CHAPITRE 5

 
 
 

Vittorio sursauta. Depuis plus d’un mois qu’ils étaient arrivés sur l’île, il avait passionnément attendu ce moment. Il finissait par croire qu’il ne se produirait jamais.

— Est-ce bien toi le Vénitien ? lui demanda l’homme dans un dialecte padouan qui se laissait assez bien entendre.

— Moi-même, répondit Vittorio avec des larmes dans la voix.

Il en laissa presque tomber sa pioche. Il faut dire que, sans égards pour son savoir-faire de malfrat, Villegagnon et ses sbires l’avaient affecté de force à ces travaux indignes. Il était temps qu’on vînt l’en tirer.

— À ta santé, pays ! dit le nouveau venu en tendant à Vittorio une gourde de cuir.

La bonne nouvelle était que cet homme providentiel ne venait pas s’ajouter à la longue file des terrassiers mais qu’il se montrait libre de ses mouvements et fort indépendant de manières.

— Je suis un des associés de Le Freux, précisa-t-il fièrement.

Le truchement était devenu un personnage sur l’île. On le voyait en compagnie de Villegagnon qu’il traitait de puissance à puissance. Il venait de la terre ferme avec sa propre embarcation indienne faite dans un gigantesque tronc d’arbre évidé où s’efforçaient dix pagayeurs debout. Il repartait toujours chargé de lourdes marchandises tirées des bateaux et nul ne savait ce qu’il en faisait.

— Mon nom est Egidio, dit le négociant.

Tout comme son associé et maître, mais plus simplement, il était accoutré à l’européenne mais au moyen de matériaux tirés de la nature la plus sauvage. Un bonnet pointu, qu’il portait rabattu vers l’avant, taillé dans la peau d’un animal inconnu, lui donnait l’air débonnaire d’un paysan de montagne.

Vittorio, tout frémissant, attendait la suite. Il invita son visiteur à s’écarter du groupe des terrassiers afin qu’il conçût moins de gêne à prononcer le mot de passe attendu. Ils allèrent s’asseoir au pied d’un palmier qui attendait patiemment la hache.

— Quel travail ! dit Egidio en regardant la ligne des terrassiers qui piochaient le sable croûteux de la colline.

Tous les artisans, quelle que fût leur habileté à coudre des chaussures ou à cuire le pain, étaient commis à cet emploi rudimentaire de leurs bras qui consiste à lever une pioche et à la laisser retomber. Vu de leur palmier, on eût dit un rang de paysans occupés à une absurde moisson de roc.

— Ce Villegagnon est fou, affirma Vittorio pour montrer qu’il avait saisi toute l’ironie cachée sous la feinte admiration de son compatriote.

— Au moins, j’espère qu’il vous paie bien.

— Nous payer ! s’écria Vittorio qui n’avait pas perdu sa mauvaise habitude de cracher à tout propos. Il n’en a jamais été question. Il nous traite en esclaves, voilà tout. Tu as vu les dix Indiens que Le Freux a amenés, des prisonniers paraît-il. On les reconnaît bien parce que Villegagnon a fait coudre pour eux des chasubles rouges, de crainte qu’on ne voie leurs fesses. Ce sont des prisonniers que les tribus indigènes nous ont vendus comme esclaves. Eh bien, je t’affirme que nous sommes tout à fait leurs égaux.

— Tout de même, insista Egidio qui cherchait à forcer les confidences, Villegagnon vous pourvoit de tout. Vous êtes nourris. Vous avez le boire et le coucher.

— Nourris ? De racines réduites en farine et de poisson fumé. Tu appelles cela nourris ?

Entre Italiens qui savent ce que la cuisine veut dire, cette description était une métaphore de l’enfer. Vittorio, pour apaiser sa rage, but un grand trait de la gourde. La tête lui tournait déjà un peu à cause de ce breuvage et, quoiqu’il fût doux, il en sentait la force courir dans ses veines.

— Voilà un fameux alcool, dit-il en regardant la gourde. D’où cela vient-il ?

— C’est du cahouin que les Indiens fabriquent pour leurs cérémonies. Je peux t’en procurer si tu veux.

— Hélas, fit Vittorio soudain méfiant car cet inconnu n’avait pas à savoir qu’il avait de l’or, je n’ai pas les moyens d’en acheter.

— Pour toi, pays, ce sera gratis.

— Tu es trop bon. Tiens, nous ne serions pas si puants, je t’embrasserais.

Egidio parut à la fois flatté de cet élan et heureux qu’il eût été entravé. Ils levèrent simplement leurs gourdes.

— Mais les autres, à ton avis, dit le négociant, en désignant les terrassiers du menton, ont-ils de quoi en acheter ?

— Pour sûr ! Tels que tu les vois, ils sont tous les maîtres d’une petite somme qu’ils ont cachée sur eux ou dans leurs effets et qu’ils surveillent jour et nuit. Ils n’ont pas bu une goutte de quelque chose qui ressemble à de l’alcool depuis des mois et je suis bien sûr qu’ils donneraient n’importe quoi pour s’en procurer.

Dans le soleil de midi, on voyait les hommes s’interrompre tous les dix coups de pioche et porter la main à leur front comme s’ils eussent voulu calmer leur rage et leur épuisement.

— Je te laisse deux flacons de cahouin, dit Egidio, tu le leur fais goûter. Ils te passent commande. Je peux t’en avoir à quatre testons d’argent la barrique. Et pour chaque tonneau de vendu, ce sera deux deniers pour toi.

— Trois, dit Vittorio qui connaissait le commerce.

— Affaire conclue.

Ils se serrèrent la main. La douce consolation du cahouin embellissait encore le moment et faisait danser le pain de sucre et toutes les montagnes de la baie.

— Et les femmes ? demanda Vittorio qui, en affaires, voyait toujours large.

— Avec toutes les fatigues de la traversée, crois-tu qu’ils en aient envie ? plaida Egidio avec malice.

— Tu devrais entendre les conversations la nuit autour des feux de camp.

— Les Indiennes seraient-elles à leur goût ?

— À leur goût ? Mais quand ils en voient passer au ras de l’île, les seins au vent, dans leurs damnées pirogues, tout exprès pour nous narguer, c’est à peine s’ils ont la force de ne pas se jeter à l’eau, quoique aucun d’eux ne sache nager.

Egidio hocha la tête comme pour blâmer avec indulgence la folie des hommes.

— Il me semble, dit Vittorio, que si rien ne change, même les perroquets femelles seront objet de convoitise.

Puis il continua un ton plus bas :

— Je sais même que certains rameurs forment le projet, contre argent bien entendu, d’emmener de nuit ceux qui le voudraient afin qu’ils puissent courir après des sauvagesses.

— Malheureux ! Qu’ils n’en fassent rien ! On croit que ces Indiennes sont libres parce qu’elles montrent à tous ce que l’on a garde de dissimuler, mais c’est faux. On ne comprend rien à leur parentèle. L’une va mener un jour une vierge à son mari pour qu’il la prenne dans sa couche mais une autre va déchaîner la vengeance de sa famille contre son mari qui l’a trompée. Tout cela est imprévisible. Je te le dis : on court de gros risques à frayer avec les Indiennes des tribus sans les connaître.

Vittorio marqua sa déception.

— Mais, heureusement, assura Egidio d’une voix suave, nous qui sommes ici de longtemps, nous avons la disposition de belles et bonnes esclaves qui ne feront d’ennuis à personne. Autant ils en voudront, autant nous pourrons leur en fournir.

Vittorio avait la gorge nouée. Moyennant la promesse d’être du premier voyage et d’en avoir deux pour lui seul, il entra dans les plans d’Egidio qui visaient à faire de lui le grand ordonnateur de ce trafic auprès de ses compagnons.

— Dis-moi, Vittorio, fit le truchement d’un air songeur, il faut quand même qu’il soit riche, cet amiral, pour mener une telle entreprise. A-t-il de l’or ?

— Il faut croire, fit Vittorio encore tout à son explosion de sève.

— Tu n’en es pas sûr ? Il vous aurait embarqués dans cette aventure avec pour seule monnaie d’échange les pièces de drap et les amusements pour sauvages qu’il nous a montrés dans ses cales. Allons, il doit y avoir autre chose ?

— J’ai vu transporter un coffre fermé qui avait l’air fort lourd et qu’il a fait mettre sous son lit.

— Sous son lit, répéta Egidio avec intérêt. Ce n’est pas une place bien sûre, avec tout ce qu’il traîne de ladres dans cette île.

Vittorio tressaillit. Ladre voulait dire prison ; prison voulait dire crime et crime pour Vittorio voulait dire Ribère. Il s’attendait d’un instant à l’autre à recueillir enfin le précieux signal. Mais rien ne vint.

— Que t’ai-je dit de si bouleversant ? s’étonna Egidio. Tu en restes bouche bée.

— Non… je pensais… de quoi parlions-nous ? Ah ! oui, du coffre sous le lit : eh bien, il est en lieu sûr, en vérité. Les quatre Écossais qui sont à la garde de l’amiral et dont j’ai pu éprouver moi-même la vigilance se relaient devant cette chambre tout au long de la journée et de la nuit.

Egidio, sans avoir l’air d’y prendre trop d’intérêt, notait tous ces détails dans sa tête. Comme il désespérait de l’entendre parler de Ribère, Vittorio, qui voyait qu’on le cherchait sur le chantier, prit rendez-vous pour le soir même et s’en retourna piocher la terre avec de nouvelles espérances.

 
 
*
 
 

Trois chaloupes quittèrent l’île, en ce petit matin de janvier, chargées de ceux auxquels Villegagnon avait confié une mission en terre ferme. Il n’avait pas voulu se priver de sa garde écossaise ni des chevaliers de Malte qui jouaient sur les chantiers de l’île le rôle de contremaîtres. Aussi avait-il fait rassembler une petite escouade d’une vingtaine de soldats dépareillés. On y trouvait le Balte qui avait voyagé sur la Rosée, deux renégats dénichés chez les Ottomans et un Hongrois d’une effrayante maigreur, tout en pommettes, et qui n’était plus que la moitié de lui-même depuis qu’on l’avait amputé de son cheval. Cette troupe, pour peu martiale qu’elle fût, avait le mérite d’être silencieuse par la force des choses — aucun ne comprenant les autres — et aguerrie aux poursuites, aux embuscades, à la survie dans les milieux les moins hospitaliers. Ils avaient ordre de remettre la main sur les anabaptistes et de les ramener enchaînés dans l’île. Villegagnon les fit répartir en deux groupes.

Le premier partirait vers le fond de la baie. Il comptait huit soldats et Martin qui, à force d’intrigues, était parvenu à se faire désigner comme apprenti truchement. Il espérait bien, avec ou sans les soldats, selon qu’ils entreraient dans ses vues ou pas, pousser le plus loin possible et découvrir un chemin qui le menât jusqu’aux comptoirs de l’autre rive. Il fit à Just avant de partir le serment qu’il reviendrait le chercher. L’autre groupe devait progresser dans l’autre sens, c’est-à-dire vers l’embouchure de la baie. Il était entendu qu’ils rejoindraient d’abord l’endroit, plus en aval, où les fuyards avaient abandonné leur embarcation. Ils remonteraient ensuite dans la forêt, en direction du pain de sucre, essayant d’atteindre les crêtes et même de les contourner.

Colombe qui accompagnait ce second groupe avait toute licence pour choisir une loge indienne accueillante et point trop souillée, s’il était possible, par l’influence de Le Freux et de ses sbires. Nantie d’un cahier et d’encre, elle collecterait le plus qu’elle pourrait les mots du dialecte des indigènes afin de pouvoir communiquer avec eux.

Just avait tout fait pour la dissuader de partir mais il était impossible de faire revenir Villegagnon sur des ordres formels quand il les avait annoncés. Colombe s’employa à rassurer son frère jusqu’à l’ultime moment où elle embarqua sur la chaloupe. Quand elle l’aperçut, de plus en plus lointain sur la plage, avec ses grands cheveux noirs au vent, elle se sentit tout émue de le voir ainsi déchiré, plein de tendresse et d’inquiétude. Il restait l’être au monde qui comptait le plus pour elle. Mais tandis que l’amour que Just lui portait requérait la présence, elle, au contraire, avait atteint ce degré de certitude où l’on peut conserver le sentiment intact et même le renforcer tout en allant et venant. D’un coup, sur cette chaloupe, elle se jugea, au regard de ses passions, plus grande et plus forte que lui.

Mais la traversée était courte et, sitôt qu’elle eut les pieds dans l’eau, elle fut toute au plaisir de découvrir cette terre ferme qui l’avait fait rêver.

La troupe s’engagea en file indienne dans une trouée de mangroves qui faisait face au mouillage des anabaptistes en fuite. Le petit matin était silencieux et frais ; il semblait à Colombe qu’ils surprenaient indiscrètement la nature à son lever. Dans la gigantesque chambrée du sous-bois, des haleines de plantes et de bêtes, oubliées dans le sommeil, saturaient l’air d’amertumes parfumées. La peau moite des ébéniers, des bras arrondis d’euphorbes, les grosses têtes des calebassiers s’étalaient sans pudeur ni conscience sur des replis d’humus et de fougères géantes. Bien au-dessus des têtes, la grande ramure des jacarandas couvrait ces abandons de son ombre.

Dans cette zone de forêt dense, ils marchèrent plusieurs heures sans rencontrer de village. Le soleil était maintenant bien haut. Il lardait le sous-bois de flèches lumineuses dont la pointe faisait éclater des verts criards dans le feuillage et des plaies rouge vif sur les troncs. Le silence des marcheurs leur permettait de percevoir des frôlements de serpents dans les lianes, des échappées de phacochères et le vol zigzagant de petits oiseaux de couleur. À mesure qu’ils prenaient de l’altitude, ils découvraient entre les feuilles, en se retournant, l’étendue livide de la baie sous le soleil au zénith et l’île en forme de barque près de laquelle étaient amarrés les bateaux.

Les anabaptistes s’étaient évanouis dans la jungle et il paraissait de plus en plus improbable de les retrouver jamais. Après avoir mangé des poissons séchés que le Balte tenait dans son sac et bu de l’eau des gourdes, les marcheurs prirent un peu de repos sous un cèdre. Colombe, la tête sur une branche rampante, s’endormit. La forêt était si dense et si calme qu’ils ne prirent pas la peine d’établir une garde. Aussi furent-ils empêchés de faire quoi que ce soit lorsque, en s’éveillant, ils se virent entourés d’une vingtaine d’Indiens armés de massues et d’arcs aussi hauts qu’eux.

Colombe n’avait encore jamais considéré aucun de ces naturels de près. Elle savait, par les conversations égrillardes entendues sur l’île, qu’ils étaient nus, mais elle n’y avait vu qu’un détail pittoresque. En découvrant devant elle ces hommes silencieux que ne couvrait aucune étoffe, elle n’en fut nullement choquée. Leurs seules parures, colliers de vignots et bracelets de coquillages, ornaient leurs poignets ou leur cou sans dissimuler quoi que ce soit des organes que la pudeur européenne destine à l’obscurité. Comme les arbres qui tendent leurs fruits avec naturel, ces êtres nés dans la forêt et qui en épousaient la féconde simplicité rendaient à la forme humaine une plénitude familière. Quand le soldat balte se releva en tremblant, couvert de ses guenilles puantes, c’est lui plutôt qui parut à Colombe ridicule, emprunté, aussi absurdement travesti qu’elle se sentait tout à coup l’être elle-même.

— Mair, bredouilla le Balte, en exécutant avec terreur les maigres consignes que Villegagnon lui avait fait entendre.

— Mair, mair, reprirent tous les autres soldats de l’escouade sans chercher à se servir de leurs armes qui gisaient encore sur le sol.

L’un des Indiens répondit par une longue phrase. Une langue inconnue se laisse voir plutôt qu’entendre : elle était colorée d’innombrables voyelles, entremêlées comme dans ce sous-bois de forêt vierge, et l’on y reconnaissait un relief tourmenté de consonnes, qui dominaient la mélodie de leur dureté abrupte.

— Mair, répéta le Balte pour faire croire qu’il avait compris quelque chose.

Ce mot déclencha le rire chez les Indiens car il montrait que les étrangers n’avaient aucune intelligence de ce qu’ils avaient voulu leur dire.

Cette hilarité, jointe au fait que les Indiens replacèrent leurs arcs à l’épaule, calma l’alarme des soldats. Ils se mirent en marche à la suite de leurs nouveaux guides en direction d’un étroit chemin tracé dans les herbes.

Colombe cheminait derrière un Indien guère plus grand qu’elle et ne pouvait quitter des yeux la mécanique de sa musculature. Jamais elle n’avait imaginé qu’un être humain fût ainsi fait de cordages tendus et de muscles gonflés comme des voiles. Tout à coup, elle prenait conscience du mystère de ses propres mouvements, de l’affleurement, à la surface du corps, de forces communes à l’univers des minéraux et des bêtes. Et elle sentait dérisoire l’obstination que mettent les hommes de par-deçà à n’exprimer l’intelligence que par les minuscules mouvements de leurs visages quand ceux, amples et superbes, de leurs corps les reflètent si parfaitement.

Ils parvinrent au col d’où peuvent s’embrasser d’un côté la baie de Guanabara et de l’autre l’espace ouvert de l’Atlantique. Un vent humide montait de ce versant et substituait à l’odeur de chambre des végétaux, des acidités marines piquantes de sel et d’algues. La végétation changeait, devenait moins haute, faite de bosquets odorants semblables à des rhododendrons et des buis.

Un moment, l’étroit sentier s’élargit, invitant à la confiance. Mais les Indiens firent signe de se garder d’avancer en son milieu. L’un d’eux, au moyen d’une des longues flèches qu’il portait au côté, montra aux soldats que le sol, à cet endroit, était formé d’une claie de bambous recouverte d’herbe. S’y fussent-ils aventurés que le piège les aurait tous précipités dans une fosse hérissée de pieux.

Ils suivirent les Indiens le long d’une sente qui contournait cet obstacle et n’avaient pas marché cinq minutes qu’ils entrèrent dans un village. Il était formé, comme celui qu’avait visité l’amiral, d’une unique maison de paille où cent personnes pouvaient se loger.

La même cérémonie larmoyante les y attendait mais comme l’un des soldats l’avait déjà subie lors du débarquement de Villegagnon, ils s’y prêtèrent de bonne grâce. Tout dans cet accueil était propre à rassurer Colombe : la gaieté des enfants nus qui jouaient par terre, l’attention des hommes qui installèrent les nouveaux venus sur des hamacs et leurs présentèrent des calebasses pleines de nourriture, la senteur d’aromates des feux sur lesquels cuisaient des jarres.

À l’instant où elle se sentait envahie par le bienêtre de cette arrivée, survint pour elle une alarme inattendue. Les femmes, nues comme tout le reste des indigènes, vinrent l’entourer avec des rires et des exclamations attendris. Caressant ses cheveux, saisissant ses mains, elles l’entraînèrent gaiement à l’écart. Les yeux des soldats stupéfaits se dessillèrent d’un coup et ils comprirent qu’elles avaient reconnu Colombe pour une des leurs.