CHAPITRE XVIII

« Bonsoir, capitaine Mainwaring. Je m’appelle Yerensky. J’ai cru comprendre que vous cherchiez une cargaison pour votre vaisseau. »

Alicia releva le nez de son verre de vin et aperçut un grand type d’aspect cadavérique. Il était bien habillé en dépit de sa dégaine famélique, et ses intonations policées ne détonnaient pas dans le brouhaha de ce restaurant huppé. Elle le scruta un instant puis se rejeta en arrière et, d’un geste discret, désigna la chaise libre en vis-à-vis. Yerensky s’y faufila en souriant poliment. Un serveur se matérialisa à ses côtés et Alicia sirota une gorgée de son vin en profitant de ce bref échange à voix basse entre garçon et client pour jauger son commensal.

Aussi lisse que la vase d’un étang, pas vrai ? > fit-elle observer ; elle sentit Tisiphone acquiescer silencieusement. Elles n’étaient guère surprises, au demeurant. Elles en avaient beaucoup appris sur Yerensky au cours des deux dernières semaines consacrées à arranger cette rencontre.

Trouver l’affréteur adéquat s’était révélé bien plus difficile qu’Alicia ne s’y était attendue. Non qu’elles n’aient reçu des propositions à la tonne, mais pratiquement toutes, à son grand dam, avaient été légales. Elle avait sous-estimé l’impact des raids des pirates sur le tarif des assurances et, compte tenu des circonstances, la haute vélocité du Coursier des étoiles contrebalançait largement sa faible capacité de fret. Si Alicia avait réellement été une libre négociante, elle aurait pu augmenter d’un quart de la somme que la rapidité de son vaisseau lui permettait de défalquer de sa prime d’assurances le barème des honoraires qu’elle percevait pour le transport et tripler néanmoins sa marge normale.

Hélas, elle ne recherchait pas une cargaison honnête et elle avait dû concocter une extraordinaire panoplie d’excuses pour décliner ces propositions. À plus d’une occasion, elle avait dû se résoudre à laisser la Furie s’immiscer dans le cerveau d’un commanditaire parfaitement légitime pour l’inciter à lui suggérer lui-même une bonne raison de repousser son offre.

À devenir dingue. D’autant qu’une des incursions de Mégère et de Tisiphone dans la base de données classifiées avait révélé que l’Empire venait de fournir ses empreintes rétiniennes et génétique à l’Association Jung. Elles n’avaient pas prévu ce rebondissement en créant le capitaine Mainwaring et s’étaient donc servies des vraies ; Alicia avait failli tomber dans les pommes en découvrant que les autorités possédaient les deux jeux. Si jamais on procédait à une vérification à chaque nouvelle arrivée…

Du moins cette menace avait-elle été écartée, voire oblitérée, grâce à ce simple expédient : renvoyer Tisiphone dans le réseau pour altérer les empreintes du capitaine du Coursier. Solution sans doute imparfaite, puisque tout document signé par Alicia en sa qualité de capitaine Mainwaring – contrat de transport, par exemple – inclurait ses empreintes rétiniennes réelles, qui ne correspondraient plus à celles de son dossier, mais elles ne pouvaient guère faire mieux. Tisiphone avait suggéré de falsifier le téléchargement de la Flotte plutôt que celui de Mainwaring, mais Alicia et Mégère avaient voté contre au motif qu’elles ne pourraient accéder aux dossiers de Soissons. Il était certes tentant de « légitimer » les empreintes du capitaine du Coursier, mais personne, sachant à l’avance qu’elles correspondaient à leur vrai propriétaire, ne songerait fort vraisemblablement à vérifier les empreintes apposées sur un document. Du moins Alicia l’espérait-elle, et cette éventualité la tracassait moins que ce qui risquait de se produire si le bureau des renseignements navals décidait de contrôler et constatait que les archives d’Alicia DeVries sur MaGuire n’étaient plus identiques à celles de Soissons. Ce qui prouverait à tout le moins qu’elle était passée par MaGuire, puisque personne, sinon elle, n’avait la moindre raison de les modifier. Pire, une simple comparaison des dossiers révélerait très vite que les empreintes du « capitaine Mainwaring », elles, correspondaient.

Rien de tout cela n’était fait pour apaiser ses nerfs, mais au moins pourraient-elles bientôt déguerpir, semblait-il. Les prudents coups de sonde mentaux de la Furie avaient enfin permis de piocher un nom et un visage, ceux d’Anton Yerensky, dans les pensées d’un négociant plus intègre ; et môssieur Yerensky, à ce qu’il paraissait, avait besoin de faire acheminer une cargaison jusqu’à Ching-Haï, dans le système de Thierdahl. Encore à demi sauvage et pauvrement colonisée, Ching-Haï n’était pas précisément éligible… mis à part qu’elle ne se trouvait qu’à dix années-lumière de Dewent, laquelle Dewent n’était séparée de Wyvern que par moins de six. Mieux, ce qui, sur Ching-Haï, passait pour les autorités planétaires entretenait avec ces deux dernières planètes d’assez douillettes relations.

Une fois Yerensky identifié, arranger des rencontres fortuites avec deux ou trois de ses associés ne s’était pas révélé bien compliqué. Après que Tisiphone eut implanté dans leur esprit une première impression favorable du capitaine Mainwaring, l’un d’eux avait accepté d’en parler ultérieurement à Yerensky et, pour la première fois, les conditions de transport légèrement biaisées du Coursier avaient joué en sa faveur. Dans la mesure où tant de vaisseaux rapides prenaient en charge les cargaisons légales, les réserves de contrebandiers menaçaient de s’épuiser.

« Vous semblez bien informé, monsieur Yerensky, répondit-elle quand le serveur s’éloigna avec sa commande. Je cherche en effet une cargaison – réduite, j’en ai peur, mais j’imagine que vous avez déjà pris connaissance de ma capacité de fret auprès des autorités portuaires.

— Celle de votre vaisseau me conviendrait parfaitement, capitaine, pourvu que nous nous mettions d’accord.

— Je vois. » Alicia remplit son verre de vin et le brandit à la lumière. « De quel cubage exactement parlons-nous en l’occurrence, monsieur Yerensky ?

— Oh, d’une centaine de mètres cubes, tout au plus. Un peu moins, en fait.

— Je vois », répéta-t-elle. C’était effectivement une petite cargaison, inférieure à la moitié du cubage disponible dans la soute du Mégère, laquelle était déjà bien remplie de pièces de rechange et de pièces détachées. « Et où aimeriez-vous que je la livre ?

— Ah, c’est assez délicat, capitaine, répondit lentement Yerensky, en la scrutant de sous ses paupières baissées. Voyez-vous, j’ai besoin qu’elle soit livrée à Ching-Haï. » Il s’interrompit une seconde, comme pour la laisser s’imprégner de l’idée, puis reprit : « Je crois comprendre que vous disposez d’une navette de fret de la Flotte susceptible de circuler en terrain dangereux ? »

Alicia abaissa son verre de vin et permit à ses lèvres de se retrousser pour dessiner un petit sourire.

« Effectivement. Dois-je en déduire que votre destinataire sera… incapable d’en accuser réception dans un port régulier ?

— Précisément, répondit poliment Yerensky, avec un sourire non moins ténu. Je vois que vous êtes bon juge en la matière, capitaine.

— On s’y efforce, monsieur Yerensky. » Le serveur revenant avec la commande de Yerensky et commençant à disposer des plats sur la table, Alicia but une autre gorgée de vin. Ces plats étaient fort nombreux et elle se demanda quelle sorte de métabolisme pouvait bien absorber tout cela en continuant d’avoir l’air famélique.

Le serveur s’éclipsa de nouveau et Yerensky déplia sur ses genoux une serviette blanche comme neige puis tendit la main vers sa fourchette.

« Compte tenu de votre observation, capitaine, je présume que vous êtes consciente de la… variable… euh, disons relativement inconnue que vous représentez, vous et votre équipage.

— Si vous avez consulté mon téléchargement au port, vous avez dû découvrir que nous sommes rattachés au gouverneur du secteur de Melville », répondit Alicia, en s’abstenant de mentionner que ledit gouverneur de Melville serait le premier surpris le l’apprendre.

« Eh bien… oui, capitaine, mais MaGuire peut difficilement être regardée comme une planète impériale, n’est-ce pas ? Et, dans certaines circonstances, un expéditeur pourrait trouver malcommode de se retourner contre votre garant en cas… d’avanie. »

En d’autres termes, fit silencieusement observer Alicia à Tisiphone, un escroc peut difficilement vous poursuivre pour le détournement de sa cargaison illégale.

— Il est assez réconfortant de découvrir que certaines choses n’ont pas changé >, répondit la Furie ; Alicia hocha la tête à l’attention de Yerensky.

« Je peux le comprendre. D’un autre côté, j’imagine que vous ne seriez pas venu me trouver si vous n’aviez pas pressenti que je pouvais résoudre ces petits problèmes.

— Vous êtes une femme selon mon cœur, capitaine, déclara Yerensky en étalant plus régulièrement sa salade. J’aimerais que nous puissions baser nos relations sur une confiance mutuelle.

— De quelle manière ?

— Peut-être en vous réglant un acompte de vingt-cinq pour cent sur les honoraires totaux du transport, le reste étant placé sur un compte bloqué à MaGuire jusqu’à ce que la cargaison soit livrée à mon agent sur Ching-Haï. »

Alicia hocha pensivement la tête, mais les rouages de son cerveau s’activaient fébrilement. C’était une idée exécrable, qui exigerait des liasses de paperasse légale, autrement dit d’autres empreintes rétiniennes. Mais elle ne pouvait pas vraiment avancer cet argument pour y objecter…

« Intéressante suggestion, monsieur Yerensky, mais qui n’entre pas du tout dans la manière dont je conduis habituellement mes affaires. Je peux sans doute concevoir certaines circonstances dans lesquelles – à votre insu, naturellement – un destinataire peu scrupuleux nierait avoir pris réception de la marchandise, ce qui justifierait le compte bloqué, voire exigerait le recours à un procès. Mais, voyez-vous, ces ports un peu rustiques sont aussi souvent sous-équipés. Une divergence d’opinion parfaitement honorable pourrait s’élever et, sans les instruments appropriés pour évaluer la cargaison, eh bien… » Elle haussa les épaules avec un petit sourire impuissant et une lueur d’admiration brilla dans les yeux de Yerensky.

— Je vois. Dois-je conclure que vous avez une contre-proposition, capitaine ?

— En effet. Je suggère que vous me régliez la moitié des frais de transport d’avance et que votre destinataire me règle l’autre moitié après réception et examen de la marchandise. Je renonce de mon côté à la sécurité d’un compte bloqué et vous-même ne prenez qu’un risque légèrement plus élevé avec votre acompte. Ça me semble équitable. »

Yerensky mâchonna songeusement sa salade pendant quelques secondes puis hocha la tête. « Je pense pouvoir accepter cet arrangement, pourvu que nous parvenions à un accord sur le reste des conditions à notre mutuelle satisfaction.

— Oh, mais je suis persuadée que nous y parviendrons, monsieur Yerensky. » Alicia lui fit un sourire encore plus suave. « Je suis une fanatique de la satisfaction mutuelle. »

 

Alicia s’inclina en arrière dans son fauteuil de commandant et mordit dans un grain de raisin. Elle en savoura le jus et la pulpe avec une délectation sensuelle, tandis qu’un étrange dialogue bourdonnait à l’arrière de son crâne ; Mégère et Tisiphone partageaient son plaisir.

Très agréable, fit observer l’IA. Bien plus prégnant que dans tes souvenirs. J’en regretterais presque de n’être pas de chair et de sang.

— Pas moi, dit Tisiphone. Ces moments-là sont sans doute plaisants, mais quel besoin de chair et de sang quand nous pouvons les partager avec Alicia ? Et, à la différence d’Alicia, nous ne sommes pas soumises aux aspects les plus désagréables de cette existence.

— Voyeuses ! > Alicia avala et examina la grappe sur ses genoux pour choisir un nouveau grain. « Vous devriez faire l’expérience de ses mauvais côtés… Un bon petit coup de froid, par exemple… pour pouvoir véritablement en apprécier les bons.

— Je dois néanmoins te faire remarquer que la vraie souffrance rend le plaisir plus doux encore, petite. La jouissance n’est pas seulement l’absence de douleur.

— Peut-être. » Elle se fourra dans la bouche le grain de raisin sélectionné et reporta son attention sur les senseurs de Mégère.

Elles avaient quitté la monotonie terrifiante de l’espace du vortex une heure plus tôt, en décélérant à un rythme régulier vers le centre du système de Ching-Haï, et la splendeur des étoiles était plus douce encore que le raisin. Elle s’en abreuvait, exultait, jouissait de l’acuité et de la portée des sens de Mégère à mesure que la lointaine étincelle de Thierdahl grandissait, de plus en plus brillante. Elles avaient quitté MaGuire quinze jours plus tôt – un peu plus de onze selon leurs horloges –, avec leur cargaison de fournitures médicales de contrebande, et elle se demanda de nouveau ce qu’elles allaient découvrir en arrivant à destination. Jusque-là, tout s’était aussi bien passé qu’elle l’avait espéré.

< Évidemment, petite. Que pourrait-il bien arriver de grave dans l’espace du vortex ?

— Rien, mais il est dans la nature de la bête humaine de s’inquiéter. Au moins n’ai-je pas à éprouver des remords de conscience pour notre cargaison.

— Ne sois pas stupide. Dans la poursuite de notre vengeance, il n’y a pas de place pour le “remords”. Ni aucune raison non plus de culpabiliser. >

L’assurance absolue de Tisiphone lui arracha une grimace. Il lui arrivait parfois d’oublier pendant plusieurs jours d’affilée à quel point Tisiphone était d’une essence étrangère, et la Furie lui sortait à brûle-pourpoint une tirade de cette eau. Ça n’avait rien d’une posture. C’était tout bonnement la vérité telle qu’elle la concevait.

« Je crains de n’être pas d’accord avec toi sur ce point. Je cherche la justice, pas la vengeance aveugle, et j’aimerais autant ne pas molester des innocents.

— La justice est une illusion, petite. > La voix mentale de la Furie ruisselait de mépris. < Les tiens ont beaucoup appris mais aussi beaucoup oublié.

— Oublier… ou plutôt apprendre un peu ne te ferait pas de mal.

— Quoi, par exemple ?

— Que la vengeance est une réaction en chaîne. Quand on l’exerce sur quelqu’un, on lui fournit souvent une excuse pour chercher à se venger de vous.

— Mais ce n’est pas le cas de ta précieuse justice, peut-être ? Tu es plus avisée que cela, Alicia DeVries… ou du moins le devrais-tu si tu l’y autorisais !

— Tu ne vois pas l’essentiel. Quand une société est fondée sur la pure vengeance, c’est à qui possédera la plus grosse matraque ! La justice, elle, fournit des règles qui permettent aux gens de vivre en communauté avec un semblant de décence.

— Bah ! Ta “ justice” n’est jamais qu’une vengeance en dentelles ! Elle n’existe pas sans châtiment… ou bien prétendrais-tu que le colonel Watts a été traité “équitablement” pour le tort qu’il a causé à la compagnie ? >

Les lèvres d’Alicia se retroussèrent en un rictus involontaire, mais elle ferma les yeux et le refoula en sentant l’amusement de la Furie.

— Non, je ne qualifierais pas cela de justice, pas plus que je ne nierais que la punition en fait partie. Je ne prétendrai même pas n’avoir pas souhaité me venger de ce fils de pute. Mais la culpabilité doit précéder le châtiment… et il était coupable comme l’enfer. Une société ne peut pas se contenter de frapper à tort et à travers sans avoir déterminé si le puni est bien le coupable. Ce serait verser dans la pire sorte de versatilité… et se faire le fourrier d’une foutue anarchie.

— En quoi l’anarchie me dérange-t-elle ? s’enquit Tisiphone. Et je ne suis pas la “société”. Toi non plus, au demeurant. Tu es un individu cherchant réparation pour les torts qu’on vous a causés, à toi et d’autres qui ne sont plus en mesure de le faire. Est-ce faux ?

— Je n’ai pas dit que ça l’était. Mais que je ne tenais pas à nuire à des passants innocents. Mais, que cela te plaise ou non, la justice – la règle imposée par la loi et non par les hommes, si tu préfères – est la colle qui soude les sociétés humaines. Elle permet aux êtres humains de vivre ensemble dans un certain sentiment de sécurité et elle établit des précédents. Quand un criminel est jugé coupable et condamné, cela fixe les paramètres, les limites de l’acceptable et de l’intolérable ; et, quand par hasard nous progressons de quelques centimètres, c’est elle aussi qui nous empêche de déraper et de retomber en arrière.

— C’est toi qui le dis, petite, mais tu te trompes. C’est la compassion, et non la raison, qui te souffle tes pensées… une compassion déplacée pour des gens qui ne la méritent pas. Voilà ce que tu ressens en réalité. >

Le visage d’Alicia se déforma quand la Furie relâcha les blocages internes – blocages dont Alicia avait presque oublié l’existence – et une fureur rouge, aveuglante, bouillonna à l’arrière de son cerveau. Elle crispa les poings et les mâchoires pour réprimer l’envie soudaine de briser quelque chose – n’importe quoi – tant l’émotion lui inspirait une frénésie de pure destruction. Elle sentit la détresse de Mégère, sentit l’IA fustiger Tisiphone dans un futile effort pour arracher Alicia à la haine subite qui la taraudait, mais même cela lui semblait faible, ténu et lointain, lointain…

Les barrières se relevèrent brutalement et elle s’affaissa sur son fauteuil en hoquetant, ruisselant de sueur.

< Salope ! gronda Mégère. Si jamais tu recommences, je…

— Paix, Mégère, l’interrompit doucement la Furie. Je ne lui ferai aucun mal. Mais elle doit se connaître elle-même si nous voulons réussir. Notre projet ne tolère ni confusion ni aveuglement sur soi-même. >

Alicia tremblait sur sa couchette, les terminaisons nerveuses horripilées ; elle ferma son esprit aux pensées des deux autres. Elle avait besoin de silence, de respirer un peu et de se remettre de ce qu’elle venait d’apprendre sur elle-même. Elle croyait dur comme fer à ce qu’elle venait de dire à Tisiphone – mieux, elle savait que c’était vrai. Pourtant…

Elle rouvrit les yeux et contempla ses mains. Elles étaient moites, poisseuses, gluantes de pulpe de raisin. Elle frissonna.

La voie des furies
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