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La fonte des glaces de l’Antarctique
et du Groenland n’a pas commencé

 


La plupart de l’eau terrestre est gelée et elle est, pour l’essentiel, exclue du cycle de l’eau.

LA RÉSERVE D’EAU SOLIDE

Le volume de la glace de l’Antarctique est estimé à 30 millions de milliards de m3, et celui du Groenland à 2,6 millions de milliards de m3. En comptant aussi les glaciers alpins, andins ou himalayens, on peut estimer que 33 millions de milliards de m3 sont immobilisés sous forme de glace alors qu’il n’y a « que » 15 millions de milliards de m3 d’eau douce liquide, libre, sur notre planète. Ce qui fait tout de même 2 millions de m3 par Terrien.

L’ANTARCTIQUE

Situé au pôle Sud, ce continent reçoit peu de radiations solaires, l’eau y est présente quasi exclusivement sous forme solide. Les précipitations sont faibles et presque celles d’un désert (de l’ordre de 100 mm par an). Elles tombent sous forme de neige qui s’accumule pour constituer un gigantesque « inlandsis94 » recouvrant le territoire. Il est en place, sous sa forme actuelle, depuis quinze millions d’années. Sa superficie est de 16,5 millions de km2, c’est-à-dire tente-deux fois celle de la France.

Certaines parties de cet inlandsis sont formées de glaciers en mouvements, appelés courants glaciaires, qui progressent vers le pourtour du continent pour former des icebergs, quand ils se jettent dans la mer. L’eau n’est jamais à l’état liquide le long de ce parcours. Localement, d’immenses plaques de glaces flottantes restent rattachées au continent. Leur épaisseur globale peut être de deux ou trois kilomètres. En vertu du principe d’Archimède, un dixième de cette épaisseur apparaît hors de l’eau, car la densité de la glace est inférieure à celle de l’eau liquide. Ainsi, les falaises de glace flottante de 300 mètres de haut cachent 2,7 kilomètres de glace immergée !

Ces plaques n’ont rien à voir avec la banquise, une faible épaisseur d’eau de mer qui gèle en hiver et qui dégèle en été. Comme au pôle Nord, une banquise se forme autour de l’Antarctique, mais elle ne concerne pas le continent Antarctique lui-même. Elle n’a aucun rapport avec le cycle de l’eau sur terre. C’est un phénomène purement marin. Au nord comme au sud, que la banquise gèle ou dégèle ne modifie en rien la hauteur des mers de la planète. Pas plus qu’un glaçon qui fond dans un verre de whisky ne fait monter le niveau dans le verre. Le gel et le dégel de la banquise n’ont aucun impact sur le volume du grand réservoir d’eau salée océanique, qui reste rigoureusement constant pendant ces épisodes.

La chute des icebergs dans la mer, ou la rupture des gigantesques barrières (barrière de Ross), est compensée par la neige qui tombe sur le continent. Durant les dernières décennies, plusieurs effondrements d’importantes barrières de glace ont eu lieu près des côtes, particulièrement le long de la péninsule Antarctique, à partir de la plaque de Larsen, à l’est de la péninsule de Palmer. Quand les plaques se prolongent vers des latitudes plus hautes, c’est-à-dire plus chaudes, vient un moment où elles se brisent puis flottent sur la mer et finissent par fondre. Notons au passage que la péninsule de Palmer, qui pointe vers le cap Horn, est au nord du cercle polaire antarctique. C’est donc la région la plus chaude de ce continent. Enfin on peut observer que le volume de toutes les plaques flottantes accrochées au continent ne représente que 1 % de la masse totale des glaces de l’Antarctique. Ces ruptures spectaculaires représentent de très faibles volumes de glace si on les rapporte au volume total.

La rupture de plaques provenant des barrières de Ross, de Larsen, de Ficher ou autres ne permet pas de conclure à une fonte des glaces de l’Antarctique liée au réchauffement. Si on pouvait prouver que leur fréquence s’était accrue, cela permettrait plutôt de conclure qu’il neige plus sur le continent blanc. Ce qui est plausible dans le cadre du réchauffement global observé depuis 1850, car il tend à accélérer le cycle de l’eau. La vitesse d’écoulement, même très lente, augmente nécessairement avec la masse de glace.

Ce continent très froid, où des températures de  70 °C ne sont pas rares, a aussi une altitude moyenne élevée de plus de 3 000 mètres, ce qui renforce le froid. Les glaces recouvrent 90 % de sa surface. Le bilan de masse général de l’inlandsis antarctique est probablement légèrement positif, autrement dit, la masse de neige accumulée sous forme de glace augmenterait un peu, ce qui conduirait à un léger abaissement du niveau de la mer ou, plus vraisemblablement, au maintien de l’équilibre actuel. Cette information se trouve dans les rapports du GIEC.

LE GROENLAND : LIEU DE VISITE
MAIS PAS ENCORE SOURCE D’INQUIÉTUDE

Alors que le pôle Sud est situé au milieu d’un grand continent, le pôle Nord est situé dans l’eau, au milieu d’un océan de 3 000 mètres de profondeur. Bien entendu, cet océan gèle en hiver et dégèle partiellement en été pour former la banquise de l’hémisphère Nord.

Près du pôle Nord, il n’existe qu’une grande île, légèrement plus méridionale que le pôle lui-même. Comme l’Antarctique, elle est presque entièrement couverte de glace : c’est le Groenland. Avec ses 2 166 086 kilomètres carrés, il représente une surface correspondant à 10 % de celle l’Antarctique, et quatre fois la France environ. Le volume de sa glace est estimé à 2,6 millions de milliards de m3, soit un peu moins de 10 % des glaces du pôle Sud95.

Pour être complet en matière de glace continentale située près du pôle Nord, il faut rajouter les glaciers du Svalbard (ou Spitzberg), ceux des îles d’Ellesmere ou de Baffin, au Canada, les îles russes de la Nouvelle-Zemble, ceux d’Alaska, mais les volumes de glace concernés sont négligeables par rapport à ceux du Groenland.

A la différence de l’Antarctique, les côtes du Groenland sont le plus souvent rocheuses. Elles ont été peuplées par les Vikings pendant la période de réchauffement du Moyen Age, période pendant laquelle elles étaient vertes. D’où le nom de « green land », l’île verte. Le refroidissement intervenu vers la Renaissance a entraîné la fin de la verdure et le départ de ces agriculteurs et éleveurs. Sont restés, notamment sur la côte est de l’île, les Inuits, parfois appelés Esquimaux, dont le mode de vie est adapté à la rudesse du climat. La chasse au phoque et à d’autres animaux leur fournit la totalité de l’alimentation, de l’habillement et de l’énergie. La graisse de phoque permet d’allumer une lampe, de faire cuire la viande et de réchauffer la maison pendant la nuit polaire... Les vêtements sont confectionnés en peaux habilement cousues, et l’alimentation est constituée de viande ou de poisson. Aucun végétal n’est disponible, ni pour manger, ni pour s’habiller, ni pour se chauffer96.

LE GLACIER D’ILULISSAT

Comme pour l’Antarctique, des glaciers s’écoulent lentement du Groenland vers la mer. Situé sur la côte ouest du Groenland, au niveau de la baie de Disko, ce glacier a fait la une des médias durant l’été 2007, lorsque le ministre Jean-Louis Borloo et la chancelière allemande Angela Merkel sont allés observer les chutes spectaculaires d’énormes blocs de glace, là où ce glacier rejoint la mer. Ils y auraient observé, de visu, la fonte de la banquise, celle de la glace continentale et l’accélération du réchauffement.

Le volume de ces rejets est de l’ordre de 20 millions de m3 par an, soit près de 50 000 m3 ou tonnes par jour. Le spectacle est splendide. Ce phénomène est appelé « vêlage97 », et c’est vraisemblablement un iceberg issu de ce glacier qui a envoyé par le fond le Titanic, le 15 avril 1912. Spectaculaire, ce glacier photogénique est aussi source officielle de contrevérités franco-allemandes car Mme Merkel et M. Borloo n’ont pas pu constater une éventuelle accélération de la fonte de la banquise ou des glaciers du Groenland.

Tout d’abord, il n’y a jamais de banquise dans la baie de Disko en été. Elle se forme en hiver, mais disparaît tous les étés depuis que l’homme observe ce phénomène. Par ailleurs, lorsque des blocs de glace tombent dans la mer, comment peut-on parler de « fonte » de ladite glace quand c’est de la glace, de la vraie, de la bien froide, de la pas encore fondue, qui tombe dans la mer, et non de l’eau.

Selon les médias, Jean-Louis Borloo se serait émerveillé des reflets bleutés de cette glace vive, on peut le comprendre, et il aurait déclaré qu’on ne peut plus nier l’accélération du réchauffement de la planète – là il est plus difficile à suivre. Depuis 1850, le réchauffement global est un phénomène bien documenté ; en revanche, son « accélération » reste discutable et discutée. Le ministre ignorait sans doute que ce site fait l’objet d’une surveillance scientifique depuis deux cent cinquante ans et que ce phénomène de « vêlage » a toujours existé. Il n’a par ailleurs pas calculé que les 60 000 m3 de glace par jour qui « vêlent » à Ilulissat ne représentent que le débit dérisoire de 700 litres par seconde. La Seine à Paris débite quatre cents fois plus. De son côté, la Bièvre, ce petit ruisseau de la rive gauche, où vivaient autrefois des castors, débite un flux du même ordre de grandeur que celui d’Ilulissat. Cet affluent de la Seine, aujourd’hui souterrain, intervient donc dans le cycle de l’eau mondial au même niveau que le spectaculaire glacier du Groenland. Mais il est vrai que la visite des égouts de Paris près du métro « Gobelins » à moins de charme que celle de ce glacier quand il se jette dans la mer.

Comme nous sommes à une époque où de belles images valent infiniment plus qu’un raisonnement, la chancelière et le ministre nous ont donné la « preuve », médiatisée, que la banquise fondait et que la glace fondait. Le calcul dément leurs conclusions et démontre que le spectaculaire est en fait dérisoire. Mais qui le dit ?

LE GLACIER PETERMANN

En août 2010, et toujours sur la même ligne, plusieurs articles98 ont évoqué le cas du glacier Petermann qui débouche à l’extrême nord du Groenland. Un bloc de 260 km2 s’était en effet détaché de ce glacier long de 70 km. Certes, mais que faut-il en conclure ? Vraisemblablement, à ce stade, rien d’autre si ce n’est que les satellites d’observation remarquent des phénomènes autrefois méconnus. Ils permettent notamment de retrouver au nord des ruptures de plaques de glaces flottantes qui ne prouvent rien et rappellent simplement que la glace est plastique, qu’elle coule très lentement vers la mer sous l’action de la pesanteur, elle-même renforcée par la masse de neige qui tombe en hiver.

Pour frapper l’opinion, on a indiqué que la surface de cette plaque, à savoir 26 000 hectares, représentait deux fois et demi la surface de la ville de Paris. Ce qui exact. Mais ladite plaque, qualifiée d’« énorme » par le journal, ne représente que 260/2 166 000 km2 = 0,012 % de la surface du Groenland. Douze millionièmes de la surface de ce continent. Par ailleurs, le glacier Petermann va normalement continuer son bonhomme de chemin et refaire une plaque identique dans les années qui viennent...

La faiblesse des débits de glace issue du Groenland n’a rien d’étonnant. Comme sur l’Antarctique, les pluviométries, sous forme de neige, sont faibles. Le vent a tendance à chasser la poudreuse. Pendant l’été, les maigres rayons du soleil contribuent à la « sublimation » de la glace, c’est-à-dire à son passage direct de l’état solide à l’état gazeux. Même au Groenland et en Antarctique, il y a des pertes par évaporation, en l’occurrence par sublimation. D’où l’impact limité des deux continents blancs sur le cycle de l’eau mondial car si les stocks sont considérables, les flux sont faibles. Nous avons donc là deux grands déserts très stables. Pas plus que le Sahara, ils ne pourraient être d’une quelconque utilité pour l’humanité. Il vaudrait mieux les classer définitivement en réserve naturelle ou au patrimoine mondial de l’UNESCO, en interdisant toute activité risquant de perturber leur environnement.

 

Revenons en quelques mots sur la question de la fonte de ces masses de glace. En effet, le GIEC admet, sans l’exprimer explicitement, que durant les trente dernières années la contribution de la fonte des inlandsis, Antarctique et Groenland, à la montée du niveau des mers est incertaine et pourrait être négative. Les inlandsis auraient ainsi, peut-être, fait baisser le niveau de la mer. Donc le volume de leurs glaces aurait augmenté. On est très loin des 7 mètres de hausse du niveau des mers annoncée par M. Al Gore dans son film Une vérité qui dérange, hausse qui serait liée à une fonte totale du Groenland. Cette fonte totale ne s’est pas produite pendant le précédent âge interglaciaire, pourtant plus chaud que l’actuel. D’ailleurs, le GIEC rassure, ce qui est inhabituel, en soulignant qu’une fonte totale demanderait des millénaires. Avant que cela ne se produise, il est vraisemblable que la terre sera entrée dans une nouvelle période glaciaire. La dernière s’est achevée il y a 10 000 ans99.

LES GLACIERS DE L’HIMALAYA 

En dehors de l’Antarctique et du Groenland, le massif montagneux le plus grand et le plus haut de la planète regroupe la plus grande masse de glaciers du monde. On dénombre un total de 15 000 glaciers individualisés dont la surface représente 500 000 km2, à peu près celle de la France continentale, et dont le volume global est estimé à 12 000 milliards de m3. C’est beaucoup dans l’absolu, mais peu par rapport aux inlandsis, dont le volume s’exprime en millions de milliards de m3. La chaîne de l’Himalaya possède un très grand nombre de glaciers dont le Siachen, le plus long avec 70 km environ dans la chaîne du Karakoram au Pakistan. D’autres glaciers sont aussi très célèbres : le Gangotri et le Yamunotri (Uttaranchal), le Nubra, le Biafo et le Baltoro (région de Karakoram), le Zemu (Sikkim) et les glaciers de Khumbu (région de l’Everest).

 

Le glacier de Siachen est situé dans la partie du Cachemire administrée par l’Inde et revendiquée par le Pakistan : le massif du Karakoram. Il mesure 70 km de long et 700 km2 de superficie, ce qui en fait l’un des plus longs glaciers du monde. Le Baltoro, un autre grand glacier, est long de 57 kilomètres et également situé dans la région du Karakoram. Il couvre 754 km2. Ce glacier est bordé de quatre des quatorze sommets montagneux de plus de 8 000 m, à savoir : le K2 (8 611 m), deuxième plus haute montagne du monde après l’Everest ; le Gasherbrum I (8 068 m), onzième sommet du monde ; le Broad Peak (8 047 m), douzième sommet du monde et le Gasherbrum II (8 035 m), treizième sommet du monde. Ces glaciers alimentent les puissants fleuves asiatiques : Indus, Gange, Brahmapoutre pour le sous-continent indien, l’Irrawaddy (en Birmanie), le Mékong, ainsi que le Yangzi Jiang et le Huang Ho en Chine.

Selon le dernier rapport du groupe II du GIEC, qui analyse les conséquences régionales du réchauffement, tous ces glaciers auront disparu en 2035. « Les glaciers de l’Himalaya reculent plus vite que dans n’importe quelle autre partie du monde, et, à ce train, la probabilité qu’ils disparaissent d’ici à 2035, peut-être plus tôt, est très grande si la terre continue à se réchauffer au rythme actuel. »

La polémique a porté sur la date de 2035, peu vraisemblable. La presse, prenant la défense du GIEC, a évoqué une faute de frappe. La vraie date de fonte totale serait, nous dit-on, 2350 ! De fait, cette « faute » existe déjà dans un rapport de 2005 du WWF100. Comme nous l’avons déjà indiqué, l’organisme onusien ne fonde pas ses conclusions uniquement sur des données scientifiques publiées dans des revues à comité de lecture. Il reprend à son compte un chiffre de cette ONG qui annonce bel et bien la fonte totale des glaciers himalayens en 2035. Comme son nom l’indique (World Wildlife Fund peut être traduit par « Fonds pour la vie sauvage mondiale »), le WWF est spécialisé dans la protection des espèces menacées. C’est une noble tâche, mais son expertise en climatologie n’a jamais été ni remarquable ni remarquée. Il est donc étonnant que le GIEC puise dans ce type de rapport des arguments d’ordre climatique pour aboutir à des recommandations à l’attention des décideurs politiques, qui vont engager les gouvernements du monde (Summary for policy makers). Il est vrai que si le GIEC a reçu un prix Nobel, c’est celui de la paix et pas un prix de science.

Au-delà de cette polémique, la vraie bonne nouvelle c’est que les glaciers de l’Himalaya ne fondent pas101, ou tout au moins ne fondent pas tous. Certains avancent. Comme l’observe le géologue et glaciologue indien Vijay Kumar Raina, les vingt glaciers les plus importants connaissent des évolutions variées et contradictoires. Ainsi, entreprendre le bilan de masse des glaciers se révèle impossible ou injustifié. « En l’état actuel des connaissances, rien ne permet d’affirmer que les glaciers en recul dans l’Himalaya le sont à cause du réchauffement global. »

De son côté, le glaciologue canadien Kenneth Hewitt a observé des inversions de tendance, notamment dans la chaîne du Karakoram. Sur site, ce glaciologue n’a observé qu’un seul glacier en recul pour quatre en progression. Il affirme que le rythme de recul des glaciers himalayens a été moins rapide ces trente dernières années que pendant les soixante précédentes. Dans l’ensemble du massif, ce rythme n’est pas plus élevé que dans le reste du monde. L’impact sur les grands fleuves asiatiques de ces évolutions, à la fois modestes et contrastées, est nul ou insignifiant. L’hydrologue américain Donald Alford précise que la contribution des glaciers au débit du Gange n’est que de 3 ou 4 %, le reste étant fourni par les pluies de moussons. C’est le même pourcentage en France, pour le bassin versant du Rhône. Les glaciers forment un stock d’eau temporaire mais ne sont pas, par eux-mêmes, une source d’eau. Dans le bilan final, seules comptent les précipitations globales sous forme de neige en altitude, et de pluies en moyenne montagne ou en plaines.

Le plus haut et le plus vaste massif montagneux du monde génère les débits impressionnants des fleuves qui en sont issus, non pas à cause des glaciers, mais par l’abondance des précipitations de la mousson, que ces précipitations tombent sur un glacier (parfois) ou ailleurs (le plus souvent). Le froid intense, l’évaporation et l’évapotranspiration faibles ou nulles en altitude, les pentes fortes, les rochers imperméables donnent un coefficient de ruissellement très élevé. Les trois grands fleuves indiens, à savoir l’Indus, le Gange et le Brahmapoutre, offrent une abondance brute cumulée, somme des volumes annuels à l’embouchure, de 1 200 milliards de m3. Si cette masse colossale n’était due qu’aux glaciers qui, par hypothèse, fondraient intégralement, et dont le volume, cité ci-dessus, est de 12 000 milliards de m3, ces trois fleuves seraient à sec dans dix ans.

COLÈRE DU PRÉSIDENT DU GIEC

Furieux que le rapport du GIEC sur la fonte des glaciers de l’Himalaya soit mis en cause par l’un de ses compatriotes et son gouvernement, le président du GIEC a qualifié son propre gouvernement d’« arrogant », et le travail réalisé par le Pr Raina de « science vaudoue ». Poussé à la défensive, M. Murari Lal, coordinateur du chapitre sur l’Asie du fameux rapport, par ailleurs alerté sur l’absurdité d’une fonte totale en 2035, avoue crûment la dimension politique du message. « Cela concerne de nombreux pays de la région et leurs ressources en eau. Nous avons pensé que si nous pouvions mettre ce sujet en lumière, cela aurait un impact sur les hommes politiques et les encouragerait à prendre des mesures concrètes102. » On reconnaît ici la « méthode GIEC » : inquiéter l’opinion, les médias et les gouvernements, même si les données qui permettraient de fonder de nouvelles politiques sont, pour le moins, fragiles ou carrément farfelues.

L’origine anthropique du « changement climatique », affirmée dans le titre (« IPCC, International Panel on Climate Change ») et dans les statuts de ce groupement, le met dans l’embarras lorsque des publications scientifiques dont la valeur est reconnue disent l’inverse. Il arrive en outre que son président perde son sang-froid. Il est vrai que M. Pachauri est également actionnaire et membre du conseil d’administration du CCX, à savoir le Chicago Climate Exchange, la nouvelle Bourse chargée d’acheter et de vendre les « droits à polluer » mis en place par le protocole de Kyoto. Comme pour toute Bourse, les transactions sont facturées et ses administrateurs ont droit à des jetons de présence. De plus, il est directeur général (rémunéré) du TERI (The Energy and Ressources Institute), organisme de recherches indien privé, financièrement soutenu par le groupe Tata et le TERI a su lever des crédits de recherche sur la fonte « dramatique » des glaciers himalayens et a recruté un glaciologue convaincu de cette fonte dans les quelques années qui viennent. Il s’était trompé de 300 ans.