Maurice DRUON
de l’Académie française
Notice biographique.
Né le 23 avril 1918 à Paris, Maurice Druon dont les origines familiales se partagent entre le Languedoc, les Flandres, le Brésil et la Russie, est marqué par une solide hérédité littéraire ; puisqu’il est arrière-neveu du poète Charles Cros et neveu de Joseph Kessel.
Enfance en Normandie ; études secondaires au lycée Michelet ; lauréat du Concours général. Puis École des sciences politiques. Dès l’âge de dix-huit ans, il publie dans des revues et journaux littéraires.
Sorti aspirant de l’École de cavalerie de Saumur, au début de 1940, il prend part à la bataille de France. Démobilisé après l’armistice, il se replie en zone libre, où il fait représenter sa première pièce, Mégarée. C’est à cette époque qu’il entre en contact avec la Résistance. Il s’évadera de France, en 1942, traversant clandestinement l’Espagne et le Portugal, pour rejoindre les Forces Françaises Libres du général de Gaulle, à Londres. Aide de camp du général d’Astier de La Vigerie, puis animateur du poste Honneur et Patrie et attaché au commissariat à l’Intérieur, il compose alors, avec son oncle Joseph Kessel, les paroles du Chant des Partisans, qui sera l’hymne de la Résistance. Dans le même temps, il écrit son premier essai : les Lettres d’un Européen, qui font de lui l’un des devanciers de l’Union européenne. Correspondant de guerre auprès des armées alliées jusqu’à la fin des hostilités.
À partir de 1946, il se consacre à la littérature, sans toutefois cesser de s’intéresser aux affaires publiques. Prix Concourt en 1948, pour Les Grandes Familles, puis Prix Prince Pierre de Monaco pour l’ensemble de son œuvre après le succès des Rois maudits, il est élu à quarante-huit ans, en 1966, à l’Académie française où il succède à Georges Duhamel.
Sa fidélité à la morale gaulliste l’amènera à assumer les fonctions de ministre des Affaires culturelles de 1973 à 1974, puis de député de Paris de 1978 à 1981, en même temps que celles de représentant de la France au Conseil de l’Europe et de député au Parlement européen.
Depuis novembre 1985, Maurice Druon est Secrétaire perpétuel de l’Académie française, où son action soutient l’essor de la Francophonie.
Il est également membre de l’Académie du Royaume du Maroc, de l’Académie d’Athènes et de l’Académie des Sciences de Lisbonne.
[1] C’est vers l’âge de soixante-quinze ans que le sénéchal de Joinville entreprit son Histoire de Saint Louis, à la demande de la reine Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel, qui voulait avoir un livre des « saintes paroles et des bons faits » du roi croisé.
La rédaction prit à Joinville une dizaine d’années. La reine Jeanne étant morte dans l’intervalle, ce fut à son fils, Louis de Navarre, futur Louis X Hutin, que l’auteur fit la dédicace de son ouvrage « À son bon seigneur Louis, fils du Roy de France », et le lui présenta, comme en fait foi une miniature du temps.
[2] Élu pape dans les étranges circonstances que l’on verra décrites au cours de ce volume – et que nous avons romancées mais non point inventées – Jacques Duèze (Jean XXII) devait vers le milieu de son pontificat soutenir en divers sermons et études sa thèse sur la vision béatifique.
[3] Les principales étoffes de soie utilisées dans le vêtement étaient : le samit, qui se rapprochait de notre satin, le sandal et le camocas, assez semblables aux taffetas, et les draps d’or ou d’argent, lourds brocarts à trame de soie.
Parmi les étoffes de laine, on employait beaucoup les marbrés, draps tissés de diverses couleurs, les rayés, le camelin, c’est-à-dire le tissu de poil de chameau ou ses imitations, et surtout les écarlates. Ces derniers étaient les draps les plus riches et les plus estimés dont on se parait dans les occasions solennelles. Les meilleurs étaient fabriqués en Flandre et en Angleterre. La matière colorante était fournie par le kermès, petit insecte qu’on trouvait dans le Languedoc et qui se vendait desséché. Il y avait plusieurs nuances d’écarlate : vermeille, rosée, violette, sanguine.
[4] La plupart des auteurs donnent le chiffre de vingt-trois cardinaux pour le conclave de 1314-1316. Nous en avons relevé vingt-quatre.
Le parti des « romains » comptait six Italiens : Jacques Colonna, Pierre Colonna, Napoléon Orsini, François Caëtani, Jacques-Stefaneschi-Caëtani, Nicolas Alberti (ou Albertini) de Prato ; un Angevin de Naples, Guillaume de Longis, et enfin un Espagnol, Lucas de Flisco (appelé parfois Fieschi), consanguin du roi d’Aragon. Ces cardinaux étaient de créations antérieures au pontificat de Clément V et à l’installation de la papauté en Avignon ; le chapeau leur avait été conféré entre 1278 et 1303, pendant les règnes de Nicolas III, Nicolas IV, Célestin V, Boniface VIII et Benoît XI.
Tous les autres cardinaux avaient été créés par Clément V. Le parti dit « provençal » comprenait : Guillaume de Mandagout, Bérenger Frédol l’aîné, Bérenger Frédol le cadet, le Cadurcien Jacques Duèze et les Normands Nicolas de Fréauville et Michel du Bec.
Enfin les Gascons, au nombre de dix, étaient Arnaud de Pélagrue, Arnaud de Fougères, Arnaud Nouvel, Arnaud d’Auch, Raymond-Guillaume de Farges, Bernard de Garves, Guillaume-Pierre Godin, Raymond de Goth, Vital du Four et Guillaume Teste.
[5] Jusqu’au milieu du XIIème siècle, la ville de Lyon était au pouvoir des comtes de Forez et de Roannez, sous la souveraineté purement nominale de l’empereur d’Allemagne.
À partir de 1173, l’empereur ayant reconnu à l’archevêque de Lyon, primat des Gaules, des droits souverains, le Lyonnais fut séparé du Forez, et le pouvoir ecclésiastique gouverna la ville, avec droit de justice, de battre monnaie et de lever des troupes.
Ce régime déplut à la puissante commune de Lyon, uniquement composée de bourgeois et de marchands, lesquels pendant plus d’un siècle luttèrent pour s’émanciper. Après plusieurs révoltes malheureuses, ils firent appel au roi Philippe le Bel qui, en 1292, prit Lyon sous sa protection.
Vingt ans plus tard, le 10 avril 1312, un traité, conclu entre la commune, l’archevêché et le roi, réunit définitivement Lyon au royaume de France.
En dépit des revendications de Jean de Marigny, archevêque de Sens et qui contrôlait le diocèse de Paris, l’archevêque de Lyon parvint à garder le primatiat des Gaules, seule prérogative qui lui fût maintenue.
À la fin du Moyen Âge, Lyon comptait 24 taverniers, 32 barbiers, 48 tisserands, 56 couturiers, 44 poissonniers, 36 bouchers, épiciers et charcutiers, 57 escoffiers (chausseurs), 36 panetiers et boulangers, 25 albergeurs, 15 orfèvres ou doriers, 20 drapiers, et 87 « notaires ».
La ville était administrée par la « commune », constituée des bourgeois commerçants qui nommaient, chaque 21 décembre, douze consuls, toujours notables et choisis parmi les familles riches ; ce corps consulaire s’appelait le « syndical ».
L’une des plus anciennes familles consulaires était celle des Varay, drapiers et changeurs. Trente et un de ses membres portèrent le titre de consul ; certains furent souvent réélus, et l’un d’eux jusqu’à dix fois. On comptait huit Varay parmi les cinquante citoyens que les Lyonnais se donnèrent pour chefs, en 1285, afin de mener la lutte contre l’archevêque et d’obtenir l’annexion à la France.
[6] L’Église romaine n’a jamais, comme ses adversaires l’ont souvent prétendu, vendu d’absolution. Mais elle a, ce qui est tout différent, fait payer aux coupables le prix des bulles qui leur étaient délivrées pour attester qu’ils avaient reçu l’absolution de leur faute.
Ces bulles étaient nécessaires lorsque, le délit ou le crime ayant été publics, il fallait fournir preuve d’avoir été absous pour être de nouveau admis aux sacrements.
Le même principe était appliqué en droit civil pour les lettres de grâce et de rémission accordées par le roi et dont l’inscription aux registres donnait lieu à la perception d’une taxe. La coutume en remontait aux Francs, avant même leur conversion au christianisme.
Jacques Duèze (Jean XXII), par son livre des taxes et par l’institution de la Sainte Pénitencerie, devait codifier et généraliser cet usage pour l’Église, dont il restaura de la sorte les finances.
Les membres du clergé n’étaient pas seuls astreints à ces bulles ; des taxes étaient également prévues pour les laïcs. Les tarifs étaient calculés en « gros », monnaie qui valait environ six livres.
Ainsi le parricide, le fratricide ou le meurtre d’un parent, entre laïcs, étaient taxés entre cinq et sept gros, de même que l’inceste, le viol d’une vierge, ou le vol d’objets sacrés. Le mari qui avait battu sa femme ou l’avait fait avorter était astreint à verser six gros, et sept si l’épouse avait eu les cheveux arrachés. La plus forte amende, soit vingt-sept gros, frappait la falsification des lettres apostoliques, c’est-à-dire de la signature du pape.
Les taux montèrent avec le temps, parallèlement à la dévaluation de la monnaie.
Mais encore une fois, il ne s’agissait pas de l’achat de l’absolution ; il s’agissait d’un droit d’enregistrement pour la fourniture de preuves authentiques.
Les innombrables pamphlets consacrés à cette question et qui circulèrent à partir de la Réforme, pour discréditer l’Église romaine, se sont tous appuyés sur cette confusion volontaire.
[7] Les Frères Prêcheurs, ou Dominicains, étaient également appelés Jacobins, à cause de l’église Saint-Jacques qu’on leur avait donnée, à Paris, et autour de laquelle ils avaient installé leur communauté.
Le couvent de Lyon où se tint le conclave de 1316 avait été édifié en 1236 sur des terrains situés derrière la maison des Templiers. L’ensemble du monastère s’étendait de l’actuelle place des Jacobins jusqu’à la place Bellecour.
[8] On oublie généralement le caractère primitivement électif de la monarchie capétienne qui précéda son caractère héréditaire, ou tout au moins coexista avec lui.
À la mort accidentelle du dernier carolingien, Louis V le Fainéant, disparu à vingt ans après un règne de quelques mois, Hugues Capet, duc de France et fils de Hugues le Grand, fut désigné par élection.
Hugues Capet associa immédiatement au trône son fils Robert II en le faisant élire comme successeur et sacrer dans l’année même de son propre sacre. Il en fut ainsi pendant les règnes suivants. Aussitôt le fils aîné du roi désigné comme héritier présomptif, les pairs avaient à ratifier ce choix, et le nouvel élu était sacré du vivant de son père.
Ce fut Philippe Auguste qui le premier renonça à la tradition de l’élection préalable. Il montrait peu d’estime pour les aptitudes de son fils, et sans doute n’était-il guère désireux de l’associer au gouvernement. Louis VIII recueillit la couronne de France à la mort de Philippe Auguste, le 14 juillet 1223, exactement comme il eût recueilli l’héritage d’un fief. Ce fut ce 14 juillet-là que la monarchie française devint véritablement héréditaire.
[9] Les généalogies donnent souvent le prénom de Louis au fils de Philippe V, né en juillet 1316. Or, dans les comptes de Geoffroy de Fleury, argentier de Philippe le Long et qui commença la rédaction de ses livres cette année-là en prenant ses fonctions le 12 juillet, l’enfant est désigné sous le nom de Philippe.
D’autres généalogies mentionnent deux fils dont l’un serait né en 1315, et donc aurait été conçu pendant que Jeanne de Bourgogne était prisonnière à Dourdan ; ceci paraît bien incroyable quand on sait les efforts que Mahaut déploya pour réconcilier sa fille et son gendre. L’enfant qui fut le fruit de cette réconciliation reçut probablement, et comme il était d’usage, au moins deux des prénoms habituellement portés dans la famille.
[10] La prise du pouvoir par Blanche de Castille n’alla pas d’ailleurs sans difficultés. Bien que désignée par un acte du roi Louis VIII, son époux, comme tutrice et régente, Blanche se heurta à une hostilité violente des grands vassaux.
Bien est France abâtardie,
Seigneurs barons entendez,
Quand à femme on l’a baillie,
écrivit Hugues de la Ferté.
Mais Blanche de Castille était d’une autre trempe que Clémence de Hongrie. En outre, elle était reine depuis dix ans et avait donné le jour à douze enfants. Elle triompha des barons grâce à l’appui du comte Thibaud de Champagne qu’on lui prêta pour amant.
[11] On constate une frappante similitude entre la folie de Robert de Clermont et celle de Charles VI, deux fois son arrière-neveu, à la cinquième génération par les hommes et à la quatrième par les femmes.
Dans les deux cas, la démence débute par un choc d’armes, avec traumatisme crânien chez Clermont, sans traumatisme chez Charles VI, mais qui déclenche une manie furieuse chez l’un comme chez l’autre : mêmes périodes de crises frénétiques suivies de longues rémissions où le sujet reprenait un comportement en apparence normal ; même goût obsessionnel des tournois qu’on ne pouvait les empêcher d’organiser et auxquels ils paraissaient, bien que parfois en état de délire. Clermont, tout dément et dangereux qu’il était, avait autorisation de chasser dans l’ensemble du domaine royal. Il se présenta même à l’ost de Philippe le Bel, pendant l’une des campagnes de Flandre, tout ainsi que Charles VI, fou depuis vingt ans, assista au siège de Bourges et aux combats contre le duc de Berry.
[12] Cris réglementaires qui marquaient le début du tournoi.
[13] Les jouets et jeux d’enfants n’ont pratiquement pas varié depuis le Moyen Âge jusqu’à nos jours. C’étaient déjà balles et ballons faits de cuir ou d’étoffe, cerceaux, toupies, poupées, chevaux de bois et palets. On jouait à colin-maillard, aux barres, à la courte-paille, à chat perché, à la main chaude, à cache-cache et à saute-mouton, ainsi qu’aux marionnettes. Les petits garçons, dans les familles riches, possédaient des imitations d’armements faits à leurs mesures : heaumes de fer léger, robes de mailles, épées sans tranchant, ancêtres des modernes panoplies de général ou de cow-boy.
[14] La dernière fille d’Agnès de Bourgogne, Jeanne, mariée à Philippe de Valois, futur Philippe VI, était boiteuse tout comme son cousin germain Louis Ier de Bourbon, fils de Robert de Clermont.
La boiterie existait également dans la branche collatérale des Anjou, puisque le roi Charles II, grand-père de Clémence de Hongrie, avait le surnom de Boiteux. Une tradition, reprise d’ailleurs par Mistral dans les Iles d’or, veut que, lorsque l’ambassadeur du roi de France, donc le comte de Bouville, vint demander Clémence en mariage pour son maître, il exigea que la princesse se dévêtit devant lui afin de s’assurer qu’elle avait les jambes droites.
[15] La broigne était un vêtement de peau, de toile ou de velours, sur lequel étaient cousus des maillons de fer, et qui avait remplacé la cotte de mailles proprement dite. Par-dessus cette broigne, et pour la renforcer, commençaient d’apparaître des éléments dits plates – d’où le nom d’armure de plates – qui étaient des parties de métal plein, forgées à la forme du corps et articulées à la façon des queues d’écrevisses.
[16] Mahaut dressa un état minutieux des vols et dégâts commis en son château de Hesdin, état qui ne comprenait pas moins de cent vingt-neuf articles. Elle intenta un procès devant le parlement de Paris pour obtenir remboursement, ce qui lui fut partiellement accordé par arrêt du 9 mai 1321.
[17] On disait « borgne « pour « myope ». Philippe V fut appelé le Long, le Grand ou le Borgne.
[18] Il était d’usage alors, dans les familles royales ou princières, de donner aux enfants plusieurs parrains et marraines, parfois jusqu’à huit. Ainsi Charles de Valois et Gaucher de Châtillon se trouvaient tous deux parrains de Charles de la Marche, le troisième fils de Philippe le Bel. Mahaut était marraine de ce prince, comme elle l’était de nombreux autres enfants de la famille. Sa désignation pour porter sur les fonts l’enfant posthume de Louis X n’avait donc rien qui pût surprendre : ne pas la choisir eût paru, au contraire, une disgrâce.
[19] Le baptême, à cette époque, était toujours donné le lendemain de la naissance.
L’ablution par immersion totale en eau froide fut pratiquée jusqu’au début du XIVème siècle. Un synode, tenu à Ravenne en 1313, décida pour la première fois que le baptême pouvait être également donné par aspersion, s’il y avait pénurie d’eau bénite ou si l’on craignait que l’immersion complète ne compromît la santé de l’enfant. Mais ce ne fut vraiment qu’au XVème siècle que la pratique de l’immersion disparut.
[20] Lorsqu’un nouveau-né présentait des signes de maladie, ce n’était pas à lui qu’on faisait absorber les remèdes mais à la nourrice.
[21] Les chevaliers poursuivants, création de Philippe V au début de son règne, étaient nommés par le roi pour l’accompagner et le conseiller ; ils devaient être auprès de lui en tous ses déplacements, mais non pas tous ensemble.
On trouve parmi eux de proches parents du roi comme le comte de Valois, le comte d’Évreux, le comte de la Marche, le comte de Clermont, de grands seigneurs comme les comtes de Forez, de Boulogne, de Savoie, de Saint-Pol, de Sully, d’Harcourt et de Comminges ; de grands officiers de la couronne tels que le connétable, les maréchaux, le maître des arbalétriers, ainsi que d’autres personnages, membres du Conseil secret ou du « conseil qui gouverne », légistes, administrateurs du Trésor, bourgeois anoblis et amis personnels du roi. On y relève les noms de Miles de Noyers, Giraud Guette, Guy Florent, Guillaume Flotte, Guillaume Courteheuse, Martin des Essarts, Anseau de Joinville.
Ces chevaliers furent une préfiguration des gentilshommes de la Chambre institués par Henri III et qui subsistèrent jusque sous Charles X.
[22] La soudaine prodigalité de la reine Clémence après son tragique accouchement, et qui semble le signe d’une altération mentale, devait aller s’accentuant. Le pape Jean XXII, qui avait toujours protégé Clémence puisqu’elle était princesse d’Anjou, était forcé, dès le mois de mai suivant, de sermonner par lettre la jeune veuve, l’engageant à vivre dans l’effacement, la chasteté, l’humilité, d’être sobre en sa table, modeste en ses paroles comme en ses vêtements, et à ne pas se montrer seulement en compagnie de jeunes gens. En même temps, il intervenait auprès de Philippe V pour la fixation du douaire de Clémence, ce qui n’alla pas sans difficulté.
Le pape, à plusieurs reprises, écrivit encore à Clémence pour l’exhorter à réduire ses dépenses excessives et la prier fermement de régler ses dettes, en particulier aux Bardi de Florence. Finalement, en 1318, elle dut faire retraite pour quelques années au couvent de Sainte-Marie de Nazareth, près d’Aix-en-Provence. Mais, avant d’y entrer, elle fut obligée, pour satisfaire aux exigences de ses créanciers, de déposer tous ses bijoux en gage.
[23] On appelait bourses à cul-de-vilain les bourses à panses rondes et étroites du col. Il en était de fort décorées et les seigneurs y portaient souvent leur sceau en même temps que leur monnaie.
[24] On entendait par robe, en terme de trousseau, un habillement complet composé de plusieurs pièces appelées « garnements » et toutes de même tissu. La robe de parade comprenait : deux surcots, l’un clos et l’autre ouvert, une housse, une garnache, un chaperon et un manteau à parer.
[25] Après l’élection de Hugues Capet, les six plus grands seigneurs du royaume, trois ducs et trois comtes, désignés pour remettre la couronne à l’élu lors de son sacre, avaient été : le duc de Bourgogne, le duc de Normandie, le duc de Guyenne, le comte de Champagne, le comte de Flandre, le comte de Toulouse. Ils étaient considérés comme les pairs du roi, c’est-à-dire ses égaux. Il y avait à côté d’eux six pairs ecclésiastiques dont trois ducs-archevêques et trois comtes-évêques.
[26] Cinq siècles plus tard, dans son discours du 21 mars 1817 devant la Chambre des Pairs, et relatif à une loi de finances, Chateaubriand tira argument de cette ordonnance de Philippe le Long, promulguée en 1318, par laquelle le domaine de la couronne avait été déclaré inaliénable.