Chapitre 4

 

Il était presque minuit et j’étais en pyjama quand l’accueil de l’immeuble appela pour m’informer que j’avais une visite. Adam, bien sûr. J’aurais dû me douter qu’il reviendrait à la charge une fois qu’il aurait fait de son mieux pour consoler Dom. Fut un temps, j’aurais dit au concierge de ne pas le laisser monter. Mais Adam aurait sorti son badge et aurait prétendu être dans l’exercice de ses fonctions, ça n’aurait donc servi à rien.

— Faites-le monter, dis-je avec un soupir résigné.

Je n’avais pas envie de passer des vêtements plus décents. Je me contentai donc d’enfiler mon peignoir miteux par-dessus mon pyjama et j’attendis.

Il fallut une éternité à Adam pour parvenir au vingt-septième étage de mon immeuble. Les ascenseurs sont tellement lents qu’il est sans doute plus rapide de monter à pied. J’ouvris la porte avant qu’il puisse frapper, car j’avais entendu la sonnerie signalant l’arrivée de l’ascenseur. Il haussa un sourcil en découvrant ma tenue.

— Je te sors du lit ?

J’aurais aimé le culpabiliser, mais je doutais que ce soit possible. Inutile encore une fois de prendre la peine d’essayer.

— Non, j’étais encore debout.

J’ouvris suffisamment la porte pour qu’il entre, et il se dirigea vers mon canapé sans que j’aie besoin de l’y inviter. Il s’y laissa tomber lourdement avant de passer la main dans ses cheveux coupés en brosse.

— Comment va Dom ? demandai-je en croisant les jambes sur la causeuse.

Adam me répondit d’un geste de la main qui signifiait « couci-couça ».

— J’ai essayé de le convaincre de ne pas reprendre contact avec sa famille après l’exorcisme de Saul, mais il ne m’a pas écouté.

— C’est sa famille, protestai-je. Tu ne peux sérieusement pas espérer qu’il tire un trait dessus.

Voilà une drôle de réflexion de la part d’une personne qui avait eu autant de problèmes avec sa famille que moi. Pourtant, je savais combien les liens unissant ses membres pouvaient être forts, même quand ces derniers se supportaient à peine les uns les autres.

— Pourquoi pas ? Mon hôte a coupé tous liens avec la sienne avant même de m’héberger.

Adam m’en avait déjà parlé. Son hôte avait fait son coming out à l’âge de dix-huit ans et sa famille avait été si choquée qu’il avait été fichu à la porte. D’après ce que j’en savais, il ne leur avait jamais reparlé depuis.

— Tout le monde n’est pas aussi homophobe, dis-je.

Adam haussa les épaules.

— Tu as vu l’expression de bonheur sur le visage de cette femme ? Et c’est sans doute la plus tolérante de toute la famille. Après tout, elle a voulu lui filer un coup de main dans le restaurant à condition qu’elle puisse rester dans le déni et continuer à faire comme si Dom et moi n’étions que des « amis ». (Il secoua la tête d’un air dégoûté.) Je n’arrive pas à comprendre comment vous, les humains, pouvez être à ce point bloqués par cette histoire d’orientation sexuelle.

Je me rappelai le crucifix que la belle-mère de Dom avait trituré.

— Je suppose que ce sont des catholiques de la vieille école. Selon les catholiques, l’homosexualité est un crime. Si elle croit qu’il va brûler en enfer à cause de son mode de vie, alors…

— Ne me parle pas de religion, tu veux ? dit-il d’un air sévère. C’est encore plus incompréhensible pour moi.

Malgré tous les contacts que j’avais avec les démons, malgré le fait que j’aurais dû en savoir davantage sur eux à présent, il m’arrivait encore parfois de penser à eux comme s’il s’agissait d’humains. Ils nous ressemblent sur tant d’aspects qu’il est assez facile d’oublier leur différence.

— Les démons n’ont pas de religion ? demandai-je, curieuse malgré moi.

Adam secoua la tête.

— Non. Mon hôte a essayé de m’expliquer tout ça mais, comme il n’a jamais été pratiquant non plus, sa compréhension du sujet n’est pas géniale.

Je levai les mains.

— Ne compte pas sur moi pour que je t’explique. J’ai été élevée dans une famille dévouée à la Société de l’esprit.

La Société de l’esprit vénère les démons même si ses membres ne sont pas allés jusqu’à déclarer que les démons étaient des dieux. Peut-être est-ce une sorte de religion à sa façon – en fait, d’après moi, il s’agit plus d’un culte –, mais puisqu’ils n’étaient pas parvenus à m’endoctriner, je ne pouvais pas non plus dire que je m’y connaissais.

Je m’apprêtais à avoir une discussion totalement superflue avec Adam – ce que j’essayais toujours à tout prix d’éviter –, mais je fus sauvée quand il décida d’un coup de changer de sujet.

— Il est tard et je voudrais rentrer chez moi. Dis-moi pour quelle raison Shae est venue te voir.

Alors je lui racontai tout en observant soigneusement son visage en quête de la moindre réaction, mais je ne pus rien déduire de son expression. En dépit du dégoût que Shae lui inspirait, Adam était membre des 7 Péchés Capitaux, et je savais qu’il s’y rendait encore à l’occasion pour assouvir certains de ses besoins les plus dangereux avec des démons capables de guérir les blessures que ces séances occasionnaient. Dom n’était pas vraiment ravi par cet arrangement, mais il semblait l’avoir accepté comme une nécessité en sachant qu’Adam n’avait pas de relations sexuelles avec ses partenaires du club.

— As-tu remarqué une augmentation du nombre de démons illégaux au club ? demandai-je.

Adam secoua la tête.

— Je n’y vais pas en tant que flic, à moins d’avoir à rencontrer Shae. Je ne bavarde pas là-bas non plus. J’essaie d’entrer et de sortir aussi vite que possible. Mais la prochaine fois que je m’y rendrai, je ferai attention. Et je vais me renseigner discrètement au travail au sujet d’éventuelles rumeurs concernant des disparitions dans les rues.

— Que crois-tu que cela signifie, si Shae a raison ?

Il avait l’air troublé.

— Rien de bon.

— Ouais, ça, je m’en doutais.

— Je manque d’informations pour émettre des hypothèses, mais j’en ai quand même une. Dougal doit savoir que Lugh ne va pas rester caché éternellement. Même s’il a abandonné ses tentatives pour le tuer, il peut toujours profiter de son absence.

Il me fut simple de suivre le raisonnement d’Adam.

— En envoyant davantage de ses partisans sur la Plaine des mortels.

Adam acquiesça.

— C’est ce que je pense. Les hôtes volontaires sont en nombre limité, alors Dougal a peut-être mis au point un programme pour transférer des démons dans des hôtes non consentants.

— En se servant d’individus en marge de la société afin que personne ne fasse de raffut, ni même s’en aperçoive.

Adam acquiesça de nouveau. Un courant d’air imaginaire me fit frémir. Plus j’y pensais et moins j’aimais cette situation.

— Et si c’est vraiment ce qui est en train de se passer, quelles sont les chances que ce phénomène n’ait lieu qu’à Philadelphie ? (Adam ne répondit pas parce que nous savions tous deux qu’elles étaient infimes.) Combien de démons souhaitent venir sur la Plaine des mortels ?

Il m’affronta avec un regard impassible.

— Assez pour qu’il faille attendre son tour pendant des dizaines d’années.

— Ça fait beaucoup, marmonnai-je.

Combien de ceux-là y étaient parvenus au cours des derniers mois, pendant que les membres du Conseil de Lugh se laissaient aller ?

Bien sûr, nous savions que viendrait le moment où nous serions obligés de prendre des mesures pour contrer Dougal. Son plan initial avait été d’utiliser le Nom véritable de Lugh afin de l’appeler dans un hôte qui serait immédiatement brûlé sur le bûcher. Raphael avait contrecarré ce stratagème en invoquant Lugh dans mon corps, mais Lugh ne pouvait se permettre de retourner au Royaume des démons alors que Dougal et ses partisans connaissaient son Nom véritable, car rien ne les empêchait de retenter le même coup. Puisque je ne suis pas immortelle, Lugh retournerait au Royaume des démons à un moment ou un autre et, si nous n’avions pas déjoué auparavant toute tentative de putsch, il serait cuit. Façon de parler.

Avec Lugh dans mon corps, il était probable que je vive jusqu’à un âge avancé. Il n’y avait donc pas d’urgence à trouver une solution. Mais si Dougal avait réellement créé une sorte de réseau illégal menant à la Plaine des mortels – s’il ne s’agissait pas seulement d’une anomalie locale –, alors nous allions devoir agir vite.

En tant que roi des démons, Lugh aurait dû connaître tous les Noms véritables de tous les démons qui en possédaient un. Si la réalité avait été le reflet de la théorie, nous aurions pu tout simplement retourner la stratégie de Dougal contre lui. Cependant, dans un moment de grande naïveté, quand Lugh avait accédé au trône, il avait essayé de se réconcilier avec ses frères en ne les obligeant pas à révéler leur Nom véritable. Rétrospectivement, c’était bien vu !

— Je suppose que nous devrions réunir le Conseil, dis-je.

— Je suggère que nous le fassions au plus tôt, répondit Adam qui clairement s’accordait avec moi sur l’urgence de la situation.

— J’appellerai tout le monde dès demain matin, poursuivis-je en retenant un bâillement.

Adam m’adressa un regard réprobateur comme s’il était inadmissible que je bâille en un moment pareil, mais il était minuit passé et je ne pouvais m’en empêcher.

— Nous pourrions nous réunir à midi, poursuivis-je quand j’eus fini de me décrocher la mâchoire. Cela devrait me laisser le temps de contacter tout le monde. Maintenant va retrouver Dom et laisse-moi dormir.

— Je devrais plutôt aller aux 7 Péchés Capitaux, répondit-il en ne paraissant pas très enthousiasmé par cette perspective. Je serai peut-être en mesure de repérer un de ces illégaux dont Shae ta parlé et nous pourrions alors bavarder.

— Tu iras demain soir. Dom a besoin de toi cette nuit.

Adam crispa les lèvres.

— Les besoins de Lugh passent avant ceux de Dom. Ou les miens.

— Dis-lui de rentrer chez lui, me dit Lugh. S’il doit aller aux 7 Péchés Capitaux, il devra attendre que le Conseil en ait discuté.

Je passai le message à Adam qui l’accepta sans poser de questions. Autrefois, il aurait douté de sa provenance, mais il savait d’expérience que je mentais très mal. Il prenait donc à présent ce que je disais pour argent comptant. Un de ces jours, il allait falloir que j’apprenne à en profiter.

 

Je ne fus pas surprise que Lugh ne me laisse pas dormir en paix jusqu’au matin. Au contraire de moi, c’était un grand adepte de la conversation thérapeutique – même si ses méthodes étaient loin d’être orthodoxes.

Je me « réveillai » dans le salon de Lugh alors qu’en réalité mon corps était toujours profondément endormi. Cette pièce n’était qu’une création de mon imagination. Une imagination que Lugh contrôlait totalement, dois-je ajouter. Je voyais ce qu’il voulait que je voie et habituellement le décor me donnait quelques indices sur le type de discussion que nous allions avoir.

Le salon était un décor relativement neutre tant que je n’étais pas allongée sur le canapé et qu’un feu ne brûlait pas dans la cheminée. Ce qui voulait dire qu’il n’essayait pas de me séduire, ce qu’il aurait tenté s’il m’avait convoquée dans la chambre. Il n’allait pas non plus essayer de m’intimider par son autorité comme il l’aurait fait en me faisant apparaître dans la salle du trône.

Lugh était assis sur son canapé préféré, ce dernier étant recouvert du cuir le plus doux que j’aie jamais touché. Cela faisait maintenant plusieurs mois que j’étais son hôte et je l’avais vu – du moins, j’avais vu l’image qu’il s’était créée dans mon esprit – plus de fois que j’aurais su compter. Mais ça ne m’empêchait pas de ressentir de l’attirance chaque fois que je posais les yeux sur lui.

Il mesurait environ un mètre quatre-vingt-quinze et avait de longs cheveux noir de jais, une peau dorée et un corps à se damner. Il était à croquer de la tête aux pieds et il aimait s’habiller de sorte à mettre en valeur sa beauté virile.

Le pantalon en cuir et les bottes noires montant jusqu’aux genoux étaient pratiquement devenus un uniforme pour lui, mais ce qu’il portait – ou ne portait pas – comme haut différait selon son humeur. Cette nuit-là, il avait choisi une chemise de smoking noire dont les minuscules boutons étaient défaits jusqu’à mi-torse. Il me souriait – le genre de sourire qui me rappelait qu’il savait exactement de quelle manière je réagissais à sa présence, peu importait combien je souhaitais y être indifférente.

Les bras croisés sur la poitrine, je refusai de m’asseoir. Je commençais à être incroyablement fatiguée de parler à quelqu’un à qui je ne pouvais strictement rien dissimuler.

Le sourire de Lugh s’élargit.

— Et c’est très fatigant d’avoir toujours l’impression que tu as quelque chose à cacher.

Je répondis en serrant les dents.

— Tu sais que le meilleur moyen de mal commencer une conversation entre nous est de réagir à mes pensées intimes, alors pourquoi le fais-tu ?

Il ne me répondit pas, me regardant juste fixement. Il m’avait déjà avoué qu’il faisait cela uniquement pour me rappeler qu’elles n’étaient pas vraiment intimes. C’était une forme d’honnêteté dont je me serais bien passé, même s’il marquait un point en avançant que je lui en voudrais s’il tentait de me faire croire le contraire.

— Je suppose que c’est ainsi que tu justifies le fait de t’être immiscé entre Brian et moi aujourd’hui, grommelai-je. Qu’il se serait senti berné si le statu quo avait perduré.

Lugh abaissa le menton en un hochement de tête quasi imperceptible.

— Il était temps de prendre conscience que vous ne pouviez pas vivre quelque chose tous les deux sans le vivre avec moi. Tu m’as accepté. Il est temps que Brian fasse de même.

Je me laissai tomber lourdement sur une causeuse moelleuse en face de Lugh. J’avais vécu deux mois au pays du déni et l’univers semblait déterminé à me retirer le tapis de sous les pieds. D’abord les nouvelles menaçantes que Shae m’avait rapportées, et maintenant les dernières machinations de Lugh.

— Est-ce une coïncidence si tu as choisi de te mêler de mon histoire avec Brian le même jour que la visite de Shae ? demandai-je tout en connaissant d’avance la réponse.

— Je voulais le faire depuis un moment déjà, dit-il, mais je crois que je devenais de plus en plus complaisant. Après la visite de Shae, j’ai compris que je retardais le moment alors j’ai décidé d’en finir. J’ai toujours été sincère avec toi et je dois la même politesse à Brian. Quand il te fait l’amour, il nous fait l’amour à tous les deux. S’il ne peut apprendre à gérer ça, il vaut mieux le savoir tout de suite.

Je me pinçai l’arête du nez. Je n’avais pas de migraine mais, après ce petit discours, ç’aurait pourtant dû être le cas. Lugh ne m’avait jamais menti – d’après ce que j’en savais –, ce qui ne voulait pas dire qu’il avait toujours été complètement honnête. Pas besoin d’être un génie pour savoir qu’il ne me disait pas tout.

— S’il était important qu’il le découvre alors pourquoi as-tu attendu jusqu’à maintenant pour lui faire savoir ?

Il m’adressa un sourire contrit.

— Avec tous les problèmes que toi et Brian avez rencontrés depuis que je te possède, crois-tu vraiment que son état d’esprit permettait ce rappel à la réalité ?

J’aurais aimé lui adresser une réplique cinglante mais rien ne me vint à l’esprit. Nous avions franchi pas mal d’obstacles, Brian et moi, et je doutais que notre relation soit un jour simple. Mais nous nous aimions et, même si je ne crois pas que l’amour est plus fort que tout, il l’emporte quand même sur pas mal de choses. L’amour pouvait-il être plus fort que Lugh ?

— Je ne suis pas ton ennemi, me rappela Lugh.

Je lui adressai un regard mauvais. J’essayai de me souvenir à quoi mes jours ressemblaient avant qu’il s’installe dans mon corps, mais cette époque me paraissait très lointaine.

Je clignai des yeux et, soudain, je n’étais plus assise sur la causeuse mais à côté de lui, sur le canapé. Même si je détestais quand il disposait ainsi de moi, cela ne servait à rien de protester.

Il posa une main sur mon épaule, un contact innocent et pourtant étrangement intime.

— Brian s’en remettra, dit-il. Il s’est tellement battu pour toi qu’il ne va pas laisser tomber à cause de moi.

— Tu peux peut-être lire dans mes pensées, mais pas dans les siennes.

Un sourire tordit les lèvres de Lugh.

— Je peux imaginer. Et il finira par s’en remettre. Cela prendra un peu de temps et… quelques ajustements.

Je lui lançai un regard suspicieux.

— Tu penses qu’il va se remettre également de l’idée que tu essaies de me séduire ?

Dans l’esprit de Lugh, il n’existait aucune compétition entre Brian et lui parce que je n’aurais jamais à choisir entre les deux. Lugh ne pouvait interagir avec moi qu’en étant une voix désincarnée dans ma tête, sauf quand je dormais. Brian ne pouvait être en contact avec moi que lorsque j’étais éveillée. Donc, d’après Lugh, aucun conflit n’était possible.

— Ce pourrait être un peu plus difficile à accepter pour lui, reconnut Lugh, ce qui me surprit.

C’était la première fois qu’il avouait que son confortable petit plan pouvait rencontrer un obstacle.

Une fois encore, il répondit à mes pensées silencieuses.

— Vu la manière dont il a réagi quand il a cru que tu avais une liaison avec Adam, je ne peux pas ignorer qu’il est plutôt du genre jaloux.

Je ris sans conviction.

— Tu dis ça comme si c’était inhabituel, comme si la plupart des hommes n’émettaient aucune objection à ce que leur petite amie ait une relation sexuelle avec un autre homme. Si c’est ce que tu crois, alors tu ne comprends rien aux humains.

À ma grande surprise, Lugh se recula au fond du canapé, la tête penchée, comme si mes paroles l’avaient plongé dans une profonde réflexion.

— Je ne pense pas que les autres hommes ne sont pas jaloux. Mais les humains ont cette notion de territoire qui est étrangère aux démons. Pourtant, le fait que je n’ai pas de corps physique rassurerait la plupart des hommes. Brian ne peut se battre avec personne, si tant est que cela ait un sens.

Peut-être pour Lugh, mais pas pour moi.

— Alors si les démons n’ont pas cette notion de territoire, comme tu l’appelles, Adam ne s’offusquerait pas que Dom le trompe.

Non pas que Dom en soit capable, mais je ne doutais pas un instant qu’Adam s’y opposerait avec véhémence. Après tout, il était déjà légèrement jaloux de Saul uniquement parce que ce dernier avait possédé le corps de Dom quand les deux démons avaient été amants pour la première fois.

— Notre séjour sur la Plaine des mortels nous change. Il est difficile de vivre dans le corps de nos hôtes humains en connaissant leurs pensées et leurs émotions les plus intimes sans que celles-ci nous influencent. C’est en partie la raison pour laquelle mes frères désiraient développer une race d’hôtes moins intelligents. Raphael dit que c’est parce qu’il déteste connaître l’opinion qu’a son hôte de lui, mais en réalité je le soupçonne de s’inquiéter d’en être affecté.

— Alors Adam a développé un instinct de jalousie parce que son hôte est ainsi ?

— C’est ce que je suppose.

— Et pourtant tu n’as pas été infecté par cet esprit territorial, même si je ne suis pas ton premier hôte.

Il haussa les épaules.

— Tous les humains sont différents. Tu ne peux pas croire que les démons sont tous les mêmes.

— Peu importe. Pourquoi parlons-nous de tout ça ? Tu m’as déjà fait connaître ton opinion. Pourquoi ne me laisserais-tu donc pas avoir une bonne nuit de sommeil ?

Pourtant, d’un point de vue purement technique, j’étais en train de dormir, mais ces rencontres en rêve avec Lugh me coûtaient beaucoup. Plus nous parlerions, plus je serais fatiguée au réveil.

— Puisque vous avez prévu de réunir le Conseil demain et puisque Brian fait partie du Conseil, j’ai pensé qu’il valait mieux que vous trouviez une solution avant.

— Ce n’est pas quelque chose que l’on peut régler par une simple discussion.

— Je sais, mais c’est un bon début. Je suppose que tu comprends au moins ma position et que tu sais également que je ne suis pas en train de te compliquer arbitrairement la vie.

Je soupirai. Je le savais. Je pouvais au moins être certaine des bonnes intentions de Lugh. Dommage que ces dernières n’arrangent pas les choses.

— Dors un peu, dit Lugh comme si c’était ma faute si je n’étais pas en train de dormir profondément. J’ai comme l’impression que dès demain, chacun d’entre nous devra reléguer sa vie privée au second plan.

Et sur cette pensée joyeuse, je dérivai vers le pays des songes.

Péchés Capitaux
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