et son ami, le cadi Bohadin, de nombreux extraits de l’histoire composée par son parent, le prince Abulféda de Hamah, auxquels nous pouvons ajouter l’article Salahaddin dans la Bibliothèque orientale, et tout ce qu’il est possible de tirer des Dynasties d’Abulpharage.
[2469] Puisque Abulféda était lui-même un Ayoubite, il doit partager le mérite d’avoir imité, au moins tacitement, la modestie du fondateur.
[2470] Hist. Hieros., dans les Gesta Dei per Francos, p. 1152. On peut trouver un exemple semblable dans Joinville (p. 42, édit. du Louvre) ; mais le pieux saint Louis refusa aux infidèles l’honneur de les admettre dans un ordre chrétien. Ducange, Observ., p. 70.
[2471] Dans ces titres arabes, il faut toujours sous-entendre religionis Noureddin, lumen r. ; Ezzodin, decus ; Amadoddin, columen : le nom propre de notre héros était Joseph, et on le nomma Salahaddin, salus ; al-Malichus, al-Nasirus, rex defensor : Abu-Modaffir, pater victoriæ. Schultens, Préface.
[2472] Abulféda, qui descendait d’un frère de Saladin, observe, d’après plusieurs exemples, que les fondateurs des dynasties se chargent du crime ou du reproche, et en laissent le fruit à leurs innocents collatéraux. Excerpt., p 10.
[2473] Voyez sa vie et son caractère dans Renaudot, p. 537-548.
[2474] Bohadin, témoin oculaire et dévot de bonne foi, célèbre dans son premier chapitre les vertus civiles et religieuses de Saladin.
[2475] L’ignorance des nationaux et des voyageurs a confondu dans plusieurs ouvrages et particulièrement dans le puits de saint Joseph, dans le château du Caire, les travaux du sultan et ceux du patriarche.
[2476] Anonym. Casisii, t. III, part. II, p. 504.
[2477] Bohadin, p. 129-130.
[2478] Relativement au royaume latin de Jérusalem, voyez Guillaume de Tyr, depuis le neuvième jusqu’au vingt-deuxième livre ; Jacques de Vitry, Hist. Hieros., l. I ; et Sanut, Secreta fidelium crucis, l. III, part. VI, VII, VIII, IX.
[2479] Templarii ut apes bonibabant, et Hospitalarii ut venti stridebant, et barones se exitio afferebant, et Turcopoli (les troupes légères des chrétiens) semetipsi in ignem injiciebant (Ispahani de Expugnatione Kudsitica, p. 18, apud Schulten). Cet essai de l’éloquence des Arabes est un peu différent du style de Xénophon.
[2480] Les Latins affirment que Raimond avait trahi les chrétiens, et les Arabes le donnent à entendre ; mais s’il eût embrassé leur religion, les mahométans l’auraient regardé comme un héros et comme un saint.
[2481] Renaud, Reginald ou Arnold de Châtillon, est célèbre chez les Latins par sa vie et par sa mort, dont les circonstances sont racontées clairement par Bohadin et Abulféda. Joinville (Hist. de saint Louis, p. 70) rapporte l’usage de Saladin de ne jamais faire mourir un prisonnier auquel il avait offert du pain et du sel. Quelques-uns des compagnons d’Arnold avaient été massacrés, et pour ainsi dire sacrifiés dans la vallée de la Mecque, ubi sacrificia mactantur (Abulféda, p.32).
[2482] Vertot, qui nous donne un récit bien fait de la perte du royaume et de la ville de Jérusalem (Histoire des chevaliers de Malte, t. I, l. II, p. 226-278), y insère deux lettres originales d’un templier.
[2483] Renaudot, Hist. patriar. Alexand., p. 545.
[2484] Pour la conquête de Jérusalem, Bohadin (p. 67-75) et Abulféda (p. 40-43) sont nos autorités mahométanes. Dans le nombre des écrivains chrétiens, Bernard le Trésorier (c. 151-16.) est le plus abondant en détails et le plus authentique. Voyez aussi Matthieu Paris, p. 120-124.
[2485] On trouve d’amples, détails sur les siéges d’Acre et de Tyr, dans Bernard le Trésorier (de Aquisit. Terrœ Sanctœ, c. 167-179), dans l’auteur de l’Hist. Hieros. (p. 1150-1172) ; dans Bongars, Abulféda (p. 43-50) et Bohadin (p. 175-179).
[2486] J’ai suivi le récit le plus sage et le plus probable de ce fait. Vertot adopte sans hésiter un conte romanesque dans lequel le vieux marquis se trouve tellement exposé aux traits des assiégeants.
[2487] L’historien de Jérusalem (p. 1108) ajoute les nations de l’Orient depuis le Tigre jusqu’à l’Indus, et les tribus des Maures et des Gétuliens ; de façon que l’Asie et l’Afrique combattaient contre l’Europe.
[2488] Bohadin (p. 180) et les historiens chrétiens ne nient ni ne blâment ce massacre. Alacriter jussa complentes (les soldats anglais), dit Geoffroi de Vinisauf (l. IV, c. 4, p. 346), qui fixe le nombre des victimes à deux mille sept cents. Roger Hoveden les fait monter à cinq mille. (p. 697, 698). Soit humanité, soit avarice, Philippe-Auguste se laissa persuader de rendre à ses prisonniers leur liberté pour une rançon (Jacques de Vitry, l. I, c. 98, p. 1122).
[2489] Bohadin, p. 14. Il cite le jugement de Balianus et du prince de Sidon, et ajoute : Exillo mundo quasi hominum paucissimi redierunt. Parmi les chrétiens qui périrent devant Acre, je trouve les noms anglais de Ferrers, comte de Derby (Dugdale, Baronnage, part. I, p. 260) ; Mowbray (idem, p. 124), de Mandevil, de Fiennes, et Saint-John, Serope, Pigot, Talbot, etc.
[2490] Magnus hic apud eos, interque reges eorum tum virtute, tum majestate eminens... summus rerum arbiter (Bohadin, p. 159). Il ne semble pas qu’il ait connu les noms de Philippe ou de Richard.
[2491] Rex Angliœ prœstrenuus... rege Gallorum minor apud eos censebatur ratione regni atque dignitatis ; sed tum divitiis florentior, tum bellica virtute multo erat celebrior (Bohadin, p. 161). Un étranger peut admirer ces richesses, mais les historiens nationaux lui apprendraient de quelles tyrannies et de quelles funestes déprédations on s’était servi pour les amasser.
[2492] Joinville, p. 17. Cuides-tu que ce soit le roi Richard ?
[2493] Cependant il était coupable de ce crime aux yeux des musulmans, qui attestent que les assassins confessèrent qu’ils étaient envoyés par le roi d’Angleterre (Bohadin, p. 225) ; et sa défense ne consiste que dans une supposition, absurde et palpable (Hist. de l’Acad. des Inscript., t. XVI., p. 155-163), une prétendue lettre du prince des Assassins, le scheik ou Vieux de la Montagne, qui justifiait Richard ; en prenant sur lui le crime ou le mérite de ce meurtre.
[2494] Voyez la détresse et la pieuse fermeté de Saladin dans la description de Bohadin (p. 7-9, 235-231), qui harangua lui-même les défenseurs de Jérusalem ; leurs terreurs n’étaient point un mystère pour les ennemis (Jacques de Vitry, liv. I, chap. 100, page 123 ; Vinisauf, l. v, c. 50, p. 399).
[2495] Cependant, à moins que le sultan ou un prince Ayoubite ne restât dans Jérusalem, nec Curdi Turcis, nec Turci Curdis, essent obtemperaturi (Bohadin, p. 236). Il soulève un coin du voile politique.
[2496] Bohadin (p. 237) et même Geoffroi de Vinisauf (l. VI, c. 1-8, p. 403-409) attribuent la retraite à Pochard lui-même ; et Jacques de Vitry observe que, dans l’impatience du départ, in alterum virum mutatus est (p. 1123). Cependant Joinville, chevalier français, accuse la jalousie de Hugues, duc de Bourgogne (p. 116), sans supposer, comme Matthieu Paris, qu’il s’était laissé corrompre par l’or de Saladin.
[2497] Bohadin (p. 184-249) et Abulféda (p. 51, 52) racontent les expéditions de Jaffa et de Jérusalem. L’auteur de l’Itinéraire ou le moine de Saint-Albans ne peut rien ajouter au rapport que fait le cadi des prouesses de Richard (Vinisauf, liv. VI, c. 14-24, p. 412-421 ; Hist. major., p. 137-143) ; dans toute cette guerre on trouve une unanimité singulière entre les chrétiens, et les mahométans, qui louent mutuellement les vertus de leurs ennemis.
[2498] Voyez la suite des négociations et des hostilités dans Bohadin (p. 207-260), qui fut lui-même acteur dans la conclusion du traité. Richard déclara son intention de revenir avec de nouvelles armées achever la conquête de la Terre-Sainte, gt Saladin répondit à cette menace par un compliment obligeant. (Vinisauf, l. VI, c. 28, p. 423).
[2499] Le récit le plus détaillé de cette guerre se trouve dans l’ouvrage original de Geoffroi de Vinisauf, Itinerarium regis Anglorum Richardi et aliorum in terram Hierosolymarum, en six volumes, publié dans le second volume de Gale (Scriptores Hist. anglicanæ, p. 247-429). Roger Hoveden et Matthieu Paris fournissent aussi d’utiles matériaux, et le premier fait connaître avec exactitude la navigation de la flotte anglaise et sa discipline.
[2500] Vertot lui-même (t. I, p. 253) adopte ce conte ridicule de l’indifférence de Saladin, qui professa la religion de Mahomet jusqu’à son dernier soupir.
[2501] Voyez la succession des Ayoubites dans Abulpharage (Dynast., p. 277, etc.), les Tables de M. de Guignes, l’Art de vérifier les dates, et la Bibl. orient.
[2502] Thomassin (Discipline de l’Église, t. III, p. 311-374), a examiné en détail l’origine, les abus et les restrictions de ces dîmes. On soutint passagèrement une opinion par laquelle les dixièmes paraissaient légitimeraient dus au pape, comme le dixième du dixième des lévites au grand-prêtre ou pontife (Selden, sur les Dîmes ; voyez ses Œuvres, vol. III, part. II, p. 1083).
[2503] Voyez Gesta Innocentii III ; dans Muratori, Scriptor. rerum ital., t. III, part. I, p. 486-568.
[2504] Voyez la cinquième croisade et le siége de Damiette dans Jacques de Vitry (l. III, p. 1125-1149, dans les Gesta Dei de Bongars), témoin oculaire ; Bernard le Trésorier (in Script., Muratori, t. VII, p. 825-846, c. 190-207), contemporain, et Sanut (Secreta fidel. crucis, l. III, part. XI, c. 4-9), compilateur laborieux ; et parmi les Arabes, Abulpharage (Dynast., p. 294), et les extraits à la fin de Joinville (p. 533-537, 540-547, etc.).
[2505] A ceux qui prirent la croix contre Mainfroi, le pape (A. D. 1255) accorda plenissimam peccatarum remissionem. Fideles mirabantur quad tantum eis promitteret pro sanguine christianorum effundendo, quantum pro cruore infidelium aliquando. (Matthieu Paris, p. 785.) C’était déjà beaucoup raisonner dans le treizième siècle.
[2506] Cette idée simple est conforme aux résultats du bon sens de Mosheim (Inst. Hist. ecclés., p. 332) ; et de la philosophie éclairée de Hume (Hist. d’Angl., vol. I, p. 330).
[2507] On peut consulter, pour les matériaux de la croisade de Frédéric II, Richard de Saint-Germain dans Muratori (Script. rerum ital., t. VII, p. 1002-1013), et Matthieu Paris (p. 286-291, 300-302, 304). Les modernes les plus raisonnables sont Fleury (Hist. ecclés., t. XVI), Vertot (Chev. de Malte, t. I, l. III), Giannone (Ist. civ. di Napoli, t. II, l. XVI), et Muratori (Annali d’Italia, t. X).
[2508] Le pauvre Muratori, sait mien qu’en penser ; mais il ne sait qu’en dire : Chino qui il capo, etc. (p. 322.)
[2509] Le clergé confondit artificieusement la mosquée ou l’église du temple avec le saint-sépulcre, et cette erreur volontaire a trompé Vertot et Muratori.
[2510] L’irruption des Carizmiens ou Corasmins, est rapportée par Matthieu Paris (p. 546, 547) et par Joinville, Nangis, et les Arabes (p. 111, 112, 191, 192, 528-530).
[2511] Lisez, si vous en avez le courage, la Vie et les Miracles de saint Louis, par le confesseur de la reine Marguerite (p. 291-523, Joinville, édit. du Louvre).
[2512] Il croyait tout ce qu’enseignait la mère Eglise (Joinville, p. 10) ; mais il avertissait Joinville de ne point disputer sur la religion avec les infidèles. L’omme lay (disait-il dans son vieux langage), quand il ot médire de la loy chrestienne, ne doit pas deffendre la loy chrestienne, ne mais que de l’espée, de quoi il doit donner parmi le ventre dedens, tant comme elle y peut entrer. (p. 12.)
[2513] J’ai deux éditions de Joinville, l’une (Paris, 1668) très utile à raison des observations de Ducange ; et l’autre (Paris, édit. du Louvre, 1761), précieuse par la pureté et l’authenticité du texte, dont le manuscrit a été découvert récemment. Le dernier éditeur prouve que l’histoire de saint Louis fut achevée A. D. 1309 ; mais sans donner d’éclaircissements, et même sans marquer de surprise sûr l’âge de l’auteur, qui devait avoir alors plus de quatre-vingt-dix ans (Préface, p. xj, Observ. de Ducange, p. 17).
[2514] Joinville, p. 32 ; Extraits Arabes, p. 549.
[2515] Les derniers éditeurs de Joinville ont enrichi son texte d’un grand nombre d’extraits curieux tirés des Arabes, Macrizi, Abulféda, etc. ; voyez aussi, Abulpharage (Dyn., p. 322-325), qui nomme Louis par corruption Redefrans. Matthieu Paris (p. 683, 684) nous a peint la folle émulation des Français et des Anglais qui combattirent et périrent à Massoure.
[2516] Savary, dans ses agréables Lettres sur l’Égypte, a donné une description de Damiette (t. I, Lettre XXIII, p. 274-290) et une relation de l’expédition de saint Louis (XXV, p. 306-350).
[2517] On exigea pour la rançon de saint Louis un million de byzans, qui furent accordés ; mais le sultan les réduisit à huit cent mille, que Joinville évalue à quatre cent mille livres de France de son temps, et calculées par Matthieu Paris à cent mille marcs d’argent (Ducange, Dissert. 20 sur Joinville).
[2518] Joinville atteste sérieusement l’envie que les émirs témoignèrent de choisir saint Louis pour leur sultan, et cette idée ne me paraît point aussi absurde qu’à M. de Voltaire (Histoire générale, t. VI, p. 386, 387), les Mamelucks étaient eux-mêmes des étrangers, des rebelles et égaux entre eux. Ils connaissaient sa valeur, et espéraient de le convertir ; et dans, une assemblée tumultueuse cette proposition, qui ne fut point adoptée, a pu être faite par quelqu’un d’entre eux attaché secrètement au christianisme.
[2519] Voyez l’expédition dans les Annales de saint Louis, par Guillaume de Nangis (p. 270-287), et les Extraits arabes (p. 545-555, édition de Joinville, du Louvre).
[2520] Voltaire, Histoire générale, t. II, p. 391.
[2521] La chronologie des deux dynasties des Mamelucks, les Baharites turcs ou tartares de Kipzak, et les Borgites circassiens, se trouve dans Pococke (Proleg. ad Abulpharage, p. 6-31) et de Guignes (t. I, p. 264-270). Leur histoire, d’après Abulféda, Macrizi., etc., jusqu’au commencement du quinzième siècle, se trouve de même dans M. de Guignes (t. IV, p. 110-328).
[2522] Savary, Lettres sur l’Égypte, t. II, lett. XV, p. 189-208. Je doute fort de l’authenticité de cette copie ; cependant A est vrai que le sultan Selim conclut un traité avec les Circassiens ou Mamelucks d’Égypte ; et laissa entre leurs mains des armes, des richesses et du pouvoir. Voyez un nouvel Abrégé de l’Histoire ottomane, composé en Égypte et traduit par M. Digeon, tom. I, p. 55-58, Paris, 1781 : cette histoire nationale est authentique et curieuse.
[2523] Si totum quo reg num occuparunt tempus respicias, præsertim quod fini propius, reperies illud bellis, pugnis, injuriis ac rapinis refertum (Al-Jannabi, ap. Pococke, p. 31). Le règne de Mohammed (A. D. 1311-1341) offre une heureuse exception. De Guignes, t. IV, p. 208-210.
[2524] Ils sont à présent réduits à huit mille cinq cents ; mais la dépense de chaque Mameluck peut être évaluée à cent louis, et l’Égypte gémit de l’avarice et de l’insolence de ces étrangers (Voyage de Volney, t. I, p. 89-187).
[2525] Voyez l’Histoire d’Angleterre, par Carte (vol. II, p. 165-175) et ses originaux, Thomas Wikes et Walter Hemingford (l. III, c. 34, 35), Collection de Gale (t. II, p. 971, 589-592). Ils n’ont rien su ni l’un ni l’autre du pieux courage de la princesse Éléonore, qui suça la plaie envenimée, et sauva la vie de son mari au risque de la sienne.
[2526] Sanut, Secret. fidel. crucis, l. III, part. XII, c. 9, et de Guignes, Hist. des Huns, t. IV, p. 143, d’après les historiens arabes.
[2527] Toutes les Chroniques de ces temps nous font connaître l’éclat de la ville d’Acre. La plus circonstanciée est celle de Villani (l. VII, c. 144) ; dans Muratori (Scriptor. rerum ital., t. XIII, p. 337, 338).
[2528] Voyez l’expulsion finale des Francs dans Sanut (l. III, part. XII, c. 11-22), Abulféda, Macrizi, de Guignes (t. IV, p. 162-164), et Vertot (t. I, l. III, p. 401-428).
[2529] Mosheim trace l’histoire du schisme des Grecs depuis le neuvième siècle jusqu’au dix-huitième, avec érudition, clarté et impartialité. Voyez sur le filioque (Inst. Hist. ecclés., p. 277), Léon III (p. 303), Photius (p. 307, 308), Michel Cerularius (p. 370, 371).
[2530] Photius, Epistol., P. 47, édition de Montacut). Le patriarche d’Orient continue à employer les images du tonnerre, de tremblements de terre, de grêle, précurseurs de l’antéchrist, etc.
[2531] Le jésuite Petau discute le sujet mystérieux de la procession du Saint-Esprit, sous le rapport du sens ou de l’absurdité qu’il présente relativement à l’histoire, la théologie et la controverse (Dogmata theologica, t. II, l. VII, pages 362-440).
[2532] Il posa sur la châsse de saint Pierre deux boucliers d’argent pur, du poids de quatre-vingt-quatorze livres et demie, sur lesquels il inscrivit le texte des deux symboles (utroque symbolo) pro amore et cautela orthodoxœ fidei. (Anastas. in Léon III, dans Muratori, t. III, part. I, p. 208.) Son langage prouve évidemment que ni le filioque ni le symbole d’Athanase n’étaient reconnus à Rome vers l’année 830.
[2533] Les Missi de Charlemagne le pressèrent de déclarer que tous ceux qui rejetaient le filioque, ou au moins sa doctrine, seraient infailliblement damnés. Tous, répondit le pape, ne sont pas capables d’atteindre altiora mysteria ; qui potuerit et non voluerit, salvus esse non potest. (Collect. concil., t. XX, p. 277-286.) Le potuerit laissait de grandes ressources pour le salut.
[2534] Après quelques règlements très sévères, la discipline ecclésiastique s’est aujourd’hui fort relâchée en France. Le lait, le beurre et le fromage, sont une nourriture ordinaire du carême, et on y autorise l’usage des œufs par une permission annuelle, qui équivaut à une indulgence perpétuelle (Vie privée des Français, t. II, p. 21-38).
[2535] Les monuments originaux du schisme et les accusations des Grecs contre les Latins sont déposés dans les lettres de Photius (Epist. Encyclica II, p. 47-61) et de Michel Cerularius (Canisii antiq. Lectiones, l. III, part. I, p. 281-324, édit. de Basnage, avec la réponse prolixe du cardinal Humbert).
[2536] Les Conciles (édit. de Venise) contiennent tous les actes des synodes et l’histoire de Photius. On aperçoit légèrement dans l’Abrégé de Dupin et de Fleury leur prudence ou leurs préjugés.
[2537] Le synode de Constantinople, tenu en l’an 869, est le huitième des conciles généraux, la dernière assemblée de l’Orient qui ait été reconnue par l’Église romaine. Elle rejette les synodes de Constantinople des années 867 et 872, qui furent cependant également nombreux et bruyants ; mais ils furent favorables à Photius.
[2538] Voyez cet anathème dans les Conciles, t. XI, p. 1457-1460.
[2539] Anne Comnène (Alexiad., l. I, p. 31-33) peint l’horreur, non seulement de l’Église, mais de la cour, pour Grégoire VII, les papes et la communion romaine. Le style de Cinnamus et de Nicétas est encore plus véhément. Combien cependant la voix de l’histoire est calme et modérée en comparaison de celle des théologiens.
[2540] Son historien anonyme (de Expedit. Asiat. Fred. I, in Canisii Lection. antiq., t. III, part. II, p. 511, édit. de Basnage) cite les sermons du patriarche grec : Quomodo Grœcis injunxerat in remissionem peccatorum peregrinos occidere et delere de terra. Taginon observe (in Scriptores Freher, t. I, p. 409, édit. de Struve) : Grœci hœreticos nos apellant : clerici et monachi dictis et factis persequuntur. Nous pouvons ajouter la déclaration de l’empereur Baudouin, quinze ans après : Hæc est (gens) quæ Latinos omnes non homirium nomine, sed canum dignabatur, quorum sanguinem effundere pene inter merita reputabant. (Gesta Innocent III, c. 92, in Muratori, Scripit. rerum italicar., t. III, part. I, p. 536. ) Il peut y avoir quelque exagération, mais elle n’en contribua pas moins efficacement à l’action et à la réaction de la haine qui était réelle.
[2541] Voyez Anne Comnène (Alexiad., l. VI, p. 161, 162), et un passage remarquable de Nicétas dans Manuel, (l. V, c. 9), et son observation sur les Vénitiens.
[2542] Ducange, Fam. Byzant., 186, 187.
[2543] Nicétas, in Manuel, l. VII, c. 2. Guillaume de Tyr, XXII, c. 10.
[2544] Les soupçons des Grecs auraient été confirmés s’ils eussent vu les lettres politiques de Manuel au pape Alexandre III, l’ennemi de son ennemi Frédéric Ier, dans lesquelles l’empereur déclare le désir de réunir les Grecs et les Latins en un seul troupeau sous un seul berger, etc. Voyez Fleury, Hist. ecclés., t. XV, p. 187, 213-243.
[2545] Voyez les relations des Grecs et des Latins dans Nicétas, dans Alexis Comnène (c. 10), et Guillaume de Tyr (l. XXII, c. 10, 11, 12, 13) ; la première, modérée et concise ; la seconde, verbeuse, véhémente et tragique.
[2546] Le sénateur Nicétas a composé en trois livres l’histoire du règne d’Isaac l’Ange (p. 228-290), et les charges de logothète ou principal secrétaire, et de juge du voile ou du palais, ne donnent pas lieu d’attendre de sa part une grande impartialité. Il est vrai qu’il n’écrivit qu’après la chute et la mort de son bienfaiteur.
[2547] Voyez Bohadin (Vit. Saladin, p. 129-131, 226, vers. Schultens), L’ambassadeur d’Isaac parlait également le français, le grec et l’arabe, et c’est un phénomène pour ce siècle. On reçut honorablement ses ambassades ; mais elles ne produisirent d’autre effet que beaucoup de scandale dans l’Occident.
[2548] Ducange, Fam. dalmat., p. 318, 319, 320. La correspondance du pontife romain avec le roi des Bulgares se trouve dans les Gesta Innocent III, chap. 66- 82, p. 513-525.
[2549] Le pape reconnaît son origine, a nohili urbis Romœ prosapia genitores tui originem traxerunt. M. d’Anville (États de l’Europe, p. 258-262) explique cette tradition et la forte ressemblance de la longue latine avec l’idiome de Valachie. Le torrent des émigrations avait entraîné les colonies placées par Trajan dans la Dacie, des bords du Danube sur ceux du Volga ; et une seconde vague les avait ramenées du Volga au Danube. Cela est possible, mais fort extraordinaire.
[2550] Cette parabole est bien dans le style sauvage ; mais je voudrais que le Valaque n’y eût pas fait entrer le nom classique des Mysiens, les expériences de la pierre d’aimant, et le passage d’un ancien poète comique. Nicétas, in Alex. Comneno, l. I, p. 299-300.
[2551] Les Latins aggravent l’ingratitude d’Alexis, en supposant que son frère Isaac l’avait délivré des mains des Turcs qui le tenaient en captivité. On a sans doute affirmé ce conte pathétique à Venise et à Zara, mais je n’en trouve aucune trace dans les historiens grecs.
[2552] Voyez le règne d’Alexis l’Ange ou Comnène dans les trois livres de Nicétas, p. 291-352.
[2553] Voyez Fleury (Hist. ecclés., t. XVI, p. 26, etc.), et Villehardouin, n° 1, avec les Observations de Ducange, que je suis toujours censé citer avec le texte original.
[2554] La Vie contemporaine du pape Innocent III, publiée par Baluze et Muratori (Script. rerum ital., t. III, part. I, p. 486-568), est très précieuse par l’importance des instructions insérées dans le texte ; on peut y lire la bulle de la croisade, c. 84, 85.
[2555] Porce cil pardon fut issi gran, se s’en esmeurent mult li cuers des genz, et mult s’en croisierent, pprce que li pardons ere si gran. (Villehardouin, n° 1.) Nos philosophes peuvent raffiner sur les causes des croisades ; mais tels étaient les véritables sentiments d’un chevalier français.
[2556] Ce nombre de fiefs, dont dix-huit cents devaient hommage lige, était enregistré dans l’église de Saint-Étienne de Troyes, et fut attesté en 1213 par le maréchal de la Champagne (Ducange, Observ., p. 254).
[2557] Campania..... militiœ privilegio singularis excellit... in tyrociniis... prolusione armorum, etc. Ducange, p 249, tiré de l’ancienne Chronique de Jérusalem, A. D. 1177-1199.
[2558] Le nom de Villehardouin tire son origine d’un village ou château du diocèse de Troyes, entre Bar et Arcis. La famille était noble et ancienne. La branche aînée de notre historien subsista jusqu’en 1400 ; la cadette, qui acquit la principauté de l’Achaïe, se fondit dans la maison de Savoie (Ducange, p. 235-245).
[2559] Son père et ses descendants possédèrent cet office ; mais Ducange n’en a pas suivi la trace avec son activité ordinaire. Je trouve qu’en 1356 cet office passa dans la maison de Conflans ; mais ces maréchaux de province sont éclipsés depuis longtemps par les maréchaux de France.
[2560] Ce langage, dont je donnerai quelques échantillons, a été expliqué par Vigenère et Ducange dans une version et un glossaire. Le président de Brosses (Mécanisme des langues, t. II, p. 83) le donne comme un modèle du langage qui a cessé d’être français ; et qui ne peut être compris que par les grammairiens.
[2561] Son âge et son expression, moi qui ceste œuvre dicta (n° 62, etc.), peuvent faire naître le soupçon (plus fondé que celui de M. Wood relativement, à Homère) qu’il ne savait ni lire ni écrite. Cependant la Champagne peut se vanter d’avoir produit les deux premiers historiens, les nobles pères de la prose française, Villehardouin et Joinville.
[2562] La croisade, les règnes du comte de Flandre, de Baudouin et de son frère Henri, font le sujet particulier d’une Histoire composée par Dautremens, jésuite (Constantinopolis Belgica, Tournai, 1638, in-4°), que je ne connais que d’après ce qu’en a dit Ducange.
[2563] Tome VI, chapitre XXII.
[2564] Pagi (Critica, t. III, A. D. 810, n° 4, etc.) discute la fondation, l’indépendance de Venise, et l’invasion de Pépin. (Voyez la Dissert. de Beretti, Chor. Ital. medii œvi, in Muratori, Script., t. X, p. 153.) Les deux critiques montrent un peu de partialité, le Français contre, et l’Italien pour la république.
[2565] Lorsque le fils de Charlemagne réclama ses droits de souveraineté, les fidèles Vénitiens lui répondirent : Οτι ημεις δουλοι θελομεν ειναι του Ρομαιων βασιλεως (Constant. Porphyrogénète, de Admin. Imper., part, II, c. 28, p. 85) ; et la tradition du neuvième siècle établit le fait du dixième, confirmé par l’ambassade, de Luitprand de Crémone. Le tribut annuel que l’empereur leur permit de payer au roi d’Italie double leur servitude en l’allégeant ; mais le mot odieux de δουλοι doit se traduire, comme dans la chartre de 827 (Laugier, Hist. de Venise, t. I, p.67, etc.), par le terme plus doux, de subditi fideles.
[2566] Voyez les vingt-cinquième et trentième Dissertations des antiquités du moyen âge par Muratori. L’histoire du commerce par Anderson ne date le commerce des Vénitiens avec l’Angleterre que de l’année 1323. L’abbé Dubos (Hist. de la Ligue de Cambrai, t. II, p. 443-480) donne une description intéressante de l’état florissant de leur commerce et de leurs richesses au commencement du quinzième siècle.
[2567] Les Vénitiens n’ont écrit et publié leur histoire que fort tard. Leurs plus anciens monuments sont : 1° la sèche Chronique (peut-être) de Jean Sagornin (Venise, 1765, in-8°) qui représente l’état et les mœurs de Venise dans l’année 1028 ; 2° l’histoire plus volumineuse du doge (1342-1354) André Dandolo, publiée pour la première fois dans le douzième tome de Muratori, A. D. 1728. L’histoire de Venise, par l’abbé Laugier (Paris, 1728), est un ouvrage de quelque mérite, dont je me suis servi principalement pour la partie de la constitution de cette république.
[2568] Henri Dandolo avait, quatre-vingt-quatre ans quand il fut élu doge (A. D. 1192), et quatre-vingt-dix-sept quand il mourut (A. D. 1205). Voyez les Observations de Ducange sur Villehardouin, n° 204. Mais les écrivains originaux ne font aucune réflexion sur cette extraordinaire longévité. Il n’existe pas, je crois, un second exemple d’un héros presque centenaire. Théophraste pourrait servir d’exemple d’un écrivain de près de quatre-vingt-dix ans : mais au lieu de εννενηκουτα (Proœm. ad Character.), je me sens aussi disposé à lire εβδομεκοντα, comme l’a jugé son dernier éditeur Fischer, et comme l’a pensé d’abord Casaubon. Il est presque impossible que le corps et l’imagination conservent leur vigueur dans un âge si avancé.
[2569] Les Vénitiens modernes (Laugier, t. II, p. 119) accusent l’empereur Manuel ; mais cette calomnie est réfutée par Villehardouin et les anciens écrivains, qui supposent que Dandolo perdit la vue à la suite d’une blessure (n° 34 et Ducange).
[2570] Voyez le traité original dans la Chronique d’André Dandolo, p. 323-326.
[2571] En lisant Villehardouin, on ne peut s’empêcher de remarquer que le maréchal et ses confrères les chevaliers répandaient fréquemment des larmes. Sachiez que la ot mainte lerme plorée de pitié (n° 17) ; mult plorant (ibid.) ; mainte lerme plorée (n° 34) ; si orent mult pitié et plorerent mult durement (n° 6o) ; i ot maint lerme plorée de pitié (n° 202). Ils pleuraient dans toutes les occasions, tantôt de douleur, tantôt de joie, et tantôt de dévotion.
[2572] Par une victoire contre les citoyens d’Asti (A. D. 1191), par une croisade dans la Palestine et par une ambassade du pape chez les princes allemands (Muratori, Annali d’Italia, t. X, p. 163-202).
[2573] Voyez la croisade des Allemands dans l’Historia C. P. de Gunther (Can. antiq. Lect., t. IV, p. v-viij), qui célèbre le pèlerinage de Martin, son abbé, un des prédicateurs rivaux de Foulques de Neuilly. Son monastère, de l’ordre de Cîteaux, était situé dans le diocèse de Bâle.
[2574] Jadera, aujourd’hui Zara, était une colonie romaine qui reconnaissait Auguste pour son fondateur. Elle a environ, dans l’état présent, deux milles de tour, et contient cinq à six mille habitants ; mais, elle est très bien fortifiée, et tient à la terre ferme par un pont. Voyez les Voyages de Spon et de Wheeler, Voyages de Dalmatie, de Grèce, etc., t. I, p. 64-70 ; Voyage en Grèce, p. 8-14. Ce dernier, confondant sestertia et sestertii, évalue un arc de triomphe décoré de colonnes et de statues, à douze livres st. Si de son temps il n’y avait point d’arbres dans les environs de Zara, c’est qu’on n’y avait pas encore planté apparemment les cerisiers qui nous fournissent de si excellent marasquin.
[2575] Katona (Hist. crit. reg. Hungar. Stirpis Arpad., t. IV, p. 536-555) rassemble les faits et les témoignages les plus défavorables aux conquérants de Zara.
[2576] Voyez toute la transaction et les sentiments du pape dans les Épîtres d’Innocent III. Gesta, c. 86, 87, 88.
[2577] Un lecteur moderne est surpris d’entendre nommer le jeune Alexis le valet de Constantinople, à raison de son âge, comme on dit les infants d’Espagne et le nobilissimus puer des Romains : les pages ou valets des chevaliers étaient aussi nobles que leurs maîtres (Villehardouin et Ducange, n° 36).
[2578] Villehardouin (n° 38) nomme l’empereur Isaac sursac, mot dérivé probablement du mot français sire ou du grec Κυρ (κυριος), avec la terminaison du nom propre ; les noms corrompus de Tursac et de Conserac, que nous trouverons par la suite, nous donneront une idée de la licence que prenaient à cet égard les anciennes dynasties d’Assyrie et d’Égypte.
[2579] Reinier et Conrad : l’un épousa Marie, fille de l’empereur Manuel Comnène ; l’autre était marié à Théodora Angela, sœur des empereurs Isaac et Alexis. Conrad abandonna la cour de Byzance et la princesse pour aller défendre la ville de Tyr contre Saladin (Ducange, Fam. Bizant., p. 187-203).
[2580] Nicétas (in Alex. Comn., l. III, c. 9) accuse le doge et les Vénitiens d’avoir été les auteurs de la guerre contre Constantinople, et ne considère que comme κυμα υπερ κυματι l’arrivée et les offres honteuses du prince exilé.
[2581] Villehardouin et Gunther expliquent les sentiments des deux partis. L’abbé Martin quitta l’armée à Zara, passa dans la Palestine, fut envoyé comme ambassadeur à Constantinople, et devint malgré lui le témoin du second siège.
[2582] La naissance et la dignité d’André Dandolo lui donnaient des motifs et des moyens pour rechercher dans les archives de Venise l’histoire de son illustre ancêtre. Le laconisme de son récit rend un peu suspectes les relations modernes et verbeuses de Sanudo (in Muratori, Scriptores rerum italicarum, t. XXII), Blondus, Sabellicus et Rhamnusius.
[2583] Villehardouin, n° 62. Ses sentiments sont aussi originaux que sa manière de les exprimer ; il est sujet à pleurer, mais ne se réjouit pas moins de la gloire et du danger des combats avec un enthousiasme auquel un écrivain sédentaire ne peut atteindre.
[2584] Dans ce Voyage, presque tous les noms géographiques se trouvent défigurés par les Latins : le nom moderne de Chalcis et de toute l’Eubée est dérivé du nom de l’Euripus, d’où Evripo, Negripo, Négrepont, qui déshonore nos cartes. D’Anville, Géogr. ancienne, t. I, p. 263.
[2585] Et sachiez que il ne ot si hardi cui le tuer ne fremist (c. 67)..... Chascuns regardoit ses armes..... que par tems en aront mestier (c.68). Telle est la franchise du vrai courage.
[2586] Gunther, Hist. C. P., c. 8, p. 10.
[2587] Nicétas, in Alex. Comneno, l. III, c. 9, p 348.
[2588] D’après la traduction de Vigenère, j’adopte le nom sonore de palandre, dont on se sert, je crois, encore dans les parages de la Méditerranée. Cependant, si j’écrivais en français, j’emploierais le mot primitif et expressif de vessiers ou huissiers, tiré de huis, vieux mot qui signifiait, une porte que l’on baissait comme un pont-levis, mais qui à la mer se relevait en dedans du bâtiment. Voyez Ducange ou Villehardouin, n° 14 ; et Joinville, p. 27, 28, édition du Louvre.
[2589] Pour éviter l’expression vague de suite ou suivants, etc., je me sers, d’après Villehardouin, du nom de sergents, pour indiquer tous les cavaliers qui n’étaient point chevaliers. Il y avait des sergent d’armes et des sergents de lois, et on peut, à la parade et dans la salle de Westminster, observer l’étrange résultat de cette distinction. Ducange, Gloss. lat., Servientes, etc., t. VI, p. 226-231.
[2590] Il est inutile d’observer qu’au sujet de Galata, de la chaîne, etc., le récit de Ducange est complet et circonstancié. Consultez aussi les chapitres particuliers du C. P. Christiana du même auteur. Les habitants de Galata étaient si vains et si ignorants, qu’ils s’appliquèrent l’Epître de saint Paul aux Galatiens.
[2591] Le vaisseau qui rompit la chaîne portait le nom d’Aquila, l’Aigle (Dandolo, Chron., p. 322 ), que Blondus (de Gesta Venet.) a transformé en Aquilo, vent du nord. Ducange (dans ses Observations, n° 83) adopte ce dernier ; mais il ne connaissait pas le texte irrécusable de Dandolo, et il négligea d’observer la topographie du port ; le vent dd sud-est aurait été infiniment plus favorable à l’expédition que le vent du nord.
[2592] Quatre cent mille hommes ou plus (Villehardouin, n° 134), doit s’entendre d’hommes en état de porter les armes. Le Beau (Hist. du Bas-Empire, t. XX, p. 417) accorde à Constantinople un million d’habitants, soixante mille hommes de cavalerie, et une multitude innombrable de soldats. Dans son état de dégradation, la capitale de l’empire ottoman contient aujourd’hui quatre cent mille âmes (Voyages de Bell, vol. II, p. 401, 402) ; mais comme les Turcs ne tiennent aucun registre des morts ni des naissances, et que tous les rapports sont suspects, il est impossible de constater leur population réelle. Niebuhr, Voyage en Arabie, t. I, p. 18, 19.
[2593] D’après les plans les plus corrects de Constantinople. Je ne puis admettre qu’une étendue de quatre mille pas. Cependant Villehardouin fixa l’espace à trois lieues (n° 86). Si ses yeux ne l’ont pas trompé, il faut croire qu’il comptait par lieues gauloises, qui n’étaient que de quinze cents pas, et dont peut-être, on se sert encore en Champagne.
[2594] Villehardouin (n° 89-95) désigne les gardes, ou Varangi par les noms d’Anglois et de Danois avec leurs haches. Quelle que fut leur origine, un pèlerin français ne pouvait se tromper sur les nations dont ils étaient alors composés.
[2595] Pour le premier siège et la conquête de Constantinople, on peut lire la lettre originale des croisés à Innocent III, Villehardouin (n° 75-99), Nicétas (in Alexio Comneno, l. III, c. 10, p. 349-352), Dandolo (in Chron., p. 322). Gunther et l’abbé Martin n’étaient point encore de retour de leur premier pèlerinage à Jérusalem ou à Saint-Jean-d’Acre, où ils demeuraient obstinément, quoique la plus grande partie de leurs compagnons y fussent morts de la peste.
[2596] Comparez, dans la grossière énergie de Villehardouin (n° 66-100) l’intérieur de Constantinople, ses environs, et l’impression que ce spectacle fit aux croisés : Ceste ville, dit-il, que de toutes les autres ere souveraine. Voyez les passages de cette description dans Foulcher de Chartres (Hist. Hieros, tom. X, chap. 4) et Guillaume de Tyr (II, 3 ; XX, 6).
[2597] En jouant aux dés, les Latins lui ôtèrent son diadème, et le coiffèrent d’un bonnet de laine ou de poil. (Nicétas, p.358.) Si cette plaisanterie lui fut faite par des Vénitiens, c’était une suite de l’insolence naturelle aux négociants et aux républicains.
[2598] Villehardouin, n° 181 ; Dandolo, p. 322. Le doge affirme que les Vénitiens furent payés plus lentement que les Français ; mais il observe que l’histoire des deux nations n’est point d’accord sur cet objet. Avait-il lu Villehardouin ? Les Grées se plaignirent, quod totius Grœcciœ oes transtulisset (Gunther, Hist. C. P., c. 13). Voyez les lamentations, et les invectives de Nicétas, p. 355.
[2599] Le règne d’Alexis Comnène contient dans Nicétas trois livres entiers ; et il expédie en cinq chapitres la courte restauration d’Isaac et de son fils (p. 352-362).
[2600] Nicétas, en reprochant à Alexis son alliance impie, insulte dans les termes les plus offensants à la religion du pape de Rome (p. 348). Telles furent les expressions de tous les Grecs jusqu’à la subdivision totale de leur empire.
[2601] Nicétas (p. 355) est positif dans ses accusations, et charge particulièrement les Flamands ; mais il regardé mal à propos leur nom comme ancien. Villehardouin (n° 107) disculpe les barons, et ignore ou affecte d’ignorer le nom des coupables.
[2602] Comparez les plaintes et les soupçons de Nicétas (p. 358462) avec les accusations positives de Baudouin de Flandre (Gesta Innocent. III, chap. 92, p. 53), cum patriarcha et mole nobilium, nobis promissis perjurus et mendax.
[2603] Il se nommait Nicolas Canabus : Nicétas en fait l’éloge, et Mourzoufle le sacrifia à sa vengeance (p. 362).
[2604] Villehardouin (n° 16) en parle comme d’un favori, et semble ignorer qu’il était prince du sang impérial, et de la maison de Ducas. Ducange, qui furète partout, soupçonne qu’il était le fils d’Isaac Ducas Sébastocrator, et cousin issu de germain du jeune empereur Alexis.
[2605] Nicétas atteste cette négociation, qui parait assez probable (p. 365) ; mais Villehardouin et Dandolo la regardent comme honteuse, et la passent sous silence.
[2606] Baudouin parle de ces deux tentatives contre la flotte (Gesta, c. 92, p. 534, 535) ; Villehardouin (n° 113-115) ne parle que de la première : il est à remarquer qu’aucun de ces guerriers n’observe aucune propriété particulière aux feux grégeois.
[2607] Ducange (n° 119) nous inonde d’un torrent d’érudition relativement au gonfanon impérial. On montre encore cette bannière de la Vierge à Venise comme un trophée et une relique. Si c’est la véritable, le pieux Dandolo a trompé les moines de Cîteaux.
[2608] Villehardouin (n° 126) avoue que mult ere grant péril ; et Gunther (Hist. C. P., c. 13) affirme que nulla spes victoriæ arridere poterat. Cependant le chevalier parle avec mépris de ceux qui pensaient à la retraite ; et le moine donne des louanges à ceux de ses compatriotes qui étaient résolus de mourir les armes à la main.
[2609] Baudouin et tous les écrivains honorent les noms de ces deux galères de felici auspicio.
[2610] En faisant allusion à Homère, Nicétas l’appelle εννεα οργυιας, haut de neuf orgyæ ou dix-huit verges anglaises, environ cinquante pieds. Une pareille taille aurait en effet rendu le terreur des Grecs fort excusable. L’auteur paraît dans cette occasion plus attaché aux merveilles qu’à son pays, ou peut-être à la vérité. Baudouin s’écrie, dans les termes du psalmiste : Persequitur unus ex nabis centum alienos.
[2611] Villehardouin (n° 130) ignore encore les auteurs de cet incendie ; moins condamnable que le premier, et dont Gunther accuse quidam cornes Teutonict (c. 14). Ils semblent rougir, les incendiaires !
[2612] Pour le second siége et la conquête de Constantinople, voyez Villehardouin (n° 113-132), la deuxième lettre de Baudouin à Innocent III (Gesta, c. 92, p. 534-537), et le règne, entier de Mourzoufle dans Nicétas 363-35). Voyez aussi quelques passages de Dandolo (in Chron. Venet., p. 323-330), et Gunther (Hist. C. P., c. 14, 18), qui ajoutent le merveilleux des visions et des prophéties. Le premier cite un oracle de la sibylle Erythrée, ni annonce un grand armement sur la mer Adriatique, sous la conduite d’un général aveugle, et destiné contre Byzance, etc. prédiction fort surprenante, si elle n’était pas postérieure à l’événement.
[2613] Ceciderunt tamen ea die civium, quasi duo millia, etc. (Gunther, c. 18.) L’arithmétique est une pierre de touche pour évaluer l’exagération de la passion et des figures de rhétorique.
[2614] Quidam (dit Innocent III, Gesta, c. 94, p. 538) nec religioni, nec œtati, nec sexui pepercerunt : sed fornicationes, adulteria et incestus in oculis omnium exercentes, non solum maritatas et viduas, sed et matronas et virgines Deoque dicatas exposuerunt spurcitiis garcionum. Villehardouin ne parle point de ces accidents communs à la guerre.
[2615] Nicétas sauva et épousa dans la suite une vierge noble qu’un soldat, επι μαρτυσι πολλοις ονηδον επιβρωμωμενος, avait presque violée, sans égard pour εντολαι, ενταλματα ευ γεγονοτων.
[2616] En parlant de la masse générale des richesses, Gunther observe, ut de pauperibus et advenis cives ditissimi redderentur (Hist. C. P., c. 18) ; Villehardouin (n° 132), que depuis la création ne fut tant gaaignié dans une ville ; Baudouin (Gesta, c. 92), ut tantum tota non videatur possidere Latinitas.
[2617] Villehardouin, n° 133-135. Il y a une variante dans le texte ; et l’on peut lire cinq cent mille au lieu de quatre cent mille. Les Vénitiens avaient offert de prendre la masse entière des dépouilles, et de donner quatre cents marcs à chaque chevalier, deux cents à chaque prêtre ou cavalier, et cent à chaque soldat. Ce marché n’aurait pas été avantageux pour la république (Le Beau, Hist. du Bas-Empire, t. XX, p. 506 ; je ne sais d’où il a pris cela).
[2618] Au concile de Lyon (A. D. 1245), les ambassadeurs d’Angleterre évaluèrent le revenu de la couronne comme inférieur à celui du clergé étranger, qui montait à soixante mille marcs chaque année (Matthieu Paris, p. 451 ; Hist. d’Angleterre, par Hume, vol. II, p. 170).
[2619] Nicétas décrit d’une manière pathétique le sac de Constantinople et ses malheurs personnels (p. 367-369, et dans le Status urbis C. P., p. 375-384) ; Innocent III (Gesta, c. 92) confirme la réalité même des sacrilèges que déplorait Nicétas ; mais Villehardouin ne laisse apercevoir ni pitié ni remords.
[2620] Si j’ai bien compris le texte grec de Nicétas, leurs mets favoris étaient des culottes de bœuf bouillies, du porc salé avec des pois, et de la soupe avec de l’ail et des herbes acres ou acides (p. 382).
[2621] Nicétas emploie des expressions très dures (Fragm., apud Fabricius, Bibl. græc., t. VI, p. 414). Il est vrai que ce reproche s’applique particulièrement à leur ignorance de la langue grecque et des sublimes ouvrages d’Homère. Les Latins des douzième et treizième siècles ne manquaient point d’ouvrages de littérature dans leur propre langue. Voyez les Recherches philologiques de Harris, p. 111, c. 9, 10, 11).
[2622] Nicétas était né à Chonæ en Phrygie (l’ancienne Colosses de saint Paul). Il s’était élevé au rang de sénateur, de juge du Voile et de grand logothète. Après la ruine de l’empire, dont il fut témoin et victime, il se retira à Nicée, et composa une histoire complète et soignée depuis la mort d’Alexis Comnène jusqu’au règne de Henri.
[2623] Un manuscrit de Nicétas (dans la Biblioth. Bodléienne) contient ce fragment curieux sur les statues de Constantinople, que la fraude ou la honte, ou plutôt la négligence, a omis dans les autres éditions. Il a été publié par Fabricius (Bibl. grœc., t. VI, p. 405-416), et loué excessivement par l’ingénieux M. Harris de Salisbury (Rech. Philologiques, part. III, c. 5, p. 301-312).
[2624] Pour nous donner l’idée de la statue d’Hercule, M. Harris a cité une épigramme et donné la figure d’une superbe pierre, qui cependant ne copie point l’attitude de la statue, qui représentait Hercule sans massue, la jambe et le bras droits étendus.
[2625] Je transcris littéralement les proportions données par Nicétas, qui me paraissent très ridicules, et feront peut-être juger que le bon goût prétendu de ce sénateur se réduisait à de l’affectation et de la vanité.
[2626] Nicétas, in Isaaco Ang. et Alex., c. 3, p. 359. L’éditeur latin observe très judicieusement que l’historien fait dans son style emphatique ex pulice elephantem.
[2627] Nicétas, dans deux passages (édition de Paris, p. 360 ; Fabricius, p. 408) couvre les Latins du reproche piquant de οι του καλου ανεραστοι Βαρβαροι, et il s’explique clairement sur leur avidité pour le cuivre. Cependant les Vénitiens eurent le mérite de transporter quatre chevaux de bronze de Constantinople à la place de Saint-Marc (Sanuto, Vite dei Dogi, in Muratori, Script. rerum italicar., tom. XXII, p. 534).
[2628] Winckelmann, Hist. de l’Art, t. III, p. 269-270.
[2629] Voyez le vol pieux de l’abbé Martin transporta une riche cargaison dans son couvent de Paris, diocèse de Bâle (Gunther, Hist. C. P., c. 19-23, 24). Cependant, en dérobant ces saintes dépouilles, le saint encourut la peine d’excommunication, et fut peut-être infidèle à un serment.
[2630] Fleury, Hist. ecclés., t. XVI, p. 139-145.
[2631] Je terminerai ce chapitre par quelques mots sur une histoire moderne, qui donne les détails de la prise de Constantinople par les Latins, mais qui n’est tombée qu’un peu tard entre mes mains. Paolo Ramusio, le fils du compilateur de Voyages, fut nommé par le sénat de Venise pour écrire l’histoire de la conquête. Il reçut cet ordre dans sa jeunesse, et l’exécuta quelques années après. Il composa en latin un ouvrage élégamment écrit, intitulé : de Bello Cons tantinopolitano et imperatoribus Comnenis per Callos et Venetos restitutis (Venise, 1635, in-fol). Ramisio ou Rhamnusus transcrit et traduit, sequitur ad unguem, un manuscrit de Villehaidouin qu’il possédait ; mais il a enrichi son récit de matériaux grecs et latins, et nous lui devons la description correcte de la flotte, les noms des cinquante nobles Vénitiens, qu’il commandaient les galères de la république, et la connaissance de l’opposition patriotique de Pantaléon Barbi au choix du doge pour empereur.
[2632] Voyez l’original du traité de partage dans la Chronique d’André Dandolo (p. 326-330), et l’élection qui en fut la suite, dans Villehardouin (n° 136-140), les Observations de Ducange et le premier livre de l’Histoire de Constantinople sous l’empire des Français.
[2633] Après avoir rapporté la nomination du doge par un électeur français, son parent André Dandolo approuve son exclusion, quidam Venetorum fidelis et nobilis senex, usus oratione satis probabili, etc., que les écrivains modernes, depuis Blondus jusqu’à Le Beau, ont brodée chacun à leur fantaisie.
[2634] Nicétas (p. 384), vain et ignorant comme un Grec, désigne le marquis de Montferrat comme le chef d’une puissance maritime ; peut-être a-t-il été induit en erreur par le thème byzantin, de Lombardie, situé sur les côtes de la Calabre.
[2635] Ils exigèrent de Morosini qu’il fit serment de ne recevoir dans le chapitre de Sainte-Sophie, chargé de droit des élections, que des Vénitiens qui auraient habité Venise au moins pendant dix ans ; mais le clergé fut jaloux de la prérogative qu’ils s’arrogeaient, le pape la, désapprouva, et des six patriarches latins de Constantinople, le première et le dernier furent seuls Vénitiens.
[2636] Nicétas, p. 383.
[2637] Les lettres d’Innocent III fournissent de riches matériaux pour l’histoire des institutions civiles et ecclésiastiques de l’empire latin de Constantinople. Les plus importantes de ces lettres (dont Etienne Baluze, a publié la collection en deux volumes in-folio) sont insérées dans ses Gesta, dans Muratori, Script. rerum italic., t. III, part. I, c. 94-105.
[2638] Dans le traité de partage les copistes ont défiguré presque tous les noms. On pourrait les rectifier, et une bonne carte adaptée au dernier siège de l’empire de Byzance serait d’un grand secours à la géographie ; mais malheureusement d’Anville n’existe plus.
[2639] Leur style état dominus quartæ partis et dimidiœ imperii Romani ; et ils le conservèrent jusqu’à l’année 1356, où Giovanni Dolfino fut nommé doge (Sanut, p. 430-641). Pour le gouvernement de Constantinople, voyez Ducange, Hist. C. P., I, 37.
[2640] Ducange (Hist. C. P., II, 6) a rapporté la conquête que firent la république ou les nobles Vénitiens, des îles de Candie, de Corfou, Céphalonie, Zanthe, Naxos, Paros, Mélos, Andros, Mycone, Scyros, Céos et Lemnos.
[2641] Boniface vendit l’île de Candie le 12 du mois d’août de l’année 1204. Voyez la transaction dans Sanut, p. 534 ; mais j’ai peine a concevoir comment cette île était le patrimoine de sa mère, ou comment sa mère pouvait être la fille d’un empereur du nom d’Alexis.
[2642] En 1212, le doge Pierre Zani envoya dans l’île de Candie une colonie tirée des différents quartiers de Venise ; mais les natifs de cette île, par leurs mœurs sauvages et leurs fréquentes révoltes, pouvaient être comparés aux Corses sous le joug des Génois ; et lorsque je rapproche le récit de Belon de celui de Tournefort, je ne vois pas grande différence encre la Candie des Vénitiens et celle des Turcs.
[2643] Villehardouin (n° 159, 160, 173-177) et Nicétas (p.387-394) racontent l’expédition du marquis Boniface dans la Grèce. Le citoyen de Chones a pu tenir ces détails de son frère Michel, archevêque d’Athènes, qu’il représente comme un orateur éloquent, un homme d’État habile, et par-dessus tout comme un saint. On aurait pu tirer des manuscrits de Nicétas qui se trouvent à la Bibliothèque Bodléienne, son éloge d’Athènes et sa description de Tempé (Fabricius, Bibl. græc., t. VI, p. 405), et elles auraient mérité d’occuper les recherches de M. Harris.
[2644] Napoli de Romanie ou Nauplia, l’ancien port de mer d’Argos, est encore une place fort considérable ; elle est assise sur une péninsule environnée de rochers, et a un bon port. Voyez les Voyages de Chandler dans la Grèce, p. 227.
[2645] J’ai adouci l’expression de Nicétas, qui s’efforce de faire ressortir la présomption des Francs. Voyez de Rebus post C. P. expugnatam, p. 375-384.
[2646] Cette ville, environnée par la rivière de l’Hèbre, à six lieues d’Andrinople, reçut des Grecs raison de son double mur, le nom de Didymoteichos, qui fut insensiblement changé en celui de Demotica ou Dimot. J’ai préféré le nom moderne de Demotica. Ce fut le dernier lieu qu’habita Charles XII durant son séjour en Turquie.
[2647] Villehardouin rend compte de leur querelle (n° 146-158) avec le ton de la franchise et de la liberté. L’historien grec (p. 387) rend hommage au mérite et à la réputation du maréchal : il ne ressemble point à certains héros modernes, dont les exploits ne sont connus que par leurs mémoires.
[2648] Voyez la mort de Mourzoufle dans Nicétas (p. 393), Villehardouin (n° 14, 145, 163) et Gunther (c. 20, 21). Ni le maréchal ni le moine n’annoncent le moindre mouvement de pitié pour un usurpateur ou un rebelle, dont le supplice était cependant d’un genre plus nouveau que ses crimes.
[2649] La colonne d’Arcadius ; dont les bas-reliefs représentent ses victoires ou celles de son père Théodose, existe encore à Constantinople ; on en trouve la description et la mesure dans les ouvrages de Gyllius (Topograph., IV, 7), Sanduri (ad. l. I, Antiquit. C. P., p. p. 507, etc.) et Tournefort (Voyage du Levant, t. II, lett. 12, p. 231).
[2650] Le conte ridicule de Gunther relativement à cette columna fatidica ne mérite aucune attention ; mais il est assez extraordinaire que cinquante ans avant la conquête des Latins, le poète Tzetzes (Chiliad., IX, 277) ait raconté le songe d’une matrone qui avait vu usée armée dans le Forum, et un homme assis sur la colonne, frappant ses mains l’une contre l’autre, et jetant un grand cri.
[2651] Ducange (Fam. byzant.) a examiné soigneusement et représenté avec clarté les dynasties de Nicée, de Trébisonde et d’Épire, dont Nicétas vit les commencements sans en concevoir de grandes espérances.
[2652] Si l’on excepte quelques faits contenus dans Pachymère et Nicéphore Grégoras, et que nous citerons dans la suite, les historiens de Byzance ne daignent point parler de l’empire de Trébisonde ou de la principauté des Lazi. Les Latins n’en font guère mention que dans les romans des quatorzième et quinzième siècles. Cependant l’infatigable Ducange a découvert (Fam. byzant., p. 192) deux passages authentiques dans Vincent de Beauvais (l. XXXI, c. 144) et le protonotaire Ogier (ap. Wadding, A. D. 1279, n° 4).
[2653] Nicétas fait un portrait des Francs-Latins, où l’on reconnaît partout la touche du ressentiment et des préjugés.
[2654] Je commence à me servir ici avec confiance et liberté des huit livres de l’Hist. C. F sous l’empire des Français, que Ducange a donnés pour supplément à l’histoire de Villehardouin, et qui, bien qu’écrite d’un style barbare, à cependant le mérite d’être un ouvrage classique et original.
[2655] On peut voir dans la réponse de Joannice au pape, ses réclamations et ses plaintes (Gesta Innocent III, chap. 108, 109) ; on le chérissait à Rome comme l’enfant prodigue.
[2656] Les Comans étaient une horde de Tartares ou de Turcomans, qui campaient, dans les douzième et treizième siècles, sur les frontières de la Moldavie. Il y avait parmi eux un grand nombre de païens et quelques mahométans. Toute la horde fut convertie au christianisme (A. D. 1370) par Louis, roi de Hongrie.
[2657] Nicétas, par haine ou par ignorance, impute la défaite à la lâcheté de Dandolo (p. 383) ; mais Villehardouin partage sa propre gloire avec son vénérable ami, qui viels home ere et gote ne veoit, mais mult ere sages et preus et vigueros (n° 193).
[2658] La géographie exacte et le texte original de Villehardouin (n° 194) placent Rhodosto à trois journées de chemin (trois jornées) d’Andrinople ; mais Vigenère, dans sa version, a ridiculement substitué trois heures ; et cette erreur, que Ducange n’a point corrigée, a fourvoyé plusieurs modernes dont je tairai les noms.
[2659] Villehardouin et Nicétas (p. 386-416) racontent le règne et la mort de Baudouin ; et Ducange supplée à leurs omissions dans ses Observations et à la fin de son premier livre.
[2660] Après avoir écarté toutes les circonstances suspectes et improbables, nous pouvons prouver la mort de Baudouin, 1° par l’opinion des barons qui n’en doutaient pas (Villehardouin, n° 230) ; 2° par la déclaration de Joannice ou Calo-Jean, qui s’excuse de n’avoir pas donné la liberté à l’empereur, quia debitum carnis exsolverat cum carcere teneretur (Gesta Innocent. III, c. 109).
[2661] Voyez l’histoire de cet imposteur, d’après les écrivains français et flamands, dans Ducange (Hist. C. P., III, 9) et les fables ridicules adoptées par les moines de Saint-Alban, dans Matthieu Paris (Hist. maj., p 271, 272).
[2662] Villehardouin, n° 257. Je cite avec regret cette triste conclusion. Nous perdons à la fois l’original de l’Histoire et les Commentaires précieux de Ducange. Les deux lettres de Henri au pape Innocent III jettent quelque clarté sur les dernières pages de notre auteur (Gesta, c.106, 107).
[2663] Le maréchal vivait encore en 1212 ; mais il est probable, qu’il mourut peu de temps après cette époque, et qu’il ne retourna point en France (Ducange, Observations sur Villehardouin, p. 238). Son fief de Messinople ; qu’il tenait de Boniface, était l’ancienne Maximianopolis, qui florissait du temps d’Ammien Marcellin parmi les villes de la Thrace (n° 141)
[2664] L’église de ce patron de Thessalonique était desservie par les chanoines du saint-sépulcre ; elle contenait une huile sainte qui distillait continuellement, et il s’y faisait d’étonnants miracles. Ducange, Hist. de Constantinople, II, 4.
[2665] Acropolita (c. 17) rapporte la persécution du légat et la tolérance de Henri.
[2666] Voyez le règne de Henri dans Ducange (Hist. de C. P., l. I, c. 35-41 ; l. II, c. 1-12), à qui les lettres des papes ont été l’une grande ressource. Le Beau (Hist. du Bas-Empire, t. XXI, p. 120-122) a trouvé, peut-être dans Doutremens, quelques lois de Henri qui établissent le service des fiefs et les prérogatives de l’empereur.
[2667] Acropolita (c. 14) affirme que Pierre de Courtenai périt par l’épée ; mais ses expressions obscures me font présumer qu’il avait auparavant été en captivité. La Chronique d’Auxerre diffère la inonde l’empereur jusqu’en 1219, et Auxerre est dans les environs de Courtenai.
[2668] Voyez le règne et la mort de Pierre de Courtenai dans Ducange (Hist. de C. P., l. II, c. 22-28), qui fait de faibles efforts pour excuser Honorius III de son indifférence sur le sort de l’empereur.
[2669] Marin Sanut (Secreta fidelium crucis, l. II, part. IV, c. 18, p. 83) est si enchanté de cette scène sanglante, qu’il la transcrit en marge comme bonum exemplum. Cependant il reconnaît la demoiselle pour femme légitime de Robert.
[2670] Voyez le règne de Robert dans Ducange, Hist. de C. P., l. III, c. 1-12.
[2671] Rex igitur Franciæ, deliberatione habita, respondit nuntiis se daturum hominem Syriœ partibus aptum ; in armis probum (preux), in bellis securum, in agendis providum, Johannem comitem Brennensem. Sanut, Secret. fidel., l. III, part. XI, c. 4, p. 205 ; Matthieu Paris, p. 15.
[2672] Giannone (Istoria civile, t. II, l. XVI, p. 380-385) discute le mariage de Frédéric II avec la fille de Jean de Brienne, et la double union des couronnes de Naples et de Jérusalem.
[2673] Acropolita, c. 27. L’historien était alors un enfant, et il fut élevé à Constantinople. En 1223, il avait onze ans, lorsque son père, pour échapper au joug des Latins, abandonna une fortune brillante et s’enfuit à la cour de Nicée, où son fils fut élevé aux premiers honneurs.
[2674] Philippe Mouskes, évêque de Tournai (A. D. 1274-1282), a composé une espèce de poème, ou plutôt de chronique en vers, en vieux patois flamand, sur les empereurs de Constantinople ; et Ducange l’a publié à la fin de l’histoire de Villehardouin ; voyez (p. 224) les prouesses de Jean de Brienne.
N’ Aie, Ector, Roll’ ne Ogiers
Ne Judas Machabeus li fiers
Tant ne fit d’armes en estors
Com fist li rois Jehans cel jors
Et il defors et il dedans
La paru sa force et ses sens
Et li hardiment qu’il avoit.
[2675] Voyez le règne de Jean de Brienne dans Ducange, Hist. de C. P., l. III, c. 13-26.
[2676] Voyez le règne de Baudouin II, jusqu’à son expulsion de Constantinople, dans Ducange, Hist. de C. P., l. IV, c. 1-34 ; la fin l. V, c. 1-33.
[2677] Matthieu Paris raconte les deux visites de Baudouin II à la cour d’Angleterre (p. 396, 637), son retour en Grèce, armata manu (p. 407), ses lettres de son nomen formidabile, etc. (p. 481). Ce dernier passage a échappé à Ducange. Voyez l’expulsion de Baudouin, p. 850.