40.

 

Dans tout procès au criminel, le témoin principal de l'accusation est toujours l'inspecteur en charge de l'enquête. Parce qu'il n'y a plus de victimes vivantes pour dire au jury ce qui leur est arrivé, il lui revient de détailler l'enquête et de parler pour les morts. C'est lui qui porte les grands coups. Lui qui rassemble les faits pour les jurés et les rend clairs. Il a pour tâche de vendre le dossier de l'accusation aux jurés, et comme dans tout échange ou transaction, le vendeur a autant d'importance que la marchandise.

Les meilleurs inspecteurs des Homicides sont aussi les meilleurs vendeurs. J'ai vu des types aussi durs qu'Harry Bosch écraser une larme à la barre en décrivant les derniers instants d'une victime sur cette terre.

Ce fut après la pause de l'après-midi que Golantz appela l'inspecteur en charge du dossier à la barre. Coup de génie, préparation magistrale que tout cela : John Kinder allait occuper le centre de la scène jusqu'à ce que la séance soit ajournée, les jurés rentrant alors chez eux et ayant toute la soirée pour méditer ses paroles. Et je ne pouvais rien y faire en dehors de regarder.

Kinder était un grand Noir affable qui parlait d'une voix de baryton des plus paternelles. Il portait des lunettes de vue qui lui dégringolaient au bout du nez quand il se référait au gros classeur qu'il avait apporté avec lui. Entre les questions qu'on lui posait, il regardait Golantz ou les jurés par-dessus la monture de ses lunettes. Il avait le regard agréable, doux, alerte et plein de sagesse. Et c'était le témoin contre lequel je n'avais aucun recours.

Avec les questions précises que lui posa Golantz et une série d'agrandissements des photos de la scène de crime – que je n'avais pas réussi à faire rejeter en arguant qu'elles étaient préjudiciables à mon client —, Kinder fit visiter la scène de crime aux jurés et leur détailla ce que l'examen des éléments de preuve avait appris aux enquêteurs. Du purement clinique et méthodique, mais suprêmement intéressant. Avec sa voix profonde et pleine d'autorité, on aurait dit un professeur de criminologie en train de faire un cours de base à tous les gens assis dans la salle.

J'élevai bien des objections ici et là dès que je pouvais afin de casser le rythme Golantz Kinder, mais je ne pouvais pas faire grand-chose en dehors de me taire et d'attendre. À un moment donné, je reçus un texto de la galerie et cela n'apaisa nullement mes craintes.

Favreau : Tout le monde adore ce mec ! Vous ne pouvez vraiment rien y faire ?

Sans me retourner pour la regarder, je me contentai de hocher la tête en regardant l'écran du portable sous la table de la défense.

Puis je jetai un coup d'oeil à mon client et eus l'impression que c'était à peine s'il prêtait attention à la déposition de Kinder. Il prenait des notes dans un bloc grand format, mais ces notes n'avaient rien à voir avec le procès ou l'affaire. J'aperçus des tas de chiffres et le titre Diffusion à l'étranger souligné sur la première page. Je me penchai vers lui.

— Ce type est en train de nous massacrer, lui chuchotai-je à l'oreille. Au cas où ça vous intéresserait...

Un sourire sans humour lui tordant les lèvres, il me renvoya :

— Pour moi, tout va bien. Vous avez bien travaillé aujourd'hui.

Je hochai la tête et me retournai pour écouter le reste de la déposition de Kinder. J'avais un client pour qui la réalité de la situation n'avait aucune importance. Il connaissait parfaitement ma stratégie et savait que j'avais l'argument miracle dans ma manche. Sauf que rien n'est sûr quand on va au procès. C'est même pour cela que quatre-vingt-dix pour cent des affaires se résolvent par des arrangements avant procès. Personne n'a envie de jeter les dés. Les enjeux sont trop élevés. Et il n'y a pas plus grand pari qu'un procès pour meurtre.

Mais c'était depuis le premier jour que Walter Elliot n'avait pas l'air de le comprendre. Il continuait à faire des films et à travailler ses problèmes de distribution à l'étranger et semblait être persuadé de sortir libre de ce procès. Je pensais certes avoir un dossier en béton, mais n'arrivais quand même pas à avoir ce genre de confiance.

Les éléments de base de l'analyse de la scène de crime ayant été bien détaillés par Kinder, Golantz fit dévier la déposition sur Elliot et les rapports qu'il avait eus avec l'enquêteur.

– Bien, dit-il, vous avez déclaré que l'accusé serait resté dans la voiture de patrouille de l'officier Murray pendant que vous vous livriez au premier examen de la scène de crime et vous familiarisiez avec les lieux, si je puis ainsi dire. C'est bien ça ?

– Oui, c'est bien ça.

– Quand avez-vous parlé avec Walter Elliot pour la première fois ?

Kinder consulta un document du classeur ouvert sur l'étagère installée devant la barre.

– Il était à peu près 2 heures et demie quand je suis sorti de la maison après avoir procédé au premier examen de la scène de crime. C'est à ce moment-là que j'ai demandé aux shérifs adjoints d'extraire Monsieur Elliot de la voiture.

– Qu'avez-vous fait après ?

– J'ai demandé à l'un des adjoints de lui ôter les menottes parce que je ne pensais plus que ce soit nécessaire. Il y avait déjà des inspecteurs et des adjoints du shérif sur les lieux et le périmètre était parfaitement sécurisé.

– Bien et... Monsieur Elliot était-il en état d'arrestation à ce moment-là ?

– Non, il ne l'était pas et je le lui ai expliqué. Je lui ai dit que les mecs... les adjoints... avaient dû prendre toutes les précautions possibles jusqu'à ce qu'on sache à quoi on avait affaire.

M. Elliot a répondu qu'il comprenait. Je lui ai demandé s'il voulait continuer à coopérer et montrer l'intérieur de la maison aux membres de mon équipe et il m'a répondu que oui, il le ferait.

– Vous l'avez donc ramené dans la maison ?

– Oui. Nous lui avons demandé de mettre des bottines en papier pour ne pas contaminer la scène de crime et nous sommes rentrés dans la maison. J'ai demandé à Monsieur Elliot de refaire très précisément ce qu'il avait fait en entrant et en découvrant les corps.

Je notai l'histoire des bottines en papier qu'on lui avait fait enfiler mais un peu tard puisqu'il avait déjà fait faire le tour de la maison aux premiers adjoints. Kinder ? En contre, j'allais le tirer à vue avec ça.

– Avez-vous trouvé quoi que ce soit d'inhabituel dans ce qu'il a dit avoir fait ou quoi que ce soit d'incohérent dans ce qu'il vous disait ?

J'élevai une objection en arguant du fait que la question était bien trop vague. Le juge en fut d'accord. Score : un tout petit point qui comptait quasi pour du beurre. Golantz se contenta de reformuler la question et se montra plus précis.

– Où Elliot vous a-t-il conduit dans la maison, inspecteur Kinder ?

– Il nous a fait entrer et nous sommes montés directement à la chambre à coucher. Il nous a dit que c'était ce qu'il avait fait en entrant. Il nous a précisé que c'est à ce moment-là qu'il avait découvert les corps et appelé le 911 en se servant du téléphone à côté du lit. D'après lui, la dispatcheuse lui a alors dit de quitter la maison et de nous attendre dehors, ce qu'il avait fait. Je lui ai demandé très précisément s'il était allé ailleurs dans la maison et il m'a répondu que non.

– En quoi cela vous a-t-il paru inhabituel ou incohérent ?

– Eh bien, la première chose, c'est qu'à supposer que ce soit vrai, ça m'a paru bizarre qu'il soit entré et monté directement à la chambre sans commencer par jeter un coup d'oeil au rez-de-chaussée.

Ça ne collait pas non plus avec ce qu'il nous avait dit quand nous sommes rentrés à nouveau dans la maison. Il nous avait montré la voiture de sa femme, qui était garée dans l'allée circulaire devant la maison, et nous avait dit que c'est comme ça qu'il avait su qu'elle avait quelqu'un avec elle dans la maison. Je lui avais demandé ce qu'il voulait dire par là et il m'avait répondu que sa femme s'était garée devant pour que Johan Rilz, l'autre victime, puisse utiliser la seule place libre dans le garage. Ils y avaient entassé des meubles et des affaires et il n'y restait plus qu'une place libre. Il a dit que l'Allemand y avait caché sa Porsche et que sa femme avait été obligée de se garer devant.

– Quelle signification avez-vous tirée de ces propos ?

– Eh bien, pour moi, ça sentait la dissimulation. Il nous avait dit qu'il n'était allé que dans la chambre et nulle part ailleurs dans la maison. Pour moi au contraire, il était assez clair qu'il avait jeté un coup d'oeil dans le garage et qu'il y avait vu la Porsche de la deuxième victime.

Debout au lutrin, Golantz hocha vigoureusement la tête : on appuyait sur le fait qu'Elliot était un menteur. Je savais que je pourrais m'en débrouiller dans mon interrogatoire en contre, mais ça, je ne pourrais le faire que le lendemain, après que cette impression aurait filtré dans la tête des jurés pendant quasi vingt-quatre heures.

– Que s'est-il passé après ? reprit Golantz.

– Eh bien, il y avait encore beaucoup de travail à faire dans la maison. J'ai donc ordonné à deux membres de mon équipe d'emmener Monsieur Elliot au poste de Malibu de façon à ce qu'il puisse m'y attendre à l'aise.

– Était-il alors en état d'arrestation ?

– Non. Encore une fois je lui avais expliqué que nous avions besoin de lui parler et que s'il était toujours décidé à coopérer avec nous, nous le mettrions dans une salle d'interrogatoire du poste et que je l'y rejoindrais aussitôt que possible. Et une fois encore, il a accepté.

– Qui l'a transporté à Malibu ?

– Les enquêteurs Joshua et Toles l'ont emmené dans leur voiture.

– Pourquoi ne l'ont-ils pas interrogé tout de suite une fois arrivés au poste de Malibu ?

– Parce que je voulais en savoir plus long sur Monsieur Elliot et sur la scène de crime avant de lui parler. Parfois, on n'a qu'une chance, même avec un témoin qui coopère.

– Vous venez d'utiliser le mot « témoin ». Monsieur Walter Elliot n'était-il donc pas un suspect à ce moment-là ?

On jouait au chat et à la souris avec la vérité. Quelle que soit la réponse de Kinder, tout le monde dans la salle savait maintenant que les flics s'étaient concentrés sur Elliot.

– C'est-à-dire que jusqu'à un certain point tout le monde est suspect, répondit Kinder. Quand on débarque dans ce genre de situation, on soupçonne absolument tout le monde. Mais à ce moment-là, je ne savais pas grand-chose sur les victimes, pas grand-chose sur Monsieur Elliot et je ne savais pas vraiment non plus à quoi nous avions affaire. Ce qui fait que je le voyais plus comme un témoin très important qu'autre chose. C'était lui qui avait trouvé les corps et il connaissait les victimes. Il pouvait nous aider.

– Bien, et donc vous l'avez expédié au poste de Malibu pendant que vous repreniez votre travail sur la scène de crime. Pour y faire quoi ?

– Superviser l'analyse de la scène de crime et la collecte de tous les éléments de preuves dans la maison. Nous travaillions aussi avec le téléphone et les ordinateurs afin de vérifier l'identité et le passé de toutes les personnes impliquées.

– Qu'avez-vous appris ?

– Nous avons appris qu'aucun des Elliot n'avait de casier ou d'armes déclarées. Que l'autre victime, Johan Rilz, était de nationalité allemande et semblait n'avoir lui non plus ni casier ni arme déclarée. Que Monsieur Elliot était directeur d'un studio et qu'il connaissait une belle réussite dans le cinéma... ce genre de choses.

– Un membre de votre équipe a-t-il fait à un moment donné une demande de mandat de perquisition pour fouiller la maison ?

– Oui, nous l'avons fait. En procédant avec beaucoup de précautions, nous avons effectivement soumis une demande à un juge, qui nous a signé une série de mandats. Nous avons alors eu toute l'autorité nécessaire pour poursuivre nos recherches et aller jusqu'au bout de ce qu'elles nous indiquaient.

– Est-il inhabituel de prendre ce genre de mesures ?

– Peut-être. Les tribunaux ont accordé à la police beaucoup de latitude dans la collecte des éléments de preuves. Cela dit, vu les personnes impliquées dans cette affaire, nous avions décidé de prendre des précautions supplémentaires. Nous avons demandé des mandats de perquisition alors même que nous n'en aurions peut-être pas eu besoin.

– Que couvraient exactement ces mandats ?

– Nous en avons eu pour la maison d'Elliot et pour les trois voitures : celle de Monsieur Elliot, celle de sa femme et la Porsche dans le garage. Nous avons aussi obtenu un mandat nous autorisant à procéder à des tests sur la personne de Monsieur Elliot et sur ses vêtements afin de déterminer s'il avait tiré des coups de feu peu avant.

Le procureur continua de poser des questions sur l'enquête jusqu'au moment où, ayant terminé l'analyse de la scène de crime, Kinder avait interrogé Elliot au poste de Malibu. S'ensuivit la présentation de l'enregistrement vidéo du premier interrogatoire d'Elliot. Je l'avais déjà visionné plusieurs fois pendant la phase préparatoire du procès. Je savais qu'il n'avait rien de remarquable en termes de contenu de ce qu'Elliot avait déclaré à Kinder et à son coéquipier, Roland Ericsson. Ce qui avait de l'importance aux yeux de l'accusation, c'était l'attitude d'Elliot pendant cet interrogatoire. Il n'avait pas vraiment l'air de quelqu'un qui vient de découvrir le cadavre de sa femme entièrement nue avec une balle en pleine figure et deux autres dans la poitrine. Il paraissait aussi calme qu'un coucher de soleil d'été et ça lui donnait tout l'air d'un tueur sans pitié.

Un écran vidéo ayant été installé devant le box des jurés, Golantz passa la bande en l'arrêtant souvent pour poser des questions à Kinder avant de la faire repartir. L'interrogatoire durait dix minutes et n'avait rien d'une confrontation. Simple exercice dans lequel l'enquêteur faisait le point sur l'histoire d'Elliot, Kinder n'y posait aucune question délicate. Il lui demandait seulement en termes généraux ce qu'il avait fait et à quels moments.

L'enregistrement prenait fin à l'instant où Kinder présentait à Elliot un mandat autorisant les services du shérif à tester ses mains, ses bras et ses vêtements en vue d'y déceler la présence éventuelle de résidus de poudre.

Elliot souriait légèrement en répondant aux questions.

« Allez-y, messieurs, dit-il alors. Faites ce que vous avez à faire. »

Golantz vérifia l'heure à la pendule accrochée au mur du fond de la salle d'audience et se servit d'une télécommande pour figer l'image du demi-sourire d'Elliot sur l'écran vidéo. C'était celle qu'il voulait que les jurés emportent chez eux. Il voulait qu'ils pensent à ce sourire du genre attrapez moi donc si vous pouvez en rentrant chez eux dans les embouteillages de 5 heures de l'après-midi.

– Monsieur le juge, dit-il, je crois que l'heure est venue d'ajourner la séance. Je voudrais interroger l'inspecteur Kinder sur d'autres points après cet exposé et je pense que nous devrions peut-être commencer ça demain matin.

Le juge en tomba d'accord et mit fin à l'audience en disant encore une fois aux jurés d'éviter tous les comptes-rendus des médias sur le procès.

Je me levai à la table de la défense et regardai les jurés entrer en file indienne dans la salle des délibérés. J'étais à peu près sûr que l'accusation avait remporté la victoire pour ce premier jour, mais il fallait s'y attendre. Nous avions encore nos cartouches à tirer. Je jetai un coup d'oeil à mon client.

– Walter, lui dis-je, qu'est-ce que vous faites ce soir ? lui demandai-je.

– Un petit dîner avec des amis. Ils ont invité Dominick Dunne.

Après, j'irai jeter un coup d'oeil au premier bout à bout d'un film que mon studio produit avec Johnny Depp dans le rôle d'un inspecteur.

– Bon, dis-je, eh bien vous allez appeler vos amis et Johnny Depp et tout annuler. C'est avec moi que vous allez dîner. Nous allons travailler.

– Je ne comprends pas.

– Oh que si. Vous n'arrêtez pas de m'éviter depuis le début du procès. Ça ne posait pas de problème parce que je ne voulais pas savoir ce que je n'avais pas besoin de savoir. Mais maintenant, ce n'est plus pareil. Nous sommes en plein procès, l'échange des informations entre les deux parties est terminé et j'ai besoin de savoir. Tout, Walter. Bref, ce soir, nous allons parler. C'est ça ou vous allez devoir engager un autre avocat dès demain matin.

Je vis son visage se tendre de colère réprimée. À ce moment-là, je sus qu'il pouvait tuer, à tout le moins commanditer un meurtre.

– Vous n'oseriez pas, dit-il.

– Essayez donc voir, lui renvoyai-je.

Nous nous dévisageâmes un moment, puis je vis quelque chose se détendre dans son visage.

– Allez, passez vos coups de fil, repris-je enfin. Nous prendrons ma voiture.

Le Verdict du Plomb
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