CHAPITRE XI

 

Assis à côté de Hassan, Malko regardait attentivement les maisons de Siachin Road défiler sur leur droite. Il était dix heures et demie du matin. Il avait, à dessein, choisi de ne pas interférer avec le jogging de Sultan Hafiz Mahmood. Il passa lentement devant le début de la 7e Rue, aperçut fugitivement une voiture bleue arrêtée devant une des maisons. Sûrement la protection statique du scientifique pakistanais.

— Continuez jusqu’à la mosquée Shah Faisal, demanda-t-il à Hassan.

Celui-ci obéit, puis repartit ensuite sur Siachin Road, en direction du zoo. Cette fois, Malko scrutait les pentes de la colline, légèrement boisées. Quelques petits groupes étaient installés sous les arbres. Peu de piétons sur le trottoir. Peu de véhicules. S’attarder eût été contre-productif… Malko se tourna vers Hassan.

— Vous a-t-on donné quelque chose pour moi ?

— Oui, sir, c’est dans le coffre.

La balise électronique destinée à l’hélicoptère. Sa durée de vie était de huit jours, autant la mettre en place maintenant, pour éviter les allers-retours.

— Nous retournons à Taxila, annonça Malko.

Cette fois, il chronométra le parcours, demandant à Hassan de ne pas rouler trop vite. Exactement quarante-cinq minutes de Siachin Road à l’entrée du site archéologique. En comptant une heure, ils seraient dans les temps. Si un camion se renversait au milieu de l’autoroute Islamabad-Peshawar, dans ce pays où les pneus des véhicules étaient lisses comme des joues de bébé, tout était possible… Il repartit sous le soleil vers le stûpa de Dharmarajika. Il faisait encore plus chaud que la veille, et les mêmes voleurs de pierres étaient au travail. Malko dut attendre à l’ombre du stûpa géant qu’ils aient terminé de charger les pierres pour dissimuler soigneusement dans l’herbe la balise GPS, après l’avoir activée. De ce côté-là, au moins, il n’y aurait pas de problème. Désormais, jusqu’au jour J, il n’avait plus grand-chose à faire.

 

*

*   *

 

Aisha Mokhtar en avait perdu le goût du sexe, rembarrant méchamment son dernier prétendant qui, pourtant, possédait des attributs sexuels impressionnants. Il pleuvait sur Londres et cela n’incitait pas à la joie. Sa maison était même carrément sinistre quand il n’y avait pas de soleil, en dépit du minuscule jardinet intérieur. Depuis le départ de son éphémère et princier amant, la Pakistanaise retournait dans sa tête les circonstances de leur rencontre. N’étant pas naïve, elle n’écartait pas une manip’.

Mais par qui et dans quel but ?

Bien sûr, il s’était montré un excellent amant, mais cela ne signifiait pas qu’il n’avait que cela en tête. Beaucoup de gens pouvaient s’intéresser à elle. Les Pakistanais d’abord, les services israéliens et américains ensuite. Son amant aussi, agissant soit par jalousie, soit pour se renseigner.

Elle en éprouvait un sentiment de malaise, d’angoisse même. Se demandant si, pour quelque temps, elle ne devrait pas abandonner Londres pour retourner à Dubaï, où elle se trouvait sous la protection du cheikh. Plus elle y pensait, plus elle se persuadait que Sultan Hafiz Mahmood pouvait être derrière cette rencontre bizarre.

Finalement, elle prit son téléphone et composa le numéro de son vieil amant. Sûrement écoutée par les Pakistanais.

Le numéro sonna longuement avant qu’une voix de femme réponde. Une domestique, d’après l’accent.

— Ton maître est là ? demanda Aisha Mokhtar.

— Oui, je crois.

— Dis-lui que c’est un appel de Londres. Aisha.

Elle entendit qu’on posait l’appareil et quelques instants plus tard, la voix chaleureuse de Sultan Hafiz Mahmood éclata dans l’appareil.

— Aisha ! Quelle bonne surprise.

— Je pensais à toi, dit la Pakistanaise, sans mentir. Comment vas-tu ?

— Mal, sans toi. Alors, tu as décidé de venir ?

— Je t’ai dit que j’allais m’organiser, promit-elle. Tu es en bonne santé ? Pas de problème ?

Ils bavardèrent quelques minutes, puis Aisha Mokhtar posa la question d’un ton détaché :

— Est-ce que tu m’as envoyé quelqu’un à Londres ?

— Quelqu’un ? Qui ?

— Un prince autrichien, un certain Malko Linge.

— Je ne connais pas de prince autrichien, jura Sultan Hafiz Mahmood, et jamais je ne t’enverrais un homme. Tu les aimes trop…

Elle rit, partiellement soulagée. Il ne mentait pas… Puis elle raccrocha, au bout d’un moment. Il restait toutes les autres hypothèses. Pas rassurantes. Elle se demanda si elle allait réclamer la protection de Scotland Yard. Mais contre qui ? Un homme qui lui avait fait plusieurs fois merveilleusement l’amour…

 

*

*   *

 

Le club de l’ONU était presque vide. Deux grandes soirées diplomatiques, chez les Russes et les Japonais, avaient aspiré tous les « expats » d’Islamabad. Seules, deux tables étaient occupées dans le jardin. William Hancock était assis à l’une d’elles, en compagnie des deux gorilles.

— Vous avez mis la balise en place ? demanda-t-il à Malko.

— Absolument. Il y a du nouveau, de votre côté ?

— Il a fait son jogging ce matin. Rien de nouveau. Inutile d’attendre plus. Je programme l’opération pour demain. Il faut être en place à 7 h 45. Moi, je m’occupe de l’exfiltration. Les démarches ont été faites auprès des Pakistanais. Aucun problème. Bien entendu, vous laissez toutes vos affaires au Marriott.

— Il n’y a pas grand-chose, dit Malko. C’était prévu. Une question : les services pakistanais savent-ils que je suis là ?

— J’ai envoyé un mot au colonel Hussein Hakim, le représentant de l’ISI à Islamabad, pour lui dire que vous étiez ici pour une nouvelle piste Bin Laden. Donc, il ne va pas s’inquiéter.

Il avait réponse à tout.

À la fin du dîner, il commanda du champagne et le garçon apporta une bouteille de Taittinger, sous le regard respectueux des deux gorilles. Ils trinquèrent avec retenue. Malko n’aimait pas trop vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. La température avait un peu fraîchi. Il ne faisait plus que 35 °C.

— Où vais-je récupérer la Volvo ? demanda Malko.

— Elle sera garée sur Aga Khan, en face de l’hôtel. Voilà les clefs. Le matériel nécessaire est dans le coffre. Chris et Milton vous attendront un peu plus loin, au coin d’Ataturk Avenue, à côté de la voiture d’Hassan, qui aura le capot levé, comme si elle était en panne. D’autres questions ?

Malko se creusa la tête.

— Non, avoua-t-il. Il n’y a pas de problèmes possibles avec l’hélico ? Un refus pakistanais ?

William Hancock secoua la tête.

— Je ne vois rien. Sauf une panne imprévisible. Voici un téléphone sécurisé. Mon numéro d’appel est inscrit dessus. Vous pouvez me joindre à tout moment, sans crainte d’être intercepté. S’il sonne, répondez, ce sera moi.

Il lui tendit un petit portable que Malko empocha. Ils terminèrent la bouteille de champagne et se levèrent.

— Nous ne nous reverrons pas, dit-il simplement à Malko.

Bizarrement, celui-ci n’éprouvait pas trop d’appréhension. Le champagne, peut-être. Alors qu’il allait mener une opération hyper risquée dans un pays brutal…

 

*

*   *

 

Toujours 45 °C, et la Breitling de Malko indiquait sept heures du matin. Il n’avait pas pris de breakfast. Noué. La piscine était déserte et, dans le lobby, seuls quelques clients étaient en train de payer. Il sortit de l’hôtel et regarda autour de lui. Sur l’autre côté d’Aga Khan Road, plusieurs voitures étaient garées sur le bas-côté herbeux. Il remercia le portier qui lui proposait un taxi et traversa.

La Volvo grise était garée à vingt mètres. Il mit la clé remise la veille par William Hancock dans la serrure et ouvrit, se glissant dans la fournaise. Clim à fond, il fallut cinq bonnes minutes avant de retrouver une température humaine.

Il baissa les yeux sur sa Breitling. Sept heures et demie. Il démarra doucement. À l’intersection suivante, il aperçut la Morris de Hassan, capot levé, les deux gorilles debout à côté, avec leur chapeau de toile ridicule. En dix secondes, ils furent dans la Volvo.

— Où est le matos ? demanda aussitôt Chris Jones.

— Dans le coffre.

— Il faut le prendre tout de suite.

Malko stoppa dans l’avenue déserte et le gorille alla récupérer les deux fusils dans le coffre. Cinq minutes plus tard, ils étaient montés. Ils ressemblaient à des armes de chasse, avec un canon assez court. Chris et Milton y introduisirent les cartouches prolongées par une seringue hypodermique en plastique, remplie d’un liquide ambré.

— Et en avant pour la chasse à l’éléphant ! grommela Milton Brabeck. Vous êtes sûr que l’hélico sera là ?

Malko roulait lentement dans Kyaban-e-Iqbal, face aux premiers contreforts des Margalla Hills. Il y avait peu de circulation. Lorsqu’ils croisèrent l’avenue Shalimar, entre F7 et F6, il était huit heures moins dix. Le portable donné par le chef de station était dans la poche de la chemisette de Malko, ouvert. Il continua sur Siachin Road, en direction de la mosquée Shah Faisal. Il allait l’atteindre lorsque le portable sonna. Une voix neutre annonça :

— Le sujet principal vient de sortir de chez lui. Configuration habituelle.

C’est-à-dire que Sultan Hafiz Mahmood était suivi de deux gardes du corps… Malko tourna à droite, et fit demi-tour en face de l’immense mosquée. Ils avaient trente minutes devant eux. Personne ne parlait plus. Chris et Milton, leur fusil en travers des genoux, se concentraient. Tireurs d’élite tous les deux, ils ne pouvaient pas rater leur cible. Malko pensa soudain au principal.

— Et si Sultan Hafiz Mahmood détale dans les collines en hurlant ? demanda-t-il.

Chris Jones sourit.

— C’est prévu ! On doit l’endormir, lui aussi, s’il fait mine de filer. D’ailleurs, on devrait le faire de toute façon.

— Attends ! protesta Milton Brabeck, ce mec a soixante-cinq ans. Ça doit secouer, ces piqûres. Si on le ramène mort, ça ne sert à rien.

— Espérons qu’il n’aura pas le temps de réagir, soupira Malko. On se rapproche.

Il scrutait le trottoir de l’avenue, à la recherche de sa cible, lorsque le portable sonna à nouveau.

— Le sujet principal se dirige vers l’est, annonça la même voix. Même configuration.

Donc, Sultan Hafiz Mahmood se dirigeait vers le zoo et ils allaient surgir derrière lui. La chance était avec eux. Ses deux gardes du corps courant derrière lui, il ne s’apercevrait pas immédiatement de leur disparition. Malko passa devant la 17e Rue.

— Attention, les voilà ! lança Chris Jones à l’avant.

À une centaine de mètres devant eux, trois hommes, décalés en triangle, couraient dans le sous-bois clairsemé longeant Siachin Road.

Malko sentit un léger picotement sur le dessus de ses mains. La distance diminuait entre les coureurs et la Volvo. Les mains crispées sur leurs armes, Chris et Milton, respiration bloquée, se préparaient à sauter de la voiture. Encore cinquante mètres… Machinalement, Malko jeta un coup d’œil dans le rétroviseur et son pouls bondit à 200.

Une voiture bleue, équipée d’un gyrophare sur le toit, venait d’émerger de la 17e Rue et roulait derrière eux !

— Abort ! Abort[41] ! lança-t-il aux deux gorilles qui n’avaient rien vu.

La mort dans l’âme, ils dépassèrent Sultan Hafiz Mahmood et ses deux gardes qui trottinaient sous la futaie. De nouveau, Malko regarda le rétroviseur. La voiture de police avait ralenti et roulait désormais à la hauteur des coureurs… Ce n’était pas après eux qu’elle en avait… Malko, la chemise collée à la peau par la sueur, prit le portable et enclencha la communication.

— Bill ! annonça-t-il, cas non conforme, on démonte. À ce soir, au club. Je ramène nos amis à la maison. Envoyez-nous quelqu’un.

— Déposez-nous à l’ambassade, demandèrent en chœur les deux gorilles.

Cinq minutes plus tard, Malko stoppait devant la barrière rouge et blanc interdisant l’entrée de l’enclave diplomatique, gardée par des soldats pakistanais à l’air farouche, coiffés de grands bérets noirs.

Quand la Volvo s’arrêta non loin de la barrière, ils braquèrent aussitôt leurs armes dans sa direction. Chris Jones descendit et la vue d’un Blanc les rassura un peu. Il fallut pourtant attendre l’arrivée d’un jeune agent de la CIA pour franchir la barrière.

 

*

*   *

 

Le colonel Hussein Hakim était perplexe. Le rapport de filature de Malko Linge indiquait que, la veille, en compagnie d’un chauffeur non identifié, il avait eu des activités bizarres. D’abord, il avait traîné dans Siachin Road, la parcourant dans les deux sens. Ensuite, il s’était rendu aux ruines de Taxila…

On ne lui connaissait pourtant aucun goût pour l’archéologie… Son premier parcours avait davantage inquiété le colonel de l’ISI. Après une étude rapide des gens habitant ce quartier très chic, il avait repéré le nom de Sultan Hafiz Mahmood, le spécialiste nucléaire lié à Oussama Bin Laden, que les Américains leur avaient réclamé à plusieurs reprises… Est-ce que ce Malko Linge, connu pour ses qualités professionnelles, était là pour essayer d’entrer en contact avec lui ?

Tout était possible.

Prudent, le colonel Hakim avait immédiatement demandé à l’équipe chargée de la protection du scientifique de renforcer la surveillance autour de lui, ce qui avait été aussitôt fait. Deux précautions valent mieux qu’une.

William Hancock était effondré, après s’être fait raconter dix fois l’incident…

— C’est peut-être une coïncidence, conclut-il. Ils ne vous ont pas repérés ?

— Je n’en sais rien, avoua Malko. Ils ont pu relever le numéro de la voiture.

Le chef de station leva la tête.

— Êtes-vous d’accord pour faire un nouvel essai demain matin ?

Un silence de mort lui répondit, brisé par Malko.

— William, dit-il, dans notre métier, il ne faut jamais croire aux coïncidences. C’est le premier jour où la surveillance de Sultan Hafiz Mahmood est renforcée. Ce n’est pas par hasard. J’ai dû être suivi, ils ont vu où j’allais et ils en ont tiré des conclusions. Je crois que l’Agence s’est déjà intéressée à lui, avec Gwyneth Robertson.

— C’est exact, reconnut l’Américain, mais…

— L’hélico est reparti ? demanda Chris Jones.

— Oui. Comme prévu. Il a attendu un quart d’heure et a signalé aux Pakistanais que, suite à une avarie, il faisait demi-tour vers Spin Bolak…

— On ne peut pas recommencer, conclut Malko. Si, demain, un autre hélico demande une autorisation de survol, si les Pakistanais ne sont pas mongoliens, ils vont se douter de quelque chose. Et enfermer Sultan Hafiz Mahmood à double tour.

— Well, reconnut le chef de station, je crois que vous avez raison. On démonte.

— J’ai un vol pour Londres ce soir, dit Malko, je pense le prendre. Inutile de faire de vieux os ici.

— Et nous ? firent les deux gorilles.

— Vous avez le temps de visiter ce beau pays, proposa Malko, mais n’allez pas à Peshawar. Là-bas, les Américains ne sont pas très populaires.

Décidément, ils avaient sabré le champagne trop tôt. Chris Jones jeta un coup d’œil attristé aux deux carabines posées sur le canapé.

— C’est dommage ! J’aurais bien voulu voir comment fonctionnait ce truc-là.

 

*

*   *

 

Cette fois, Malko avait pris la British Airways pour profiter des sièges lits, et dormi comme un enfant. Adieu le Pakistan. L’ISI ne saurait jamais la raison de sa visite éclair à Islamabad et cela valait mieux.

Richard Spicer avait été prévenu de l’annulation du kidnapping par la station d’Islamabad et allait sûrement réagir. Malko regarda le léger brouillard qui flottait sur la campagne anglaise et pensa à Aisha Mokhtar. Du coup, elle reprenait de l’importance, mais il n’allait pas être évident de la recontacter…

Les roues du 747 touchèrent le sol et il bâilla. Heureusement qu’il avait dormi.

Sa housse Vuitton accrochée à l’épaule, il franchit l’Immigration et la douane en un temps record. À peine dans le hall du terminal 4, il repéra un jeune homme brandissant un panneau à son nom. Il s’approcha et l’inconnu s’empara aussitôt de sa housse.

— Mister Spicer m’a demandé de vous accompagner à votre hôtel, puis de vous emmener immédiatement à son bureau, annonça-t-il. Vous avez fait bon voyage ?

— Excellent, affirma Malko.

La CIA ne perdait pas de temps pour son debriefing…

Après un bref arrêt au Lanesborough, ils prirent la route de Grosvenor Square. En dépit de l’heure matinale, Richard Spicer, toujours aussi élégant, semblait frais comme un gardon. Il accueillit chaleureusement Malko.

— Je suis au courant de tout ! lança-t-il. C’est dommage. Mais il aurait fallu avoir plus de temps pour préparer cette opération.

— Nous ne sommes pas près de parler à Sultan Hafiz Mahmood, soupira Malko. Donc, nous revoilà au point mort.

— J’ai convoqué le représentant de l’ISI à Londres, aujourd’hui à onze heures, annonça le chef de station. Nous l’emmènerons au « 6 » pour lui projeter le film. Et après, il a intérêt à se montrer coopératif. Sinon, nous avons de sérieux moyens de rétorsion. Le Pakistan attend une livraison de F-16 et d’avions ravitailleurs. Cela m’étonnerait que le président Bush les livre à un pays qui aide Bin Laden à se procurer une arme nucléaire.

Malko étouffa un bâillement.

— Parfait. Et moi ? Pourquoi m’avoir convoqué si tôt ?

— Nous avons retrouvé la trace du caméscope qui a servi à filmer Bin Laden et Sultan Hafiz Mahmood. Il a été acheté à Dubaï, en 2002, par Aisha Mokhtar.

Aurore noire
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