— Une rumeur n’est pas un fait établi, princeps d’Antiter. Vous auriez pu orchestrer vous-même ce genre de mise en scène pour nous abuser. Nous exigeons nous aussi quelques garanties.

— Quel genre de garanties ?

— Une démonstration de la puissance de la formule par exemple.

Le Vioter marqua un temps de pause avant de répondre, tenaillé par l’impression d’être une marionnette entre les mains de ses commanditaires.

— Dangereux : personne ne peut prévoir les conséquences du Mentral. Il peut provoquer une dislocation totale de la croûte planétaire et l’embrasement du noyau.

— Nous ne demandons qu’à voir.

— Cette… démonstration peut tuer des millions de Dévilliens.

Un argument qui n’était pas recevable, il le savait. Les Garloups avaient justement besoin de la formule pour ouvrir des brèches sur l’espace, permettre à leurs congénères de débarquer en masse sur les mondes recensés, exterminer les peuples humains. Un véritable jeu de dupes : il n’avait pas davantage l’intention de leur remettre le Mentral qu’ils n’avaient l’intention de libérer Saphyr. Il se refusait d’être l’agent de l’anéantissement des hommes, et les êtres de l’antespace ne prendraient pas le risque de le laisser en vie. Les Grands Devins d’Antiter avaient prédit qu’une fille naîtrait de son union avec la féelle, chasserait les envahisseurs et rendrait sa souveraineté à l’humanité et, même s’ils traitaient le plus souvent ce genre d’allégations par le mépris, les Garloups ne négligeaient aucune probabilité.

— Le Mentral nous intéresse justement pour ses capacités destructrices, princeps d’Antiter.

— Vous ne l’aurez que lorsque j’aurai conversé avec la féelle Saphyr.

La réponse du Garloup le prit totalement au dépourvu.

— Gardez-le en ce cas.

Ils affectaient l’indifférence pour imposer leurs conditions, une attitude commune à tous les diplomates des mondes recensés. Ils prétendaient que la formule revêtait moins d’importance à leurs yeux que Saphyr aux siens, et celle des deux parties qui feindrait le mieux le détachement aborderait les négociations en position de force.

— Le Cartel devra renoncer à ses rêves de conquête.

— Je vois que vous avez compris à quel usage nous destinions le Mentral, princeps, rétorqua calmement la tête holographique. La formule n’est toutefois qu’un aspect de notre stratégie : elle nous permettrait certes de gagner un temps précieux, mais nous pouvons fort bien nous en passer. Outre la Seizième Voie Galactica, nous contrôlons déjà, d’une manière ou d’une autre, plus de trois cents planètes recensées. Et vous, avez-vous un… programme de remplacement pour la féelle Saphyr d’Antiter ?

La grossièreté de la question raviva la colère de Rohel mais, appliquant les principes de base de l’enseignement de Phao Tan-Tré, il descendit sa respiration dans le bas-ventre et recouvra son calme. Les Garloups chercheraient sans cesse à le provoquer, à le déstabiliser.

— Vous devriez pourtant savoir que les sentiments d’un être humain pour un autre être humain ne peuvent pas être comparés à un programme, fit-il d’une voix posée. Nous ne sommes pas des machines de type binaire mais des êtres complexes.

— Les humains ! riposta le Garloup avec une vivacité surprenante. Ils n’ont aucune idée de leur propre nature, et cette méconnaissance de leur pouvoir les conduit à la vanité, à la destruction. Ils ignorent les conséquences réelles de leurs pensées, de leurs actes, comme s’ils n’étaient que les locataires de leur univers. En vous opposant à leur disparition, princeps, vous vous placez à contre-courant de l’histoire. Donnez-nous la formule et reprenez la féelle : vous vivrez au moins les quelques années de bonheur qui vous sont dues.

— Et si ces quelques années de bonheur m’apportaient un enfant… une fille plus précisément.

Des étincelles meurtrières traversèrent les yeux du Garloup.

— Vous faites sans doute allusion à cette prophétie imbécile. Si les Grands Devins avaient eu le pouvoir réel de lire dans l’avenir, ils auraient prévu l’extermination de leur peuple. C’étaient des religieux, les gardiens d’un vieux système de croyances. Nous n’avons rien à craindre des superstitions humaines. Vous pouvez féconder la féelle Saphyr autant qu’il vous plaira : vos rejetons et vous serez balayés comme les autres par les vents de l’oubli.

— Pourquoi cet acharnement contre les hommes ? L’univers est vaste : vous pourriez le partager avec d’autres formes de vie.

Le Garloup eut un ricanement sinistre.

— Vous ne comprenez pas, princeps : nous ne sommes pas venus nous installer sur ces mondes de matière, mais exécuter la volonté de nos maîtres.

— Quels maîtres ?

— Les humains ont en eux toutes les réponses. S’ils savaient trouver les bonnes portes, tourner les bonnes clefs, ils ne seraient pas sur le point de disparaître. Mais nous ne sommes pas là pour refaire l’histoire, princeps. Acceptez-vous de vous livrer à une petite démonstration de la puissance du Mentral ?

Le Vioter estima qu’il devait maintenant leur donner un gage de sa bonne foi.

— À la condition que je puisse.

— Bien entendu, princeps, coupa le Garloup. Apportez-nous la preuve formelle que vous détenez la bonne formule, et nous organiserons une entrevue avec la féelle Saphyr.

— Que valent vos promesses ?

Les lèvres aiguisées du visage holographique s’étirèrent en un sourire tronqué.

— Il y a un sous-entendu dans votre question, princeps : que valent les promesses de créatures non humaines ?

La vibration de sa voix trahissait une forme de colère. Il marqua un temps de pause, comme pour donner un tour solennel à ses paroles.

— Pour le savoir, vous devrez nous faire confiance, reprit-il. Faire confiance à ceux que vous considérez comme vos pires ennemis.

— Il y a une deuxième condition, fit Le Vioter après un moment de silence. Vous ferez évacuer, sur un rayon de mille kilomètres, la zone où je prononcerai la formule.

— Que vous importe la vie d’une poignée de Dévilliens ? Ils sont de toute façon condamnés à mort. Vous ne réussirez qu’à retarder l’échéance.

— Vous n’êtes plus à un jour près.

— Un jour ? Vous êtes optimiste, princeps : les Dévilliens ne se laissent pas évacuer comme des animaux domestiques. Ils sont identifiés à leur terre, à leur village, à leur maison. Tous les êtres humains s’identifient à leurs possessions, à leurs sens : c’est la cause principale de leur perte. Mais nous vous proposons une solution qui a le double mérite de ménager vos scrupules et de nous faire gagner du temps : vous prononcerez la formule dans le grand désert intérieur de l’unique continent de Déviel.

— D’après mon écran-carte, le désert intérieur est habité.

— Des Cælectes. Et une poignée de nomades. Insignifiants.

— Ce sont des êtres humains comme les autres.

Les yeux du Garloup brillèrent de nouveau d’un éclat maléfique.

— Il suffit, princeps. Nous avons fait un pas dans votre direction : si le sort de quelques arriérés vous paraît plus important que la vie de la féelle Saphyr, passez outre.

Le Vioter jugea préférable de ne pas insister. Il avançait en terrain miné, où le moindre faux pas risquait de provoquer une rupture définitive des négociations. Une fois sur place, il s’arrangerait pour imposer ses conditions.

— Il n’y a pas d’astroport dans le désert intérieur, avança-t-il.

— Nous mettrons un véhicule et une escorte à votre disposition. En moins de cinq heures, vous serez à Canis Major, l’oasis centrale.

— Dernière précision : je serai seul au moment de prononcer le Mentral.

— Personne ne serait assez fou pour rester aux côtés d’un homme qui…

Le Garloup s’interrompit soudain, comme frappé par une évidence.

— Et vous-même, princeps ? Vous serez dans l’œil du cyclone, dans le cœur de la tempête. Il y a de fortes probabilités que votre enveloppe corporelle ne survive pas à cette expérience.

— Que vous importe la vie d’un homme ?

La réflexion du Garloup montrait que le Cartel tenait au Mentral bien davantage qu’il ne voulait l’avouer. Cet intérêt ouvrait une brèche dans laquelle Le Vioter pourrait ultérieurement s’engouffrer.

— Nous sommes liés par un marché, ne l’oubliez pas. La vie d’un partenaire nous est extrêmement précieuse, princeps. Avez-vous d’autres exigences à formuler ?

— Une seule : contempler une nouvelle fois Saphyr d’Antiter avant de transmettre mes coordonnées spatiales à la tour de l’astroport.

— Cette femme est votre principale faiblesse, princeps, ironisa le Garloup.

— Ne sous-estimez pas le pouvoir de l’amour.

— Un grand mot, l’amour… Mais il ne s’est pas montré assez fort pour éviter au genre humain de sombrer dans le néant. Accordez-nous un peu de temps pour vous relier au canal holographique de la résidence de la féelle Saphyr. La communication ne durera que cinq secondes. Au plaisir de vous revoir, princeps.

La tête du Garloup s’effaça de l’écran-bulle, comme soufflée par une invisible bouche. Puis des émulsions lumineuses dansèrent entre les parois transparentes et dessinèrent peu à peu les contours d’une chevelure, d’un visage, d’un cou.

Saphyr, miniaturisée par l’hologramme.

Elle le fixait, souriante, aimante. De ses lèvres entrouvertes s’échappa un soupir dans lequel il crut discerner son nom. Il ne savait pas s’il avait réellement entendu la voix de la jeune femme ou s’il avait été leurré par ses sens, mais il fut baigné d’une douce chaleur qui le conduisit dans un état proche de l’euphorie.

Un crissement bref domina le grésillement du socle de projection holographique et le grondement sourd des stabilisateurs. Saisi d’un pressentiment, Rohel releva la tête et examina l’espace par la baie vitrée de la cabine de pilotage. Il vit d’abord un sillage lumineux, puis une forme allongée et scintillante qui approchait du vaisseau à grande vitesse. Une explosion se produisit sur l’aile gauche de l’Ontegut. La secousse déséquilibra Rohel et l’envoya percuter le tableau de bord. Il s’accrocha à la poignée flottante qui était tombée de sa niche et s’était stabilisée à un mètre du sol.

Des sondes de surveillance. Elles avaient détecté le vaisseau malgré le bouclier furtif et elles s’abattaient sur lui comme une nuée de lucioles de l’espace. Elles n’étaient pas seulement munies de têtes neutralisantes mais de charges destructrices. Dans quelques minutes, elles auraient déchiqueté les différentes couches protectrices du fuselage et disloqué la superstructure.

Rohel…

Saphyr continuait de sourire, de fredonner son nom. Il en fut déconcerté : elle avait traversé l’espace et le temps pour entrer en contact avec lui alors qu’ils étaient séparés par des millions d’années-lumière mais elle semblait incapable de pressentir le danger quand il se trouvait à quelques centaines de milliers de kilomètres de Déviel. Sa captivité avait-elle fini par altérer son potentiel télépathique ? Ou bien cette représentation holographique n’était-elle qu’une supercherie ?

Une deuxième explosion, nettement plus puissante que la précédente, ébranla le vaisseau. Les lampes et les appliques de la cabine de pilotage s’éteignirent brusquement et l’écran-bulle recouvra sa neutralité.

Il ne saurait peut-être jamais si Saphyr était encore en vie.

Cycle de Saphyr
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