SCÈNE
XIII
IVANOV, SACHA, puis ANNA PETROVNA
Ivanov et Sacha entrent du jardin en courant.
IVANOV, avec désespoir ; il se prend la tête entre les mains. – C’est impossible !… Il ne faut pas, il ne faut pas, Sachenka !… Ah non, il ne faut pas !…
SACHA, avec exaltation. – Je vous aime follement… sans vous ma vie n’a aucun sens, sans vous je ne conçois ni bonheur ni joie… vous êtes tout pour moi…
IVANOV – Pourquoi, pourquoi ! Mon Dieu, je ne comprends pas… Sachenka, il ne faut pas…
SACHA – Dans mon enfance vous étiez ma seule joie ! je vous aimais, vous et votre âme, comme moi-même, et maintenant… Je vous aime, Nicolaï Alexeïévitch… Avec vous, j’irai non pas au bout du monde, mais où vous voudrez, fût-ce au tombeau, mais pour l’amour de Dieu, plus vite, sinon j’étoufferai…
IVANOV, éclatant d’un rire heureux. – Mais alors, ça veut dire : recommencer la vie par le commencement ? C’est ça ? Sachenka, mon bonheur ! (Il la prend dans ses bras.) Ma jeunesse, ma fraîcheur…
Anna Petrovna entre du jardin et à la vue de son mari et de Sacha s’arrête court.
IVANOV – Vivre ? Oui ? Tout recommencer ?
Baiser. Puis, Ivanov et Sacha tournent la tête et aperçoivent Anna Petrovna.
IVANOV, horrifié. – Sarah !