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Nashville
Samedi 27 décembre
16 heures
Taylor et John avaient fini leurs bagages et attendaient qu'on vienne les emmener à l'aéroport. Les préparatifs avaient été rapides : leurs valises étaient prêtes depuis une semaine. Ils n'avaient eu qu'à y ajouter leurs affaires de toilette et à appeler un taxi.
John faisait les cent pas à l'avant de la maison en regardant par la fenêtre. Assise dans la salle à manger, Taylor buvait une tasse de thé. Elle n'avait qu'une hâte : quitter la ville, laisser tout ce bazar derrière elle.
Son père avait été mis en accusation pour détournement de fonds, extorsion et corruption. Rien que des crimes de col-blanc. Il irait dans une jolie petite prison où les détenus portent des pantalons à pinces et boivent le café dans de vraies tasses, pas dans des gobelets. Taylor s'en fichait. Du moment qu'il était puni pour le rôle qu'il avait joué dans les crimes de l'Uomo...
Conrad Hawley, procureur général de l'Etat de New York, avait discrètement démissionné après avoir appris de la police de Nashville qu'elle possédait une bande vidéo où on le voyait s'ébattre avec une immigrée clandestine, forcée de se prostituer contre son gré. Dans la semaine, il serait moins discrètement inculpé, aux côtés d'une foule d'hommes qui avaient été pris, comme lui, en flagrant délit. On était encore en train d'identifier une bonne partie des individus visibles sur les bandes.
Jane Macias était rentrée chez elle, à Long Island, visiblement écœurée de Nashville. Taylor la comprenait un peu. Etre détenue dans l'antre d'un tueur en série, savoir que vous êtes la suivante sur la liste, ce n'est pas facile à vivre. Son rapport sur l'Uomo allait être publié par le New York Times.
Blanche-Neige avait été enterré à côté de sa fille et de sa femme, dans un cimetière privé au nord de Nashville. Son fils, Joshua, avait décidé de garder la maison, même s'il avait dû embaucher une infirmière à plein temps pour s'occuper de lui.
La famille de Frank Richardson avait l'intention de créer une bourse de journalisme à la mémoire du disparu. Daphné Beauchamp avait été choisie pour diriger la fondation.
Le Tennessean avait rendu hommage aux nombreuses victimes de Blanche-Neige et de son apprenti. En quelques jours, les multiples affaires non résolues avaient été classées. Giselle, Glenna, Elizabeth et Candace étaient toutes passées par le même bar, Control. Leurs visages hanteraient pour toujours les rêves de Taylor.
Autrement dit, les derniers jours avaient été dingues. Maintenant, l'heure était venue pour eux de partir.
John vint la rejoindre dans la salle à manger. Elle posa sa tasse à thé, et il mit sa main sur celle de Taylor.
— Au fait, qu'est-ce qu'on a décidé, pour le mariage? demanda-t-il.
— Rien, répondit Taylor. En fait, je crois que c'était un signe.
— Rien, jamais ?
Elle se leva et fit un signe vers la fenêtre. Le taxi était enfin là.
— Viens, allons-y. On pourra parler de tout ça là-bas.
John sourit et se pencha pour l'embrasser.
— Tout ce que tu voudras, Taylor.