23 août

Ses bras ne sont rien de plus que des cordages de peau mollasse. Sur sa nuque, les os donnent l’impression d’être noués les uns aux autres par des tendons desséchés. Enflammés. Douloureux et fatigués. Ses épaules, comme accrochées à son échine à la base de son crâne. Son cerveau pourrait tout aussi bien être une pierre noire cuite au four à l’intérieur de sa tête. Sa toison pubienne est en train de repousser, les poils rêches et boutonneux autour du cathéter. Face à la nouvelle feuille de papier placée devant elle, Misty prend une brosse ou un crayon, et rien ne se produira. Lorsque Misty débute un croquis, obligeant sa main à exécuter quelque chose, c’est une maison en pierre. Un jardin de roses. Rien que son propre visage. Le journal intime de son autoportrait.

Aussi vite qu’elle lui est venue, son inspiration a disparu. Quelqu’un libère de sa tête le bandeau qui lui masque les yeux, et la lumière du soleil en provenance de la lucarne lui fait plisser les paupières. Tellement elle est aveuglante. C’est le docteur Touchet qui est là avec elle, et il dit : « Félicitations, Misty. C’est terminé. »

C’est ce qu’il avait dit quand Tabbi était née.

Misty et son immortalité fabrication maison.

Il ajoute : « Cela pourrait prendre quelques jours avant que vous puissiez vous tenir debout », puis glisse le bras autour de son dos, crochète sous les aisselles et soulève Misty pour la remettre sur ses jambes.

Sur le rebord de la fenêtre, quelqu’un a laissé la boîte à chaussures de Tabbi pleine de bijoux de pacotille. Les morceaux bon marché de miroirs scintillants, taillés en diamants. L’inclinaison de chaque facette reflétant la lumière dans une direction différente. Un éblouissement. Un petit feu de joie, là, sous le soleil qui rebondit à la surface de l’océan.

« Près de la fenêtre ? demande le docteur. Ou préféreriez-vous vous mettre au lit côté porte ? »

Au lieu de « porte », Misty entend morte. La chambre est exactement comme dans le souvenir de Misty. L’oreiller de Peter sur le lit, l’odeur de son mari. Les tableaux ont, tous jusqu’au dernier, disparu. Misty demande : « Qu’est-ce que vous en avez fait ? »

L’odeur de toi.

Et le docteur Touchet la dirige vers un fauteuil près de la fenêtre. Il la fait s’asseoir doucement dans une couverture étalée sur le fauteuil et dit : « Vous avez encore fait un travail parfait. Nous ne pouvions espérer mieux. » Il ouvre les rideaux pour montrer l’océan, la plage. Les estivants s’entassent les uns sur les autres jusqu’au bord de l’eau. Les ordures laissées par la marée. Un tracteur se traîne lentement, tirant un rouleau. Le tambour en acier roule, imprimant dans le sable humide un triangle de guingois. Le logo d’une entreprise commerciale.

Tout à côté du logo estampé dans le sable, on peut lire les mots : « Se servir de ses erreurs passées pour bâtir un meilleur avenir. »

La vague déclaration d’intention d’un individu investi d’une mission.

« Encore une semaine, explique le docteur, et cette compagnie paiera une fortune pour effacer son nom de cette île. »

Ce qu’on ne comprend pas, on peut lui faire dire n’importe quoi.

Le tracteur traîne le rouleau, imprimant de nouveau son message, encore et encore, jusqu’à ce que les vagues l’effacent.

Le docteur dit : « Lorsqu’un avion s’écrase, toutes les compagnies paient pour annuler leurs publicités dans les journaux et à la télévision. Vous le saviez ? Aucune d’elles ne veut courir le risque d’être associée à ce genre de désastre. » Il ajoute : « Encore une semaine, et il n’y aura plus la moindre affiche commerciale sur cette île. Les entreprises paieront ce qu’il faudra pour racheter les noms de leurs marques. »

Le docteur croise les mains mortes de Misty sur ses cuisses. C’est l’embaumement. Il dit : « Maintenant, reposez-vous. Paulette sera là bientôt pour prendre commande de votre dîner. »

Pour information, juste au cas où, il va jusqu’à sa table de nuit et prend le flacon de gélules. En partant, il glisse le flacon dans la poche latérale de sa veste de complet sans rien expliquer. « Encore une semaine, conclut-il, et le monde entier aura peur de cet endroit – mais il nous fichera la paix. » En sortant, il ne verrouille pas la porte.

Dans sa vie précédente, Peter et Misty, ils sous-louaient un appart à New York quand Grâce a appelé pour leur annoncer que Harrow était décédé. Le père de Peter était décédé et sa mère se retrouvait seule dans leur grande maison de Birch Street. Trois étages au total, avec sa chaîne montagneuse de toits, ses tours et ses fenêtres en cintre saillant. Et Peter a annoncé qu’ils devaient partir pour s’occuper d’elle. Pour régler la succession de Harrow. Peter était l’exécuteur testamentaire. Rien que pour quelques mois, a-t-il précisé. Ensuite Misty s’est retrouvée enceinte.

Ils ont continué à se répéter que c’était New York, leur grand projet. Ensuite ils se sont retrouvés parents.

Pour information, juste au cas où, sache que Misty ne pouvait pas se plaindre. Il y a eu un petit créneau de temps, les premières années après la naissance de Tabbi, pendant lequel Misty pouvait se rouler en chien de fusil sur le lit avec elle et ne plus rien vouloir d’autre au monde. D’avoir Tabbi faisait de Misty partie prenante de quelque chose, du clan Wilmot, de l’île. Misty se sentait dans une plénitude totale et plus apaisée qu’elle ne l’aurait jamais cru possible. Avec ses vagues sur la plage à l’extérieur de la fenêtre de la chambre, ses rues tranquilles, l’île était suffisamment à l’écart du monde pour que le sentiment de manque disparaisse. Tu cessais d’avoir besoin. De te faire du souci. De souhaiter. De toujours espérer quelque chose de plus.

Elle a laissé tomber la peinture et s’est mise à fumer de la came.

Elle n’avait plus besoin d’accomplir, de devenir, d’échapper. Le simple fait d’être là suffisait.

Les paisibles rituels du lavage de la vaisselle ou du pliage des vêtements. Peter rentrait à la maison, et ils s’asseyaient sous l’avant-toit en compagnie de Grâce. Ils faisaient la lecture à Tabbi jusqu’à son coucher. Ils faisaient couiner le vieux mobilier en rotin, avec les nuages de papillons de nuit autour de la lampe. Dans les profondeurs de la maison, une horloge tintait les heures. Depuis les bois au-delà du village, il leur arrivait d’entendre une chouette.

De l’autre côté des eaux, les villes du continent étaient surpeuplées, placardées de panneaux publicitaires vantant des produits de la ville. Les gens mangeaient de la nourriture bon marché dans les rues et abandonnaient leurs déchets sur la plage. La raison pour laquelle l’île ne causait jamais le moindre mal ? Il n’y avait rien à y faire. Il n’y avait pas de chambres à louer. Pas d’hôtel. Pas de maisons de vacances pour l’été. Pas de réceptions. On ne pouvait s’y offrir de repas parce qu’il n’y avait pas de restaurant. Personne ne vendait de coquillages peints à la main avec « Waytansea Island » écrit en lettres dorées. Les plages étaient pleines de rochers côté océan… boueuses de laisses à huîtres côté continent.

À peu près à cette époque, le conseil de village a commencé les travaux en vue de rouvrir l’hôtel fermé. C’était dingue, d’utiliser ainsi les derniers sous des fonds de placement de chacun des habitants, toutes ces familles insulaires en train de se cotiser pour reconstruire cette vieille ruine calcinée par un incendie qui se dressait sur le flanc de la colline au-dessus du port. En train de gaspiller leurs dernières ressources pour attirer des tonnes de touristes. Condamnant ainsi la génération à venir à servir aux tables, nettoyer les chambres, peindre des merdes de souvenirs sur des coquillages.

Il est tellement difficile d’oublier la douleur, mais il est encore bien plus difficile d’oublier la douceur.

Nous n’avons pas de cicatrices à montrer pour le bonheur. La paix nous en apprend si peu.

Roulée en chien de fusil sur la courtepointe, partie prenante de chaque individu pour des générations, Misty pouvait serrer sa fille dans ses bras. Misty pouvait tenir son bébé, son corps entourant Tabbi, comme si celle-ci se trouvait toujours à l’intérieur d’elle. Toujours partie prenante de Misty. Immortelle.

L’odeur de lait suri de Tabbi, de son haleine. L’odeur suave du talc de bébé, presque du sucre en poudre. Le nez de Misty niché dans la peau douce du cou de son bébé.

Au cours de ces années-là, ils n’avaient aucune raison de se presser. Ils étaient jeunes. Leur monde était propre. C’était l’église le dimanche. C’était les livres à lire, les longues trempettes dans la baignoire. La cueillette des baies sauvages et la fabrication des gelées le soir, à la fraîche, quand la brise soufflait dans la cuisine blanche, toutes fenêtres ouvertes. Ils connaissaient toujours la phase de la lune, mais rarement le jour de la semaine.

Rien que pour ce créneau de quelques années, Misty savait que son existence n’était pas une fin. Elle était un moyen pour atteindre l’avenir.

Ils faisaient poser Tabbi debout contre l’huisserie de la porte d’entrée. Contre tous les noms oubliés qui étaient toujours là. Tous ces enfants, aujourd’hui décédés. Ils inscrivaient sa taille à l’aide d’un stylo-feutre.

Tabbi, âge : quatre ans.

Tabbi, âge : huit ans.

Pour information, juste au cas où, le temps aujourd’hui est un peu mièvre.

Ici, au Waytansea Hôtel, assise devant la fenêtre de la lucarne, dans sa mansarde du grenier, l’île s’étale sous ses yeux, dégoûtante, avec ses étrangers et ses messages. Ses panneaux publicitaires et ses néons. Ses logos. Ses marques commerciales.

Le lit sur lequel Misty se roulait en chien de fusil, entourant Tabbi, essayant de la garder à l’intérieur du cocon. C’est Angel Delaporte qui y dort maintenant. Un cinglé quand même. Toujours à ses basques. Dans sa chambre à elle, dans son lit à elle, sous la fenêtre avec le sifflement et le claquement des vagues qui se brisent au-dehors. La maison de Peter.

Notre maison. Notre lit.

Jusqu’à ce que Tabbi atteigne ses dix ans, le Waytansea Hôtel était resté scellé, vide. Les fenêtres fermées, à l’aide de contreplaqué boulonné à chaque châssis. Les portes barrées de planches.

L’été où Tabbi a eu ses dix ans, l’hôtel a ouvert. Le village est devenu une armée de chasseurs et de serveurs, de femmes de chambre et de réceptionnistes. C’est cette année-là que Péter a commencé à travailler sur le continent, à monter ses cloisons de Placo. Des petits boulots de réfection pour des estivants qui avaient trop de maisons à entretenir. L’hôtel maintenant ouvert, le ferry a commencé à fonctionner toute la journée, tous les jours, encombrant l’île de touristes et de voitures.

Après cela sont arrivés les gobelets en carton et les emballages de fast-food. Les alarmes de voitures et les longues files de véhicules en chasse pour une place de stationnement. Les couches de bébé souillées que les gens abandonnaient dans le sable. L’île n’a fait que se dégrader jusqu’à cette année, jusqu’à ce que Tabbi ait ses treize ans, jusqu’à ce que Misty aille dans le garage et y découvre Peter endormi dans la voiture et le réservoir vide. Jusqu’à ce que les gens se mettent à l’appeler au téléphone pour lui signaler que leur buanderie n’était plus là, que leur chambre d’amis avait disparu. Jusqu’à ce qu’Angel Delaporte soit exactement là où il avait toujours voulu être. Dans le lit de son mari.

Dans ton lit.

Angel allongé dans le lit de Misty. Angel qui dort avec son dessin du fauteuil, pièce d’antiquité.

Misty, avec plus rien. Tabbi n’est plus. Son inspiration, envolée.

Pour information, juste au cas où, sache que Misty n’en a jamais parlé à personne, mais Peter avait fait sa valise et il l’avait cachée dans le coffre de la voiture. Une valise à emporter avec lui, un change pour l’enfer. Ça n’avait jamais eu ni queue ni tête. Rien de ce que Peter avait pu faire au cours de ces trois dernières années n’avait beaucoup de sens.

À l’extérieur de sa petite fenêtre de grenier, là-bas, sur la plage, des gamins s’éclaboussent dans les vagues. Un garçon porte une chemise blanche à fanfreluches et un pantalon noir. Il parle à un autre garçon, qui ne porte qu’un short de football. Ils se repassent une cigarette, et la fument chacun son tour. Le gamin à la chemise blanche à fanfreluches a les cheveux noirs, juste assez longs pour qu’ils tiennent derrière l’oreille.

Sur le rebord de la fenêtre se trouve la boîte à chaussures de Tabbi, pleine de bijoux en toc. Les bracelets, les boucles d’oreilles orphelines et les broches anciennes ébréchées. Les bijoux de Peter. Qui ballottent dans la boîte en compagnie des perles en plastique et des diamants en verre laissés en vrac.

Depuis sa fenêtre, Misty regarde en contrebas, vers la plage où elle a vu Tabbi pour la dernière fois. Là où ça s’est produit. Le garçon aux cheveux courts porte une boucle d’oreille, un truc qui scintille or et rouge. Et sans personne pour l’entendre, Misty dit : « Tabbi. »

Agrippant de ses doigts le rebord de la fenêtre, Misty pousse la tête et les épaules en avant et crie : « Tabbi ? » Misty doit avoir le corps à moitié dans le vide, prête à dégringoler les quatre étages qui la séparent du perron de l’hôtel, et elle hurle : « Tabbi ? »

Et c’est bien elle. C’est Tabbi. Avec les cheveux courts. En train de flirter avec un gamin. En train de fumer.

Le garçon tire juste une bouffée de la cigarette et la lui rend. Il jette les cheveux en arrière et rit, une main sur la bouche. Ses cheveux sous le vent de l’océan, comme un drapeau noir qui flotte.

Les vagues sifflent et éclatent. Ses cheveux à elle. Tes cheveux.

Misty se tord dans l’embrasure de la petite fenêtre, et la boîte à chaussures se renverse. La boîte glisse sur le toit en bardeaux. Elle touche la gouttière et bascule, et les bijoux s’envolent. Ils tombent en jetant des éclairs aussi brillants que des pétards de feux d’artifice, dégringolant comme Misty ne va pas tarder à le faire, jusqu’en bas, pour se fracasser sur le sol en béton du perron de l’hôtel.

Seuls les quarante-cinq kilos de son plâtre, sa jambe enchâssée dans la fibre de verre l’empêchent de basculer dans le vide. Puis deux bras la ceinturent, et une voix dit : « Misty, non. » Quelqu’un la tire en arrière, et c’est Paulette. Un menu du service de chambres est tombé au sol. Les bras de Paulette la ceinturent par-derrière. Les mains de Paulette se verrouillent, et elle soulève Misty, la faisant tournoyer autour de la masse pesante de sa jambe entièrement plâtrée, pour la planter le nez dans le tapis plein de taches de peinture.

Haletant, à court d’haleine, traînant son énorme jambe en fibre de verre, sa chaîne et son boulet, regagnant la fenêtre, Misty dit : « C’était Tabbi. » Misty dit : « Là-dehors. »

Son cathéter s’est de nouveau arraché, le pipi a giclé partout.

Paulette se remet sur ses pieds. Elle fait une méchante grimace, ses muscles risorius, les abaisseurs de l’angle des lèvres, pinçant son visage autour de son nez pendant qu’elle essuie ses mains sur sa jupe sombre. Elle replace son chemisier dans sa ceinture et dit : « Non, Misty. Non, ce n’était pas elle. » Et elle ramasse le menu du service de chambres.

Misty doit descendre au rez-de-chaussée. Et sortir de l’hôtel. Il faut qu’elle trouve Tabbi. Il faut que Paulette l’aide à soulever le plâtre. Il faut qu’elles convainquent le docteur Touchet de le scier.

Et Paulette secoue la tête et dit : « Si on t’enlève ce plâtre, tu seras infirme à vie. » Elle va à la fenêtre et la ferme. Elle la verrouille et tire les rideaux.

Et toujours au sol, Misty dit : « S’il te plaît, Paulette, aide-moi à me remettre debout. »

Mais Paulette tape du pied. Elle extrait un carnet de commandes de la poche latérale de sa jupe et dit : « Il n’y a plus de corégones en cuisine. »

Et pour information, juste au cas où, sache que Misty n’est pas encore sortie du piège.

Misty n’est pas encore sortie du piège, mais sa gamine pourrait être en vie.

Ta gamine.

« Un steak », dit Misty.

Misty veut le morceau de bœuf le plus épais qu’ils puissent trouver. Bien cuit.

Journal intime
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