IV
Les populations non rentables
Observons ce qu’il advient aujourd’hui des quarante-neuf pays les plus pauvres du monde, les PMA (pays les moins avancés) comme les appellent le FMI et la Banque mondiale. Les opérateurs privés, eux, préfèrent parler de « populations non rentables ».
Les PMA forment une catégorie à part. L’admission au club, si l’on ose dire, dépend d’un certain nombre de critères : le candidat doit notamment avoir un revenu par tête d’habitant inférieur à 700 dollars par anccxxxii. D’autres critères concernent la santé, le degré d’alphabétisation de la population, la diversification économique, etc.
Les seigneurs, bien sûr, consentent quelques avantages aux PMA : l’exemption de quotas et de taxes pour certaines exportations vers les marchés du Nord, l’allongement des délais pour la mise en œuvre des mesures de libéralisation interne, décidées par l’OMC, l’aménagement de certains prêts, un traitement particulier de la dette extérieure.
Les PMA totalisent en 2002 une population de 640 millions d’êtres humains, soit un peu plus de 10 % de la population mondiale. Mais les peuples non rentables génèrent à eux tous moins de 1 % du revenu mondial. Trente-quatre d’entre eux se trouvent en Afrique, neuf en Asie, cinq dans le Pacifique et un dans les Caraïbes. Lorsque la catégorie a été créée, il y a trente ans, ils n’étaient que vingt-sept.
Depuis la création, en 1971, de la catégorie « pays les moins avancés », seul le Botswana a quitté le peloton. Grâce à une politique agricole autocentrée, il a réussi à sortir de la misère extrême. En revanche, en 2001, le Sénégal, qui a subi plusieurs plans d’ajustement structurel du FMI et dont l’économie ne cesse de dégringoler, a rejoint le groupe.
La Campagne du Jubilé 2000, conduite essentiellement par des chrétiens d’Angleterre (et d’Allemagne), indique que la dette extérieure des quarante-neuf États les plus endettés représente 124 % du produit national brut cumulé des États concernésccxxxiii. Ces États dépensent beaucoup plus pour le service de leur dette que pour l’entretien des services sociaux : la plupart d’entre eux affectent, en effet, annuellement plus de 20 % de leurs dépenses budgétaires au service de la detteccxxxiv. En outre, depuis 1990, la croissance du produit intérieur brut de chacun des PMA est inférieure à 1 % en moyenne annuelle, ce qui empêche tout accroissement du taux d’épargne des ménages.
Pourtant, exprimée en valeur réelle par habitant, l’aide publique accordée par les pays riches aux quarante-neuf a diminué de 45 % entre 1990 et 2000ccxxxv. En même temps, l’apport de capitaux étrangers privés à long terme par habitant (en dollars constants) a baissé de 30 % depuis 1990. En outre, les plans d’ajustement structurel du FMI et des banques régionales, imposés en vue d’équilibrer le budget des pays concernés, aggravent souvent la situation alimentaire, particulièrement quand ces plans exigent l’élimination des subventions publiques aux aliments de base.
En 2000, le revenu par tête d’habitant était en régression dans cent des soixante-quatorze pays examinésccxxxvi. Il a le plus fortement baissé dans les quarante-neuf PMA. Mais l’inégalité qui habite actuellement la société planétaire n’est pas seulement monétaire. Elle concerne aussi, bien entendu, l’espérance de vie dans les différents pays.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de mettre au point un nouveau mode d’évaluation, à la fois quantitatif et qualitatif, mesurant les années passées en bonne santé. Cet indicateur a pour nom EVCI (espérance de vie corrigée de l’incapacité).
Voici les résultats obtenus. Dans les trente-deux pays les plus pauvres du monde, l’EVCI est de moins de 40 ans. La plupart de ces pays prolétaires sont africains. La meilleure performance EVCI est réalisée par le Japon. Les gens y vivent en bonne santé en moyenne durant 74,5 ansccxxxvii.
Le bilan de trois décennies d’aide dite au développement – en réalité d’aide à l’intégration au capitalisme mondialisé des économies africaines, asiatiques, latino-américaines – est calamiteux. Rubens Ricupero : « Il est apparu à l’évidence que malgré trente ans d’action internationale en faveur des PMA, et malgré les efforts de ces pays eux-mêmes, les difficultés socio-économiques auxquelles sont confrontés la plupart d’entre eux et leur marginalisation persistante sont accablantesccxxxviii. » Or, face à l’approvisionnement constant des populations non rentables, les émissaires du FMI continuent de proclamer : « Nous allons tirer les PMA de la misère. » Le scandale est là. Prenons quatre exemples.
Le Niger, d’abord, qui est le deuxième pays le plus pauvre de la planète, après la Sierra Leone.
Les 1,7 million de kilomètres carrés de ce superbe pays abritent pourtant quelques-unes des cultures les plus anciennes et les plus riches du monde : les Djerma, les Touaregs, les Haussa, les Bororo, les Songhaï. Mais 3 % seulement du territoire national est composé de terre arable. C’est ainsi que la plus grande partie des 10 millions d’habitants du Niger vivent depuis une dizaine d’années au bord de la famine.
L’analphabétisme frappe 80 % de la population. Le système de santé est inexistant. Depuis la récolte de 2000, il manque 160 000 tonnes de mil pour faire la « soudure », c’est-à-dire nourrir les gens jusqu’à la récolte prochaine.
Le gouvernement dispose pourtant, aujourd’hui, de bases démocratiques solides : les libertés publiques sont respectées, le débat politique est vif et souvent virulent. Le Niger abrite une société debout. Ses citoyennes et citoyens, les nombreux immigrés qui y habitent, travaillent avec acharnement pour arracher leur subsistance à une nature hostile : de juin à septembre, 100 millimètres de pluie suffisent pour transformer la terre arable en un désert calciné ou au contraire en une mare inondée où pourriront les tiges de sorgho. Durant la courte période de trois à quatre mois d’hivernage où l’on plante, soigne, puis récolte le mil, les paysans, leurs femmes et leurs enfants travaillent quatorze heures par jour. Une boule de mil à midi, un peu de gari de manioc le soir composent leurs maigres repas.
Or, avec une dette extérieure dépassant 1,6 milliard de dollars, le Niger est surendetté. C’est pourquoi, à Niamey, les pompiers-pyromanes du FMI dictent leur loi. La presque totalité des revenus des exportations du pays sont affectés au service de la dette.
Je me suis trouvé une fin d’après-midi de l’hivernage 2001, dans le palais gouvernemental, au bord du fleuve Niger. À travers les fenêtres, on apercevait le coucher du soleil dans les flots bruns. Des tapis de jacinthes descendant doucement le fleuve venaient recouvrir les rizières plantées sur les îles et sur les bords du Niger. Dans leurs pirogues, des paysans exténués luttaient contre l’intruse : ils arrachaient à mains nues les jacinthes flottantes, ils tentaient de libérer les plants de riz et de sauver le labeur de plusieurs mois.
Sur les murs ocre du bureau du Premier ministre, les derniers rayons du soleil jouaient avec d’étranges papillons de nuit pris dans les rideaux de la baie vitrée. Hama Amadou est un Peul élancé, dans la force de l’âge, au beau visage énergique. Il a été douanier, puis sous-préfet. Il a été formé à la dure école de Séni Kountchéccxxxix.
Depuis le début 2001, il dirige le gouvernement de la République du Niger.
La voix de Hama Amadou oscille entre la colère et la lassitude : « Vous savez ce qui se passe ? Avant de s’asseoir sur le canapé où vous êtes, chaque envoyé d’un État, d’une agence de l’ONU ou d’une ONG me pose la même question : "Êtes-vous en ordre avec le FMI ?" »
Je ne comprends pas : l’aide bilatérale – celle qui est pratiquée par les États, les ONG ou l’ONU – ne dépend pas du FMI.
Le Premier ministre s’énerve : « Échapper au FMI ? C’est impossible ! Il régente tout chez nous. C’est le nouveau colon. »
Le programme gouvernemental publié en janvier 2001 par Hama Amadou prévoit la construction d’un minimum de 1 000 écoles par an. Or, au printemps 2001, le Niger a vendu à des opérateurs privés la licence de téléphonie mobile. Tout naturellement, le Premier ministre avait prévu d’affecter la somme ainsi encaissée à la construction d’écoles. Mais, le chef local des mercenaires résidant à Niamey l’en a empêché : priorité au paiement des intérêts de la dette ! Entre l’alphabétisation des enfants du Niger et les intérêts des prédateurs, le satrape n’a pas hésité une seconde. Des enfants, il y en aura toujours – affamés, miséreux, impuissants. Leur analphabétisme ne menace pas la carrière du satrape. Les prédateurs, en revanche, par un simple coup de téléphone au directeur général du FMI, peuvent le faire révoquer à n’importe quel moment.
La richesse du Niger, c’est avant tout 20 millions de têtes de bétail. Des vaches zébus, des dromadaires blancs, des chèvres et des moutons dont la qualité est célèbre dans toute l’Afrique occidentale et soudanaise. Le sel minéral qui imprègne le sol de plusieurs zones de pâturage donne à ces animaux une extraordinaire résistance et une chair particulièrement succulente.
Après la fin de chaque hivernage, et pendant plusieurs jours, a lieu à In Gall, une oasis du désert située à quelque 100 kilomètres à l’ouest d’Agadez, la principale fête des peuples du Niger : la « Cure salée ». C’est l’étape essentielle de la grande transhumance lorsque, à la fin des pluies, les éleveurs du Sud migrent vers les pâturages du Nord. Quelques-unes des cérémonies les plus anciennes et les plus mystérieuses des antiques nations d’Afrique s’y célèbrent alors : ainsi, le Gerewol, concours de beauté des pasteurs bororo, artistiquement maquillés et ornés de plumes ; au cours de cette fête, les jeunes filles bororo choisissent leur mari. Ou encore l’Illoudjan, la grande fantasia des chameliers qui réaffirme et théâtralise la complexe hiérarchie des Touaregs blancs régnant sur leurs vassaux noirs. Le président de la République, le gouvernement in corpore, les sultans et les rois de la tradition, mais aussi une foule innombrable se réunissent dans l’oasis, sur le marché et au bord de la « cure salée » où des dizaines de milliers d’animaux lèchent le sol.
Or, ignorant superbement ces magnifiques traditions, les satrapes du FMI ont imposé la privatisation de l’Office national vétérinaire du Niger (ONVN) et des pharmacies vétérinaires publiques. Résultat ? Les vaccins, les médicaments, les vitamines, bref, tous les produits pharmaceutiques vétérinaires, sont maintenant vendus par des représentants locaux de sociétés transnationales pharmaceutiques ou par des commerçants privés – nigérians, libanais la plupart du temps – qui s’approvisionnent sur la côte atlantique (distante de plus de 1 000 kilomètres) et revendent leurs produits au marché. Souvent les délais de vente des produits sont échus. Tout contrôle public de ces marchandises a été aboli.
Et surtout : les prix sont tels que la plupart des éleveurs ne peuvent les payer.
Quant aux médecins vétérinaires de l’État, ils ont été congédiés, ont émigré ou sont partis à la retraite. Il existe bien encore quelques agents vétérinaires appartenant au ministère de l’Élevage, mais leurs déplacements sont payants.
Les conséquences économiques et sociales de la privatisation de l’ONVN sont désastreuses : des troupeaux entiers disparaissent, victimes d’épidémies, de parasites, voire de médicaments avariés ; incapables de payer les prix du marché libre, des centaines de milliers de familles d’éleveurs perdent leur gagne-pain et viennent grossir les masses miséreuses des villes.
Pourtant, même dans le malheur, les Nigériens conservent un grand sens de l’humour : ils appellent les grandes banques créancières les « talibanques », et le dollar qui les terrorise le « mollah dollar »…
Pour la survie du Niger, le commerce transfrontalier du bétail constitue une source de revenu indispensable. L’un des principaux marchés du bétail du Niger est celui de la petite cité rurale de Belayara.
Chaque dimanche à l’aube, les longues caravanes de dromadaires conduites par les Bellahs, les serviteurs noirs des Touaregs, se dirigent vers la petite cité rurale. Les paysannes songhaï s’installent par milliers sur la place, sous les arbres. Belayara se trouve à quelques heures de voitures au nord de Niamey, sur la route qui mène à Albala, à l’intersection des zones agricole et pastorale.
Des sultanats de Kano, de Sokoto et de Katsina au Nigeria voisin arrivent de gros marchands revêtus de leurs boubous blancs, lunettes de soleil sur le nez, conduisant de luxueuses Toyota tout-terrain, munies d’antennes de radio démesurées. Ils ressemblent à des personnages mafieux tout droit sortis d’un film de Francis Ford Coppola. Ils achètent des oignons, du maïs, du mil, mais surtout des dromadaires, des bœufs, des vaches, des moutons et des chèvres.
Les commerçants maliens sont plus dignes, plus secs, plus discrets. Eux aussi achètent des bêtes par milliers et les poussent en de longs cortèges vers l’ouest.
À Belayara, une chèvre noire à cornes vaut 11 000 francs CFAccxl. Sur un marché du nord du Nigeria ou du Mali, le marchand la revend facilement au triple du prix. Afin de lutter contre la dissémination des épidémies qui voyagent avec les bêtes malades, l’OMC édicté des normes sanitaires vétérinaires très strictes. Ces prescriptions sont parfaitement justifiées. Elles s’appliquent à toute bête destinée à l’exportation. Mais l’Office national vétérinaire du Niger (ONVN) a été privatisé sur ordre du FMI. La plupart des éleveurs ne peuvent donc plus obtenir les certificats vétérinaires exigés par l’OMC. Il existe, certes, à Niamey un laboratoire privé soutenu par la FAO, appelé INSPEX. Mais seuls les très gros marchands ont les moyens de payer les tarifs qu’il impose pour effectuer les contrôles.
La liquidation par le saint-office du FMI du secteur public de la pharmacie vétérinaire a ainsi des conséquences néfastes, non seulement pour la santé du bétail nigérien, mais également pour sa valeur marchande. Les arrogants marchands nigérians, notamment, se font ainsi un plaisir d’exiger de l’éleveur touareg, peul ou djerma la production du fameux certificat de vaccination, comme préalable à toute discussion sur le prix de vente. L’éleveur étant dans l’incapacité de le faire, le marchand lui imposera une baisse substantielle du prix…
En plus de ses 20 millions de têtes de bétail, le Niger produit un nombre équivalent de poules. Or, ces poules font également l’objet de la sollicitude des bureaucrates du 154 de la rue de Lausanne, à Genève. L’OMC interdit en effet le franchissement des frontières à toute poule provenant d’un pays abritant, en quelque zone de son territoire, un foyer d’infection. Mais, même phénomène, comme le FMI a liquidé les services vétérinaires du Niger, l’attestation en question ne peut être obtenue par personne. Le marchand nigérian tourne autour de l’immense corbeille posée devant la paysanne au pagne coloré où se débattent les volailles. Il soupèse chaque poule, exige de voir l’attestation… et impose son prix.
Jusqu’à récemment, la République disposait d’une autre institution efficace et utile : l’Office national des produits vivriers du Niger (ONPVN). Cet Office, par tradition, veillait à la sécurité alimentaire des populations. Il y parvenait parfois, lorsque ni les tempêtes de l’hivernage ni les sécheresses successives ne détruisaient trop systématiquement les plantations. La fierté de l’ONPVN était sa flotte de camions tout-terrain et ses chauffeurs expérimentés.
Dans le cabinet du ministre du Commerce extérieur, je rencontre un ingénieur corpulent au visage souriant : le directeur général de l’ONPVN. Comme beaucoup de hauts fonctionnaires de la République, il a reçu une solide formation universitaire au Niger, en France et aux États-Unis.
Le sourire du directeur général est trompeur : il est pris dans un combat sans espoir. Le FMI exige la privatisation de l’ONPVN.
Déjà l’Office a dû vendre un grand nombre de ses camions. Les chauffeurs ont été licenciés.
Avec quelles conséquences ? Les quelques entrepreneurs privés qui, désormais, dominent le marché du transport vivrier fonctionnent selon le principe de la maximalisation du profit.
Jusqu’ici l’ONPVN assurait, pour les 11 000 villages et campements nomades du Niger, l’acheminement des semences et des engrais. Après les récoltes, l’ONPVN évacuait vers ses propres silos le mil excédentaire que les communautés villageoises désiraient stocker en prévision d’une vente ultérieure. En période de disette, ses camions apportaient dans les coins de brousse ou de désert les plus reculés les sacs de sorgho ou de riz provenant de l’entraide alimentaire internationale.
Tandis que l’ONPVN est en voie de démantèlement, les entrepreneurs privés, eux, se préoccupent avant tout de rentabilité et refusent de servir les communautés trop éloignées ou trop difficiles d’accès.
Une guerre de dix ans menée contre l’armée nationale par plusieurs fronts insurrectionnels touaregs a laissé des séquelles dans le Nord. Il subsiste une insécurité résiduelle dans certaines zones. Contrairement aux camions de l’ONPVN, ceux des entrepreneurs privés ne s’y rendent pas.
Et tout cela, avec quelles conséquences pour les chauffeurs ? Plus tard, lorsque je voyagerai dans la région de Doss et de Gaya, des chefs de villages me raconteront leur malheur. Un chauffeur d’une entreprise privée, au statut professionnel incertain, refuse généralement de risquer le pont cassé, le pneu crevé ou l’accident en s’aventurant sur un chemin rural constellé de trous ou sur une piste dont des pans entiers se sont effondrés à la suite des pluies. Le taux de chômage dépasse 40 % au Niger. Un chauffeur qui endommage son camion, même sans commettre aucune faute professionnelle, est immédiatement licencié. Il n’a que très peu de chances de retrouver du travail.
Bref, à cause de la privatisation rampante de l’ONPVN, des centaines de milliers de familles, vivant dans la brousse ou dans des campements du désert, seront bientôt coupées de tout approvisionnement.
Au Niger, au lieu de combattre la misère, le FMI l’aggrave.
La Guinée est un pays d’agriculteurs et d’éleveurs situé en Afrique occidentale. Ses paysages sont stupéfiants de beauté. À la saison des pluies, le ciel est couvert de nuages argentés. Le ciel est transparent, léger et bleu en saison sèche.
Après plusieurs programmes d’ajustement structurel imposés par le FMI, faisant suite à des années de corruption et de mauvaise gestion des gouvernants locaux, la Guinée est aujourd’hui à genoux, comme l’illustre le secteur de l’élevage. Or, comme au Niger, ce secteur est essentiel à la stabilité de l’économie nationale.
Fidèle à sa politique de libéralisation totale des marchés, le FMI a imposé en 1986 la dissolution du service vétérinaire de l’État. Or, ce service contrôlait les importations des médicaments à destination du cheptel. C’est ainsi que les stocks d’État de médicaments vétérinaires se sont trouvés épuisés au milieu de 1993.
Que se passa-t-il alors ? Des personnes privées, sans contrôle aucun, se mirent à importer les vaccins, médicaments et instruments vétérinaires dont les éleveurs avaient besoin. Et la situation est aujourd’hui dramatique.
Comme aucune instance publique n’exerce plus aucun contrôle de validité, beaucoup de ces vaccins et médicaments sont périmés lorsqu’ils arrivent sur le marché de Conakry. La méthode des nombreux importateurs privés est simple : ils achètent à bas prix, en Europe (plus particulièrement en France), des stocks de médicaments périmés, changent ensuite l’étiquette et vendent la marchandise sur le marché local. L’éleveur l’achète… et assiste impuissant à la maladie, souvent à la mort de ses bêtes.
Périmés ou pas, les produits de pharmacie vétérinaire vendus par les concessionnaires des sociétés multinationales ou les intermédiaires privés sont de toute façon trop chers pour la plupart des éleveurs. Tous produits confondus, ils se vendent à Conakry environ 50 % plus cher qu’à Paris.
Pour ouvrir une pharmacie vétérinaire ou faire commerce de produits vétérinaires, il n’est besoin d’aucune licence. En Guinée, les pharmaciens vétérinaires sont généralement des immigrés africains, maliens et ivoiriens pour la plupart. Autrement dit, à cause du FMI, les éleveurs guinéens sont aujourd’hui à la merci de n’importe quel filou. L’État guinéen a d’ailleurs renoncé à mettre en œuvre une politique agricole ou d’élevage publique. Plus aucun contrôle n’existe puisque les services publics ont été démantelés. Le marché libre est roi.
J’ai suivi le combat d’un éleveur de mes amis. Il s’appelle Mory Diané. Il possède un troupeau de 120 têtes, dont les deux tiers sont des moutons, le reste des chèvres. Il possède un terrain propice à l’élevage de 25 hectares à Mafrey, en pays soussou, un village d’environ 500 habitants, à 85 kilomètres au nord de Conakry.
Mory, qui est aussi commerçant, habite la capitale. Il se déplace plusieurs fois par semaine dans sa vieille voiture Suzuki jusqu’à Mafrey.
C’est un excellent éleveur, qui a fait des études en France et perfectionne son savoir en permanence. Sur place, il emploie deux familles de bergers. Ce sont des Peuls du Massina, éleveurs de père en fils. Mory leur verse régulièrement leur salaire : 220 francs français par mois et par famille.
Le terrain où évolue le troupeau possède ses propres sources d’eau claire et plusieurs puits. Le pâturage est vert toute l’année. Le terrain est excellent pour les moutons et les chèvres, puisqu’il comporte de l’herbe dense et des arbustes au feuillage fourni.
Les moutons viennent de Guinée, les chèvres du Massina. Deux béliers sont originaires de Mauritanie. D’autres bêtes proviennent des races Bali Bali du Niger ou Bororo du Mali.
Avant 1993, le troupeau de Mory enregistrait environ quatre-vingts naissances par an. Aujourd’hui, il ne réalise guère que la moitié.
Mory peut guider les naissances grâce au lâchage des béliers. Il y procède en mai, afin d’éviter que les brebis naissent à la saison des pluies. C’est en effet à ce moment de l’année que les brebis (insuffisamment vaccinées à cause de l’effondrement des soins vétérinaires) sont le plus faibles et donc le plus exposées aux maladies et aux infections mortelles.
Les naissances interviennent tous les cinq mois. Mory vend les mâles. Tous les cinq mois, le troupeau rapporte ainsi environ 15 000 francs français.
Mory est astucieux. Il remue ciel et terre pour faire survivre son troupeau. Dans la capitale, il démarche les ministres, les généraux, les imams. Pour les fêtes de l’Aïd el-Kébir, ceux-ci lui commandent des moutons. Durant les trois mois précédant la fête, Mory engraisse les bêtes. L’investissement est considérable. Pour engraisser trente bêtes durant deux ou trois mois, il faut acheter au moins deux tonnes et demie de maïs. En plus du maïs concassé, il faut du son de mil, du sel, etc. Mais le prix de vente est bon. À la veille de la fête, le mouton est vendu tout entier, sur pied.
Mory démarche aussi les rares supermarchés des villes guinéennes, notamment de Conakry. Certains lui commandent des bêtes pour les expatriés. Le supermarché vend le kilo d’agneau, sans os, 8 000 francs guinéens, soit 40 francs français. Mory vend aussi sur la prairie. Son prix de vente est de 20 francs français par kilo (avec os, peau, etc.).
Depuis que les mercenaires du FMI ont imposé la « vérité des prix », c’est-à-dire aboli le contrôle des produits pharmaceutiques vétérinaires par l’État, les sociétés multinationales et les margoulins ont le champ libre. Malgré tous les dangers que recèle ce système – marchandises périmées vendues par des intermédiaires à des commerçants privés sans scrupules –, Mory ne peut évidemment se passer des vaccins et des médicaments. Pour protéger son troupeau, il a notamment besoin de Synanthic, un déparasitant du ventre ; d’Oxxtretracline et d’Intramicine, deux antibiotiques ; d’Ivomec et de Cydectin, deux déparasitants du sang ; de vitamines polyvalentes.
En février 2001, les prix de ces médicaments étaient les suivants : les 100 comprimés de Synanthic valaient 250 francs ; les antibiotiques, vendus en bouteilles de 100 millilitres, coûtaient 100 francs la bouteille ; les déparasitants sanguins, qui s’administrent, eux aussi, par injection, se vendaient en bouteilles de 100 millilitres au prix de 400 francs la bouteille.
Mory Diané est certainement l’un des meilleurs éleveurs du pays. Il se tient constamment au courant de la plus récente littérature vétérinaire et pharmaceutique. Il entretient ses relations avec la nomenklatura de la capitale guinéenne. Ses nombreux clients lui font confiance. Bref, Mory Diané est une exception parmi les éleveurs guinéens.
En février 2002, lors de notre dernière conversation, il m’a pourtant dit : « Je ne sais pas combien de temps je pourrai encore garder en vie ce qui me reste de troupeau. »
Imagine-t-on, dès lors, la situation des autres éleveurs guinéens, souvent analphabètes, coupés de la ville, pieds et poings liés aux sociétés multinationales ou aux escrocs du libre marché pharmaceutique local ! En imposant le démantèlement des services vétérinaires publics et du contrôle des prix pharmaceutiques vétérinaires par l’État, les corbeaux noirs du FMI ont ruiné l’élevage en Guinée. Ils ont en même temps contribué à aggraver sérieusement la malnutrition et la faim dans le pays.
Troisième exemple : celui de la production et de la vente du riz en Mauritanie.
La Mauritanie est un superbe et immense pays semi-désertique, dont la façade maritime s’étend de l’embouchure du fleuve Sénégal au sud au cap Blanc au nord. Comme la Guinée et le Niger, elle appartient aux pays les moins avancés (PMA).
Les cycles successifs de sécheresse et l’attraction de la ville ont modifié son organisation socialeccxli. Les conséquences les plus directes sont une réduction de la population nomade et une augmentation des sédentaires ruraux et des citadins. Aujourd’hui, les nomades représentent environ 20 % de la population, les urbains 30 % et les paysans sédentaires environ 50 %.
L’économie de la Mauritanie subit depuis les années soixante-dix les effets négatifs et combinés des cycles périodiques de sécheresse et de la diminution, sur le marché international, des prix du fer (dont la Mauritanie est un producteur important).
Moins de 1 % des terres sont propices aux cultures.
Comparée au faible produit intérieur brut, la dette extérieure est écrasante.
C’est pourquoi en Mauritanie, les mercenaires du FMI règnent en maîtres.
Jusqu’en 1983, le régime de la terre avait été fortement marqué par les traditions ancestrales des très vieilles civilisations qui se partagent le pays. Chez les Poulards, population négro-africaine, habitant essentiellement la vallée du fleuve Sénégal au sud du pays, la terre était communautaire. Le chef de chaque village organisait les cycles agricoles et le travail communautaire. Il surveillait la commercialisation des produits et la juste répartition des sommes gagnées à leur vente.
Les Wolofs, les Sarakolés, les Toucouleurs avaient leurs systèmes communautaires propres. Chez les Maures, c’étaient les chefs de tribus qui assumaient les principales fonctions économiques et sociales.
Or, ce savant équilibre fut rompu en 1983.
L’Ordonnance du 5 juin 1983, inspirée par le FMI, proclame que « la terre appartient à la Nation […] l’État étant l’incarnation juridique de la Nation ». Elle a purement et simplement aboli tous les régimes coutumiers de la terre et tous les régimes de propriété collective traditionnels.
L’État a dressé des cadastres, puis divisé les terres en lots privés : chaque famille s’adressait au gouverneur local qui lui accordait un titre de propriété sur une terre donnée.
Très rapidement le nouveau système a fait faillite, la majorité des familles n’étant pas en mesure d’assurer toutes seules la mise en valeur de leur lot. Quant à l’État, exsangue, il lui a manqué les moyens financiers nécessaires pour équiper tous les cultivateurs en engrais, en instruments agricoles, en moyens de transport, en pompes d’irrigation, en silos, etc.
Nombreux sont donc les nouveaux propriétaires individuels qui ont été contraints de vendre leurs terres aux hommes d’affaires et aux grandes sociétés agro-alimentaires venues d’ailleurs. S’est ensuivie une formidable concentration de la propriété agricole entre les mains de quelques financiers.
Immédiatement, les Poulards ont organisé la résistance, impulsant une curieuse jacquerie contre l’agriculture irriguée. En fait, les Poulards craignaient – et craignent toujours – la mainmise des Maures sur leurs terres.
Des intellectuels mauritaniens de mes amis critiquent violemment les programmes d’ajustement structurel du FMI, parce qu’ils continuent à dévaster l’économie de leur pays. Ils sont néanmoins favorables à la monétarisation de l’agriculture. Selon eux, celle-ci contribue puissamment à l’abolition de rapports sociaux détestables, issus notamment du féodalisme prédateur et du clientélisme tribal. D’autres intellectuels, tout aussi critiques face au FMI, défendent une position inverse : le régime collectif de la terre permettait le maintien d’un équilibre précaire entre les différentes communautés composant la Mauritanie contemporaine. Les redevances aux chefs, fondées sur le régime de la propriété collective et coutumière, avaient une forte valeur symbolique et étaient constitutives du lien et de l’identité des communautés traditionnelles.
Rien n’est donc simple en Mauritanieccxlii. Mais une chose est certaine : aujourd’hui, dans ce pays, la sous-alimentation et la sous-nutrition augmentent en flèche. À Nouakchott, Shinguetti, Tamchaket, dans toutes les villes du pays, des enfants faméliques, des mendiants au regard éteint tendent désormais la main au voyageur. Les bidonvilles les plus sordides s’étendent à la lisière des bourgs. Ils sont le dernier refuge des familles paysannes ruinées par le FMI.
Avant le bouleversement des structures agraires, seul 5 % du riz consommé en Mauritanie était produit dans le pays. Le chiffre est de plus de 50 % aujourd’hui.
Mais les prix du riz mauritanien ont explosé : produit localement par les grandes entreprises agricoles nées de la privatisation, il est à peu près deux fois plus cher que celui que le gouvernement importait autrefois de Thaïlande. D’où l’augmentation rapide et angoissante de la malnutrition et de la faim des couches les plus humbles de la nationccxliii.
Le FMI ne conteste pas le niveau exorbitant des prix du riz autochtone. Mais il réplique qu’en produisant localement le riz, le gouvernement économise des devises. Sous-entendu : ces devises sont affectées au service de la dette, détenue par les banques occidentales, et c’est parfait comme cela. Faut-il donc que des enfants meurent de faim et de maladies liées à la sous-alimentation pour que des devises en quantités suffisantes puissent être consacrées au service de la dette, c’est-à-dire au bénéfice des prédateurs ?
Ce qui se passe en Mauritanie, au Niger et en Guinée n’est pas isolé. C’est le lot commun des pays ravagés par les programmes de privatisation et d’ajustement structurel du FMI. Au milieu des années quatre-vingt déjà, le président aujourd’hui défunt de la Tanzanie, Julius Nyerere, se révoltait : « Devons-nous continuer à laisser mourir de faim nos enfants dans le seul but de pouvoir rembourser nos dettesccxliv ? »
La révolte du Maliwuccxlv se dissipa comme une bulle dans l’air.
Aucun gouvernement d’aucun pays endetté du tiers-monde n’a la moindre chance d’opposer au FMI une politique souveraine, orientée vers la satisfaction des besoins de son propre peuple. Et les exemples attestant des méfaits commis par les mercenaires du FMI contre les peuples les plus humbles des trois continents sont innombrables. En voici un dernier, il concerne la Zambie.
Si je connais personnellement le Niger, la Guinée et la Mauritanie, ma connaissance de la Zambie n’est pas du même ordre. C’est pourquoi je cite ici une étude classique qu’Oxfam (Oxford Committee for Famine Relief) a consacrée aux conséquences économiques et sociétales des programmes d’ajustement structurel imposés au gouvernement de Lusaka.
La décennie 1991-2001 a été marquée par d’intenses réformes. L’économie et la société zambiennes ont été bouleversées sous l’effet du diktat du FMI. L’équipe d’Oxfam publie une étude macro – et micro-économique qui témoigne de ce bouleversementccxlvi.
La Zambie s’étend sur 752 000 kilomètres carrés de terres fertiles et compte plus de 10 millions d’habitants appartenant à quelques-unes des plus vieilles civilisations d’Afrique australe. L’extraction minière – notamment du cuivre – fait sa richesse. Ses paysans plantent le tabac, le coton et le café. Kenneth Kaunda est le père de l’émancipation zambienne. Il appartient à la génération des Patrice Lumumba, Modibo Keita, Ahmed Ben Bella, Gamal Adel Nasser, Amilcar Cabrai. Il a conduit son peuple à l’indépendance en 1964. Finalement, en 1991, après avoir été battu aux élections générales, il a quitté le pouvoir.
Pendant les trois décennies de la présidence de Kenneth Kaunda, la Zambie vivait sous une économie disposant d’un secteur public fort, axée essentiellement sur la satisfaction des besoins premiers de la population. Le premier programme d’ajustement structurel fut signé par le président Chiluba, dès sa prise de pouvoir en 1991. Le FMI démantela presque entièrement le secteur public, supprima la plupart des subventions sociales (repas scolaires, etc.), privatisa en grande partie les hôpitaux et ouvrit le pays aux sociétés capitalistes transnationales. Ces dernières obtinrent des conditions fiscales, des permis de retransfert des profits d’entreprise sous forme de devises fournies par la banque centrale, la suspension de la législation du travail, etc.
Quel jugement porte Oxfam sur cette décennie de privatisations forcenées ? Son point de vue est entièrement négatif : « Le produit national brut n’a pas augmenté d’une façon significative depuis 1991. La stabilisation économique n’a pas été établie. Le revenu par tête d’habitant a reculé et 70 % de la population vit aujourd’hui dans l’extrême pauvretéccxlvii. »
Avec une émouvante mauvaise foi, les pompiers-pyromanes du FMI vous disent volontiers : mais nous respectons scrupuleusement la totale souveraineté de chaque État. Nous n’imposons rien à personne. Vous nous accusez à tort ! Au sens strict ils ont raison ! Le mécanisme de vassalisation qu’ils mettent en œuvre sauvegarde en effet les apparences de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États. Voyons cela de plus près.
Un pays est étouffé par sa dette ? La faillite menace ? Il ne peut plus financer la prochaine tranche de l’amortissement ni même les intérêts de la prochaine échéance ? Son ministre des Finances refait l’humiliant pèlerinage de Washington. Il va quémander de nouveaux crédits d’urgence, un moratoire ou un refinancement. Que se passe-t-il alors ?
Pour bien le comprendre, voyons ce qui se passe à São Tomé e Principe, un archipel situé dans le golfe de Guinée, à 300 kilomètres des côtes du Gabon, habité par 500 000 âmes. La population de l’archipel est bigarrée, attachante, débordante d’une culture multiforme et riche. Des Angolares, anciens esclaves échappés, peuplent les villages de pêcheurs du Sud. Des Cap-Verdiens, déportés par Salazar, travaillent dans les plantations de cacao. La classe dirigeante de l’archipel est composée essentiellement de métis, nés des amours entre Portugais et Africaines.
La capitale de l’archipel a été la première ville européenne construite en Afrique noire. Au milieu du XVIe siècle, son évêque régnait sur un territoire s’étendant de l’embouchure du fleuve Sénégal à celle du fleuve Congo. Dans les années vingt encore, São Tomé était le premier producteur de cacao du monde. Il s’est libéré de l’occupation portugaise en 1975.
Aujourd’hui, c’est la misère. Une pression démographique de 3,6 %, une inflation galopanteccxlviii, un chômage affectant 50 % de la population active, les cours du cacao effondrés…
La production de cacao était de 12 000 tonnes en 1975, elle n’est plus que de 4 000 tonnes en 2002.
Les cartels du crime organisé, notamment de Russie et d’Ukraine, tentent d’installer sur l’île principale des zones franches et des casinos ; ils s’efforcent de mettre la main sur le pavillon de complaisance de São Tomé pour favoriser leur commerce d’armes ou de drogue. Avec beaucoup de dignité, le gouvernement de São Tomé résiste.
Mais la dette extérieure le serre à la gorge.
Le Premier ministre, Posser da Costa, est un intellectuel élancé, élégant, discret, aux cheveux gris coupés court. Il a la voix douce. Ses vues sont pondérées. Pur produit de la très complexe culture lusitanienne d’outremer, il semble tout droit sorti d’un roman de José Saramago ou de Fernando Pessoa. Il est assis sur le canapé noir usé de son modeste bureau dans le quartier du port. La colère allume son regard lorsqu’il me raconte ses fréquentes visites à Washingtonccxlix. Pour des raisons évidentes, je ne peux reproduire textuellement les paroles de ce Premier ministre toujours en fonction.
Plus tard, j’écouterai le récit d’autres pèlerinages que me fera un ancien ministre. Lui, je peux le citer : « Une cour royale du Moyen Âge est un modèle de démocratie comparée aux bureaux du FMI. Attente interminable ! Ordres transmis d’une voix sèche ! Mépris à peine voilé pour la soi-disant incompétence des ministres quémandeurs ! Vous voulez de l’argent frais ? Signez ici la lettre d’intention ! »
La lettre d’intention (letter of intent) est l’arme suprême du FMI. C’est une arme de chantage. En quoi consiste-t-elle ? Cette lettre d’intention contient une liste de réformes intérieures, réductions budgétaires, ajustement fiscaux, etc., que le FMI « propose » au gouvernement quémandeur du PMA. L’ensemble de ces propositions composent un « plan d’ajustement structurel ».
Les vautours imposent des réformes stéréotypées : « discipline fiscale », « transparence budgétaire », privatisation des industries et des ressources nationales, liquidation des services publics (les hôpitaux et les écoles, notamment, doivent devenir payants).
La signature de cette lettre – concrètement : la transposition dans la législation nationale des exigences énumérées – conditionne l’avis que le FMI donnera au cartel des créanciers.
Aucun des PMA n’échappe à la camisole de force des satrapes de Washington.