XXXIV
Décision imprévue
On attendait avec impatience des nouvelles de Plaisance ; le notaire fut exact au rendez-vous.
Mademoiselle Primerose. – Eh bien ! cher monsieur, quelles nouvelles ?
Le notaire. – Victoire complète, mais pas sans combat. Pour ne pas vous faire languir, voici l’acte de résiliation de la tutelle et le consentement au mariage, qu’il a signé sans savoir ce qu’il signait. Voici les comptes de la tutelle, parfaitement en règle ; je les ai parcourus en wagon. Vous avez, ma chère pupille, quatre-vingt-dix mille francs de rente. Vous devriez en avoir plus de cent, avec les économies et les intérêts depuis douze ans ; mais si vous m’en croyez, nous ne ferons pas de chicanes là-dessus. M. Dormère est dans un état d’accablement qui lui ôterait la force de supporter un nouveau coup.
Mademoiselle Primerose. – Voici le fruit de l’éducation insensée et coupable que lui a donnée ce malheureux homme. Jolie vieillesse qu’il s’est préparée ! À présent, cher monsieur, j’ai aussi des affaires à régler ; aurez-vous l’obligeance de passer dans ma chambre pour que nous en causions à notre aise ?
Le notaire. – Je suis à vos ordres, Mademoiselle.
Ils quittèrent le salon, laissant Geneviève et Jacques causer de ce qui les intéressait, car pour hâter leur bonheur complet, ils avaient décidé de se marier avant le départ pour Rome.