31

Au matin, en descendant prendre son petit déjeuner, Teresa eut l’impression qu’il y avait quelque chose de changé dans l’atmosphère de l’hôtel. Elle comprit ce qu’il en était en passant devant le bureau : les autres matins, la radio était allumée, mais pas aujourd’hui. Cette minuscule altération dans sa routine temporaire suffit à la mettre mal à l’aise.

Dans la salle à manger, les quatre jeunes programmeurs américains étaient assis à leur table dans le coin le plus reculé et, comme d’habitude, son arrivée ne provoqua pas la moindre réaction. L’une des deux jeunes femmes lisait la Chronique financière et, de sa main libre, appuyait rythmiquement sur un appareil de musculation des avant-bras ; l’autre portait un survêtement, un bandeau élastique autour du front et une serviette posée sur ses épaules. Ken Mitchell parlait dans son téléphone mobile et l’autre homme pianotait sur un ordinateur portable pas plus grand qu’un étui à cigarettes. Sur la table, on avait déposé leur petit déjeuner habituel fait de pousses et de légumes orientaux riches en fibres, issus de cultures organiques, sans fertilisants et non traités (Amy lui avait dit qu’elle devait les faire venir de Hollande, ce qui lui coûtait une fortune). Mais, apparemment, ils n’avaient pas touché aux plats.

Teresa s’assit à sa table habituelle. À chaque fois qu’elle voyait Ken Mitchell, elle ne pouvait s’empêcher de donner libre cours à sa curiosité et à sa colère. Il semblait l’ignorer ostensiblement – par exemple, aujourd’hui, il lui tournait le dos – et bien qu’elle ne veuille plus rien avoir à faire avec lui, elle aurait souhaité qu’il la remarque sans qu’elle doive faire constamment acte de présence.

Elle avait ramassé le journal posé sur la table du couloir et le feuilletait lorsque quelqu’un s’approcha de sa table.

Pensant qu’il s’agissait d’Amy, Teresa leva les yeux en souriant. Mais elle se trouva face à un homme de stature imposante, au crâne rasé, qui tenait un bloc et un crayon.

« Voulez-vous commander votre petit déjeuner, madame ? demanda-t-il.

— Oui. »

Prise de court, Teresa tendit machinalement la main vers le menu. Durant les trois semaines qu’elle avait passées à l’hôtel, elle avait pris l’habitude de demander à Amy de lui servir son déjeuner habituel : du jus de fruits, du café et des toasts avec du pain de froment. Elle passa sa commande, que l’homme rédigea consciencieusement avant de retourner vers les cuisines.

Teresa eut l’impression d’avoir déjà vu ce drôle de type, bien qu’elle ne sache pas où. Pas à l’hôtel, en tout cas : elle devait l’avoir croisé en ville. Elle aurait dû l’examiner de plus près.

Les quatre programmeurs quittèrent leur table et s’en allèrent. Pas un ne fit mine de remarquer sa présence ; Ken Mitchell composait un autre numéro sur son portable.

Ils la laissèrent là, à attendre, toute seule.

Au bout d’un court délai, l’homme au crâne rasé revint et posa devant elle un pot de café en alu et un grand verre de jus d’orange.

« Je n’avais pas compris que vous vouliez du pain au froment, dit-il. Quelqu’un est allé en chercher. Cela ne prendra que quelques minutes : la boulangerie est à deux pas.

— Cela n’a pas grande importance. Je me serais contentée de pain de mie. »

Teresa crut lire ses pensées : encore une de ces Américaines chichiteuses. Mais bon sang, le pain au froment était bien là, sur le menu !

« Amy sait que je préfère le pain au froment, et elle s’arrange toujours pour en avoir. »

Il s’était redressé et se tenait debout face à la table, le plateau posé contre sa poitrine.

« Amy n’est plus ici », dit-il.

Surprise, Teresa eut un léger sursaut, mais à vrai dire, depuis qu’elle était descendue, elle s’attendait à du nouveau.

« Que s’est-il passé ? Elle va bien ?

— Oui. Elle voulait juste prendre un peu de repos.

— Ainsi, vous avez pris sa place ?

— Et tout le reste. À partir de maintenant, je m’occupe de cet hôtel.

— Vous êtes le directeur ?

— Eh bien, je le dirige, oui. Mais j’en suis désormais propriétaire.

— Nick Surtees est parti, lui aussi ?

— Tout s’est décidé hier. Il y avait longtemps que je désirais prendre la direction de cet établissement, et j’ai entendu dire que Nick était décidé à vendre : nous avons donc conclu l’affaire.

— Comme ça, sans crier gare ? Hier, ils étaient encore là, et ils ne m’ont rien dit.

— Je crois qu’ils prévoyaient de s’en aller depuis longtemps déjà. » Teresa le dévisageait d’un regard atone. « Veuillez m’excuser, je crois que ma femme vient de rentrer avec votre pain. »

Elle le regarda partir, et les doubles portes à ressort de la cuisine battirent derrière lui. Toute triviale qu’elle soit, la nouvelle tournait et retournait dans sa tête. Les directeurs d’hôtel traitaient généralement leurs affaires sans consulter leurs clients, elle le savait, mais Nick et Amy lui avaient semblé si ouverts, si disponibles qu’elle ne comprenait pas pourquoi ils ne lui avaient rien dit. Elle se serait contentée d’un simple « au revoir ».

Elle se versa du café et but du jus d’orange en attendant les toasts. L’homme revint quelques instants plus tard.

Alors qu’il déposait les toasts – disposés à l’anglaise, sur un présentoir argenté afin qu’ils refroidissent moins vite – elle lui dit :

« Je vous ai déjà vu quelque part. Je vous connais ?

— Peut-être nous sommes-nous croisés près de l’hôtel. Je venais au bar de temps en temps. » Il se frotta le menton. « J’avais la barbe il n’y a pas si longtemps. Je suis David Hartland, le beau-frère d’Amy. »

Elle se rappela alors ce jour au marché et cet homme qui discutait avec Amy. Son comportement lui avait paru agressif, mais à l’époque cela ne lui avait pas semblé très important. Et, une autre fois, elle l’avait vu sortir du bâtiment ExEx.

« Donc, vous êtes le frère de… ?

— Le frère aîné de Jason. Vous savez sans doute ce qui est arrivé à Jase ?

— Amy m’a tout raconté. »

Elle évoqua aussi son propre souvenir de Jason, mort sur le toit de sa maison d’Eastbourne Road.

« Jase et moi voulions prendre la direction de cet hôtel, il y a bien longtemps, lorsque les parents de Nick étaient encore en vie. À l’époque, cela n’a rien donné, mais quand j’ai entendu dire que Nick désirait vendre, j’ai sauté sur l’occasion. »

Tout en parlant, il s’était éloigné de la table pour s’approcher d’un vaisselier. Il ouvrit l’un des tiroirs et en sortit une poignée de couteaux et de fourchettes qu’il enveloppa dans la serviette qu’il avait apportée.

« Je ne sais si vous êtes au courant, mais Bulverton est en train de changer. Il y a peu, nous avons engrangé de grosses sommes d’argent. » Il regarda la table des Américains, mais Teresa ne comprit pas tout de suite le rapport. « L’existence de ses habitants va s’en trouver transformée, et la ville va suivre le mouvement. Dans dix ans. Bulverton ne sera plus du tout ce qu’elle est aujourd’hui.

— Donc, vous avez acheté l’hôtel – hier ?

— Nous n’avons pas encore rempli les paperasses légales, mais nous avons topé là. Nick a pris un avocat de Londres et j’ai contacté le mien. Vous savez comme ils ont le don de faire traîner les choses. Entre-temps, Nick et Amy voulaient partir sur-le-champ, et c’est ce qu’ils ont fait hier soir. L’essentiel de leurs affaires est encore là-haut, mais nous les leur garderons.

— Vous savez où ils sont allés ?

— Ils ne me l’ont pas précisé, répondit-il, bien qu’au ton de sa voix Teresa comprit qu’il mentait. Je crois que, pour eux, c’est une sorte de lune de miel. »

Elle éclata de rire, plus pour soulager la tension que par véritable amusement.

« Ai-je une chance de les revoir ? Je commençais à bien m’entendre avec Amy.

— Je ne saurais vous dire. Peut-être si vous êtes toujours là dans un mois ? Mais à les entendre, je ne crois pas qu’ils comptent revenir à Bulverton. Elle leur rappelle de mauvais souvenirs. Pour eux, comme pour beaucoup de monde.

— Oui, je sais. »

Après ça, il ne restait plus grand-chose à dire.

Dave Hartland retourna dans la cuisine avec les couverts et Teresa attaqua ses toasts qui commençaient à refroidir. Ces changements si brutaux la dérangeaient comme un affront personnel, comme si elle avait offensé Nick et Amy d’une façon ou d’une autre. Mais bien sûr, c’était impossible – du moins elle l’espérait.

Teresa avait souvent tenté de se mettre à la place des habitants de cette petite ville, ceux qui partageaient ce fardeau collectif. Elle ne connaissait que trop les divers états émotionnels consécutifs à un deuil individuel, mais pas ce qu’on ressent lorsqu’on a survécu à un massacre. Le fait de savoir que l’on n’était pas le seul était-il réconfortant ou plus désespérant encore ? Le bouleversement, le choc, le sentiment de trahison, la culpabilité des survivants, les intrusions de la presse… des éléments bien connus des psychologues, maintes et maintes fois étudiés. Mais toutes ces recherches ne pouvaient expliquer ce que ressentaient ceux qui y avaient pris une part active. Avant de venir à Bulverton, Teresa croyait qu’avec ce qui était arrivé à Andy elle pourrait s’identifier facilement aux gens d’ici, mais en vérité, s’il fallait leur trouver un point commun, c’eût été cette stase émotionnelle qui avait suivi la catastrophe. Cette paralysie des sentiments, des ambitions, des gestes, des espoirs, qui vous empoisonnait littéralement la vie. Vous tentiez de continuer comme avant, de vous laisser envahir par la douleur, mû par la certitude qu’il ne pouvait rien vous arriver de pire – tout en sachant que, quoi qu’il arrive, on ne pourrait jamais revenir en arrière.

Voilà la triste vérité : le passé n’était rien d’autre qu’un douloureux souvenir sans espoir de réalité. Elle avait perdu Andy ; et depuis sa mort elle avait entamé un long et douloureux processus qui n’avait qu’une seule issue : la certitude qu’elle ne le reverrait plus jamais.

Pendant qu’elle finissait son café, Hartland traversa la salle à manger sans regarder dans sa direction, remit dans le tiroir les couverts qu’il en avait retirés et en prit d’autres avant de retourner à la cuisine.

Teresa ramassa son journal et se dirigea vers la réception. Hartland n’était pas là : elle frappa donc à la porte qui reliait le bureau à la cuisine et y jeta un coup d’œil. Il était là, en compagnie d’une femme qui devait être sa compagne, mais il ne la présenta pas. Tous deux portaient des tabliers et avaient étalé les couverts sur la table nappée d’un papier-journal.

« Monsieur Hartland, dit-elle, je suis désolée de vous faire un coup pareil si peu de temps après que vous avez repris l’hôtel, mais je vais devoir libérer ma chambre dans un jour ou deux.

— Pas de problème. Savez-vous quand exactement vous partirez ?

— Non, pas encore. Il faut encore que je réserve une place d’avion, et j’ai une ou deux petites choses à faire en ville. Ce ne sera pas demain, c’est sûr, mais sans doute après-demain ou le jour d’après. »

Pendant qu’elle parlait, il avait retiré son tablier et, maintenant, se dirigeait vers la porte à l’autre bout de la cuisine, celle qui donnait sur la petite réception et le grand vestibule de l’entrée. Nick et Amy s’en servaient rarement. Il lui tint la porte et lui fit signe de le précéder.

Il alluma l’ordinateur posé sur le bureau et attendit qu’il démarre. Hartland farfouilla dans les fiches, cherchant probablement le registre de l’hôtel.

« Jusque-là, dit-il, je n’ai pas eu l’occasion d’étudier votre note. J’avais tant de formalités à remplir.

— Voulez-vous que je vous laisse et que nous en parlions plus tard ?

— Attendez, je vais voir si je peux trouver votre compte. »

Plusieurs fois, Teresa avait vu Nick et Amy manipuler le programme, mais proposer son aide eût été incongru.

« Ne vous inquiétez pas, dit-il. Si vous nous quittez le premier jour où nous reprenons les affaires en main, ce n’est pas bien grave. En fait, lorsque tout le monde sera parti, ma femme et moi n’avons pas l’intention de prendre d’autres clients.

— Vous voulez vous contenter du bar ?

— En effet. Mais nous avons d’autres projets, si toutefois le conseil municipal me délivre les autorisations nécessaires. Nous voulons bâtir une sorte de pub multimédia. Vous voyez ce que je veux dire ?

Nous en avons visité deux à Londres, et un autre s’est ouvert à Brighton il y a deux mois. Il y a beaucoup d’espace inutilisé dans ce bâtiment, et le parking est désert la plupart du temps. Vu sa position sur la grand-route, c’est l’emplacement idéal. J’imagine qu’il n’y a pas d’endroit de ce genre aux États-Unis ?

— Des espaces multimédias, oui. Mais… des pubs ?

— C’est comme ça qu’on les appelle. Un pub multimédia est une sorte de centrale de jeux où tout est disponible sous un seul et unique toit. Au cœur de tout cela, notre point de départ, il y aura une immense brasserie/restaurant qui occupera tout le devant du bâtiment, avec une terrasse pour l’été. Ensuite, nous nous chargerons des autres étages. Il y aura une discothèque en sous-sol, un restaurant et une salle de détente à l’arrière, et un cybercafé dans une des chambres du haut. Le dernier étage abritera des boutiques et des studios d’artisans. Comme nous voulons que les gens y amènent leurs enfants, nous allons construire un terrain de jeux avec une galerie d’où les parents pourront surveiller leurs enfants en prenant un verre. Nous pensons même à ajouter une salle de gym pour que les gens puissent s’entraîner avant de dîner ou d’aller au bar. Vous voyez cette vieille grange à l’arrière où Amy et Nick entreposaient toute sorte de trucs ? Nous allons la reconvertir. Et nous y installerons sans doute aussi une succursale d’ExEx. J’en parlais justement à vos amis américains. Leur compagnie ne tardera pas à accorder des licences ExEx dans ce pays et, si je fais vite, nous serons leur première annexe privée de toute la côte sud.

— Vous ne perdez pas de temps, il me semble, fit Teresa, impressionnée par ses ambitions.

— J’ai passé toute ma vie dans cette ville, à la regarder pourrir sur pied. Vous avez vu les étages : il faut tout casser et tout rebâtir. Eh bien, Jean et moi savons comment rendre un endroit profitable et nous ne sommes plus tout jeunes : cet hôtel est notre dernière chance, nous allons nous y donner à fond.

— Je vois. »

Teresa ne pouvait concevoir ce que coûterait un tel travail de rénovation, mais cela devait se chiffrer en millions. Or ne l’avait-elle pas vu tenir une échoppe au marché de la Vieille Ville ? Ce n’était pas en jouant les camelots qu’il pourrait réaliser le capital permettant une telle expansion.

Elle attendit encore quelques minutes, mais de toute évidence il n’arrivait pas à trouver les archives de l’hôtel sur l’ordinateur. Elle s’énerva de le voir ainsi dépassé par un simple logiciel et savait qu’elle ne lui serait d’aucune assistance tant qu’elle resterait plantée là. Elle lui suggéra à nouveau de remettre les comptes à plus tard, et il parut lui en être reconnaissant.

Les Extrêmes
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