CHAPITRE IV
Malko redemanda un autre café. Il était presque buvable. Les Britanniques s’ouvraient enfin au monde extérieur.
— Cela va prendre du temps, car je doute qu’Aisha Mokhtar se confie à un parfait inconnu, reprit-il ensuite.
Richard Spicer balaya l’argument d’un sourire confiant.
— That’s obvious[19]. Mais c’est un long shot. Une affaire de plusieurs mois. Il faut que vous entriez dans son intimité, qu’elle soit amenée à se confier à vous. De plus, les informations que vous pourrez obtenir sur elle – mails, téléphones, fax – nous serviront à activer nos moyens techniques. Il faut travailler comme les Russes. Sur la distance.
— Ne vendons pas la peau de l’ours…, tempéra Malko. Même en admettant que je séduise cette ravissante Pakistanaise, je ne suis à ses yeux qu’un aristocrate sans fortune, alors que, visiblement, elle roule sur l’or. Rien que ce qu’elle portait comme bijoux cet après-midi me permettrait d’entretenir mon château pendant plusieurs années.
Gwyneth Robertson pouffa.
— Moi, je trouve que vous ferez un gigolo parfait ! J’ai vu dans ses yeux que vous lui plaisiez. Ce genre de personne adooore les titres et les aristocrates… Et puis…
— Et puis quoi ? demanda Richard Spicer.
— Rien, rien…, assura la jeune femme.
Pour se donner une contenance, elle appela le maître d’hôtel et commanda un Defender « 5 ans d’âge ». Richard Spicer regarda discrètement sa montre.
— Je dois me sauver, dit-il, j’ai une réunion à sept heures demain matin.
— À propos, insista Malko, quel passeport possède Aisha Mokhtar ? Elle peut se déplacer facilement ?
— British passport, laissa tomber le chef de station. Grâce à un lointain premier mariage avec un sujet de sa Très Gracieuse Majesté. Décédé depuis d’un arrêt cardiaque.
— Dieu fait bien les choses, conclut Malko.
Dès que Richard Spicer fut parti, Gwyneth Robertson adressa un sourire salace à Malko, qui remarqua :
— Vous vouliez dire quelque chose ?
— Oui. Moi, j’ai baisé avec Sultan. Je sais ce qu’il aime. Les femmes très sensuelles. Donc, Aisha devait être à la hauteur pour qu’il en soit fou… D’ailleurs, cela se voit dans ses yeux. C’est une baiseuse.
Probablement faute de vocabulaire, elle ne dit pas une « salope ».
— Quel rapport ? interrogea Malko.
— Vous devez pouvoir l’intéresser…
Il rougit intérieurement. Sa réputation le précédait décidément. Seuls dans la grande salle à manger, cela devenait sinistre, il proposa :
— Vous avez le temps de prendre un verre au bar ?
— Avec plaisir.
*
* *
The Library, le bar du Lanesborough, bien que l’hôtel ait récemment changé de mains, racheté aux Russes par le sultan de Brunei, n’avait pas changé. Mêlant harmonieusement le côté britannique, avec ses boiseries sombres, ses rayonnages de livres, son immense bar et son feu de cheminée, et une touche « jet set » symbolisée par le majestueux coffret à cigares posé entre les deux parties du bar, ainsi que par les putes de haut vol et de toutes les couleurs attirées par la clientèle russe. En entrant, Malko fut effleuré par une créature siliconée et botoxisée, généreusement moulée dans une robe de vinyle noire qui comportait au moins une douzaine de mini-Zip permettant d’accéder aux parties les plus intéressantes de son corps sans la déshabiller. Il évalua le regard qu’elle lui décocha à mille livres sterling.
Gwyneth Robertson venait de s’installer dans un profond fauteuil de cuir, croisant les jambes si haut que sa microjupe remontée permit à Malko d’admirer brièvement une charmante culotte rouge. Le maître d’hôtel, qui semblait sorti d’une gravure du XVIIIe siècle, s’approcha. Malko commanda une Stolychnaya « Cristal », Gwyneth Robertson resta fidèle au Defender. Ici, l’alcool coulait à flots et la fumée des cigares était si épaisse qu’on apercevait à peine le fond du bar.
Non loin d’eux, un groupe d’Arabes arrosait un anniversaire avec des flots de Taittinger en magnums, dégustés à la chaîne.
— Vous croyez à l’hypothèse de Richard Spicer ? demanda Malko.
Gwyneth Robertson hocha la tête affirmativement.
— C’est possible. Sultan à beaucoup d’argent et flambe comme un fou. Il m’a dit qu’Aisha dépensait l’argent comme de l’eau. Par moments, il semblait amer de n’avoir pas de retour sur son investissement, à cause de sa résidence surveillée à Islamabad. Mais il est très discret sur l’origine de sa fortune. L’Agence pense qu’il a participé au système clandestin de transfert de technologie de son chef, Abdul Qadeer Khan, vers la Libye, l’Iran et la Corée du Nord. La Libye à elle seule a payé cent millions de dollars… Tout l’argent transitait par Dubaï et les organisateurs, Abdul Qadeer et Sultan Hafiz Mahmood, conservaient ce qu’ils voulaient pour eux. Comme Aisha vivait à Dubaï et connaît Sultan depuis sept ans, elle doit savoir beaucoup de choses.
— Donc, cela vaut la peine, conclut Malko.
— Of course, fit Gwyneth en étouffant un bâillement.
— Fatiguée ?
Elle tourna vers lui ses yeux porcelaine pleins d’innocence.
— Non, mais toute cette fumée m’indispose. Pourquoi n’irions-nous pas chez vous pour que je vous briefe sur la meilleure façon d’attaquer la belle Aisha ?
Gwyneth Robertson pratiquait la fellation comme on l’enseigne dans les finishing schools britanniques : avec retenue, délicatesse, technique et persévérance.
À peine Malko avait-il poussé la porte de sa chambre qu’elle lui avait dardé une langue impérieuse au fond de la gorge, tout en jouant du bassin avec l’art d’une danseuse orientale. Elle n’avait interrompu son baiser profond que pour lâcher :
— This is stricly business. Richard m’a demandé de vous aider à mettre toutes les chances de notre côté…
Ensuite, glissant silencieusement à terre, elle était passée au stade suivant, jusqu’à ce que Malko sente sa semence prête à jaillir de ses reins. Gwyneth l’avait deviné aussi. Elle arracha sa bouche de lui et se redressa, disant simplement :
— Elle n’aime pas qu’on jouisse dans sa bouche. Vieux reste d’éducation religieuse, probablement.
Gwyneth enchaîna aussitôt :
— Maintenant, baisez-moi. Elle adore ça.
Relevée, elle ôta rapidement sa culotte et fit face à Malko, ironique. Celui-ci sentit qu’il y avait un hic. Il aperçut le bureau et prenant Gwyneth par la taille, l’y courba. D’elle-même, elle s’y appuya des deux mains et se cambra, lui offrant sa croupe. Il n’eut qu’à relever la microjupe pour l’embrocher d’un trait. Gwyneth rythma son assaut de brefs coups de reins, jusqu’à ce qu’il explose dans son ventre. La première leçon était terminée. À la satisfaction générale. La jeune case officer alla s’allonger sur le lit et lança d’un ton espiègle :
— C’est pas mal, mais si vous arrivez à ce stade avec notre amie, il ne faut pas tout à fait procéder de cette façon…
— Ah bon ?
Les yeux bleus pétillaient d’innocence. D’une voix précise, Gwyneth annonça sur le ton de la confidence :
— Il n’y a qu’une chose qu’Aisha aime vraiment. Qui la fait grimper au mur…
Elle se pencha à l’oreille de Malko et le lui dit. En dépit de son expérience des femmes, il sursauta légèrement.
— La première fois ?
— Surtout la première fois.
— Comment savez-vous tout cela ?
Gwyneth Robertson ressortit son sourire plein d’innocence.
— Je vous ai dit que Sultan était fou amoureux d’Aisha. Il m’a baisée comme il la baisait. Je vous fais profiter de mon expérience…
Malko la regarda, se demandant si elle était née salope ou si sa vie professionnelle l’avait révélée. Déjà, elle se relevait. Elle remonta sa culotte accrochée à sa cheville et soupira.
— J’avais entendu parler de vous à l’Agence. Je suis ravie de cette rencontre. Si vous voulez me joindre, voilà mon portable.
Après un chaste baiser, elle s’éclipsa, laissant Malko perplexe. Cette préparation d’objectif était digne de la Division des Opérations. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’il puisse se rapprocher suffisamment de sa cible pour la mettre à exécution.
*
* *
Encore endormi, Malko décrocha à tâtons le téléphone qui sonnait. Les aiguilles lumineuses de sa Breitling indiquaient 9 h 10.
— Prince Malko Linge ?
La voix de femme grave et sensuelle lui expédia une giclée d’adrénaline dans les artères, qui le réveilla instantanément.
— Oui.
— C’est Aisha Mokhtar. Vous savez, vous avez renversé du champagne sur ma robe, hier après-midi…
Comme s’il avait pu l’oublier…
— Je suis ravi que vous m’appeliez. Je voudrais…
— Je vous appelais pour vous dire que la tâche a complètement disparu. C’était sûrement du très bon champagne. Ainsi pas de teinturier…
Donc, elle n’avait officiellement aucune raison de lui téléphoner. Malko plongea dans cette faille.
— Laissez-moi au moins vous inviter à déjeuner, proposa-t-il, pour me faire pardonner.
— Aujourd’hui ?
— Oui, bien sûr. Elle soupira.
— Bien, je vais décommander un de mes soupirants. Ce n’est pas très gentil : il est venu du fin fond de l’Angleterre pour me voir.
— Moi, je viens du fin fond de l’Europe, argumenta Malko. J’ai la priorité.
Elle rit.
— Well. Je passe vous prendre à une heure au Lanesborough. Vous aimez le Dorchester ?
— J’adore, jura Malko, qui n’y avait pas mis les pieds depuis dix ans.
— J’adore aussi, confirma Aisha Mokhtar.
Il fonça vers la douche, euphorique. Les conseils éclairés de Gwyneth Robertson risquaient de servir.
*
* *
Chawkat Rauf se glissa discrètement dans une des allées du Bara Market, le plus grand marché de contrebande de Peshawar, qui s’étendait sur une dizaine de kilomètres carrés le long de Jamrud Road, menant à la Khyber Pass, juste avant le début de la zone tribale. On y trouvait tous les produits détaxés arrivant d’Afghanistan, plus d’innombrables contrefaçons et un marché des voleurs où l’on pouvait se procurer armes, drogue et à peu près n’importe quoi.
Après avoir traîné devant les téléviseurs, les vélos, les couvertures chinoises, les pots d’échappement, les pneus, Chawkat Rauf arriva devant la modeste échoppe d’un vieux Sikh au turban impeccable, qui se spécialisait, lui, dans les fausses Rolex. Toutes venaient de Chine, fonctionnaient parfaitement et pouvaient s’acquérir pour le prix modique de 20 dollars… Les deux hommes se saluèrent : Chawkat Rauf était un client fidèle. Pas pour les montres, mais ce Sikh avait une autre spécialité. Depuis 2001, d’innombrables rabatteurs de la zone tribale pakistanaise et d’Afghanistan lui apportaient tout ce que les talibans ou les gens d’Al-Qaida abandonnaient dans leur fuite ou leurs déplacements.
Bien entendu, les différents représentants des services de renseignements présents au Pakistan ne l’ignoraient pas et venaient régulièrement faire leur marché, achetant à prix d’or documents, objets divers, armes trouvés dans les caches. Cela allait du manuel de guerre chimique à des organigrammes de cellules d’Al-Qaida. Certains n’avaient aucune valeur, d’autres pouvaient donner de précieux renseignements, mais le vieux Sikh vendait tout à la tête du client, empochant des centaines de dollars. Neutre, étant donné sa religion, il se contentait de faire du business et personne ne songeait à s’attaquer à lui. Les Sikhs, une communauté très soudée, tenaient presque toutes les échoppes du Bara Market.
Après avoir échangé les amabilités d’usage avec le marchand, Chawkat Rauf demanda s’il avait de nouveaux arrivages…
Le Sikh le fit alors entrer dans son arrière-boutique et sortit d’un vieux sac un petit caméscope un peu cabossé.
— J’ai ceci, annonça-t-il. C’est 400 dollars. Chawkat Rauf sursauta devant l’énormité du prix.
— Tu es fou, dit-il, je suis sûr qu’il ne marche pas… Le Sikh sourit dans sa longue barbe.
— Peut-être, mais tu sais d’où il vient ? Il appartenait à un jeune homme très proche d’Oussama Bin Laden, un certain Noor, ancien taleb qui avait quitté son village dans le massif de Tora-Bora depuis plusieurs années. Il y est revenu il y a quelques semaines pour l’enterrement de sa mère, que Dieu ait son âme. Or, dans ce village, il y avait un mouchard de l’ISI. Il a prévenu le Frontier Corps. Les soldats sont venus l’arrêter. Il s’est défendu et a été tué. Les soldats ont fouillé sa maison et ont trouvé cette caméra dans son sac. L’un d’entre eux l’a volée et il est venu me la vendre, très cher.
Chawkat Rauf ricana intérieurement. Rapiat comme un rat, le vieux Sikh avait dû la payer 20 dollars, à tout casser. Pourtant, si cette caméra avait vraiment appartenu à un proche de Bin Laden, elle valait beaucoup d’argent. Il l’examina et découvrit qu’il y avait un chargeur à l’intérieur, un modèle numérique. Son cœur battit plus vite : un film sur Bin Laden pouvait se négocier autour de 100 000 dollars. La tête lui en tournait…
— Je te donne 50 dollars, annonça-t-il. Parce que nous sommes bons amis.
Sans un mot, le Sikh récupéra la caméra et la remit dans le sac. Chawkat Rauf ne se troubla pas.
— C’est un bon prix ! insista-t-il. Qui va t’acheter cela ? Le Sikh le regarda froidement.
— Toutes les semaines, un étranger vient me voir. Il est en camiz-charouar, mais je pense qu’il est américain. Lui me donnera 1 000 dollars sans discuter…
Chawkat Rauf poussa un profond soupir.
— Montre-la-moi de nouveau.
Il fit semblant d’examiner la caméra Sony et secoua la tête.
— Deux cents dollars, c’est un prix élevé, mais je sais que tu as besoin d’argent.
Ce qui était totalement faux : le Sikh était riche comme un puits… Celui-ci reprit la caméra.
— Je ne la donnerai pas à moins de 500 dollars ! trancha-t-il.
Vingt minutes plus tard, ils s’étaient mis d’accord sur 300 dollars, une somme énorme en roupies : 45 000 roupies. Ce que gagnaient par an certaines familles, et pas les plus pauvres.
Chawkat Rauf fila alors à l’agence de la Barclay’s Bank de GT Road, car il n’avait évidemment pas une somme pareille sur lui. Officiellement, il travaillait comme prédicateur à la mosquée du Pir Hamza Shinravi, un peu plus loin sur Jamrud Road, juste avant le check-point pakistanais de Bab-e-Khyber matérialisé par une grande arche enjambant la route. Au-delà de cette arche, la police pakistanaise était impuissante. Chawkat Rauf habitait dans un des bâtiments attenant à la mosquée. Le Pir Hamza Shinravi, bien que soufiste, était un partisan acharné d’Oussama Bin Laden, et c’est à ce titre qu’il hébergeait Chawkat Rauf. Celui-ci, en effet, affichait les mêmes convictions et, régulièrement, partait en Grande-Bretagne récolter des fonds pour sa madrasa, en reversant ensuite discrètement une partie à Al-Qaida.
Évidemment, personne ne savait que ce partisan affiché d’Oussama Bin Laden avait été recruté par le MI6, le service de renseignements extérieur britannique, et qu’il recueillait pieusement toutes les informations sur Al-Qaida, qu’il transmettait ensuite par divers moyens à ses employeurs. Soit à l’occasion de ses voyages, soit par des messages transmis à des courriers sûrs. Il possédait un compte à la Barclay’s Bank, sous un faux nom, qui permettait de faire face à ce genre de situation.
De retour au Bara Market, il échangea la caméra contre 45 000 roupies et partit, son sac en plastique à la main. Le fait qu’il y ait des photos numériques à l’intérieur lui donnait une valeur certaine. Il hésita sur la conduite à tenir : s’il transmettait cette caméra à l’antenne du MI6 à Islamabad, il n’en retirerait aucun profit. Le Service, à Londres, en ignorerait la provenance. Il fallait attendre et l’apporter lui-même dans la capitale britannique, ce qui lui vaudrait certainement une prime…
Il flâna encore un peu dans le Bara Market puis prit un bus pour University Tower, où vivait un de ses cousins. Il lui confia la caméra. Pas question de la ramener à la madrasa. Officiellement, il n’avait que quelques centaines de roupies mensuelles pour vivre, étant logé et nourri.
*
* *
Kuldip Singh ferma soigneusement son échoppe, ajustant les panneaux de bois avec d’énormes cadenas, et s’éloigna dans les allées poussiéreuses, en direction de GT Road. Il gagna ensuite un petit café à côté du cinéma Shummar où des hommes de différentes ethnies – à Peshawar, il y avait de tout – avaient l’habitude de fumer un narguileh en jouant aux dominos et en buvant du thé très fort. Il se rencogna à la table la plus éloignée, à l’extérieur, et commanda un thé. Lui ne fumait pas le narguileh.
Une demi-heure plus tard, il vit arriver celui qu’il attendait. Un Pachtoun à la longue barbe soyeuse d’un noir brillant, qui avait jadis milité dans les rangs de la milice de Gulguddine Hekmatiar, un fondamentaliste férocement antiaméricain, et qui servait depuis de boîte aux lettres pour les partisans d’Al-Qaida répartis entre l’Afghanistan, le Waziristan et une partie du Baloutchistan. Ils ne se téléphonaient jamais, ne prenaient jamais de rendez-vous, mais se voyaient tous les soirs dans ce café. Parfois, simplement pour discuter politique, d’autres fois, Kuldip Singh, qui tenait à être bien avec tout le monde, transmettait à son interlocuteur qu’il ne connaissait que sous le nom de Pervez, des informations susceptibles d’intéresser Al-Qaida. Pervez ne lui donnait pas d’argent, mais une protection invisible. En charge du service de renseignements d’Al-Qaida à Peshawar, ou plutôt de ce qu’il en restait, il avait le bras long et pouvait faire assassiner n’importe qui sur un simple claquement de doigts. Après avoir récupéré ses 300 dollars, Kuldip Singh s’était dit que cette histoire l’intéresserait sûrement.
Effectivement, le Pachtoun l’écouta avec attention, posant de nombreuses questions sur la caméra, auxquelles le Sikh fut bien incapable de répondre : il ne lisait pas les caractères latins. Mais il fournit de précieuses indications sur son acheteur. S’il ne connaissait pas son nom, il savait qu’il vivait à la madrasa de Jamrud Road et qu’il voyageait fréquemment à l’étranger pour lever des fonds.
Son récit parut intéresser prodigieusement Pervez, qui reprocha gentiment au Sikh de ne pas lui avoir parlé de cette caméra avant de la revendre.
— Mais tu n’as pas d’argent ! protesta le commerçant de Bara Market.
— J’en aurais trouvé ! affirma le Pachtoun, avant de le quitter en lui offrant son thé.