SCÈNE VIII
L’ABBÉ, M. HABERT
L’ABBÉ
Sevrais est venu spontanément me parler. Il m’a donné sa promesse qu’il allait changer de genre avec Souplier. J’ai résolu de lui faire confiance, et de leur laisser un peu la bride sur le cou, du moins à titre d’essai. J’aime encore mieux cela que de les sentir qui dissimulent. Il paraît que cela durait depuis longtemps, et j’avoue que je n’avais rien remarqué. Je visitais souvent, et avec beaucoup d’attention, le pupitre de Souplier ; aussi ses vêtements, la nuit, au dortoir : pas de billets, rien de suspect. Oh ! évidemment, je n’aime pas ces méthodes. Nous y sommes pourtant non dans notre droit, mais dans notre devoir le plus strict. Souplier est interne : nous remplaçons sa famille.
M. HABERT
Enfin, monsieur l’abbé, si je retrouve Sevrais et Souplier à l’écart, comme ici aujourd’hui, je devrai, je pense, vous en avertir ?
L’ABBÉ
Bien entendu.
M. HABERT
Même si, dans leur attitude, je ne vois rien que de correct ?
L’ABBÉ
Tenez-moi au courant de tout ce qui les touche. Surveillez leur allure générale. Faites-les surveiller discrètement par Boussard ; c’est un garçon sûr ; il espère d’ailleurs l’Académie. Tout cela sera d’autant moins difficile que maintenant ils ne vont plus se cacher. Maintenant nous les avons bien en main.
M. HABERT
C’est beau, la confiance ! Mais ne craignez-vous pas qu’ils en abusent ?
L’ABBÉ, geste vague.
On ne peut pas savoir… Oui, il est possible qu’ils en abusent.
Un petit temps. Puis M. Habert se retire.