CHAPITRE XIII

Borleias

Arrivé dans un tunnel profond, une zone de maintenance séparée des habitations adjacentes où un liquide noirâtre suintait en permanence des plafonds, le voxyn s’anima. Il leva la tête et commença ses mouvements de balayage bien connus.

Les Yuuzhan Vong laissèrent la bête et son gardien prendre la tête du groupe.

— Guerriers, protégez ses flancs, ordonna Denua Ku. Nous ne devons pas perdre ce voxyn, il en reste trop peu.

Deux soldats se postèrent à côté du monstre, veillant à rester hors de portée de ses griffes, même s’il fallait traverser des flaques de liquide nauséabond. C’était toujours mieux que risquer de recevoir un jet d’acide si la bête en décidait ainsi.

Deux cents mètres plus loin, le voxyn s’arrêta et regarda vers le haut, à gauche.

— Trouvez un accès, ordonna Denua Ku.

En quelques instants, deux guerriers eurent découvert un escalier. Il fallut tirer le voxyn dans cette direction, car il ne voulait pas quitter un endroit où sa proie lui paraissait si proche. Une fois dans l’escalier, en revanche, il bondit avec une énergie dont Viqi ne l’avait pas encore vu faire preuve jusque-là.

 

Mara rampait le long d’une poutrelle, quarante mètres au-dessus du sol. La lumière dispensée par des lampes-torches fatiguées n’arrivait pas jusqu’à elle. Adroite comme elle était et habillée de noir, Mara se savait à l’abri des regards ennemis.

L’irrégularité du plancher était le résultat des fréquents tremblements de terre qui, d’après Danni Quee, frappaient Coruscant depuis que les Yuuzhan Vong avaient commencé à décaler son orbite. Le revêtement noir était un caoutchouc synthétique que Mara avait vu sur d’autres mondes. Il indiquait que ces surfaces n’étaient pas destinées à la circulation.

Pourtant, un flot ininterrompu de mâles et de femelles hagards de différentes espèces montaient et descendaient des escaliers aux quatre coins de la halle. Apathiques, sans communiquer, ils portaient des blocs de permabéton, des gravats et des corps vers un tunnel latéral dont ils ressortaient sans fardeau.

De toute évidence, ils évacuaient le niveau inférieur sur les ordres de quelqu’un. Mais de qui ? Et pourquoi ? Il n’y avait aucun signe des Yuuzhan Vong ni de Lord Nyax.

De l’extrémité de la poutrelle, qui oscillait parfois sous l’effet combiné de son poids et du courant d’air, Mara pouvait voir exactement le centre de la salle. Elle sortit son comlink.

— Luke, souffla-t-elle.

— Je suis là.

Ça, elle le savait. Elle sentait sa présence à une dizaine de mètres, au fond d’une niche située dans un coin supérieur de la salle qu’Elassar avait découverte. Il était accompagné de Tahiri, Face et Kell. Un autre membre de la mission aurait pu escalader cette poutrelle métallique, mais c’était le tour de Mara…

— Je pense que rejoindre un des groupes de travailleurs serait un jeu d’enfants, dit Mara. A mon avis, ils ne réagiront pas, même si un wampa avec un casque de guerre et une jupe à crinoline se mêlait à eux.

— Laisse-moi une minute, répondit Face, enthousiaste. Je peux improviser ce déguisement.

— Et si tu te contentais de rester comme tu es et que tu ailles voir ce qu’ils déterrent.

— Rabat-joie. Dans dix minutes, je serai en bas.

— D’accord. (Mara se raidit.) Attends ! Quelque chose se passe.

La file de travailleurs s’arrêta net, et tous les survivants aux yeux vides se tournèrent vers un des angles de la salle. Ne parvenant pas à bien voir, Mara sortit ses macrojumelles.

Quelqu’un poussa un volet de tôle sur le côté… et Lord Nyax entra.

Mara retint un sifflement – une précaution inutile, puisqu’à cette distance aucune créature vivante n’aurait pu l’entendre. Mais le contraste entre la présence malveillante dans la Force et le visage joyeux qui couronnait ce corps monstrueux était tellement saisissant…

Elle faillit en laisser tomber ses jumelles.

— Luke, as-tu senti ça ?

— Oui. Tu devrais peut-être revenir ici.

— Je ne devrais peut-être pas… Mais continue à me parler.

— D’accord. Que vois-tu ?

— Lord Nyax. Il a traversé le mur et il approche des équipes de travailleurs. Seul.

— De quoi a-t-il l’air ?

— Heureux. Heureux à la manière d’un enfant. (Pendant un instant, elle capta les pensées de Lord Nyax avec plus de précision qu’elle n’aurait dû.) Il est content de l’avancement des travaux. Ils l’ont mis en état de fonctionner.

— Mis quoi en état de fonctionnement ?

— Ce dont ils lui ont parlé.

Mara secoua la tête comme si cela pouvait évacuer les pensées étrangères de son crâne.

— Je ne peux pas fermer mes perceptions. Ni les bloquer…

— Moi non plus. Ni Tahiri. Je viens te rejoindre.

De la niche, Mara vit émerger une silhouette sombre qui avança sur la structure métallique avec une agilité que tout acrobate aurait enviée.

Puis elle sentit autre chose dans la Force : une faim féroce qui ne correspondait pas au caractère de Lord Nyax. La Jedi se concentra sur l’être affublé de la tête d’Irek Ismaren.

Il s’était arrêté près d’un groupe de travailleurs et regardait en direction du coin de la salle, juste sous la niche dont Luke venait de sortir.

Des cris aigus montaient de l’escalier qui y aboutissait.

Quatre guerriers yuuzhan vong en armure apparurent dans l’ouverture, puis un cinquième, tiré par un voxyn en laisse. C’était de là que venait le désir insatiable et désespéré de trouver et de détruire tous les utilisateurs de la Force.

La bête balaya la salle du regard. Mara vit son attention être attirée brièvement par Luke, par elle-même – elle sentit cela comme un contact physique –, puis se river sur Lord Nyax. Le voxyn bondit, son gardien incapable de le ralentir malgré la laisse. Un deuxième guerrier s’y accrocha de toutes ses forces. A deux, ils parvinrent à arrêter le monstre.

Lord Nyax sourit alors que la trentaine de Yuuzhan Vong se déployait en demi-cercle. Bâtons au poing, plus des scarabées tranchants ou des insectes-tonnerre, ils traversèrent la foule de travailleurs comme s’ils n’existaient pas, les bousculant sans hésiter.

La poutre de Mara fléchit un peu plus quand Luke y posa le pied. Il s’allongea derrière elle et sortit ses macrojumelles.

Mara eut une soudaine bouffée de haine. Pas dirigée contre Luke, ni contre Lord Nyax, mais contre les Yuuzhan Vong. Sachant que ce sentiment venait de l’extérieur, elle ne parvint pas à le trouver aussi satisfaisant qu’elle aurait voulu.

Au même moment, un cri de rage monta du groupe de travailleurs, et ils se jetèrent sur les Vong.

Les soldats se retournèrent pour poignarder leurs agresseurs. Mais quand les coups n’étaient pas immédiatement mortels, les désespérés continuaient à charger les Vong, les submergeant sous le nombre.

Les deux Vong qui avaient retenu le voxyn, tombèrent. La bête bondit sur Lord Nyax avec un grognement de rage qui emplit la salle.

Un sabre laser à la lame rouge s’activa dans la main de Lord Nyax. Regardant de plus près, Mara vit qu’il ne s’agissait pas d’un sabre normal, car la lame d’énergie, qui sortait directement du gant métallique, pivota quand Nyax bougea son poignet droit.

Simultanément, un deuxième sabre s’alluma sur sa main gauche.

Le voxyn, vieux et rusé, s’arrêta à trois mètres du grand Jedi. Il cambra le dos, et, avec un gargouillis de sinistre augure, cracha un liquide fumant.

Une partie du plancher, entre la bête et Lord Nyax, se détacha pour couper la trajectoire de l’acide qui manqua sa cible.

Les Vong commencèrent à se relever, se débarrassant des cadavres. Mara vit des membres se détacher des torses, tranchés par des coups de bâton, des flots de sang couler, des geysers jaillissant des artères des travailleurs qui se débattaient sans succès.

D’autres lames rouges s’activèrent sur Lord Nyax, au niveau de ses coudes et au-dessus de ses genoux.

— Nous devons intervenir, dit Luke.

Mara se retourna. Son mari venait d’accrocher sur la poutrelle son grappin de ceinture, un outil un peu démodé, mais toujours efficace pour explorer les niveaux inférieurs de Coruscant.

— En faveur de qui ?

— Des Vong. Je sais, je sais, tu n’as jamais rien entendu dire de tel…

Luke se laissa tomber de la poutre, sa chute ralentie grâce au filin qui se déroula de sa ceinture.

— Je ne m’inquiète pas du sort des Yuuzhan Vong, expliqua-t-il. Mais nous avons besoin de toutes les ressources contre Lord Nyax.

Mara siffla de contrariété. Elle rangea pourtant ses macrojumelles, saisit le filin et descendit derrière Luke.

Du coin de l’œil, elle vit le voxyn charger le Jedi géant, qui se baissa et plia le bras. Sa lame de coude ouvrit le ventre du voxyn, le coupant en deux. Les morceaux du monstre atterrirent derrière lui.

Alors, se balançant sur sa corde, Mara aperçut la femme.

Une femme élégante et séduisante, aux cheveux noirs, debout en haut de l’escalier. A l’inverse des travailleurs, elle avait l’air en forme et observait le combat avec un intérêt détaché.

Viqi Shesh.

La garde qui avait livré Coruscant aux Yuuzhan Vong et qui avait volé son fils Ben était là, faisant ami-ami avec ses maîtres alors que l’univers s’écroulait autour d’elle.

Mara s’ouvrit à son mari. En temps normal, elle préférait éviter ça quand elle avait des envies de meurtre. Mais là, elle voulait lui montrer Viqi à travers ses yeux.

— Viqi d’abord, dit-elle.

— Lord Nyax d’abord, répliqua Luke.

Arrivé à dix mètres du sol, il détacha le rouleau de filin de sa ceinture, la lâcha et se laissa tomber sur la distance restante. Il atterrit, fit un roulé-boulé, et se releva pour foncer sur le Jedi géant.

Après un dernier regard assassin pour Viqi, Mara sauta sur le sol pour suivre son mari.

Devant eux, deux guerriers avaient atteint Lord Nyax.

 

Viqi regardait le géant au teint pâle massacrer des Yuuzhan Vong.

Les deux premiers s’étaient arrêtés à une dizaine de pas pour lancer leurs insectes-tonnerre. Leur adversaire fit apparaître des sabres laser au niveau de son avant-bras et de son genou gauches et incinéra les armes vivantes.

Deux autres guerriers chargèrent. Se couvrant avec des jets d’insecte, l’un frappa avec la queue l’autre avec l’extrémité à griffes de son bâton.

L’attaque du premier était passée un mètre trop loin, l’homme approcha du deuxième guerrier et darda le sabre de son avant-bras gauche, que le Vong para en enroulant son bâton autour.

Cela n’empêcha pas la lame de trancher la gorge du guerrier. D’autres sabres jaillirent du bras, du coude et du genou droits de Nyav – aux points d’impact, de brèves lueurs incandescentes annoncèrent la désintégration d’insectes-tonnerre.

Le géant jeta le bâton de son ennemi mort sur un guerrier qui le dévia d’un geste méprisant. Le Vong bloqua aussi une botte de sabre laser. Perdant l’équilibre, il ne put éviter un deuxième coup qui s’enfonça dans son œil. De la fumée s’éleva de son casque alors qu’il s’écroula, raide mort.

D’autres Yuuzhan Vong entrèrent dans la lutte. Deux lançaient toujours des insectes-tonnerre alors que les autres s’arrêtèrent une seconde pour réfléchir à une stratégie.

Une plaque d’acier descendit en vrille du plafond à la manière d’une scie circulaire et frappa les Vong à hauteur de genou. Un instant, Viqi crut qu’elle avait manqué sa cible. Mais les six guerriers s’écroulèrent, les jambes coupées, leur sang coulant à flots.

En quelques secondes, huit Yuuzhan Vong et leur voxyn étaient morts. Il en restait dix-sept…

… Qui firent preuve de plus de prudence. Sous le commandement de Denua Ku, ils encerclèrent un adversaire souriant qui les dominait de toute sa taille.

La plaque d’acier tournoyante revint semer la mort. Cette fois, une pièce mécanique, un énorme climatiseur, fut propulsée sur sa trajectoire comme un missile. Les deux armes improvisées tombèrent sur le sol.

Le Jedi tourna la tête vers un endroit situé sur la gauche de Viqi. Sabres laser allumés, Luke Skywalker et Mara Jade avancèrent sur le géant.

Que faisait-il ici ? s’étonna Viqi.

Les Yuuzhan Vong aussi furent pris au dépourvu. Denua Ku n’aimait pas plus les Jeedai que n’importe quel guerrier, mais il était intelligent. Viqi le vit retenir ses hommes, attendant d’en savoir plus sur les intentions des infidèles.

Le moment de partir était venu : qui que soit le vainqueur de cet affrontement, Viqi mourrait ou serait de nouveau forcée de servir les Yuuzhan Vong.

Elle sprinta vers l’escalier…

… Et trébucha sur une jambe tendue gainée d’une armure en crabe vonduun.

Très perturbant… Tous les guerriers étaient devant elle. D’où venait-il, celui-là ? Viqi n’en avait jamais rencontré d’aussi grand, et l’armure, dans les tons noir et argent, n’avait rien d’habituel. Ces réflexions valaient aussi pour le deuxième guerrier, plus petit, avec des marques très particulières sur le visage.

— Qu’avons-nous attrapé là, spécialiste des explosifs ? demanda le petit Vong dans un basique parfait.

— Je ne sais pas, répondit le grand guerrier, également en basique.

Il se pencha, saisit une cheville de Viqi et la souleva de terre, tête en bas.

— Un résidu de nabot, on dirait.

Troublée, Viqi vit quand même une Jedi, sabre laser au poing, les dépasser sans accorder le moindre intérêt aux guerriers yuuzhan vong.

Un petit bruit sec attira l’attention de Viqi : son dispositif de repérage était tombé de sa poche.

Elle essaya de le récupérer, mais le grand guerrier l’en empêcha.

— Attrape ça, veux-tu, Star Galactique !

— Je l’ai… C’est une télécommande qui sert à localiser un engin de type militaire. Oh, celle-là est en service !

— Elle est à moi ! cria Viqi.

— Plus maintenant, sénatrice.

 

Tous leurs sens en éveil, Luke et Mara approchèrent de Lord Nyax et de ses adversaires vong.

Luke étudia le visage du géant, y cherchant une trace d’humanité. Il ne trouva qu’un sourire moqueur et, dans la Force, la satisfaction d’avoir massacré ces guerriers et de pouvoir bientôt faire subir le même sort à Luke et à Mara.

Ses émotions ne trahissaient aucune conscience d’un quelconque lien avec les Jedi.

— Je ne sais pas si vous me comprendrez, dit Luke. Mais quoi que vous fassiez, quels que soient vos plans, je dois vous en empêcher.

Lord Nyax sourit de plus belle. Il semblait capter les intentions de Luke, même s’il ne saisissait pas ses paroles.

Il répondit par des images.

Luke vit sa volonté déferler sur le peuple de Coruscant comme de l’eau lâchée par un barrage brisé. Il le vit se répandre sur Coruscant, tuant tout ce qui se dressait sur leur chemin, y compris les Yuuzhan Vong, infidèles et aveugles à la Force.

Il vit les travailleurs s’occuper de la machine, la transporter sur des kilomètres à travers les immeubles en ruine jusqu’à une source de puissance capable d’alimenter ses impulsions destructrices.

Arrivé à ce point, Luke partagea la joie du Jedi. Il désira abattre les étrangers, qui ne comprenaient pas ou ne voulaient pas participer.

Il se tourna vers Mara pour la supplier de les rejoindre. Elle faisait face aux Vong pour les empêcher d’attaquer Luke, mais son regard restait rivé à celui de son mari.

Les yeux écarquillés, Mara se pencha vers lui. Luke sentit qu’elle allait accepter de partager sa mission sacrée.

La voir lui rappela des souvenirs. Il revit des mondes éblouissants de beauté. Il vit son fils, le fruit de leur amour, et aperçut les années à venir. Derrière le boucher érigé par l’ordre de Lord Nyax, il sentit la Force dans d’autres manifestations – dans la vie où elle avait ses origines.

Luke se tourna vers le géant et lutta pour trouver des mots capables d’exprimer sa pensée.

— Je… me… dresse sur… ton chemin.

La manière d’agir des Jedi ! Ils n’attaquaient pas, mais se camper devant un agresseur qui n’abandonnerait pas aboutissait au même résultat.

Tout ce qu’il pouvait faire, étant le chef des Jedi en temps de guerre, était les conduire en travers du chemin de l’ennemi.

Son champ d’action se limitait peut-être à ça. Refuser de le comprendre avait sans doute déjà nui à l’efficacité de l’intervention des Jedi.

Reconnu et accepté, un désavantage pouvait se transformer en atout. Que ce soit par hasard ou intentionnellement, par sa propre volonté ou à cause de la Force, il avait toujours su se dresser sur la voie des grands ennemis de la vie.

Et le cas se présentait une nouvelle fois.

— Je me dresse sur ton chemin, répéta Luke, satisfait d’avoir regagné le contrôle de sa voix. Ce que tu vois, tu ne l’accompliras pas.

Lord Nyax changea d’expression : un instant, elle ne fut plus amusée, mais grave et même mélancolique, comme s’il avait finalement reconnu une parenté et découvert qu’elle ne suffisait pas pour combler l’abîme qui les séparait.

Alors, il chargea.

 

Kell venait de lier les mains de Viqi Shesh derrière son dos quand il leva les yeux et vit Lord Nyax foncer sur Luke.

Le Maître Jedi para un coup vicieux de l’arme implantée au bout du bras droit du géant.

Ensuite, il tourna dans le sens des aiguilles d’une montre afin d’offrir moins de prise à l’attaque du bras gauche tout en se défendant contre le coup porté par la lame du coude droit.

Mara bondit en avant, et plaça deux estocs que Lord Nyax dévia avec sa lame de coude gauche.

La Jedi recula à la vitesse de l’éclair, évitant d’être touchée par le sabre qui saillait au-dessus du genou gauche de son adversaire.

Les Yuuzhan Vong lâchaient des poignées d’insectes-tonnerre et de scarabées tranchants sans se soucier de viser.

Mais Lord Nyax et les deux Jedi les interceptaient ou les esquivaient sans difficulté.

Deux Jedi ? Non, trois, car Tahiri venait de se poster sur la gauche de Luke, bloquant une attaque de la lame de coude.

— C’est mauvais, dit Kell.

— Très mauvais, confirma Face.

Il tira un fusil-blaster de son sac à dos.

— Mais sur qui tirer en premier ?

— Nous ne servons à rien ici, lâcha Kell. Allons voir comment ça se passe en bas. Si c’est grave, je peux tout faire sauter.

— Je te reconnais bien là, maître des explosifs !

Kell hissa Viqi sur son épaule et suivit Face dans l’escalier.

 

Denua Ku observait le Jeedai au teint pâle. Un moment, l’admiration fut plus forte que le dégoût que lui inspirait l’idée qu’une infâme machine comme un sabre laser touche sa chair.

Le géant combattait avec une sauvagerie et une vitesse supérieures à tout ce qu’il avait jamais vu. Et il n’était pas entraîné. Avec son expérience de guerrier, Denua Ku voyait que son adversaire se battait d’instinct, car il ne parvenait pas à élaborer des combinaisons de coups efficaces et ne savait pas évaluer la manière dont ses ennemis réagiraient à ses attaques.

Si cet infidèle était né parmi les Yuuzhan Vong, Denua Ku l’aurait formé un an, voire six mois, et il serait devenu le plus grand guerrier de tous les temps, exception faite des dieux.

Les choses étant ce qu’elles étaient, il lui fallait le tuer.

Même si les Jeedai voulaient également sa mort, le géant restait quand même une abomination. Et il représentait une plus grande menace. Il devait mourir le premier.

Denua Ku jeta son dernier insecte-tonnerre, puis se risqua au combat de près, testant le dos du géant avec son bâton.

Lord Nyax se retourna et propulsa son genou armé dans le bas-ventre du Vong, qui bloqua le coup avec son bâton, mais un peu tard. L’impact le fit tomber sur le dos. En se relevant, Denua Ku vit un de ses guerriers tenter une attaque similaire… repoussée par un coup de lame d’avant-bras qui trancha la gorge du Vong.

Neuf guerriers morts. Il en restait seize. Les statistiques se délitaient…

Soudain, un grognement mécanique fit vibrer toute la salle. Il baissa de volume, mais se stabilisa à un niveau constant et obsédant.