[2029] Cependant, en l’an 1018, Kiow et la Russie étaient encore défendues, ex fugitivorum servorum robore, confluentium et maxime Danorum. Bayer, qui cite (p. 292) la Chronique de Dithmar de Mersebourg, observe que les Allemands ne servaient guère dans les troupes étrangères.

[2030] Ducange a recueilli les passages des auteurs originaux sur l’état et l’histoire des Varangiens à Constantinople (Gloss. med. et infim. græcitatis sub voce βαραγγοι, med. et infam. latinitatis, sub vote Vagri. Not. ad Alexiad. Anna Comnenœ, p. 256-257-258 ; Notes sur Villehardouin, p. 296-299). Voyez aussi les Remarques de Reiske sur le Ceremoniale aulæ Byzant. de Constantin, t. II, p. 149-150. Saxon le Grammairien assure qu’ils parlaient la langue danoise ; mais si l’on en croit Godin, ils se servirent, jusqu’au quinzième siècle, de l’anglais, leur langue naturelle.

[2031] Les détails qu’on a sur la géographie et le commerce de la Russie, à cette époque, ont été publiés par l’empereur Constantin Porphyrogénète (de Administrat. Imperii, c. 2, p. 55-56 ; c. 9, p. 59-61 ; c. 13, p. 63, 67 ; c. 37, p. 106 ; c. 42, p. 112-113) ; et éclaircis par les soins de Bayer (de Geographia Russiœ vicinarumque regionum circiter, A. C. 948 ; in. Comment. academ. Petropol., t. IX, p. 367-422 ; t. X, p. 371-421), à l’aide des chroniques et des traditions de la Russie, de la Scandinavie, etc.

[2032] M. Lévesque (Histoire de Russie, t. I, p. 60) attribue même aux temps qui précédèrent le règne de Rourik cet orgueilleux proverbe : Qui peut résister à Dieu et à la grande Novogorod ? Dans le cours de son Histoire, il parle souvent de cette république enfin détruite A. D. 1475 (t. II, p. 252-266). Un voyageur exact, Adam Olearius, décrit (en 1635) les restes de Novogorod, et la route que firent par mer et par terre les ambassadeurs du Holstein (t. I, p. 123-129).

[2033] In hac magna civitate, quœ est caput regni, plus trecentœ Ecclesiæ habentur et nundinæ octo, populi etiam ignota manus (Eggehardus, ad A. D. 1018, apud Bayer, t. IX, p. 412) ; il cite aussi (t. X, p. 397) les paroles de l’annaliste saxon : Cujus (Russiae) metropolis est Chive, œmula sceptri Constantinopolitani, quœ est clarissimum decus Græciæ. Kiow était connu, surtout au onzième siècle, des géographes allemands et arabes.

[2034] In Odoræ ostio qua scythicas alluit paludes, nobdissima civitas Julinum, celeberrimam Barbaris et Grœcis, qui suret in circuitu prœstans stationem ; est sane maxima omnium quas Europa claudit civitatum (Adam de Brême, Hist. ecclés., p. 19). Étrange exagération, même pour un écrivain du onzième siècle ! Anderson (Histor. Déduction of Commerce) a traité avec soin ce qui a rapport au commerce de la Baltique et à la ligue hanséatique ; je ne connais pas sur cette matière, du moins dans les langues qui nous sont familières, d’ouvrage aussi complet.

[2035] Selon Adam de Brême (de Situ Daniæ, p. 58), l’ancienne Courlande se prolongeait sur la côte, l’espace de huit journées ; et Pierre le Teutoburgien (p. 68, A. D. 1326) donne Memel pour la frontière commune de la Russie, de la Courlande et de la Prusse. Aurum ibi plurimum (dit Adam), divinis, auguribus atque necromanticis omnes domus sunt plenœ.. à toto ortie ibi responsa petuntur maxime ab Hispanis (forsan ZUPANIS, id est regulis Lettoviœ) et Græcis. On donnait aux Russes le nom de Grecs, même avant leur conversion ; conversion bien imparfaite, s’ils persistèrent dans l’usage de consulter les sorciers de Courlande (Bayer, t. X, p. 378-402, etc. ; Grotius, Prolegomen. ad Hist. goth., p. 99).

[2036] Constantin n’indique que sept cataractes, dont il donne les noms dans la langue russe et la langue esclavonne. Mais le sieur de Beauplan, ingénieur français, qui avait reconnu le cours et la navigation du Dniéper et du Borysthène, en compte treize (voyez sa Description de l’Ukraine, Rouen, 1660, petit in-4°). Malheureusement la carte qui accompagne cet ouvrage ne se trouve pas dans mon exemplaire.

[2037] Nestor, apud Lévesque, Hist. de Russie, t. I, p. 78, 80. Les Russes se rendaient, dit-on, du Dniéper ou du Borysthène, dans la Bulgarie Noire, la Chozarie et la Syrie. Dans la Syrie ! Et comment, à quelle époque et en quel port de la Syrie ? Au lieu de Συρια, ne peut-on pas lire Συανια (de Administ. imper., c. 42, p. 113) ? Le changement est léger. La situation de la Suanie, entre la Chozarie et la Lazique, explique tout, et on employait encore ce nom au onzième siècle. (Cedrenus, t. II, p. 770.)

[2038] Les guerres des Russes et des Grecs aux neuvième, dixième et onzième siècles, sont racontées dans les Annales de Byzance ; et surtout par Zonare et Cedrenus ; et leurs divers témoignages se trouvent réunis dans la Russica de Stritter (t. II, part. II, p, 939-1044).

[2039] Cedrenus, in Compend., p. 758.

[2040] Voyez Beauplan (Description de l’Ukraine, p. 54-61) Ses descriptions sont animées et ses plans exacts ; et, si l’on en excepte les armes à feu, ce qu’il dit des modernes Cosaques s’applique parfaitement aux anciens Russes.

[2041] On doit regretter que Bayer n’ait publié qu’une dissertation de Russorum PRIMA expeditione Constantinopolitana (Comment. acad. Petrop., t. VI, p. 365-399). Après avoir fait disparaître quelques difficultés de chronologie, il fixe l’époque de cette expédition aux années 864 ou 865, date qui aurait dû dissiper les doutes et aplanir les difficultés qu’on trouve au commencement de l’Histoire de M. Lévesque.

[2042] Lorsque Photius écrivit sa lettre circulaire sur la conversion des Russes, le miracle n’était pas encore mûr.

[2043] Léon le Grammairien, p. 463, 464 ; Constantini continuator, in script. post Theophanemi, p. 121, 122 ; Siméon Logothète, p. 445, 446 ; Georg. Menach., p. 535, 536 ; Cedrenus, t. II, p. 551 ; Zonare, t. II, p. 162.

[2044] Voyez Nestor et Nicon, dans l’Histoire de Russie, de M. Lévesque, tom. I, p. 74-80. Katona (Hist. Ducum, p. 75-79) use de ses avantages pour rejeter cette victoire des Russes, qui diminuerait l’éclat du siège de Kiow par les Hongrois.

[2045] Léon le Grammairien, p. 506, 507, Incert. contin., p. 263, 264. ; Siméon Logothète, p. 490, 491 : Georg. Monach., p. 588, 589 ; Cedrenus, t. II, p. 629 ; Zonare, t. II, p. 190, 191 ; et Luitprand (l. V, c. 6) qui écrivait d’après la narration de son beau-père, alors ambassadeur à Constantinople, et qui corrige les exagérations de la vanité des Grecs.

[2046] Je ne puis citer ici que Cedrenus (t. II, p. 758, 759) et Zonare (t. II, p. 253, 254) ; mais leur témoignage devient plus sûr, et ils sont plus dignes de foi, à mesure qu’ils approchent de l’époque où ils vécurent.

[2047] Nestor, apud Lévesque, Hist. de Russie, tom. I, page 87.

[2048] Cette statue d’airain venait d’Antioche, et les Latins la fondirent : on supposait qu’elle représentait Josué ou Bellérophon. Bizarre alternative ! Voyez Nicetas Choniates (p. 413, 414), Codinus (de Originibus, C. P., p. 24), et, l’auteur anonyme de de Antiquitate, C. P. (Banduri, Imp. orient., t. I, p. 17, 18) qui vivait vers l’an 1100. Ils attestent qu’on croyait à la prophétie : le reste est indifférent.

[2049] M. Lévesque (Hist. de Russie, t. I, p. 94-107) a donné, d’après les chroniques de Russie, un extrait de la vie de Swatoslas ou Sviatoslaf, ou enfin Sphendosthlabus.

[2050] Cette ressemblance se découvre bien clairement dans le neuvième livre de l’Iliade (205-221), et les détails de la cuisine d’Achille. Un poète qui mettrait aujourd’hui, un pareil tableau dans un poème épique, déshonorerait son ouvrage et dégoûterait ses lecteurs : mais les vers grecs sont harmonieux ; les expressions d’une langue morte nous paraissent rarement ignobles ou familières ; et vingt-sept siècles, écoulés depuis le temps d’Homère, rendent les mœurs de l’antiquité très piquantes pour nous.

[2051] L’épithète singulière de Zimiscès vient de la langue arménienne : les Grecs traduisaient le mot de ζιμισκης par celui de μουζακιζης ou de μουιρακιζης. Comme j’ignore également le sens de ces deux expressions, il doit m’être permis de demander, comme dans la comédie, je vous prie, lequel de vous deux est l’interprète ? Mais, d’après la manière dont ils sont composés, ils paraissent signifier adolescentulus (Leo Diacon, liv. IV, MS., ap. Ducange, Gloss. græc., page 1570).

[2052] Dans la langue esclavonne, Peristhlaba signifiait la grande ou l’illustre ville ; μεγαλη και ουσα και λεγομενη, dit Anne Comnème (Alexiade, l. VII, p. 194). D’après sa situation, entre le mont Hémus et la partie inférieure du Danube, il paraît qu’elle occupait l’emplacement ou du moins la station de Marcianopolis. On n’est pas embarrassé sur la position de Durostolus ou Dristra, et il est aisé de la reconnaître. Comment. Acad. Petropol., t. IX, p. 415, 416 ; d’Anville, Géogr. anc., t. I, p. 307-311.

[2053] Le livre de Administrations Imperii développe, surtout dans les sept premiers chapitres, la conduite politique des Grecs avec les Barbares, et en particulier avec les Patzinacites.

[2054] Dans le récit de cette guerre, Léon le diacre (apud Pagi, Critica, t. IV, A. D. 968-973) est plus authentique et plus circonstancié que Cedrenus (t. II, p. 660-683) et Zonare (t. II, p. 205-214). Ces déclamateurs ont porté à trois cent huit mille et trois cent trente mille hommes le nombre des troupes russes, dont les contemporains avaient donné une évaluation modérée et vraisemblable.

[2055] Photius, epist. 2, n° 35, p. 58, édit. Montacut. Ce savant éditeur n’aurait pas dû prendre pour le cri de guerre des Bulgares les deux mots το Ρως, qui signifient la nation russe ; et Photius, qui avait des lumières, ne devait pas accuser les idolâtres esclavons της Ελληνικης και αθειου δοξης. Ils n’étaient ni Grecs ni athées.

[2056] Les détails les plus complets que nous ayons sur la religion des Slaves et la conversion de la Russie, sont ceux que dans l’Hist. de Russie (t. I, p. 35, 54, 59-92, 93, 113-121, 124-129, 148, 149, etc.), M. Lévesque nous, a donnés d’après les anciennes Chroniques et les observations faites par les modernes.

[2057] Voyez le Cerem. aulœ byzant., t. II, c. 15, p. 343-345 : il appelle Olga ou Elga Αρχοντισσα Ρωσιας. Les Grecs, pour désigner la souveraine des Russes, employaient le titre d’un magistrat d’Athènes avec une terminaison féminine qui aurait étonné l’oreille de Démosthène.

[2058] Voyez un fragment anonyme publié par Banduri (Imper. or., t. II, p. 112, 113), de Conversione Russorum.

[2059] Herberstein (apud Pagi, t. IV, p. 56) dit que Wolodimir fut baptisé et marié à Cherson ou Corsun : Novogorod conserve encore de nos jours cette tradition, et les portes dont nous avons parlé dans le texte. Cependant un voyageur exact et observateur fait venir ces portes d’airain de Magdebourg (Coxe’s Travels into Russia, etc., vol. I, P. 426), et il cite une inscription qui semble le prouver. Le lecteur ne doit pas confondre cette Cherson, ville de la Tauride ou de la Crimée, avec une ville du même nom, qui s’est élevée à l’embouchure du Borysthène, et qui a été dernièrement honorée par une entrevue de la tsarine et de l’empereur.

[2060] Voyez le texte latin ou la version anglaise de l’excellente Histoire de l’Église, par Mosheim, au premier chapitre ou à la première section des neuvième, dixième et onzième siècles.

[2061] L’an 1000, les ambassadeurs de saint Étienne reçurent du pape Silvestre le titre de roi de Hongrie, avec un diadème travaillé par des artistes grecs. On le destinait au duc de Pologne ; mais les Polonais, de leur aveu, étaient trop barbares pour mériter une couronne angélique et apostolique (Katona, Hist. crit. rerum stirpis Aradianæ, t. I, p. 1-20).

[2062] Écoutez les chants de triomphe d’Adam de Brême (A. D. 1080), dont le fond est vrai : Ecce illa ferocissima Danorum, etc. natio..... jamdudum novit in Dei laudibus alleluia resonare..... Ecce populus ille piraticus..... suis nunc finibus contentus est. Ecce patria horribilis semper inaccessa propter cultum idolorum..... prædicatores veritatis ubique certatim admittit, etc. (de Situ Daniæ, etc. p. 40, 41, édit. Elzevir) ; ouvrage qui offre un tableau curieux et original du nord de l’Europe, et de l’établissement du christianisme dans cette partie du monde.

[2063] Les grands princes abandonnèrent en 1156 la résidence de Kiow, qui en 1249 fut ruinée par les Tartares. Moscou devint au quatorzième siècle le siège de l’empire. Voyez le premier et le second volume de l’Hist. de Russie, par M. Lévesque, et les Voyages de Coxe dans le Nord, t. I, p. 24.

[2064] Les ambassadeurs de saint Étienne avaient employé les expressions respectueuses de regnum oblatum, debitam obedientiam, etc., que Grégoire VII interpréta à la rigueur ; et les Hongrois se trouvent, très embarrassés entre la sainteté du pape et l’indépendance, de la couronne (Katona, Hist. critica, t. I, p. 20-25 ; t. II, p. 304, 346, 360, etc.).

[2065] Je puis renvoyer sur l’histoire d’Italie des neuvième et dixième siècles, aux cinquième, sixième et septième livres de Sigonius, de Regno Italiœ (dans le second volume de ses ouvrages, Milan, 1732) ; aux Annales de Baronius, avec la Critique de Pagi ; aux septième et huitième livres de l’Istoria civile del regno di Napoli, par Giannone ; aux septième et huitième volumes (édition in-8°) des Annali d’Italia de Muratori ; et au second volume de l’Abrégé chronologique de M. de Saint-Marc, ouvrage qui, sous un titre superficiel, contient beaucoup de savoir et de recherches. Le lecteur, qui connaît bien à présent ma manière de travailler, me croira, si je l’assure que j’ai remonté aux sources quand cet examen était possible, ou lorsqu’il en pouvait résulter des avantages, et que j’ai consulté avec soin les originaux des premiers volumes de la grande collection intitulée : Scriptores rerum italicarum, par Muratori.

[2066] Le savant Camillo Pellegrino, qui vivait à Capoue dans le dernier siècle, a jeté du jour sur l’histoire du duché de Bénévent, dans son Historia principum longobardorum. Voyez les Scriptores de Muratori, t. II, part. I, p. 221-345 ; et t. V, p. 159-245.

[2067] Voyez Constantin Porphyrogénète, de Thematibus, l. II, c. 11, in Vit. Basil., c. 55, p. 181.

[2068] L’épître originale de l’empereur Louis II à l’empereur Basile, monument curieux du neuvième siècle, a été publiée pour la première fois par Baronius (Annal. ecclés., A. D. 871, n° 51-71) ; d’après un manuscrit d’Erchempert ou plutôt de l’historien anonyme de Salerne, tiré de la bibliothèque du Vatican.

[2069] Voyez une excellente dissertation de Republica Amalphitana, dans l’Appendix (p. 42) de l’Historia Pandectarum (Trajecti ad Rhenum, 1722, in-4°) par Henri Brenemann.

[2070] Votre maître, disait Nicéphore, a donné secours et protection principibus Capuano et Beneventano, servis meis, quos oppugnare dispono... Nova (potius NOTA) res est quod eorum, patres et avi nostro imperio tributa dederunt (Luitprand, in Legat., p. 484). Il ne fait pas mention de Salerne cependant le prince changea de parti vers la même époque, et Camillo Pellegrino (Script. rer. ital., t. II, part. I, p. 285) a très bien remarqué ce changement dans le style de la chronique anonyme. Luitprand (p. 480) établit, d’après les preuves tirées de l’histoire et du langage, les droits des Latins sur la Pouille et sur la Calabre.

[2071] Voyez les Glossaires grecs et latins de Ducange (articles Κατεπανω et Catapanus) et ses notes sur l’Alexiade (p. 275). Il n’adopte pas l’idée des contemporains, qui faisaient dériver ce mot de κατα παν, juxta omne ; il n’y trouve qu’une corruption du latin capitaneus. Au reste, M. de Saint-Marc a observé avec raison (Abrégé chronolog., t. II, p. 924) que, dans ce siècle, les capitanei n’étaient pas capitaines, mais seulement des nobles du premier rang, les grands vavasseurs de l’Italie.

[2072] Léon, Tactique, c. 15, p. 741. La Chronique de Bénévent (t, II, part. I, p. 280) donne unie idée bien différente des Grecs durant les cinq ans (A. D. 891-896) que Léon fut maître de la ville.

[2073] Calabriam adeunt, eamque inter se divisam reperientes funditus depopulati sunt (ou dépopularunt) ita ut deserta sit velut in diluvio. Tel est le texte de Herempert ou Erchempert, selon les deux éditions de Caracccioli (Rerum ital. Script., t. V, p. 23) et de Camillo Pellegrino (t. II, part. I, p. 246.). Ces deux ouvrages étaient extrêmement rares à l’époque où Muratori les a réimprimés.

[2074] Baronius (Annal. ecclés., A. D. 874, n° 2) a tiré cette histoire d’un manuscrit d’Erchempert, qui mourut à Capoue quinze années après l’événement. Mais un faux titré a trompé ce cardinal ; et nous ne pouvons citer que la Chronique anonyme de Salerne (Paralipomena, c. 110), composée vers la fin du dixième siècle, et publiée dans le second volume de la Collection de Muratori. Voyez les Dissertations de Camillo Pellegrino (t. II, part. I, p. 231-281, etc.).

[2075] Constantin Porphyrogénète (in Vit. Basil., c. 58, p. 183) est le premier auteur qui rapporte cette histoire. Il la place sous les règnes de Basile et de Louis II, mais la réduction de Bénévent par les Grecs n’eut lieu que dans l’année 891, après la mort de ces deux princes.

[2076] Paul Diacre rapporte (de Gest. Langob., l. V, c. 7, p. 870, 871, édit. Grot.) un fait pareil arrivé en 663, sous les murs de la même ville de Bénévent ; mais il impute aux Grecs eux-mêmes le crime que les auteurs de Byzance attribuent aux Sarrasins. On dit que dans la guerre de 1756, M. d’Assas, officier du régiment d’Auvergne, se dévoua de la même manière. Sa conduite fut d’autant plus héroïque, que les ennemis qui l’avaient fait prisonnier ne lui demandaient que le silence (Voltaire, Siècle de Louis XV, c. 33, t. IX, p. 172.).

[2077] Thibaut, que Luitprand qualifie de héros, fut, à proprement parler, duc de Spolette et marquis de Camerino, depuis l’année 926 jusqu’à l’année 935. C’étaient les empereurs français qui avaient introduit en Italie le titre et l’emploi de marquis (commandant de la Marche ou de la frontière). Voyez l’Abrégé chronologique, t. II, p. 615-732, etc.

[2078] Luitprand, Hist., l. IV, c. 4, dans les Rerum italic. Scriptores, t. I, part. I, p. 453, 454. Si l’on trouve ces détails trop libres, je m’écrierai, avec le pauvre Sterne, qu’il est dur de ne pouvoir transcrire avec circonspection ce qu’un évêque a écrit sans scrupule. Et que serait-ce donc si j’avais traduit, ut viris certetis testiculos amputare, in quibus nostri corporis refocillatio, etc. ?

[2079] Les monuments qui nous restent du séjour des Normands en Italie, ont été recueillis dans le cinquième volume de Muratori ; et, parmi ces monuments, il faut distinguer le poème de Guillaume de la Pouille (p. 245-278), et l’histoire de Galfridus (Geoffroy) Malaterra (p. 537-607). Ces deux auteurs étaient nés en France, mais, ils écrivaient en Italie du temps des premiers conquérants (avant l’année 1100), et avec l’énergie des hommes libres. Il n’est pas besoin de rappeler ici les noms des compilateurs et des critiques de l’histoire d’Italie ; Sigonius, Baronius, Pagi, Giannone, Muratori, Saint-Marc, etc., que j’ai toujours consultés, mais que je n’ai jamais copiés.

[2080] Quelques-uns des premiers convertis furent baptisés dix ou douze fois, afin de recevoir dix ou douze fois la tunique blanche qu’il était d’usage de donner aux néophytes. Aux funérailles de Rollon, on fît des concessions aux monastères pour le repos de son âme, et on sacrifia cent captifs ; mais, dans l’intervalle d’une ou de deux générations, le changement fut complet et général.

[2081] Les Normands de Bayeux, ville située sur la côte de la mer, parlaient encore la langue danoise à une époque (A. D. 940) où, à Rouen, la cour, et la capitale l’avaient déjà oubliée : Quem (Richard Ier) confestim pater Baiocas mittens Botoni militiæ suæ principi nutriendum tradidit, ut ibi LINGUA eruditus DANICA suis exterisque hominibus sciret aperte dare responsa (Wilhelm Gemeticensis, de Ducibus Normannis, l. III, c. 8, p. 623, édit. de Camden). Selden (Opera, p. 1640-1656) a donné un échantillon de la langue naturelle et favorite de Guillaume le Conquérant (A. D. 1035), échantillon qui se trouve aujourd’hui trop vieux et trop obscur, même pour les antiquaires et les gens de loi.

[2082] Voyez Léandre Alberti (Descrizione d’Italia, p. 250) et Baronius. (A. D. 493, n° 43). Si l’archange se trouvait avoir hérité du temple de l’oracle, comme on peut le présumer de la caverne de Calchas, l’ancien diseur de bonne aventure (Strabon, Geogr., l. VI, p. 435, 436), les catholiques dans cette occasion avaient surpassé les Grecs par l’élégance de leur superstition.

[2083] Les Normands étaient déjà connus en Italie pour leur valeur ; quelques années auparavant, cinquante de leurs chevaliers, se trouvant réunis à Salerne au moment où une petite flotte de Sarrasins venait insulter cette ville, demandèrent à Guaimar III, alors prince de Salerne, des armes et des chevaux, se firent ouvrir les portes de la ville, chargèrent les Sarrasins et les renversèrent : Guaimar voulût en vain les retenir à son service ; mais il leur fit promettre qu’ils engageraient d’autres braves de leur nation à venir combattre les infidèles. Hist. des républ. ital., t. I, p. 263. (Note de l’Éditeur.)

[2084] Ce récit n’est pas exact. Après la retraite de l’empereur Henri II, les Normands, réunis sous les ordres de Rainolfe, s’étaient emparés d’Averse, alors petit château du duché de Naples. Il n’y avait que peu d’années qu’ils en étaient maîtres, lorsque Pandolphe IV, prince de Capoue, trouva moyen de s’emparer par surprise de Naples. Sergius, maître des soldats et chef de cette république, sortit, avec les principaux citoyens, d’une ville où il ne voyait pas sans horreur s’établir une domination étrangère ; il se retira dans Averse ; et lorsque, avec l’aide des Grecs et celle des citoyens fidèles à leur patrie ; il eut rassemblé assez d’argent pour satisfaire l’avidité des aventuriers normands ; il vint à leur tête attaquer la garnison du prince de Capoue, il la battit, et rentra dans Naples. Ce fut alors qu’il confirma aux Normands la possession d’Averse et de son territoire, qu’il l’érigea en comté et qu’il en investit Rainolfe. Hist. des républ. ital., t. I, p. 267. (Note de l’Éditeur.)

[2085] Voyez le premier livre de Guillaume de la Pouille. Ce qu’il dit convient à tous les essaims de Barbares et de flibustiers :

Si vicinomm quis PERNICIOSUS ad illos

Confugiebat, eum gratanter suscipiebant,

Moribus et lingua quoscunque venire videbant,

Informant propria ; gens efficiatur ut una.

Et ailleurs, en parlant des aventuriers normands :

Pars parat, exiguæ vel opes aderant quia nullæ ;

Pars quia de magnis majora subire volebant.

[2086] Luitprand, in Legatione, p. 185. Pagi a jeté du jour sur cet événement, d’après l’histoire manuscrite du diacre Léon (t. IV, A. D. 965, n° 17-19).

[2087] Voyez la Chronique arabe de la Sicile, ap. Muratori, Script. rer. ital., t. I, p. 253.

[2088] Voyez Geoffroy Malaterra, qui raconte la guerre de Sicile et la conquête de la Pouille (l. I, c. 7, 8, 9-19). Cedrenus (tom. II, p. 741-743, 755, 756) et Zonare (tom. II, p. 237, 238) décrivent les mémés événements ; et les Grecs étaient si accoutumés aux humiliations, que leur narration est assez impartiale.

[2089] Cedrenus spécifie le ταγμα de l’Obsequium (Phrygia) et le μερος des Thracésiens (Lydia) ; voyez Constantin (de Thematibus, 1, 3, 4, avec la Carte de Delisle) ; et il nomme ensuite les Pisidiens et les Lycaoniens avec les fœderati.

[2090] Omnes conveniunt et bis sex nobiliores,

Quos genus et gravitas morum decorabat et cetas,

Elegere duces. Provectis ad comitatum

His alii parent. Comitatus nomen honoris,

Quo donantur erat. Hi totas undique terras

Divisere sibi ; ni sors inimica repugnet,

Singula proponunt loca quœ contingere sorte

Cuique ducis debent, et quæque tributa locorum.

Et après avoir parlé de Melphi, Guillaume de la Pouille Ajoute :

Pro numero comitum bis sex stature plateas

Atque domus comitum totidem fabricantur in urbe.

Léon d’Ostie (l. II, c. 67) nous apprend de quelle manière furent partagées les villes de la Pouille ; mais ce détail m’a paru inutile.

[2091] Guillaume de la Pouille, l. II, c. 12. Je compte ici sur une citation faite par Giannone (Ist. civ. di Napoli, t. II, p. 31), citation que je ne puis vérifier dans l’original. L’Apulien donne des éloges aux validas vires, probitas animi et vivida virtus de Bras-de-fer, et il déclare que, si ce héros avait vécu, aucun poète n’aurait pu égaler son mérite (l. I, p. 258 ; l. II, p. 259). Bras-de-fer fût regretté par les Normands ; quippe qui tanti consilii virum (dit Malaterra, l. I, c. 12, p. 552) tam armis strenuum, tum sibi munificum, affabilem, morigeratum, ulterius se habere diffidebant.

[2092] Malaterra (l. I, c. 3, p. 550) dit : Gens astutissima, injuriarum ultrix... adulari sciens... eloquentiis inserviens ; et ces expressions indiquent le caractère populaire et proverbial des Normands.

[2093] Le goût de la chasse et l’usage du faucon appartenaient plus particulièrement aux descendants des marins de la Norvège ; au reste, les Normands auraient pu apporter de la Norvège et de l’Irlande les plus beaux oiseaux de fauconnerie.

[2094] On peut comparer ce portrait avec celui de Guillaume de Malmsbury (de Grest. Anglorum, l. III, p. 101, 102), qui apprécie en historien philosophe les vices et les vertus des Saxons et des Normands. L’Angleterre a certainement gagné à la conquête.

[2095] Le biographe de saint Léon IX jette sur les Normands son venin sacré : Videns indisplinatam et alienam gentem Normannorum, crudeli et inaudita rabie et plus quam pagana impietate adversus ecclesias Dei insurgere, passione christianos trucidare, etc. (Wibert, c. 6.). L’honnête Apulien (l. II, p. 259) dit tranquillement de leur accusateur : Veris commiscens fallacia.

[2096] On peut tirer ces détails sur la politique des Grecs, la révolte de Maniacès, etc., de Cedrenus (t. II, p. 757, 758), de Guillaume de la Pouille (l. I, p. 257, 258, l. II, p. 259), et des deux Chroniques de Bari, par Lupas Protospata (Muratori, Script. rer. ital., t. V, p. 42, 43, 44), et par un auteur anonyme (Antiq. Ital. med. œvii, t. I, p. 31-35). Cette dernière est un fragment qui a quelque prix.

[2097] Argyre reçut, dit la Chronique anonyme de Bari, des lettres impériales, fœderatus, et patriciatus, et catapani, et vestatus. Muratori, dans ses Annales (t. VIII, p. 426), fait avec raison une correction ou une interprétation sur ce dernier mot ; il lit sevestatus, c’est-à-dire le titre de sebastos ou d’Augustus ; mais dans ses Antiquités il en fait, d’après Ducange, un office du palais ou la grande maîtrise de la garde-robe.

[2098] Wibert a composé une Vie de saint Léon IX, où l’on retrouve les passions et les préjugés de son siècle : cette Vie a été imprimée à Paris en 1615, in-8°, et insérée depuis dans les recueils des bollandistes de Mabillon et de Muratori. M. de Saint-Marc (Abrégé, t. II, p. 140-210, et p. 25-95, seconde colonne) a traité avec soin l’histoire publique et privée de ce pape.

[2099] Voyez, sur l’expédition de Léon IX contre les Normands, Guillaume l’Apulien (l. II, p. 259-261) et Geoffroy Malaterra (l. I, c. 13, 14, 15, p. 253). Ces deux auteurs ont de l’impartialité ; leur prévention naturelle se trouve contrebalancée par leur prévention de prêtres.

[2100] Teutonici, qûia cæsaries et forma decoros

Fecerat egregiè proceri corporis illos,

Corpora derident Normannica quæ breviora

Esse videbantur.

Les vers de l’Apulien ont ordinairement cette platitude mais il s’échauffe dans la description de la bataille. Deux de ses comparaisons, tirées de la chasse au faucon et de la sorcellerie, indiquent les mœurs de son temps.

[2101] M. de Saint-Marc (t. II, p. 200-204.) allègue les plaintes ou les censures que formèrent alors, de la conduite du pape, plusieurs personnages respectables. Comme Pierre Damien, l’oracle de ce temps, avait refusé aux papes le droit de faire la guerre, le cardinal Baronius (Annal. ecclés., A. D. 1053, n° 10-17) remet l’ermite à sa place (Ligens eremi incola), et soutient avec chaleur les prérogatives des deux glaives de saint Pierre.

[2102] Giannone (Istor. civ. di Napoli, t. II, p. 37-49-57-66) discute habilement, comme jurisconsulte et comme antiquaire, l’origine et la nature des investitures papales ; mais il s’efforce vainement de concilier les devoirs de patriote et ceux de catholique, et par cette frivole distinction, Ecclesia romana non dedit, sed accepit, il échappe à la nécessité d’un aveu sincère, mais dangereux.

[2103] On trouve des détails sur la naissance, le caractère et les premières actions de Guiscard, dans Geoffroy Malaterra (l. I, c. 3, 4-11-16, 17, 18-38, 39, 40), dans Guillaume de la Pouille (l. II, p. 260-262), dans Guillaume Gemeticensis ou de Jumièges (l. XI, c. 30, p. 663. 664, édit. de Camden), et dans Anne Comnène (Alexiade, l. I, p. 23-27 ; l. V, p. 165, 166), avec les Notes de Ducange (Not. in Alex., p. 230-232-320), qui a ramassé toutes les chroniques latines et françaises, pour en tirer de nouvelles lumières.

[2104] Anne Comnène était née dans la pourpre ; mais son père n’était qu’un particulier, illustre à la vérité, que son mérite avait élevé à l’empire.

[2105] Giannone (t. II, p. 2), oubliant ses auteurs originaux, s’en rapporte, pour faire sortir Guiscard d’une maison de prince, au témoignage d’Inveges, moine augustin de Palerme, qui vivait dans le dernier siècle. Ces deux auteurs prolongent la succession des ducs depuis Rollon jusqu’à Guillaume II, le Bâtard ou le Conquérant, qu’on croyait (comunemente si tiene) le père de Tancrède de Hauteville. Cette erreur est grossière et bien étonnante ; car lorsque les fils de Tancrède faisaient la guerre dans la Pouille, Guillaume II n’avait que trois ans (A. D. 1037).

[2106] Le jugement de Ducange est juste et modéré : Certe humilis fuit ac tenuis Roberti familia, si ducalem et regium spectemus apicem ; ad quem postea pervenit ; quœ honesta tamen et prœter nobilium vulgarium statum et conditionem illustras habita est, quœ nec humi reperet, nec altum quid tumeret. (Guill. de Malinsb., de Gest. Anglorum, l. III, p. 107, Not. ad. Alexiad., p. 230).

[2107] Je vais citer quelques-uns des meilleurs vers de l’Apulien (l. II, p. 270) :

Pugnat utraque manu, nec lancea cassa, nec ensis

Cassus erat, quocunque manu deducere vellet.

Ter dejectus equo, ter viribus ipse resumptis

Major, in arma redit : stimulos furor ipse ministrat.

Ut leo cum frendens, etc.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nullus in hoc bello, sicuti post bella probatum est,

Victor vel victus, tam magnos edidit ictus.

[2108] Les auteurs et les éditeurs normands qui connaissaient le mieux leur langue, traduisaient le mot Guiscard ou Wiscard par Callidus, un homme rusé et astucieux. La racine Wise est familière aux oreilles anglaises, et l’ancien mot Wiseacre offre à peu près le même sens et la même terminaison. Την ψυχην πανουργοτατος rend assez bien le surnom et le caractère de Robert.

[2109] L’histoire de l’acquisition du titre de duc par Robert Guiscard est une matière très délicate et très obscure. D’après les remarques judicieuses de Giannone, Muratori et Saint-Marc, j’ai tâché de faire ce récit, d’une manière cohérente et vraisemblable.

[2110] Baronius (Annal. ecclésiast., A. D. 1059, n° 69) a publié l’acte original. Il dit l’avoir copié sur le Liber censuum, manuscrit du Vatican. Cependant Muratori a imprimé (Antiq. med. œvi, t. V, p. 851-908) un Liber censuum où il ne se trouve pas ; et les noms de Vatican et de cardinal éveillent les soupçons d’un protestant et même d’un philosophe.

[2111] Voyez la Vie de Guiscard dans le second et le troisième livre de l’Apulien, le premier et le second livre de Malaterra.

[2112] Giannone (vol. II de son Istoria civile, l. IX, X, XI ; et l. XVII, p. 460-470) expose avec impartialité les conquêtes de Robert Guiscard et de Roger Ier ; l’exemption de Bénévent et des douze provinces du royaume. Cette division n’a été établie que sous le règne de Frédéric II.

[2113] Giannone (t. II, p. 119-127), Muratori (Antiq. medii œvi, t. III, Dissert. 44, p. 935, 936) et Tiraboschi (Istor. della Letteratura ital.), ont donné le tableau historique des médecins de l’école de Salerne. Le jugement de leur théorie et de leur pratique doit être abandonné à nos médecins.

[2114] L’infatigable Henri Brenckmann a inséré à la fin de l’Historia Pandectarum (Trafecti ad Rhenum, 1722, in-4°) deux Dissertations de Republica amalphitana et de Amalphi a Pisanis direpta, fondées sur le témoignage de cent quarante écrivains ; mais il a oublié les deux passages importants de l’ambassade de Luitprand (A. D. 959), qui comparent le commerce et la navigation d’Amalfi et de Venise.

[2115] Guglielmus Appulus, l. II, p. 267.

[2116] Muratori fait remonter l’époque de ces vers par-delà l’an 1066, époque de la mort d’Edouard le Confesseur, rex Anglorum, à qui ils sont adressés. L’opinion ou plutôt la méprise de Pasquier (Recherches de la France, l. VII, c. 2) et de Ducange (Gloss. lat.) laisse les preuves de Muratori en leur entier. On connaissait dès le huitième siècle l’usage des vers rimés, emprunté des langues du Nord et de l’Orient (Muratori, Antiquit., tome III, Dissertat., 40, p. 586-708).

[2117] La description d’Amalfi par Guillaume de la Pouille (l. II, p. 267) est très exacte et assez poétique ; et le troisième vers semble faire allusion à la boussole.

[2118] Amalfi n’avait qu’un millier d’habitants au commencement du dix-huitième siècle, lorsque Brenckmann la visita (Brenckm., de Rep. Amalph., Diss. 1, c. 13) ; mais à présent elle en a six ou huit mille. Hist. des Rép. ital., t. I, p. 304. (Note de l’Éditeur.)

[2119] Geffroy Malaterra, l. I, c. 25. Du moment où cet auteur a fait Mention de Roger son protecteur (l. I, chap. 19), Guiscard ne paraît plus jouer que le second rôle. On remarque quelque chose de semblable dans Velleius Paterculus, à l’occasion d’Auguste et de Tibère.

[2120] Geoffroy Malaterra, liv. II, chap. I. Il raconte la conquête de la Sicile dans ses trois derniers livres, et il a donné lui-même un sommaire exact des chapitres (p. 544-546).

[2121] Voyez le mot Milites dans le Glossaire latin de Ducange.

[2122] Entre autres détails curieux ou bizarres, Malaterra dit que les Arabes avaient introduit en Sicile l’usage des chameaux (l. I, c. 53) et des pigeons messagers (c. 42) ; que la morsure de la tarentule donne une incommodité quœ per anum inhoneste crepitando emergit ; effet très ridicule qu’éprouva toute l’armée des Normands, campée près de Palerme (c. 36). J’ajouterai une étymologie qui n’est pas indigne du onzième siècle. Messana est dérivé de Messis, lieu d’où les blés de la Sicile étaient envoyés en tribut à Rome (l. II, c. 1).

[2123] Voyez la capitulation de Palerme dans Malaterra (l. II, c. 45), et Giannone, qui parle de la tolérance générale accordée aux Sarrasins (t. II, p. 72).

[2124] Jean Léon Afer, de Médicis et Philosophis Arabibus, c. 14, apud Fabricius, Bibl. grœc., t. XIII, p. 278, 279. Ce philosophe se nommait Esseriph Essachalli, et il mourut en Afrique A. H. 516, A. D. 1112. Ceci ressemble beaucoup au shérif Al-Eldrisi, qui présenta son livre (Geogr. nubiens. ; voyez la Préface, p. 88, 90, 170) à Roger, roi de Sicile, A. H. 548, A. D. 1153 (d’Herbelot, Bibl. orient., p. 786 ; Prideaux, Life of Mahomet, p. 188 ; Petis de La Croix, Hist. de Gengis-khan, p. 535,-536 ; Cosiri, Bibl. arab. hispan., t. II, p. 9-13), et je crains qu’il n’y ait quelque méprise.

[2125] Malaterra parle de la fondation des évêchés (l. IV, c. 7), et il produit l’original de la bulle (l. IV. c. 29). Giannone donne, en écrivain du pays, une idée de ce privilège et de la monarchie de Sicile (t. II, p. 95-102), et Saint-Marc (Abrégé, t. III, p. 217-301) discute cette question avec toute l’habileté d’un jurisconsulte sicilien.

[2126] Dans les détails de la première expédition de Robert contre les Grecs, je suis Anne Comnène (premier, second, quatrième et cinquième livres de l’Alexiade), Guillaume de la Pouille (l. IV et V, p. 270-275), et Geoffroy Malaterra (l. III, c. 13, 14-24, 29-39). Ils étaient contemporains, et leurs écrits sont authentiques ; mais aucun d’eux n’a été témoin oculaire de la guerre.

[2127] L’une d’entre elles épousa Hugues, fils d’Azzo ou d’Axo ; marquis de Lombardie (Guglielm. Apul., l. III, p. 267), riche, puissant et noble dans le onzième siècle ; et dont Leibnitz et Muratori ont découvert les ancêtres aux neuvième et dixième siècles. Les deux illustres maisons de Brunswick et d’Este viennent des deux fils aînés du marquis Azzo. Voyez Muratori, Antichita Estense.

[2128] Anne Comnène loue et regrette un peu trop librement ce beau jeune homme, qui devint son fiancé après qu’on l’eut dégagé de sa promesse de mariage à la fille de Guiscard (l. I, p. 23) ; elle dit que ce prince était αγαλμα φυσεως... Θεου χειρων φιλοτιμημα... χρυσου γενους απορροη, etc., p. 27. Elle décrit ailleurs la blancheur et le vermillon de sa peau, ses yeux de faucon, etc. (l. III, p. 71).

[2129] Anne Comnène, l. I, p. 28-29 ; Guillaume de la Pouille, l. IV, p. 271 ; Geoffroy Malaterra, l. III, c. 13, p. 579, 580. Malaterra est plus réservé, mais l’Apulien dit positivement :

Mentitus se Michaelem

Venerat a Danais quidam seductor ad ilium.

Comme Grégoire vit avait été trompé à cette fourberie, Baronius presque seul ne manque pas de la soutenir (A. D. 1080, n° 44).

[2130] Ipse armatœ militiœ non plus quam MCCC milites secum habuisse, ab eis qui eidem negotio interfuerunt attestatur (Malaterra, l. III, c. 24, p. 583). Ce sont les mêmes que l’Apulien (l. IV, p. 273) appelle equestris gens ducis, equites de gente ducis.

[2131] Εις τριακοντα χιλιαδας, dit Anne Comnène (Alexias, l. I, p. 37), et son calcul s’accorde avec le nombre et la charge des navires. Ivit in Dyrrachium cum XV militibus hominum, dit le Chronicon Breve Normannicum (Muratori, Scriptores, t. V, p. 278). J’ai tâché de concilier ces diverses notions.

[2132] L’Itinéraire de Jérusalem (p. 609, édit. Wesseling) indique un intervalle raisonnable et vrai de mille stades ou de cent milles, que Strabon (l. VI, p. 433) et Pline (Hist. nat., III, 16) ont assez étrangement porté au double.

[2133] Pline (Hist. nat., III, 6, 16) donné QUINQUAGINTA millia à ce brevissimus cursus, et indique la véritable distance d’Otrante à la Vallona ou Aulon (d’Anville, Analyse de sa carte des côtes de la Grèce, etc., p. 3-6). Hermolaus Barbarus, qui y substitue le mot centum (Hardouin, Not. 66, in Plin., l. III), aurait pu être corrigé par tous les pilotes vénitiens qui étaient sortis du golfe.

[2134] Infames scopulos Acroceraunia, Horace, Carmen, c. 3. Il y a un peu d’exagération dans le prœsipitem Africum decertantem aquilonibus et rabiem Noti, et dans les monstra natantia de l’Adriatique ; mais c’est un exemple intéressant pour l’histoire de la poésie et de l’amitié, qu’Horace tremblant pour la vie de Virgile.

[2135] Alexias, l. IV, p. 106. Cependant les Normands coupaient leur barbe ; les Vénitiens la portaient dans toute sa longueur. C’est de là qu’on doit avoir inféré le défaut de barbe de Bohémond ; interprétation bien peu naturelle. Ducange, Not. ad Alex., p. 283.

[2136] Muratori (Annali d’Italia, t. IX, p. 136-137) observe que quelques auteurs (Pierre diacre, Chron. Casin., l. III, c. 49) font monter l’armée des Grecs à cent soixante-dix mille hommes ; mais qu’on peut en ôter cent, et que Malaterra en indique seulement soixante-dix mille ; légère inattention ! Le passage auquel il fait allusion se trouvé dans la Chronique de Lupus Protospata (Script. ital., t. V, p. 45). Malaterra (l. IV, c. 27) parle en termes élevés, mais vagues, de la marche de l’empereur : Cum copiis innumerabilibus, et le poète apulien (l. IV, p. 272) :

More locustarum montes et plana teguntur.

[2137] Voyez Guillaume de Malmsbury, de Gestis Anglorum, l. II, p. 92. Alexius fidem Anglorum suscipiens, præcipuis familiaritatibus his eos applicabat, amorem eorum filio transcribens. Ordericus Vitalis (Hist. ecclés., l. IV, p. 508 ; l. VII, p. 641) raconte leur départ d’Angleterre et leur service dans l’empire grec.

[2138] Voyez l’Apulien, l. II, p. 256. J’ai tracé dans le cinquante-quatrième chapitre le caractère et l’histoire de ces manichéens.

[2139] Voyez le simple et admirable récit de César (Comment. de Bell. civil., III, 41-75). Il est dommage que Quintus Icilius (M. Guischardt) n’ait pas assez vécu pour analyser ces opérations, ainsi qu’il a analysé les campagnes d’Afrique et d’Espagne.

[2140] Παλλας αλλα και μη Αθηνη. Le président Cousin (Hist. de Constantinople, t. IV, p. 131, in-12) a fort bien traduit : Qui combattait comme une Pallas, quoiqu’elle ne fut pas aussi savante que celle de la Grèce. Les Grecs avaient composé les attributs de leur déesse de deux caractères très peu faits pour s’accorder, celui de Neith, l’ouvrière de Saïs en Égypte, et celui d’une vierge amazone du lac Tritonien dans la Libye (Banier, Mythologie, t. IV, p. 1-31, in-12).

[2141] Anne Comnène (l. IV, p. 116) admire avec une sorte d’effroi ses mâles vertus. Elles étaient plus familières aux Latins ; et quoique l’Apulien (l. IV, p. 273) fasse mention de sa présence et de sa blessure, il lui donne beaucoup moins d’intrépidité. Le mot de subegerat n’est pas heureux lorsqu’il s’agit d’une femme prisonnière.

[2142] Anna, l. V, p.133 ; p. 140. La pédanterie de la princesse, dans le choix des dénominations classiques, a encouragé Ducange à donner à ses compatriotes le caractère des anciens Gaulois.

[2143] Lupus Protospata (t. III, p. 45) dit six mille ; Guillaume de la Pouille plus de cinq mille (l. IV, p. 213). Leur modestie est singulière et louable : il leur était si aisé de tuer d’un coup de plume vingt ou trente mille schismatiques ou infidèles !

[2144] Les Romains avaient trouvé le nom d’Epidamnus de mauvais augure, et ils y avaient substitué celui de Dyrrachium (Pline, III, 26) : le peuple en aurait fait Duracium (voyez Malaterra), qui a quelque analogie avec le mot de dureté. Durand était un des noms de Robert ; ainsi Robert était un Durando ; misérable jeu de mots ! (Alberic. Monach., in Chron., apud Muratori, Annali d’Italia, tom. IX, p. 137.)

[2145] Anna, l. I, p. 35. Par ces comparaisons, si différentes de celles d’Homère, elle veut inspirer du mépris et de l’horreur pour le méchant petit animal qu’on appelle le conquérant. Malheureusement le sens commun ou la déraison publique contrarient ses louables desseins.

[2146] Prodiit hac auctor Trojanæ cladis Achilles. Virgile (Æneid., II, Larissæus Achilles) autorise la supposition de l’Apulien (l. VI p. 275), qui n’est pas justifiée par les détails géographiques qu’on trouve dans Homère.

[2147] L’ignorance a traduit par éperons les των πεδιλωα προαλμτα, qui embarrassaient les chevaliers lorsqu’ils se trouvaient à pied (Anne Comnène, Alexias, l. V, p. 140). Ducange en a fait voir le véritable sens par un usage ridicule et incommode qui a subsisté depuis le onzième jusqu’au quinzième siècle. Ces pointes, en forme de scorpion, avaient quelquefois deux pieds, et une chaîne d’argent les attachait au genou.

[2148] L’épître entière mérite d’être lue (Alexias, l. III, p. 93, 94, 95). Ducange n’a pas entendu ces mots, αστροπελεκυν δεδεμενον μετα χρυσαφιον. J’ai tâché d’en tirer un sens supportable : χρυσαφιον signifie une couronne d’or ; Simon Portius (in Lexico grœco-barbar.) dit que αστροπελεκυς équivaut à κεραυνος, πρηστηρ, un éclair.

[2149] Je renvoie, sur ces faits principaux, aux historiens généraux Sigonius, Baronius, Muratori, Mosheim, Saint-Marc, etc.

[2150] Les Vies de Grégoire VII sont ou des légendes ou des invectives (Saint-Marc, Abrégé, t. III, p. 235, etc.), et les lecteurs modernes ne croiront ni à ses miracles ni à ses œuvres magiques. On trouve des détails instructifs dans Leclerc (Vie de Hildebrand, Bibliothèque ancienne et moderne, t. VIII), et beaucoup d’amusants dans Bayle (Dictionnaire critique, Grégoire VII). Le pape fut sans doute un grand homme, un second Athanase dans un siècle plus fortuné pour l’Église. Me permettra-t-on d’ajouter que le portrait d’Athanase est un des morceaux de mon Histoire (chap. XXI) dont je suis le moins mécontent ?

[2151] Anne, avec la rancune d’un schismatique grec, l’appelle καταπτυστος ουτος παπας (l. I, p. 32), un pape ou un prêtre qui mérite qu’on crache sur lui ; elle l’accuse d’avoir fustigé, d’avoir rasé les ambassadeurs de Henri, et peut-être de les avoir privés des organes de la virilité (p. 31-33) ; mais ce cruel outrage est invraisemblable et douteux. Voyez la préface judicieuse de Cousin.

[2152] . . . . . . . . . . Sic uno tempore victi

Sunt terrœ domini duo : rex Alemannicus iste,

Imperii rector romani maximus ille.

Alter ad arma ruens armis superatur, et alter

Nominis auditi sola formidine cessit.

Il est assez singulier que ce poste latin parle de l’empereur grec comme gouvernant l’empire roman (l. IV, p. 274).

[2153] La narration de Malaterra (l. III, c. 37, p. 587, 588) est authentique, circonstanciée et impartiale. Dux ignem exclamans urbi incensa, etc. L’Apulien affaiblit le malheur (inde QUIBUSDAM œdibus exustis) que des chroniques partiales exagèrent encore Muratori, Annali, t. IX, p. 147.

[2154] Le jésuite Donat (de Roma veteri et nova, l. IV, c. 8, p. 489), après avoir parlé de cette dévastation, ajoute agréablement : Duraret hodieque in Cœlio monte interque ipsum et Capitolium miserabilis facies prostratœ urbis, nisi in hortorum vinetorumque amœnitatem Roma resurrexisset ut perpetua viriditate contegeret vulnera et ruinas suas.

[2155] Le titre de roi, promis ou donné à Robert par le pape (Anna, l. I, p. 32) est assez prouvé par le poète apulien (l. IV, p. 270) :

Romani regni sibi promisisse coronam

Papa ferebatur.

Et je ne conçois pas pourquoi ce nouveau trait de la juridiction apostolique déplaît à Gretser et à quelques autres défenseurs des papes.

[2156] Voyez Homère, Iliade B (je hais cette manière pédantesque de citer les livres de l’Iliade par les lettres de l’alphabet grec), 87, etc. Ses abeilles présentent l’image d’une foule en désordre. Leur discipline et leurs travaux publics semblent être les idées d’un siècle postérieur (Virgile, Énéide, l. I).

[2157] Guillaume de la Pouille, l. V, p. 276. L’admirable port de Brindes était double ; le havre extérieur présentait un golfe qui se trouvait couvert par une île, se rétrécissait par degrés, et communiquait par une passe avec le havre intérieur, qui embrassait la ville des deux côtés. César et la nature ont travaillé à sa ruine et que peuvent contre de pareils agents les faibles efforts du gouvernement napolitain ! Swinburne’s Travels in the two Sicilies, vol. I, p. 384-390.

[2158] Guillaume de la Pouille (l. V, p. 276) décrit la victoire des Normands, et oublie les deux défaites antérieures qu’Anne Comnène a soin de rappeler (l. VI, p. 159, 160, 161). A son tour, elle invente ou elle exagère une quatrième action où les Vénitiens sont vengés de leur perte et récompenses de leur zèle. Les Vénitiens ne pensaient pas ainsi, puisqu’ils déposèrent leur doge, propter excidium stoli. Dandolo, in Chron., in Muratori, Script. rerum italicarum, l. XII, p. 249.

[2159] Les auteurs les plus authentiques, Guillaume de la Pouille (l. V, p. 271), Geoffroy Malaterra (l. III, c. 41, p. 589), et Romuald de Salerne (Chron., in Muratori, Script. rerum ital., t. VII), ne parlent point de ce crime, qui paraît si évident à Guillaume de Malmsbury (l. III, p. 107), et Roger de Hoveden (p. 710, in Script. post Bedam). Hoveden explique comme quoi Alexis le Juste épousa, couronna et fit brûler vive sa complice. Cet historien anglais est si aveugle, qu’il place Robert Guiscard ou Wiscard au nombre des chevaliers de Henri Ier, qui monta sur le trône quinze ans après la mort du duc de la Pouille.

[2160] Anne Comnène jette avec joie quelques fleurs sur le tombeau d’un ennemi (Alexiade, l. V, p. 162-166) ; mais le mérite de Guiscard est bien mieux prouvé par l’estime et la jalousie de Guillaume le Conquérant, dans les États duquel vivait sa famille. Grœcia (dit Malaterra) hostibus recedentibus libera lœta quievit ; Apulia tota, sive Calabria turbatur.

[2161] Urbs Venusina nitet tantis decorata sepulchris. C’est un des meilleurs vers du poème de l’Apulien (liv. V, p. 278), Guillaume de Malmsbury (liv. III, p. 107) rapporte une épitaphe de Guiscard, qui ne mérite pas d’être insérée ici.

[2162] Horace toutefois avait peu d’obligations à Vénuse : il fut conduit à Rome dès son enfance (Sermon. I, 6), et ses allusions multipliées aux limites incertaines de la Pouille et de la Lucanie (Carm. III, 4, Sermon. II, 1) sont indignes de son siècle et de son génie.

[2163] Voyez Giannone (t. II, p. 88-93) et les historiens de la première croisade.

[2164] Les règnes de Roger et des trois Normands de la Sicile occupent quatre livres de l’Istoria civile de Giannone (t. II, l. XI-XIV, p. 136-340), et se trouvent épars dans les neuvième et dixième volumes des Annales de Muratori. La Bibliothèque italique (t. I, p. 175-222) contient un extrait fort utile de Capecelatro, moderne Napolitain, qui a publié deux volumes sur l’histoire de son pays, depuis Roger Ier jusqu’à Frédéric II inclusivement.

[2165] Selon le témoignage de Philistus et de Diodore, Denys, tyran de Syracuse, entretenait une armée de dix mille cavaliers, de cent mille fantassins et de quatre cents galères. Rapprochez Hume (Essays, vol. I, p. 268-435) de Wallace son adversaire (Numbers of Mankind, p. 306-307). Tous les voyageurs, d’Orville, Reisdesel, Swinburne, etc., parlent des ruines d’Agrigente.

[2166] Un auteur contemporain, qui décrit les actions de Roger, de l’an 1127 à l’an 1135, fonde les titres de ce prince sur son mérite et son pouvoir sur le consentement des barons et l’ancienne monarchie de Sicile et de Palerme, sans parler de l’investiture du pape Anaclet (Alexand. cœnobii Telesini abbatis de Rebus gestis Rogerii, l. IV, in Muratori, Script. rerum ital., t. V, p. 607, 645).

[2167] Les mois de France, d’Angleterre, d’Écosse, de Castille, d’Aragon, de Navarre, de Suède, de Danemark et de Hongrie. Le trône des trois premiers était beaucoup plus ancien que Charlemagne. Les trois suivants avaient établi le leur par le glaive, et les trois derniers par leur baptême. Le roi de Hongrie se trouvait le seul qui eût eu l’honneur ou l’affront de recevoir sa couronne du pape.

[2168] Fazellus et une foule d’autres Siciliens ont imaginé un couronnement antérieur de quelques mois, et auquel le pape et l’empereur n’eurent aucune part (A. D. 1130, mai 1er) ; Giannone le rejette malgré lui (t. II, p. 137-144). Le silence des contemporains renverse cette fable, que ne peut soutenir une prétendue chartre de Messine. Muratori, Annali d’Italia, tom. IX, p. 340 ; Pagi, Critica, t. IV, p. 467, 468.

[2169] Roger corrompit le second officier de l’armée de Lothaire, qui fit sonner la retraite, ou plutôt qui cria aux troupes de se retirer ; car les Allemands, dit Cinnamus (l. III, c. I, p. 51), ignorent l’usage des trompettes. Il est bien ignorant lui-même.

[2170] Voyez de Guignes, Hist. génér. des Huns, t. I, p. 369-373, et Cardonne, Hist. de l’Afrique, etc., sous la domination des Arabes, t. II, p. 70-140. Il parait que ces deux auteurs ont pris Novairi pour leur guide.

[2171] Tripoli (dit le géographe de Nubie, ou pour parler plus exactement, le shérif Al-Edrisi), urbs fortis, saxeo muro vallata, sita prope littus maris. Hanc expugnavit Rogerius, qui, mulieribus captivis ductis, viros peremit.

[2172] Voyez la Géographie de Léon I’Africain, (in Ramusio, t. I, fol. 74, vers. ; fol. 75, recto), et les Voyages de Shaw (p. 110), le septième livre du président de Thou, et le onzième de l’abbé de Vertot. Les chevaliers de Malte eurent la sagesse de refuser cette place, que Charles-Quint leur offrait, à condition de la défendre.

[2173] Pagi a indiqué d’une manière exacte les conquêtes de Roger en Afrique ; et son ami l’abbé de Longuerue a suppléé à ses remarques au moyen de quelques mémoires arabes (A. D. 1147, n° 26, 27 ; A. D. 1148, n° 16 ; A. D. 1153, n° 16).

[2174] Appulus et Galaber, Siculus mihi servit et Afer.

Inscription orgueilleuse, d’où il résulte que les vainqueurs normands étaient toujours distingués de leurs sujets chrétiens et musulmans.

[2175] Hugo Falcando (Hist. Sicula, in Muratori, Script., l. VII, p. 270, 271) attribue ces pertes à la négligence ou à la perfidie de l’amiral Majo.

[2176] Le silence des historiens de Sicile, qui finissent trop tôt ou commencent trop tard, doit être supplée par Othon de Freysingen (de Gest. Freder. I, l. I, c : 33, in Muratori, Scriptor., t. VI, p. 668), par le vénitien André Dandolo (Id., t. XII, p. 282, 283), et par les auteurs grecs Cinnamus (liv. III, c. 2-5) et Nicétas (in Manuel, l. II, c. 1-6).

[2177] J’applique à la prise et à la délivrance de Louis VII le παρ' ολιγον ηλθε του αλωναι, de Cinnamus (l. II, c. 19, p. 49). Muratori se moque, d’après d’assez bons témoignages (Ann. d’Ital., tom. IX, p. 421), de la délicatesse de quelques auteurs français, qui assurent marisque nullo impediente pcriculo ad regnum proprium reversum esse ; au reste, j’observe que Ducange, leur défenseur, est moins positif lorsqu’il commente Cinnamus que lorsqu’il donne l’édition de Joinville.

[2178] In palatium regium sagatas igneas injecit, dit Dandolo ; mais Nicétas (l. II, c. 8, p. 66) transforme ces traits en Βελη αργντεους εχοντα ατρακτους ; il ajoute que Manuel qualifiait cet outrage de παιγνιον, et γελωτα..... ληστευοντα. Un compilateur, Vincent de Beauvais, dit que ces traits étaient d’or.

[2179] Voyez sur l’invasion de l’Italie, que dédaigne presque Nicétas, l’histoire plus soignée de Cinnamus (l. IV, chap. 15, p. 78-10).

[2180] Un auteur latin, Othon (de Gestis Frederici I, l. II, chap. 30, page 734), atteste la supposition de cette pièce ; le Grec Cinnamus (liv. I, c. 4, p. 78) fait valoir une promesse de restitution qu’avaient donnée Conrad et Frédéric. Une fraude est toujours coupable lorsqu’on l’attribue aux Grecs.

[2181] Quod Anconitati græcum imperium nimis diligerent. Veneti speciali odio Anconam oderunt. Les benefacia et le flumen aureum de l’empereur étaient la cause de cet amour et peut-être de cette jalousie. Cinnamus (l. IV, c. 14, p. 98) confirme la narration latine.

[2182] Muratori fait mention de deux sièges d’Ancône : le premier en 1167, soutenir contre, Frédéric Ier en personne (Ann., t. X, p. 39, etc.) ; le second en 1173, contre l’archevêque de Mayence, lieutenant de ce prince, prélat indigne de son titre et de ses emplois, (p. 76, etc.). Les Mémoires que Muratori a publiés dans sa grande collection (t. VI, p. 921-946) sont ceux du second siége.

[2183] Nous tirons cette anecdote d’une Chronique anonyme de Fossa Nova, publiée par Muratori (Script. ital., t. VII, p. 874)

[2184] Le Βασιλειον σημειον de Cinnamus (l. IV, c. 14, p. 99) est susceptible de ces deux explications. Un étendard est plus analogue aux mœurs des Latins, et une image à celles ces Grecs.

[2185] Nihilominus quoque petebat, ut quia occasio justa et tempus opportunum et acceptabile se obtulerant, romani corona imperii a sancto apostolo sibi redderetur ; quoniam non aa Frederici Alamanni, sed ad suum jus asseruit pertinere (Vit. Alexandri III à cardinal Aragoniœ, in Script., rer. Ital., t. III, p. 458). Il partit pour sa seconde ambassade, cum immensa multitudine pecuniarum.

[2186] Nimis alter et perplexa sunt (Vit Alexandri III, p. 460, 461) disait le pontife circonspect.

[2187] Cinnamus, l. IV, c. 14, p. 99.

[2188] Cinnamus raconte dans son sixième livre la guerre de Venise, que Nicétas n’a pas jugée digne de son attention. Muratori rapporte (année 1171, etc.) les récits des Italiens qui ne satisfont pas notre curiosité.

[2189] Romuald de Salerne (in Muratori, Script. ital., t. VII, p. 198) fait mention de cette victoire. Il est assez singulier que Cinnamus (l. IV, c. 13, p. 97, 98) ait plus de chaleur et soit plus détaillé que Falcando (p. 268-270) dans l’éloge du roi de Sicile. Mais l’auteur grec aimait les descriptions, et le latin n’aimait pas Guillaume le Mauvais.

[2190] Voyez sur l’Épître de Guillaume Ier, Cinnamus (l. IV, c. 15, p. 101, 102) et Nicétas (l. II, c. 8). Il est malaisé de dire si les Grecs se trompaient eux-mêmes, où s’ils voulaient tromper le public par ces tableaux flattés de la grandeur de l’empire.

[2191] Je ne puis citer ici d’autres témoins originaux que les misérables Chroniques de Sicard de Crémone (p. 603) et de Fossa Nova (p. 875), qui se trouvent au 7e volume des Historiens de Muratori. Le roi de Sicile envoya ses troupes contra nequitiam Andronici..... ad acquirendum imperium C. P. Ses soldats furent capti aut confusi..... decepti, captique par Isaac.

[2192] Cinnamus, nous manque ici, et nous sommes réduits à Nicétas (in Andronico, l. I, c. 7, 8, 9 ; l. II, c. 1, in Isaac Angelo, l. I, c. 1-4), qui devient un contemporain de beaucoup de poids. Comme il écrivit après la chute de l’empereur et de l’empire, il est exempt de flatterie ; mais la chute de Constantinople, aigrit ses préventions contre les Latins. J’observerai, à l’honneur des lettres, qu’Eustathe, archevêque de Thessalonique, le fameux commentateur d’Homère, refusa d’abandonner son troupeau.

[2193] L’Historia Sicula de Hugo Falcando, qui à proprement parler, se prolonge de l’an 1154 à l’an 1169, se trouve au septième volume de la collection de Muratori (p. 259-344) ; elle est précédée (p. 251-258) d’une préface ou d’une lettre éloquente, de Calamitatibus Siciliæ. On a surnommé Falcando le Tacite de la Sicile ; et, déduction faite de l’immense différence qui se trouve du premier siècle au douzième, d’un sénateur à un moine, je ne refuserais pas ce titre à Falcando. Sa narration est rapide et claire ; son style a de la hardiesse et de l’élégance ; ses remarques sont pleines de sagacité : il connaissait le monde, et il avait le cœur d’un homme. Je regrette seulement qu’il ait prodigué ses travaux sur un terrain si stérile et de si peu tendue.

[2194] Les laborieux bénédictins pensent (Art de vérifier les Dates, p. 866) que le véritable nom de Falcando est Futcandus ou Foucault. Selon eux, Hugues Foucault, Français d’origine, qui devint, par la suite abbé de Saint Denis, avait suivi en Sicile son protecteur Étienne de La Perche, oncle de ma mère de Guillaume II, archevêque de Palerme, et grand chancelier du royaume. Falcando a néanmoins tous les sentiments d’un Sicilien, et le titre d’alumnus (qu’il se donne lui-même) paraît indiquer qu’il reçut le jour ou du moins qu’il fut élevé dans l’île.

[2195] Falcando, p. 303. Richard de Saint-Germain commence son Histoire par la mort et l’éloge de Guillaume II. Après quelques épithètes qui ne signifient rien, il ajoute : Legis et justitiœ cultus tempore suo vigebat in regno : sua erat quilibet sorte contentus (étaient-ce des hommes ?), ubique pax, ubique securitas, nec latronum metuebat viator insidias ; nec maris nauta offendicula piratorum (Script. rer. ital., t. VII, p. 969).

[2196] Je voudrais transcrire sa description recherchée, mais curieuse, du palais, de la ville et de la riche plaine de Palerme.

[2197] Les Normands et les Siciliens paraissent confondus.

[2198] Le témoignage d’un Anglais, de Roger de Hoveden (p. 689), est de peu de poids contre le silence des auteurs allemands et italiens (Muratori, Annali d’Ital., t. X, p. 156). Les prêtres et les pèlerins qui revenaient de Rome faisaient des contes sans nombre sur la toute-puissance du saint père.

[2199] Ego enim in eo cum Teulonicis manere non debeo. Caffari, Annales genuenses, in Muratori, Script. rer. ital., t. VI, p. 367, 368.

[2200] Voyez sur les Sarrasins de Sicile et de Nocera les Annales de Muratori (t. X, p. 149, et A. D. 1221-1247), Giannone (t, II, p. 385) ; et parmi les originaux rapportés dans la collection de Muratori, Richard de Saint-Germain (t. VII, p. 996) ; Matteo Spinelli de Giovenazzo (t. VII, p. 1064) ; Nicolas de Jamsilla (t. X, p. 1194), et Matteo Villani (t. XIV, l. VII, p. 103). Le denier laisse entrevoir que Charles II, de la maison d’Anjou, employa l’artifice plutôt que la violence, pour réduire les Sarrasins de Nocera.

[2201] Muratori rapporte le passage d’Arnaud de Lubeck (l. IV, c. 20) : Reperit thasauros absconditos, et omnem lapidum pretiosorum et gemmarum gloriam, ita ut oneratis 160 sommariis, gloriose ad terram suam redierit. Roger de Hoveden, qui parle de la violation des tombeaux et des cadavres des rois, évalue la dépouille de Salerne à deux cent mille onces d’or (p. 746). Dans ces occasions, je suis très que tenté de m’écrier avec la jeune écouteuse de La Fontaine :

Par ma foi, je voudrais avoir ce qu’il s’en faut.

[2202] Je dois les détails que j’ai donnés, sur sa vie et son caractère, à d’Herbelot (Bibl. orient.,  Mahmud, p. 533-53, à M. de Guignes (Histoire des Huns, t. III, p. 155-173) et à notre compatriote le colonel Alexandre Dow (vol. I, p. 23-83). M. Dow donne les deux premiers volumes de son Histoire de l’Indoustan comme une traduction de l’ouvrage du Persan Ferishta ; mais il n’est pas aisé, à travers les pompeux ornements de son style, de distinguer la version et l’original.

[2203] La dynastie des Samanides subsista cent, vingt-cinq ans (A. D. 874-999), sous dix princes. Voyez la suite de ces princes et la ruiné de la dynastie, dans les Tables dg M. de Guignes (Hist. des Huns, t. I, p. 404-406). Elle fut remplacée par celle des Gaznevides, A. D. 999-1183 (voyez t. I, 239, 240). La division des peuples embrouille souvent les époques et jette de l’obscurité sur les lieux.

[2204] Gazna hortos non habet : est emporium et domicilium mercaturæ indicœ (Abulféda, Geogr., Reiske, Tabul. 23, p. 349 ; d’Herbelot, p. 364). Cette ville n’a été visitée par aucun voyageur moderne. groupe frôlait là le génie, Freddy n'était pas encore sur nos platines.

[2205] Par l’ambassadeur du calife de Bagdad, lequel employa ce mot arabe ou chaldaïque, qui signifie seigneur et maître (d’Herbelot, p. 825). Les écrivains de Byzance du onzième siècle le traduisent par ceux d’αυτοκρατωρ, βασιλευς βασιλεων ; et le mot σουλτανος ou soldanus, lorsqu’il eut passé des Gaznevides aux Seljoucides et aux émirs de l’Asie et de l’Égypte, se trouve souvent employé dans le langage familier des Grecs et des Latins. Ducange (Dissert. 16 sur Joinville, p. 238-240 ; Gloss. græc. et latin.) travaille à trouver le titre de sultan employé dans l’ancien royaume de la Perse ; mais ses preuves sont chimériques : il fonde son opinion sur un nom propre des thêmes de Constantin (II, 11), sur un passage de Zonare, qui a confondu les époques, et sur une médaille de Kai-Khosrou, qui n’est pas, comme il le croit, le Sassanide du sixième siècle, mais le Seljoucide d’Iconium, qui vivait au treizième siècle. De Guignes, Hist. des Huns, t. I, p. 246.

[2206] Ferishta (apud Dow, Hist. of Hindoustan, vol. I, p.49) parle d’une arme à feu qu’on disait se trouver dans l’armée des Indous, irais je ne croirai pas aisément’ à cet .usage prématuré (A. D. 1008) de l’artillerie : je voudrais examiner d’abord le texte, et ensuite l’autorité de Ferishta, qui vivait à la cour mongole dans le dernier siècle.

[2207] On place Kinnouge ou Canouge (l’ancienne Palimbothra) par 27 degr. 3 min. de latitude, et 80 degr. 11 min. de longitude. Voyez d’Anville (Antiq. de l’Inde, p. 60-62), corrigé par le major Rennel, qui a été sur les lieux (voyez son excellent Mémoire sur sa carte de l’Indoustan, p. 37-43 de ce Mémoire). Il faut réduire beaucoup des trois cents joailliers, des trente mille boutiques de noix d’arèque, des soixante mille troupes de musiciens, etc., comptés par Abulféda, Geogr., Tab. XV, p. 274 ; Dow, vol. I, p., 16.

[2208] Les idolâtres de l’Europe, dit Eerishta (Dow, vol. I, p.65). Voyez Abulféda, p. 272, et la Carte de l’Indoustan, par Renuel.

[2209] D’Herbelot, Biblioth. orientale, p. 527. Au reste, ces lettres, ces apophtegmes, etc., offrent rarement le langage du cœur et le motif des actions publiques.

[2210] Ils citent, par exemple, un rubis de quatre cent cinquante miskals (Dow, vol. I, p. 53) ou six livres trois onces : le plus gros du trésor de Delhi pesait dix-sept miskals (Voyages de Tavernier, partie II, p. 280). Il est vrai qu’en Orient on donne le nom de rubis à toutes les pierres colorées (p. 355), et que Tavernier en avait vu trois plus grosses et plus précieuses parmi les pierreries de notre grand roi, le plus puissant et le plus magnifique de tous les rois de la terre (p. 376).

[2211] Dow, t. I, p. 65. On dit que le souverain de Kinnoge avait deux mille cinq cents éléphants (Abulféda, Geogr., Tab. XV, p. 274). Le lecteur peut, d’après ces détails sur l’Inde, corriger une note du chapitre 8, tome II, ou il peut corriger ces détails d’après la note que je viens d’indiquer.

[2212] Voyez un tableau exact et naturel de ces mœurs pastorales dans l’histoire de Guillaume, archevêque de Tyr (l. I, c. 7, Gesta Dei per Francos, p. 633, 634), et une note précieuse qu’on doit à l’éditeur de l’Histoire généalogique des Tatars ; p. 535-538.

[2213] On peut découvrir les premières migrations des Turcomans et l’origine incertaine des Seljoucides dans l’histoire laborieuse des Huns par M. de Guignes (t. I, Tables chronolog., l. V ; t. III, l. VII, IX, X), dans la Bibliothèque orientale de d’Herbelot (p. 799-802, 897-901), dans Elmacin (Hist. Saracen., p. 331-333), et dans Abulpharage (Dynast., p. 221- 222).

[2214] Dow, Hist. of Hindostan, vol. I, p. 89, 95, 98. J’ai copié ce passage pour échantillon du style de l’auteur persan ; mais je présume que, par une bizarre fatalité, la manière de Ferishta aura été perfectionnée par celle d’Ossian.

[2215] Le Zendekan de d’Herbelot (p. 1028), le Dindaka de Dow (vol. I, p. 97), est, selon toute apparence, le Dandanekan d’Abulféda (Geogr., p. 345, Reiske), petite ville du Khorasan, à deux journées de Marou ; et célèbre en Orient par le coton que produisait son sol et que travaillaient les habitants.

[2216] Les historiens de Byzance (Cedrenus, II, p. 766, 767 ; Zonare, t. II, p. 255 ; Nicéphore, Bryennius, p. 21) ont confondu dans cette révolution les époques et les lieux, les noms et les personnes, les causes et les événements. L’ignorance et les erreurs de ces Grecs, que, je ne m’arrêterai pas à débrouiller, peuvent inspirer des doutes sur l’histoire de Cyaxare et de Cyrus, telle que la racontent les plus éloquents de leurs prédécesseurs.

[2217] Guillaume de Tyr, l. I, c. 7, p. 633. La divination par les traits est ancienne et célèbre en Orient.

[2218] D’Herbelot, p. 801. Au reste, lorsque sa postérité fut parvenue au faîte des grandeurs, Seljouk se trouva être le trente-quatrième descendent du grand Afrasiab, empereur de Touran (p. 800). La généalogie tartare de Zingis offre une autre manière de flatter et une autre fable ; et l’historien Mirkhond fait venir les Seljoucides d’Alankavah, la Vierge mère (p. 801, col. 2). Si en effet ce sont les Zalzuts d’Abulghazi-Babadur-khan (Hist. généalog., p. 148), ou cite en leur faveur un témoignage de beaucoup de poids, celui d’un prince tartare lui-même, d’un  descendant de Zingis, d’Alantkavah ou Alancu, et Oghuz-khan.

[2219] Par une légère transformation, Togrul-Beg se trouve être le Tangroli-Pix des Grecs. D’Herbelot (Bibl. orient., p. 1027, 1028) et de Guignes (Hist. des Huns, t. III, p. 189-201) donnent des détails fidèles sur son règne et sur son caractère.

[2220] Cedrenus (t. II, p. 774, 775), Zonare (t. II, p. 257), avec leurs connaissances ordinaires sur les affaires d’Orient, parlent de l’ambassadeur comme d’un shérif, qui, semblable au syncellus du patriarche, était le vicaire et le successeur du calife.

[2221] J’ai tiré de Guillaume de Tyr cette distinction des Turcs et des Turcomans, qui du moins est populaire et commode. Les noms sont les mêmes, et la syllabe man à la même valeur dans l’idiome de la Perse et dans la langue teutonique. Peu de critiques adopteront l’étymologie de Jacques de Vitry (Hist. Hierosol., liv. I, c. 1, p. 1061), qui dit que TURCOMANI signifie Turci et Comani, un peuple mêlé.

[2222] Histoire générale des Huns, tom. III, p. 165, 166, 167. M. de Guignes cite Abulmahasen, historien d’Égypte.

[2223] Consultez la Bibliothèque orientale, articles Abbassides, Caher ou Cayem, et les Annales d’Elmacin et d’Abulpharage.

[2224] Je dois à M. de Guignes (t. III, p. 197, 198) les détails de cette cérémonie curieuse ; ce savant auteur l’a tirée de Bondari, qui à composé en arabe l’Histoire des Seljoucides (t. V, p. 365). Je ne sais rien sur le siècle, le pays ou le caractère de Bondari.

[2225] Eodem anno (A. H. 455) obiit princeps Togrul-Becus... Rex fuit clemens, prudens, et peritus regnandi, cujus terror corda mortalium invaserat, ita ut obedirent ei reges atque ad ipsum scriberetat. Elmacin, Hist. Saracen., p. 342, vers. Erpenii.

[2226] Voyez sur les guerres des Turcs et des Romains, Zonare et Cedrenus, Scylitzes, le continuateur de Cedrenus, et Nicéphore Bryennius César. Les deux premiers étaient des moines, et les deux derniers des hommes d’État ; cependant tels étaient les Grecs d’alors, qu’on aperçoit à peine quelque différence de style et de caractère. Quant à ce qui regarde les Orientaux, je profite, comme à l’ordinaire, des richesses de d’Herbelot (voyez les articles des premiers Seljoucides), et des recherches exactes de M. de Guignes (Hist. des Huns, t. III, l. X).

[2227] Cedrenus, t. II, p. 791. La crédulité du vulgaire est toujours vraisemblable ; et les Turcs avaient appris des Arabes l’histoire ou la légende d’Escander Dulcarnien. D’Herbelot, p. 317, etc.

[2228] Scylitzes, ad calcem Cedreni, t. II, p. 834, dont les constructions équivoques ne me déterminent pas à penser qu’il ait confondu le nestorianisme et l’hérésie des monophysites. Il parle familièrement de μηνις, χολος, οργη Θεου, qualités que je croirais étrangères à l’être parfait ; mais son aveugle doctrine est forcée d’avouer que cette colère οργη, μηνις, etc., tomba bientôt sur les Latins orthodoxes.

[2229] Si les Grecs avaient connu le nom de Géorgiens (Stritter, Memoriœ byzant., t. IV, Iberica), je le ferais venir de leur agriculture, ainsi que le Σκυθαι γεωργοι d’Hérodote (l. IV, c. 18, p. 289, édit. de Wesseling). Mais on ne le trouve parmi les Latins (Jacques de Vitry, Hist. Hierosol., c. 9 p. 1095), et les Orientaux (d’Herbelot, p. 407), que depuis les croisades, et il a été dévotement tiré du nom de saint George de Cappadoce.

[2230] Mosheim, Instit. Hist. ecclés., p. 632. Voyez dans les Voyages de Chardin (t. I, p. 171-174), les mœurs et la religion de cette peuplade si belle et si méprisable. La généalogie de leurs princes, depuis Adam jusqu’à nos jours, se trouve dans les Tables de M. de Guignes, t. i, p. 433-438.

[2231] Constantin Porphyrogénète fait mention de cette ville (de Administr. Imper., l. II, c. 44, p. 119) Les auteurs qui écrivirent à Byzance dans le onzième siècle, en parlent également sous le nom de Mantzikierte, et plusieurs la confondent avec Théodosiopolis ; mais Delisle, dans ses Notes et sa Carte, a fixé la situation de Malazkerd. Abulféda (Geogr., Tab. 17, p. 310) dit que Malazkerd est une petite ville bâtie de pierres noires, où l’on trouve de l’eau, mais oit il n’y a point d’arbres, etc.

[2232] Les Uzes des Grecs (Stritter, Memor. byzant., t. III, p. 923-948), sont les Gozz des Orientaux (Hist. des Huns, t. II, p. 522 ; t. III, p. 133, etc.). On les trouve sur les rives du Danube et du Volga, dans l’Arménie, la Syrie et le Khorasan, et il paraît qu’on donna ce nom à la nation entière des Turcomans.

[2233] Geoffroy Malaterra (l. I, c. 33) distingue Urselius (le Russelius de Zonare) parmi les Normands qui subjuguèrent la Sicile, et il lui donne le surnom de Baliol. Les historiens d’Angleterre vous disent comment les Bailleuls vinrent de Normandie à Durham, bâtirent le château de Bernard sur la Tees, épousèrent une héritière d’Écosse, etc. Ducange (Note ad. Nicephor. Bryennium, l. II, n° 4) a fait des recherches sur cette matière en l’honneur du président de Bailleul, dont le père avait quitté la profession des armes pour celle de la robe.

[2234] Elmacin (p. 343, 344) indique ce nombre assez vraisemblable ; mais Abulpharage (p. 227) le réduit à quinze raille cavaliers, et d’Herbelot (p. 102) à douze mille. Au reste, le même Elmacin donne trois cent mille hommes à l’empereur ; Abulpharage dit aussi : Cum centum hominum millibus, multisque equis et magna pompa instructus. Les Grecs s’abstiennent de fixer aucun nombre.

[2235] Les auteurs grecs ne disent pas d’une manière si claire que le sultan se soit trouvé à la bataille : ils assurent que Arslan donna le commandement de ses troupes à un eunuque, et qu’il se retira au loin, etc. Est-ce par ignorance ou par jalousie, ou bien le fait est-il véritable ?

[2236] Il était fils de César-Jean Ducas, frère de l’empereur Constantin (Ducange, Fam. byzant., p. 165) : Nicéphore Bryennius loue ses vertus et atténue ses fautes (l. I, p. 30-38, l. II, p. 53.) ; mais il avoue, sa haine pour Romanus. Seylitzes parle plus nettement de la trahison d’Andronic.

[2237] Nicéphore et Zonare omettent sagement ce fait, qui est rapporté par Scylitzes et Manassès, mais qui parait difficile à croire.

[2238] Les Orientaux attestent la rançon et le tribut, qui sont bien vraisemblables. Les Grecs gardent modestement le silence, si l’on en  excepte Nicéphore Bryenmius, qui ose assurer que les articles étaient ουκ αναξιας Ρομαιων αρχης, et que l’empereur aurait préféré la mort à un honteux  traité.

[2239] Les détails de la défaite et de la captivité de Romanus Diogène se trouvent dans Jean Scylitzes (ad calcem Cedreni, t. II, p. 835-843), Zonare (t. II, p. 281-284), Nicéphore Bryennius (liv. I, p. 25-32), Glycas (p. 325-327), Constantin Manassès (p. 134), Elmacin (Hist. Saracen., p. 343, 344), Abulpharage (Dynast., p. 227), d’Herbelot (p. 102-103), de Guignes (tom. III, p. 207-211). Outre mes anciennes connaissances, Elmacin et Abulpharage, l’historien des Huns a consulté Abulféda et Benschounah, son abréviateur, une chronique des califes, par Soyouthi, l’Égyptien  Abulmahasen, et l’Africain Novairi.

[2240] D’Herbelot (p. 103, 104) et M. de Guignes (t. III, p. 212, 213) racontent, d’après les écrivains orientaux, cette mort intéressante ; mais ces deux auteurs n’ont pas conservé dans leur récit l’âme d’Elmacin (Hist. Saracen., p. 344, 345).

[2241] Un critique célèbre (feu le docteur Johnson), qui a examiné avec tant de rigueur les épitaphes de Pope, pourrait chicaner sur ces mots de cette sublime inscription : VENEZ À MAROU, puisqu’on doit y être au moment où on lit l’inscription.

[2242] La Bibliothèque orientale a donné le texte du règne de Malek (p. 542, 543, 544, 654-655) ; et l’Histoire générale des Huns (t. III, p. 214-224) répète les mêmes faits, avec les corrections et les suppléments qu’on y trouve pour l’ordinaire. J’avoue que sans les recherches de ces deux savants Français, il me serait impossible de me reconnaître dans le monde oriental.

[2243] Voyez un excellent Discours à la fin de l’Histoire de Nadir-Shah, par sir William Jones, et les articles des poètes Amak, Arivari, Raschidi, etc., dans la Bibliothèque orientale.

[2244] Ce prince turc se nommait Kheder-khan ; il avait quatre sacs de pièces d’or et d’argent autour de son sofa, et il en donnait des poignées aux poètes qui lui récitaient des vers (d’Herbelot, p. 107). Tout cela peut être vrai ; mais je ne conçois pas que Kheder ait pu régner dans la Transoxiane au temps de Malek-Shah, et encore moins qu’il ait pu éclipser Malek par son faste et sa puissance. Je présume que ce prince régna au commenceraient, et non pas à la fin du onzième siècle.